THÈSE
PROFESSIONNELLE
Année universitaire 2019-
2020
Management Stratégique de la transformation
digitale dans le secteur Industriel Français : Comment les entreprises
industrielles peuvent-elles mener la transformation digitale sur le plan
stratégique et organisationnel ?
Thèse professionnelle réalisé et
présenté par : Ben Alaya Wael MBA spécialisé :
Business Project Management
Sous la direction du professeur : Mme Delphine Grand
Je soussigné Ben Alaya Wael reconnais avoir pris
connaissance du document d'informations sur les règles de
Propriété Intellectuelle et m'engage à les avoir
respectées dans le document remis ci-joint.
Le 08.09.2020
Signature:
Déclaration obligatoire à intégrer au
thèse professionnelle, dûment signée et datée
Paris, Septembre 2020
Remerciements
Je suis vraiment reconnaissant d'avoir eu l'occasion
d'écrire un mémoire de maîtrise sur un sujet aussi
intéressant et pertinent. Le sujet a touché un point sensible de
mes intérêts : il combinait les bons éléments de
gestion stratégique, de transformation digitale et de leadership. Cela a
rendu le processus de recherche lui-même extrêmement
intéressant et instructif. Cependant, la réalisation de ce
mémoire n'aurait pas été possible sans la présence
de personnes exceptionnelles autour de moi.
Tout d'abord, Je tiens à remercier Madame Delphine
Grand, de m'avoir accueilli et d'accepter de m'encadrer pour faire ce travail.
Ses conseils étaient très utiles et m'ont bien aidé
à structurer mes idées et faire mes recherches.
Pendant le processus de recherche, j'ai demandé conseil
à de nombreuses personnes et je tiens à les remercier toutes. Je
tiens également à remercier les personnes qui m'ont aidé
à organiser les entretiens et toutes les personnes qui ont
été interviewées pour ce mémoire.
Enfin, je remercie ma famille et ma fiancée pour tout
le soutien qu'ils m'ont apporté.
Ben Alaya Wael
Glossaire :
Système hérité
Système patrimonial (ou legacy system en anglais) est un
matériel et/ou logiciel Continuant d'être utilisé dans une
organisation (entreprise ou administration), alors qu'il est supplanté
par des systèmes plus modernes. L'obsolescence de ces systèmes et
leur criticité les rendent difficilement remplaçables sans
engendrer des projets coûteux et risqués. Par exemple, les banques
et assurances qui ont informatisé leur traitement des informations dans
les années 70 ont des applications qui tournent avec du code
hérité souvent en COBOL ou en Fortran.
Entreprise de Services du Numérique
(ESN) anciennement société de services en
ingénierie informatique (SSII ou SS2I), est une société de
services experte dans le domaine des nouvelles technologies et de
l'informatique.
Méthodes agiles Groupes de pratiques de
pilotage et de réalisation de projets. Elles ont pour origine le
manifeste Agile, rédigé en 2001, qui consacre le terme «
agile » pour référencer de multiples méthodes
existantes. Les 2 méthodes agiles les plus utilisées sont les
méthodes : Scrum et XP Extreme programming.
AWS Amazon Web Services est une division du
groupe américain de commerce électronique Amazon,
spécialisée dans les services de cloud computing à la
demande pour les entreprises et particuliers. En 2015, AWS génère
7 % du chiffre d'affaires d'Amazon et représente la première
source de profit de l'entreprise.
Mots Clés :
transformation digitale, disruption numérique, innovations
numériques, changement stratégie et opérations.
Résumé :
Au cours de la dernière décennie, la
numérisation a changé l'économie mondiale à un
rythme accéléré. Diverses innovations dans le domaine des
technologies de l'information et de la communication ont amené les
entreprises à adapter leurs modèles économiques à
la nouvelle ère numérique. Les Business Models traditionnels de
la majorité les industries sont remis en question. Le
développement rapide des technologies numériques a permis aux
entreprises de tous les secteurs d'être compétitives et de
créer de la valeur de manière totalement nouvelle. Pour tirer
parti de ces possibilités et répondre aux menaces
éventuelles, de nombreuses entreprises ont systématiquement
commencé à améliorer leurs capacités et ressources.
Ce phénomène est souvent appelé transformation
digitale.
Ce mémoire porte sur les défis auxquels les
entreprises sont confrontées en raison de la digitalisation croissante
pour un échantillon d'entreprises Françaises et vise à
étudier comment ces dernières dirigent stratégiquement la
transformation digitale. L'étude se concentre sur les moteurs de la
transformation numérique, les pratiques de leadership des dirigeants et
les aspects changeants de la stratégie et des opérations. La
partie théorique de cette thèse synthétise la
littérature récente concernant les innovations numériques,
l'ère de l'industrie 4.0, la disruption numérique des industries
et les transformations numériques des entreprises. La partie empirique
de l'étude examine et évalue les transformations digitales dans
des entreprises françaises. Ces sociétés opèrent
dans les secteurs, industriel et service d'informations, Marketing et
publicité et services. Une étude de cas inductive est
utilisée à travers des entretiens avec les managers et les
consultants des entreprises.
Enfin, ce mémoire propose une approche de la
transformation pour évaluer de manière globale les
transformations digitales des entreprises. De plus, des recommandations
concrètes sont présentées pour aider les entreprises
à diagnostiquer et analyser comment elles pourraient aborder la
transformation digitale.
Executive summary:
Over the past decade, digitization has changed the global
economy at an accelerating pace. Various innovations in information and
communication technologies have led companies to adapt their business models to
the new digital era. The traditional business models of most industries are
being challenged.
The rapid development of digital technologies has enabled
companies in all sectors to compete and create value in a completely new way.
To take advantage of these opportunities and respond to potential threats, many
companies have systematically begun to enhance their capabilities and
resources. This phenomenon is often referred to as digital transformation.
This dissertation focuses on the challenges that companies are
facing due to increasing digitalization for a sample of French companies and
aims to study how these companies are strategically leading the digital
transformation. The study focuses on the drivers of digital transformation,
leadership practices and the changing aspects of strategy and operations. The
theoretical part of this thesis summarize recent literature on digital
innovations, industry 4.0, the digital disruption of industries and the digital
transformations of firms. The empirical part of the study examines and
evaluates digital transformations in French firms. These companies operate in
the industrial and information services, marketing and advertising, and
services sectors. An inductive case study is used through interviews with
company managers and consultants.
Finally, this dissertation proposes a transformation approach
to evaluate in a global way the digital transformations of companies. In
addition, concrete recommendations are presented to help companies diagnose and
analyze how they could approach the digital transformation.
Keywords: digital
transformation, digital disruption, digital innovations, change strategy and
operations, leadership practices.
64
Table des matières
Chapitre 1 : Revue de la littérature 12
1.1 Définition de la transformation digitale : 12
1.1.1. 4ème Révolution industrielle :
14
1.1.2 Innovation digitale : 18
1.1.3 Compétition dans le monde du digital : 20
1.2 Disruption numérique des industries : 21
1.3 Eléments de la transformation digitale : 23
1.3.1 Décisions stratégiques de la transformation
digitale : 24
1.3.2 Transition de la création et de la capture de valeur
: 26
1.3.3 Alignement des mécanismes de gouvernance : 28
1.3.4 Renouvellement des compétences et de la culture
numérique : 31
1.4 Conclusion de la partie bibliographique : 33
Chapitre 2. Partie Empirique 34
2.1 Méthodologie de la recherche : 34
2.2 Collecte des données : 36
2.2.1 Recherche qualitative : 36
2.2.2 Etude de cas : 37
2.3 Procédures de collecte des données : 39
2.3.1 Sélection des entreprises : 39
2.3.2 Approche de collecte de données : 40
2.4 Analyse de données : 42
2.4.1 Réponses aux questions de recherche : 43
2.4.2. Profils des entreprises : 43
2.4.3. Les moteurs de la transformation digitale : 46
2.4.4 Management de la transformation digitale : 50
2.4.5. Éléments de la transformation Digitale :
54
Chapitre 3 : Recommandations 60
3.1 Réponses aux questions de recherche : 60
3.2 Approche de la transformation digitale basée sur les
résultats de recherche : 63
3.3 Implication des dirigeants dans la conduite de la
transformation digitale et du changement :
3.4 Limitations du cadre de la recherche : 65
Conclusion 66
Références Bibliographique 67
Liste des tableaux 70
Listes des figures 71
Annexe 72
Introduction
Ce mémoire étudie le management
stratégique de la transformation digitale dans les entreprises du milieu
industriel en France. L'étude est divisée en une partie
théorique et une partie empirique. La partie théorique consiste
en une analyse documentaire approfondie sur les innovations numériques,
la disruption numérique des industries et la transformation digitale des
entreprises. La partie empirique de ce mémoire examine les
transformations numériques d'un échantillon de firmes
industrielles, et elle est menée en interrogeant des cadres de ces
entreprises.
Tout d'abord, nous présentons le contexte et la
motivation du mémoire. Ensuite, nous définissons le
problème de recherche ainsi que trois questions de recherche. Ensuite,
nous discutons l'objectif et de la portée de l'étude, et enfin,
nous présentons la structure de l'étude.
Contexte et motivation
Dans un monde toujours plus connecté et une ère
où l'innovation numérique est devenue l'une des puissances les
plus fortes pour l'innovation commerciale et sociale, la concurrence des
entreprises numériques brouille les modèles d'affaires, et les
chefs d'entreprises n'ont guère le choix : l'heure est à la
transformation digitale.
Cette transition n'est pas nouvelle. Elle recouvre une
réalité vitale, surtout pour les entreprises dites «
traditionnelles », qui ne sont pas nées dans la culture digitale.
Bâties sur un modèle ancien, elles doivent engager et
réussir leur transformation pour rester concurrentielles.
Technologie et innovation, production et commercialisation des
produits et services, structure et organisation, collaborateurs, ... les
leviers de la transformation digitale sont nombreux et l'intégration du
numérique a son intérêt dans chacune des dimensions et
services de l'entreprise. Comme tout changement majeure dans les process et
métiers, cette transition doit faire face aux réticences et
inquiétudes qu'elle engendre. La digitalisation n'étant pas un
phénomène éphémère, les esprits, la culture
et les pratiques sont à modifier et de fait, ces évolutions
requièrent un accompagnement qui est une clé primordiale de la
réussite.
Si la question de la digitalisation ne se pose plus, celle de
sa mise en oeuvre est donc au coeur des stratégies actuelles des
entreprises.
Une conséquence importante de cette évolution
récente a été la disruption numérique des
industries. En tirant parti du développement technologique et des
caractéristiques de base des innovations numériques, les nouveaux
venus ont pu commencer à concurrencer par des moyens
totalement nouveaux, ce qui a perturbé des industries
entières. Cette perturbation a modifié, et souvent
détruit, la position concurrentielle des grandes entreprises
traditionnelles.
Afin de répondre à cette menace de rupture
numérique et de tirer parti des possibilités offertes par les
technologies et les innovations numériques, de nombreuses entreprises
ont commencé à améliorer délibérément
leurs capacités et leurs ressources numériques. Ce
phénomène où les entreprises visent à devenir plus
avancées sur le plan numérique est appelé transformation
digitale. Problématique
Le contexte de recherche évoqué ci-dessus
constitue le fondement du problème de recherche. Comment les grandes
entreprises peuvent-elles mener la transformation numérique de
manière stratégique ?
Ce mémoire vise à mieux comprendre le
phénomène de la transformation digitale : qu'est-ce qui pousse
les entreprises à la mettre en place, comment les dirigeants la
mènent et comment elle modifie la stratégie et les
opérations des entreprises. Ainsi, le problème de recherche peut
être divisé en trois questions de recherche différentes
:
Q1 : Qu'est-ce qui pousse les entreprises à la
transformation Digitale ?
Q2 : Comment les dirigeants dirigent-ils la
transformation Digitale ?
Q3 : Comment la transformation digitale
modifie-t-elle la stratégie et les opérations des entreprises ?
Objectif et étendue de l'étude
L'objectif de cette étude est de fournir une
compréhension holistique du management stratégique de la
transformation digitale dans des entreprises. Ce phénomène sera
évoqué et conceptualisé, les moteurs de la transformation
numérique seront expliqués, les pratiques des dirigeants en
matière de conduite de la transformation numérique seront
examinées et les actions des entreprises en matière de
transformation numérique seront analysées.
L'objectif théorique de ce mémoire est de
fournir une compréhension approfondie des innovations numériques,
de la perturbation numérique des industries et de la transformation
digitale des entreprises.
La littérature universitaire sur la transformation
numérique est rare et se concentre principalement sur des publications
axées sur la pratique [1]. Ainsi, ce mémoire fournira une analyse
documentaire complète des technologies numériques, de
l'innovation numérique, de la disruption numérique des industries
et de la transformation numérique des entreprises. Ceci est important
car la littérature actuelle ne présente pas explicitement les
mécanismes par lesquels les innovations numériques
provoquent des changements dans l'environnement
concurrentiel.
En étudiant les moteurs, les pratiques de leadership et
les changements concernant la transformation numérique, ce
mémoire fournira des informations pertinentes sur les entreprises sur
les différentes pratiques en matière de transformation digitale.
En outre, en analysant la transformation digitale des entreprises et en la
reflétant dans la littérature actuelle, ce travail donnera des
indications précieuses sur l'état actuel des transformations
digitales dans les entreprises objet d'étude. Sur la base de l'analyse,
ce mémoire donnera des recommandations concrètes aux praticiens
pour aborder la transformation digitale.
Conclusion
Ce mémoire est composé de cinq parties : (1)
introduction, (2) Partie bibliographique, (3) Partie empirique, (4)
Recommandations, (5) conclusion. Le premier chapitre est une revue de la
théorie et de la littérature où la littérature
académique pertinente est présentée afin de fournir une
base solide et une compréhension du phénomène. L'objectif
de ce chapitre est de comprendre les caractéristiques des innovations
numériques, comment elles provoquent la rupture numérique, et
quelles sont les pratiques réelles que les entreprises mettent en oeuvre
dans les transformations numériques. Le chapitre 2 qui suit
présente la méthodologie utilisée dans cette thèse.
Le cadre de la recherche, la méthodologie, la collecte et l'analyse des
données sont présentés de manière exhaustive et les
résultats de la partie empirique de l'étude. La structure de ce
chapitre suit les questions de recherche : d'abord, le contexte et les moteurs
de changement des entreprises sont analysés, puis les pratiques des
dirigeants pour mener la transformation numérique sont examinées,
et enfin les changements que les entreprises apportent à la
stratégie et aux opérations de transformation numérique
sont évalués. Le dernier chapitre 3 présente une
discussion de l'étude. Il conclut les réponses aux questions de
l'étude et donne des recommandations concrètes aux entreprises.
Les implications pratiques et théoriques les plus importantes sont
fournies, et les limites de l'étude sont discutées. Enfin, des
remarques finales sont fournies pour conclure ce mémoire.
12
Chapitre 1 : Revue de la littérature
Dans ce chapitre, nous présentons le contexte
théorique de la transformation numérique des entreprises. Ce
chapitre vise à fournir une base suffisante pour la partie empirique du
sujet et à le relier à la littérature actuelle. La revue
de la littérature est divisée en deux parties principales. Tout
d'abord, les sections 1.1 et 1.2 examinent les mécanismes sous-jacents
par lesquels les innovations numériques modifient la concurrence et
perturbent ainsi les industries. Cet examen approfondi est nécessaire
pour comprendre les raisons pour lesquelles la transformation digitale est un
phénomène hautement prioritaire pour les entreprises et pour
faciliter la dernière partie de l'analyse documentaire. Pour la
dernière partie de cette analyse documentaire, les sections 1.3 et 1.4,
examinent ce que la transformation digitale signifie pour les entreprises
aujourd'hui et comment les dirigeants la conduisent.
1.1 Définition de la transformation digitale :
Etymologiquement l'adjectif digital vient du latin digitalis,
« qui a l'épaisseur d'un doigt », Lui-même
dérivé de digitus, « doigt » [2].
En anglais, digit, « chiffre », et digital, «
qui utilise des nombres » ont aussi les mêmes origines latines. Pour
ce même usage la langue française dispose de l'adjectif
numérique, d'où la différence de sens entre les deux mots
selon la langue.
Pour la langue française donc :
Digital - qualifie ce qui se rapporte aux doigts, qui
appartient ou qui est relatif aux doigts. Mais aussi par anglicisme synonyme de
numérique.
Numérique - relatif au nombre, qui se fait grâce
à l'utilisation de nombres, qui est évalué en nombre.
Au final, « l'Académie française et les
Québécois aient donc opté pour le terme numérique,
alors que dans le même temps le monde anglophone ainsi que les langues
italienne et espagnole retenaient le terme digital, dans les usages, les deux
termes sont utilisés en français [3].
