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CHAPITRE 1
PROBLÉMATIQUE DU PAPR
Introduction
Les réseaux sans fil consomment de plus en plus
d'énergie et contribuent en pourcentage de plus en plus croissant aux
émissions de CO2 du secteur des TIC. Ainsi, cet impact
climatique mais aussi et surtout les questions de coût sous-jacents
tendent à recentrer la recherche dans les communications sans fil vers
une recherche de l'optimisation de la consommation d'énergie. Dans le
présent chapitre, nous aborderons la problématique du PAPR
surtout pour les modulations multiporteuses. Il faut savoir que si l'on cherche
des moyens de réduction du PAPR, c'est essentiellement parce que ces
modulations multiporteuses très prometteuses ont ce problème de
PAPR en commun. Il s'agira essentiellement dans ce chapitre de donner les
éléments qui motivent notre recherche des moyens efficaces et
économiques qui garantissent une réduction considérable du
niveau de PAPR dans les systèmes OFDM, de caractériser le PAPR
des signaux multiporteuses, en somme de montrer le besoin de réduction
du PAPR pour des communications dites green ou vertes. Ce chapitre est
organisé comme suit:
· dans une première section, après avoir
établi la nécessité d'un gain en PAPR pour les
systèmes actuels et futurs, nous analyserons les modulations
multiporteuses. Nous verrons la radio-intelligente qui pourrait rencontrer
aussi ce problème de PAPR. Nous étudierons essentiellement le
PAPR de l'OFDM qui est la modulation multiporteuse la plus populaire pour ses
multiples avantages.
· Puis dans une seconde section, nous décrirons
le PAPR, nous illustrerons les approximations rencontrées dans la
littérature de la distribution du PAPR.
· Enfin, nous aborderons les solutions courantes
proposées dans la littérature, qui jusque là permettent de
pallier au problème du PAPR.
- 4 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
1.1 Reduire la consommation énergétique
des TIC.
1.1.1 Contribution des réseaux sans fil
à la consommation énergétique des TIC.
L'optimisation de l'efficacité
énergétique des TIC doit se faire à tous les niveaux, pour
tous les types de réseaux et de services télécom. Aussi
notre étude concerne surtout les réseaux sans fil qui sont un
grand contributeur à la consommation globale d'énergie des
TIC.
Selon une étude ménée par SMART 2020
(intitulée : enabling the low carbon economy in the information
age), qui est un groupe de travail sur les changements climatiques, les
émissions en C02 provenant des TIC représenteraient 530
mégatonnes de CO2 en 2002 et 830 mégatonnes en 2007.
C'est environ 2% des émissions humaines de CO2 et
équivalent à ceux de l'aviation mondiale [2]. Dans les TIC, la
contribution de la communication mobile était de 64 mégatonnes de
CO2 en 2002. Cela peut paraitre assez faible (12% des émissions de TIC),
mais il devrait croître de près d'un facteur de trois à 178
mégatonnes en 2020 avec l'augmentation du trafic de données sans
fil et avec le déploiement de stations de base supplémentaires
pour la prochaine génération (4G) des réseaux mobiles. La
fraction la plus importante des émissions de CO2 se produit
dans le réseau d'accès. Comparée à cette
consommation, l'énergie consommée (et les émissions de
CO2 qui vont avec) à la fois par les appareils mobiles et des
serveurs dans le réseau de base est plus faible d'un facteur de 4 ou 5
[4].L'infrastructure d'accès sera donc la clé des "Green ICT",
des communications plus efficientes énergétiquement.
Le problème de l'efficacité
énergétique même s'il n'est pas tout à fait nouveau,
a eu un regain d'intérêt depuis ces dernières années
surtout avec les modulations mul-tiporteuses. Comme en témoigne
l'établissement du consortium EARTH dont l'ojectif est de reduire la
consommation énergétique des TIC. EARTH vient de l'accronyme
Energy Aware Radio and Network Technologies. Le consortium EARTH est
composé d'institutions académiques de haut niveau, de
prestataires de services en télécommunications et de fournisseurs
de composants et d'infrastructures; il espère pouvoir réduire la
consommation énergétique de 50% d'ici fin 2020. Le projet
souhaite réduire les émissions de dioxyde de carbone
(CO2) dans le secteur des TIC et faciliter la mise en oeuvre de
services sans fil à large bande respectueux de l'environnement.
