WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Règle de Taylor: application au cas de la banque de la république du Burundi


par Thierry KWIZERA
Ouaga 2 - DEA 2018
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

RESUME

L'objectif de ce travail est d'estimer, selon la méthodologie de Taylor (1993), la fonction de réaction de la Banque de la République du Burundi. Nous testons dans un premier temps la stationnarité des variables.La méthodologie utilisée s'inspire de celle deClarida, Galí et Gertler (1998),de Mésonnier et Renne(2004) etdeDe Lucia et Lucas (2007). Dans un deuxième temps, nous estimons la fonction de réaction de la BRB par la méthode des moments généralisés. Nous utilisons la méthode de filtrage de Hodrick-Prescott comme un mode de calcul de l'écart de production utilisé dans la régression. Les résultats du test de stationnarité prouvent que toutes les variables sont stationnaires en différence première. Les résultats obtenus à partir des données annuelles (1980 à 2015), montrent que la règle estimée s'écarte de celle de Taylor. En plus, le taux de change n'a pas été pris en compte par la BRB dans la mise en oeuvre de sa politique monétaire.

Mots-clefs : filtre de Hodrick-prescott, politique monétaire, règle de Taylor, BRB.

ABSTRACT

The objective of this work is to estimate, according to the methodology of Taylor (1993), the reaction's function of Bank of Republic of Burundi. In the first time, we test the stationarity of the variables. The used methodology is inspired by that of Clarida, Galí and Gertler (1998),Mésonnier and Renne (2004), De Lucia and Lucas (2007). In the second time, we estimate the reaction'sfunction of the BRB by the Generalized Method of Moments. We use the Hodrick-Prescott filtering method to calculate the output gapused in the regression. The results of stationarity prove that all the variables are stationary in difference first. The results obtained from the annual data (1980 to 2015) show that the estimated rule deviates from that of Taylor. In addition, the exchange rate has not been taken into consideration by the BRB in the implementation of its monetary policy.

Keywords: Hodrick-Prescott filter, monetary policy, Taylor rule, BRB.

INTRODUCTION

Depuis le 19ème siècle, des débats sur la politique monétaire, basés sur « les règles » ou « discrétion », se sont multipliés. Ils opposent les partisans de la « Currency School » de ceux de la « Banking School ». Selon les auteurs de la Currency School, la masse monétaire en circulation devait être entièrement couverte par de la réserve d'or de la Banque Centrale. C'est le système de l'étalon or1(*). Ils ont eu satisfaction avec l'Act Peel, qui imposait à la Banque d'Angleterre une couverture intégrale de ses émissions par des réserves métalliques, ce qui équivalait à une première règle simple : la création monétaire doit respecter les variations du stock d'or de la Banque. La Banking School, quant à elle, estime que la masse monétaire en circulation doit être en rapport avec les besoins des agents économiques, et ce quel que soit le niveau d'or et des billets détenus par la Banque Centrale.

Dans les années 1950 et 1960, on observe une controverse entre le courant keynésien et le courant monétariste. Les monétaristes plaident en faveur des règles strictes pour éviter l'inflation et l'instabilité économique tandis que les keynésiens soutiennent une politique monétaire discrétionnaire.

Ainsi, jusqu'en 1977, à l'exception de l'Ecole de Chicago, la plupart des économistes croyaient en la supériorité de la politique monétaire discrétionnaire comparativement à celle fondée sur les règles. Une politique discrétionnaire correspond à une situation dans laquelle les autorités déterminent à chaque période les objectifs optimaux. Cependant, cette supériorité susdite a été remise en cause par Kydland & Prescott (1977) où ils montrent la primauté des règles de politique monétaires sur les politiques discrétionnaires. Selon ces auteurs, les stratégies des décideurs basées sur des règles accroissent leur crédibilité et sont plus optimales que celles qui reposent sur la discrétion.

