Esquisse phonologique du parler Mandingue de Niarala dans la région de Folon (nord-ouest de Côte d'Ivoire)par Djara KONÉ Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan-Cocody - Master 2019 |
_ UFR LANGUES, LITTÉRATURE ET CIVILISATIONS DÉPARTEMENT DES SCIENCES DU LANGAGE OPTION : LINGUISTIQUE DESCRIPTIVE ET DOCUMENTATION DES LANGUES ESQUISSE PHONOLOGIQUE DU PARLER MANDINGUE DE NIARALA DANS LA RÉGION DE FOLON (NORD-OUEST DE CÔTE D'IVOIRE) MÉMOIRE DE MASTER Présenté par :Sous la Codirection de : KONÉ DJARA Mme. SANGARÉ ABY Maître-Assistant ET M. ADEPKATÉ ALAIN Maître de Conférences Année 2018-2019 À Ma mère Et Mon père (paix à son âme) REMERCIEMENTS Dans les pages qui suivent, nous présentons un travailqui est bien évidemment le fruit d'un effort personnel, mais dont la réalisation n'a été rendue possible que grâce à certains autres facteurs. L'un de ceux-ci, et non des moindres, a été l'attitude de notre directeur de recherche Madame SANGARÉ ABY (Maître-Assistant), dont l'appui constant, les encouragements et les suggestions nous ont été très utiles et ont su nous redonner du courage chaque fois que le moral était au plus bas. Qu'elle trouve ici l'expression de nos remerciements sincères et de notre reconnaissance pour son aide sans laquelle ce travail n'aurait pas peut être jamais vu le jour. Notre remerciement va également à Monsieur ADEPKATÉ ALAIN (Maître de Conférences), qui a accepté la codirection de notre travail de recherche en que superviseur, dont la disponibilité nous a beaucoup facilité la tâche. Il a suivi notre travail avec rigueur afin que nous produisons quelque chose de scientifique, encore une fois, nous lui remercions. Nous remercions aussi KONÉ DRISSA, notre informateur principal, qui nous a introduits auprès des autres informateurs de Niarala que nous remercions tous. Notre reconnaissance va à l'endroit de Monsieur KONATÉ YAYA (Assistant), qui nous beaucoup aidé dans la reformulation de notre sujet de recherche. Nous tenons également a remercié, Monsieur DENIS CREISSELS, avec qui nous avons eu la chance d'échanger des Mails sur notre sujet de recherche et le travail, ses avis ont été très enrichissants dans notre travail. En tant qu'un spécialiste des langues mandingues, il nous a énormément aidés dans nos recherches bibliographiques. Qu'il trouve ici l'expression de nos remerciements sincères. Nous remerciement va l'endroit de Monsieur VALENTIN VYDRIN, avec qui nous avons eu aussi la chance d'échanger les Mails concernant notre travail de recherche et il n'a hésité de nous répondre favorablement. En tant que lui aussi un spécialiste des langues mandingues, ses remarques et ses avis nous ont permis de corriger quelques erreurs dans notre travail. Nous tenons aussi à remercier tous les enseignants-chercheurs du département des SCIENCES DU LANGAGE. ABREVIATIONS ET SIGNES UTILSÉS . ABREVIATION H haut B bas V voyelle C consonne N nasale syllabique CI. contexte identique CA. Contexte analogue . SIGNES En dehors de l'A.P.I ( alphabet phonétique international ) nous avons utilisés les signes suivants : / et ? : s'oppose à # : frontière de mot INTRODUCTION On peut définir la phonologie comme une branche de la linguistique qui étudie de manière systématique les sons d'une langue donnée, en faisant leur inventaire exhaustif, en examinant leur contexte d'apparition pour dégager ceux d'entre eux qui sont pertinents et ceux qui ne le sont pas.Cette étude est une esquisse de la phonologie du parler mandingue de Niarala, dans la région de Folon. Niarala est un village du nord-ouest de la Côte d'Ivoire, proche de la frontière avec le Mali, à 956 kilomètres de la capitale économique Abidjan. Il est situé dans la sous-préfecture dont Goulia est le chef-lieu, précisément dans le département de Kaniasso, dans la région du Folon(district du Denguélé). Cette sous-préfecture compte les villages suivants : Niarala, Kamelezo, Kohoma, Samakona, M'Beblala. Niarala est limité au Nord par Kamalezo, au Sud par M'Beblala, à l'Est par Goulia et à l'Ouest par un vaste paysage. La population y est essentiellement constituée deMalinkés et est en majorité musulmane même si on y rencontre des animistes. Selon le recensement général de la population et de l'habitat de 1998, Niarala comptait 631 habitants.