Le terme « digital » est plus employé dans le
monde du marketing, tandis que l'autre « numérique » est plus
utilisé dans les secteurs à connotation plus technique [4].
Le numérique désigne l'ensemble des technologies
qui font appel à un codage de l'information
13
sous forme de suite de chiffres et en cela il s'oppose
à l'analogique.
Le digital fait plutôt référence à
l'usage, à l'usager dans son expérience de cette technologie
numérique et à la mise en réseau des équipements
grâce à internet. Avec le digital, on passe de l'autre
côté de l'écran.
Par exemple dans une entreprise, la numérisation
renvoie classiquement à la mise au format numérique de ces
documents (archives, procédures, fichier clients, etc...) et à
l'équipement de ses collaborateurs (ordinateurs, smartphone etc...).
Alors que la digitalisation d'une entreprise recouvre en plus d'autres
notions.
Elle implique bien entendu sa numérisation si celle-ci
n'a pas encore eu lieu, mais elle ira ensuite plus loin. Qui dit digitalisation
d'une entreprise dit mise en place de nouveaux canaux interne et externe de
communication, valorisation de la culture collaborative et de la prise
d'initiative, fonctionnement transverse au-delà des silos,
agilité c'est dire réactivité et capacité
d'adaptation des processus comme le montre la figure1.
Figure 1 : La digitalisation d'une entreprise recouvre
plusieurs notions
Afin de bien comprendre les raisons pour lesquelles les
entreprises tentent de se digitaliser, nous devons examiner en profondeur les
mécanismes à travers lesquels les innovations numériques
modifient la logique de création de valeur des entreprises.
14
1.1.1. 4ème Révolution industrielle :
On peut considérer que des économistes tels que
Adam Smith (1723-1790), David Ricardo (17721823) et Jean-Baptiste Say
(1767-1832) sont à l'origine de la gestion moderne des organisations et
de la théorie des organisations. En effet, bien avant Taylor, dès
le XIXe, ils ont proposé les premiers concepts de division du travail ou
de spécialisation des tâches. Ces théoriciens en
préconisant l'introduction d'une logique de rationalité dans
l'accomplissement de toute démarche gestionnaire ont manifestement
influencé le courant rationnel de la théorie des organisations
[5]. Mais les travaux fondateurs réalisés par
Frédéric W Taylor et la publication en 1911 d'un ouvrage qui fera
date : « The Principles of Scientific Management » font de celui-ci
le promoteur le plus connu de l'organisation scientifique du travail (OST) et
du management scientifique. En étudiant les conditions
nécessaires à l'amélioration de la productivité des
ouvriers, il conclut qu'une approche méthodique s'impose, qu'il
décrit comme étant l'organisation scientifique du travail. Le
principe de la démarche réside dans une double division du
travail, verticale (séparation des tâches de conception et
d'exécution) et horizontale (spécialisation en une seule et
même tâche).
Il a ainsi posé les bases du management scientifique
basé sur des concepts de rationalité, et de ce qu'on a
appelé par la suite le Taylorisme et qui constitue l'une des
premières grandes transformations organisationnelles. De la
théorie à la pratique, il fût le premier théoricien
à avoir mis en place une méthode opérationnelle visant
à accroître le niveau de production des organisations.
Aujourd'hui on identifie très aisément certaines
des limites de son modèle dans le fait que sa conception de l'homme au
travail repose sur une vision très appauvrie du potentiel humain. En un
certain sens, Ford qui est le véritable concepteur du travail à
la chaîne, est un successeur de Taylor. Il mettra en application les
principes de rationalisation du taylorisme tout en les adaptant dans ses usines
de production automobile. C'est la naissance du « fordisme », dont
les notions principales sont le travail à la chaîne, la
standardisation et le principe du « five dollars a Day ». C'est sur
ce mode de production nécessitant encore de nouvelles transformations
organisationnelles que le modèle industriel du XXe s'est
développé partout dans le monde en contribuant largement à
la croissance mondiale (production de masse - baisse des prix de vente - hausse
des salaires - consommation de masse - élévation des profits).
Mais le modèle fordiste a lui aussi montré ses limites et son
incapacité à s'adapter lors des crises économiques
révélées par les deux chocs pétroliers de 1973 et
de 1979. La prise de conscience des limites du modèle est totale dans
les
15
années 80, face à la prospérité de
la nouvelle concurrence japonaise fondée sur d'autres principes
organisationnels. Ce nouveau modèle industriel japonais dont Toyota est
le fer de lance, a su répondre aux évolutions de la demande et
résoudre le problème d'une production de masse mais sur des biens
différenciés (à l'opposé de la standardisation
imposée par la production fordiste), tout en répondant à
des obligations de qualité, de compétitivité en terme de
coûts constamment décroissants. Le succès de ce
modèle, montrant qu'il était possible de produire en
séries courtes, sans stocks intermédiaires, à des niveaux
de productivité élevés, des produits de qualités, a
obligé l'industrie occidentale à se transformer à nouveau,
à évoluer (intégration des fonctions R&D, production
et marketing).
Le tableau1 propose un comparatif des trois modèles
[6].
Tableau I : Comparatif des principes fondateurs de l'industrie
du XXe siècle
L'industrie 4.0 est un concept qui fait
référence à une quatrième révolution
industrielle et donc, à l'image des 3 dernières (machine à
vapeur et mécanisation au 19ème siècle, production de
masse et convoyeur au 20ème siècle, automatisation depuis les
années 70), à une nouvelle méthode de production. Plus
concrètement, l'usine 4.0 est un système interconnecté qui
relie machines, méthodes de gestion (telles que les Enterprise Resource
Planning, ERP) et les produits.
Il s'agit d'un «nouvel atelier» qui peut prendre les
formes suivantes :
· Une usine innovante
· Une usine totalement digitalisée
· Une usine flexible
· Une usine tournée vers ses acteurs externes
· Une usine responsable sur le plan sociétal
· Une usine économe et responsable sur le plan
environnemental
16
Avec la chute des barrières internationales et
l'arrivée des technologies numériques dans l'environnement
manufacturier et commercial, les entreprises de toutes tailles doivent faire
preuve d'ingéniosité pour demeurer concurrentielles sur le
marché. Pour se distinguer, les entreprises doivent miser sur la valeur
ajoutée pour le client. Les technologies numériques et
l'utilisation des données ont amené aux entreprises une nouvelle
manière de générer de la valeur.
En 2011, à la foire annuelle d'Hanovre, l'Institut des
Fraunhofer dévoilait une nouvelle politique gouvernementale allemande
pour améliorer les pratiques industrielles à la grandeur du pays
:
L'Industrie 4.0 est définie par « Blanchet »
comme une politique industrielle développée par le gouvernement
allemand ayant pour objectif de gagner et maintenir un avantage
compétitif mondial au niveau des entreprises manufacturières. De
par l'investissement dans les nouvelles technologies (automatisation,
systèmes cyber-physiques, etc.), l'Industrie 4.0 se voit une solution
d'avenir pour les industries manufacturières [7]. Ces dernières
doivent en effet répondre à un changement des consommateurs qui
les force à aller vers la production de masse personnalisée.
Elles doivent donc changer leurs paradigmes et leurs pratiques d'affaires. Pour
ces raisons, l'Industrie 4.0 est de plus en plus utilisée dans les
grandes industries allemandes. D'autres pays comme la France et les
États-Unis mettent des efforts importants dans la numérisation de
leur industrie dans l'objectif de gagner un avantage compétitif
mondial.
Une exploration de la littérature a été
effectuée afin de faire le point sur l'état des connaissances
actuelles concernant l'Industrie 4.0 et les principaux outils numériques
et leurs impacts sur les petites et moyennes structures manufacturières.
Les moteurs de recherche Xerfi, ScienceDirect, et Google Scholar ont permis de
cibler différents documents tels que des livres, articles scientifiques,
rapports de recherche, sites internet, conférences et vidéos
portant sur l'Industrie 4.0, la numérisation, l'agilité,
l'économie, l'automatisation, le management et le leadership pour
couvrir le sujet dans sa globalité. Des ouvrages datant des
années 1970 jusqu'à 2018 ont permis d'observer la chronologie et
l'évolution de l'économie globale et des industries dans le
temps. La structure de la recherche présentée à la Figure
2 a permis de guider et d'organiser les idées principales issues de la
revue de la littérature. L'Industrie 4.0 n'est pas une mode ou une
tendance à proprement parler. Cette révolution industrielle
provient d'une chaîne d'événements qui ont amené
à chercher de nouvelles solutions pour demeurer compétitif,
répondre à l'environnement inconstant, incertain, complexe et
ambigüe et pallier au manque de main d'oeuvre vécu dans la plupart
des entreprises manufacturières [7].
17
Figure 2 : Structure de la recherche
Le potentiel de l'Industrie 4.0
Hermann et al. (2015) ont mené une revue de 51
publications et ont fait ressortir les termes et concepts les plus
fréquemment associés à l'Industrie 4.0. Les auteurs
confirment que les principes clés reliés à l'Industrie
4.0, ou à la numérisation des industries, sont
l'interopérabilité, la virtualisation, la
décentralisation, la capabilité en temps réel,
l'orientation service et la modularité, possibles grâce à
l'implantation de ces différentes technologies [8].
Porter et Heppelmann (2014) démontrent que les
nouvelles technologies numériques, intelligentes et connectées,
sont la clé pour avancer vers un environnement 4.0. Les auteurs
définissent l'intelligence des produits par leur capacité
à collecter et analyser des données. La connectivité est,
quant à elle, la capacité à transférer les
données d'un objet à un autre pour faciliter le transfert
d'information, la prise de décision, et l'analyse plus avancée
des données collectées. Les auteurs présentent la forte
relation entre les besoins de gestion d'une entreprise et le niveau de
numérisation requis. Les différents niveaux de
numérisation sont, selon les auteurs : La
18
surveillance (monitoring) ; le contrôle ; l'optimisation
; et l'automatisation. En fonction de ce qui est recherché par une
solution numérique, il est possible que seul un niveau de surveillance
ne soit requis [9]. Dans une autre application, une solution numérique
pourra complètement automatiser une tâche.
1.1.2 Innovation digitale :
L'innovation digitale est définie comme la
création et le changement consécutif d'offres de marché,
de processus commerciaux ou de modèles qui résultent de
l'utilisation de la technologie numérique qui est devenue la force
motrice de l'innovation commerciale et sociale [10]. Au cours de la
dernière décennie, l'évolution technologique rapide dans
des domaines tels que la téléphonie mobile, les plateformes de
médias sociaux, le cloud computing, l'analyse et l'Internet des objets a
permis des combinaisons radicalement nouvelles de composants numériques
et physiques qui créent des produits et services inédit. Ces
nouvelles combinaisons reposent sur la numérisation, c'est-à-dire
l'encodage d'informations analogiques en format numérique. Selon
Nambisan et al., 2017 : « L'innovation digitale englobe un large
éventail de possibilités d'innovation, telles que de nouveaux
produits, plates-formes, services et expériences clients ».
Pour comprendre pourquoi les innovations numériques
sont différentes des innovations normales, il est nécessaire de
comprendre en quoi les technologies numériques diffèrent des
technologies antérieures. Selon Yoo, Henfridsson et Lyytinen (2010), il
existe trois caractéristiques distinctives des technologies
numériques, à savoir la
reprogrammabilité, l'homogénéisation des
données et la nature autoréférentielle de
la technologie numérique. La reprogrammabilité permet
à un appareil numérique d'exécuter un large
éventail de fonctions différentes et ces fonctions peuvent
être reprogrammées à tout moment [11]. Ainsi, la
portée, les caractéristiques et la valeur des offres
numériques peuvent continuer à se développer et à
s'étendre même après le lancement de l'innovation.
L'homogénéisation des données signifie que tout contenu
numérique (audio, vidéo, texte et image) peut être
stocké, transmis, traité et affiché en utilisant les
mêmes appareils et réseaux numériques, ce qui permet de
séparer le contenu du support. Ainsi, les innovations sont peu
coûteuses et rapides à mettre en oeuvre, car presque tous les
appareils peuvent traiter n'importe quel contenu. La nature
autoréférentielle de la technologie numérique signifie que
la diffusion des innovations numériques accélère
l'utilisation des technologies numériques, qui à leur tour
favorisent l'innovation numérique. Ainsi, un cercle vertueux positif
émerge, abaissant les barrières
19
à l'entrée, diminuant les coûts
d'apprentissage et accélérant la diffusion.
Les entreprises allant vers une usine 4.0 embrassent les
nouvelles technologies, certaines étant encore émergentes ou
à des stades d'utilisation n'exploitant pas leur plein potentiel
(rappelant ainsi les précédentes révolutions
industrielles). Mais quelles sont les technologies de cette révolution ?
Technologies web et mobile : depuis les années 2000,
les applications web n'arrêtent pas de se diffuser et de se
démultiplier. Plus récemment, ce sont les applications mobiles
(smartphones et tablettes) qui montent en puissance. Ces technologies sont de
véritables outils de la gestion des performances. Elles assouplissent
les échanges entre les collaborateurs internes et externes et
allègent ces derniers des tâches lourdes et à faible valeur
ajoutée, notamment dans le secteur tertiaire. Les dernières
tendances sont à l'interconnexion des systèmes, jusqu'ici trop
cloisonnés. Les technologies web et mobiles facilitent le transfert de
données et montrent des traitements plus rapides, agiles et
intelligents. C'est évidemment sans compter les progressions en User
Expérience et User Interface qui facilitent l'utilisation de ces
applications. [12]
La réalité augmentée :
une technologie permettant de visualiser en temps réel des
objets et entités physiques sur un support numérique, et ce de
manière améliorée. C'est ainsi que la
réalité augmentée peut faciliter la maintenance
industrielle. [12]
La réalité virtuelle, quant
à elle, va plus loin : elle plonge l'utilisateur dans un monde virtuel
et lui propose d'interagir avec des éléments du monde
réel. Les utilisations de la réalité virtuelle dans
l'industrie sont encore à imaginer mais des entreprises l'utilisent
déjà pour la formation de leurs employés. Ainsi GRT Gaz
forme ses techniciens sur des opérations avec la réalité
virtuelle. [12] Spectral une jeune Start up française se
développe dans le domaine de la réalité virtuelle pour le
compte de certains groupes industriels, visant à révolutionner
les opérations de maintenance curative et préventives. [13]
Fabrication additive : aussi connue sous le
nom «d'Impression 3D», cette technologie permet la réalisation
de pièces de forme personnalisée et complexe en un temps record
et avec une grande précision. Airbus imprime déjà des
pièces métalliques pour ses appareils A350 XWB. [12]
Internet of Things (IoT) : permet de
redéfinir la manière avec laquelle l'Homme s'interface et
interagit avec la machine. Ces objets connectés permettent de tout
mesurer et de collecter des données brutes qui seront analysées
par la suite avec des technologies de Big Data. Cisco a introduit la notion
d'Internet of Everything pour englober aussi les données, les processus
et l'Homme qui seront tous liés et connectés. [14]
20
Le Cloud : qui permet de
bénéficier de la puissance de calcul et de stockage de serveurs
informatiques distants, et ce à des coûts inférieurs
à ceux des parcs informatiques internes. Les serveurs sont loués
selon des critères techniques (correspondant à des niveaux
d'utilisation différents) ou bien au forfait. Les géants du cloud
(Amazon, Google, Microsoft...) proposent généralement des
services complémentaires comme la structuration et le stockage des
données optimisés pour l'IoT ou encore des services
«d'intelligence» pour analyser ces données.
Le Big Data : les technologies
évoluant, et notamment les infrastructures de stockage et
d'échanges de données, les données ont aujourd'hui atteint
une volumétrie gigantesque qu'aucun outil classique de gestion de base
de données ne peut analyser. Cette problématique a mené
à l'émergence de la data science qui a pour but de structurer ces
données et de rendre accessible des analyses pour les entreprises.
Intelligence Artificielle : domaine
d'étude qui s'intéresse à l'intelligence des machines, et
qui a généralement pour objet de permettre à ces
dernières d'imiter l'intelligence humaine.
La blockchain : l'augmentation des
échanges de données s'est accompagnée d'un fort besoin en
sécurité et protection, les systèmes
d'information étant, sous leur nouvelle forme, encore plus soumis
à des failles de sécurité ou à des attaques. La
blockchain répond à ce besoin. Il s'agit d'une technologie de
stockage et de transmission d'informations sans organe de contrôle. C'est
un journal des échanges distribué de toutes les transactions
effectuées depuis le démarrage du système. [12]
La robotique : et plus
particulièrement « les cobots », est un robot capable
d'apprendre de multiples tâches afin d'aider les êtres humains. Le
terme est la contraction de « collaboratif » et de « robot
». Contrairement aux robots industriels classiques, les robots
collaboratifs sont conçus pour travailler main dans la main avec des
humains. Cette nouvelle génération de robots laisse place
à une interaction productive entre robots et humains.