Ce stage s'addresse surtout à l'optimisation de
l'efficacité énergétique au niveau des réseaux sans
fil, et plus particulièrement au niveau du réseau
d'accès.
La Figure 1.1 permet de mieux comprendre la
répartition de la consommation d'énergie dans les réseaux
sans fil, ceci nous permet de nous apercevoir plus aisement des parties du
réseaux les plus "gourmands" en énergie.
- 5 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
Réseaux sans fil % TICS 12%
réseau d'accès % Réseaux sans
fil 57%
Ampli ficateurs % BTS 65%
Matériel Fourniture en énergie
Module Traitement de signal
Figure 1.1: Répartition de la consommation
d'énergie dans les réseaux sans fil
Nous montrons à travers la Figure 1.1 que
l'intérêt pour l'étude de l'amplificateur de puissance
n'est pas fortuit. En effet au niveau des composants, un énorme
potentiel d'économie d'énergie peut être obtenu grâce
aux amplificateurs de puissance.
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
Amplificateurs
65%
7.5%
Fourniture d'énergie
10%
Traitement signal
17.5%
- 6 -
Circuits de Refroidissement
Figure 1.2: Répartition de la consommation
d'énergie par composants pour les stations de base.
La Figure 1.2 confirme bien que la plus grande consommation
d'énergie dans les stations de base se trouve au niveau des
amplificateurs de puissance. Réduire la consommation d'énergie
des réseaux sans fil passe donc par une optimisation
énergétique des amplificateurs de puissance.
1.1.2 Amplificateur de puissance.
L'amplificateur est un élément non
linéaire de la chaine de communication. Il est caractérisé
par ses relations entrées-sorties AM/AM (pour "Amplitude/Amplitude") et
AM-PM (pour "Amplitude/Phase") appelées aussi caractéristiques de
transfert ou conversions AM/AM et AM-PM, qui ont une allure typique pour tous
les amplificateurs de puissance à l'état solide [9]. La
caractéristique AM/AM de l'amplificateur de puissance se divise en trois
zones :
· zone linéaire: dans cette zone, l'amplificateur a
un comportement linéaire. La
- 7 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
puissance de sortie est proportionnelle à la puissance
d'entrée selon un rapport appelé gain de l'amplificateur. Les
puissances d'entrée sont faibles dans cette zone, mais les distorsions
engendrées sont quasi inexistantes. Pour éviter les distorsions,
on a intérêt à avoir des amplicateurs qui fonctionnent dans
cette zone linéaire.
· zone de compression: dans cette zone, la sortie n'est
plus proportionnelle à la puissance d'entrée. La courbe commence
à s'incurver, on amorce la plage de la non-linéarité. Les
distorsions du signal apparaissent et sont de plus en plus importantes.
· zone de saturation : dans cette zone, la puissance de
sortie est quasi constante quelle que soit la puissance d'entrée. On
parle alors de puissance de saturation. On cherchera à éviter
cette zone car cette zone engendre une distorsion dramatique du signal.
Notion de rendement
Un amplificateur de puissance est un dispositif
transformateur d'énergie, présentant deux entrées et une
sortie : les entrées d'alimentation et de signal à amplifier, et
une sortie pour le signal amplifié. L'alimentation de l'amplificateur
fournit une puissance totale Pdc, qui idéalement
devrait être entièrement convertie en puissance utile
Ps, sans perte de conversion. Malheureusement, en
réalité, il faut aussi considérer une puissance de pure
perte Pdiss dissipée au sein de l'amplificateur,
comme indiqué sur le schéma de bilan de puissance de la Figure
1.3.
Puissance d'alimentation
Puissance de sortie
Ps
Pdc
Pdiss
Puissance dissipée
Puissance d'entrée
Pe
Figure 1.3: Bilan de puissance de l'amplificateur.
On parle de rendement énergétique ou rendement
de puissance pour donner une mesure de la quantité
Pdc qui a été effectivement convertie en
Ps. Les valeurs de rendement fournissent une information
à propos des pertes Pdiss. Le rendement DC, est
défini
- 8 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
comme le rapport entre la puissance Ps
fournie à la charge (l'antenne en l'occurrence), et la consommation DC
de l'amplificateur. La consommation en énergie d'un amplificateur de
puissance est étroitement liée à son rendement, il est
donc important de faire fonctionner l'amplificateur avec le plus grand
rendement possible. Cependant, un amplificateur de puissance fonctionnant
à rendement maximal se trouve proche de la zone de
non-linéarités (voir Figure 1.4 ).