Le parler mandingue de Niarala est aussi appelé parler dioula de Niarala. Il est donc considéré comme une forme dialectale du dioulaconnu sous sa forme véhiculaire comme le dioula tagboussi. La langue est système d'expression orale ou écrite utilisé par un groupe de personnes d'une même communauté linguistique pour communiquer, c'est relation de ressemblance et de dissemblance (opposition). Il est important de signifier ici que les unités langue assurent une fonction dans la communication en tant qu'objet abstrait. Selon A. Martinet, les unités phoniques qui à la différence de la première articulation ont une fonction significative et une fonction distinctive, c'est-à-dire qu'elles permettent par leur opposition de faire la distinction des unités au premier niveau d'articulation. Ex : p?? / b?? Ici la différence se trouve au niveau des phonèmes [p, b], pour cette différence au niveau des signifiés, on parle des pertinences de l'opposition entre [p, b]. Notre étude va permettre d'établir la pertinence des unités segmentales consonnes et voyelles dans la communication du parler mandingue de Niarala. Il y a aussi des unités tonales cas le parler de Niarala est considéré comme une langue à ton. Le ton permet aussi de faire une différence au niveau des signifiés. Ex : ba` = fleuve / ba' = chèvre Ici le ton remplir une fonction distinctive dans le parler mandingue de niarala. L'objectif spécifique de notre étude est de dégager les unités distinctives phonologique et tonologie. Dans l'objectif générale, nous allons opposer les unités segmentales et suprasegmentales par l'approche des paires minimales et éventuellement par l'approche distributionnelle. Tout travail de recherche scientifique présente des enjeux. De ce fait, un travail de recherche découle de certaines motivations et, nous concernant, deux types de motivations sont à l'origine. - Une motivation scientifique conduite par l'insuffisance d'études systématiques sur le parler de niarala. Nous choisissons dès lors de privilégier l'un des parlers mandingues de Côte d'Ivoire les plus délaissés. Et aussi, de répondre à un objectif social, celui de préserver le patrimoine culturel niaralaka (habitants de niarala) car, quand une langue meurt, c'est le patrimoine culturel d'une communauté qui disparaît. Retenons, cela dit, que le regard porté sur un tel sujet correspond à une passion personnelle nourrie par une formation universitaire. Nous estimons par ailleurs, que le parler mandingue de niarala n'a pas été étudié. Le Projet que nous avons entrepris est une amorce de la description systématique du parler mandingue de niarala. Qu'on ne prenne surtout pas le mot « systématique » dans son sens courant de « complet, exhaustif ». L'intitulé indique le fil conducteur qui nous guidera à étudier la phonologie comme un système de traits pertinents, un ensemble d'éléments en relations mutuelles et au tout.Puisque la langue est un outil de communication, le parler de niarala est ce système et ce moyen d'expression permettant à sa communauté de se communiquer. La langue détermine la valeur ou l'histoire d'un peuple, car on connait une société grâce à son parler Nous nous proposons de décrire le parler de niarala afin de savoir si celui-ci est identique aux autres parler mandingues de Côte d'Ivoire ou s'il est un parler appart. Nous voudrions faire ressortir les spécificités qui distinguent