1.1.3 Compétition dans le monde du digital :
À l'ère du digital, offrir un produit ou un
service de qualité supérieure ne garantit plus aux entreprises le
leadership sur le marché. La concurrence dans les industries n'a jamais
été aussi élevée, et ce changement s'explique par
le pouvoir croissant que les clients exercent. Le Cloud et les autres
technologies numériques ont éliminé les frontières
traditionnelles ce qui donne aux clients plus de choix et de flexibilité
et par conséquent, plus de pouvoir que jamais.
21
Dans ce contexte, rester compétitif sur le
marché numérique exige des entreprises qu'elles prévoient,
réagissent et s'adaptent rapidement à des attentes des clients en
constante évolution. Ce changement d'orientation, qui place le client au
premier plan, a profondément a influencé le fonctionnement des
entreprises.
L'une des actions les plus importantes que les organisations
doivent entreprendre pour étayer ce changement d'orientation est de
veiller à ce qu'ils aient les technologies appropriées en place.
Cette technologie devrait contribuer à favoriser une plus grande
agilité, permettant ainsi aux entreprises de rester plus
réactives aux attentes des clients et de répondre aux changements
de rythme de ceux-ci.
Outre les nouvelles façons de rivaliser, l'innovation
numérique permet aux entreprises de se développer rapidement et
d'utiliser de nouvelles façons de générer des
opportunités d'innovation. Huang et coll. (2017) ont découvert
trois mécanismes par lesquels les entreprises numériques innovent
pour faire évoluer rapidement leur base d'utilisateurs : un
fonctionnement basé sur les données, une libération
instantanée et une transformation rapide. L'exploitation basée
sur les données fait référence à la capacité
de l'entreprise à encadrer et à surveiller les
opportunités d'innovation en analysant de grands volumes de
données. La libération instantanée signifie la
capacité de l'entreprise à minimiser le délai entre
l'idée de service et le déploiement en exécutant des
essais et des modifications adaptées aux utilisateurs. La transformation
rapide fait référence à la capacité de l'entreprise
à repenser la technologie numérique interne de base pour un
nouveau contexte commercial et à la capacité de redéfinir
son identité [16].
Les entreprises qui ont déjà fait évoluer
leur organisation informatique en créant un environnement technologique
intégré construit autour de systèmes Cloud, donnent un
sens aux données et exploitent l'agilité, récoltent
déjà les bénéfices lorsqu'il s'agit de satisfaire
et de dépasser les demandes des clients.
1.2 Disruption numérique des industries :
La disruption numérique ou innovation disruptive est
considérée comme un processus de transformation d'un
marché. Ce marché transformé sera ouvert à tous les
acteurs (réduction des frontières géographiques), il donne
accès de manière massive et simple à des produits et
services considérés avant comme couteux et inaccessibles (les
consommateurs sont mieux informés). Elle est une porte ouverte à
des opportunités pour certains acteurs plus dynamiques, flexibles,
réactives
22
qui sauront capter les bénéfices des
chaînes de valeur traditionnelles. [17]
Comme nous l'avons vu plus haut, les innovations
numériques ont ouvert de nouvelles possibilités de concurrence et
d'avantage concurrentiel. Il a été reconnu que les technologies
numériques ont un caractère perturbateur qui peut conduire
à une transformation de l'industrie [18]. Il existe plusieurs exemples
de secteurs tels que l'édition, les médias et les
télécommunications où des industries entières ont
été transformées par des innovations numériques.
Ces industries ont été confrontées à des
innovations perturbatrices qui ont profondément modifié la
position des opérateurs historiques sur le marché et le
comportement des clients. Le terme "innovation perturbatrice" fait
référence aux innovations qui sont réellement
transformatrices et qui peuvent modifier les règles de concurrence
existantes [19]. Ces exemples soulèvent une question : comment
l'innovation numérique perturbe-t-elle les industries ?
Au cours des dernières décennies, les travaux de
Christensen (1997) sur les technologies et les innovations perturbatrices ont
été l'une des théories les plus influentes dans le domaine
de la gestion de l'innovation. « L'idée principale de l'innovation
perturbatrice est qu'au départ, une nouvelle innovation est moins
performante que les solutions actuelles sur un plan de performance primaire,
mais qu'elle est plus performante sur un plan alternatif. Au fil du temps, la
nouvelle innovation améliore la dimension primaire de sorte qu'elle
attire les clients traditionnels et provoque ainsi des perturbations sur le
marché ». Alors que les entreprises se sont concentrées sur
le service aux clients traditionnels et à leurs attentes, elles ne
reconnaissent pas les nouveaux concurrents des marchés de niche qui
pourraient prendre le dessus. Cela peut entraîner l'échec des
entreprises dominantes parce que leurs produits offrent une valeur
inférieure aux clients et qu'il est alors trop tard pour atteindre le
nouvel entrant.
Pour mieux définir la disruption digitale, Markides
(2006) a suggéré que toutes les innovations perturbatrices ne
sont pas les mêmes, mais qu'elles devraient être classées
par catégories : innovations technologiques, innovations de business
Model et innovations de nouveaux produits [20]. Ainsi, sur la base de ces
facteurs, la théorie de Christensen devrait être utilisée
plutôt comme un indicateur des possibilités qui peuvent se
présenter, mais il faut éviter de l'utiliser comme une
vérité absolue.
23
1.3 Eléments de la transformation digitale :
Il est désormais évident que les innovations
numériques sont quelque chose que les entreprises devraient envisager si
elles veulent conserver leur compétitivité. Afin de
répondre à la menace de la disruption numérique et
d'exploiter les possibilités des innovations numériques, de
nombreuses entreprises ont commencé à améliorer
intentionnellement leurs capacités et ressources numériques [21].
La transformation numérique concerne principalement les entreprises qui
doivent faire face aux possibilités et aux menaces que les innovations
numériques représentent pour leur activité actuelle. Comme
indiqué ci-dessus, les innovations numériques peuvent modifier
rapidement et gravement la dynamique concurrentielle des industries, raison
pour laquelle la transformation numérique est une priorité
élevée dans de nombreuses entreprises.
La littérature académique sur la transformation
digitale est rare. Une revue de la littérature de Gerster (2017) a
révélé que seulement 2,3% des articles publiés dans
les principales revues des SI entre 2007 et 2016 couvrent des sujets de
transformation numérique, d'innovation et de technologies
numériques. Comme il le note, les aspects de la transformation sont bien
couverts par la littérature des praticiens et de plus en plus par la
littérature scientifique. Cependant, une vision holistique de la
transformation numérique n'est pas abordée, c'est pourquoi des
contributions à ce domaine seraient importantes [1].
La transformation digitale n'étant pas un sujet bien
couvert dans la littérature académique, elle manque de
définition claire. Cependant, dans la littérature axée sur
la pratique, le sujet de la transformation numérique retient de plus en
plus l'attention. La littérature axée sur la pratique
considère la transformation digitale comme l'utilisation des nouvelles
technologies et innovations numériques pour changer différents
éléments d'une organisation afin de réaliser des
améliorations commerciales. Cela pose la question de savoir quels sont
ces éléments d'une organisation qui changent dans la
transformation digitale ? De nombreuses publications axées sur la
pratique couvrent le sujet de la transformation numérique sous un angle
un peu différent, ce qui rend plus difficile la définition des
éléments changeants des entreprises dans la transformation
digitale.
Hess et coll. (2016) ont présenté un cadre de
transformation numérique qui comprend quatre dimensions clés :
l'utilisation des technologies numériques, les changements dans la
création de valeur, les changements structurels et les aspects
financiers [22]. En outre, Kane et al. (2017) ont noté que pour
atteindre la maturité numérique, les entreprises doivent aligner
leur stratégie, leurs
24
effectifs, leur culture, leur technologie et leur structure
afin de répondre aux attentes des différentes parties prenantes
[23]. Comme on peut le voir, la transformation numérique est un
phénomène à l'échelle de l'organisation, ce qui
signifie qu'une vision holistique de l'organisation est nécessaire
lorsque la transformation digitale est étudiée.
Sur la base des observations ci-dessus des
éléments de transformation numérique, nous
déploierons un cadre analytique pour faciliter l'examen structuré
des transformations numériques des entreprises. Quatre
éléments de ce cadre de transformation digitale ont
été sélectionnés : Les décisions
stratégiques, transition de création et de capture de valeur,
alignement des mécanismes de gouvernance, renouvellement des
compétences et de la culture numérique.
La technologie numérique est essentiellement le facteur
sous-jacent qui modifie et permet ces quatre éléments, comme nous
l'avons vu aux sections 1.1 et 1.2 ci-dessus. Ensuite, ces
éléments sont utilisés pour faciliter un examen plus
approfondi de la littérature concernant la transformation digitale.
1.3.1 Décisions stratégiques de la
transformation digitale :
La transformation digitale crée de nouvelles
caractéristiques pour l'élaboration des visions et apporte
également de nouvelles décisions stratégiques aux
gestionnaires. Au fur et à mesure que les entreprises adoptent des
innovations numériques, cela ouvre plusieurs nouvelles
possibilités dans les stratégies des entreprises qui
n'étaient pas possibles auparavant. Bharadwaj et al, (2013) ont
synthétisé ces nouvelles possibilités en quatre
thèmes clés de la stratégie commerciale numérique :
la portée, l'échelle, la vitesse et les sources de
création et de capture de valeur commerciale [24].
La portée d'une entreprise peut être
évaluée en prenant compte la puissance des ressources
numériques pour élaborer de nouvelles stratégies autour de
nouveaux produits et services. Par exemple, Amazon a créé les
services cloud (AWS) en tant que ressource numérique clé pour
prendre en charge les connexions sous-jacentes entre le commerce
électronique, le matériel (par exemple, Kindle) et le streaming
vidéo en ligne (Prime video). De cette façon, ils sont
entrés pour la première fois dans la couche de service, et ont
ainsi ouvert de nouvelles possibilités sur les couches de
périphérique et de contenu. En outre, l'utilisation de
plates-formes numériques permet aux entreprises de briser les
frontières traditionnelles de l'industrie et d'étendre ainsi la
portée de l'entreprise. Par exemple, Apple a redéfini
l'écosystème du divertissement mobile avec son iPhone
25
en créant un moyen d'acquérir et de consommer du
texte, de la vidéo et de la musique dans un seul appareil portable.
Ceci, à son tour, a brisé les barrières de l'industrie en
entrant dans l'industrie du livre et de la presse écrite, l'industrie du
cinéma et l'industrie de la musique.
Les innovations numériques permettent également
aux entreprises de faire évoluer leurs activités de
manière nouvelle. Premièrement, une disponibilité accrue
des services de cloud computing fournit aux entreprises une capacité
dynamique stratégique pour développer ou réduire leurs
activités selon les besoins. En utilisant les services cloud, les
entreprises peuvent ajuster les ressources de manière flexible en
fonction de la pression concurrentielle. Deuxièmement, à mesure
que de plus en plus de produits et de services deviennent numériques et
connectés, des effets de réseau émergent au sein d'une
plate-forme multifonction, ce qui crée à son tour un potentiel
d'échelle rapide.
En tirant parti des innovations numériques, les
entreprises peuvent obtenir un avantage concurrentiel grâce à la
rapidité. Lorsque les entreprises ajoutent une dimension
numérique à leurs activités, la vitesse de lancement des
produits peut être augmentée. Les innovations numériques
permettent également aux entreprises d'accélérer la prise
de décision. Cela peut être considéré à la
fois comme la capacité de la direction à obtenir des informations
synthétiques à partir de plusieurs flux et la capacité du
service clientèle à répondre aux demandes en temps
réel par le biais de différents canaux. La vitesse
d'orchestration de la chaîne d'approvisionnement devient également
un important facteur d'avantage concurrentiel. Les innovations
numériques permettent de trouver de nouvelles manières
d'optimiser les chaînes d'approvisionnement dans des réseaux
interentreprises étendus qui, à leur tour, peuvent garantir la
disponibilité de nouveaux produits à l'échelle mondiale
juste après leur lancement. [24]
La stratégie commerciale digitale apporte
également de nouveaux aspects à la nature de la création
et de la capture de valeur. Premièrement, les innovations
numériques créent de nouvelles possibilités de
créer de la valeur à partir de l'information. Même s'il
existe depuis longtemps des entreprises basées sur l'information, les
innovations numériques permettent aux entreprises de créer des
business Model plus personnalisés et plus perspicaces, comme le montrent
les exemples de Google et de Facebook. Plutôt que de vendre les
données de leurs clients, elles vendent des publicités
très ciblées.
Enfin, les innovations numériques peuvent
redéfinir l'appropriation de la valeur par le contrôle de
l'architecture de l'industrie numérique. Par exemple, Apple a pu
créer un plus grand attrait pour le
26
consommateur final, elle peut réaliser des
bénéfices non seulement grâce à ses produits, mais
aussi grâce aux revenus complémentaires que les opérateurs
de télécommunications tirent des utilisateurs finaux. [24]
Outre les nouvelles caractéristiques de
l'élaboration de stratégies, la transformation digitale
entraîne de nouvelles décisions stratégiques pour les
dirigeants d'entreprises. Ces décisions sont principalement liées
au passage de l'entreprise traditionnelle à l'entreprise
numérique. Cette transition crée une ambidextre où les
dirigeants doivent trouver un équilibre entre l'exploitation de
l'activité traditionnelle et l'exploration de la nouvelle
activité digitale.
1.3.2 Transition de la création et de la capture de
valeur :
Les principales activités des entreprises pour
créer et capturer de la valeur sont en transition dans la transformation
numérique. Cette transition comprend des changements dans les processus
commerciaux externes et internes, le partage avec les parties prenantes et les
méthodes de travail. En tirant parti des possibilités offertes
par les innovations numériques, les entreprises peuvent mettre en place
de nouvelles méthodes pour créer et saisir de la valeur, et ainsi
améliorer leurs performances commerciales.
La technologie numérique permet de numériser de
nombreux processus commerciaux externes, c'est-à-dire les processus
d'interaction avec les clients. Comme le note, le libre-service client
basé sur les NTIC (Nouvelles Technologie d'information et communication)
est une opportunité pour les entreprises d'atteindre une plus grande
efficacité, de réduire les coûts et de faciliter la vie des
clients potentiels. La numérisation des interfaces avec les clients
comprend aussi par exemple, le commerce électronique, les
systèmes de libre-service et le soutien aux clients. Même si la
numérisation de l'interface client présente de nombreux avantages
pour les entreprises, certaines réserves doivent être prises en
considération. En contrepartie, un recours excessif à
l'automatisation du libre-service peut entraîner une baisse de la
satisfaction des clients. Pour éviter ce risque, on peut souligner
qu'une combinaison de canaux de libre-service et de services à la
personne contribue à maintenir la fidélité et la
rétention des clients. Les entreprises devraient donc examiner dans
quelle mesure et de quelle manière elles numérisent leurs
interfaces clients.
Outre les processus commerciaux externes, la technologie
numérique permet la numérisation de nombreux processus
commerciaux internes. De nombreux services qui nécessitaient une
intervention humaine il y a dix ans peuvent désormais être
effectués automatiquement grâce aux
27
technologies numériques. Parmi les exemples de ces
services, on peut citer la gestion de stock, la facturation, la planification
de la maintenance et les services de comptabilité. En plus de
l'automatisation des processus internes de l'entreprise, les technologies
numériques créent de nouveaux outils digitaux qui
améliorent l'efficacité du travail. (Exemple de l'outil SAP)
Les technologies numériques permettent une meilleure
connectivité entre les différentes parties prenantes, ce qui
accroît l'importance du partenariat dans la transformation
numérique. Cette importance accrue du partenariat entraîne de
multiples implications pour les processus de création de valeur et de
capture des entreprises.
Les méthodes de travail des entreprises se transforment
également en mode plus rapide et plus expérimental dans la
transformation numérique. Les innovations numériques augmentent
la vitesse du changement ; c'est pourquoi il était nécessaire de
développer des méthodes de développement agiles pour faire
face à ce changement. Il existe de nombreuses méthodes de
développement agiles différentes, telles que Scrum, Kanban,
DevOps et SAFe. Ces méthodes agiles encouragent l'échec dans les
premières étapes d'un projet et visent à tirer parti de
ces enseignements plus tard [25].
En raison de la caractéristique fondamentale de
reprogrammabilité des technologies numériques, elles sont
particulièrement adaptées aux innovations numériques.
Comme les entreprises mettent de plus en plus l'accent sur l'innovation
numérique, ces méthodes deviennent de plus en plus importantes.
