Section 2 : Le recours à la force
Aux instruments juridiques, il est possible d'utiliser, en
complément, l'exerce de la violence étatique à travers ses
moyens légitimes de répression. Il s'agit ici de la violence
légitime qui est une prérogative reconnue à la puissance
publique afin d'assurer la protection de tout un chacun contre l'arbitraire de
l'autre. Or le terrorisme n'est rien d'autre que l'expression de l'arbitraire
au regard des dégâts aveugles qu'il engendre. Précisons
qu'en dehors de solutions pacifiques, la force doit demeurer l'ultime recours
en matière d'endiguement du fondamentalisme islamiste. Au fait, les
capacités militaires des pays engagés dans la lutte contre le
terrorisme doivent être utilisées de manière efficiente
surtout s'agissant des pays d'Afrique de l'Ouest qui doivent déjà
faire face à des problèmes de premières
nécessités de leur population. Cela peut expliquer cette
négligence dans ce secteur stratégique vu le caractère
obsolète de certains équipements encore employés au sein
de la plupart des armées de ces différents États.
Toutefois, la prise de conscience s'est installée face
à la recrudescence des attaques qui ont engendré des exactions
dans quelques capitales ou villes importantes situées dans partie
occidentale de l'Afrique. La plupart du temps ces attaques ont visé soit
des zones de fort taux de radicalisation soit des lieux prisés par les
expatriés occidentaux. De ce fait, la volonté des terroristes de
porter atteinte à l'économie fragile des pays de cette
sous-région est manifeste. Employer les moyens forts dès lors que
ceux-ci arrivent à ce stade d'infiltration pour réaliser leurs
objectifs macabres est une initiative à saluer. Elle doit par contre
être menée de façon proportionnelle par rapport aux
réalités sécuritaires à travers des initiatives
nationales (I). Le continent africain ainsi que des organismes
sous-régionaux ont adopté des mesures de coercition
spécifiques au terrorisme. Leur mise en oeuvre doit devenir effective
(II)
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I-Les initiatives nationales
Ces actions doivent consister à accroitre les
capacités de réaction des États ouest-africains. Cela
pourrait passer par deux éléments :
A-L'augmentation du budget affecté à la lutte
antiterroriste
Le 4 janvier 2016, le parlement ivoirien adoptait pour la
première fois depuis son existence une loi de programmation militaire
visant à prévoir perspectives allouées à la
réforme de l'armée vu les nouveaux enjeux sécuritaires. Il
s'agit de la loi de programmation militaire 2016-2020 qui a été
dotée d'un budget de 2254 milliards de francs CFA soit 3 millions 426
080 euros)178 .
Quant au Nigéria, sous le gouvernement Buhari, son
budget de défense est passé à 6 060 milliards de nairas
(26,4 milliards d'euros). Il marque une augmentation de + 44% par rapport
à 2015179. Celui du Mali, est passé de 182,400
milliards F CFA à 211,45 milliards FCFA.
Au Niger et au Ghana, le budget de la Défense figure
parmi les secteurs prioritaires.
Ces données font montre des initiatives des
États d'accroître leur capacité de feu afin d'accomplir
avec efficacité leurs attributions opérationnelles. C'est donc
une volonté affichée de faire augmenter au fur et à mesure
les portefeuilles relatifs aux dépenses militaires.
En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, en
particulier, ces hausses viennent à point. En effet, dans la «
guerre » contre les groupes terroristes armés dans la
sous-région , chaque État doit devoir disposer de moyens humains
ayant une formation adéquation, de matériels de dernière
génération comme par exemple le recours systématique aux
technologies de l'information et du concept de « système des
systèmes » reliant la totalité des forces, typique de la
stratégie américaine telle qu'elle a été
élaborée au sein de « la révolution dans les affaires
militaires » , d'infrastructures adaptées. Ces objectifs ne
pourront être réalisés qu'en investissant dans ce
domaine.
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