A partir du début des années 1990, plusieurs travaux sur les règles de la politique monétaire ont été réalisés dans le but d'éclairer les Banques Centrales dans ses prises de décisions. C'est ainsi que naît, dans les travaux de Taylor (1993), une nouvelle règle de conduite de la politique monétaire dite : « règle de Taylor ». Ainsi, cette règle se définit comme une règle de la politique monétaire qui relie le niveau des taux d'intérêt à court terme à l'écart de production et de celui d'inflation. . Les Banques Centrales doivent, de ce fait, arbitrer à court terme entre variabilité de l'inflation et variabilité de la production.

Dès lors, cette règle a été considérée comme une source d'information complémentaire et un outil d'évaluation de la politique monétaire. Elle est destinée, de surcroit, à l'amélioration de la conduite de la politique monétaire et au maintien de la qualité des performances de cette politique. Elle permet, en outre, de déterminer le niveau du taux d'intérêt de court terme à partir de plusieurs variables telles que le taux d'intérêt réel d'équilibre, l'écart de production par rapport à sa tendance et l'écart d'inflation par rapport à une cible prédéterminée (Haddou, 2003).

Taylor (1999) identifie les avantages que procure une règle de politique monétaire par rapport à une politique discrétionnaire. Selon cet auteur, elle permet d'éviter les incohérences dynamiques, de rassurer les anticipations, de renforcer la crédibilité (laquelle améliore la performance), de réduire l'incertitude, de renforcer la confiance et enfin, de servir comme un outil pour l'évaluation de l'efficacité des actions menées. Toutefois, il recommande que ces règles soient simples, car leur performance est si proche de celle de la politique optimale.

La vérification de la pertinence de la règle de Taylor par l'estimation de la fonction de réaction des Banques Centrales a attiré l'attention particulière de plusieurs auteurs tant pour les pays développés que ceux en développement. On peut citer notamment Verdelhan (1998), Lünnemann & Rouabah (2003), Sibi (2002), Mésonier & Renne (2004) pour la zone euro ; Tenou (2002), Landry et Moustapha (2016), Abuka et al. (1998) pour les Banques Centrales de certains pays africains. De plus, la prise en compte des spécificités des économies conduit dans la plupart des temps à des résultats similaires ou différents et/ ouproches de ceux obtenus par Taylor.

Comme dans les autres pays, au Burundi, la mise en oeuvre de la politique monétaire relève des activités de la Banque de la République du Burundi depuis sa création en 1964. Ce privilège lui est actuellement conféré par la loi N°1/34 du 02 décembre 2008 portant statuts de la Banque de la République du Burundi (BRB).

Concrètement, la Banque Centrale a pour mission fondamentale de définir et de mettre en oeuvre la politique monétaire et de change. A cette fin, elle assure le maintien de la stabilité monétaire et la poursuite d'une politique de crédit et de change propices au développement harmonieux de l'économie du pays.

Le cadre actuel de politique monétaire de la BRB se caractérise par le ciblage des agrégats monétaires et l'utilisation des instruments indirects pour contrôler la masse monétaire et assurer la stabilité des prix.

Pour ce faire, la Banque Centrale exerce son action sur la base monétaire qui est l'objectif opérationnel de la politique monétaire. Elle veille à ce que l'évolution de la masse monétaire soit compatible au niveau souhaitable du taux d'inflation et de la croissance du PIB réel. Ainsi, la BRB n'a pas adopté le ciblage direct de l'inflation comme le font la plupart des autres Banques Centrales. Toutefois, les pays de l'East African Community(EAC), dont le Burundi fait partie, ont fixé, comme un des critères de convergence, un taux d'inflation maximum que l'on peut considérer comme cible. En plus, la BRB vise deux objectifs finals avec une priorité de la stabilité des prix.Ceci étant, c'est la règle de Taylor qui serait approprié. C'est pour cette raison que nous nous sommes intéressé dans ce travail, à mener une étude du cas de la Banque de la République du Burundi afin de conclure sur la pertinence ou non de la règle de Taylor.