Par exemple, Sebastian et al. (2017) ont constaté que les entreprises
qui créaient de nouveaux services numériques s'appuyaient sur de
nouvelles méthodes de diffusion telles que les DevOps et les produits
les plus viables (MVP : Minimum Viable Product). Cela a également
modifié les modèles de financement traditionnels, car les anciens
modèles étaient trop lents pour la livraison continue de services
numériques et un nouveau financement de base a donc été
mis en place en fonction des besoins [26]. De leur côté, Dremel et
al. (2017) ont constaté qu'en utilisant une méthode de
développement logiciel agile, AUDI était en mesure de
hiérarchiser stratégiquement les ressources de manière
plus efficace parmi la multitude de projets parallèles, d'assurer la
transparence dans les différents départements commerciaux et
d'orchestrer les connaissances du domaine, les compétences en
matière d'analyse et les compétences informatiques au-delà
des frontières départementales [25]. Ainsi, lorsqu'une entreprise
vise à tirer parti des innovations numériques et à en
créer, les nouvelles méthodes de travail deviennent de plus en
plus importantes.
28
1.3.3 Alignement des mécanismes de gouvernance :
Le système d'information est usuellement défini
comme : « un ensemble organisé de ressources (matériels,
logiciels, personnel, données et procédures...) qui permet de
collecter, stocker, traiter et diffuser de l'information sur un environnement
donné ».
Figure 3: Architecture du système d'information
L'approche en quatre vues comme le montre la figure 3,
notamment utilisée dans la démarche d'urbanisation des SI, permet
de représenter l'architecture fonctionnelle du SI d'entreprise. Ces 4
vues peuvent être encadrées vers le haut par la stratégie
d'entreprise et vers le bas par les évolutions techniques.
La stratégie se décline en objectifs
métiers opérationnellement réalisés au travers de
fonctions manipulant des données et exécutées par des
applications hébergées sur une infrastructure physique. Les
métiers visant à obtenir les résultats définis par
les objectifs de cette stratégie [27]. ? La vue Métier vise
à décrire les processus métiers et les procédures
utilisateurs.
Elle est en lien direct avec la stratégie de
l'entreprise.
? La vue Fonctionnelle constitue le pivot entre le
métier et l'informatique. Elle va s'attacher à structurer les
données utilisées par des fonctions réalisées par
les métiers.
29
? La vue Applicative, quant à elle, prend en compte
l'ensemble des éléments de type applications nécessaires
à l'exécution des fonctions utiles aux métiers.
? Et enfin la vue Technique décrit les
éléments matériels du système d'information.
Figure 4 : Représentation en 4 vues de l'architecture
fonctionnelle du SI d'entreprise
L'alignement stratégique du SI, d'une entreprise, doit
contribuer à la performance globale et donc à sa
compétitivité. Il vise à créer de la valeur dans le
développement de capacités technique et organisationnelle comme
le montre la figure4.
L'expression « alignement » exprime alors
l'idée de mettre en cohérence la stratégie du
système d'information avec la stratégie de l'entreprise. Les
travaux de Henderson et Venkatraman dans ce domaine font
référence et un modèle qui représente la
synthèse des travaux est proposé dans la figure5 [28].
30
Figure 5 : Modèle de Henderson et Venkatraman de
l'alignement stratégique du SI
Si les apports de l'alignement des SI sont nombreux, comme le
montre toutes les études sur le sujet, outre l'amélioration
globale de la performance, toutes sont identifiées parmi les principaux
apports : la maximisation du retour sur investissement (ROI), l'obtention
d'avantages concurrentiels, l'acquisition de la flexibilité.
Pour autant cet alignement stratégique ne constitue que
l'un des cinq piliers de la gouvernance des systèmes d'information.
L'association ISACA (Information Systems Audit and Control Association) en
définit quatre autres. [29]
Figure 6 : Représentation des piliers de la gouvernance
des SI
31
Ci-dessus, une représentation des cinq piliers de la
gouvernance des SI. Tous sont concernés et devront être
associés à la réflexion et être mis en
cohérence. Les enjeux de la gouvernance des SI et au-delà du
digital sont aussi la création de valeur, l'assurance que les risques
soient identifiés, mesurés et gérés, le
développement des compétences dont l'entreprise aura besoin et
l'évaluation par la mesure de l'amélioration continue de la
performance.
Pour favoriser la transformation numérique dans
l'ensemble de l'organisation, les entreprises créent de nouveaux
rôles de direction. Ces nouveaux rôles de leadership
numérique comprennent des rôles tels que ceux de directeur
numérique CDO « Chief digital Officer ». Les CDO sont souvent
créés comme un rôle complémentaire au directeur du
système d'information pour conduire le changement dans l'organisation.
D'après la littérature nous pouvons constater que les CDO
conçoivent et mettent en oeuvre des stratégies numériques
en tant qu'entrepreneurs et qu'ils compensent également la
réticence culturelle en tant que porte-parole des dirigeants. En
revanche, les CDO se concentrent davantage sur l'aspect technique de la
transformation. Outre le fait que les CDO sont considérés comme
les moteurs de la transformation numérique. En créant ce genre de
poste, l'organisation ajoute de l'autorité et de l'appropriation
à la transformation numérique et augmente ainsi les chances de
réussite [30].
Pour s'assurer que les efforts de transformation digitale de
l'entreprise vont dans la bonne direction et que les personnes clés
s'engagent à changer, il est important que les KPI et les orientations
soient également alignés pour réussir cette phase de
transition. Selon Westerman, Bonnet et McAfee (2014), les entreprises devraient
disposer d'un tableau de bord stratégique qui englobe à la fois
des mesures financières et numériques (par exemple,
l'expérience client, les processus opérationnels) pour suivre les
résultats des opérations de transformation numérique [31].
Il est toutefois difficile d'établir des KPI pour mesurer l'impact de la
transformation numérique, car le calcul des KPI pour de nombreuses
initiatives de transformation numérique par exemple, le changement
culturel n'est pas un processus clair à mesurer.
1.3.4 Renouvellement des compétences et de la
culture numérique :
Comme on peut le voir, la transformation numérique
modifie profondément les organisations, mais quelles sont les actions et
les pratiques concrètes que les dirigeants utilisent pour mener à
bien cette transformation ? Il est reconnu que les cadres dirigeants devraient
jouer un rôle actif dans la
32
transformation numérique. Pourtant, la
littérature concernant les pratiques des cadres pour mener la
transformation numérique est rare. Cependant, certaines des
méthodes que les cadres peuvent utiliser pour diriger la transformation
numérique ont été examinées dans la
littérature existante. Tout d'abord, les chefs d'entreprises peuvent
montrer l'exemple et écouter activement leur environnement. Diriger par
l'exemple signifie que les dirigeants d'entreprises utilisent, par exemple, les
nouveaux médias sociaux pour faire participer les gens, mais qu'ils sont
également impliqués dans le travail quotidien de la
transformation digitale. Ils doivent également avoir la maîtrise
du numérique nécessaire pour pouvoir soutenir et aider les
équipes et leur montrer comment le travail des équipes s'inscrit
dans un cadre plus large. Les dirigeants doivent également être
capables d'écouter l'environnement et d'en tirer des enseignements. Cela
signifie que les dirigeants sont à l'écoute des employés
en ce qui concerne les nouvelles idées et les améliorations, mais
aussi des canaux externes pour trouver de nouvelles idées, de nouveaux
talents et de nouveaux partenaires. Les technologies numériques, telles
que les médias sociaux, permettent d'écouter efficacement les
parties prenantes, ce qui accroît l'importance de ces canaux lorsqu'il
s'agit de diriger la transformation numérique.
En outre, les gestionnaires peuvent diriger en
établissant une vision claire de leur entreprise dans le monde
numérique et en engageant l'organisation à travailler à la
réalisation de cette vision [31]. L'élaboration d'une vision
transformatrice et l'alignement de la direction générale pour la
communiquer à l'organisation et aux autres parties prenantes aident
l'organisation à travailler dans une direction commune. Comme la
transformation digitale brise de nombreuses frontières
organisationnelles traditionnelles, une vision commune partagée peut
aider l'entreprise à conduire le changement au-delà des
cloisonnements traditionnels. Toutefois, une vision de l'avenir n'est qu'un
début. En effet, Il faut engager et inciter les employés à
travailler à la réalisation de cette vision, est le plus grand
défi des dirigeants. Bonnet et al (2014) ont reconnu trois façons
d'engager l'organisation dans la transformation numérique : connecter
l'organisation en utilisant les technologies numériques, encourager la
conversation ouverte et co-créer la transformation numérique avec
les employés.
En utilisant les plateformes digitales, les dirigeants peuvent
faire participer les employés en temps réel. Afin d'encourager
les personnes d'âge mûr à dialoguer ouvertement, les
dirigeants doivent être capables de montrer l'exemple et d'impliquer un
groupe suffisamment important de personnes pour faire bouger les choses. Les
moyens pratiques d'encourager les gens à s'impliquer sont, par
33
exemple, les champions du numérique dans toute
l'organisation et les programmes de mentorat inversé. En outre, en
créant conjointement avec leurs propres employés une feuille de
route pour la transformation digitale, les dirigeants peuvent faire participer
les employés plus efficacement au processus, car les employés se
sentent plus impliqués dans la transformation.
1.4 Conclusion de la partie bibliographique :
La transformation digitale des entreprises comprend deux
composantes principales : les anciens dirigeants qui dirigent la transformation
numérique et les éléments de la transformation
numérique. Comme nous l'avons vu plus haut, les cadres jouent un
rôle clé dans la transformation des entreprises, d'où
l'importance de leurs actions dans la conduite du changement. À leur
tour, les éléments de la transformation digitale
définissent la manière dont les entreprises évoluent dans
la transformation numérique. Cela comprend quatre éléments
principaux comme discuté ci-dessus : les décisions
stratégiques de la transformation numérique, la transition de la
création et de la capture de valeur, l'alignement des mécanismes
de gouvernance et le renouvellement des compétences et de la culture
numérique.
34
Chapitre 2. Partie Empirique
Ce chapitre décrit la méthodologie de recherche
utilisée dans le mémoire. Tout d'abord, nous présentons le
cadre de recherche de l'étude. Ensuite, nous expliquons l'approche de
l'étude, et enfin, nous exposons la collecte et d'analyse des
données.
2.1 Méthodologie de la recherche :
A travers la revue de la littérature, nous avons fait
la synthèse d'un grand nombre de documents concernant l'innovation
digitale, la disruption numérique des industries, la transformation
digitale des entreprises et les pratiques des dirigeants en matière de
transformation numérique. L'objectif de ce chapitre est d'expliquer et
de comprendre pourquoi les entreprises mènent cette transformation ainsi
que de définir quels sont les éléments de la
transformation digitale et comment les dirigeants la mettent en place. Afin de
relier ces sujets entre eux, la figure7 résume les principaux objectifs
de ce chapitre. Ce « Framework » sert également de base
à la partie empirique de cette étude.
Figure 7 : Conceptualisation de la transformation
numérique de l'entreprise
Le « Framework » est divisé en deux sections
principales : les moteurs de la transformation numérique
définissent pourquoi les entreprises mènent la transformation
numérique tandis que les actions des entreprises définissent
comment les entreprises mènent la transformation. Comme nous
35
l'avons vu dans le chapitre précédent, les
technologies numériques et leurs caractéristiques distinctives
sont les facteurs sous-jacents qui produisent des innovations
numériques. Ces innovations, à leur tour, génèrent
une disruption numérique des industries car elles permettent d'avoir de
nouvelles façons de faire face à la concurrence et de
créer de la valeur. En conséquence, les entreprises mènent
la transformation digitale pour tirer parti des innovations numériques
de manière plus efficace et pour répondre à la
perturbation numérique des industries.
En conséquence, le phénomène de la
transformation des entreprises comprend deux composantes principales : les
cadres dirigeants qui dirigent la transformation numérique et les
éléments de la transformation digitale. Comme nous l'avons dans
la partie théorique, les cadres jouent un rôle clé dans la
transformation numérique des entreprises, d'où l'importance de
leurs actions dans la conduite de la transformation numérique. À
leur tour, les éléments de la transformation digitale
définissent la manière dont les entreprises évoluent dans
la transformation. Cela comprend trois éléments principaux comme
discuté ci-dessus : les décisions stratégiques de la
transformation numérique, la création de valeur, l'alignement des
mécanismes de gouvernance et le renouvellement des compétences et
de la culture digitale.
Ce « framework » constitue une approche
structurée pour la partie empirique de l'étude. Tout d'abord, en
étudiant la Q1, les moteurs de la transformation digitale des
entreprises, nous obtiendrons une meilleure compréhension des raisons
pour lesquelles les entreprises procèdent à cette transformation.
En d'autres termes, nous comprendrons comment la disruption numérique
des industries apparaît aux entreprises et si ces dernières
considèrent la transformation digitale comme un moyen de tirer parti des
innovations numériques de manière plus efficace.
Deuxièmement, il existe peu de littérature sur la façon
dont les dirigeants dirigent la transformation numérique. C'est pourquoi
l'étude de Q2 nous permettra de mieux comprendre le rôle des
dirigeants dans la transformation digitale. Enfin, les principaux
éléments de la transformation numérique ont
été reconnus dans la littérature, mais on sait peu de
choses sur les principales mesures prises par les entreprises concernant ces
éléments. C'est pourquoi l'étude du Q3 nous permettra de
mieux comprendre les actions des entreprises dans la transformation
numérique. A cet effet, le chapitre suivant traitera la
méthodologie de la recherche, et ensuite, les résultats de la
partie empirique seront présentés.
36
Le phénomène de la transformation digitale s'est
accentué au cours des cinq dernières années dans les
grandes entreprises historiques. Comme le notent Hess et al. (2016) et
Sebastian et al. (2017) : « la transformation numérique est
aujourd'hui un phénomène hautement prioritaire pour les
dirigeants, quel que soit le secteur d'activité ». [22] Cette
constatation a servi de base à l'étude. L'objectif était
de comprendre le phénomène de la transformation digitale et
d'analyser comment les entreprises qui feront l'objet de notre étude le
conduisent stratégiquement. L'approche de cette étude
était exploratoire car la transformation digitale est un
phénomène naissant, mais en même temps, le but était
de décrire et d'évaluer les pratiques des entreprises en
matière de transformation. La transformation numérique des
entreprises fait l'objet de beaucoup de publications, mais il y a peu de
recherches universitaires sur le sujet. Par exemple, en examinant Google Trends
avec le mot-clé "transformation digitale", il est possible de constater
que l'intérêt pour le sujet a rapidement augmenté au cours
des cinq dernières années et essentiellement courant la
période du Covid-19. Cependant, la plupart des recherches sur la
transformation digitale se concentrent sur des publications axées sur la
pratique, telles que des rapports de sociétés de conseil et des
magazines d'affaires, alors que la littérature universitaire est
rare.
2.2 Collecte des données :
Cette partie explique en détail la méthodologie
utilisée dans ce mémoire. La recherche qualitative et l'approche
empirico-inductive sont d'abord présentées, puis l'étude
de cas ainsi que la stratégie de recherche sont décrites.
2.2.1 Recherche qualitative :
L'objectif de ce mémoire est de comprendre et de
décrire un phénomène naissant dans le contexte actuel,
c'est pourquoi la méthode de recherche qualitative a été
choisie pour cette étude.
Comme le notent Ritchie et al (2014) « La recherche
qualitative est généralement utilisée pour décrire
la forme ou la nature de ce qui existe, examiner les raisons ou les
associations entre ce qui existe, évaluer l'efficacité de ce qui
existe et aider au développement de théories, de
stratégies ou d'actions » [32]. Comme le notent Strauss et Corbin
(2012) : « La principale raison de choisir la recherche qualitative est de
comprendre le monde du point de vue des participants et donc de faire des
découvertes qui contribuent au développement des connaissances
empiriques » [33]. Comme déjà évoqué
ci-dessus, la transformation digitale est un phénomène peu
étudié. Par conséquent, une étude exploratoire est
nécessaire pour mieux comprendre le phénomène. En raison
de ces
37
facteurs, des méthodes de recherche qualitative peuvent
être utilisées pour répondre aux questions de recherche
présentées à la partie problématique et explorer le
phénomène plus en profondeur. La théorie autour de la
transformation digitale étant limitée, une approche inductive a
été retenue pour ce mémoire. Comme le notent Saunders,
Lewis et Thornhill, 2008 « Dans l'approche inductive, les données
sont collectées sans aucune théorie spécifique à
l'esprit, et le résultat de l'analyse des données peut être
une formulation d'une théorie » [34]. Une approche inductive est
appropriée lorsque le sujet de la recherche est nouveau, qu'il suscite
beaucoup d'enthousiasme et qu'il existe peu de littérature. C'est le cas
du thème de la transformation digitale : il y a beaucoup d'enthousiasme
sur le sujet mais peu de littérature existante.
