Introduction
Des démarches, comme celle de la complexité
économique, ont été avancées par Hausmann et
Hidalgo (2011) en vue de libérer le potentiel des économies
fondées sur le savoir, mais les concrètes implications de ces
théories restent à développer.
La méthode de la complexité économique
est une mesure fondée sur les résultats partant du principe que
si la fabrication de deux produits nécessite des infrastructures, des
institutions, du capital, et des technologies similaires, ces produits sont
susceptibles d'être fabriqués parallèlement. Plus
généralement, la complexité d'une économie est
liée à la multiplicité de savoirs utile qu'elle contient.
Pour que puisse exister une société complexe et assurer sa
pérennité, les gens qui connaissent la technique, le design, le
marketing, la finance, la gestion des ressources humaines et l'exploitation des
entreprises doivent être capables d'échanger et de combiner leurs
savoirs en vue de fabriquer des produits. Ces mêmes produits ne peuvent
être fabriqués dans les sociétés où certaines
parties de cet ensemble de capacités font défaut. Par
conséquent, la complexité économique s'exprime dans la
composition des produits fabriqués par un pays et reflète les
structures qui se forment pour contenir et associer les connaissances
nécessaires pour cela.
Dans un contexte de forte compétition, la valeur d'une
offre est la seule raison de son acceptation et participe à son
positionnement. Cependant, cette valeur est le résultat d'une
combinaison de plusieurs variables qui contribue à le complexifier. Les
offres sur le marché international se voient livrée à une
compétition où, n'a de l'avantage que celui qui présente
une offre ayant un avantage compétitif qui le placerait en marge
distinctive par rapport aux autres.
Il est question dans cette section, de démontrer les
causes du résultat de la compétitivité constatée de
l'offre tunisienne au moyen des habilités productives, de la
sophistication de cette offre, de sa diversification et du réseautage
dans l'ensemble de son appareil économique.
![](Limpact-de-la-valorisation-de-ressource-en-eau-sur-la-prosperite83.png)
74
2.1 Les habilités ou capabilités
productives implicites
Le niveau de compétitivité de l'offre agricole
peut aussi être déterminé par le niveau d'habilités
et de capabilités implicites et productives. En 2013, la
répartition des actifs selon le niveau d'instruction et selon le secteur
d'activité montre que, en agriculture, les actifs ont un niveau
d'éducation plus faible que les autres secteurs (l'industrie et les
services) avec notamment 28% d'analphabètes ; ce qui est reflet à
la fois d'un vieillissement de la population active agricole, un accès
plus difficile à l'école en zone rurale après le primaire
et d'une migration de jeunes. La population active en agriculture inscrite
jusqu'au niveau du primaire s'élève à 47% contre 22% du
niveau secondaire par contre les actifs ayant un niveau d'instruction
supérieur sont juste de 3%. Ceci démontre combien on peut compter
la faible compétence au milieu des exploitants agricoles en Tunisie qui
aura une répercussion d'une manière ou d'une autre sur l'offre
agricole.
Dans l'industrie, en regroupant les activités en 3
catégories (l'industrie agroalimentaire, l'industrie
manufacturière, et l'industrie non manufacturières), il en
ressort du constat fait, une baisse du niveau de non instruits
(analphabète) par rapport au secteur de l'agriculture.
Dans l'industrie agroalimentaire, il y a, dans la population
occupée, 5% de non instruits dans l'ensemble et 43% de cette population
a un niveau d'instruction primaire contre 42% ayant un niveau secondaire. La
population occupée à niveau d'instruction supérieur ne
renferme que 10% de l'ensemble.
L'industrie manufacturière quant à elle, a le
niveau de la population occupée sans instructions le plus faible soit 3%
de l'ensemble. 41% de la population occupée du secteur ont un niveau
primaire et 46% du niveau secondaire. Comme pour l'industrie agroalimentaire,
le taux des occupées du niveau supérieur est de 10%.
En fin pour l'industrie non manufacturière, le taux de
non instruits dans la population occupée est de 10%. Par contre celui
ayant un niveau d'instruction primaire est de 55% et il y a 31% ayant un niveau
secondaire. Il est très tragique de voir que seulement 5% de la
population occupée ont un niveau supérieur.
Le secteur de services a un taux de la population
occupée instruite du niveau supérieur le plus élevé
par rapport à d'autres secteurs d'activités économiques.
Dans ce secteur, la population occupée non instruite
s'élève à 4% qui sont largement inférieur à
l'agriculture. 27% de la population occupée de ce secteur ont un
degré d'instruction primaire, 41% ont un degré
![](Limpact-de-la-valorisation-de-ressource-en-eau-sur-la-prosperite84.png)
75
d'instruction secondaire et 27% de la population
occupée dans le secteur ont un degré d'instruction du niveau
supérieur.
