Le personnel politique et diplomatique camerounais dans le fonctionnement et le processus de prise de décision à l'assemblée générale des nations-unies (1960-2017)par Ezekiel ZANG NGBWA Université de Yaoundé I - Master 2021 |
II. LES RESSORTISSANTS CAMEROUNAIS DANS LA DIPLOMATIE DE L'IMAGE ET DU RAYONNEMENT DU CAMEROUN DANS LES TRIBUNES ONUSIENNESDe façon globale, la diplomatie camerounaise de l'image et du rayonnement aux Nations-Unies se résume en quatre points cardinaux : le Cameroun, bon élève des Nations-Unies, le Cameroun, mendiant de la paix et promoteur de la solidarité africaine, la participation aux instances de l'Organe, et la diplomatie de promotion de l'image de marque du Cameroun. 1. Le Cameroun, bon élève des Nations-UniesCe slogan consiste, pour les politiques et diplomates camerounais, à démontrer à l'opinion internationale, via l'Assemblée générale des Nations-Unies, la bonne mise en oeuvre par le Cameroun des politiques et programmes arrêtés par l'Organisation. Dans ce sens, deux points mériteraient qu'on y focalise l'attention, à savoir la problématique de l'environnement, et les objectifs de développement durable. En ce qui concerne la problématique de l'environnement, la politique et la diplomatie de l'image du Cameroun sont menées dans ce sens sur deux principaux fronts, à savoir le front onusien et le front interne. Sur le front onusien, cette politique se mène sous deux angles, à savoir l'angle juridique et l'angle oratoire. L'angle juridique consiste en la signature, par l'Etat du Cameroun, de conventions et traités internationaux relatifs à la protection et à la préservation de l'environnement. Aussi bien, le Cameroun est partie de la Convention des Nations-Unies sur les changements climatiques, signée à Rio de Janeiro (Brésil) à l'issue du sommet sur la terre qui s'y est tenu en 1992, ainsi de la Convention de Bonn (Allemagne) portant réduction des gaz à effet de serre, et du Protocole de Kyoto, ratifié en 2004 par les autorités de Yaoundé.177(*) Le discours oratoire consiste quant à lui pour les dirigeants et diplomates camerounais à notifier les membres de l'auditoire de la mise en oeuvre par le pays de politiques adéquates de préservation de l'environnement. Écoutons à ce propos le président Paul Biya : Par ailleurs, je voudrais rappeler que le Cameroun et les autres pays du Bassin du Congo qui est la deuxième réserve forestière mondiale, ont adopté des politiques de gestion qui préservent durablement l'environnement et l'écosystème. Nos pays sont heureux de contribuer ainsi à l'amélioration de la qualité de la vie sur notre planète (...)».178(*) Photo N° 5: Le Président Paul Biya s'adressant à l'Assemblée générale des Nations-Unies lors de la 60ème session (2005) Source : Photo prise par l'auteur au Ministère des Relations Extérieures Concernant le front interne, les autorités camerounaises agissent sur deux lignes : la ligne institutionnelle et la ligne médiatique. Au plan institutionnel, on note la création, le 9 décembre 2004, du Ministère de l'Environnement, de la Protection de la nature, et du Développement durable. On assiste de ce fait, à cette date à la scission du Ministère de l'Environnement et des Forêts, scission qui aboutira à la naissance de deux départements ministériels bien distincts, dont un se nommera dès lors le Ministère des Forêts et de la Faune.179(*) Cette modification de l'architecture gouvernementale par le chef de l'Etat relevait certainement de sa volonté à faire comprendre à l'opinion internationale que son pays avait pris connaissance des différents angles de la problématique de l'environnement, à savoir la préservation de la nature, la préservation des écosystèmes et la préservation des espèces animales dans leur globalité et leur diversité. Dans le même esprit, on note la création, en 2006, d'un Observatoire Nationale de l'environnement.180(*) Sur le volet médiatique, on note des actes en mondovision tendant à démontrer à l'opinion mondiale l'hostilité du gouvernement camerounais contre les phénomènes destructeurs de l'environnement, de la nature et de la faune, tels que le braconnage et le trafic de ressources animales. Ainsi en est-il de la destruction, le 12 mai 2016, devant une kyrielle d'organes de presse et de médias, d'une centaine de défenses d'éléphants, alors saisies dans le cadre d'un commerce illicite. Cette opération avait été menée à l'initiative du ministre des Forêts et de la Faune d'alors, Ngole Philip Ngwesse.181(*) Parlant des Objectifs du Millénaire pour le Développement, il conviendrait de noter que le Cameroun fait une emphase concernant sa politique de lutte contre la pauvreté. Donnons encore la parole au numéro 1 camerounais : (...) C'est ainsi qu'au Cameroun, nous avons, entre autres, procédé au renforcement des secteurs productifs et entrepris des actions visant à réduire les prix des denrées de première nécessité et à améliorer l'environnement des affaires (...)182(*) La politique et la diplomatie de l'image se mènent donc ici sur deux fronts, à savoir le front onusien et la politique intérieure. Si dans leur globalité elles visent à démontrer à l'ensemble de la communauté internationale (réunie au sein de l'Assemblée générale de l'ONU) la bonne volonté du Cameroun dans la mise en oeuvre des politiques et principes onusiens, notamment en matière environnementale, il faut toutefois noter que cette politique et cette diplomatie visent d'abord et avant tout l'intérêt du Cameroun. En effet, d'abord du point de vue géographique, le Cameroun appartient à des ensembles on ne peut plus stratégiques dans le monde : le Bassin du Congo (deuxième réserve forestière dans le monde), et le Bassin du lac Tchad. Ensuite, le pays regorge de bon nombre de potentialités, du point de vue écologique : faune abondante et variée, immenses richesses forestières (plus précisément en bois) ... Enfin, on assiste, depuis bon nombre d'années, à l'avènement d'un certain nombre de faits destructeurs, tant dans l'hinterland du Cameroun que dans l'ensemble des grands espaces géographiques et écologiques susmentionnés : désertification croissante dans les régions septentrionales du pays, disparition progressive de certaines espèces animales (à l'instar des pachydermes), assèchement du lac Tchad. On peut donc, au regard de ces faits, conclure qu'au-delà de l'image, l'élaboration et la mise en oeuvre de ces différentes politiques et diplomaties environnementales par les autorités de Yaoundé revêtent un intérêt crucial pour le pays. * 177 E. Alontsi Dongmo, « Le Cameroun et les changements climatiques `', in « dongmo9.over-blog.com », consulté le 15 janvier 2020. * 178 Archives du Cabinet Civil de la Présidence de la République, « Intervention de S. E. M. Paul Biya à la 60ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies », 16 septembre 2005. * 179 Poste National de la CRTV, Journal du 20 :00, 09 décembre 2004. * 180 F. Omgba Owono, «Le Cameroun et la problématique de l'environnement dans le monde : une diplomatie de bonnes intentions », communication à la conférence sur « Les défis de la diplomatie camerounaise face aux enjeux contemporains », Cercle d'Histoire-Géographie-Archéologie, Université de Yaoundé I, 22 avril 2019. * 181 CRTV, journal télévisé de 20 :30, 12 mai 2016. * 182 Archives du Cabinet Civil de la Présidence de la République, « Intervention de S. E. M. Paul Biya à la 64ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies, 25 septembre 2009. |
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