2.2.2 Etude de cas :
Selon Eisenhardt, 1989 ; Yin, 2003 « Les études de
cas sont la stratégie privilégiée pour étudier un
phénomène contemporain dans son contexte réel et lorsque
la recherche sur un sujet en est à ses débuts ». «
L'objectif de l'étude de cas est de comprendre la dynamique existante
dans des contextes uniques. Dans une étude de cas, de multiples sources
de preuves sont utilisées et triangulées pour mener une analyse
d'un phénomène choisi » [35]. Même si les
études de cas sont le plus souvent associées à des
données qualitatives, elles peuvent également utiliser des
données quantitatives (Eisenhardt, 1989). De plus, une étude de
cas est une stratégie appropriée pour la construction d'une
théorie inductive (ibid). En raison de ces facteurs, une étude de
cas est utilisée dans ce mémoire.
Dans cette étude, la stratégie des études
de cas multiples a été choisie. Yin (2003) identifie quatre
stratégies d'études de cas basées sur deux dimensions :
(1) cas unique vs cas multiples ; (2) holistique vs intégré. La
première dimension concerne le nombre de cas examinés dans
l'étude et la deuxième dimension examine l'unité d'analyse
c'est-à-dire si plusieurs unités sont étudiées dans
un cas Figure 8. [36]
38
Figure 8 : Stratégie d'étude de cas
Étant donné que le sujet de la transformation
numérique est nouveau et que les pratiques utilisées par les
entreprises varient selon les secteurs, différents secteurs et
entreprises ont été choisis. À son tour, une unité
d'analyse holistique a été choisie car le principal
intérêt était de savoir comment les entreprises
évoluent dans la transformation digitale. En effet, l'objectif de ce
mémoire n'est pas de produire des résultats
généralisables, mais d'explorer la transformation
numérique dans les entreprises choisies.
Eisenhardt (1989) présente un processus de recherche
d'étude de cas qui est basé sur des travaux antérieurs sur
des méthodes qualitatives, la conception d'études de cas et la
construction de théories fondées. Il y a huit étapes dans
le processus : (1) Début ; (2) sélection des cas ; (3)
élaboration des instruments et des protocoles ; (4) Recherche sur le
terrain ; (5) analyse des données ; (6) l'élaboration
d'hypothèses ; (7) enveloppe de la littérature ; et (8)
Conclusion.
Ce processus a été suivi pour avoir une approche
structurée. Tout d'abord, des questions de recherche initiales ont
été définies pour concentrer les efforts sur les bons
sujets. Il s'agissait encore de questions de recherche préliminaires, et
elles se sont affinées au fur et à mesure que de plus amples
informations étaient recueillies. Ensuite, les cas ont été
sélectionnés dans la population spécifiée.
Après, plusieurs méthodes de collecte de
données ont été choisies et la collecte de données
sur le terrain a commencé. La collecte et l'analyse des données
se chevauchaient afin d'accélérer les analyses et de comprendre
quels sont les aspects qui doivent être ajustés dans la collecte
de données. Dans la collecte de données, plusieurs
méthodes ont été utilisées, telles que des
entretiens,
39
des présentations d'entreprises, livres blancs, des
rapports annuels et des articles pour tirer parti du thème de notre
recherche.
Lorsque suffisamment de données ont été
collectées, l'analyse des cas a commencé. Au début, les
entretiens ont été examinés individuellement, puis
progressivement, des entretiens et des recherches simultanées ont
été lancés afin de voir les preuves sous plusieurs angles.
Sur la base des constructions trouvées à partir des
données, des hypothèses initiales ont été
formulées. Il s'agissait d'un processus itératif où
l'évidence de chaque construction était mise en tableau et
ensuite comparée entre les cas. Les résultats ont
également été comparés avec des documents issus de
la littérature. Cette comparaison a permis d'établir une certaine
validité interne, d'élever le niveau théorique et
d'affiner la généralisation de la construction de notre
recherche.
2.3 Procédures de collecte des données :
Cette partie explique en détail les procédures
de collecte de données utilisées. Tout d'abord, le processus de
sélection des sociétés de cas ainsi que les profils des
sociétés de cas sont présentés, puis l'approche de
collecte de données est décrite.
2.3.1 Sélection des entreprises :
La sélection des sociétés
concernées a été basée sur un
échantillonnage théorique où l'objectif était de
choisir des cas extrêmes et des types polaires de manière à
ce qu'ils fournissent le maximum d'observations intéressantes pour un
nombre limité de cas.
Au départ, une longue liste d'industries possibles a
été constituée. Comme nous l'avons vu dans le chapitre de
la bibliographie, les différentes industries ont été
touchées différemment par la perturbation numérique. C'est
pourquoi l'objectif était de sélectionner des industries qui
varient en termes de disruption. Nous nous sommes retrouvé dans Quatre
types industries : Industrie automobile, ESN « Entreprise du service
numérique », Marketing et publicité et finalement le
service.
Ensuite, les entreprises de cas dans les industries
respectives ont été choisies. Une à deux entreprises dans
chaque industrie a été choisie pour s'assurer que la profondeur
de l'examen serait suffisante. Eisenhardt (1989) suggère : « Quatre
à dix études de cas fournissent une bonne base pour la
généralisation analytique ». Cependant, en raison du vaste
sujet et du calendrier limité, il a été jugé
préférable de réduire la taille de l'échantillon
initialement prévu.
40
Les entreprises ont été
sélectionnées de manière à ce qu'elles soient de
tailles différentes et leur siège social se trouve sur le
territoire Français. Sur la base de ces critères, j'ai
sélectionné 5 sociétés de cas : Valeo, Talan,
Orange, JC Decaux et ZeClef.
2.3.2 Approche de collecte de données
:
La charge de travail la plus importante s'est
avérée être la collecte de données. La population
cible est constituée de professionnels occupant des postes de cadres
moyens à supérieurs. La population cible est choisie sur la base
du fait que ses membres maîtrisent la technologie, connaissent le sujet
de la transformation digitale et mènent actuellement des projets de
transformation numérique au sein de leurs organisations.
Afin d'étudier la transformation digitale des
entreprises sélectionnées, une grande variété de
techniques de collecte de données a été utilisée.
La principale source de données était des entrevues avec les
personnes des entreprises de cas.
La méthode de collecte des données que nous
avons envisagée initialement est la distribution électronique
d'une enquête. Nous avons utilisé le moteur de recherche LinkedIn
pour les membres portant le titre « Digital Transformation Manager »
pour générer une liste de participants potentiels à
l'enquête. Au sein de la population, un échantillonnage a
été effectué et suivi d'au moins 200 invitations par
e-mail à l'enquête. Les professionnels ont été
choisis au hasard pour éviter la surreprésentation. Vu la
contrainte du temps et le taux de retour faible, nous avons
privilégié de procéder par des entretiens avec des
consultants et managers qui ont acceptés d'être interviewé.
Le tableau2 présente la liste complète des entretiens
menés. Les titres des personnes interrogées ne seront pas
révélés dans les sections de résultats pour
garantir l'anonymat des personnes interrogées. Au total, nous avons
mené 5 entretiens courant le mois d'Aout 2020. Les entretiens ont
été menés sous forme d'entretiens
semi-structurés.
41
Tableau II : Description des entreprises et des données
objets de l'étude de cas
Caractéristiques
|
Industrie1
|
Industrie2
|
Industrie3
|
Industrie4
|
Industrie
|
Equipementier Automobile
|
Entreprise du service numérique
|
Marketing et publicité
|
Service
|
Marché cible
|
B2B
|
B2B / B2C
|
B2B / B2C
|
B2B / B2C
|
Nombre d'entretien
|
1
|
2
|
1
|
2
|
Position de la personne
interviewé
|
BU Manager
|
Consultant
|
Consultant
|
Co-fondateurs
|
Publications/
sites internet/médias
|
Rapports annuels Communiqués de presse Sites
Web de l'entreprise Articles médiatiques Des médias
sociaux
|
Rapports annuels Communiqués de presse Sites
Web de l'entreprise Articles médiatiques Des médias
sociaux
|
Rapports annuels Communiqués de presse Sites
Web de l'entreprise Articles médiatiques Des
médias sociaux
|
Rapports annuels Communiqués de presse Sites
Web de l'entreprise Articles médiatiques Des médias
sociaux
|
Les entretiens ont été menés avec les
consultants et co-fondateurs des entreprises afin de comprendre la situation du
secteur et de l'entreprise. Les personnes interrogées ont
été choisis de manière à ce qu'ils aient une
expérience approfondie des entreprises concernées. Il s'agissait
donc de personnes responsables des relations avec les clients ou de personnes
travaillant sur des projets de développement numérique, ce qui
explique qu'ils aient une bonne connaissance des questions de haut niveau dans
le domaine de la transformation digitale. Ces entretiens ont fourni une
précieuse connaissance externe des entreprises concernées.
Étant donné que les consultants avaient vu différentes
entreprises dans différents secteurs, ils avaient une bonne idée
de la performance des entreprises étudiées par rapport aux autres
entreprises.
En plus des entretiens, des données secondaires ont
été collectées à partir d'articles de presse, de
sites Web d'entreprises, de rapports annuels, de communiqués de presse,
de présentations d'entreprises et de médias sociaux. Les articles
médiatiques ont été collectés en recherchant des
articles où les dirigeants de l'entreprise parlent de leurs
transformations numériques. Les sites Web et les présentations
des entreprises étaient un bon moyen de voir comment les entreprises
accordent
42
la priorité à la transformation
numérique. Certaines des entreprises de cas ont mis l'accent sur la
communication de leurs efforts de transformation numérique, tandis que
d'autres ne l'ont pas du tout communiqué. Dans les médias
sociaux, il a été possible de voir comment les dirigeants des
entreprises prônent leur transformation digitale, ce qui à son
tour a créé des observations intéressantes comme nous le
verrons dans la section suivante. En combinant ces différentes sources
de données secondaires, la recherche construit une certaine
validité qui améliore la précision de la recherche.
Comme le mentionnent Saunders, Lewis et Thornhill (2008) :
« Les entretiens semi-structurés conviennent à la recherche
exploratoire et explicative et permettent aux personnes interrogées
d'exprimer leurs pensées dans leurs propres mots » [34]. L'annexe
A présente le guide d'entretien utilisé. Le
guide se décline en 3 grands thèmes principaux :
? Disruption digitale des industries et transformation
numérique des entreprises
? Le rôle des cadres dans la transformation
numérique de l'entreprise
? Les éléments changeants de la
transformation numérique
Une panoplie de question a été établie et
posée au personnes pour chaque thème et ce dans le but de
recueillir une multitude de réponses et d'éléments qui
nous servirons à construire notre analyse. Cependant, le guide n'a pas
été strictement suivi. Au contraire, il a agi comme une structure
pour l'entretien et a assuré le flux naturel des sujets abordés.
Les questions étaient pour la plupart similaires dans chaque entretien,
mais un accent différent a été mis sur différentes
questions en fonction du rôle et de l'expertise de la personne
interrogée.
2.4 Analyse de données :
Dans la recherche inductive, les entretiens et l'analyse des
données sont généralement alignés. Par
conséquent, l'analyse a commencé après les premiers
entretiens. Après les entretiens, les données ont
été transcrites en notes.
Une fois les données classées sous des
thèmes, les actions des entreprises et des dirigeants ont
été notées afin de comprendre et d'élaborer les
différences entre les transformations digitales des entreprises. Une
notation a été appliquée à toutes les questions de
recherche. Les moteurs de la transformation numérique et les actions des
cadres dans la transformation numérique ont été
notés en attribuant «0 » si l'action n'était pas
identifiée, « + » si l'action était identifiée,
« ++ » les cadres
43
étaient particulièrement distinctifs dans
l'action. Cette note était basée sur notre propre
interprétation des interviews, des articles dans les médias et de
la présence sur les réseaux sociaux. De même, pour
évaluer l'ampleur du changement de stratégie et des
opérations dans la transformation numérique, chaque entreprise a
été notée en attribuant un score de « + » pour
une action de petit niveau d'activité était identifié, un
score de « ++ » est attribué si un score modéré
le niveau d'activité a été identifié et un score de
« +++ » a été attribué si un niveau
d'activité important était identifié. Ces notes reposaient
également sur la propre interprétation de l'auteur des
entretiens, des articles de presse, des rapports annuels, des sites Web des
entreprises et des communiqués de presse.
2.4.1 Réponses aux questions de recherche :
Cette partie présente les résultats de l'analyse
des données en quatre sections. La première section donne une
brève introduction des profils des entreprises de cas et de leur
situation sur le marché pour permettre une analyse plus approfondie. La
section 2.4.3 suivante examine les moteurs des transformations
numériques des entreprises de cas, et aborde ainsi la question de
recherche Q1. La section 2.4.4 suivante évalue les pratiques des
dirigeants pour mener la transformation numérique et répond ainsi
à la question de recherche Q2. Enfin, la section 2.4.5 analyse les
changements que les entreprises de cas mettent en oeuvre dans la transformation
numérique et répond ainsi à la question de recherche Q3.
L'analyse conduit à des conclusions intéressantes sur les
pratiques des entreprises en matière de transformation digitale.
2.4.2. Profils des entreprises :
Pôle industriel :
? Le groupe Valeo :
Le choix s'est orienté vers l'équipementier
automobile français Valeo. Il opère sur les marchés
mondiaux et certains de ses segments commerciaux détiennent des parts de
marché importantes. Valeo s'est réveillée pour le
développement numérique et la digitalisation de ses processus de
fabrication, certes, il y a eu quelques nouveaux entrants. Les principaux
concurrents sont de grandes entreprises nationales et mondiales qui ont
été les principaux moteurs du changement. Les récents
développements technologiques, par exemple dans les domaines de l'IT, du
cloud computing, etc., ont ouvert de nouvelles possibilités à ces
entreprises. Ils ont également permis l'émergence de concurrents
plus petits qui se concentrent principalement sur certaines niches où
44
ils peuvent être compétitifs. Pour
accélérer le développement des capacités et des
ressources numériques, Valeo, a lancé un vaste programme de
transformation digitale qui vise à renouveler de nombreux aspects de ses
activités.
Fort de ses innovations, son organisation, sa rigueur, sa
réactivité et sa capacité d'adaptation dans un
marché en évolution permanente, Valeo se considère
actuellement un leader incontesté pour la mobilité du futur.
Pole IT & Télécommunication
:
? Talan :
Talan se considère comme le spécialiste
français de la transformation digitale. Fondé en 2002, Talan se
positionne comme étant un cabinet de conseil spécialisé
dans la transformation agile et digitale. Pour cela le groupe met en avant ses
connaissances dans le Big data, l'IoT, la blockchain et l'intelligence
artificielle. Talan déjà présent dans les secteurs des
opérateurs de services, des opérateurs de télécom,
Banque et Finance, de l'énergie, des transports et des secteurs publics
se tourne actuellement vers le Retail et l'industrie.
Le groupe compte sur sa nouvelle levée de fonds de 100
M€ pour se renforcer davantage sur son métier historique,
l'accompagnement et la réalisation de projets SI, ainsi que de
créer de nouvelles lignes métier.
? Orange :
ORANGE est l'un des principaux opérateurs
européens du mobile et du fixe et l'un des leaders mondiaux des services
de télécommunications aux entreprises.
L'entreprise est présente auprès du grand public
dans 32 pays et auprès des entreprises dans 220 pays et territoires.
ORANGE occupe la 6e place du secteur des télécommunications avec
une reconnaissance de 80 % sur la majorité de ses marchés. C'est
aussi le premier investisseur du secteur des télécoms en
France.
Le Groupe, héritier de FRANCE TELECOM, porte les
valeurs d'un groupe mondial d'origine française, fier de ses racines,
mais aussi fier de ses conquêtes à l'échelle du monde,
depuis les premiers services télématiques, jusqu'aux solutions
les plus innovantes offertes par les plateformes NFC, le Cloud, la 4G, la fibre
optique et les services lancés aujourd'hui au niveau mondial.
45
Dans le contexte de la transformation du Groupe courant la
dernière décennie, la démarche « digital leadership
inside » a été instaurée afin
d'accélérer la digitalisation interne, un moyen clé pour
gagner en efficacité dans les modes de fonctionnement. C'est une
démarche qui a pour vocation de sensibiliser, former et équiper
l'ensemble des collaborateurs d'ORANGE au digital.