le parler de niarala des autres parlers mandingues. Le parler de Niarala fait parmi des parlers mandingues de la Côte d'Ivoire. Il fait partie des parlers appelés tudugukakan (Atlas des langues mandingues de Côte d'Ivoire), c'est-à-dire les parlers de la zone de Goulia. Les parlers mandingues constituent un sous-groupe de la famille Mandé (voir tableau 2) qui forme avec les groupes Voltaïque, Krou, Kwa (tano) et Lagunaire, les principaux ensembles linguistiques de Côte d'Ivoire (voir tableau 3). Les langues mandées appartiennent à la macrofamille Niger-Congo qui constitue l'un des quatre macrofamille linguistiques de l'Afrique, les autres étant, la macrofamille afro-asiatique, la macrofamille Khoisan et la macrofamille Nilo-saharien. (Thèse, 1984 : Sangaré Aby)Tableau 1(n°10Source : Atlas des langues mandingues de Côte d'Ivoire, année, p. Source : Tirées de la Thèse de Sangaré Aby Pour décrire le parler de Niarala, nous avons choisi le structuralisme, qui a connu ses lettres de noblesse avec N. TROUBESKOY et R. JACOBSON. La phonologie structurale étudie le système des sons d'une langue donnée, en faisant l'inventaire exhaustif de ces sons, suivi d'une identification, d'une définition, d'un classement et d'une étude des combinaisons phoniques. Malgré la sélection de ce cadre théorique, nous nous immiscerons de temps en temps dans le générativisme pour résoudre les problèmes non tranchés par le structuralisme. Notre travail est axé sur deux grands points à savoir : le cadre methodologique, cadre theàriquen en première partie et l'analyse des donnéesen deuxième parie. PREMIÈRE PARTIE : CADRE MÉTHODOLOGIQUE, CADRE THÉORIQUE
Chapitre I : Cadre méthodologique1 ) Le déroulement de l'enquête L'enquête dont le résultat est présenté ici s'est déroulé en deux étapes. Une première enquête a eu lieu à Abidjan en juillet-novembre 2018 avec comme informateur Koné Yaya, âgé d'une soixantaine d'années et vivant à Anyama dans sa cour entièrement habitée par d'autres personnes originaires de Niarala. C'est avec Koné Yaya que nous avons débuté notre enquête puisqu'il était un locuteur natif du parler mandingue de Niarala. Les données que nous avons pu recueillir auprès notre informateur Koné Yaya nous ont permises de faire la rédaction de notre projet de mémoire de master 1. L'étouffement de notre travail nous a permis de faire une deuxième enquête, précisément à Niarala en février 2019. Au cours notre une semaine à Niarala, un deuxième informateur du nom de Koné Drissa, âgé lui aussi d'une soixantaine d'années, a joué un rôle capital. Excellent informateur à tous points de vue, il nous a permis de faire une vérification systématique des données recueillies auprès notre informateur à Abidjan et compléter ces données. D'autres informateurs parlant exclusivement le parler de Niarala ont aussi être utilisés, en particulier : Djoulatchè Fofana âgé de quatre-vingt-six ans, il nous a permis de recueillir données historiques et culturelles, Bamari âgé de soixante-dix ans et Djénéba nous ont permis d'avoir les données sur les contes. Ainsi nous pouvons dire que nous avons eu au total cinq informateurs à savoir : Koné Yaya, Koné Drissa, Djoulatchè Fofana, Bamari et Djénéba. 2 ) Les conditions de l'enquête Nous pouvons dire que les résultats ont permis d'atteindre l'objectif que nous avons préalablement fixé, notre ligne de conduite fut d'emprunter la méthodologie dite « observation participante ». Nous avons surtout essayé de garder un recul nécessaire par rapport à l'enthousiasme procuré par le « terrain » et ainsi de saisir la substance des phénomènes rencontrés en évitant la collection de stéréotypes. La difficulté majeure est d'ordre financier, car pour bien mener un travail recherche, les moyens financiers sont nécessaires. De plus, à l'entame de notre recherche, notre premier informateur a eu un problème de santé, donc il n'a pas pu nous donner suffisamment d'informations nécessaires pour notre travail, c'est ce qui a fait que notre travail a eu un léger retard mais nous avons pu compenser cela. Au regard de toutes ces difficultés rencontrées, nous avons tout mettre en oeuvre pour affranchir ces difficultés afin de fournir un travail de recherche enrichissant. En outre, nous envisagerons de faire augmenter au maximum le nombre d'items de notre corpus en vue de bien mener notre étude sur le parler de niartala. 