II. La représentation du gouvernement
La répression policière a également
affecté négativement la vision que les manifestants avaient du
gouvernement. Cependant, plutôt d'affecter uniquement leur opinion sur le
gouvernement en place au moment de la crise et les individus qui le composent
c'est davantage leurs représentions au gouvernement de préciser
que les militants rencontrés ont une vision négative du
gouvernement. A travers le motif, il conteste la position du gouvernement
concernant le calendrier électoral. En ce sens, la répression
policière n'a fait que confirmé ou renforcer l'image
négative de ce gouvernement. Certains participants ont aussi
exprimé leurs déceptions face à la façon dont la
crise a été gérée par le pouvoir en place.
Il s'avère cependant que, pour plusieurs manifestants,
le problème de la répression ne concerne pas uniquement les
libéraux, mais le gouvernement en générale, peu importe le
parti politique en place.
III. La représentation de la démocratie et du
système judiciaire
Plusieurs manifestants ont mentionné qu'ils ont le
sentiment que leurs droits fondamentaux sont brimés, qu'ils sont
victimes d'un traitement discriminatoire et injuste de la part des policiers.
En effet, avec la vague de répression que subissent les manifestants,
plusieurs d'entre eux ont l'impression que c'est le droit de manifester, en
lui-même, qui devient
52
astreint à des conditions et à des contraintes
que les manifestants considèrent comme anti-démocratique.
En plus des effets possibles sur la façon dont les
militants et les sympathisants voient la manifestation (le fait de manifester
devenant potentiellement dangereux), certains manifestants également ont
l'impression qu'on le traite comme des criminels, alors qu'ils exercent un des
leurs droits fondamentaux.
Pour les militants, cela contrevient à l'idéale
démocratique, qui suppose la participation, la prise de parole et la
considération de l'ensemble de la population dans la définition
de projet de la société.
Ce traitement discriminatoire entraine de l'indignation chez
certains militants jeunes et moins jeunes. Pour eux, la répression
envoie un message clair à la jeunesse : celui qu'on veut les faire
taire.
En définitive, il semblerait que l'atteinte aux
principes démocratiques contribue à alimenter un seul sentiment
de colère et d'indignation collective. Elle peut même avoir
altéré chez certains le sentiment de sécurité qui
va habituellement de pair avec la certitude que les droits des citoyens seront
respectés.
De manière plus fondamentale, la répression
policière constitue pour des nombreux militants le symptôme
révélateur d'un important déficit démocratique dans
la société congolaise.
La question du système judiciaire semble moins centrale
dans le discours sur la répression des militants rencontrés. La
plus part des participants avaient ainsi la difficulté à ses
prononcé de manière claire et définitive sur la question.
Certains participants disent d'ailleurs attendre les résultats des
différentes démarches juridiques liées à la
répression des manifestations publiques pour tirer leurs conclusions.
Cela étant, pour une minorité des participants, la
représentation du système judiciaire et plus précise et
connotée de manière plus négative.
53
Ainsi, plusieurs participants préfèrent ne pas
se positionner par rapport au système judiciaire.
S4. Les conséquences sur le niveau de
mobilisation
Au plan individuel il semblerai que la répression
policière ait bien un effet sur la participation aux manifestations,
c'est-à-dire le degré de mobilisation du manifestant. En effet,
plusieurs participants qui sont même victimes d'actes de
répressions (arrestation, altercation avec la police, ...) modifies
leurs manière de manifester, deviennent plus prudent, ont davantage
choisi les manifestations aux quelles ils ont assisté. Exemple du
militant de la LUCHA grâce KALWENGERO, lui à déjà la
manière de participation aux manifestations, il procède par la
photographie. En contrario, le faite d'être victime d'arrestations
abusives a un effet catalyseur sur la mobilisation d'une autre partie des
militants. Ces derniers ont augmentés leurs participations aux
manifestations et leurs idées ou objectifs parfois se radicalisent.
Premier constat assez évident donc, la répression
policière n'a pas un effet nécessaire et homogène sur les
manifestants. Elle contribue à radicaliser certaines franges du
mouvement et à en démobiliser d'autres. De plus, elle permet de
mobiliser des nouveaux individus qui ne sont pas peut-être pas
touchés directement par la cause défendue par le mouvement mais
qui sont contre la répression policière et la violence. En ce
sens, elle ne constitue pas une stratégie d'indignement des mouvements
sociaux efficace pour les mouvements. Néanmoins, au plan individuel,
l'existence de plusieurs effets possible de la répression sur la
mobilisation semble indiquer qu'un ensemble des facteurs et de
considération entrent en jeux quant à la relation qui existe
entre la répression policière et la participation aux
manifestations publiques, donc certains sont intrinsèques aux
manifestants et d'autres extrinsèques.
S5. Conséquence
financière
Certains manifestants victimes d'arrestation abusive disent
avoir reçu des amendes, les quelles ils jugent être
substantielles, avoir perdu leurs biens matériels comme les
téléphones, la montre, la lunette médicale.
54
Cependant, ces manifestants qui avaient reçu une amende
prévoyaient contester leur constat d'infraction puisque celui-ci
était jugé illégitime.
Analyse conceptuelle des conséquences de la
répression
Concept
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
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Physiques
|
-Blessures ;
-Inconfort physique,...
|
Psychologiques
|
-Traumatismes ; -Anxiété ; -Peur ; -Colère ;
-Indignation ; -Frustration,...
|
Financières
|
-Amendes ;
-Perte d'emploi ;
-Coûts annexes
-Pertes ou bris des biens matériels.
|
Sociales
|
-Conflits avec l'entourage ; -Sentiment de stigmatisation ;
-Rupture de liens sociaux (amitiés, relations amoureuses) ; -Sentiment
d'injustice sociale ; -Sentiment que les droits civiques ne sont pas
respectés ; -Développement d'un sentiment d'appartenance ;
-Identification à des acteurs radicaux ;
-Sentiment d'être discriminé.
|
Représentation sociale des institutions
financière
|
Représentation de l'Etat
|
-Démocratique/non démocratique;
-Représentatif/non représentatif ; -Légitime/non
légitime ;
-Utilise bien son autorité/n'utilise pas bien son
autorité ;
-Responsable/ pas responsable
-Fait confiance à l'Etat/ne fait pas confiance
à l'Etat.
|
|
|
|
Représentation de la police
|
-Changement dans la représentation de la police ;
-Connotation positive/connotation négative.
Eléments abordés
|
-Méthodes utilisées ;
-Usage de la force ;
-Utilisation d'arbitraire, policier ;
-Rôle de figure d'autorité ;
-Crainte du policier/confiance envers le
policier.
|
Représentation du système de justice
|
-Changement dans la représentation du système de
justice
-Connotation positive/connotation négative.
|
Pratiques politiques formelles
|
-Exercices du droit de vote ;
-Adhésion et participation à un parti
politique.
|
Pratique politiques informelles
|
-Participation aux manifestations ; -Participation à la
vie associative ;
-Actes à caractère politique (tractage,
|
55
Concept
|
Dimensions
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Indicateurs
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vandalisme, placardage d'affiches) ; -communication dans les
medias.
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|
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Culture politique.
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-Intérêt pour la politique ; -Discussion à
caractère politique ; -Intérêt pour les enjeux sociaux ;
-Consultation des medias.
|
|
Vision de mouvements militants
|
-Enjeux ;
-Revendications ; -Adversaires ;
-Identité (base militante) ; -Mobilisation ;
-Tactiques militaires ; -Capacité d'action.
|
56
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