Pole Marketing et publicité :
? JC Decaux :
Est une entreprise française crée en 1964 par
Jean Claude Decaux. Elle a connu un développement exponentiel ces
dernières années. JC Decaux fait partie du secteur de la
communication et de la publicité. En effet, il est le numéro 1 en
Europe et en Asie Pacifique et le numéro deux mondial de la
communication extérieure. Le groupe, présent dans 55 pays. JC
Decaux est le seul à développer toutes les activités de la
communication extérieure comme le mobilier urbain, l'affichage grand
format ou encore la publicité dans les transports. Il est aussi le
numéro 1 mondial du vélo en libre-service.
Pole Service :
? Zeclef :
Zeclef est l'organisme d'accueil dans lequel j'ai eu l'occasion
de faire mon stage de fin d'étude. C'est une Clean Tech qui a
révolutionné le secteur du nettoyage classique.
Animés par une vision de réinventer un secteur peu
sujet aux disruptions, Christophe Petrucci, Isabelle Magne, Alexandre Pasdelou
& Othmane Senhaji Rhazi ont lancé ZeClef en Juillet 2018. ZeClef,
c'est avant tout une approche qui vise à apporter de la
sérénité en entreprise. ZeClef, c'est aussi une
volonté de faire différemment en repensant les modèles et
structures classiques évoluant dans l'univers du nettoyage tout en ayant
davantage d'impact.
ZeClef, c'est donc une plateforme de mise en relation entre
des auto entrepreneurs indépendants, spécialisés, dans le
nettoyage et des entreprises ayant besoin de nettoyage. Ils offrent un service
clef en main aux entreprises pour les accompagner dans leur bien-être et
hygiène.
Ils opèrent sur 2 segments, celui du B2B corporate
(bureau, commerce, restaurants) et celui des conciergeries AirBNB (entreprises
de gestion de locations saisonnières) qu'ils accompagnent sur toute leur
chaîne de valeur opérationnelle.
46
2.4.3. Les moteurs de la transformation digitale :
Cette section explore les moteurs de la transformation
numérique dans les entreprises de l'étude de cas. L'analyse a mis
en avant deux thèmes agrégés qui poussent les entreprises
à la transformation digitale : la pression externe et interne au
changement. Ces facteurs sont présentés dans le tableau 3 qui
résume les facteurs reconnus des transformations digitale. Nous
discuterons de ces thèmes identifiés séparément
dans les sous-sections suivantes.
Tableau III : Les moteurs de la transformation digitale
Paramètres
|
Les conducteurs de la
transformation
|
Pôle
industriel
|
Pôle
Marketing et publicité
|
Pôle IT
et télécommunication
|
Pôle service
|
La pression extérieure
au changement
|
L'évolution des besoins des clients
|
++
|
++
|
++
|
++
|
|
Répondre à la pression concurrentielle
du marché
|
++
|
+
|
+
|
+
|
|
|
++
|
++
|
+
|
0
|
|
Défendre la position concurrentielle à long
terme
|
|
|
|
|
|
Fin du cycle de vie
|
|
|
|
|
|
des systèmes hérités
|
+
|
0
|
++
|
0
|
La pression interne au changement
|
Les nouvelles sources de croissance
Les moyens de réduction des coûts
|
++
++
|
++
+
|
++
+
|
+
+
|
Pour évaluer différents conducteurs, chaque
entreprise s'est vu attribuer une note « + » si le conducteur
était identifié. Une note « ++ » était
attribuée si le conducteur était particulièrement fort et
une note «0 » était attribuée si le conducteur
n'était pas identifié.
47
? La pression extérieure au changement :
Premièrement, la transformation numérique des
entreprises est portée par la pression externe. Nous avons
sélectionné cinq conducteurs liés aux menaces externes
émergentes et induites par le numérique : l'évolution
des besoins des clients, la réponse à la pression
concurrentielle du marché, la défense de la position
concurrentielle à long terme et la fin du cycle de vie des
systèmes hérités. L'évolution des besoins
des clients : Les entreprises ont constaté que les besoins
de leurs clients évoluaient, ce qui a créé une pression
pour répondre aux besoins changeants en proposant de nouvelles solutions
numériques. Le profil du client a changé. Grâce au
développement des moyens d'accès et de partage de l'information,
il est mieux informé et devient influent. Son niveau d'exigence
s'élève. Il veut être livré de plus en plus
rapidement.
Il doit être interrogé, mieux
écouté, voire impliqué dans la définition de
l'offre. Il souhaite des produits différenciés adaptés
à ses particularités et à ses goûts.
Cela était particulièrement évident dans
les projets de transformations numériques menés par Talan et
Orange. Le consultant de Talan travaillant dans le secteur financier et
bancaire a déclaré : « Nous suivons le client. Au fur et
à mesure que le comportement des clients change et qu'il se dirige de
plus en plus vers les canaux numériques, et loin des canaux physiques,
nous devons lui proposer les meilleures solutions et répondre à
son besoin ». Fait captivant, les personnes interrogées ont vu que
les attentes des clients avaient augmenté parce que les principales
entreprises numériques (par exemple Les GAFA) avaient placé la
barre plus haut. Le consultant a fait remarquer : « On parle beaucoup
d'attentes. Ainsi, lorsque vous utilisez Netflix, vous commencez à vous
demander pourquoi la banque ne fonctionne pas de la même manière.
». Lorsque les clients bénéficient de meilleures offres
numériques dans d'autres secteurs, les attentes générales
des offres numériques augmentent et se transforment également
dans d'autres secteurs. Ce même phénomène a
été noté par le consultant chez Orange : «
L'expérience client est largement déterminée par l'exemple
de secteurs complètement différents ».
Répondre à la pression
concurrentielle du marché
En gommant les frontières géographiques, le
numérique accentue les effets de la mondialisation et intensifie la
concurrence.
L'évolution des produits s'accélère. Les
délais de mise sur le marché se raccourcissent. On tend vers une
logique d'expérimentation et d'amélioration continue.
48
Dans toutes les entreprises, des changements dans
l'environnement concurrentiel ont créé une pression pour changer.
Les nouveaux services des nouveaux entrants et des concurrents existants ont
été un catalyseur de la transformation digitale de certaines
industries.
Des raisons de pression concurrentielle peuvent
également être observées dans la transformation
numérique du secteur financier et Industriel. Dans le secteur bancaire,
affirme le consultant de Talan « il y avait une pression concurrentielle
créée, par exemple, par les fintechs, les géants mondiaux
de la technologie, l'émergence des nouvelles banques en ligne et les
concurrents traditionnels ».
Défendre la position concurrentielle
à long terme.
Une raison commune de la transformation numérique des
entreprises était leur volonté de défendre la position
concurrentielle à long terme. Comme Valeo, Jcdecaux et Zeclef ont vu
qu'ils devaient développer leur offre numérique dès
maintenant afin d'avoir une position concurrentielle solide à l'avenir.
Comme l'a noté le Co-fondateur de Zeclef « On pourrait dire qu'il
n'existe pas encore beaucoup d'activité numérique. La plupart de
la concurrence est toujours basée sur le développement de
produits. Mais la concurrence de la position future sur ce futur marché,
qui n'a pas encore été défini, je pense que c'est
clairement féroce. ». De même, le Manger chez Valeo a
noté à propos de ses nouvelles entreprises : « Si vous ne
voulez pas perdre vos niveaux de revenus actuels en raison de perturbations et
d'une concurrence croissante, vous devez réfléchir à
où obtenir de nouveaux revenus. C'est la raison pour laquelle nous
faisons cela. ». Ces observations impliquent que les entreprises croient
sérieusement que la disruption numérique pourrait changer leur
position concurrentielle dans un avenir proche, pourquoi elles s'efforcent de
répondre de manière proactive à la menace de la
perturbation numérique en repensant leur stratégie et leur
modèle économique.
Mettre fin au cycle de vie des systèmes
existants :
La menace de perdre des affaires à cause des anciens
systèmes hérités est également apparue dans notre
recherche. Cela a été considéré comme un
défi en particulier dans le cas du secteur bancaire. En
général, les banques ont de vieux systèmes informatiques
qui ne sont pas adaptés aux besoins futurs, c'est pourquoi elles doivent
les renouveler largement pour assurer leur activité future. Le
consultant de Talan l'a fait remarquer : "Ils renouvellent leurs
systèmes d'information pour la gestion interne et externe. Beaucoup de
ces changements se doivent absolument obligatoires. Ces renouvellements sont
motivés par le fait que le cycle de vie des systèmes qui est
arrivé à son
49
terme". Ces systèmes hérités ont
été considérés comme un fardeau pour les nombreux
autres aspects de la transformation numérique également. Le
consultant de Talan a noté : "C'est un fait que dans le secteur
bancaire, ces anciens systèmes sont à l'origine de lenteurs, des
bugs, des dépenses et d'insatisfaction clients »
« Quand vous avez en même temps des millions de
clients et des millions de transactions que vous devez gérer 24 heures
sur 24, 7 jours sur 7, il n'est pas si facile de se contenter d'essayer les
nouvelles technologies ». C'est pourquoi la transformation
numérique d'un point de vue technique a été difficile pour
le secteur bancaire : ils ont dû trouver un équilibre entre le
renouvellement des anciens systèmes lourds et la création de
nouvelles offres allégées.
? La pression interne au changement
En Second lieu, la transformation numérique des
entreprises est véhiculée par des pressions internes. Vu la
concurrence, les entreprises sont poussées à augmenter leurs
revenus et à réduire leurs coûts, et la transformation
digitale a été considérée comme un moyen pour y
parvenir. Deux thèmes sous-jacents liés à la pression
interne sont ressortis des données : trouver de nouvelles sources de
croissance et trouver des moyens de réduire les coûts.
Les nouvelles sources de
croissance
Les entreprises industrielles à citer Valeo et JC
Decaux, comme les autres, font face à de nouveaux défis : faire
évoluer leur modèle économique, se réorganiser pour
gagner en compétitivité, conquérir de nouveaux
marchés, adapter leur production à la nouvelle demande,
réduire les durées de mise sur le marché, etc
Au fil des ans, l'industrie s'est saisie des
opportunités que lui offraient les technologies pour
accélérer, automatiser ses processus en vue d'optimiser ses
activités. Aujourd'hui, le numérique lui ouvre de nouveaux
horizons. « Grâce aux nouveaux usages et technologies à
savoir les plateformes de partage d'information en ligne, mobilité,
internet des objets, intelligence artificielle, cloud, big data, médias
sociaux » « JCdecaux aurait pu avoir des difficultés avec sa
rentabilité. A contrario, avec la diversification des domaines
d'intervention et la croissance interne, la rentabilité s'est nettement
améliorée ». Affirme le project Manager chez JCdecaux.
Les entreprises industrielles, y compris les PME, disposent de
puissants leviers pour se transformer en profondeur et relever leurs
défis.
50
Trouver des moyens de réduire les
coûts.
Les entreprises tel que Valeo cherchaient également des
moyens de réduire les coûts en utilisant des innovations
numériques. Comme indiqué dans le chapitre Théorie, les
innovations numériques permettent aux entreprises de numériser et
d'automatiser les processus, ce qui conduit à son tour à une
meilleure efficience et un meilleur rendement synthétique et ainsi une
meilleure maitrise des couts tout au long de la chaine de valeur.
« Bien entendu, la numérisation permet d'avoir
processus beaucoup plus efficaces, ce qui nous donne la possibilité
d'automatiser nombre de nos tâches actuelles et d'améliorer
considérablement notre rentabilité financière »
affirme le manager de Valeo. Cette affirmation a été notée
pour les entreprises objets de notre étude de cas.
Pour Jacques Aschenbroich, PDG de Valéo « Cette
transformation digitale-là est bien sûr déjà
lancée et relativement facile. D'ailleurs, nous estimons être
plutôt en avance par rapport à ce qu'on voit de nos concurrents.
Il faut comprendre que l'amélioration continue de notre performance
industrielle, la baisse constante de nos coûts, est le coeur de notre
culture. Il ne s'agit pas seulement d'une simple rigueur de bonne gestion mais
c'est la seule manière de survivre dans nos métiers. Nous sommes
engagés vis-à-vis de nos clients industriels par des contrats
pluriannuels dans des baisses de coûts programmées que nous devons
absolument respecter. Et si nous voulons améliorer un peu nos marges,
nous devons même essayer de les baisser plus vite et davantage que ce que
nous nous sommes engagés à faire. C'est pour cette raison que
l'usine du futur est un impératif absolu et elle est au coeur de notre
métier ». [37]
2.4.4 Management de la transformation digitale :
Cette section décrit comment les dirigeants des
entreprises mènent la transformation numérique au sein de leurs
organismes. En effet, La direction joue un rôle clé dans le
déploiement et la mise en place des actions idoines pour la
transformation digitale de leurs entreprises.
Il est ressorti des données que les top-managers
établissent la transformation numérique en construisant une
vision à l'échelle de l'entreprise, en recrutant de
nouveaux cadres et en établissant les conditions.
Les pratiques identifiées sont présentées
dans le tableau 4 avec une évaluation des actions des
top-managers.
51
Tableau IV : Management de la transformation
numérique
|
Evaluation Globale
|
Bâtir une vision globale de
l'entreprise
|
Recrutement de nouveaux cadres
|
Établissement des conditions
|
Definition
|
|
Les Managers construisent une vision qui guide la transformation
digitale
|
Les cadres recrutent de nouveaux talents pour mettre en place la
transformation numérique
|
Les dirigeants lancent la transformation numérique et
mettent en place les structures nécessaires
|
Pôle industriel
|
Fort
|
Top manager + Les managers lancent et soutiennent
les nouvelles Visions (++)
|
Recrutement et création d'un pôle digital
(+)
|
Création d'une nouvelle entité R&D,
budget alloué au développement et à
l'innovation (++)
|
Média
|
Fort
|
Top manager + Les dirigeants ont joué un rôle
important dans l'élaboration de la vision
(++)
|
Recrutement et création d'un pôle digital
(+)
|
Une nouvelle stratégie, modification de l'organisation et
fixation des objectifs
(++)
|
Pôle IT
et télécommunication
|
Fort
|
Top manager + Cadres lançant et promouvant les nouvelles
visions (++)
|
Recrutement d'un nouveau CDO et de nombreux cadres
(+)
|
Une nouvelle stratégie, modification de l'organisation et
fixation des objectifs
(++)
|
Pôle service
|
Moyen
|
Pas de vision globale à long terme de l'entreprise
(+)
|
Recrutement de Nouveaux leaders du numérique, pour la
plupart des cadres de niveau débutant.
(+)
|
Pas de projets qui serait dirigé par la direction
générale, les cadres sont autonomes
(+)
|
Pour évaluer les actions des dirigeants, chaque entreprise
a reçu une note de "+" si l'action était identifiée. Une
note de "++" a été attribuée si les cadres se distinguent
particulièrement par l'action et une note de "0" a été
attribuée si l'action n'a pas été identifiée.
Bâtir une vision globale de
l'entreprise
Il est ressorti des données que les dirigeants
d'entreprises jouent un rôle clé dans la construction d'une vision
numérique qui oriente la transformation digitale de leurs entreprises.
Il était clair que les dirigeants du Pole IT&
Télécommunication se distinguaient particulièrement dans
ce domaine.
52
En construisant une vision d'avenir, ils ont appris à
connaître les innovations numériques qui ont également
servi de base à l'élaboration de leurs stratégies. Valeo
avait également créé des visions d'avenir pour
l'entreprise et pour les unités commerciales par la communication et la
médiatisation de sa vision future.
Jacques Aschenbroich, qui a transformé, à la fin
de la première décennie des années 2000, le convalescent
Valeo en l'un des leaders mondiaux du secteur automobile, partage sa vision :
« Le digital représente une période bénie comme
l'industrie automobile en a rarement connue : ce sont plus de trente mille
entreprises qui aujourd'hui tentent de réinventer l'automobile. »
Et il poursuit : « ce qu'il y a de fabuleux dans notre époque,
c'est que rien n'est écrit. » [38]
Cependant, les dirigeants ne promouvaient pas et ne mettaient
pas autant l'accent sur le rôle de la construction d'une vision d'avenir
pour le pole Service.
Recrutement de nouveaux cadres
Les dirigeants dans leurs politiques de la transformation
digitale recrutent des leaders pour conduire le changement. C'était
particulièrement le cas pour les entreprises de notre étude de
cas. Toutes avaient recruté un responsable du numérique CDO
(chief digital officer), pour conduire le changement. Pour Valeo, Talan et
Jcdecaux, le rôle du CDO était de coordonner et de pousser le
changement. Le consultant de Talan a fait remarquer : « Le Chief Digital
Officer a un rôle primordial, afin de coordonner les activités,
mais aussi d'orchestrer les activités et d'orchestrer l'entreprise
».