3 ) Les outils de travail Pour collecter les données linguistiques, historiques de notre travail nous nous sommes servis d'un smartphone de soixante-quatre giga et doté d'une application appelée « dictaphone » . Avec cette application nous avons réussi à collecter les données audio de bonne qualité. De plus nous avons utilisé Adobe Audition, Audacity. Ces logiciels installés sur un ordinateur, nous ont permis de travail sur la qualité des sons et de supprimer les bruits nuisibles obtenus lors de l'enregistrement. À travers notre smartphone nous avons pu obtenu un corpus de 1139 items pris isolément et quelques constructions associatives constituent l'ensemble des données fournies par cinq informateurs. Chipitre II : Cadre Théorique 1 ) Revue litteraire À la suite à nos recherches documentaires, nous nous sommes rendu compte que le parler de niarala n'a jamais fait l'objet d'une véritable recherche. La plupart des informations que nous avons reçues concernant les travaux réalisés sur certains parlers mandingues. · CASSIAN BRACONNIER, 1989 : Dioula d'Odienne (Parler de Samatiguila) : dictionnaire et études de linguistique descriptive, Université de Grenoble 3. Cette thèse est consacrée à la langue Dioula parlée à proximité de la ville d'Odienné dans le nord-ouest de la République de Côte D'Ivoire. Le Dioula d'Odienne est un parler mandingue et appartient donc à la famille Mande. Les tomes 1 et 2 constituent un dictionnaire Dioula d'Odienne-Français comprenant 5095 entrées assorties d'exemples. Le tome 3 contient des études de linguistique descriptive portant sur les points suivants : (A) type particulier de relation entre schème tonal de monème et nature de certaines consonnes (B) conditionnement des consonnes liquides, 1 ou R, par l'environnement vocalique (C) effacement de certains pronoms (D) variation de la forme d'un certain morphème introducteur de proposition en fonction de facteurs sémantiques (E) relation entre schème tonal et catégories grammaticales nominale et verbale (F) description des principales formes verbales du parler et analyse de certains amalgames de morphèmes jouant un rôle clé dans ces formes. · MORIBA KONE, 1993 : « la tonalité des substantifs dans le parler mandingue de gbélégban », p.21-66, in Mandenkan n°26. Cette étude sur la tonalité des substantifs dans le parler de Gbélégban. En effet, il ressort de cette analyse qu'il est possible d'expliquer très simplement la tonalité des substantifs de ce parler en terme de propagation d'un ton marqué (ton haut), le ton bas étant affecté par défaut aux syllabes non atteintes par la propagation du ton haut. · Creissels, Denis, 1988 : Elements de phonologie du koyaga de Mankono (Côte d'Ivoire). Mandenkan 16. 159 p. Cet ouvrage représente la description systématique du koyaga, un parler mandingue de Côte d'Ivoire. Il met en exergue le fonctionnement de ce parler et sa particularité par rapport aux autres parlers mandingues. Cet ouvrage fait une explication détaillée sur le système consonantique, vocalique, syllabique du koyaga. · Dérive, M.J. 1981 : Variations dialectales des parlers mandings de Côte d'Ivoire, dans Mandenkan, n°1. · Sangare, Aby. 1983 : Note sur les prédicatifs et le système tonal du parler de Kong. - p. 91-97, in mandenkan n°6. · Sangaré, A. 1984 : Dioula de Kong (Côte d'Ivoire) : phonologie, grammaire, lexique et textes, Grenoble : université de Grenoble III, doctorat de troisième cycle : linguistique. · Coulibaly, Bakary. 