Règle de Taylor: application au cas de la banque de la république du Burundipar Thierry KWIZERA Ouaga 2 - DEA 2018 |
II.1.2. Le système indirect de régulation monétaireL'adoption du PAS, qui date du début du second semestre 1986, visait à corriger les déséquilibres macro-économiques. Dans ce sens, la réforme intervenue en matière monétaire consistait à la libéralisation de la distribution du crédit par la suppression des autorisations préalables de la Banque Centrale et des taux d'intérêts (créditeurs et débiteurs), la modification des modalités d'intervention de la Banque Centrale sur la liquidité bancaire et le renforcement de la supervision bancaire. Contrairement aux instruments directs basés sur le contrôle quantitatif des crédits et sur des réglementations des taux d'intérêts, les instruments indirects s'appuient davantage sur les mécanismes du marché dans l'affectation du crédit et la détermination des taux d'intérêt par les institutions financières. A cette fin, la Banque Centrale a procédé à la réduction du nombre des taux créditeurs, des taux débiteurs et celui de refinancement. Jusqu'à présent, les banques commerciales et les établissements financiers fixent librement les taux de rémunération de l'épargne et les taux débiteurs sur les crédits à octroyer. En plus, la Banque Centrale a instauré pour ses interventions, des instruments indirects de la politique monétaire. Le but recherché est d'assurer un contrôle efficace de la masse monétaire (M2). Pour que le contrôle de cet agrégat soit efficace, la Banque Centrale exerce son action sur la base monétaire qui est l'objectif opérationnel de la politique monétaire. Elle veille à ce que l'évolution de la masse monétaire soit compatible au niveau souhaitable du taux d'inflation et de la croissance du PIB réel. Ceci peut être schématisé de façon suivante : Instruments: -Réserves obligatoires -Appels d'offres -Facilités du prêt marginal - Marché des changes Schéma : Schéma de réaction d'une décision de politique monétaire Objectif opérationnel Base monétaire Mécanismes de transmission Objectif intermédiaire: - M2 Objectifs finals - Stabilité des prix - Croissance Source : Busogoro (2014), « Efficacité de la politique monétaire au Burundi », BRB, Etudes et Statistiques. Ainsi, la Banque Centrale décide des actions en utilisant les instruments à sa disposition. Il s'agit notamment des réserves obligatoires, des appels d'offres de liquidité, la vente des devises et la facilité du prêt marginal. Ø Appels d'offres de liquidité Ce système permet à la Banque Centrale d'ajuster le niveau de la liquidité aux besoins réels des banques tout en assurant un suivi permanent du programme monétaire. A cet effet, la Banque Centrale contrôle la liquidité bancaire à travers les opérations d'appels d'offres normaux d'apport ou de reprise de liquidité qui agissent sur les avoirs intérieurs nets. Elle en fixe librement la durée et la périodicité. Les appels d'offres de liquidité peuvent être à taux fixe8(*) ou à taux variables9(*). Ainsi, ceci permet à la BRB d'agir en cas d'un choc ayant conduit à une augmentation (diminution) imprévue de la liquidité bancaire, elle peut, à sa propre initiative, prêter ou reprendre de la liquidité aux banques par le moyen d'appels d'offres rapides dont toutes les étapes sont exécutées le même jour. Ceci se fait sur un marché interbancaire sur lequel la Banque Centrale achète ou vend des titres10(*) (certificats du trésor). Ø Facilité de prêt marginal La BRB a mis à la disposition des banques une fenêtre pour un refinancement permanent appelée facilité de prêt marginal. Contrairement aux autres modes de refinancement qui sont de l'initiative de la Banque Centrale, la facilité de prêt marginal relève de l'initiative des banques commerciales. La BRB fixe le taux d'intérêt auquel est servi ce prêt. La facilité de prêt marginal est d'une maturité journalière. Cette facilité est accordée automatiquement à la clôture de la journée, si une banque dégage un solde débiteur de son compte courant à la Banque Centrale, à condition qu'elle ait constitué des garanties suffisantes auprès de la BRB. Si elle le juge nécessaire, la BRB peut fixer des limites aux recours à cette facilité. Ces limites peuvent être globales ou par banque et porter soit sur les montants prêtés soit sur le nombre de jours de recours par semaine.En plus de ces instruments, la BRB peut accorder à titre exceptionnel des prêts à une banque ou à un établissement financier dans le cadre de conventions bilatérales. Ø Ventes de devises sur le marché interbancaire La BRB intervient sur le marché interbancaire en vendant ou en achetant les devises. L'intervention de la Banque Centrale est faite soit dans le souci d'orienter les conditions du marché des changes, soit dans le but de gérer la liquidité bancaire. Quoi qu'il en soit, les effets sur les avoirs extérieurs nets et sur la base monétaire sont évidents. Quel que soit l'objectif, la vente de devises aboutit à la baisse des avoirs extérieurs nets de la Banque Centrale. De l'autre côté du bilan de la Banque, c'est la base monétaire qui est affectée. Ø Réserves obligatoires Le système des réserves obligatoires a été instauré en mars 1992. Ce système oblige les banques commerciales et les établissements financiers, ayant l'autorisation de collecter les dépôts du public, de constituer des dépôts non rémunérés à la Banque Centrale sur leurs comptes courants ouverts à leurs noms. La loi bancaire exige à ces institutions de constituer les réserves obligatoires à la hauteur de 3% des dépôts à vue et à terme. Ainsi, la décision d'augmenter (ou diminuer) les réserves obligatoires rentre dans le cadre d'une politique monétaire restrictive (ou expansionniste). Cette technique de gestion monétaire permet aux autorités monétaires d'agir sur les liquidités et, ceci ne s'applique qu'aux banques commerciales et établissements financiers. Elle n'exerce également aucune influence au financement monétaire du déficit budgétaire par la BC. Le contrôle exercé par ces instruments11(*) peut paraître inefficace si le crédit de l'Etat n'est pas contenu dans des limites acceptables. Toutefois, la crise sociopolitique éclatée en octobre 1993 au moment où s'amorçait la mise en place du cadre de la programmation monétaire, étape ultime de la réforme monétaire devant permettre d'utiliser pleinement les instruments de contrôle monétaire indirect a négativement contré les actions de la BC. Cette institution n'a pas pu bénéficier d'un environnement favorable pour conduire de façon volontariste la politique monétaire. En plus, elle n'a pas été à mesure de limiter efficacement les financements des déficits budgétaires de plus en plus croissants à l'époque. En dépit de ce qui précède, la Banque Centrale a continué à intervenir pour limiter l'expansion de la masse monétaire et les tensions inflationnistes en procédant au relèvement du taux de refinancement, de celui des réserves obligatoires et à la détermination des plafonds individualisés de refinancement pour que l'accès aux ressources de la Banque ne soit plus automatique. En fin de compte, la réforme des instruments de gestion monétaire devrait aboutir à une politique monétaire discrétionnaire exercé par la banque à travers le marché monétaire. * 8Adjudication à l'américaine * 9 Adjudication à la hollandaise * 10 Opérations d'open market * 11Réserves obligatoires |
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