Cependant, depuis 2005 jusqu'en 2015, le Burundi a toujours enregistré un taux de croissance du PIB réelrelativement faible, 0.7% en moyenne alors que le taux d'inflation annuelle reste tendanciellement très élevé (11,1% en moyenne mais avec une variabilité)2(*). Rappelons que cette situation a eu lieu au moment où le Burundi, classé parmi les pays les plus pauvres du monde, préconise d'atteindre une moyenne de taux de croissance économique de10% par an correspondant à une réduction de 50% de la pauvreté par rapport à son niveau actuel de 67%3(*).

Cet état de fait laisse penser qu'il est fort intéressant et impérieux de capter le comportement de la BRB à travers une fonction de réaction simple de Taylor et/ ou de type-Taylor. Ceci permet de capter une règle suivie par les autorités monétaires dans la prise des décisions. Ainsi, les objectifs de la BRB sont notamment d'assurer la stabilité des prix et la croissance du PIB réel.

Dans le cadre de ce mémoire, il seraitdonc important de se poser la question générale suivante : la BRB a-t-elle atteint les objectifs qui lui sont confiés ?

Selon Wicksell (1898), la fixation arbitraire du taux d'intérêt par les Banques Centrales entraine un processus cumulatif générateur de l'instabilité financière. En effet, il y a une forte chance que ce taux soit différent du rendement du capital, ce qui provoque un mouvement explosif d'inflation ou de récession.

Quant à Cateau et Murchison(2010), les règles simples de type-Taylor peuvent souvent fournir une bonne approximation de la règle optimale de la politique monétaire car lui conférant le caractère de prévisibilité dont les agents économiques privés ont besoin pour savoir comment la Banque Centrale réagira aujourd'hui et dans l'avenir.

Bien plus, De Lucia et Lucas (2007) disent que les mouvements de taux de change effectif dans la zone euro ont souvent été suivis de modifications du taux directeur. Ils ajoutent aussi que l'introduction du taux de change effectif dans l'estimation à la Taylor appliquée à la BCE a permis une nette amélioration du modèle.

Tout ceci nous amène finalement aux problèmes spécifiques à savoir le problème de la systématisation de la fixation du taux directeur et de celui d'instabilité du taux de change. Ce qui nous conduit aux questions spécifiques suivantes.

D'une part,la politique monétaire appliquée au Burundi a-t-elle une composante systématique simple de type-Taylor? Le taux de change est-elle prise en compte dans la fixation du taux directeur?

L'objectif principal de ce travail est de véri?er si la politique monétaire de la BRB peut être appréhendée à travers la règle de type-Taylor, c'est-à-dire une règle simple de politique monétaire active combinant un objectif d'in?ation et celui de production.

De façon spécifique, cette étude vise à :

- Spécifier et estimer la fonction de réaction de la BRB selon la méthodologie de Taylor, c'est-à-dire mesurer les poids implicites accordés par la BRB à l'objectif de stabilité des prix ainsi qu'à celui de la stabilisation de l'activité réelle dans ses décisions ;

- Vérifier si la BRB prend en compte le taux de change dans la fixation du taux directeur.

En vue d'apporter des éléments de réponse aux questions posées ci-haut, nous avançons les hypothèses suivantes :

- H: La fixation du taux directeur suit une composante systématique simplede type-Taylor au cours de la période d'étude.

- H: Le taux de change est pris en compte dans la fixation du taux directeur.

Pour tester ces hypothèses et pour des raisons méthodologiques, ce mémoire se développe autour de trois chapitres. Le premier chapitre traite la revue de la littérature sur la règle de Taylor. Le second chapitre quant à lui fait l'objet d'une analyse descriptive de la politique monétaire au Burundi. Enfin, le troisième chapitre est consacré à l'estimation de la fonction réaction de la BRB à l'aide des techniques économétriques.

* 1 Pour éviter toute inflation , l'émission des billets de banque doit être proportionnelle à la quantité d' ordétenue par le Bank Charter Royaume-Uni.

* 2Rapports annuels de la BRB

* 3 Vision Burundi 2025

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius