![](Lentreprise--lere-du-numerique--les-impacts-fiscaux1.png)
REPUBLIQUE TUNISIENNE
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
Rapport de Stage
En vue de l'obtention d'une Licence appliquée en
Droit de l'Entreprise et
des Affaires
PricewaterhouseCoopers
L'entreprise à l'ère du
numérique : les
impacts fiscaux
Présenté par :
KOMBA-MANDEGHA ELVA-DONNELLE
Soutenu le . devant le jury composé de
:
Président : Rapporteur :
..............................
..............................
Directeur académique : Directeur professionnel
:
Dr Imen Ben Rejeb M. Mabrouk Maalaoui
Année universitaire : 2020-2021
Année universitaire : 2020-2021
REPUBLIQUE TUNISIENNE
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
![](Lentreprise--lere-du-numerique--les-impacts-fiscaux2.png)
Rapport de Stage
En vue de l'obtention d'une Licence appliquée en
Droit de l'Entreprise et
des Affaires
L'entreprise à l'ère du numérique
: les
impacts fiscaux
Présenté par :
KOMBA-MANDEGHA ELVA-DONNELLE
Soutenu le . devant le jury composé de
:
Président : Rapporteur :
..............................
...........................
Directeur académique : Directeur professionnel
:
Dr Imen Ben Rejeb M. Mabrouk Maalaoui
Les opinions exprimées dans ce mémoire sont propres
à leur auteur et n'engagent pas la faculté LBS.
Dédicaces
Je dédie ce modeste travail avec un amour
profond et reconnaissance :
A ma chère mère
Juliette,
Tu t'es toujours sacrifiée pour m'assurer un avenir. Ton
amour et tes précieux conseils me guident chaque jour. Saches que mes
succès sont pour toi.
A mon cher père Robert,
Tu m'as appris à ne jamais renoncer, mais encore que la
famille est un don de Dieu. Merci infiniment pour ton amour et
l'éducation.
A mes chers frères et soeurs Déborah,
Fortunais, Nicette et Ezéchias,
Ma famille, sachez que je vous aime très fort et vous
porte dans mon coeur. Puisse le Seigneur vous bénir et vous garder
continuellement.
A mon cher Evrard,
Qui n'a cessé de me soutenir et me rassurer. A toi qui
m'as accompagné dans cette étape importante de ma vie. Merci
pour tes encouragements.
A mes amies Ned et Chancya,
Bien que vous ne soyez pas avec moi actuellement, vous ne
cessez de me motiver et de croire en moi. Vous avez toujours
été là pour moi quel que soit la situation.
A toutes les personnes que j'aime et qui m'aiment
d'un amour inconditionnel, A vous chers lecteurs,
Enfin, un grand merci à toute personne
ayant contribué de près ou de loin à la
réalisation de ce rapport de stage.
Remerciements
Je voudrais remercier Mme Amira
Maazouz, responsable du département Droit à LBS,
pour sa gentillesse et sa disponibilité et Mme Sonia Gtari
pour ses conseils et pour les cours de méthodologie
dispensés.
Je tiens également à remercier mon encadrante,
le Dr Imen Ben Rejeb, enseignante à LBS et
à l'Université de Tunis EL Manar pour sa rigueur, sa
disponibilité et ses précieux conseils sans lesquels ce travail
n'aurait vu le jour. Merci d'avoir accepté de diriger ce travail.
Je remercie aussi mon maître de stage M.
Mabrouk Maalaoui, associé gérant de PwC
Tunisie, pour sa gentillesse, ses remarques et pour m'avoir donné
l'opportunité d'effectuer ce stage.
Je souhaite remercier Karima, Rym, Chaima, Nour,
Marwa et toute l'équipe PwC pour leur apport, la
documentation et pour avoir répondu à mes questions.
Je tiens aussi à remercier Evrard-Osé
pour ses relectures et remarques.
Je voudrais remercier ma famille et tous mes
proches pour m'avoir soutenu et encouragé durant toute
cette période.
Merci aux membres du jury qui me font
l'honneur d'évaluer ce travail.
Liste des abréviations
ACCIS : Assiette commune consolidée pour
l'impôt sur les
sociétés
B2C : Business To consumer (transactions entre
une
entreprise et un consommateur
BEPS : Base Erosion and Profit Shifting (Erosion
de la base
d'imposition et le transfert de bénéfices)
CA : Chiffre d'affaires
ES : Etablissement stable
Fiscalité 2.0 : Fiscalité du
numérique
G20 : Le Groupe des vingt (vingt Etats)
GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon,
Microsoft
Ibid : Même référence
IS : Impôts sur les
sociétés
OCDE : Organisation de coopération et de
développement
économiques
Op Cit : Document précité
P : Page
PT : Prix de transfert
RS : Retenue à la source
SARL : Société à
responsabilité limitée
TIC : Technologies de l'information et de la
communication
TSN : Taxe sur les services numériques
TVA : Taxe sur la valeur ajoutée
UE : Union Européenne
USA : Etats-Unis d'Amérique
USD : Dollar américain (Devise)
WEB : Terme employé pour parler du World
Wide Web
Sommaire
PARTIE I : LE STAGE 3
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE L'ORGANISME
D'ACCUEIL 4
DEUXIEME PARTIE : LES TACHES ACCOMPLIES 10
PARTIE II : LE SUJET THEORIQUE 14
INTRODUCTION 15
PREMIERE PARTIE : LES PROBLEMES FISCAUX POSES PAR
L'ECONOMIE NUMERIQUE 19
CHAPITRE I : LA TERRITORIALITE DE L'IS : UN
PRINCIPE CONTOURNE PAR L'ENTREPRISE DIGITALE
19
CHAPITRE II : UNE OPTIMISATION FISCALE AGRESSIVE
25
DEUXIEME PARTIE : LES SOLUTIONS APPORTEES AUX PROBLEMES
FISCAUX POSES PAR
L'ECONOMIE NUMERIQUE 30
CHAPITRE I : LES PROPOSITIONS RELATIVES A
L'IMPOSITION DE L'ECONOMIE NUMERIQUE
30
CHAPITRE II : VERS LA TAXATION DE L'ECONOMIE
NUMERIQUE 38
CONCLUSION 44
3
Partie I : Le stage
14
Partie II : Le sujet théorique
15
Introduction
Introduction
« En moyenne, les entreprises du
numérique sont imposées à un taux effectif d'imposition de
9,5% seulement, contre 23,2% pour les modèles d'affaire traditionnels
»8
« L'économie numérique constitue
peut-être la transformation la plus radicale que connaîtront les
nations depuis la révolution industrielle »9.
Le 20ème siècle marque ainsi l'avènement
des TIC. Un évènement qui a bouleversé le monde et
changé les habitudes quotidiennes des entreprises et consommateurs.
La technologie et la mondialisation seraient alors la porte
ouverte à l'évasion fiscale. Avec une fiscalité
dépassée et des règles basées sur des
modèles traditionnels, les Etats ne cessent de perdre d'importantes
recettes chaque année.
« L'économie numérique est mal prise en
compte par le système fiscal actuel, ce qui laisse à ce secteur
d'activité des failles exploitables »10 car pensé
sur des éléments matériels.
Le développement des TIC a creusé un
fossé et laissé la fiscalité en arrière. Cette
dernière n'ayant pas suivi le rythme est restée statique. C'est
ce manque de rafraîchissement des règles fiscales qui serait
à l'origine des difficultés d'imposition dues à
l'économie numérique.
Ainsi, la question de la taxation de l'économie
numérique plus précisément celle des GAFAM, constitue la
préoccupation du siècle. Ces entreprises échappent en
effet à l'impôt ou du moins ne paient pas leurs justes
parts11.
La crise sanitaire aurait de ce fait montré l'urgence
pour les Etats de se hâter à trouver des solutions. Sur ces propos
de Bruno Le Maire, ministre français de l'économie : « Notre
engagement est encore décuplé par la crise des derniers mois qui
n'a fait qu'un seul vainqueur : les géants du digital », la taxe
GAFA serait la source principale du
8 Commission Européenne,
Questions et réponses sur un système d'imposition des
entreprises juste et efficace au sein de l'Union pour le marché unique
numérique, Bruxelles, 21 mars 2018.
https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/MEMO_18_2141
9 Rapport du ministère du Revenu national
présenté par le comité consultatif ministériel du
commerce électronique, Le commerce électronique et
l'administration fiscale du Canada, Avril 1998.
10 Mohammed ZAIBI, « L'impact
de l'économie numérique sur la fiscalité »,
mémoire pour l'obtention du diplôme de master professionnel en
fiscalité de l'entreprise, Faculté de Droit de Sfax, session
2020-2021, p.2
11Ibid., p.3.
16
Introduction
remboursement des emprunts liés au plan de relance
européen en réponse à la crise de la
Covid-1912, sachant que les mesures de confinement ont fait exploser
l'économie numérique de par la vente en ligne, les livraisons
à domicile et le télétravail. Cette situation prouve
à quel point la technologie occupe désormais une place importante
dans nos vies13.
Bien qu'ayant favorisé la réduction des
coûts, l'amélioration des techniques de production des entreprises
et leur extension vers des marchés étrangers, l'économie
numérique pose toutefois plusieurs défis juridiques, entre autres
la protection des données des utilisateurs, la cybercriminalité
et l'évasion fiscale.
Cependant, notre travail portera uniquement sur les
impacts fiscaux liés à cette nouvelle
économie.
Selon le dictionnaire juridique Cornu, «
l'entreprise » représente un organisme économique,
financièrement autonome qui combine travail et capital dans le but de
produire des biens et services marchands. Elle peut comporter un ou plusieurs
établissements14.
Quant au « numérique », il
« englobe l'informatique, mais son périmètre est plus large
car il recouvre aussi les télécommunications
(téléphone, radio, télévision, ordinateur) et
Internet. Au quotidien, on ne peut plus imaginer nos activités sans
Smartphone ou sans les réseaux sociaux »15. Le
numérique a également donné naissance au commerce en
ligne16.
Concernant « l'impact », Le petit
Larousse le définit comme étant « l'influence de quelqu'un
ou de quelque chose sur le déroulement de l'histoire, des
évènements. C'est l'effet produit par quelque chose, l'influence
qui en résulte »17.
12Derek Perrotte, «Taxe Gafa : l'Europe
maintient la pression en attendant Joe Biden », Publié le 1
décembre 2020.
https://www.lesechos.fr/monde/europe/taxe-gafa-leurope-maintient-la-pression-en-attendant-joe-biden-1270015
13Mohammed ZAIBI, « L'impact de
l'économie numérique sur la fiscalité », op. cit.
(Page 15), p.1.
14 Gérard Cornu,
Association Henri Capitant, Vocabulaire juridique, Quadrige,
12ème édition mise à jour 2016.
15 Onisep, « LE
NUMÉRIQUE, C'EST QUOI ? », Picardie - Amiens, article publié
le 29 septembre 2020.
https://www.onisep.fr/Pres-de-chez-vous/Hauts-de-France/Amiens/Informations-metiers/Le-numerique-et-l-intelligence-artificielle/Le-numerique-c-est-quoi
16 Plusieurs entreprises proposent aujourd'hui des
services en ligne ou utilisent les déférents outils informatiques
pour produire des biens et/ou des services.
17 Le petit Larousse illustré 2007,
Dictionnaire Français, Edition Française 2006.
17
Introduction
Enfin, « La fiscalité »
constitue l'ensemble des règles de droit régissant le
domaine fiscal d'un pays. En d'autres termes c'est le système de
perception de l'impôt, les lois qui s'y rapportent et les moyens qui y
conduisent18.