1983 :Le phénomène du rehaussement tonal en Jula. - p. 9-20, in mandenkan n°6. · Koné, Dramane. 1984 : La combinatoire verbes-postpositions en bambara. - p. 1-14, in mandenkan n°7. Tous ces ouvrages traitent les parlers mandingues en général. 2) Le fondement théorique Le teste de commutation est le fait de segmenter les mots ou des phrases en unités minimales distinctives aussi bien au niveau des consonnes et des voyelles. Cette segmentation est rendue possible par le fait qu'on puisse substituer chaque segment consonnes et voyelles à d'autres segments de même nature et vérifier si après substitution les formes d'objet obtenues sont les formes de langue avec de notre nouvelle signification ou non. Ce procédé est le même pour les tons. Ici, à la différence de la phonologie classique, les données seront traitées à la lumière de la phonologie fonctionnelle qui prend sa source dans les travaux de N. TROUBESKOY, 1939, (principe de phonologie), plus précisément la phonologie du trait distinctif. Et qui connait les développements intérieurs avec les travaux de A. Martinet : 1967 ; (Elément de linguistique générale), Martin Pierre, 1983 ; (Eléments de la phonologie fonctionnelle théorie et exercices). Denis Creissels : 1994. Mais ici, les données seront traitées dans le cadre de la théorie des traits distinctif, tel que traité dans le manuel de phonologie des traits distictifs Z. Tchagbalé. Le concept de base de la théorie des traits distinctifs est le suivant : - Trait phonique vs trait distinctif Les segments consonnes et voyelles sont inventoriées à partir du teste de commutation qui sont produits par un ensemble de geste articulaire qui peuvent être décrits en thème de paramètre et de thème articulatoire. Pour les consonnes on distingue quatre paramètres articulatoire qui déclinent en trait articulatoire qui sont : - Mode d'articulation ( occlusif, fricatif, latérale..) [p, b, k, l, f..] - Sonorité (sourd, sonore) [f, v] - Nasalité ( oral, nasal) [b, m] - Lieu d'articulation ( bilabiale, vélaire, alvéolaire...) [p, k, t..] Pour les voyelles on distingue cinq paramètres articulatoire qui déclinent en trait articulatoire qui sont : - Mode d'articulation (antérieure, centrale, posterieure) [i, a, o] - Le degré d'aperture ( fermé, mi-fermé, mi-ouvert, ouvert) [i, e, ?, a] - Nasalité (nasal, oral) [a?, a] - ATRITÉ (+ATR, -ATR) [i, ?] - L'arrondissement ( arrondi, étiré, non arrondi) [u, i, a] Le trait phonique va jouer un rôle distinctif dès lors qu'il permet de distinguer le segment d'un monème donné de celui d'autre monème. Par exemple : [p??] / [b??] Se distingue au niveau du premier segment consonantique [b] se définit comme occlusif, bilabial,sonore, oral. Et [p] se définit comme occlusif, bilabial,sourd, oral. Donc on peut voir que la différence se trouve au niveau du trait de paramètre de sonorité. C'est-à-dire sourd pour [p] et sonore pour [b]. On conclure que le trait sourd et sonore sont distinctifs. 3 ) La relation de trait d'opposition et la marque Tous les traits phonétiques qui accèdent au statut de trait distinctif sont du même cours appelés, entrée dans la relation avec les autres. Il existe deux types de relation d'opposition à savoir : la relation bipolaire et la relation multipolaire. Dans une relation bipolaire, les deux traits de la relation constituent les seuls pôles de cette opposition, c'est le cas de l'opposition de sourd / sonore sur le paramètre de sonorité. Et de l'opposition de oral / nasal sur le paramètre de la nasalité, ou bien c'est orale, ou bien c'est nasale. Exemple : [ba?k] / [ma?k] [ta?se] / [tase] C'est aussi le cas de l'opposition [ pri] / [pr?] sur le paramètre de l'ATRITÉ, [pri] +ATR et [pr?] -ATR. Dans la relation du bipolaire un trait distinctif va se n'opposer non pas à un seul mais à plusieurs traits, c'est le cas entre bilabial / alvéolaire [ba?] / [da?], l'opposition bilabial / vélaire [p?] / [k?] etc. Dans la relation de l'opposition bipolaire l'un des traits se caractérise par une propriété, par la présence d'une substance dont il est dépourvu de l'autre trait. Ainsi, l'opposition sourd / sonore, le trait sonore se caractérise par la vibration des cordes vocales (présence de vibration) dont il est dépourvu de trait sourd (absence de vibration), on dit alors que le trait sonre est le marqué et le trait sourd est non marqué. De même dans l'opposition nasale / orale, le trait nasal est pourvu de la propriété de nasalité, autrement dit, le passage de l'air dans la cavité nasale, tandis que le trait oral en est dépourvu de ce trait de nasal est plus marqué, tandis que le trait oral est moyen marqué. Pour l'opposition [+ATR] / [-ATR], le trait +ATR est marqué tandis que le trait - ATR est non marqué parce que dans le premier cas il y a l'avancement de la racine de la langue, alors que dans le deuxième cas la racine de linguale est rétractée. 4 ) Le contenu phonétique du trait distinctif Chaque trait distinctif ayant accédé au statut de trait distinctif est doté d'une substance matérielle appelée contenu phonétique. Exemple : dans la paire plus haut [p??] / [b??] qui illustre sourd /sonore a comme contenu le trait /sourd/ ? [sourd] le trait /sonore/ ? [sonore]. De même la paire [pre] / [pr?] qui illustre l'opposition /+ATR/ et /-ATR/ les traits ont comme contenu phonétique respectif /+ATR/ ? [+ATR ] et /-ATR/ ? /-ATR/. Cependant il faut dire que le contenu phonétique peut être variable selon le système de la langue considéré. Ainsi en français, par exemple, les consonnes bilabiales sont toutes occlusives, c'est pour cela qu'il n'y a pas de consonne bilabiale fricative. Cela suggère que dans cette le trait distinctif peut être diffèrent de la substance phonétique. Ainsi on peut postuler que le trait distinctif a des contenus phonétiques selon le contexte de réalisation, ainsi on a ; /labiale/? [bilabiale] / occlusif ?[labiodental] / fricatif. Le trait distinctif peut avoir plusieurs contenus phonétiques particulièrement, lorsque dans le système de la langue on a les traits impliqués. Par exemple, en français, toutes les voyelles postérieures sont arrondies mais l'inverse n'est pas vrai, [u, o, ?]. Ceci veut dire qu'il y a relation d'implication entre le trait postérieure et arrondi. En d'autres thèmes, le trait /postérieure/ implique nécessairement le trait [arrondi]. Donc le trait /postérieure/ a comme contenu phonétique /postérieure/ ? [postérieure, arrondie]. 5 ) La paire minimale On appelle paire minimale une paire de motsayant un sens différent et dont le signifiant ne diffère que par un phonème, comme en français les mots pain [p??] et bain [b??]. En effet,la linguistique structurale (initiée par Ferdinand de Saussure en 1916) conçoit la langue comme un système, une structure, d'éléments en opposition (ou en équivalence) les uns avec les autres. Dans l'analyse phonologique structurale, une paire minimale est une paire de mots qui ne sont distingués (et donc qui s'opposent) que par une seule différence phonétique. Par exemple, les mots « main / ment » constituent une paire minimale : le changement de voyelle phonétique, [m?Þ] / [m?Þ] produit un changement de sens. L'existence de cette paire minimale prouve qu'en français, [?Þ] et [?