Figure 1.4: Caractéristique d'un ampli~cateur de
puissance intégrant rendement et non linéarités
La Figure 1.4 montre la caractéristique d'un
amplificateur de puissance intégrant rendement et
non-linéarités. On peut se rendre compte que plus le rendement
est grand, plus on est proche de la zone de non-linéarités. En
outre en étant proche de cette zone de non-linéarités, il
faudrait des signaux qui aient une faible dynamique afin que leurs
éventuelles fluctuations n'amènent pas le signal dans la zone non
linéaire. On comprend bien que l'amplificateur à rendement
optimal se concilie mal avec les signaux à grande dynamique tels que les
signaux multiporteuses.
On voit sur la Figure 1.4 que le rendement de l'amplificateur
de puissance est maximal dans sa zone de saturation. Malheureusement c'est dans
cette zone que les signaux à forte dynamique de type multiporteuses
(généralement à fort PAPR) subissent le plus la
- 9 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
non-linéarité de l'amplificateur.
Figure 1.5: Evolution de la dynamique des signaux radio
mobile au fil des générations.
La Figure 1.5 illustre l'évolution du PAPR au fil des
générations de réseaux radio mobile. Le PAPR est au plus
bas avec les modulations de la 2G(GSM), et augmente pour être à
son maximum avec l'adoption des modulations multiporteuses de type OFDM
(4G).
1.2 Modulations multiporteuses
Les techniques dites multiporteuses consistent à
transmettre des données numériques en les modulant sur un grand
nombre de porteuses en même temps. Ce sont essentiellement des techniques
de multiplexage en fréquence. La plus répandue de ces modulations
multiporteuses est l'OFDM. C'est ce type de modulation que nous avons
considéré dans notre travail.
L'OFDM est utilisée dans plusieurs standards de
communication. On peut citer entre autre, l'ADSL, le WiFi le WIMAX appartenant
à la famille du standard IEEE 802.xx et permettant la transmission de
données sans fil haut débit. L'OFDM est aussi utilisée
dans la DAB, dans la DVB et dans le LTE pour la future norme de réseau
mobile 4G [3].
Si le problème d'éfficacité
énergétique se pose déja pour les systèmes OFDM,
c'est surtout pour ceux à venir (5G1) à base de
transmissions multistandards, de la radio réalisée par logiciel
SDR, d'accès dynamique du spectre (Dynamique Spectrum Access). . . C'est
aussi pour cette génération de radio mobile pour lequel persiste
également le problème de l'efficacité
énergétique des modulations multiporteuses, que réside
l'intérêt d'une étude sur le PAPR.
1la 5G est le nom générique de la
future génération radio mobile qui succèdera à la
4G
- 10 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
1.2.1 Radio intelligente
Actuellement, nous sommes en présence de plusieurs
standards de communication souvent incompatibles entre eux. La
multiplicité des standards de télécommunication fait
apparaître la nécessité de disposer de terminaux
multistandards et reconfig-urables. Ces nouvelles fonctionnalités
trouvent leurs réponses dans le domaine de la radio logicielle, c'est
à dire la radio réalisée par logiciel (par la seule
modification du logiciel embarqué, on peut changer de standard de
communication).
De tels terminaux ne sont pas encore réalisables pour
des raisons technologiques liées à la complexité
nécessaire à leur réalisation (convertisseurs ultra
rapides, processeurs reconfigurables, antenne très large bande,....).
En se basant sur une véritable technologie radio
logicielle, la radio intelligente va encore plus loin dans la prospective en
dotant le terminal de capteurs qui lui permettront de s'adapter et de
réagir vis à vis de son environnement. La radio devient alors
décentralisée et flexible se détachant de la notion de
standards, pouvant par exemple transmettre de façon opportuniste une
communication dans une bande qui aura été détectée
comme libre. Le capteur spectre dont l'objectif est de déterminer la
ressource spectrale disponible pour transmettre une communication dite
"opportuniste". Cet accès opportuniste au spectre, en permettant la
transmission sur une large bande de spectre peut surtout genérer des
signaux à fort PAPR. La 5G qui viendra après la 4G, pourrait
introduire le concept de radio intelligente dont l'objectif est de permettre
une radio capable d'être alerte face à son environnement. Cette
radio doit être en mesure d'observer les conditions de son environnement
(grâce à des capteurs) les conditions en matière de
ressources spectrales, de standards disponibles,...; de prendre des
décisions en fonction de ses observations et de modifier son
fonctionnement en conséquence. Joe Mitola qui est à l'origine de
la "Sofware Define Radio" définit le "Cognitif Cycle" en six
étapes:
· observe: Prendre conscience de l'environnement (par
exemple de ses caractéristiques en matière de ressources
spectrales disponibles).
· Orient: Orienter le traitement selon divers niveaux de
priorité (normal, urgent,immédiat).
· Plan: Planifier les meilleures configurations
possibles suivant les priorités précédentes.
· Decide: Allouer les ressources.
· Act: Effectuer la reconfiguration de
l'équipement.
· Learn: Apprendre des échecs ou des
réussites des précédentes reconfigurations
[8]
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
Ce projet de fin d'études a été
réalisé au sein du laboratoire SCEE2, qui depuis
plusieurs années s'est spécialisé dans l'étude de
la radio intelligente. En outre la présente étude concerne
essentiellement l'aspect gestion énergétique de
la radio intelligente, comment en prévision de leur deploiement,
augmenter l'efficacité énergétique des futurs
réseaux (5G) qui seront multi-standards, multi-modes et qui auront par
défaut un PAPR élévé. Nous citerons ici le travail
de SAJJAD Hussain qui a montré une certaine équivalence
gaussienne entre un signal OFDM et un multiplex de porteuses multistandards
[8]. Dans le paragraphe suivant, nous montrerons l'équivalence entre les
signaux de la radio-intelligente qui sont des signaux multi-standards et les
signaux OFDM. Cette équivalence nous permet d'approximer le PAPR des
signaux de la radio-intelligente par celui de l'OFDM.
Soit x(t) un signal composé de S standards
Si(t) (i = 1,...,S). x(t) est alors exprimé
comme :
S
x(t) = ? Si(t) (I.1)
i=1
Le signal x(t) sera qualifié de composite.
Chaque signal Si(t) est associé à un standard
composé de Pi porteuses. Un signal Si(t) s'exprime
alors par :
Pi
Si(t) = ?
ri,p(t)e2iðfi,pt.
(I.2) p=1
Ici ri,p(t) représente la
réponse complexe utile du signal après filtrage et modulation sur
la porteuse p dans le standard i. Dans ce cas, ri,p(t) =
femi(t)*mi,p(c(t)) , où
mi,p(c(t)) et femi(t) représentent
respectivement les fonctions de transfert de la modulation et du filtre de mise
en forme, pour la porteuse p et le standard i. On en déduit alors
que:
x(t) =
|
S
?
i=1
|
Pi
?
p=1
|
femi(t)
*mi,p(c(t))e2iðfi,pt.
(I.3)
|
|
L'équation I.3 définit ainsi l'expression
générale d'un signal multi-standard appelé encore signal
radio logiciel. On peut remarquer une équivalence analytique entre un
signal multistandard et un signal OFDM (l'écriture d'un symbole est
donné par l'équation I.12. Si l'espace entre les porteuses
fi,p est constant (= ä p) pour tous
les standards considérés, le signal radio logiciel défini
dans l'équation I.3, s'écrit :
x(t) =
|
S
?
i=1
|
Pi
?
p=1
|
ri,p(t)e2ið((p-1)äp)t
(I.4)
|
|
- 11 -
2Signal, Communication et Electronique
Embarquée: SCEE est une équipe de recherche du Campus de Rennes
de Supélec, membre de l'IETR (Institut d'Electronique et de
Télécommunications de Rennes - UMR CNRS 6164), groupe AC
(Automatique et Communications)
- 12 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
Une hypothèse forte en OFDM réside dans le fait
que tous les échantillons du signal modulé suivent un loi normale
centrée et de variance donnée. Ceci est dû au
théorème de la limite centrale, en supposant que les symboles qui
effectuent la modulation OFDM sont indépendants et suivent la même
loi.
En extrapolant cette hypothèse à un signal
radio logicielle et toujours en vertu du théorème de la limite
centrale, les échantillons du signal x(t) de
l'équation I.3 suivent une loi normale. La fonction de
répartition du PAPR d'un signal radio logiciel est alors
équivalente à celle d'un signal OFDM I.4. Cette
équivalence démontrée par SAJJAD Hussain dans sa
thèse "Peak to Average Power Ratio Analysis and Reduction of
Cognitive Radio Sig-nals"[8], va être utilisée lors de notre
travail et nous allons donc étudier uniquement le PAPR des signaux
OFDM.
1.2.2 OFDM: Orthogonal Frequency Division
Multiplexing
L'OFDM est la plus populaire des modulations multiporteuses
à cause d'une part de son implémentation facilitée par les
opérations IFFT/FFT et aussi de son usage optimal du spectre.
Néamoins l'OFDM possède des inconvénients qui sont le
problème de synchronisation et aussi et surtout son fort PAPR. Dans
cette section nous allons tout d'abord introduire cette modulation, sur
laquelle sera basée notre étude du PAPR, ensuite nous analyserons
les distributions du PAPR d'une telle modulation.
L'idée maitresse dans la formation du signal OFDM est
l'usage d'un multiplexage fréquentiel de sous-porteuses sous certaines
conditions d'orthogonalité qui permettra essentiellement d'éviter
l'interference entre les symboles (IES). Le multiplexage consiste à
repartir l'information à transmettre à fort débit sur un
grand nombre de sous bandes modulées à bas débit.
Contrairement aux systèmes FDM classiques, où les sous bandes
OFDM se chevauchent, mais une condition d'orthogonalité permet
d'éviter l'interférence entre les sous-porteuses. Cette
contrainte est définie d'un point de vue fréquentiel (choix de
l'écart entre les sous-porteuses) mais aussi d'un point de vue temporel
(choix de la fonction de mise en forme) à cause de la dualité
temps fréquence. La fonction de mise en forme la plus utilisée
est la fonction porte où l'écart entre les sous-porteuses est
donné par:
Äf = 1 TS où TS est la
durée d'un symbole OFDM utile. Ainsi les N fréquences porteuses
possibles sont définies par la rélation suivante:
k
fk = f0 + (I.5) TS
où k = 0...N - 1 et
f0 est la fréquence centrale.
Soient Øn,k une base de
signaux élémentaires définis pour k variant de 0
à N -1 et pour
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
n variant de -8 à
+8 par la relation :
Øn,k = gk(t - nTS) (I.6)
tel que:
gk(~
ej2ðfkt si 0 <
t < TS ( ) t) = 0 si
t > TS I.7 La base ainsi construite est orthogonale. Le signal
OFDM est alors décrit comme:
e(t) =
|
+8
?
n=-8
|
N-1
?
k=0
|
Ck(n)Øn,k(t) (I.8)
|
|
avec Ck(n) représentant le symbole complexe
à transmettre sur la k ieme sous-porteuse du
nsymbole OFDM. Á partir des équations I.8 et I.7, nous
pouvons écrire:
e(t) =
|
+8
?
n=-8
|
N-1
?
k=0
|
Ck(n)ej2ðf0tej2ð
TSk (t-nTS)gk(t -nTS)
(I.9)
|
|
La réalisation analogique d'un modulateur OFDM peut
sembler complexe, puisqu'il faudrait en toute logique N modulateurs,
bien synchronisés, et dont les fréquences sont espacées
d'exactement 1TS. Si l'on considère et
sans perte de généralités un seul symbole OFDM,
l'enveloppe complexe du signal émis s'écrit:
e(t) =
|
N-1
?
k=0
|
Ck(n)ej2ðf0tej2ð TS k
(I.10)
|
|
- 13 -
Il est important de noter ici que la relation I.10 peut
ètre réalisée grace à la transformée de
fourier discrète Inverse (TFDI ou IDFT Inverse Discrete Fourier
Transform) et peut ètre implémentée facilement à
l'aide de la TFR (Transformée de Fourier Rapide, en englais FFT Fast
Fourier Transform). Comme le montre la Figure 1.6, les symboles sont d'abord
réunis pour former un vecteur de N élements par une
transformation série parrallèle. Ensuite chacune des composantes
de ce vecteur module une sous-porteuse OFDM; ceci est effectué au moyen
de l'opération IFFT.
- 14 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
Figure 1.6: Modulateur OFDM numérique.
La démodulation se fait par une transformée de
fourier (FFT) du signal reçu et échantilloné au rythme
TS (voir Figure 1.7).
Figure 1.7: Démodulateur OFDM numérique.
Les avantages de l'OFDM sont nombreux:
· une utilisation efficace des ressources
fréquentielles en comparaison avec les solutions traditionnelles de
multiplexage fréquentiel.
· Une égalisation numérique et un
décodage simple et optimal grace à l'utilisation de l'intervalle
de garde.
- 15 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
· Les techniques multiporteuses sont robustes au bruit
impulsif puisque chaque sous-porteuse est affectée d'un bruit
indépendant des autres sous-porteuses. Contrairement aux modulations
monoporteuses où le bruit peut affecter un certain nombre de symboles
transmis, la perte d'un symbole dû à un bruit important n'affecte
pas les autres symboles [5].
· Enfin, il est à noter que l'estimation du canal
dans le contexte OFDM est possible et se fait généralement par
l'envoi de séquences d'apprentissage dans le domaine
fréquentiel.
L'OFDM ne possède pas que des avantages. En effet
l'OFDM est très vulnérable aux problèmes de
décalage en fréquence (frequency offset) et de
synchronisation. Dans le premier cas, le frequency offset engendre de
l'interférence entre sous-porteuses (ICI Inter-Carrier Interference) qui
peut détruire l'orthogonalité des sous-porteuses. Dans le second
cas, les erreurs de synchronisation induisent un déphasage sur les
symboles reçus (ISI Inter-Symbol Interférence) [5]. Aussi, l'un
des principaux inconvénients du signal OFDM est le fait qu'il a une
grande dynamique, ce qui engendre des symboles temporels à fortes
variations d'amplitude (à PAPR élevé). Le signal OFDM est
très sensible aux non-linéarités des composants
analogiques, et surtout incompatible avec un fonctionnement
énérgétique optimale des amplificateurs de puissance.
D'où l'intérêt de trouver des solutions économiques
et à complexité réduite qui garantissent des signaux OFDM
avec un niveau de PAPR réduit.
1.3 PAPR des signaux multiporteuses de type
OFDM
Définition du PAPR
J.Palicot et Y. Louet ont proposé dans [11] une
généralisation de la définition du PAPR. Aussi dans le
cadre de ce stage la définition adoptée à
été celle du PAPR des signaux en bande de base et en
émission. On peut definir le PAPR comme étant une mesure de la
dynamique ou de la quantité de fluctuations d'amplitude des signaux. Il
est défini comme étant le rapport de la puissance crête (ou
puissance instantanée maximale) d'un signal sur la puissance moyenne de
ce signal. Le PAPR du signal OFDM s(t), est défini par
l'expression suivante: :
PAPR([s]) =
|
max s(t) 2
0=t=Ts
(I.11) Ps
|
|
où max s(t) 2 est la
puissance crête et Ps est la puissance moyenne. Soit
s(t) un signal OFDM sur-échantillonné à
une fréquence fs = NL/Ts, où L est le
facteur de sur-échantillonnage, N le nombre de sous-porteuses
et Ts est le temps symbole. Soient
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
sn,0 = n =
NL les échantillons de s(t),
c'est-à-dire :
1
N-1
?
k=0
vN
sn =
Cke( j2ðkn
N ) (I.12)
et on a aussi :
max
|sn|2
0=n=NL(I.13)
PAPR([s]) =
E(|sn|2)
max
|sn|2
0=n=N
= ø] = 1
P
2 (I.15)
Pr[|PS
= ø],
= Pr[
N-1
?
n=0
S
- 16 -
où Ck réprésente
l'élément modulé sur la sous-porteuse k et
sachant que Ps =
E(|sn|2) avec
E désigne l'espérance mathématique.