L'entreprise moderne utilise des outils technologiques
inconnus au système fiscal actuel pour créer la valeur
économique. C'est dans ce contexte que notre travail traitera des effets
de l'économie numérique sur la fiscalité.
Le développement de la technologie fait exploser au
milieu du 20ème Siècle un nouveau marché celui
de l'économie numérique.
En effet, c'est dans les années 60 qu'ont vu le jour
les transactions électroniques entre les institutions
financières. En 1978, aux Etats-Unis, apparaissent les cartes de
crédit permettant aux banques d'optimiser la transmission
numérique d'ordre de paiement19.
L'apparition des transactions B2C par minitel20 en
France dans les années 80 serait également à l'origine de
l'économie numérique.
Ainsi, « en 1991 avec la création du support world
wide web (www) et les logiciels Mosaic et Netscape en 1993, l'internet s'est
imposé comme le marché potentiel le plus prometteur de
l'économie numérique avec plus de 50 millions de personnes
connectées dans le monde »21.
Toutefois, l'arrivée du Haut-débit dans les
années 2000 a propulsé les acteurs américains. C'est alors
que commencent les défis fiscaux dus à la montée
significative des géants du net ces dernières années.
Etudier l'impact de l'économie numérique sur la
fiscalité constitue un enjeu considérable. En effet, la
technologie menace les grands principes de l'impôt à savoir :
l'égalité devant l'impôt, la contribution aux charges
publiques 22 et la concurrence économique.
18 Le grand Larousse illustré 2020,
Dictionnaire Français, Edition Française 2019.
19 Mohammed ZAIBI, « L'impact de
l'économie numérique sur la fiscalité », op. cit.
(Page 15), p.9-10.
20 Le minitel est un terminal destiné
à la connexion au service français de vidéotex (service
baptise télétel) développé par le ministère
des postes de télécommunication et utilisé en France dans
les années 80 et 90 avant d'être remplacé par
l'accès à l'internet.
21 Mohammed ZAIBI, « L'impact de
l'économie numérique sur la fiscalité », op. cit.
(Page 15), p.10.
22 Vincent Renoux, «
FISCALITÉ RÉELLE POUR UN MONDE VIRTUEL », Note
d'étude septembre 2017, p.7.
https://www.thedigitalnewdeal.org/wp-content/uploads/2017/06/Fiscalite%CC%81-re%CC%81elle-pour-un-monde-virtuel-1.pdf
18
Un intérêt de souveraineté23
suite aux recettes perdues pour les Etats qui ne peuvent prélever
l'impôt dans un monde immatériel, alors qu'il représente le
« noyau dur des finances publiques »24.
Pire encore, l'économie numérique emporte avec
elle une partie des contribuables potentiels. Une inégalité entre
les entreprises mais aussi une injustice pour les contribuables, personnes
physiques et morales qui devront payer plus d'impôts pour compenser le
vide causé par les géants du web.
Rétablir l'équilibre et adapter la
fiscalité aux mutations technologiques, tel est l'objectif
présent des Etats.
Dès lors, comment faire face aux défis
fiscaux soulevés par l'économie numérique ?
Pour répondre à cette interrogation, il convient
d'analyser les problèmes fiscaux posés par l'économie
numérique (1ère partie) et les
solutions permettant d'y faire face (2ème
partie).
23Vincent Renoux,
« FISCALITÉ RÉELLE POUR UN MONDE VIRTUEL », Note
d'étude septembre 2017, op.cit. (page 17), P.7.
24Hella ZANETTI COLLONI,
Fiscalité internationale et commerce électronique, Mémoire
pour l'obtention du diplôme d'études approfondies en droit public
et financier, Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de
Tunis, Année Universitaire 2001/2002, p.5.
19
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
Première partie : Les problèmes fiscaux
posés par l'économie
numérique
La digitalisation de l'économie serait à
l'origine des manques à gagner pour les Etats ces dernières
années.
Des pertes dues à une optimisation fiscale
exagérée des multinationales (Chapitre II), mais
aussi au bouleversement du principe de la territorialité de l'IS en
droit fiscal international (Chapitre I).
Chapitre I : La territorialité de l'IS : un
principe contourné par l'entreprise digitale
L'entreprise digitale est celle qui intègre les TIC
dans tout ou partie de ses activités dans le but de gagner en
productivité25.
L'économie immatérielle a bouleversé
ainsi les codes de la fiscalité et le principe de la
territorialité en a été la proie.
En effet, la territorialité de l'impôt constitue
un principe important dans l'attribution du droit d'imposition à un Etat
au niveau international. Cependant, avec le numérique il devient
difficile pour l'administration fiscale d'établir le lien entre un Etat
et les bénéfices réalisés via internet.
Nous verrons dès lors comment le critère
d'établissement stable pose problème dans l'économie
numérique (Section I), avant d'aborder la
non-localisation des activités numériques (Section
II).
Section I : Le critère d'établissement
stable en difficulté
Une entreprise est soumise à impôt dans la mesure
où elle dispose d'un siège social dans un Etat
déterminé ou d'un établissement stable, et un Etat impose
les revenus d'une entreprise exploitée sur son territoire.
25 DAVID GALIANA, « Qu'est-ce que la
transformation digitale ? Définition et Avantages », publié
le 13 FÉVRIER 2020.
https://www.wimi-teamwork.com/fr/blog/transformation-digitale-definition/
20
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
L'établissement stable actuel est inadapté
à l'économie numérique (Paragraphe 1) car
il est fondé sur des éléments matériels
localisables. Mais encore, les géants du Net utilisent les exemptions de
cet ES (Paragraphe 2) pour contourner artificiellement le
statut d'ES.
Paragraphe 1 : Le critère d'établissement
stable inadapté à l'économie numérique
Les bénéfices d'une entreprise
étrangère ne peuvent être soumis à impôt dans
l'Etat d'où ils proviennent que lorsqu'ils y sont réalisés
par l'intermédiation d'un établissement stable26.
L'ES est donc un critère permettant de
déterminer le droit pour un Etat d'imposer les revenus
générés sur son territoire. Mais qu'est-ce qu'un ES ?
En droit Tunisien il n'existe pas de définition d'ES,
c'est plutôt le droit conventionnel qui le définit. Il s'agit
d'une notion indispensable pour le rattachement des bénéfices de
l'entreprise à un Etat plutôt qu'à un
autre27.
Ainsi, selon l'article 5 du Modèle de convention de
l'OCDE, l'établissement stable constitue « toute installation fixe
d'affaires par l'intermédiaire de laquelle l'entreprise exerce tout ou
partie de son activité »28. Il ressort de cet article
que l'ES doit remplir certaines conditions pour être qualifié
comme tel.
D'abord, l'« installation d'affaires » doit exister.
Elle peut varier selon la nature de l'activité de l'entreprise, tel un
local, des équipements, un terrain etc.
Ensuite, cette « installation d'affaires » doit
être fixe. C'est-à-dire qu'elle doit être établie
« dans un lieu précis et fixe pendant un certain degré de
permanence » tel que stipulé dans le Commentaire du Modèle
de convention de l'OCDE. La détermination de la durée se fait en
fonction de l'activité.
Enfin, concernant l'exercice de l'activité de
l'entreprise, l'« installation d'affaires » doit être
utilisée en totalité ou en partie.
26 Mabrouk MAALAOUI, «
Impôts Directs de Tunisie Annoté des règles comptables (NCT
& IFRS) », Mémento 2020, p.347.
27 Ibid.
28 Article 5 du Modèle de Convention fiscale
de l'OCDE concernant le Revenu et la Fortune tel qu'il se lisait le 21 novembre
2017, p.7-8.
https://www.oecd.org/fr/ctp/conventions/articles-modele-de-convention-fiscale-2017.pdf
21
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
Le Modèle de convention de non double imposition de
l'OCDE énumère une liste d'installations pouvant constituer un ES
à savoir : un siège de direction, une succursale, un bureau, une
usine, un atelier et une mine, un puits de pétrole ou de gaz, une
carrière ou tout autre lieu d'extraction de ressources
naturelles29.
Nous pouvons remarquer que la qualification de l'ES prend en
compte des éléments matériels et la présence
physique de l'entreprise. Or, l'entreprise numérique est virtuelle et
n'a pas besoin d'une présence physique pour réaliser des gains.
Avec internet les entreprises peuvent échanger avec des clients et
conclure des contrats de vente sans avoir besoin d'une présence
physique. Les règles fiscales de la territorialité de
l'impôt sont donc inadaptées à l'économie
digitale.
Alors, à la question comment taxer l'entreprise
digitale sans présence physique, et après des nombreux travaux
réalisés par l'OCDE, il ressort qu'un site web ne peut constituer
un ES tout comme un serveur sauf dans le cas où il remplirait un certain
nombre de conditions30.
Paragraphe 2 : L'utilisation des exceptions de
l'établissement stable par les géants du web
Les activités considérées comme
étant préparatoires ou auxiliaires dans l'économie
traditionnelle, peuvent désormais constituer l'activité
principale de l'entreprise numérique, sans que celle-ci ait un
établissement stable dans l'Etat où ses activités sont
réalisées et sans que les revenus générés ne
soient soumis à l'impôt31.
L'article 5 alinéa 4 du Modèle de convention de
l'OCDE énumère une liste concernant les installations d'affaires
ne constituant pas des ES. Nous pouvons citer entre autres, les installations
aux fins de stockage, d'exposition et de livraison.
29 OCDE, ARTICLES DU MODÈLE
DE CONVENTION FISCALE CONCERNANT LE REVENU ET LA FORTUNE tel qu'il se lisait le
21 novembre 2017, article 5, p.8.
30 Le site web est une combinaison de données
et de logiciels, il ne constitue pas un actif corporel localisable de par sa
nature immatérielle. Il ne peut donc s'agir d'un ES. Encore, le
considérer ainsi conduirait au fait qu'une société aura un
ES dans tous les pays où les internautes auront accès à ce
site.
Le serveur quant à lui peut constituer un ES uniquement
lorsqu'il est utilisé et exploité par une entreprise
numérique pour l'exercice de ses activités dépassant les
exceptions de l'ES.
31 OCDE (2016), Empêcher les
mesures visant à éviter artificiellement le statut
d'établissement stable, Action 7 - Rapport final 2015, Projet OCDE/G20
sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de
bénéfices, Éditions OCDE, Paris.
http://dx.doi.org/10.1787/9789264255227-fr,
p.10.
22
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
Il ressort de cet article que lorsque l'activité de
l'entreprise concerne les activités préparatoires ou
auxiliaires32, son installation dans un pays n'est pas
considérée comme un ES. Toutefois, l'économie
numérique se base principalement sur la livraison des produits vendus en
ligne préalablement stockés dans un entrepôt par un
revendeur33. Il ne s'agit donc pas d'une activité
préparatoire mais plutôt d'une activité principale pour
l'entreprise digitale.
Nous citons quelques exemples des stratégies
utilisées pour contourner la notion d'établissement stable dans
le e. commerce.
D'abord, les filiales dans l'économie numérique
utilisent le statut de commissionnaire pour contourner l'existence d'un ES. En
effet, le commissionnaire en tant qu'agent indépendant agit en son nom
mais pour le compte de l'entreprise. Le commissionnaire n'est donc pas
engagé par les contrats qu'il conclut et par conséquent il ne
peut être soumis à impôt puisque les bénéfices
réalisés ne l'appartiennent pas34. Le commissionnaire
ne constitue pas un ES car il n'est pas lié à l'entreprise.
En outre, il peut exister entre les filiales et l'entreprise
mère un transfert de risques. C'est-à-dire, lors des
transactions, la filiale s'occupera uniquement des démarches et les
négociations avec les clients sans conclure des contrats35.
Les contrats seront alors conclus par l'entreprise mère qui devra donner
son accord. En le faisant, seule l'entreprise mère supporte les risques
et la filiale se dédouane pour éviter de payer l'impôt sur
le territoire du consommateur. Le contrat et les factures pourront aussi
être rédigés dans l'Etat du siège social de
l'entreprise, dont celui ayant un système fiscal avantageux.
Enfin, la fragmentation des activités entre les
différentes filiales permet également de contourner le statut
d'ES dans l'Etat de la source des revenus. En effet, en fractionnant le
contrat, les entreprises exercent « plusieurs activités
complémentaires séparées, dont aucune ne constitue un
établissement stable. Si nous regroupons ces activités et si nous
les
32Les activités préparatoires sont
celles qui précèdent la réalisation de l'activité
principale de l'entreprise. Quant aux activités auxiliaires, elles
concernent les activités exercées dans le but de soutenir
l'activité principale de l'entreprise.
33 Chaima Hadiji, « Notion
d'établissement stable : Apport du projet relatif à
l'érosion de la base d'imposition et au transfert des
bénéfices (BEPS) », Mémoire en vue de l'obtention du
Mastère professionnel en droit fiscal et droit du contentieux
administratif, Université de Carthage, 2017/2018, p.63.
34 OCDE, « Empêcher les mesures visant
à éviter artificiellement le statut d'établissement stable
», Action 7 ? Rapport final 2015, op. cit. (Page 21), p.10.
35 Ibid.
23
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
analysons d'une manière globale, nous remarquons que
regroupées elles peuvent créer un établissement stable
puisqu'elles constituent une opération d'affaire cohérente.
»36
Section II : L'économie numérique : un
marché sans frontières et sans concurrents
Il n'existe plus d'Etats avec internet, l'économie
numérique a créé un territoire virtuel qui ne peut
être appréhendé par l'administration fiscale.
En effet, l'une des particularités de l'économie
numérique est la non-localisation des activités numériques
(Paragraphe 1) et en tant que marché unique en plein
essor, la concurrence est moindre à l'échelle nationale
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La non-localisation
La nouvelle économie basée sur le virtuel a
renversé les règles de territorialité. La technologie a
créé un monde immatériel et international. Avec
l'interconnexion, il est possible de rentrer en contact avec une personne
située en Amérique même si l'on est en Afrique et par
conséquent conclure un contrat et passer une commande. L'entreprise
digitale n'a donc pas besoin d'une présence physique pour
réaliser des profits, elle peut être en France, en Allemagne au
même moment, pour elle il n'existe pas d'Etats.
Aussi, il est difficile de déterminer le lieu
d'affaires de ces entreprises de par la dématérialisation
partielle ou totale de leurs activités. En effet, la technologie
brouille les frontières et pose le problème de lien
d'appartenance. « Cette connexion a pour effet de rompre le lien de
rattachement des profits et des pertes fiscales avec les Etats dans lesquels
sont situés les clients de l'économie numérique » 37
. Il s'agit ici d'une question de souveraineté car elle
empêcherait les Etats d'effectuer les prélèvements
d'impôts dus ne sachant pas le lieu de la création de la
valeur.
36 Chaima Hadiji, « Notion
d'établissement stable : Apport du projet relatif à
l'érosion de la base d'imposition et au transfert des
bénéfices (BEPS) », op. cit., p 57.
37 La fiscalité et les nouvelles technologies,
page 2
24
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
« Les entreprises de l'Internet ne font
pas seulement qu'échapper à l'impôt, elles concurrencent
les États en créant un continent virtuel sans frontières
»38.
Paragraphe 2 : L'absence des barrières à
l'entrée
Les faibles barrières à l'entrée ont
laissé un libre passage aux entreprises d'internet. Elles constituent
les obstacles établis par une entreprise déjà
présente sur le marché ou par une règlementation, rendant
ainsi difficile l'accès d'une nouvelle entreprise sur un marché.
Cependant, l'entreprise numérique n'a pas besoin de s'installer sur un
territoire pour exécuter son activité et les droits de douanes
sur les biens importés qui pouvaient rapporter des gains aux Etats sont
contournés par la vente des produits
dématérialisés.
De même, l'économie numérique a permis aux
entreprises d'étendre leurs marchés dans le monde à
moindres coûts. Avec, les économies d'échelles et les
effets de réseaux, les GAFAM en particulier détiennent un pouvoir
considérable39. Ils se sont installés en tant que
monopole par la diversification et personnalisation de leurs produits et
services, par la technologie mais encore par le rachat des entreprises
prometteuses afin de diminuer la concurrence40. Il devient
impératif pour les entreprises nationales et les Etats de créer
des barrières à l'entrée afin de freiner la
concurrence.
38Pascal Perez, « Internet,
l'évasion fiscale à très haut débit », Dans
Après-demain 2014/1 (N ° 29, NF), p.1.
https://www.cairn.info/revue-apres-demain-2014-1-page-37.htm
39 Marc Bourreau et Anne Perrot,
« Plateformes numériques : réguler avant qu'il ne soit trop
tard », Dans Notes du conseil d'analyse économique n° 60,
Octobre 2020, p.1.
https://www.cae-eco.fr/plateformes-numeriques-reguler-avant-qu-il-ne-soit-trop-tard
40 Ibid., p.6.
25
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
Chapitre II : Une optimisation fiscale agressive
« Des entreprises multinationales choisissent de
localiser artificiellement leurs bénéfices dans des pays
où la fiscalité leur est la plus favorable, plutôt que dans
les pays où elles créent de la valeur. »41
L'optimisation fiscale existe depuis des années mais
elle est devenue le problème majeur depuis l'explosion de
l'économie numérique il y a quelques années.
L'optimisation fiscale agressive constitue le fait pour une entreprise
d'utiliser les failles ou les incohérences qui existent entre les
différents systèmes fiscaux afin de réduire au maximum sa
charge fiscale42.
Ainsi, l'entreprise numérique use des stratégies
pour éviter de payer l'impôt dans les Etats où les
bénéfices sont réellement générés et
s'installe dans les paradis fiscaux.
Nous verrons les stratégies d'optimisation fiscale
utilisées par les géants du web dans une première
section, puis dans une seconde, les
conséquences d'une telle optimisation fiscale.
Section I : Les stratégies d'optimisation
fiscale utilisées par les géants du web
Avec la mondialisation, les échanges internationaux et
les TIC, l'évasion de la base imposable se fait de plus en plus sentir
dans de nombreux pays. Cela s'explique par l'utilisation des nombreuses
stratégies permettant aux entreprises de délocaliser leurs
bénéfices dans les Etats à fiscalité
privilégiée.
Comme tactiques d'optimisation fiscale des multinationales,
nous pouvons citer l'utilisation des failles de la règlementation
fiscale (Paragraphe 1), la non-facturation de certains
services de vente (Paragraphe 2) et la manipulation des prix
de transfert (Paragraphe 3).
41Novethic, Gouvernance d'entreprise, «
Optimisation fiscale »,
https://www.novethic.fr/actualite/gouvernance-dentreprise/optimisation-fiscale.html
42
economie.gouv.fr, « Qu'est-ce
que l'optimisation fiscale agressive ? »
https://www.economie.gouv.fr/node/33900
26
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
Paragraphe 1 : L'utilisation des failles de la
règlementation fiscale
La première stratégie utilisée par les
multinationales est d'utiliser les niches des règles fiscales.
N'oublions pas que l'évasion fiscale est l'utilisation des
différents moyens légaux (les régimes dérogatoires,
les failles) dans le but d'échapper à l'impôt.
C'est donc la loi « qui permet » aux géants
du web de profiter des faiblesses de la législation et des
incohérences entre les différents systèmes. Un seul
élément d'extranéité rend difficile la lutte contre
l'évasion fiscale43 ou du moins l'envenime. On peut ainsi
établir trois hypothèses à savoir : l'absence d'une
fiscalité adaptée au numérique (A), la
complexité de la fiscalité (B) et une
fiscalité lourde (C).
A. L'absence d'une fiscalité 2.0 :
Alors que la technologie évolue à la vitesse de
l'éclair, La fiscalité elle, est restée statique. Ainsi,
les règles fiscales actuelles ne correspondent pas aux exigences du
numérique. Elaboré depuis des années, le système
fiscal traditionnel se base uniquement sur des éléments
matériels. Il est par conséquent incompatible avec le virtuel.
Avec la dématérialisation due à l'internet, on fait face
à un problème de qualification fiscale des opérations et
revenus de l'économie numérique44. Il serait
peut-être temps de revoir les normes fiscales et leur donner un coup de
neuf.
B. La complexité de la fiscalité :
La fiscalité peut sembler facile mais elle est très
complexe. La lecture des normes fiscales devrait être claire pour
faciliter leur compréhension par les contribuables. Les systèmes
fiscaux devraient tendre « plutôt vers la simplicité et
éviter la complexité, souvent non fructueuse
»45.Un grand nombre de règles fiscales peut conduire
à des incohérences, des incompréhensions46 et
par conséquent à l'évasion fiscale. D'où
l'impératif de privilégier la qualité à la
quantité.
43 Frédéric Douet,
« Fiscalité 2.0 - Fiscalité du numérique »,
3ème édition, LexisNexis, Précis fiscal, Paris le 17
septembre 2020, ISBN : 978-2-7110-3419-2.
44 Frédéric HUET,
préface de Jean-Claude Martinez « La fiscalité du commerce
électronique », 3ème édition, LexisNexis,
Paris, Paru le 01 juillet 2004, p.171.
45 INTRODUCTION À L'ÉTUDE DE LA
FISCALITÉ, mai 2002, P.23.
http://www.profiscal.com/Etudiants/introduction_etude_de_la_fiscalite.pdf
. Un bon système fiscal doit être simple et stable pour
être efficace.
46 C'est-à-dire, le contribuable pourrait
mal interpréter la loi à cause des confusions que peuvent
créer la législation fiscale, sachant que tous les contribuables
ne sont pas des fiscalistes.
27
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
C. Une fiscalité lourde : Il faut
noter que si les entreprises s'installent dans des
paradis fiscaux, c'est pour éviter les charges fiscales
trop lourdes à supporter. Il n'y a qu'à voir la différence
des taux d'imposition pour comprendre le choix de ces entreprises. « Le
taux faible, la multinationale en profite, le taux fort la multinationale le
contourne »47. Par exemple, le taux normal de l'IS en France
est de 26,5 % contre 12,5 % en Irlande48, soit une différence
de 14 points. Il serait nécessaire pour les Etats de réviser le
poids de l'IS, et réduire ainsi l'écart des taux entre les
différents systèmes afin d'éviter toute comparaison de
charges.
Paragraphe 2 : La non-facturation de certains services
de vente
Alors que la facture est une preuve qui pourrait permettre
à l'administration fiscale d'identifier et déterminer l'Etat de
la consommation des services où l'impôt doit être
payé, l'économie numérique bouleverse cette règle.
En effet, étant une économie immatérielle, les
opérations de vente peuvent être facturées partout sauf
dans l'Etat de marché. Ce, afin de délocaliser les
bénéfices réalisés sur un territoire X dans un pays
où les taux d'imposition sont faibles ou nuls. C'est le cas des produits
culturels achetés sur ITunes SARL qui sont facturés au Luxembourg
au taux de la TVA d'environ 6% contre 20% en France et les prestations de
régie publicitaire de Google qui sont facturés en
Irlande49.
Paragraphe 3 : La manipulation des prix de
transfert
Toutes les techniques sont bonnes tant que l'entreprise
numérique réduit sa charge fiscale. Les prix de transfert
permettent ainsi de transférer de l'Etat ayant un taux d'imposition
élevé vers les paradis fiscaux, les recettes
générées par l'économie numérique. Selon la
définition de l'OCDE, il s'agit des prix auxquels les biens ou les
services s'échangent entre
47 Frédéric de
Broglie, « Opinion | Imposer les multinationales », le 27
novembre 2018.
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-imposer-les-multinationales-150710
48 PwC, Résumés fiscaux mondiaux en
ligne, Impôts des sociétés et des particuliers dans 152
territoires à travers le monde. https://taxsummaries.pwc.com/
49 Nadia Antonin, « Les GAFA
et leur stratégie d'optimisation fiscale », rapport de France
Stratégie sur les GAFA publié le 06 janvier 2021.
https://academie-des-sciences-commerciales.org/les-gafa-et-leur-strategie-doptimisation-fiscale/
28
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
les entreprises d'un même groupe mais implantées
dans des pays différents50. Ainsi, « la
société installée où la fiscalité est la
plus forte va sous-facturer ses prestations ou surfacturer ses achats à
sa filiale afin de réduire ses bénéfices et donc son
impôt sur les bénéfice »51. C'est ainsi que
les multinationales se voient payer moins d'impôts chaque année.
Ces différentes stratégies inquiètent les Etats et font
l'objet de luttes. Elles conduisent à une « double non-imposition
»52 et ne laissent rien à gagner aux Etats.
Les différentes stratégies utilisées par
les géants du web visent un seul et même but, celui de
réduire leur base imposable. Mais quelles sont les conséquences
d'une telle optimisation fiscale ?
Section II : Les conséquences de cette
optimisation fiscale agressive
L'évitement abusif de l'impôt par les
multinationales a des répercussions négatives sur la
fiscalité et sur l'économie.
En plus de fausser la concurrence entre les différentes
entreprises (Paragraphe 1), il conduit à la diminution
des recettes publiques (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Une concurrence fiscale
faussée
Le principe de l'égalité devant les charges
publiques voudrait que chaque individu puisse contribuer aux
dépenses publiques en fonction de sa capacité contributive et que
chaque contribuable paie le montant d'impôt qui lui ait
exigé53. Cependant, il s'est avéré que certains
s'acquittent de leurs obligations alors que d'autres sont «totalement ou
partiellement exonérés» de l'impôt.
50 Les prix de transfert, l'entreprise et les prix de
transfert.
http://www2.impots.gouv.fr/documentation/prix_transfert/entrep.htm
51 Nadia Antonin, « Les GAFA et
leur stratégie d'optimisation fiscale », op. cit.
52 Les entreprises numériques malgré
les grands profits réalisés, mettent tout en oeuvre afin
d'éviter l'impôt dans l'Etat de la source des revenus et de
réduire le poids des impôts payés dans les paradis fiscaux.
Elles sont donc comme exonérées et ne paient pas leurs justes
parts d'impôt. C'est pourquoi l'OCDE et le G20 travaillent depuis des
années afin d'éliminer la double non-imposition des
multinationales et l'érosion fiscale.
53 Cours de
droit.net, cours de fiscalité,
« L'égalité devant l'impôt et les charges publiques
», publié le 28 avril 2019.
https://cours-de-droit.net/l-egalite-devant-l-impot-et-les-charges-publiques-a121607738/
29
Première partie : Les problèmes
fiscaux posés par l'économie numérique
Alors que les entreprises traditionnelles paient leur part
d'impôt, les entreprises numériques ne paient presque pas
d'impôt malgré leurs profits colossaux.
Les entreprises traditionnelles sont en moyenne
imposées au taux de 23% contre 9% pour celles du numérique en
Europe 54 . Cette « moindre imposition fiscale confère
aux entreprises du numérique un avantage sur les entreprises qui sont
plus taxées »55 d'où une inégalité
entre les entreprises et une concurrence fiscale faussée.
On peut également parler d'une concurrence fiscale
faussée entre les Etats puisque les entreprises numériques paient
des impôts dans les Etats où elles ne réalisent que des
activités limitées voire inexistantes au détriment des
Etats de la source des revenus.
Paragraphe 2 : La diminution des recettes fiscales pour
les Etats
En 2015, l'OCDE estimait les pertes annuelles des recettes
publiques dues à l'évitement fiscal entre 100 et 240 milliards
USD, soit l'équivalent de 4 à 10% des recettes de l'impôt
sur les sociétés dans le monde. En France ces pertes
s'élèvent à 14 milliards d'euros, soit 29 % des recettes
de l'IS la même année56. Ces chiffres ont certainement
augmenté au vu de l'explosion du commerce électronique ces
dernières années.
L'économie numérique est « l'évasion
fiscale à très haut débit », les multinationales ne
font que réduire les gains dus aux Etats alors que l'impôt
constitue la source la plus importante des finances publiques comme c'est le
cas en Tunisie. Ces pertes empêcheraient les Etats de répondre
correctement aux besoins publics. La crise sanitaire l'aurait confirmé
et montré qu'il serait indispensable d'agir au plus vite.
La question actuelle est donc celle de savoir comment
récupérer les grosses sommes qui échappent aux mains des
Etats chaque année. Plusieurs propositions ont été
formulées par l'OCDE et certains Etats à ce sujet. Ces
dernières pourraient être les solutions permettant de lutter
contre les défis fiscaux posés par l'économie
numérique.
54 Pierre Moscovici, Discours du
commissaire à la conférence de presse sur les nouvelles
propositions pour une fiscalité juste et effective de l'économie
du numérique, Bruxelles le 21 mars 2018.
https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/SPEECH_18_2342
55 La Rédaction, «
Fiscalité : les enjeux soulevés par l'économie
numérique », Article publié le 25 octobre 2019.
https://www.vie-publique.fr/eclairage/271118-fiscalite-les-enjeux-souleves-par-leconomie-numerique
56Damien Broussolle, « Où en sont la
taxation des entreprises numériques et la lutte contre
l'évitement fiscal ? », Bulletin de l'observatoire des politiques
économiques en Europe, N° 42 - Eté 2020.
http://www.opee.unistra.fr/spip.php?article416
30
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
Deuxième partie : Les solutions apportées
aux problèmes fiscaux posés par l'économie
numérique
L'économie numérique a bouleversé les
codes de la fiscalité, une fiscalité « obsolète
», inadaptée à la nouvelle ère. Le système
fiscal a accusé du retard face à la technologie et aujourd'hui
les Etats en assument les conséquences.
Les règles traditionnelles ne peuvent résoudre
les enjeux de l'économie numérique. Il serait judicieux sinon
indispensable de modifier la fiscalité actuelle. A cet effet, des
travaux ont été entamés pour faire face aux défis
fiscaux soulevés par l'économie immatérielle et inventer
une fiscalité adéquate.
Pour ce faire, des propositions de solutions relatives
à l'imposition de l'économie numérique ont
été énoncées (Chapitre I) et
certaines ont été retenues pour la taxation des géants du
web (Chapitre II).
Chapitre I : Les propositions relatives à
l'imposition de l'économie numérique
La question de l'imposition du numérique est de plus en
plus présente, il s'agit d'une urgence pour les Etats après
plusieurs années de baisse progressive des finances publiques. Pour les
Etats c'est le moment d'agir.
A cet effet, l'OCDE accompagné du G20 travaille de
manière acharnée depuis des années, dans le but de trouver
des moyens d'imposer les multinationales. En l'absence d'un accord et des
solutions à l'échelle internationale (Section
I), les Etats sont prêts à rebondir avec des mesures
internes déjà prévues (Section II).
Section I : Les solutions proposées à
l'échelle internationale
Après de nombreuses réflexions et assises, des
solutions ont été énoncées au niveau international
pour lutter contre l'évasion fiscale.
31
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
Nous aborderons dans un premier paragraphe
les solutions proposées par l'OCDE et dans un second
celles proposées par l'Union Européenne.
Paragraphe 1 : Les solutions proposées par
l'OCDE
Dans son rapport intérimaire de 2018, l'OCDE traite de
plusieurs solutions relatives à l'imposition de l'économie
numérique.
A ce propos, nous analyserons successivement, la retenue
à la source sur les transactions numériques (A),
la création d'un nouveau lien fondé sur une présence
économique significative (B) et les modifications des
exceptions au statut d'établissement stable (C).
A. Une retenue à la source sur les transactions
numériques :
« Lorsque l'établissement principal n'est pas
réputé avoir un établissement stable dans la juridiction,
un moyen d'imposer pour le pays de la source des revenus est d'appliquer une
retenue à la source comme cela existe déjà pour le
paiement des dividendes, intérêts et redevances
»57.
En effet, il s'agit d'une solution qui vise à imposer
les revenus bruts. Se rapprochant de l'impôt sur les revenus
bruts58, la retenue à la source permettrait de garantir une
forme de neutralité et de réduire les possibilités de
litiges59. Mais, il conviendrait d'établir clairement le
champ d'application des transactions couvert si les Etats doivent adopter cette
solution.
Toutefois, une telle solution conduirait à une double
imposition juridique d'un même revenu. Ceci dans la mesure où pour
certains Etats le terme « redevance » englobe souvent le paiement du
droit d'utilisation des logiciels, des images ou des sons60. Les
Etats devront
57 Desmedt, Gaëlle. La
fiscalité de l'économie numérique selon l'OCDE et l'Union
européenne. Louvain School of Management, Université catholique
de Louvain, 2018. Prom. : Gérard, Marcel.
Permalien
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:14320,
p.48.
58 OCDE (2017), Relever les
défis fiscaux posés par l'économie numérique,
Action 1 - Rapport final 2015, Projet OCDE/G20 sur l'érosion de la base
d'imposition et le transfert de bénéfices, Éditions OCDE,
Paris.
http://dx.doi.org/10.1787/9789264252141-,
p.131.
59Mohammed ZAIBI, « L'impact de
l'économie numérique sur la fiscalité », op. cit.
(Page 15), p.79.
60 Gaëlle DESMEDT, « La
fiscalité de l'économie numérique selon l'OCDE et l'Union
européenne », op. cit. (Page 31), p.48.
32
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
ainsi s'accorder pour éviter cette double imposition. A
contrario, il s'agirait d'une solution indésirable car elle pourra
porter atteinte à l'économie numérique61.
B. La création d'un nouveau lien fondé
sur une présence économique significative :
Il s'agit d'une solution qui vise à établir
l'existence d'une présence imposable d'une entreprise
étrangère dans un Etat. Pour vérifier qu'une entreprise
dispose bel et bien d'une « présence économique
significative », l'OCDE propose dans son rapport BEPS les
différents facteurs à analyser.
Premièrement, le facteur concernant les revenus
permettrait d'établir l'existence d'une présence significative.
Pour ce faire, les contrats conclus à distance via internet, la vente
des biens et services numériques, sont des critères
nécessaires pour justifier d'une présence significative dans le
pays d'accueil lorsque les biens vendus sont consommés sur son
territoire62.
Deuxièmement, l'existence d'une présence
numérique qui se caractérise par l'utilisation d'un nom de
domaine local, une plateforme locale et/ou les supports de paiement locaux
telle que la monnaie63. Ceci dans la mesure où l'entreprise
interagit avec les clients de manière continue et durable.
Dernièrement, les données des utilisateurs
constituent un indicateur sûr d'une présence numérique
significative. En effet, la collecte et l'exploitation des données
personnelles sont la source principale et la plus importante des
bénéfices réalisés par les multinationales. Ainsi,
ces données permettront de déterminer le lieu d'origine des
utilisateurs et par conséquent celui de l'Etat de
marché64.
61 Ibid., p.49.
62 Prieto Pantoja, Alexandre. Les
multinationales payent-elles des impôts? Enquête sur les
stratégies fiscales de quelques multinationales, notamment de
l'économie numérique: le cas Netflix. Louvain School of
Management, Université catholique de Louvain, 2016. Prom. :
Gérard, Marcel.
Permalien
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:7005,
p.74-75.
63 Chartier, Adrien. Les
stratégies fiscales de quelques multinationales, notamment de
l'économie numérique et les répliques de l'OCDE, de
l'Union Européenne et de quelques Etats. Louvain School of Management,
Université catholique de Louvain, 2018. Prom. : Gérard,
Marcel.
Permalien
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:,
p.35.
64 Ibid.
33
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
La combinaison de ces différents facteurs permet
d'établir l'existence d'une « présence économique
significative » qui permettra à l'Etat d'accueil d'imposer les
revenus réalisés sur son territoire via internet par une
entreprise même si elle ne dispose pas d'une présence physique.
C. Les modifications des exceptions au statut
d'établissement stable :
Suite à l'utilisation des exemptions citées
à l'article 5 alinéa 4 du Modèle de convention de l'OCDE
par les multinationales dans le but de contourner le statut
d'établissement stable, l'OCDE propose de modifier les conditions
d'exceptions d'établissement stable, voire de supprimer le paragraphe 4
qui avait été érigé pour les activités
auxiliaires des entreprises traditionnelles dans son entier65.
C'est dans ce sens que l'Action 7 du projet BEPS s'inscrit,
lorsqu'il qualifie d'ES les agents dépendants qui, sans conclure
juridiquement les contrats, jouent un rôle essentiel dans les
transactions66.
Paragraphe 2 : Les solutions proposées par
l'Union Européenne
L'UE a proposé deux solutions pour lutter contre
l'évasion fiscale, notamment la TSN (A) et l'ACCIS
(B). Si la première n'a pas abouti, la seconde demeure
cependant un projet.
A. Proposition d'une taxe sur les services
numériques : La TSN a été proposée le
21 mars 2018 par la Commission européenne afin de
mettre fin à l'évasion fiscale pratiquée dans l'UE par les
géants du web. Ce projet de loi s'inscrit dans le cadre d'une justice
fiscale entre les entreprises mais encore dans le but d'éviter que
« des mesures unilatérales soient prises pour
taxer les activités numériques »67. La taxe
GAFA serait
65 Prieto Pantoja, Alexandre,
« Les multinationales paient-elles des impôts ?: le cas de Netflix
», op. cit. (Page 32), p. 74.
66 Bénédicte PEYROL et
Jean-François PARIGI, Rapport d'information relatif à
l'évasion fiscale internationale des entreprises, enregistré le
12 septembre 2018, p.81.
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion_fin/l15b1236_rapport-information
67 Justine Daniel, «
Qu'est-ce qu'est la taxe GAFA ? », article publié le 27 octobre
2020, mis à jour par Barthélémy Gaillard.
https://www.touteleurope.eu/economie-et-social/qu-est-ce-que-la-taxe-gafa/
34
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
appliquée au taux de 3% sur le CA brut annuel des
multinationales qui réalisent 750 millions d'euros au niveau mondial et
50 millions en UE68.
Cette taxe tire son fondement sur l'exploitation des
données personnelles créatrice des profits des GAFAM, d'où
l'imposition sur la publicité ciblée, la vente des données
des utilisateurs et les services d'intermédiation.
Toutefois, ce projet n'a pas abouti compte tenu des
représailles américaines et l'attente d'un accord international
d'ici l'été 202169. La TSN devra être
révisée suivant les solutions apportées par l'OCDE. Il
pourrait dès lors avoir un élargissement des activités
numériques à imposer et une diminution du taux initialement
annoncé70.
B. Proposition d'une assiette commune
consolidée pour l'impôt sur les sociétés :
Ayant débuté depuis 2001 et déposé au
parlement européen en 2011, c'est en 2016 que la commission relance
l'ACCIS au sein de l'UE. Ainsi, l'ACCIS est un projet qui prône
l'établissement d'un système fiscal unique qui permettra de
déterminer le revenu imposable des entreprises et qui réduira les
incohérences et les disparités entre les différents
régimes nationaux71.
En effet, les entreprises devront effectuer une seule
déclaration fiscale conformément à ce système,
regroupant toutes leurs activités réalisées au niveau
européen. Ce montant unique sera réparti entre les
différentes entreprises à travers une formule de calcul qui se
base sur les immobilisations corporelles, la main-d'oeuvre et le
CA72. Suite à cette répartition, les Etats pourront
appliquer aux recettes des sociétés résidentes leurs taux
respectifs.
68 Dominique Filippone, «
Taxation des GAFA : La commission européenne veut
récupérer 5 Md€ par an », le 22 mars 2018.
https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-taxation-des-gafa-la-commission-europeenne-veut-recuperer-5-mdeteuro-par-an-71243.html
69 Justine Daniel, « Qu'est-ce
qu'est la taxe GAFA ? », op. cit.
70 Derek Perrotte, « Taxe Gafa :
l'Europe maintient la pression en attendant Joe Biden », Publié le
1er décembre 2020. La TSN est un plan B à défaut d'un
accord multilatéral sur l'imposition de l'économie
numérique. Elle rentrera en vigueur si l'OCDE ne réussit pas au
niveau international.
https://www.lesechos.fr/monde/europe/taxe-gafa-leurope-maintient-la-pression-en-attendant-joe-biden-1270015
71 Frédérique
PERROTIN, « Le point sur le projet d'ACCIS », article mis
à jour le 04 février 2021.
https://www.actu-juridique.fr/fiscalite/droit-fiscal/le-point-sur-le-projet-daccis/
72 Commission Européenne, « Proposition
de directive du conseil concernant une assiette commune consolidée pour
l'impôt sur les sociétés (ACCIS), Strasbourg 2016, p.32.
35
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
L'ACCIS favorisera ainsi la mise en place d'un «
système unique, stable et transparent d'impôt sur les
sociétés dans l'Union européenne » 73 . Le but de
l'ACCIS étant de simplifier les procédures, réduire les
coûts, lutter contre l'évasion fiscal et la concurrence
déloyale74.
Section II : Les solutions proposées à
l'échelle nationale
En l'absence d'un consensus mondial, certains Etats ont
décidé d'agir unilatéralement pour limiter les pertes des
recettes fiscales.
Nous allons nous intéresser uniquement aux propositions
française (Paragraphe 1) et américaine
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La taxe GAFA proposée par la
France
Le projet de loi visant la taxation de l'économie
numérique en France s'appuie sur les solutions proposées par
l'UE. Ainsi, il s'agit d'imposer au taux de 3% le CA des multinationales qui
réalisent plus de 750 millions d'euros à l'échelle
mondiale, soit 25 millions en France 75 . Son appellation est mal
choisie vu qu'elle ne concerne pas uniquement les GAFAM. La France est donc le
premier pays à avoir établi une taxe du numérique avant le
Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie, en se basant sur l'idée que les
données personnelles sont la source principale de revenus des
entreprises digitales76. La taxe GAFAM rapporterait selon les
estimations 500 millions d'euros au gouvernement
français77.
73 Frédérique PERROTIN,
« Le point sur le projet d'ACCIS », op. cit. (Page 34).
74 Jules Lastennet, « Le
projet d'assiette commune consolidée de l'impôt sur les
sociétés (ACCIS) », mis à jour le 06 avril 2018.
https://www.touteleurope.eu/economie-et-social/le-projet-d-assiette-commune-consolidee-de-l-impot-sur-les-societes-accis/.
En effet, l'ACCIS devrait permettre une répartition juste et
équitable des recettes entre les Etats et annuler la manipulation des
prix de transfert qui viserait à délocaliser les revenus.
75 La loi n°2019-759 du 24 juillet 2019
annoncé par le ministre des finances, Bruno Le Maire le mercredi 6 mars
2019.
76 Justine Daniel, « Qu'est-ce
qu'est la taxe GAFA ? », op. cit. (Page 34).
77 France 2, « Taxe GAFA :
combien cet impôt va-t-il rapporter aux finances publiques ? »,
Publié le 06 mars 2019.
https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/facebook/taxe-gafa-combien-cet-impot-va-t-il-rapporter-aux-finances-publiques_3220757.html
Un chiffre peu réaliste selon Isabelle Souquet. Les
géants du web seront certainement moins imposés en raison de la
différence qui existe entre les revenus déclarés et ceux
réellement réalisés.
36
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
Toutefois, cette taxe ne tient compte que des services
d'intermédiation et les publicités en ligne78. Aussi,
elle est considérée comme discriminatoire sachant que les
entreprises traditionnelles paient leurs impôts sur les
bénéfices et non sur le CA. L'imposition des géants du web
ne serait donc que temporaire en attendant un accord européen ou
international, ainsi que les solutions de l'OCDE d'ici mi-2021. « Les
Etats-Unis, de leur côté, n'ont pas accepté cette taxe qui
frappe les géants du numérique américains, craignant la
propagation de taxes similaires »79.
Paragraphe 2 : Les propositions énoncées
par les Etats-Unis
Les Etats-Unis sont un exemple type des enjeux soulevés
par la nouvelle économie. Leur changement de cap montre que
l'intérêt est grand et que la taxation de l'économie
numérique constitue une urgence.
En effet, les Etats-Unis ont promu le développement de
l'économie numérique afin d'éviter toute taxation et
réduire l'intervention étatique en 1997 à travers «
la Framework for Global Electronic Commerce » publiée par
l'administration Clinton80. Ce document avait pour objectif de
respecter certains principes pour favoriser l'essor de l'internet.
Puis, le 20 octobre 1998, le congrès vote l'adoption de
l' « Internet Tax Freedom ACT », un texte avec un effet
rétroactif du 1er octobre 1998 jusqu'au 21 octobre
200181. Il viserait à interdire toute taxation des ventes et
services numériques et à exclure toute taxe discriminatoire qui
traiterait l'économie numérique de la même manière
que le commerce traditionnel82.
78 La taxe GAFA exclue les ventes d'iPhone alors
qu'elles représentent plus de la moitié des activités
d'Apple.
79 Mongi Djellouli et Jean
Bernardini, « Taxe GAFA : la Tunisie suit l'initiative de taxe
sur les services numériques », le 17 novembre 2020.
https://taj-strategie.fr/taxe-gafa-la-tunisie-suit-linitiative-de-taxe-sur-les-services-numeriques
80 Jean-Christophe BOZE, «
Immatériel et souveraineté Fiscale aux Etats-Unis : Les
antinomismes du Nexus et du commerce électronique », Mémoire
pour l'obtention du diplôme d'études approfondies de Droit de
créations immatérielles, Université Montpellier,
Année universitaire 2001-2002, p.24.
81 En novembre 2001, le moratoire a
été prolongé jusqu'au 1er novembre (Internet
Tax non-discriminateur. Act, P. L107-75).
82 Bernard GREEN et Diana
HERSKOWITZ, « Pratique de commerce électronique avec les
Etats-Unis », Cairn Info, Août 2013, p.4.
37
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
Enfin, « L'Internet Tax Freedom Act Amendments Act of
2007 » adopté en novembre 2007, prévoit l'extension des
restrictions à l'encontre des taxes discriminatoires sur
l'économie numérique jusqu'au 1er novembre
201483.
Toutes ces interdictions se justifient par le
développement du secteur qui serait source de nombreux emplois et du
pourvoir technologique des Etats-Unis à l'échelle
mondiale84. Cependant, cette protection du secteur n'a pas
été bénéfique puisque les revenus provenant du
e-commerce n'ont pas été encaissés. Une perte
estimée à 39 milliards de dollars85.
C'est donc suite à ce manque à gagner que les
Etats américains décident d'« obtenir l'autorisation du
Congrès de lever les taxes des ventes en ligne et d'imposer une taxe sur
les vendeurs en ligne »86. Le Marketplace Fairness voté
au Sénat le 05 juin 2013 intervient dans ce sens et autorise les Etats
à réclamer l'impôt auprès des
e-commerçants.
C'est aussi le jugement rendu le 22 juin 2018 par la Cour
suprême qui ouvre la porte vers l'idée qu'une entreprise peut
avoir une présence significative sans qu'elle ne soit
nécessairement physique. A cette fin, il existe désormais une
possibilité de collecter la TVA auprès des
e-commerçants87.
83 Bernard GREEN et Diana
HERKOWITZ, « Pratique de commerce électronique avec les
Etats-Unis », Article précité, p.5.
84 Nicolas GUILLAND, « La TVA
et les services électroniques : l'appréhension de
l'immatériel par la fiscalité indirecte, Rapport du
mémoire, Université Aix Marseille, Année Universitaire
2004-2005, p. 45.
85 Ibid.
86 Bernard GREEN et Diana
HERKOWITZ, « Pratique de commerce électronique avec les
Etats-Unis », op. cit. (Page 36), p.5.
87 Mohammed ZAIBI, « L'impact de
l'économie numérique sur la fiscalité », op. cit.
(Page 15), p.96.
38
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
Chapitre II : Vers la taxation de l'économie
numérique
Parmi les solutions proposées, certaines ont
été retenues. Ces dernières permettraient de taxer
l'économie numérique sur les bénéfices
réalisés. Les Etats devraient récupérer une partie
des recettes perdues avec ces solutions.
Néanmoins, l'Etat de la source des revenus serait alors
le bénéficiaire de cette imposition (Section I).
Par ailleurs, la technologie a également créé des nouveaux
flux financiers qui devront être imposés (Section
II).
Section I : L'imposition de l'entreprise digitale au
profit des Etats de marché
Comme solutions adoptées pour taxer les entreprises
numériques, nous verrons l'adoption d'un établissement stable
virtuel (Paragraphe 1) et la régulation des prix de
transfert (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'adoption d'un établissement
stable virtuel
L'OCDE propose après des réflexions
d'élargir la notion d'ES pour répondre aux difficultés de
la territorialité de l'IS posées par l'économie
numérique. On parle ainsi « d'établissement stable virtuel
» qui se baserait sur les revenus et le nombre d'utilisateurs comme c'est
le cas en Inde88. Les multinationales seraient désormais
taxées même en l'absence d'une présence physique. Cette
nouvelle notion est une solution à moyen et long terme qui permettrait
de taxer « tous les acteurs du numérique quel que soit leur taille
»89. De ce fait, il existe un établissement stable
virtuel dans la mesure où il existe « une présence
numérique significative ».
88 En Inde la loi sur l'impôt sur le revenu a
été modifié en 2018 au profit de la présence
numérique significative. C'est le cas lorsqu'il y a un «
dépassement d'un seuil de revenus tirés d'Inde et le
dépassement d'un seuil d'utilisateurs indiens. ».
Bénédicte PEYROL et Jean-François PARIGI, op. cit. (Page
36), p.189.
89 Catherine Roussière, « Vers
la notion d'établissement stable », Article publié le 28 mai
2019.
https://www.cr-avocat.fr/vers-la-notion-detablissement-stable-numerique-ou-virtuel/
39
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
A cela s'ajoute la notion « d'agent dépendant
virtuel », c'est le cas où les contrats sont conclus à
travers des outils informatiques au nom d'une entreprise avec les
résidents d'un Etat déterminé90.
Cette solution présente plusieurs avantages, telle que
la prise en compte des activités numériques exercées sans
présence physique et qui génèrent d'énormes
revenus91 ainsi que le principe d'équité de par
l'utilisation des mêmes règles que l'ES traditionnel92.
Ainsi, avec ce nouveau concept, « les bénéfices ne seraient
plus taxés à l'impôt sur les bénéfices au
lieu du fournisseur, mais bel et bien taxés au lieu de l'utilisateur ou
du consommateur.»93
Toutefois, il serait un problème dans la mesure
où un site web peut constituer un ES virtuel dans plusieurs pays et par
conséquent on fera face à une surimposition des entreprises
numériques qui viendrait à freiner le développement du
secteur des TIC94.
Quoi qu'il en soit, certains auteurs considèrent que si
ce concept est adopté, il favorisera l'adoption d'un système
fiscal international adapté à la nouvelle réalité
de l'économie numérique95.
Paragraphe 2 : La régulation des prix de
transfert
Dans le but d'assurer une pleine concurrence entre les
entreprises, il convient d'établir des règles relatives aux prix
de transfert pour contrôler et vérifier les transactions
intragroupes qui viseraient à délocaliser artificiellement les
bénéfices dans les pays où la fiscalité est
avantageuse.
La Tunisie suivant les standards internationaux en
matière de prix de transfert énoncés dans les travaux de
l'OCDE notamment dans le projet BEPS, prévoit les obligations
déclaratives conformément aux dispositions de l'article 29 de la
loi de finances n° 2018-56
90 Nassima Yelles Chaouche. Le
régime fiscal des implantations internationales d'entreprises, le cas de
l'Algérie. Droit. Université de Cergy Pontoise; Université
d'Oran, 2019. Français. NNT :2019CERG0990ff. tel-02458163f, p.198.
91 OCDE, « Les règles actuelles
d'imposition des bénéfices industriels ou commerciaux
prévus par les conventions conviennent-elles au commerce
électronique ? », Rapport final CPAF, 19 décembre 2015,
p.75.
92 Nassima YELLES CHAOUCHE, «
Le régime fiscal des implantations internationales
d'entreprises, le cas de l'Algérie », op. cit., p.199.
93 Catherine Roussière, «
Vers la notion d'établissement stable », op. cit.
94 Nassima YELLES CHAOUCHE, «
Le régime fiscal des implantations internationales
d'entreprises, le cas de l'Algérie », op. cit., p.200.
95 Mohamed ZAIBI, « L'impact de
l'économie numérique sur la fiscalité », op. cit.
(Page 15), p.105.
40
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
du 27 décembre 2018 relatives à l'harmonisation
de la législation fiscale pour l'année 2019.
La déclaration des PT devrait contenir tous les
éléments obligatoires exigés par la loi. Ainsi, « Le
prix pratiqué entre des entreprises liées doit être le
même que celui qui aurait été pratiqué sur le
marché entre deux entreprises indépendantes »96
afin d'éviter tout risque fiscal et assurer une pleine concurrence.
Section II : La naissance d'une nouvelle base
imposable
En élaborant une fiscalité adaptée
à l'économie numérique, il serait judicieux de ne pas
omettre de prendre en compte les nouveaux flux financiers
générés par le secteur.
L'Etat ne cesse de perdre des recettes, et s'il les
retrouvait.
A la question que doit-on taxer ? Plusieurs auteurs
répondent en proposant des taxes spécifiques à
l'économie numérique.
Sauf exclusion de la taxe sur la bande passante97,
citons la taxe sur la publicité en ligne (Paragraphe
1), la taxe sur la collecte et l'exploitation des données
(Paragraphe 2), la taxe sur la vente (Paragraphe
3), ainsi que la taxe au clic (Paragraphe 4).
Paragraphe 1 : La taxe sur la publicité en
ligne
L'exploitation des contenus audiovisuels, profitent aux
géants qui réalisent des revenus colossaux chaque année
alors qu'ils ne dépensent rien en retour 98 . Les
utilisateurs travaillent donc gratuitement pour les grandes entreprises en
regardant des publicités et/ou des vidéos en ligne.
96 NOTE COMMUNE n° 11/2020, « Commentaire
des dispositions de l'article 29 de la loi n° 2018-56 du 27
décembre 2018 portant loi de finances pour l'année 2019 relatives
à l'harmonisation de la législation fiscale en vigueur avec les
standards internationaux en matière de prix de transfert. »,
p.6.
97 La bande passante constitue la quantité
des informations pouvant être transmises simultanément en un laps
de temps d'un ordinateur à un autre. Cette taxe a été
exclue de notre travail car elle constitue plusieurs débats dont les
arguments apparaissent insuffisants selon les experts pour convaincre de son
application. Et la taxe sur les bits semble être inutile puisqu'il existe
déjà une TVA sur les services de télécommunication
et sur les transactions.
98 Marc Rees, « Le retour de
la taxe sur la publicité en ligne », le 30 septembre 2013.
https://www.nextinpact.com/article/8825/82645-le-retour-taxe-sur-publicite-en-ligne
41
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
La taxe sur la publicité, proposition
déposée au Senat, concerne dès lors toutes les
publicités diffusées en ligne par le son, les images ou à
la télévision. Cette taxe serait payée par les
régies publicitaires99 au taux variable entre 0,5% pour un
montant allant jusqu'à 250 millions d'euros provenant des campagnes
facturées et 1% au-delà.100.
Toutefois, cette taxe pourrait « paralyser le
développement de l'offre légale de musique et de vidéos,
dont une part des revenus provient de la publicité. »101
En effet, il ne pourrait plus avoir une offre libre des contenus sous crainte
d'une taxation.
Paragraphe 2 : La taxe sur la collecte et
l'exploitation des données
La collecte et l'exploitation des données personnelles
des utilisateurs constituent la source principale de revenus des géants
du web. Ces données peuvent être utilisées à des
fins publicitaires ou être vendues. Selon le rapport Colin et Collin, il
s'agit de taxer les sociétés qui collectent des informations sur
leurs clients, dont les banques, les opérateurs télécoms
et les e-commerçants102.
Alors que les utilisateurs font du « travail gratuit
» en donnant leurs informations, en faisant des recherches sur internet,
les entreprises les utilisent pour leur propre intérêt et ce sans
l'autorisation des consommateurs103. La taxe sur les données
serait de ce fait calculée en fonction du nombre d'utilisateurs et de
l'utilité des données collectées. Plus l'entreprise va
disposer et exploiter ces données, plus elle sera taxée, à
contrario sa charge fiscale sera moins lourde104.
99 Ibid. La régie publicitaire est une
entreprise, ou le service d'une entreprise, dont l'objectif est de
commercialiser les espaces publicitaires disponibles auprès des
annonceurs, des agences.
Un annonceur est une entreprise qui réalise une
opération publicitaire via un espace publicitaire, afin de promouvoir
ses produits ou sa marque à une cible précise.
100 « Proposition de loi pour une fiscalité
numérique neutre et équitable » du Sénateur Philippe
Marini du 19 juillet 2012, « La taxe Google ».
https://www.senat.fr/leg/ppl11-682.html
101 L'express, « Taxer l'e-pub et
l'e-commerce pour faire payer Google et Amazon », article publié le
28 juin 2012.
https://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/taxer-l-e-pub-et-l-e-commerce-pour-faire-payer-google-et-amazon_1422655.html
102 Flore Fauconnier, « Vers une taxe sur
la collecte de données personnelles en ligne ? », le 26
décembre 2012.
https://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/1106314-vers-une-taxe-sur-la-collecte-de-donnees-personnelles-en-ligne/
103 L'utilisation des données à caractère
personnel par les entreprises sans le consentement des clients serait une
violation de la vie privée. La taxation devrait inciter à la
protection de ces données souligne Isabelle Falque-Pierrotin.
104 Karl Toussaint du Wast, « Une taxe sur
la collecte des données personnelles ? ».
https://www.net-investissement.fr/blog/divers/conjoncture-economie-fiscalite/bientot-une-taxe-sur-la-collecte-des-donnees-personnelles-1138-920.html
42
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
Paragraphe 3 : La taxe sur la vente
Fini les achats en ligne sans taxe. Utilisant le même
principe que la TVA, la taxe de vente s'applique aux transactions de livraisons
de biens et/ou de services commandés en ligne. Déjà en
vigueur dans plusieurs Etat dont les USA, le Canada et la France pour ne citer
que trois, le consommateur serait celui qui devra supporter la taxe de vente.
Ainsi, le vendeur en tant qu'intermédiaire perçoit la taxe due
à l'Etat. Une taxe au profit de l'Etat de destination, l'Etat du lieu de
résidence du consommateur.
La taxe sur la vente se calcule en fonction de « la
distance parcourue entre le dernier entrepôt logistique et l'adresse
finale de livraison »105 et le nombre de produits
livrés, au taux variable entre 1 et 2% en France selon le nombre de
kilomètres parcourus, un taux qui serait appliqué sur le montant
du produit106. La loi adoptée par le Sénat
français cite les opérations et les e-commerçants qui ne
sont pas concernés par cette taxe. Cette dernière pourrait faire
office d'une barrière à l'entrée.
En matière d'applicabilité, les Etats-Unis
disposent de certains outils permettant de la calculer pour faciliter la
collecte par les vendeurs. Il s'agit d'un calculateur automatique de
taxes107. Il serait utile de développer des outils
informatiques pour la bonne mise en oeuvre de la taxe sur la vente en ligne.
Néanmoins, il faudra également assurer un
contrôle efficace des plateformes étrangères afin
d'éviter toute concurrence comme c'est le cas en France avec les
vendeurs chinois qui « pratiquent des prix cassés sans facturer la
TVA et fractionnent souvent les envois pour échapper à
l'impôt »108.
105 Hervé Didier, « Vers une taxe
sur le e-commerce », le 22 juin 2018.
https://www.commentcamarche.net/news/5871628-vers-une-taxe-sur-le-e-commerce
106 1% pour les distances inférieures à 50 km,
1,5% pour celles entre 50 et 80 km et 2% pour celles supérieures
à 80 km. Proposition de loi n° 34 rect. Ter, article 27, Senat le
13 juin 2018.
http://www.senat.fr/amendements/2017-2018/549/Amdt_34.html
.
107 Paramètres de taxe avec Vente en ligne Square,
https://squareup.com/help/ca/fr/article/6878-all-about-taxes-square-online-store.
108 Rédaction Mieux Vivre, «
Achats sur Internet : le montant de la taxe à l'importation va augmenter
», article publié le 23 avril 2021.
https://www.mieuxvivre-votreargent.fr/vie-pratique/2021/04/23/achats-sur-internet-le-montant-de-la-taxe-a-limportation-va-augmenter/
43
Deuxième partie : Les solutions
apportées aux problèmes fiscaux posés par
l'économie numérique
Paragraphe 4 : La taxe au clic
La taxe au clic est une taxe qui vise à faire payer les
moteurs de recherche tels que Google ainsi que les agrégateurs,
l'indexation des contenus de presse en France. Elle a été
soulevée par le syndicat de la presse nationale (SPQN) qui demande une
rétribution juste de la part des géants du net qui utilisent les
contenus, les informations et le savoir-faire de la presse française
pour en tirer profit109.
Selon Aurélie Filippetti ministre français de la
Culture et de la Communication, « les mots clés
tapés sur les moteurs de recherche sont les mots clés des grands
journaux traditionnels [...] Il faut qu'ils participent au financement de
l'information »110. A ce propos, il existe
deux philosophies celle de la presse et celle du gouvernement.
En effet, alors que la presse milite pour une
rémunération se basant sur la création d'un nouveau droit
voisin sur l'indexation, qui sera calculée en fonction du nombre de
clics sur le lien et sera répartie entre les différentes
entreprises de presse partie à la Commission111, pour le
gouvernement au contraire il s'agit de créer une fiscalisation qui
permettrait à l'Etat d'entrer des recettes. La dernière
idée est celle qui a été retenue. Le SPQN n'aura donc pas
la gestion commune souhaitée de cette rémunération et la
taxe au clic ne sera pas affectée à la presse mais à
l'Etat112.
Du coté de Google, si une rémunération
est exigée, il cessera de référencer les articles de
presse français plutôt que de payer une quelconque
rétribution. Une « telle mesure portera atteinte aux
intérêts des agences de presse [...] qui verront leur trafic
chuter considérablement »113.
109Marc Rees, « Idée
de génie : faire payer les moteurs dès qu'un contenu est
indexé », article du 12 septembre 2012.
https://www.nextinpact.com/article/558/73779-idee-genie-faire-payer-moteurs-des-qu-un-contenu-est-indexe
110 Interview : Aurélie Filippetti, « l'avenir de la
presse passe par le numérique » du 16 septembre 2012.
http://www.aqui.fr/societes/interview-aurelie-filippetti-laquo-l-avenir-de-la-presse-passe-par-le-numerique-raquo,7276.html
111 Marc Rees, « La taxe sur les liens
devient la taxe sur les clics », article publié le 17 septembre
2012.
https://www.nextinpact.com/article/630/73855-la-taxe-sur-liens-devient-taxe-sur-clics
112 Ibid.
113 POLYMETA NEWS, « DROITS VOISINS :
GOOGLE NE PAIERA PAS », le 1er octobre 2019.
https://www.polymeta.com/droits-voisins-google-ne-paiera-pas/
44
Conclusion
Conclusion
« L'ère du numérique est notamment
celle de l'immatériel, de la mondialisation et de la haute
fréquence, et par conséquent celle des nouvelles
problématiques fiscales. L'ère du numérique est aussi
celle d'une nouvelle fiscalité : la fiscalité 2.0
»114
« Le commerce électronique génère
une concurrence déloyale »115.
L'entreprise numérique est imposée au taux de
9,5% contre 23,2% pour celle traditionnelle, soit une différence de 13,7
points des charges fiscales. Ces chiffres montrent l'écart qui existe
entre les deux entités alors que la première génère
plus de revenus.
Selon le système d'imposition actuel, une entreprise
est imposée au lieu où elle est implantée et dispose d'une
installation fixe. Cependant, avec l'arrivée du numérique, les
entreprises réalisent des bénéfices sans avoir besoin
d'une présence physique quelconque. Ces bénéfices ne sont
pas imposés car les présentes règles fiscales sont
fondées sur des éléments matériels et par
conséquent demeurent inadaptées à l'immatériel.
C'est suite à ce manque à gagner que des
solutions ont été proposées au niveau national comme
international sous le guide de l'OCDE qui mène des réflexions
depuis 2013.
Aujourd'hui il y a des avancées significatives et le
consensus attendu pour mi-2021 prend forme. En effet, il s'agit d'un consensus
basé sur deux Piliers. Le Pilier 1 est destiné à la
réattribution d'une partie des droits d'imposition aux juridictions de
marché indépendamment du critère de présence
physique 116. Quant au Pilier 2, il porte sur un taux minimum
d'impôt sur les sociétés. A cet effet, l'administration Joe
Biden avait proposé en avril 2021 un taux d'IS de 21% 117.
Toutefois, l'accord s'est arrêté sur un taux de
15%118
114 Fiscalité et technologies p.2
115 Pascal Perez, « Internet,
l'évasion fiscale à très haut débit », op.
cit. (Page 23), p.3.
116 L'OCDE livre une analyse qui révèle que les
réformes proposées de la fiscalité internationale auraient
un impact considérable,
https://www.oecd.org/fr/fiscalite/beps/l-ocde-livre-une-analyse-qui-revele-que-les-reformes-proposees-de-la-fiscalite-internationale-auraient-un-impact-considerable.htm
117 LégiFiscal, « Un taux d'IS minimum de 21% ?
», article publié le 29 avril 2021.
https://www.legifiscal.fr/actualites-fiscales/2763-taux-is-minimum-21.html
118 LégiFiscal, « G7 : accord sur un taux d'IS
minimum à 15% », article publié le 05 juin 2021.
https://www.legifiscal.fr/actualites-fiscales/2809-g7-accord-taux-is-minimum-15.html
45
Conclusion
concernant l'imposition des multinationales. Ces mesures
seront en vigueur dès Janvier 2022 ou 2023.
Le but d'un taux minimum d'impôt étant de
rétablir une égalité entre les entreprises vu qu'il n'est
pas question que certaines paient l'impôt et d'autres non, mais aussi de
réduire les déplacements des bénéfices dans les
paradis fiscaux.
Notons également que toutes les grandes entreprises
sont concernées bien que les travaux actuels s'attardent plus sur les
grandes multinationales telles Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.
Néanmoins, les autres entreprises doivent s'attendre à payer
l'impôt.
Le plus tôt sera le mieux. Le risque du retard d'une
taxation du e-commerce réside dans le fait que l'économie
entière se numérise de façon progressive et si on n'y
prend pas garde, on sera dans une situation de perte sèche des budgets
des Etats. Car, il n'y aura ni les recettes provenant des entreprises qui
existaient vu qu'elles ne sont plus à la mode, ni les recettes provenant
des entreprises numériques qu'on n'arrive pas à imposer.
Par ailleurs, les solutions d'aujourd'hui seront certainement
obsolètes demain au vu de l'évolution rapide des TIC et
l'amélioration continue de l'intelligence artificielle119. Il
serait peut-être temps d'agir de peur que la décision prise
concernant l'imposition du e-commerce, ne soit « dépassé par
de nouveaux progrès technologiques au moment de la mise en oeuvre
»120.
Cependant, plusieurs interrogations restent toujours en
suspens.
L'intelligence artificielle évolue très
rapidement et certainement dans quelques années, le monde sera
totalement digitalisé. Il serait ainsi judicieux de se questionner sur
les problèmes à venir pour mieux les
appréhender et éviter d'accuser d'un retard qui pourrait
être grave.
La puissance des géants du web va-t-elle conduire
à la disparition totale des entreprises traditionnelles
? Peut-être qu'en manque de clients elles fermeront ?
Enfin, les Etats réussiront-ils à
canaliser le secteur des TIC qui pose depuis son apparition
plusieurs problèmes juridiques ?
119 Camille Marpillat, « La
territorialité de l'impôt sur les sociétés dans
l'économie numérique », Préface de Rivalland (J-C),
1ère édition, Larcier, Paris 2018.
120 La fiscalité et les nouvelles technologies, page 5
46
Annexes
Annexes
Annexe 1 : Article 5 du Modèle de
Convention fiscale de l'OCDE concernant le Revenu et la Fortune tel qu'il se
lisait le 21 novembre 2017, p.7-8.
1. Au sens de la présente Convention, l'expression
« établissement stable » désigne une installation fixe
d'affaires par l'intermédiaire de laquelle une entreprise exerce tout ou
partie de son activité.
2. L'expression « établissement stable »
comprend notamment :
a) un siège de direction,
b) une succursale,
c) un bureau,
d) une usine,
e) un atelier et
f) une mine, un puits de pétrole ou de gaz, une
carrière ou tout autre lieu d'extraction de ressources naturelles.
3. Un chantier de construction ou de montage ne constitue un
établissement stable que si sa durée dépasse douze
mois.
4. Nonobstant les dispositions précédentes du
présent article, on considère qu'il n'y a pas «
établissement stable » si :
a) il est fait usage d'installations aux seules fins de
stockage, d'exposition ou de livraison de marchandises appartenant à
l'entreprise ;
b) des marchandises appartenant à l'entreprise sont
entreposées aux seules fins de stockage, d'exposition ou de livraison
;
c) des marchandises appartenant à l'entreprise sont
entreposées aux seules fins de transformation par une autre entreprise
;
d) une installation fixe d'affaires est utilisée aux
seules fins d'acheter des marchandises ou de réunir des informations,
pour l'entreprise ;
47
Annexes
e) une installation fixe d'affaires est utilisée aux
seules fins d'exercer, pour l'entreprise, toute autre activité ;
f) une installation fixe d'affaires est utilisée aux
seules fins de l'exercice cumulé d'activités mentionnées
aux alinéas a) à e) à condition que cette activité
ou, dans le cas visé à l'alinéa f), l'activité
d'ensemble de l'installation fixe d'affaires, revête un caractère
préparatoire ou auxiliaire.
Annexe 2 : Arrêté du Ministre des
Finances du 25 Mars 2019, portant fixation de la liste des Etats et territoires
à régime fiscal privilégié mis à jour
suivant les nouveaux taux d'IS énoncés dans la Loi de Finances
2021.
Etats et Territoires dont le taux de l'IS est
inférieur à
5% pour les activités soumises à l'IS en
Tunisie au taux de 10%
|
Etats et Territoires dont le taux de l'IS est
inférieur à
7,5% pour les activités soumises à l'IS
en Tunisie au taux de 15%
|
Etats et Territoires dont le taux de l'IS est
inférieur à
17,5% pour les activités soumises à l'IS
en Tunisie au taux de 35%
|
Bahreïn
|
Bahreïn taux d'IS 0%
|
à l'exception des sociétés
pétrolières au taux de 46%
|
Barbade
|
Barbade taux d'IS global 5,5% à 1%
|
Barbade
|
Bermudes
|
Bermudes taux d'IS 0%
|
Bermudes
|
-
|
-
|
Bosnie-Herzégovine taux d'IS 10%
|
-
|
-
|
Bulgarie taux d'IS 10%
|
-
|
-
|
Chypre taux d'IS 12,5%
|
-
|
-
|
Géorgie taux d'IS 15%
|
-
|
-
|
Gibraltar taux d'IS 10%
à l'exception des fournisseurs de services publics et
d'énergie et les entreprises qui abusent d'une position dominante qui
paient un taux de 20 %
|
Guernesey taux d'IS 0%
|
Guernesey taux d'IS 0%
|
Guernesey taux d'IS 10% à l'exception des Revenus de
biens, importation
d'hydrocarbures et de gaz, commerces de détail dont
les
bénéfices imposables sont supérieurs
à 500 000 GBP, revenus de l'activité autorisée
de culture de plantes de
cannabis et revenus de l'utilisation de ces plantes de
|
Annexes
|
|
cannabis cultivées ou de
parties de ces plantes de cannabis cultivées : 20%.
|
-
|
-
|
Hong Kong taux d'IS pour les Premiers 2 000 000 HKD de
bénéfices imposables à 8,25 % ;
Et pour les Bénéfices imposables restants
à 16,5%.
|
Ile de Man
|
Ile de Man taux d'IS 0%
|
Ile de Man taux d'IS des Banques 10%. A l'exception des Revenus
de l'immobilier (20%).
|
-
|
-
|
Irak taux d'IS 15% à
l'exception de certaines entreprises du secteur
pétrolier et gazier (35%).
|
-
|
-
|
Irlande taux d'IS des Sociétés de négoce
12,5% sauf pour
celles non commerciales (25%).
|
Jersey
|
Jersey
|
Jersey taux d'IS 0%, 10% pour certaines sociétés
de services financiers, sauf les entreprises de services publics, les grands
détaillants et le loyer (20%).
|
-
|
-
|
Kirghizistan taux d'IS 10%
|
-
|
-
|
Kosovo taux d'IS 10%
|
-
|
-
|
Liechtenstein taux d'IS 12,5%
|
-
|
-
|
Lituanie taux d'IS 15%
|
-
|
-
|
Macédoine du Nord taux d'IS 10%
|
-
|
-
|
Maldives taux d'IS 15%
|
-
|
-
|
Moldavie taux d'IS 12%
|
-
|
-
|
Monténégro taux d'IS 9%
|
-
|
-
|
Ouzbékistan taux d'IS 15%
|
-
|
-
|
Paraguay taux d'IS 10%
|
-
|
-
|
Singapour taux d'IS 17%
|
-
|
-
|
Timor-Leste taux d'IS 10%
|
-
|
-
|
Turkménistan taux d'IS des Entreprises domestiques 8%
à
l'exception des
Sociétés étrangères qui paient 20%.
|
48
Source :
https://taxsummaries.pwc.com/,
Consulté le 10 juin 2021.
49
Bibliographie
Bibliographie
Ouvrages :
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Martinez (J-C), La fiscalité du commerce électronique,
3ème édition, LexisNexis, Paris, Paru le 01 juillet 2004.
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Annoté des règles comptables (NCT & IFRS), Mémento
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l'impôt sur les sociétés dans l'économie
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2018. Prom. : Gérard, Marcel. Permalien
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Louvain School of Management, Université catholique de Louvain, 2018.
Prom. : Gérard, Marcel. Permalien
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:14320.
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l'obtention du Mastère professionnel en droit fiscal et droit du
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Université de Cergy Pontoise; Université d'Oran, 2019.
Français. NNT :2019CERG0990ff. tel-02458163f
Permalien
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:7005
· Prieto Pantoja, Alexandre. Les multinationales
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contenu est indexé », le 12 septembre 2012, « La taxe sur les
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présenté par le comité consultatif ministériel du
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numérique neutre et équitable » du Sénateur Philippe
Marini du 19 juillet 2012, « La taxe Google ».
https://www.senat.fr/leg/ppl11-682.html
· La loi n°2019-759 du 24 juillet 2019
annoncé par le ministre des finances, Bruno Le Maire le mercredi 6 mars
2019.
· NOTE COMMUNE n° 11/2020 OBJET : Commentaire des
dispositions de l'article 29 de la loi n° 2018-56 du 27 décembre
2018 portant loi de finances pour l'année 2019 relatives à
l'harmonisation de la législation fiscale en vigueur avec les standards
internationaux en matière de prix de transfert.
Encyclopédies et dictionnaires :
· Cornu (Gérard), Association Henri Capitant,
Vocabulaire juridique, Quadrige, 12ème édition mise à jour
2016.
· Le grand Larousse illustré 2020, Dictionnaire
Français, Edition Française 2019.
· Le petit Larousse illustré 2007, Dictionnaire
Français, Edition Française 2006.
55
Bibliographie
Nétographie :
http://www.profiscal.com/Etudiants/introduction
etude de la fiscalite.pdf
https://cours-de-droit.net/l-egalite-devant-l-impot-et-les-charges-publiques-a121607738/
https://taxsummaries.pwc.com/
https://www.novethic.fr/actualite/gouvernance-dentreprise/optimisation-fiscale.html
https://www.oecd.org/fr/
56
Tables de matières
Tables de matières
PARTIE I : LE STAGE. 3
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE L'ORGANISME D'ACCUEIL
4
DEUXIEME PARTIE : LES TACHES ACCOMPLIES 10
PARTIE II : LE SUJET THEORIQUE . 14
INTRODUCTION 15
PREMIERE PARTIE : LES PROBLEMES FISCAUX POSES PAR
L'ECONOMIE NUMERIQUE 19
CHAPITRE I : LA TERRITORIALITE DE L'IS : UN PRINCIPE
CONTOURNE PAR L'ENTREPRISE DIGITALE 19
Section I: Le critère d'établissement stable en
difficulté 19
Paragraphe 1 : Le critère d'établissement
stable inadapté à l'économie numérique 20
Paragraphe 2 : L'utilisation des exceptions de
l'établissement stable par les géants
du web 21
Section II : L'économie numérique : un
marché sans frontières et sans concurrents 23
Paragraphe 1 : La non-localisation 23
Paragraphe 2 : L'absence des barrières à
l'entrée 24
CHAPITRE II : UNE OPTIMISATION FISCALE AGRESSIVE
25
Section I : Les stratégies d'optimisation fiscale
utilisées par les géants du web 25
Paragraphe 1 : L'utilisation des failles de la
règlementation fiscale 26
Paragraphe 2 : La non-facturation de certains services de
vente 27
Paragraphe 3 : La manipulation des prix de transfert
27
Section II : Les conséquences de cette optimisation
fiscale agressive 28
Paragraphe 1 : Une concurrence fiscale faussée
28
Paragraphe 2 : La diminution des recettes fiscales pour les
Etats 29
DEUXIEME PARTIE : LES SOLUTIONS APPORTEES AUX
PROBLEMES FISCAUX POSES PAR L'ECONOMIE
NUMERIQUE 30
CHAPITRE I : LES PROPOSITIONS RELATIVES A L'IMPOSITION DE
L'ECONOMIE NUMERIQUE 30
Section I : Les solutions proposées à
l'échelle internationale 30
Paragraphe 1 : Les solutions proposées par l'OCDE
31
Paragraphe 2 : Les solutions proposées par l'Union
Européenne 33
Section II : Les solutions proposées à
l'échelle nationale 35
Paragraphe 1 : La taxe GAFA proposée par la France
35
Paragraphe 2 : Les propositions énoncées par
les Etats-Unis 36
57
Tables de matières
CHAPITRE II : VERS LA TAXATION DE L'ECONOMIE NUMERIQUE
38
Section I . L'imposition de l'entreprise digitale au profit
des Etats de marché 38
Paragraphe 1 . L'adoption d'un établissement stable
virtuel 38
Paragraphe 2 : La régulation des prix de transfert
39
Section II . La naissance d'une nouvelle base imposable
40
Paragraphe 1 : La taxe sur la publicité en ligne
40
Paragraphe 2 . La taxe sur la collecte et l'exploitation des
données 41
Paragraphe 3 : La taxe sur la vente 42
Paragraphe 4 : La taxe au clic 43
CONCLUSION 44
ANNEXES 46
BIBLIOGRAPHIE 49
TABLES DE MATIERES 56
![](Lentreprise--lere-du-numerique--les-impacts-fiscaux4.png)
Résumé
« Dans le nouveau monde, ce n'est pas le gros poisson qui
mange le petit, c'est le plus rapide qui mange le plus lent. »
Klaus schwab
Le développement de la
technologie et de la mondialisation fait exploser au
p p p
Résumé
milieu du 20ème Siècle un nouveau
marché : celui de l'économie numérique. Une
économie qui bouleverse les grands codes de la fiscalité
internationale. Etant resté sur des modèles calqués, le
système fiscal actuel n'a pas su se modernser « Dans le nouveau
mond, ce n'est pas le gros posson qu mange le
petit,afin de répondre aux enjeux
technologiques. Ce manque de rafraichissement des
Réué c'est le plus rapide
qui mange le plu lent »
normes fiscales laisse des failles exploitables par les
multinationales numériques K
qui ne font qu'échapper à l'impôt. Pour y
remédier, des propositions ont été énoncées
au niveau national comme international. Ces mesures permettraient aux Etats de
récupérer les revenus perdus ces dernières
années.
« Dans le nouveau monde, ce nest pas le gros poisso
p.
Les mots caractéristiques du sujet : Technologies,
Mondialisation, Economie,
Résumé p p q
g
Souveraineté des Etats, Evitement fiscl, Multinationales,
Stratégies.
Klaus schwab
|