Dans les entreprises citées ci-dessus, leur CDO faisait
partie de l'équipe de direction de l'entreprise, ce qui montre
l'importance de ces dirigeants. Outre le recrutement de CDO, les entreprises
avaient engagé de nombreux autres cadres de haut niveau pour conduire sa
transformation numérique. Établissement des
conditions
Les Top managers établissent les conditions et en
décidant également des structures et du niveau d'autonomie dans
la transformation numérique. Il ressort des interviews que Talan et JC
Decaux ont donné beaucoup d'autonomie aux unités commerciales
pour concevoir et mettre en oeuvre la transformation digitale. Le chef de
projet chez JC Decaux a déclaré à propos de son rôle
: "Et ce que j'ai compris au cours des années, c'est que la tâche
principale des directeurs est d'établir les conditions de travail pour
que les gens puissent travailler sans se soucier". Chez Talan, les
unités commerciales avaient une autonomie presque totale pour faire
avancer la transformation digitale, et la direction générale
supervisait le changement, comme l'a fait remarquer le consultant de Talan
53
: « Nous avons une autonomie totale pour faire nos
propres choses. La direction est, bien sûr, au courant des détails
dans les entreprises les plus importantes ».
Une fois la transformation numérique établie, la
direction générale des entreprises joue un rôle clé
pour la faire avancer. Il ressort de l'analyse des cas et de la
littérature « revue de presse, media » que les dirigeants font
avancer la transformation numérique en soutenant et en s'engageant
à la promouvoir et en allouant des ressources à la transformation
numérique.
Accompagner et s'engager dans la transformation
numérique.
Les dirigeants des entreprises conduisent la transformation
numérique en soutenant et en s'engageant dans ce processus. Ce
rôle de soutien du top management est apparu dans toutes les entreprises
de l'étude de cas. Chez Valeo, le rôle du Top management dans le
soutien de la transformation numérique a été jugé
vital. Comme l'a fait remarquer son CEO « Je n'emploie volontairement pas
le terme à la mode d'usine 4.0, car je ne sais pas ce qu'il y a dedans,
mais l'usine de demain qui intègre toutes les technologies les plus
modernes et les procédés de fabrication les plus innovants est
non seulement identifiée, mais elle est planifiée et en cours de
déploiement sur la totalité de nos cent-cinquante usines dans le
monde. Le plan de marche est écrit, connu de tous et suivi par toute
l'entreprise ». [39]
Pareillement le Co-directeur de JCDecaux a exprimé son
implication et son soutien pour le déploiement de la transformation
digitale au sein de son entreprise Afin de donner corps à cette
révolution majeure, nous nous sommes profondément adaptés
et avons créés au sein de JCDecaux les conditions du
succès. Grâce à la mise en place, en 2018, d'une Direction
Data au niveau Groupe dont la mission est d'exploiter le potentiel
considérable qu'offrent la collecte, l'analyse, la modélisation
et l'exploitation des données »
Les entreprises de l'étude de cas traversent tous une
grande transformation numérique qui nécessite un changement
fondamental dans de nombreux domaines de leur organisation, il fallait ainsi
que les dirigeants montrent leur engagement envers cette transformation.
Allocation de ressources à la
transformation numérique.
Le Top management fait progresser la transformation
numérique en allouant également les ressources matérielles
et immatérielles nécessaires. Valeo, Talan, JCDecaux et Orange
ont clairement augmenté leurs investissements pour faire avancer la
transformation numérique. Valeo a levé ses niveaux
d'investissement dans la transformation digitale, on estime son investissement
annuel représente environ 11 % de ses revenus. Elle a fait plusieurs
acquisitions qui ont accéléré
54
sa transformation numérique. Il est également
apparu que ses dirigeants avaient alloué des sommes importantes pour
permettre le développement de l'innovation numérique, comme l'a
fait remarquer son CEO Jacques Aschenbroich : « En 2017, nous avions
annoncé clairement notre stratégie d'innovation et notre
volonté d'investir de façon significative dans de nouvelles
plateformes technologiques. Ces investissements - que nous avons poursuivis
malgré un marché automobile en retournement - sont maintenant
réalisés : ils nous ont permis de transformer en profondeur notre
portefeuille de produits et de renforcer notre position de leader dans
l'électrification et l'ADAS, les deux segments du marché
automobile qui connaîtront la plus forte croissance dans les
années à venir ».
Zeclef a également augmenté de manière
significative son niveau d'investissement dans le développement
numérique. Ils ont doublé leurs investissements et nous pouvons
estimer qu'ils ont investi 3 à 5 % de leurs revenus annuels dans la
transformation digitale de ses services.
« Nous supervisons la situation dans son ensemble afin
que nous ayons une base financière saine pour faire de nouvelles choses
afin que nous puissions gérer cette transformation. Il n'y a pas si
longtemps au lancement de la boite, cela n'avait pas l'air trop beau pour que
nous n'ayons pas assez d'argent pour développer et digitaliser
l'ensemble de nos services. Je pense à ce jour nous avons fait beaucoup
de travail pour être de retour sur la bonne voie et continuer nos
chantiers de transformation digitale de l'ensemble des processus ».
Affirme le Co-fondateur de ZeClef.
2.4.5. Éléments de la transformation Digitale
:
Dans cette section, Nous passons en revue la manière
dont la transformation digitale modifie la stratégie et les
opérations des entreprises. Sur la base des éléments de
transformation digitale identifiés dans le premier chapitre, nous avons
évalué les transformations numériques des entreprises et
les résultats sont synthétisés dans les sous sections
suivantes.
En effet, nous étudions plus en détail les
éléments des transformations digitales des entreprises. Tout
d'abord, nous examinons les décisions stratégiques des
entreprises en matière de transformation numérique. Ensuite, nous
passons en revue la transition de la création et de la capture de valeur
dans la transformation numérique. Troisièmement, nous
évaluons la manière dont les entreprises ont aligné leurs
mécanismes de gouvernance pour contrôler la transformation. Enfin,
nous analysons comment les entreprises renouvellent leurs compétences et
leur culture pour les adapter aux exigences de la transformation digitale.
55
Décisions stratégiques de la
transformation digitale.
Alors que les entreprises se lancent dans leur transformation
digitale, cette dernière apporte de nouvelles décisions
stratégiques aux dirigeants. Il s'agit notamment d'élaborer une
vision digitale, d'élaborer une nouvelle stratégie commerciale
numérique et de décider des nouveaux investissements. Toutes les
entreprises ont pris de nouvelles décisions stratégiques
liées à leur transformation digitale, mais il est apparu que
l'équipementier automobile Valeo avait pris les décisions
stratégiques les plus transformatrices.
Le tableau 5 présente l'évaluation des
décisions stratégiques des entreprises en matière de
transformation digitale.
Tableau V : Décision stratégiques de la
transformation digitale
|
Evaluation Globale
|
Construire une vision digitale
|
Élaboration d'une stratégie business
digitale
|
Investissement dans la transformation
digitale
|
Definition
|
|
L'entreprise construit une vision numérique qui est le
fondement de TD
|
L'entreprise tire parti des innovations numériques dans
l'élaboration de sa stratégie
|
Les investissements de l'entreprise dans la transformation
digitale
|
Pôle industriel
|
Un changement important
|
Vision numérique de la transformation de
l'industrie en un écosystème intelligent, usine
du futur (+++)
|
Émergence
d'une pensée écosystémique, développement
de nouveaux modèles commerciaux (++)
|
Investissements importants 11% des revenus dans
la transformation numérique,
grandes acquisitions numériques (+++)
|
Pôle Média
|
Un changement important
|
Top manager + Les dirigeants ont joué un rôle
important dans l'élaboration de la vision (++)
|
Développement et diversification
des produits Acquisition de nouveaux marchés et renforcement
de position sur le marché à l'international (+++)
|
Investissements importants en terme de
ressources matérielles et immatérielle pour stimuler la
TD (++)
|
Pôle IT
et télécommunication
|
Un changement important
|
Une vision numérique forte des entreprises
ESN de l'ère moderne (++)
|
Acquisition de nouveaux marchés et renforcement
de position sur le marché à l'international (+++)
|
Investissements importants en terme de
ressources matérielles et immatérielle pour stimuler la
TD (++)
|
56
Pôle service
|
Un changement petit à
Modéré
|
Pas de vision numérique à long
|
De nombreuses initiatives visant à utiliser la
stratégie
|
Investissements modérés
|
|
|
terme à l'échelle de
|
commerciale
|
(+)
|
|
|
l'entreprise
(+)
|
numérique, principalement
des initiatives incrémentales.
|
|
|
|
|
(+++)
|
|
Pour évaluer les actions des entreprises, chaque
entreprise s'est vu attribuer une note de "+" si l'action correspond à
un petit niveau d'activité. Une note de "++" a été
attribuée si un niveau d'activité modéré a
été identifié et une note de "+++" a été
attribuée si un niveau d'activité élevé a
été identifié.
La transformation numérique entraîne de nouvelles
décisions stratégiques pour les entreprises. Sur la base de
l'analyse, les décisions des entreprises Valeo, Talan, Orange et JC
Decaux ont entraîné un changement stratégique important
avec un score respectif de 8/9 ,7/9 et 7/9 tandis que les décisions de
ZeClef ont entraîné un changement modéré vu sa
petite structure pour un score de 5/9.
Transition de la création de
valeur
Le deuxième élément de changement dans la
transformation digitale est la manière dont elle modifie la
création de valeur des entreprises. Ces changements comprennent la
numérisation des processus externes et internes, le renforcement des
partenariats avec les parties prenantes et l'utilisation de nouvelles
méthodes de travail. Toutes les entreprises ont changé ces
aspects dans leur transformation numérique, mais il y a encore des
domaines d'amélioration dans toutes les entreprises. Le tableau 6
présente l'évaluation des changements des entreprises en
matière de création de valeur.
57
Tableau VI : Transition et création de valeur
|
Evaluation Globale
|
Digitalisation des processus opérationnels
externes et internes
|
Renforcement des partenariats avec les parties
prenantes
|
Utilisation de nouvelles méthodes de
travail
|
Definition
|
|
L'entreprise digitalise ses processus d'affaires
|
L'entreprise renforce ses partenariats dans
le développement numérique
|
L'entreprise utilise de nouvelles méthodes de
travail, par ex. Scrum, Lean Agile.
|
Pôle industriel
|
Un changement modéré
|
Numérisation des processus internes, encore
de nombreux domaines à faire progresser (+)
|
Partenariat actif avec les clients,
les start-ups (++)
|
Adoption de nouvelles méthodes de travail et
de gestion de projets (++)
|
Pôle IT
et télécommunication
|
Un changement important
|
Numérisation des processus internes et
externes (++)
|
Développe des partenariats avec les start-up,
valorise la Co-création avec les parties prenantes (++)
|
Adoption de nouvelles méthodes et technologies
de travail (+++)
|
Pôle Média
|
Un changement important
|
Numérisation des processus internes et
externes (++)
|
Partenariat actif avec les clients,
les start-ups (++)
|
Adoption de nouvelles méthodes et technologies
de travail (++)
|
Pôle service
|
Un changement modéré
|
Entreprise dont les processus interne sont à
100% digitalisés Reste le volet externe à
améliorer (++)
|
Partenariat actif avec les clients, les start-ups
Nécessite plus d'efforts futurs
(+)
|
De nouvelles méthodes de travail largement adoptées
dans l'organisation
(++)
|
Pour évaluer les actions des entreprises, chaque
entreprise s'est vu attribuer une note de "+" si l'action correspond à
un petit niveau d'activité. Une note de "++" a été
attribuée si un niveau d'activité modéré a
été identifié et une note de "+++" a été
attribuée si un niveau d'activité élevé a
été identifié.
58
La transformation digitale renouvelle la création de
valeur de l'entreprise. Les éléments qui se renouvellent peuvent
être synthétisés en la digitalisation les processus
externes et internes, en l'augmentation les partenariats avec les parties
prenantes et en l'utilisation de nouvelles méthodes de travail. Sur la
base de l'analyse, les actions de Valeo et ZeClef ont entraîné un
changement modéré de la création et de la capture de
valeur, avec un score correspondant de 5 / 9, tandis que les actions de Talan,
JCDecaux ont entraîné un changement important de la
création et de la capture de valeur, avec un score respectif de 7 / 9 et
6/9.
Alignement des mécanismes de gouvernance et
de culture du digital
Le troisième élément de changement dans
la transformation digitale est la façon dont elle modifie les
mécanismes de gouvernance et de la culture du digital au sein des
entreprises. Les entreprises alignent leurs mécanismes de gouvernance
pour s'assurer que le développement va dans la bonne voie et à la
bonne vitesse. L'alignement des mécanismes de gouvernance et de la
culture comprend l'organisation et la politique de la transformation
numérique, la gouvernance du développement numérique et
l'alignement des indicateurs clés de performance (KPI). Le tableau7
présente l'évaluation de l'alignement des mécanismes de
gouvernance de culture du digital des entreprises. Tableau VII : Alignement des
mécanismes de gouvernance de culture du digital des entreprises
|
Evaluation Globale
|
Acquisition
de compétences digitales, développement
de compétences
|
Gouvernance
du développement digital
|
KPIs
|
Definition
|
|
Recrutement et
|
L'entreprise aligne
|
L' entreprise crée
|
|
|
formation de
|
ses mécanismes de
|
des indicateurs clés
|
|
|
nouveaux employés
|
gouvernance avec les
|
de performance
|
|
|
et acquisition de
|
impératifs du
|
(KPI) qui monitore
|
|
|
nouvelles filiales
|
développement du
|
la transformation
|
|
|
pour faire progresser la TD
|
numérique
|
digitale
|
Pôle industriel
|
Un changement
|
Des recrutements
|
Mécanismes de
|
Mise en place et
|
|
modéré
|
importants et des
|
gouvernance
|
Montoring des KPI
|
|
|
acquisitions
stratégiques pour
développer les
compétences Ateliers de formation
|
systématiques, :Les comités de pilotage
BU, digital bord,
« digital acceleration
centers » (++)
|
Engagement
index, Productivity, usability (++)
|
|
|
(++)
|
|
|
59
Pôle IT
et télécommunication
|
Un changement important
|
Des recrutements importants actifs d'ingénieurs et
des acquisitions stratégiques pour développer
les compétences (++)
|
Les comités de pilotage qui régissent le
développement digital (+++)
|
Suivre la digitalisation des processus interne
et externe et la façon dont elle modifie le comportement
des clients (+++)
|
Pôle Média
|
Un changement
|
Recrutement de
|
Les comités de
|
Suivre la
|
|
important
|
nouveaux
|
pilotage BU
|
digitalisation des
|
|
|
développeurs, marketing digital
(++)
|
(+++)
|
processus interne et externe et la façon dont elle modifie
le comportement des
clients
|
|
|
|
|
(+++)
|
Pôle service
|
Un changement
|
|
Comité de direction
|
Les KPI sont axés
|
|
Important
|
Recrutement de
|
mensuel, Weekly
|
sur le changement
|
|
|
nouveaux talents
|
debrief, balanced
|
de comportement
|
|
|
du marketing
|
scorecard
|
des clients dans les
|
|
|
digital et développement
(++)
|
(++)
|
canaux, large utilisation des KPI processus interne
|
|
|
|
|
(+++)
|
Pour évaluer les actions des entreprises, chaque
entreprise s'est vu attribuer une note de "+" si l'action correspond à
un petit niveau d'activité. Une note de "++" a été
attribuée si un niveau d'activité modéré a
été identifié et une note de "+++" a été
attribuée si un niveau d'activité élevé a
été identifié.
La transformation numérique exige l'alignement des
mécanismes de gouvernance pour anticiper et contrôler le
développement de la culture digitale au sein des entités. Les
éléments alignés peuvent être classés en
fonction de la construction de nouvelles structures et des nouveaux
recrutements, de la gouvernance du développement numérique et de
l'alignement des indicateurs clés de performance. Sur la base de
l'analyse, Les pôles IT, Media et services ont connu le plus grand
changement d'alignement avec un score de 8 / 9, Valeo a connu un changement
d'alignement modéré avec un score de 6 / 9 qui s'explique par la
résistance au changement, un phénomène assez
répandu dans le secteur industriel.
60
Chapitre 3 : Recommandations
Ce chapitre relie les résultats de la partie empirique
à la revue de la littérature. Tout d'abord, les questions de
recherche sont abordées en discutant des principaux résultats de
l'étude. Ensuite, des recommandations concrètes sont
présentées, et les implications pratiques de l'étude sont
discutées. Enfin, les implications des dirigeants, et les limites sont
présentées.