Þ] sont des valeurs oppositives fonctionnelles : ce sont deux phonèmes vocaliques du français. De même, les mots « pin / bain » forment une paire minimale. Ces deux mots, aux sens distincts, attestent de l'opposition fonctionnelle de [p] et [b] en français : ce sont deux phonèmes consonantiques du français. Les paires minimales sont donc l'outil de base du linguiste qui traite de la matière sonore d'une langue. Elles constituent les preuves de l'existence des phonèmes, et des rapports d'opposition, de distinctivité qu'ils entretiennent. Le linguiste, le phonologue, le phonéticien citent souvent des paires minimales par exemple pour rappeler une opposition dans une une analyse distributionnelle. La notion de paire minimale fut introduite par le CerclelinguistiquedePrague en relation avec celle de phonème, car à l'aide de la première notion on peut établir quels phones d'une langue sont aussi des phonèmes, c'est-à-dire des phones qui différencient des sens. On établit le caractère de phonème d'un phone en cherchant des mots dont le sens est différencié par un seul phone. Dans ces mots, les phones forment un paradigme, c'est-à-dire ils sont commutables dans le même contexte phonétique, par conséquent ils sont en opposition phonologique, devant être considérés comme des phonèmes. Il arrive que dans certaines successions de phones qui forment un mot, on puisse commuter, dans la même position, plus de deux phones, et que la succession en question reste tout de même un mot. Dans ce cas il s'agit d'une série minimale. Exemples : · (fr) cal ? mal ? pa, capot ? canot ? calot ? cadeau ? cagot ? cabot ? caveau? cachot ? cageot (/ka/ + phonème commutable + /o/; · (ro) dragã « chère » ? fragã « fraise » ? tragã « (qu'il/elle) tire », mamã « mère » ? mama « la mère » ? mame « mères » ] ; · (en) big « grand » ? pig « cochon » ? rig« appareil de forage », gap « brèche » ? cap « bonnet » ? map « carte » ? tap« robinet. Le nombre de paires minimales où il y a une certaine opposition phonologique confère à celle-ci un poids fonctionnel plus ou moins grand. En anglais, par exemple, l'opposition /p/ ? /b/ (sourde vs voisée) se trouve dans un nombre relativement grand de paires minimales, alors que l'opposition /a/ ? /e/ est représentée par un nombre relativement petit de telles paires. L'appréciation quantitative se fait selon plusieurs critères, dont la place de l'opposition dans le mot ou la fréquence d'occurrence des mots en cause. Une paire de phones opposés par un seul trait n'est pas toujours une paire de phonèmes. Elle ne l'est pas lorsqu'elle ne produit pas de paire minimale de mots existants dans la langue étudiée. C'est le cas en hongrois, par exemple, du phonème /j/ qui a une variante voisée, [?] (dans dobj!, impératif de dobni« jeter ») et une autre, sourde, [ç] (dans lépj!, impératif de lépni « faire un/des pas »). Ces variantes s'appellent allophones du phonème. L'opposition entre phonèmes n'apparaît pas dans toutes les formes des mots de la paire minimale, à cause du contexte phonétique de certaines formes. On sait, par exemple, que /k/ et /g/ est une paire de phonèmes en hongrois, étant donné qu'il y a une paire minimale fok « degré » ? fog « dent », mais dans les mots a fokhoz « au degré » / a foghoz« à la dent », leur opposition se neutralise sous l'influence de /h/ qui fait que [g] deviennesourde, par conséquent se prononçant comme [k]. Les inventaires de phonèmes des languesdiffèrent plus ou moins les uns des autres. Entre certaines il y a de très grandes différences concernant aussi bien le nombre de phonèmes, que les traits qui les différencient. Ce qui est un phonème dans une langue peut ne pas l'être dans une autre. Dans les langues hindi et anglais, par exemple, les consonnesocclusives peuvent être aspirées ou non aspirées. En hindi ce sont des phonèmes différents, étant donné qu'il y a, par exemple, une paire minimale phâl/p?a?l/ « tranchant de couteau » ? pâl /pa?l/ « soigner ». En anglais aussi il y a [p?] (ex. pin« épingle ») et [p] (ex. spin « tourner ») mais non pas dans des paires minimales, par conséquent [p?] n'est pas un phonème. De même, l'anglais, aussi bien que le hongrois, possèdent les phones [n] et [?]