1.3.1 Distribution du PAPR des signaux OFDM
Le signal OFDM est une combinaison linéaire de N
variables indépendantes et identiquement distribuées. C'est
donc une variable aléatoire ayant de grandes variations d'amplitude. Le
PAPR d'un signal étant de fait une variable aléatoire, une
étude statistique s'impose. Ceci passe par la détermination de la
distribution (fonction de répartition) du PAPR. D'après le
théorème de la limite centrale, le signal discret OFDM bande de
base (facteur de sur-échantillonnage=1), sn,
défini par l'équation I.12 converge vers une distribution
Gaussienne complexe pour un nombre de sous-porteuses, N assez
élévé. Par conséquent, l'amplitude du signal OFDM
converge vers une distribution de Rayleigh pour de grandes valeurs de N
comme l'illustre la fonction densité de probabilité de
l'amplitude de sn qui s'écrit comme suit :
2r r2
Ps(r
=|sn|) =
e-Ps ,r = 0
(I.14) Ps
où Ps =
E(|sn|2)
est la puissance moyenne du signal OFDM discret. La fonction de
répartition du PAPR connu sous le nom de CCDF ("Complementary Cumulative
Distribution Function") est égale :
CCDF[s](ø) =
Pr[PAPR = ø]
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
en considérant l'indépendance entre les
symboles sn. Comme,
|sn| est une variable
aléatoire de Rayleigh dont la fonction densité de
probabilité est donnée par l'équation
I.14 alors,
2 ~\/øPS
Pr[|PS
= ø] =
Pr[|sn| =
\/øPS = Jo ps(r)dr (I.16)
En substituant l'équation I.16 dans l'équation
I.15, la CCDF du PAPR du signal OFDM discrétisé à la
fréquence de Nyquist (c'est-à-dire pour un facteur de
sur-échantillonnage L = 1) vaut:
CCDF[s](ø) = 1 -
(1-
e-ø)N
(I.17)
Cette expression de la CCDF du PAPR a été
prouvée pour la première fois par R. van Nee et A. de Wild [12].
De l'équation I.16, on peut calculer la fonction densité de
probabilité du PAPR qui vaut :
?
p[PAPR](ø) =
CCDF[s](ø) =
Ne-ø(1
-e-ø)N-1
(I.18) ?ø
Il a été montré par H. Ochiai et H. Imai
[10] que la valeur moyenne du PAPR vaut :
(I.19)
+8
E[PAPR] =
f
øp[PAPR](ø)dø
i
=N
J+~
øe-ø(1
-e-ø)N-1dø
1
~= Ceuler +ln[N]
oÙ CEuler est la constante
d'Euler-Mascheroni utilisée principalement en théorie des
nombres, définie comme étant [7]:
CEuler = lim [
N?+8
|
N
?
k=1
|
1 k
|
- ln[N]] ~=
0.57721. (I.19)
|
|
- 17 -
La distribution du PAPR obtenue en I.16 n'est pas une
distribution exacte du PAPR du signal OFDM continu, c'est une valeur
approchée du PAPR de l'OFDM à la fréquence de Nyquist
(facteur de sur-échantillonnage de 1). Il existe des
développements de la distribution du PAPR du signal OFDM continu
(facteur de sur-échantillonnage supérieur à 1) bande de
base qui sont déterminés soit de facon empirique ou soit de facon
analytique. R. van Nee et A. de Wild [10] proposent une formule empirique de la
CCDF du PAPR pour un signal OFDM continu bande de base :
CCDF(ø) ~= 1
- (1 -
e-ø)2.8N (I.20)
Par la suite, Ochiai et Imai ont proposée une
approximation de la distribution de la CCDF du PAPR [7]:
( 1 si ø = ø
CCDF(ø) ~=
1- (1 -
vøe- 4-1
)v3Nvøe
ø (I.21)
vøe-ø
sinon
- 18 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
ø étant le paramètre qui influe sur
l'acuité des résultats, on peut optimiser les résultats en
fonction de ø. Les meilleures performances obtenues par Ochiai et Imai
étant pour ø ð. Plus tard, Zhou et Caffery
dans [14] proposent une borne supérieure pour la
CCDF du PAPR :
r ð
CCDF(ø) = 3
Nvøe-ø
(I.22)
Y. Louet et S.Hussain ont proposé dans [7] une
nouvelle fonction de distribution du PAPR des signaux continus OFDM en bande de
base.