2.2. Le niveau de sophistication des
activités
Le degré d'avancé en agriculture est en partie
occasionné par les efforts de recherche (scientifique soit-il). Ceci
pourrait répercuter sur la qualité mais aussi sur la
quantité de la production (output) de façon à rendre
l'offre agricole tunisienne compétitive sur le marché
international.
Une étude menée par l'ASTI en 2015 sur les
indicateurs de la recherche et développement agricole
révèle une certaine évolution en matière de R&D
agricole en Tunisie constaté par l'effectif de chercheur,
l'intensité de la recherche et les dépenses consacré pour
le R&D en agriculture. Pour les dépenses en million de dinar, on
constate une augmentation de 13% entre 2009 et 2012. Les dépenses en
R&D agricole jadis (cas de l'an 2000) était à seulement 32.9%
; elles ont connu une baisse au cours des années 2009 pour 26.7% puis
une légère amélioration en 2012 à 30.2% qui toute
fois est inferieure par rapport à l'an 2000. Contrairement aux
dépenses, la Tunisie a connu une évolution en terme d'effectif de
chercheurs agricole qui depuis l'an 2000 a connu une évolution
croissante jusqu'en 2012 en raison de données disponibles. Le nombre de
chercheurs ETP (équivalent temps plein) a augmenté en effectif de
193.5, passant de 348.1 en 2000, 431.5 en 2009 à 541.6 en 2012. Quant
à l'intensité de la recherche, pour les chercheurs ETP pour
100000 agriculteurs, il y a une nette évolution durant la période
20002012 dont passant de 45.56 pour 2000 à 66.05 en 2012.
En 2014, la Tunisie comptait vint trois organismes de R&D
agricole administré par le ministère de l'agriculture. L'IRESA
comprend six instituts de recherche, quatre centres régionaux, deux
pôles régionaux de R&D, onze établissements
d'enseignement supérieur. Parmi les six instituts on trouve l'INRAT,
l'INRGREF, l'IO et l'IRVT.
Les normes et les certifications sont de témoins de
pratiques et des qualités de l'output et précisent les
règles d'intégration de préoccupation. Le patrimoine
normatif de la Tunisie (INNORPI) comptait en 2018 ; 17719 normes tunisiennes
pour tous secteurs confondus. Ces normes contribuent au développement
des activités en symbiose avec la normalisation internationale.
L'industrie tunisienne obéit aux normes qui se
répartissent en termes de pourcentage comme suit : 4% pour l'industrie
divers, 16.3% pour l'industrie chimique, 9.7% pour l'industrie agro-
![](Limpact-de-la-valorisation-de-ressource-en-eau-sur-la-prosperite85.png)
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alimentaire, 6% pour le TIC, 18.9% pour l'industrie
mécanique, 15.9% pour l'IMCCV, 16.4% pour l'industrie électrique.
Il convient de signaler que le reste est partagé entre la
sécurité en raison de 3.5%, la santé 6%,....
Parmi ces normes, 46.9% sont des normes ISO, 0.8% sont OIML,
1.6% CODEX, 3.2% NF, 5.1% CEI, 39.4% EN, et 3% autres normes.
A titre illustrative, dans l'industrie agro-alimentaire, les
certifications des opérateurs sont : l'ISO9001, ISO9002, ISO14001,
ISO22000, HCCP, OHSAS. Et dans l'industrie électrique : ISO9001, ISO9002
; ISO14001, ISOTS16949, ISO18001, VALEO 100, QS9000 et VDA 6.1 ;
? Degré de sophistication du marché et des
affaires
La sophistication des affaires fait référence au
niveau de la sophistication des activités pour évaluer dans
quelle mesure les entreprises sont propices aux activités
d'innovation.
Pour que les entreprises soient prospèrent et qu'elles
puissent avoir de l'innovation, il est essentiel qu'il existe une
disponibilité du crédit et un environnement qui prend en charge
l'investissement, l'accès au marché international et la
concurrence. La sophistication du marché fait référence
aux conditions de marché et du niveau total des transactions, une mesure
sur la facilité d'obtenir un crédit, la facilité de
protection de l'indice des investisseurs minoritaires ainsi que deux
indicateurs sur le niveau des transactions et enfin traite le commerce, la
concurrence.
L'accumulation de capital humain à travers
l'éducation, en particulier l'enseignement supérieur et la
priorisation des activités de R&D, est l'une des conditions
indispensables à l'innovation. Cette logique va plus loin avec
l'affirmation que les entreprises favorisent leur compétitivité,
leur productivité et leur potentiel d'innovation grâce au fait
d'employer de techniciens et de professionnels hautement qualifiés. Dans
la sophistication des affaires on retrouve les indicateurs comme le niveau
d'emploi dans les services à forte intensité de savoir ; la
disponibilité d'une formation formelle au niveau de l'entreprise; le
pourcentage des dépenses brutes totales de R&D financées par
les entreprises et R&D réalisée par l'entreprise commerciale
(DIRD) en pourcentage du PIB (c. à d. DIRD par rapport au PIB), offre
plus d'informations sur le degré de sophistication du capital humain
local actuellement utilisé.
Les liens d'innovation et les partenariats public /
privé / académique sont essentiels à l'innovation. Les
études menées par le GII (global innovation index) ont
évalué divers
![](Limpact-de-la-valorisation-de-ressource-en-eau-sur-la-prosperite86.png)
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![](Limpact-de-la-valorisation-de-ressource-en-eau-sur-la-prosperite87.png)
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indicateurs fondés sur des données
concrètes pour mesurer les liens d'innovation dans une
économie.
La sophistication des marchés montre que, des
marchés qui fonctionnent bien, contribuent à l'environnement
d'innovation par les gains d'efficacité, la pression concurrentielle et
les économies de transaction et en permettant à l'offre de
répondre à la demande.
Contrairement à ses concurrents, la Tunisie a un profil
en termes de sophistication du marché et des affaires très
remarquable. En 2020, le GII insinue que le score de la Tunisie pour la
sophistication du marché est de 37.0 très inferieur
comparativement à la France (59.7), l'Italie (50.5) et au Turquie
(54.7). L'examen de la sophistication des affaires indique un score de 18 pour
la Tunisie qui est très inferieur que ces pour ses concurrents dont 28.2
pour le Turquie, 36.7 pour l'Italie et enfin 50.2 pour la France.
2.3 Le réseautage dans les
activités
Le réseautage est l'une des causes de la
complexité et de la compétitivité d'une économie.
Dans un système d'exploitants agissant en réseau où
seraient-ils soutenu par des institutions, travaillant en collaboration ; il
permettrait d'améliorer la production et le système ou l'appareil
de production et de bénéficier de l'effet de synergie en
accroissant les compétences et l'expérience. Un autre
intérêt derrière le réseautage serait de mieux
réguler les activités suite à une maitrise de l'ensemble
du système.
Une des formes de réseautage est le cluster. Un cluster
peut être défini selon Michael Porter, comme un réseau
d'entreprises et d'institutions proches géographiquement et
interdépendantes, liés par des métiers, des technologies
et de savoirs faires communs. Ceci renvoie à retenir trois concepts
clés : la proximité géographique, la
complémentarité des métiers et le savoir-faire.
Un cluster présente des avantages tels que la
réalisation des économies d'échelles et le gain de
productivité, l'incitation à l'innovation à l'innovation
en développant une transmission technologique entre les entreprises.
Suite aux avantages offerts, beaucoup parmi les pays dans le monde
considèrent qu'il est une solution pour améliorer
l'efficacité économique des entreprises.
Avec une stratégie de cluster, on peut avoir une
meilleure intégration de la chaine de valeur et les entreprises de la
Tunisie seront plus coopératives, créatives et innovatrices
à long terme. La clustérisassions se présente comme une
coopération stratégique entre plusieurs composantes de la chaine
de création de valeur pour l'output : fournisseur, concurrents,
sous-traitants,
marchandiseurs, chercheurs... ceci avec un seul principe,
celui de profiter et partager équitablement les gains « nous
coopérons pour maximiser nos gains individuels et être plus
compétitif ». La stratégie de cluster en Tunisie doit
s'asseoir sur des axes tels que l'amélioration des infrastructures,
développement logistique, développement technologique, R&D
dans les grandes entreprises.
On peut citer parmi les clusters en Tunisie :
· Textile in tex (innovation textile) dans le secteur du
textile situé à Monastir
· Mécatronique dans le secteur de l'informatique,
électricité, électronique et mécanique situé
à Tunis, Sfax et Sousse
· Moules et huitres dans le secteur de produit de mers
situé à Bizerte
· ER EnRT pour les énergies renouvelables,
situé à Tunis
· Textile technique de sahel dans le secteur de textile
technique dans la zone de sahel
· Cluster méca dev dans le secteur
mécanique et métallurgique à Sfax
· Dattes, palmier et ses dérivés, secteur
agroalimentaire et artisanat au sud-ouest
· Huile d'olive du N-O, dans le secteur de l'huile
d'olives et ses dérivés situé au Kef
· Cluster lait de Bizerte,
· Cluster primeurs du sud, culture de primeurs
géométrique, valorisation des eaux géothermales
situé à gabes
· Cluster des arts de la table à Nabeul
· Cluster de céramique à El jen
· Cluster Elan Tica dans le secteur de
l'électronique
· Cluster industrie pharmaceutique
· Cluster lait ovin de Beja
· Cluster cuir et chaussure, Bizerte et Zaghouan
· Cluster de gypse et dérivés, dans le
secteur de matériaux de construction
· Cluster de marbre.
![](Limpact-de-la-valorisation-de-ressource-en-eau-sur-la-prosperite88.png)
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Il convient toutefois de mentionner que la Tunisie a un niveau
de développement de Cluster très faible qui suite aux
études de GII (global innovation index) dans son pilier 5, montre que le
profil de la Tunisie en termes de développement de cluster est de
38.1.
2.4 La diversification des
activités
La diversification des activités présente un
très grand avantage car il permet de tirer profit de la
rentabilité de facteur et ainsi d'éviter de perdre du temps mais
également de limiter le gaspillage de la ressource en terre qui se voit
non utilisée à cause d'une pratique d'activités
limités.
Le secteur de l'agriculture en Tunisie est
caractérisé par une grande diversité du point de vue
culture de production. Cependant, en termes de pratiques d'utilisation
d'exploitation, le secteur est caractérisé par une faible
diversification. En effet, une enquête du MARHP a démontré
que, la grande partie des exploitants ne diversifie pas leurs activités
et se limitent à l'activité d'exploitation (soit 52%), 8% des
exploitants exercent une activité secondaire en dehors de l'exploitation
et 40% y trouvent leurs activités principales.
En outre, ce secteur renferme une diversité
d'exploitation. Sa diversification est caractérisée par diverses
cultures dont celle arboricoles, céréalières,
fourragères, maraichères et l'élevage. Par rapport au
classement des exploitations selon leurs activités principales, le
secteur de l'agriculture en Tunisie comprend les oléiculteurs
représenté à 29% du nombre total des exploitants, les
éleveurs à 22%, 15% de céréaliculteurs, 12% des
arboriculteurs, 7% des maraichers et exploitants ayant diverses
activités sont à 15%.
Les exploitations sont différentes par le statut, la
taille, les modes de fonctionnement et les performances techniques et
économiques. Il y a une prédominance des exploitations
privée qui sont majoritaire et détiennent 93.2% de terres
agricoles et les fermes étatiques, les unités coopératives
de production et les sociétés de mise en valeur sont minoritaire
à hauteur de 6.8% en terme de diversité statutaire. Quant
à la diversité liée à la taille, la
prédominance d'exploitations familiales de taille inférieure
à 10ha représentent 75% de l'effectif total et ne disposent que
25% de terres agricoles.
? Diversité sectorielle des
entreprises
![](Limpact-de-la-valorisation-de-ressource-en-eau-sur-la-prosperite89.png)
80
D'après les données de l'ITCEQ, INS et RNE ; la
répartition des entreprises par secteur de l'ensemble du tissu
industriel, fait ressortir qu'il y a 43.4% des entreprises qui appartiennent au
secteur du commerce, 17.3% au secteur du transport et 12.0% aux industries
manufacturières.
Quant au secteur informel, les activités sont
concentrées au niveau des services et essentiellement au niveau du
commerce et du transport. De son côté, le secteur formel montre de
fortes concentrations des PME au niveau des industries manufacturières,
du commerce et des services aux entreprises en affichant des proportions
respectives de l'ordre de 42.2%, 20.4%, et 11.4%. A leurs tours les grandes
entreprises se distinguent par des concentrations au niveau des industries
manufacturières (à 55.7%) et au niveau des services aux
entreprises (à 14.1%).
Dans les industries manufacturières, Concernant le
secteur formel, les grandes entreprises et les PME représentent
respectivement 5.7% et 94.3% des industries manufacturières dans le
secteur formel, et les petites entreprises accaparent presque les trois quarts
des PME (74.4%).
Les PME sont fortement concentrées au niveau des
industries textiles et habillement (28.0%) et au niveau des industries
agricoles et alimentaires (19.7%). Cependant, pour les autres secteurs, elles
ont eu une part qui oscillait entre 2.4% et 7.6% à l'exception de
l'activité de la métallurgie et du travail des métaux
où les entreprises représentent 8.8%.
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