Effet de la gouvernance sur l'attractivité des ide dans l'espace UEMOApar Babylas TEKO École Nationale d'Economie Appliquée et de Management (ENEAM) - Licence 2021 |
IntroductionLa croissance économique est aujourd'hui au coeur de toutes les politiques de développement. Les acteurs de la vie économique surtout ceux de l'Afrique n'ont qu'un seul souci : accroître la productivité et assurer plus loin le bien-être de la population. L'OCDE(2002) affirme que l'Investissement Direct Etranger (IDE) est supposé stimuler la croissance, par la création d'avantages comparatifs dynamiques conduisant au transfert de technologie, l'accumulation du capital humain et l'intensification du commerce international. Depuis le début des années 1980, avec l'accélération du processus de mondialisation, l'investissement direct étranger progresse à un rythme phénoménal (PERROUX, 1998). Les IDE sont la composante la plus stable de tous les flux de capitaux étrangers, car, à la différence des autres flux de capitaux privés, ils sont principalement motivés par la perspective de profits à long terme. Cette stabilité contribue significativement à la prévention des crises financières, au regard de la forte volatilité des autres types de flux d'investissement. Ainsi, lors de la crise asiatique de 1997, les flux d'IDE restaient constants, alors que les investissements de portefeuille ont chuté de 17 milliards de dollars en 1996 à 5 milliards en 1998. Les IDE représentent de ce fait un facteur important de stabilité et permettent aux États de réduire leur dépendance vis-à-vis de l'endettement extérieur, en présentant une alternative de financement(BCEAO, 2007). La part des IDE en direction des PED est en progression régulière, passant de 15 % en 1980 à 25 % au début des années 2000. Par ailleurs, depuis 1997, les flux d'IDE ressortent plus importants que l'Aide Publique au Développement (APD). En 2000, ils étaient dix fois plus élevés que les flux d'APD (Joong-Wan Cho, 2003). Les entrées d'IDE mondiales sont élevées à 1300 milliards de dollars en 2000 (CNUCED, 2009). Cependant, ces flux ont davantage profité aux pays émergents d'Asie et d'Amérique latine qu'aux pays d'Afrique subsaharienne (ASS). Outre la faiblesse des IDE à destination de l'Afrique, ceux-ci ne profitent quasiment qu'aux pays pétroliers ou miniers (Nigeria, Guinée équatoriale) et aux économies les plus industrialisées du continent (AfriqueduSud, Tunisie). Les flux d'IDE vers l'Afrique de l'Ouest sont essentiellement tournés sur les secteurs des ressources naturelles (pétrole, fer, or, gaz, magnésium, bois). L'évolution de la situation socio-économique de l'ensemble de la zone UEMOA depuis 1983 ne présage en rien l'amorce d'une croissance soutenue et durable. Créée en 1994, l'UEMOA vise la convergence des politiques économiques des pays membres : Bénin, BurkinaFaso, Côted'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo. Dans les pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), les flux d'IDE demeurent faibles, malgré les politiques de promotion des investissements mises en oeuvre depuis le début des années 1990. Pour preuve, l'IDE (% du PIB) de l'UEMOA passe de 1,6 en 2015 à 1,2 en 2016 (BCEAO, 2019). De 2015 à 2018, il chute au Bénin de 1,15 à 0,98 ; au Niger de 5,47 à 3,63 et au Guinée-Bissau de 1,77 à 1,40. Les objectifs du millénaire des Nations Unies pour le développement pour l'Afrique suggèrent la nécessité d'attirer une quantité importante d'investissements directs étrangers (IDE) pour stimuler la croissance économique en investissant dans les infrastructures essentielles du développement. Toutefois, les investisseurs sont sceptiques sur la qualité des structures de gouvernance, tant au niveau des secteurs publics que privés en raison du risque associé à leurs investissements dans un environnement ou le système juridique est faible et peu fiable. En effet, l'instabilité politique (coups d'État militaire, guerres...), les insurrections et les conflits tribaux ont fait du marché africain un marché à haut risque pour les investisseurs tant étrangers que pour « les diasporas ». Les avantages de la bonne gouvernance dans l'attractivité des IDE ont été très vantés par plusieurs organisations internationales. Par contre, les problèmes de corruption et d'instabilité politique déjouent tous les efforts pour améliorer les infrastructures, attirer les investissements et élever le niveau d'éducation. Kim (2010) constate que les pays ayant un niveau élevé de corruption et un bas niveau de gouvernance et de démocratie ont des entrées d'IDE plus faibles que ceux qui ont plus de droits politiques. Par conséquent, les faibles niveaux d'IDE enregistrés dans l'UEMOA pourraient s'expliquer par