CCDF(ø) ~= 1
-(1
-eø)ô2Nì
,ô2 = (5.12 ve
)ì e-0.5704, ì = 1.07 (I.22)
et N est le nombre de sous-porteuses du symbole
OFDM.
1.4 Solutions possibles au problème du
PAPR
1.4.1 Formes d'onde à PAPR très faible:
GMSK
Il existe des modulations dont le PAPR est nul ou très
faible. C'est le cas des modulations à enveloppe constante comme le GMSK
utilisé dans le GSM. Et plus généralement les modulations
de phase. Comme l'information n'est pas transportée par l'amplitude, ces
modulations ont une amplitude constante donc un PAPR très faible en
bande de base. On peut donc amplifier ces signaux en se mettant au point de
saturation, ce qui évitera tout traitement de
non-linéarités et avec un rendement maximal de
l'amplificateur.
X(t) =
Acos(ùpt + ö(t))
(I.23)
avec ö(t) = Kp *
m(t) et m(t) est le signal modulant.
Le GMSK est certes à PAPR très faible mais son
exploitation du spectre n'est pas optimal, la nouvelle forme d'onde
étudiée dans ce stage devrait avoir un PAPR très faible
comme celui du GMSK mais conserver tous les avantages que l'on connait à
l'OFDM.
1.4.2 Techniques de réduction du PAPR
Ce sont des techniques qui agissent sur le signal de sorte
à dimunier sa dynamique. A la sortie on obtient un signal à PAPR
réduit. Une multitude de techniques a été
developpée. Nous ne ferons pas ici un état de l'art de toutes les
techniques de réduction du PAPR, mais il convient de remarquer que d'une
part aucune des techniques développées jusqu'à ce jour
n'arrive à réduire complètement le PAPR, en plus la
majorité des techniques de réduction du PAPR ne sont pas à
compabilité descendante (c'est à dire que pour les
- 19 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
utiliser nous avons besoin de faire une mise à jour
matérielle des équippements qui les implémentent, disons
des systemes reconfigurables), en outre la pluspart des techniques de
réduction du PAPR introduisent soit des distorsions sur le signal
(dégradations du TEB, remontée du spectre hors bande,...) soit
induisent une baisse de débit à cause de l'information de biais
(side information) nécessaire à leur mise en oeuvre.
Néamoins la technique basée sur la nouvelle forme d'onde
s'inspire de certaines techniques traditionnelles de réduction du PAPR
notamment les techniques d'ajout de signal que nous détaillerons dans le
chapitre 2.
1.4.3 Recul d'entrée et de sortie de
l'amplificateur
Cette solution consiste à utiliser l'amplificateur
dans sa zone de fonctionnement linéaire. Pour cela, on surdimensionne
l'amplificateur et on s'éloigne ainsi de la zone non-linéaire.
C'est actuellement la solution la plus utilisée par de nombreux
systèmes pour éviter les problèmes de PAPR.
Figure 1.8: Caractéristique d'un ampli~cateur de
puissance intégrant rendement et non linéarités
On se rend vite compte que cette solution n'est pas
très optimale car dans la zone linéaire l'amplificateur a un
rendement très bas donc une importante consommation d'énergie.
1.4.4 Les méthodes qui portent sur
l'amplificateur
On peut aussi mettre en place des dispositifs qui agissent
sur l'amplificateur pour modifier son fonctionnement. Certaines techniques,
comme la contre-réaction, l'approche
- 20 -
Chapitre 1 : Problématique du PAPR
feedforward ou la pré-distorsion agissent sur
l'amplificateur. Le principe de la pré-distorsion par exemple est de
pré-déformer le signal pour compenser les distorsions
ultérieures dûes à l'amplificateur.
A titre d'exemple, un circuit de prédistorsion
analogique est conçu pour générer à une
fréquence donnée, des courbes de conversions AM/AM et AM/PM
inverses à celle de l'amplificateur de puissance à
linéariser. Ainsi on peut augmenter le rendement de l'amplificateur sans
toute fois tomber dans les zones de non-linéarité.
La technique utilisée dans ce stage relève
plutôt de la première catégorie de techniques pour pallier
au problème du PAPR, en fait l'objectif de ce stage est d'étudier
une nouvelle forme d'onde OFDM qui aurait un PAPR très faible et
réglable.
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