Introduction
La prospérité est une période de
croissance économique où la bonne qualité de vie de
l'ensemble de la population de la région géographique est
qualifiée de prospère. Elle est le résultat d'un faible
taux de chômage, d'une économie florissante, d'une
stabilité politique, d'une qualité de soins de santé
disponible et d'une appréciation générale des individus de
leur condition. Etymologiquement parlant, Selon le Dictionnaire historique de
la langue française, c'est au xiie siècle que le terme de
prospérité a acquis une partie de son sens actuel : "État
de ce qui est prospère, heureuse situation". Il vient du latin «
prosperare » qui signifie faire réussir ou obtenir le
succès. Par contre, le sens économique du terme
prospérité ; « état d'abondance, augmentation des
richesses », est quant à lui beaucoup plus tardif puisque l'usage
ne semble avéré qu'à partir de 1751, avec la naissance de
l'économie politique. Depuis la fin des années 1990 de nombreux
groupes de réflexion proposent de remettre en cause les instruments
d'évaluation des performances d'une société.
Selon Dahl, La notion de prospérité est
multidimensionnelle. Elle ne signifie pas uniquement le bien-être
matériel, mais de plus en plus la prospérité fait
référence au progrès social voire spirituel. Elle inclut
ou devrait inclure la « prospérité environnementale »,
qui peut être définie comme la préservation d'un
environnement riche et productif. La prospérité doit
également refléter la richesse des interactions entre les membres
de la société et la dimension spirituelle du monde dans lequel
ils vivent (Dahl, 2005).
Tim Jackson définit la prospérité comme
« un état dont nous jouissons quand les choses vont bien pour nous,
en conformité avec nos espoirs et nos attentes. »
(Prospérité sans croissance : transition vers une économie
durable 2010, p. 19). L'auteur pense que l'idée de
prospérité renvoie à un imaginaire de l'abondance et du
toujours-plus, indissociable de la croissance et que nos espoirs et attentes
sont d'abord matériels (Semal, 2011).

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Dans les trois précédentes parties, nous avions
progressivement décortiqué l'économie de la Tunisie
à travers ses trois secteurs d'activités miroirs. Il serait
traité dans cette partie, le niveau de prospérité que
connait la Tunisie par rapport et en fonction du classement mondial en
présentant les fondamentaux de la prospérité
économique, l'évolution de la prospérité selon les
régions et en fin nous présenterons le profil de pays en
l'occurrence la Tunisie de façon à procéder à une
étude comparative de la prospérité en se basant sur le
rapport de legatum institut.
3.1 Le profil de la prospérité de la
Tunisie
La Tunisie fait partie des pays les plus concerné par
la notion de prospérité économique. Entre 2009 et 2019,
plusieurs évènements se sont déroulés contribuant
à l'occasion au ralentissement de la prospérité
économique, notamment la crise de 2011 causant ainsi la perte de
beaucoup de place durant la période 2009-2018. La Tunisie a perdu 22
places passant de la 77eme en 2009 à la 98eme en 2018. Comme le reste du
monde, la Tunisie court tout aussi à la quête d'une
prospérité qui se manifeste par l'amélioration de son rang
en 2019 gagnant ainsi trois rangs par rapport à 2018, quittant de la
98eme place à la 95eme.
La prospérité tunisienne connait une
évolution régressive depuis 2009. Le classement de « legatum
institute » de cette dernière décennie révèle
que, depuis 2009, la Tunisie ne fait que décroitre son score en passant
du 73e rang en 2009 au 95e rang en 2019 avec un score de
54,7.
L'examen des domaines présente une structure
décroissante à tous les niveaux à hauteur de 53.4 en 2009
à 52.7 en 2019 pour celui de société inclusive. Les quatre
piliers de la société inclusive présente une structure
plutôt appréciable. Pour le pilier de sécurité et
sureté, le score est passé de 71.2 en 2009 à 61.6 en 2019
en perdant 55 rangs ; la liberté individuelle régresse de 35.9 en
2009 à 53.4 en 2019 en gagnant 44 rangs ; celui de la gouvernance passe
de 51.9 en 2009 à 53.3 en 2019 et gagne 4 rangs. Par contre le pilier de
capital social perd 99 rangs en passant de 54.6 en 2009 à 42.6 en
2019.
L'examen du deuxième domaine, celui d'économie
ouverte, présente une structure en voyants led au rouge. Le domaine
baisse de 26 rangs de 2009 à 2019 en passant d'un score de 51.9 en 2009
à 48.5 en 2019. Le pilier de l'environnement d'investissement
régresse de 28 rangs avec un score de 50.9 en 2019 contre 56.1 en 2009 ;
les conditions d'entreprise baissent de 52 rangs avec un score de 50.9 en 2019
contre 58.2 en 2009 ; l'accès au marché et infrastructure
régresse de 11 rangs avec un score de 49.9 en 2019 qui est en
amélioration par rapport à 2009 avec un

score de 44.1 ; le pilier de qualité économique
connait une chute constante dans la décennie 2009-2019. Il baisse de 35
rangs en 2019 avec un score de 42.4 contre 49.5 en 2009.
Le domaine de personnes habilitées est en
amélioration avec une évolution de score de 61.5 en 2009 à
62.9 en 2019, malgré la régression de 5 rangs. L'examen de ses
piliers présente une amélioration de trois piliers ; de
conditions de vie avec un score de 76.7 en 2019 contre 74.2 en 2009 ; celui de
l'éducation passant de 54.2 en 2009 à 57.8 en 2019 ; et celui de
l'environnement naturel passant de 46.3 en 2009 à 46.5 en 2019 ; seul
celui de la santé, malheureusement, connait une baisse de score passant
de 71.2 en 2009 à 70.4 en 2019, malgré le gain de 2 rangs.
Malgré l'amélioration de scores de trois piliers (de conditions
de vie, éducation et environnement naturel) ; la Tunisie connait une
régression en terme de rang soit 3 rangs pour les conditions de vie, de
15 rangs pour l'éducation et en fin de 7 rangs pour l'environnement
naturel.
Graphique 6 : La prospérité
tunisienne et son évolution

Le graphique nous révèle que la Tunisie et en
recule en terme de rang de la prospérité passant du 71ème
en 2007 au 99ème en 2020. Cela signifie que la Tunisie connait une
détérioration de la prospérité dans le temps et
cela est continuel.
Graphique 7 : Le pilier de Société
inclusive (cas de la sécurité et la sureté)


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Un examen du graphique ci-dessus révèle que le
rang de la Tunisie connait une régression depuis 2010 passant du
78ème au 125ème en 2020 à la suite
d'un pic en 2019 atteignant la 126ème place.
Graphique 8 : Le pilier de Société
inclusive (cas de liberté individuelle)

En matière du la liberté individuelle, la courbe
du graphique présente une allure en V du fait que, la Tunisie a connu
une amélioration du rang entre 2010 et 2016 partant du
136ème au 82ème. Cependant, à partir
de 2016, la Tunisie a commencé à reculer de son rang pour finir
à la 99ème place.
Graphique 9 : Le pilier de Société
inclusive (cas de la gouvernance)


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En ce qui concerne la gouvernance, la courbe
révèle des améliorations considérables. Nous
constatons que, c'est entre 2010 et 2011 que le rang de la Tunisie en termes de
gouvernance était très élevé. Cela est très
logique car, c'est durant cette période que la Tunisie a connu la crise
historique mais également cette période marque la fin de
l'ère dictatoriale. Le rang de la Tunisie s'améliore durant la
période de 2011 à 2014 partants de 72 à 66 ensuite il va
se dégrader entre 2013 et 2015 pour chuter à nouveau en 2016
à la 63eme place et depuis lors, elle ne dépasse plus la
66ème place.
Graphique 10 : Le pilier de
Société inclusive (cas du capital social)

Le graphique nous montre que le niveau capital social en
Tunisie est entrain de baisser. L'examen du rang en termes du capital social
montre que, la Tunisie a reculé de plus de 136ème
place depuis 2010. C'est à partir de 2013 que le niveau du capital
social a commencé à chuter malgré une légère
amélioration en 2016 partant de la 159ème place
à la 133ème en 2017. Ensuite, la dégradation
reprend son cour à partir de 2019 et tant vers la
163ème place en 2020.

Graphique 11 : Le pilier de l'ouverture
économique ou économie ouverte (cas de l'Environnement
d'investissement)
Comme pour les graphiques précédent, celui de
l'environnement d'investissement ci-dessous, révèle que le rang
de la Tunisie est en dégradation depuis 2010 passant de la
71ème place à la 96ème en 2016.
Ensuite, il n'a pas connu d'amélioration considérable en restant
entre la 95ème et la 96ème place.

Graphique 12 : Le pilier de l'ouverture
économique ou économie ouverte (cas de Conditions
d'entreprendre)

L'examen de la courbe de la variation du rang de la Tunisie en
termes des conditions d'entreprendre révèle une
dégradation très remarquable à partir de 2011
(l'année de la révolution). La Tunisie est passée de la
57ème place en 2011 à la 114ème en
2018 pour connaitre une amélioration en 2019
(99ème).

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Graphique 13 : Le pilier de l'ouverture
économique ou économie ouverte (cas de Accès au
marché et aux infrastructures)
Le graphique (ci-dessous) montre que le niveau d'accès
au marché et aux infrastructures en Tunisie est faible. La Tunisie passe
de la 75ème place à la 94ème place
en 2017 pour ensuite gagner quatre places en 2020.

Graphique 14 : Le pilier de l'ouverture
économique ou économie ouverte (cas de Qualité
économique)

Le graphique démontre que la qualité de
l'économie de la Tunisie a été affectée en 2011.
Durant la période 2006-2010, le rang de la Tunisie en termes de la
qualité de l'économie était en amélioration.
Arrivé en 2011, le rang se dégrade progressivement partant de la
67èmeplace pour la 103ème en 2020.

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Graphique 15 : Le pilier de l'ouverture
économique ou économie ouverte (cas de conditions de vie)
Le graphique (ci-dessous) montre que la courbe de
l'évolution du rang de l'indicateur des conditions de vie pour la
Tunisie est sinusoïdale. Il passe de la 69ème place en
2011 à la 76èmeen 2013, de la 73ème
place en 2014 à la 78ème en 2016, enfin de la
73ème en 2017 place à la 78ème
à nouveau en 2020.

Graphique 16 : Le pilier de l'ouverture
économique ou économie ouverte (cas de santé)

La courbe de l'évolution du rang de la Tunisie en
matière de la sante révèle que la Tunisie ne fait que
reculer depuis 2011 passant du 59ème au
90ème en 2013, du 85èmeen 2014 au
95ème en 2018 et enfin du 93ème en 2018 au
94ème en 2020.

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Graphique 17 : Le pilier de l'ouverture
économique ou économie ouverte (cas de l'éducation)

Contrairement aux graphiques précédent pour
d'autres indicateurs, celui de l'éducation présente un
résultat satisfaisant du fait, qu'il démontre que le rang de la
Tunisie est en amélioration constate. Elle est passée du
99ème en 2007 au 94ème en 2017 et depuis,
il est resté entre le 94ème et le
95ème.
Graphique 18 : Le pilier de l'ouverture
économique ou économie ouverte (cas de l'environnement
naturel)


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Le graphique montre que la courbe de l'évolution du
rang de l'indicateur de l'environnement naturel pour la Tunisie est
sinusoïdale mais aussi il est en dégradation partant du
128ème en 2010 au 138ème en 2013, du
133ème en 2016 au 140ème en 2018 pour
ensuite partir après une amélioration en 2019 du
133ème au 143ème en 2020.
3.2 Benchmarking sur la
prospérité
Selon « the legatum prosperity index », Le Danemark
a su garder la position de force entre 2009 et 2019, avec le premier rang en
2009, une baisse en 2018 au 2eme rang en cédant le premier rang à
la Norvège et enfin une amélioration et un retour au 1er rang en
2019. D'après le classement pour l'année 2019, la Norvège
occupe le 2eme rang, la suisse le 3eme, la Suède le 4eme, la Finlande le
5eme, l'Allemagne le 8eme, le Portugal le 26eme, la Corée du sud le
29eme, l'Italie le 30eme, la chine 57eme, l'Afrique du sud 83eme, la Turquie
91eme, le Maroc 100eme, le Rwanda 105eme, l'Algérie 110eme et l'Egypte
126eme.
La Tunisie se tient (en 2019) au 95eme rang avant le Maroc,
l'Algérie, le Rwanda et l'Egypte ; étant à la 122eme place
(27 places avant la Turquie et une place après le Rwanda, 69 places
après l'Algérie et 65 après le Maroc) par rapport au
levier de sureté et sécurité ; la 88eme par rapport
à la liberté individuelle ou personnelle soit 30 places devant le
Maroc et 58 devant la Turquie. La Tunisie se trouve au 65eme rang par rapport
au levier de la gouvernance, 33 places devant le Maroc et 46 devant la Turquie
; 140eme pour le levier du capital social pendant que la Turquie se tient
à la 147eme et le Maroc à la 169eme. La Tunisie occupe la 97eme
place pour l'environnement des affaires ou d'investissement, 47 places
après la Turquie et 29 après le Maroc ; 104eme pour la condition
d'entreprise derrière la Turquie qui est à la 58eme place et le
Maroc à la 84eme ; 82eme place pour l'accès au marché et
aux infrastructures pendant que la Turquie occupe la 57eme et le Maroc la 62eme
; 106eme pour la qualité de l'économie,39 places derrière
la Turquie et 14 après le Maroc. La Tunisie a occupé la 77eme
place pour le levier de condition de vie, alors que la Turquie se place
à la 54eme et le Maroc à la 95eme ; la 94eme pour la santé
derrière la Turquie à la 64eme et devant le Maroc à la
110eme ; 94eme pour l'éducation, 14 places derrière la Turquie et
22 devant le Maroc ; et la 146eme place pour l'environnement naturel, 36 places
derrière la Turquie et 29 après le Maroc.
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