la corruption et l'instabilité politique. L'indice de perception de la corruption (IPC) révèle des niveaux élevés de corruption dans les pays de l'UEMOA. En 2014, le score de l'IPC1(*)était «19 »enGuinée-Bissau ( , « 29 » au Togo et « 32 » au Mali sur un total de 175 pays classés au plan mondial (TI, 2014). Ces faibles scores traduisent la présence de la corruption, les pays de la zone UEMOA occupant les rangs les plus avancés dans le classement mondial de l'indice de corruption de TransparencyInternational.Par ailleurs, l'instabilité politique en Côted'Ivoire (1999) a eu, en grande partie, des effets négatifs au niveau de la sous-région (surtout au BurkinaFaso, au Mali et au Niger) en affectant les échanges commerciaux, les transferts financiers ainsi que les investissements. Au regard des impacts globalement positifs des IDE sur les performances macroéconomiques des pays d'accueil (Bolstr m, Lipsey et Zejan, 1994 ; Yabi, 2004), il devient avantageux pour les PED d'élaborer et de mettre en oeuvre des stratégies visant à accroître leur attractivité. Ainsi, la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), créée en 1975, a réalisé des progrès considérables dans la résolution de conflits dans nombreux pays (Guinée, Côted'Ivoire, Niger...) et est intervenue de manière efficace pour éviter de nouvelles tensions et crises. Des mécanismes de prévention et de gestion incluant des protocoles dans le cadre de la gouvernance et de la démocratie (Mécanisme Africain d'Examen par les Pairs- MAEP) ont été mis en place par la CEDEAO pour le règlement des conflits et la consolidation de la paix et de la sécurité dans la sous-région. Cependant, malgré sa présence et son rôle, la CEDEAO n'arrive malheureusement pas à tout régler et les conséquences économiques sont parfois considérables. Au niveau de l'UEMOA, d'importantes réformes ont été opérées depuis le début des années 1990, en vue d'accroître l'attractivité des économies aux investissements étrangers. S'inscrivant dans la mouvance des instruments internationaux, l'UEMOA a, dans le but de prévenir les fraudes et les cas d'atteintes au devoir de probité, notamment la corruption, élaboré les directives n°04 et n°05 du Conseil des Ministres (CM) de l'UEMOA du 09 décembre 2005 portant respectivement sur les procédures de passation, d'exécution et de règlement des marchés publics et les délégations de service public, ainsi que le contrôle et la régulation desdits marchés et desdites délégations. Elle a également procédé à l'harmonisation des lois de finances et des comptabilités publiques, et adopté la Directive N°02/2000/CM/UEMOA portant adoption du Code de transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l'UEMOA. Cette dernière se présente comme un instrument efficace de lutte contre la corruption.Dans l'espace UEMOA, presque tous les États, dont le Sénégal, ont mis en oeuvre les directives relatives à la transparence des marchés publics. Mais les risques de corruption de pratiques illicites y demeurent malgré tout, car la réglementation laisse encore en effet une marge de manoeuvre importante à l'Administration qui dispose d'un véritable pouvoir discrétionnaire dans certaines phases de la procédure. Au regard de ces statistiques, cette stratégie de développement économique de l'Union, basée sur l'attractivité des IDE, soulève des interrogations. Il paraît donc évident d'évaluer l'impact de la gouvernance sur l'attractivité des IDE du fait du rôle important que peut jouer l'IDE dans les pays récepteurs. Le présent travail vise à étudier l'effet de la corruption et de l'instabilité politique sur l'attractivité des IDE dans l'espace UEMOA entre 1996 et 2016. Le premier chapitre présente le cadre institutionnel de recherche ; le second chapitre expose la problématique, les objectifs, les hypothèses de recherche et se conclut sur la revue de littérature et la méthodologie de recherche. Enfin, le troisième chapitre présente les résultats d'analyses et leurs interprétations, leurs discussions avant d'aborder les préconisations opérationnelles. Dans la suite, la présentation du lieu de déroulement du stage, un bref résumé sur la gouvernance en Afrique, et la mesure des indicateurs de gouvernance. Chapitre 1 : Cadre institutionnel * 1L'Indice de Perception de la Corruption (IPC) par Transparency International (TI) examine les perceptions de la corruption dans le secteur public dans 180 pays et territoires et est un indice composite qui s'appuie sur 14 enquêtes d'opinion d'experts. Il note les pays sur une échelle de 0 à 100 (un score plus proche de 0 correspond à plus de corruption, un score plus proche de 100 à moins de corruption). |
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