3.1 Réponses aux questions de recherche
:
Les transformations digitales des entreprises ont
été conceptualisées dans le Framework
présenté au début du chapitre relatif à
l'étude empirique figure 7. Cette conceptualisation a permis d'avoir une
approche structurée pour développer la partie empirique de
l'étude. La Q1 a examiné le côté gauche du Framework
: les moteurs de la transformation numérique des entreprises,
c'est-à-dire la composante "pourquoi" de l'étude. Les Q2 et Q3
ont à leur tour analysé le côté droit du cadre : les
actions des dirigeants et des entreprises dans la transformation digitale,
c'est-à-dire le volet "comment" de l'étude.
Figure 7 : Conceptualisation de la transformation
numérique de l'entreprise Q1 : Qu'est-ce qui pousse les
entreprises à la transformation digitale ?
La première question de recherche concerne les
éléments moteurs de la transformation numérique pour les
entreprises. Les entreprises sont poussées à la transformation
numérique par de multiples facteurs qui peuvent être
regroupés sous deux thèmes principaux : la pression externe et la
pression interne. La plupart des facteurs identifiés sont des forces
concurrentielles normales, telles que la pression concurrentielle croissante,
l'évolution des besoins des clients et la défense de la
position
61
concurrentielle à long terme.
En effet, les besoins et attentes des clients et parties
prenantes est transféré à travers les industries, ce qui
pousse les entreprises à la transformation digitale. À mesure que
les clients découvrent les possibilités d'innovations
numériques dans des secteurs plus avancés, leurs attentes
augmentent et sont transférées à d'autres secteurs
également. Ceci, à son tour, crée une pression pour que
les entreprises de tous les secteurs à se développer et à
se lancer dans innovations numériques. Par exemple, lorsque les clients
utilisent les applications des réseaux sociaux, des plateformes de VOD
ou celle du e-commerce, ils commencent à se demander pourquoi les
interfaces et les expériences des clients et utilisateurs dans le
secteur du service ou les médias traditionnels et automobile ne sont pas
similaires. Ce facteur parmi d'autres a poussé en particulier les
entreprises sélectionnées pour notre étude de cas à
la transformation digitale de leurs processus.
Les entreprises sont également confrontées de
nos jours à de nouveaux types de pression concurrentielle en raison de
l'arrivée de nouveaux venus issus d'industries complètement
différentes. Ces nouveaux entrants sont souvent des géants du
numérique, comme Apple, Facebook et Google, qui disposent de ressources
importantes et de compétences inégalées en matière
d'innovations numériques. Cela entraîne un type de menace
entièrement nouveau pour les entreprises. A citer, JC Decaux a
été particulièrement confronté à cette
montée de nouveaux entrants, car des sociétés comme
Facebook et Google ont largement modifié la manière dont les
clients s'adonnent à la publicité.
En conséquence, ces nouveaux entrants et la menace
qu'ils représentent constituent une grande pression pour les entreprises
afin de faire avancer leur transformation numérique.
Q2 : Comment les dirigeants dirigent-ils la
transformation Digitale ?
La deuxième question de recherche concerne les
pratiques que les dirigeants utilisent pour mener la transformation digitale.
Les pratiques peuvent être synthétisées en deux points
principaux : Elaboration de la politique de la transformation digitale et son
déploiement. Il ressort des données qu'il existe de nombreuses
pratiques utilisées par les cadres pour mener à bien ces points.
Cependant, les pratiques les plus intéressantes et les plus distinctes
sont la façon dont les anciens cadres ont utilisé la
publicité pour faire avancer la transformation numérique ainsi
que la façon dont ils ont établi la transformation
numérique en construisant une vision numérique.
L'une des conclusions les plus intéressantes concernant
les pratiques des cadres pour mener la
62
transformation numérique est la façon dont ils
utilisent la publicité pour faire avancer le changement dans leur propre
organisation et dans le monde des affaires en général. En
défendant activement la transformation digitale de l'entreprise dans
différents canaux de communication, les dirigeants peuvent ainsi faire
savoir que la transformation digitale est un phénomène hautement
prioritaire et créer ainsi un sentiment d'urgence dans toute
l'organisation. En particulier, les dirigeants de Valeo, Orange, Talan ont
été actifs dans les journaux, les communications internes et les
médias sociaux. Ils ont utilisé les médias sociaux de
manière efficace pour communiquer sur les changements en cours et leurs
visions futures. Cela peut à son tour encourager les employés
à co-créer la transformation digitale et ainsi créer un
changement plus percutant.
Ces constatations soulignent particulièrement que
l'utilisation des médias et des médias sociaux est un moyen
efficace de mettre en évidence l'importance de la transformation
numérique pour les différentes parties prenantes ainsi que de les
engager à grande échelle.
Une autre conclusion intéressante est la façon
dont les dirigeants établissent la transformation en construisant une
vision du futur. Cette vision sert de base et de guide aux efforts de la
transformation digitale de l'entreprise.
Au sein de Valeo, Orange, Talan et JC Decaux cette vision a
été jugée particulièrement importante, et les
dirigeants ont souligné combien il était utile de passer par le
processus de construction de la vision. Ainsi, leur travail de
développement numérique est fortement guidé par cette
vision. Les dirigeants de ZeClef avaient également
développé des visions similaires, mais leur impact sur leur
transformation numérique restait une question ouverte et tributaire de
plusieurs facteurs économiques.
En conclusion, la transformation digitale brise de nombreuses
frontières organisationnelles traditionnelles, ce qui explique pourquoi
une vision commune peut aider une entreprise à faire passer le
changement par-delà les cloisonnements.
Q3 : Comment la transformation digitale modifie-t-elle
la stratégie et les opérations des entreprises ?
La troisième question de recherche concerne les
changements que les entreprises mettent en oeuvre dans la mise en place de leur
transformation digitale. Ces changements ont été classés
en quatre thèmes : les décisions stratégiques de la
transformation numérique, la numérisation de la création
de valeur, l'alignement des mécanismes de gouvernance et le
renouvellement des compétences et
63
de la culture. Sous ces thèmes, les entreprises ont mis
en oeuvre de multiples pratiques, comme indiqué à la section
3.4.5. Les entreprises présentaient les différences les plus
intéressantes et les plus fondamentales dans la manière dont
elles s'étaient organisées pour la transformation digitale, dans
la manière dont elles avaient opéré des changements dans
leur vision et leurs stratégies.
Ces différences découlent essentiellement de la
pression croissante en termes de changement ainsi que des différents
niveaux d'ambition de la transformation.
Il est intéressant de noter que les entreprises de
l'étude de cas ont des modèles organisationnels très
différents pour faire avancer la transformation digitale. Ils peuvent
avoir un modèle décentralisé (JCdecaux, Zeclef) où
les activités de développement sont intégrées dans
des Business units, un modèle centralisé (Talan et orange)
où il y a une unité numérique séparée qui
développe des solutions numériques ou un modèle hybride
(Valeo) où une unité numérique séparée
soutient et coordonne le développement des Business Units.
Les activités de partenariat des entreprises se
multiplient dans le cadre de la transformation numérique. La
transformation numérique permet, et exige pareillement, un partenariat
plus actif avec les clients, les concurrents, les fournisseurs et les
différentes parties prenantes.
3.2 Approche de la transformation digitale basée
sur les résultats de recherche :
Comme les entreprises de notre étude de cas se trouvent
à différentes phases de leur transformation digitale et que
l'impact de la disruption numérique varie selon les secteurs, il
n'existe pas d'approche générale de ce phénomène.
Toutefois, certaines instructions générales peuvent être
tirées de l'étude.
Sur la base de la revue de littérature et de la partie
empirique de l'étude, une synthèse qui présente les
étapes de la transformation digitale des entreprises est établie.
Ceci permet de comprendre comment les approches de transformation
numérique des entreprises peuvent différer et comment les
entreprises peuvent oeuvrer pour instaurer cette évolution au sein de
leurs structures et de prévoir les actions nécessaires pour mener
à bien le chantier de mise en place de la transformation digitale.
1. Analyser la pression externe et interne au
changement : L'entreprise doit analyser l'impact des moteurs de la
transformation numérique. Comprendre l'impact de ces moteurs sur
l'entreprise, actuellement et au futur, permet de construire les bases de la
transformation digitale.
2.
64
Comprendre l'état actuel de la transformation
numérique dans l'entreprise : L'entreprise doit comprendre
l'état actuel de la transformation numérique en analysant
l'état des lieux existant. Ce diagnostic préliminaire
évalue la situation actuelle, permet à l'entreprise de comparer
sa propre situation à celle d'autres entreprises concurrentes et de
mettre en place les actions d'amélioration et les investissements
nécessaires.
3. Évaluer les domaines à
améliorer : L'entreprise effectue une analyse des écarts
(phase de test et logique PCDA) entre l'état actuel de la transformation
digitale et la pression au changement. En effectuant cette analyse,
l'entreprise comprend si les actions actuelles sont suffisantes par rapport
à la pression exercée pour changer.
4. Mise en oeuvre des changements :
L'entreprise met en oeuvre les changements et s'assure que les actions
de transformation digitale vont dans la bonne direction par le biais des KPI
mis en place. En outre, les dirigeants doivent s'assurer continuellement que
leurs actions pour conduire le changement sont suffisantes.
3.3 Implication des dirigeants dans la conduite de la
transformation digitale et du changement :
La Finalité de ce mémoire est de fournir des
connaissances et une compréhension holistique concernant les
transformations digitales dans les entreprises françaises choisies.
L'objectif était de comprendre comment ces entreprises abordent et
dirigent la transformation : quels sont les moteurs, les pratiques de
leadership des dirigeants et les changements que les entreprises opèrent
sur le plan organisationnel de leurs structures. La contribution pratique de ce
mémoire est d'avoir une meilleure compréhension de ces
aspects.
Les transformations numériques des entreprises sont
occasionnées par de multiples facteurs différents. La plupart de
ces facteurs sont des forces concurrentielles telles que la pression interne
pour trouver de nouvelles sources de croissance, l'évolution des besoins
des clients et la réponse à la pression concurrentielle.
Cependant, certaines caractéristiques de ces facteurs, comme les
attentes et besoins des clients et des parties prenantes et la menace de
nouveaux entrants numériques, doivent être analysées avec
soin afin de comprendre l'impact sur l'entreprise. Ces facteurs ont un impact
au-delà des frontières traditionnelles de l'industrie, ce qui les
rend plus difficiles à prévoir. En surveillant activement ces
nouveaux facteurs, les dirigeants peuvent mieux réagir à ces
menaces et risques.
Pour les dirigeants, il existe plusieurs pratiques pour
instaurer et piloter la transformation digitale.
65
Ils doivent également mettre l'accent sur les pratiques
de pointe moins traditionnelles, telles que l'utilisation des médias
sociaux et l'élaboration d'une vision numérique à
l'échelle de l'entreprise pour établir et conduire le changement.
En adoptant une approche active pour diriger la transformation numérique
de l'entreprise, les chefs d'entreprises peuvent montrer à leur propre
organisation la grande importance du phénomène. En même
temps, ils montrent aux clients, aux investisseurs et aux autres parties
prenantes que l'entreprise est diligente dans ses efforts pour digitaliser ses
activités.
3.4 Limitations du cadre de la recherche :
Cette étude présente naturellement certaines
limites qui doivent être prises en compte pour évaluer la
validité, la fiabilité et la généralisation des
résultats.
Pour renforcer la validité de la construction, il
s'agissait d'établir une chaîne de preuves claire sur la
manière de passage de la question initiale de la recherche à la
conclusion finale. Cependant, il y a toujours le parti pris et le point de vue
subjectif qui peuvent avoir un impact sur le déroulé de la
recherche. Par exemple, une opinion préconçue des entreprises de
l'étude de cas peut avoir un impact sur le type de données
recueillies lors des entretiens. En outre, l'objectif était d'adopter
différents angles pour examiner la transformation digitale de ces
entreprises en interrogeant les consultants et cadres. Pareillement, nous nous
sommes appuyé sur ces entretiens qui, à leur tour, peuvent
conduire à des observations inexactes de la réalité. Les
personnes interrogées peuvent avoir une connaissance moindre de la
réalité, ou bien elles peuvent avoir un parti pris pour
répondre de manière inexacte aux questions de l'entretien.
66
Conclusion
Ce mémoire a étudié de manière
exploratoire la conduite et le management stratégique des
transformations digitales dans les entreprises étudiées.
L'objectif était de fournir une compréhension holistique du
phénomène dans les entreprises françaises : ce qui pousse
les entreprises à la transformation numérique, comment les
dirigeants la mènent et comment elle modifie la stratégie et les
opérations des entreprises. Un grand nombre d'articles sur les
innovations numériques, la disruption numérique des industries et
les transformations digitales des entreprises ont été
synthétisés et, sur cette base, un Framework des transformations
numériques des entreprises a été élaboré.
Dans la partie empirique, les transformations digitales des entreprises ont
été examinées et évaluées. Enfin, les
conclusions de l'étude ont été discutées et des
recommandations concrètes ont été formulées
à l'intention des entreprises qui souhaitent faire progresser leurs
efforts de transformation.
De nombreuses entreprises sont confrontées à de
grands défis, mais aussi à des opportunités importantes,
en raison des innovations numériques. Des exemples récents
provenant de différents secteurs montrent comment les innovations
numériques peuvent modifier la concurrence et le comportement des
clients. Toutefois, en accordant la priorité nécessaire à
ce phénomène, les entreprises peuvent se préparer à
ces changements et exploiter toutes les possibilités de la
transformation digitale. Grâce aux conclusions de cette étude, les
entreprises sont mieux équipées pour devenir les leaders de ce
changement.
67
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et les patrons : les dirigeants à la Manoeuvre, Les Docs de La Fabrique,
Paris, Presses des Mines, 2019. p34
70
Liste des tableaux
Tableau I : Comparatif des principes fondateurs de l'industrie
du XXe siècle 15
Tableau II : Description des entreprises et des données
objets de l'étude de cas 41
Tableau III : Les moteurs de la transformation digitale 46
Tableau IV : Management de la transformation numérique
51
Tableau V : Décision stratégiques de la
transformation digitale 55
Tableau VI : Transition et création de valeur 57
Tableau VII : Alignement des mécanismes de gouvernance
de culture du digital des entreprises
58
71
Listes des figures
Figure 1 : La digitalisation d'une entreprise recouvre
plusieurs notions 13
Figure 2 : Structure de la recherche 17
Figure 3: Architecture du système d'information 28
Figure 4 : Représentation en 4 vues de l'architecture
fonctionnelle du SI d'entreprise 30
Figure 5 : Modèle de Henderson et Venkatraman de
l'alignement stratégique du SI 31
Figure 6 : Représentation des piliers de la gouvernance
des SI 30
Figure 7 : Conceptualisation de la transformation
numérique de l'entreprise 34
Figure 8 : Stratégie d'étude de cas 38
Figure 7 : Conceptualisation de la transformation
numérique de l'entreprise 61
72
Annexe
Guide d'entretien :
Disruption digitale des industries et transformation
numérique des entreprises
- Comment voyez-vous le développement numérique
de votre industrie ?
- Pensez-vous qu'il y a une perturbation numérique
permanente dans le secteur ? Si oui, comment
cela s'est-il passé ?
- Y a-t-il une transformation numérique en cours dans
votre entreprise ? Comment la voyez-vous
?
- Quels sont les principaux moteurs de la transformation
numérique, selon vous ?
Le rôle des cadres dans la transformation
numérique de l'entreprise
- Comment décririez-vous le rôle de votre
équipe dirigeante dans la transformation numérique ?
Qu'en est-il des cadres de niveau inférieur ?
- Quelles sont les principales pratiques des cadres pour faire
avancer la transformation numérique
?
Les éléments changeants de la
transformation numérique
- La transformation numérique a-t-elle changé la
stratégie de l'entreprise ? Si oui, comment ?
- Quel est le niveau d'investissement de l'entreprise dans la
transformation numérique ?
- Comment décririez-vous la gestion des
compétences numériques de l'entreprise ? Comment
l'entreprise développe-t-elle et acquiert-elle de
nouvelles compétences ?
- Comment décririez-vous la gestion du changement
culturel de l'entreprise dans la transformation
numérique ?
- Comment l'entreprise a-t-elle été
organisée pour faire progresser la transformation numérique ?
Y a-t-il eu des changements ?
- Comment l'entreprise gère-t-elle les investissements
dans le développement numérique ? Existe-
t-il de nouvelles méthodes de gouvernance ?
- Comment l'entreprise mesure-t-elle la transformation
numérique ? Existe-t-il de nouveaux
indicateurs de performance clés (KPI) ?
- Le partenariat de l'entreprise avec les parties prenantes
a-t-il changé dans le cadre de la
transformation numérique ?
- Quel est l'impact de la transformation numérique sur
les processus commerciaux internes et
externes ?
73
- Comment les méthodes de travail de l'entreprise
ont-elles changé dans le cadre de la transformation numérique
?