. En anglais ce sont des phonèmes, ce qui est prouvé par une paire minimale comme sin « péché » ? sing« chanter ». En hongrois ce n'est pas le cas, bien qu'ils existent dans des mots comme ro[n]da « laid » et so[?]ka « jambon », mais non dans des paires minimales. De telles oppositions, ne différenciant pas des sens, ne sont pas phonologiques, mais seulement phonétiques. Il y a des langues où non seulement les traits des phones, mais aussi des éléments prosodiques portés par un phone différencient des sens, dans certains cas étant les seuls à le faire. Ce sont principalement les langues à tons ou tonales, dans lesquelles le ton, c'est-à-dire la hauteur du phone et son éventuelle variation limitée au phone ont un rôle relativement important dans la différenciation des sens des mots. Par analogie avec la notion de phonème, un tel ton a été appelé tonème. Parmi ces langues, certaines disposent de plus de tons que d'autres. Par exemple le chinoismandarina quatre tons. La séquence de phones ma, par exemple, a cinq sens, les mots correspondants formant la série minimale. Exemple : mâ (ton haut constant) « mère » ? má (ton ascendant) « chanvre » ? ma (ton descendant-ascendant) « cheval » ? mà(ton brusquement descendant) « gronder ». Ainsi donc, pour analyser les faits du parler mandingue de Niarala, nous allons faire recours à deux approches à savoir : celle des paire minimale et eventuellement à l'approche distributionnelle. Il faut noter aussi que ces deux sont valabes pour les tons. DEUXIÈME PARTIE : L'ANALYSE DES DONNÉES Chapitre I : La paradigmatique On a constaté que dans les actes de parole, le locuteur d'une langue opère toujours un double choix, verticale et horizontal, que ce soit pour les unités de première ou deuxième articulation. La partie de la phonologie qui étudie le segmental sur l'axe vertical est la paradigmatique, alors que celle qui s'les unités de première ou deuxième articulation. La partie de la phonologie qui étudie le segmental sur l'axe vertical est la paradigmatique, alors que celle qui s'occupe du choix horizontal est appelée syntagmatique (A. Martinet 1964 :33). Ces deux aspects forment la PHONEMATIQUE (où l'on traite des unités de deuxième articulation), distincte de la PROSODIEqui est « l'ensemble des faits linguistiques qui ne se conforment pas à l'articulation en phonème : ce sont les suprasegmentaux » (A. Martinet 1964 : 26) Comme élément suprasegmental, il y a par exemple le ton. Étant donné que le parler de Niarala est un parler à tons, une étude des tons qui jouent un rôle distinctif dans cette langue sera envisagée, et suivant aussi les deux axes paradigmatique et syntagmatique, la phonématique et la prosodie sont les deux grandes subdivisions de la PHONOLOGIE STRUCTURALE. L'étude paradigmatique permettra donc, par le jeu de la commutation, de dégager les phonèmes et les tonèmes dans tous les contextes qui importent, de noter leurs diverses réalisations phonétiques en identifiant les variantes, libres ou combinatoires. Ensuite, nousfournirons une description phonétique de leurs diverses réalisations, nous les définirons et nous lesclasserons en système. « L'identification des unités distinctives se fera par l'établissement des traits pertinents, c'est-à-dire les traits qui circonscrivent spécifiquement la réalité oppositive de chaque unité dans la langue étudiée. ». (Pierre Martin 1983 : 58) Mais auparavant, nous inventorions toutes les unités du parler de Niarala. I.1 INVENTAIRECe travail liminaire consiste à présenter, sans discrimination, tous les sons et tous les tons que comporte le parler de Niarala, à partir des lexèmes dans lesquels ces unités sont attestées. |
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