Analyse de l'impact des activités de l'association nationale pour le bien etre de la population (ANBEP) dans la dynamique du développement local au Sénégalpar Aliou WANE Université de Franche Comté (France) - Master 2 Aménagement et Gouvernance dans les Pays des Suds 2012 |
Figure 7 : Evolution temporelle des partenaires et d'échelles d'interventions de l'ANBEPPrincipaux bailleurs de fonds ENDA-SANTE, SDID-ACDI, AIDSCAP, ANCS Principaux bailleurs de fonds ACI, ARCAT, ADEMAS, Solidarité SIDA, PROTEC, CNLS Principaux bailleurs de fonds AJWS, Fondation France (MARC), APAPS, Enfants de la Téranga, Solidarité SIDA 1996 - 2007 Depuis 2007 1992 - 1996 Chaque partenaire met en jeu une multitude d'acteurs dont la dénomination commune est le financement directe du programme santé de l'ANBEP. A ses débuts en 1992, le quartier était l'échelle d'intervention de l'association par la méthode utilisée (la proximité de la cible, les liens de solidarité ou familiales). Les activités de sensibilisation et de prévention se limitaient à la banlieue, zone plus exposée à la prolifération du SIDA. Le partenariat avec ENDA SANTE, SDID-ACDI et AIDSCAP s'effectue par le financement de l'association qui va réaliser une importante campagne de sensibilisation par des moyens audiovisuelle (projection de films, émission à la radio), sketch (dotation en percussion et déguisement de la troupe théâtrale), causeries et formation de relais communautaires. L'ANCS pour sa part privilégiait le renforcement des capacités financières de l'association (achat de chaise, d'ustensiles de cuisine pour location, achat d'une charrette). La stratégie se référait à une approche participative de la prévention. A partir de 1996, l'association obtient le financement de partenaires souhaitant l'extension des activités de prévention et de sensibilisation au niveau des départements de Pikine, de Rufisque et l'espace périurbaine de Dakar. Des moyens substantiels sont utilisés pour toucher le maximum de personnes. Ainsi, les partenaires comme ADEMAS et CNLS -BM mettent à la disposition de l'association un camion podium pour sillonner les lycées, collèges et marchés en vue de sensibiliser le maximum de personnes. L'ACI prône l'usage des langues locales (Wolof et Puular) dans la prévention pour rendre l'information plus accessible en milieu rural. Cette période s'est soldée par une participation des différentes associations de la banlieue (AJYPROS, CCGN, ASDY) dans la lutte contre le SIDA et le renforcement du centre de documentation de l'ANBEP. Depuis 2007, ANBEP intervient à l'échelle nationale en intégrant la région de Thiès, Diourbel et Matam dans sa zone d'intervention grâce aux subventions accordées par le fond de soutien SIDA-Afrique (Solidarité SIDA) dans le volet prise en charge des personnes vivantes avec le VIH à Matam. De même, la fondation AJWS (American Jewish World Server) finance le volet maraichage et prévention dans la vallée. Mieux, ANBEP représente le Sénégal dans le festival de Solidays en France. L'approche utilisée par ANBEP diffère en fonction de ses zones d'intervention et de la cible, on peut retenir en gros : - les séances d'animation et de sensibilisation sur le SIDA et les MST que les relais communautaires sont chargés régulièrement d'effectuer parfois en éduquant par le divertissement grâce à son troupe théâtral, - les projections de film (vidéo et TV obtenu par ANCS) permettent de voir des situations réelles de sidéens et d'en faire des cas pratiques. - la fourniture d'information par le biais du centre de documentation (dépliants, autocollants, banderoles, graffitis, affichages) - le porte à porte pour sensibiliser les notables, chefs religieux et leaders d'ASC afin de bien véhiculer l'information - la méthodologie des histoires25(*) est un procédé très instructif permettant la participation effective des populations. Le volet santé reçoit une bonne partie des subventions des partenaires. Les réalisations en ce domaine tournent autour d'un important volet sur la formation, la sensibilisation et la prévention du SIDA en milieu urbain et rural ainsi que l'accès aux équipements sanitaires à travers le centre de santé communautaire. Ces activités ont eu un impact positif sur les populations. Dans la banlieue, une vaste campagne de sensibilisation et de prévention se poursuit toujours dans les espaces publics. Aujourd'hui, les activités sont ciblées vers les jeunes et les espaces demandeurs. En milieu rural, ANBEP ayant décentralisée ses activités dans les régions de Thiès, Diourbel et Matam, rompe le tabou autour de ces maladies honteuses. Depuis 2004, le programme santé s'est enrichi d'un important volet intitulé maraichage et prévention VIH/SIDA à Matam. En effet, cette région est exposée au syndrome du VIH et des MST du fait de la forte mobilité de ces habitants, la survivance de pratiques socioculturelles à haut risque d'infection (lévirat, sororat, excision, etc.) alliées aux faibles niveaux des interventions en matière de mobilisation sociale autour de cette maladie. Il s'y ajoute que la situation de zone frontalière de la région de Matam avec la Mauritanie où les interventions en matière de lutte contre les IST/VIH-SIDA sont peu structurées, multiplient les facteurs à risque. Les campagnes de dépistage combinées au programme « Maraîchage et Prévention Sida» ont offert aux populations du département de Kanel des activités agricoles tout en leur permettant de faire la sensibilisation contre le VIH/SIDA (photo 5 et 6). Cette stratégie constitue une nouvelle démarche en termes de réponse contre cette pandémie : elle aide non seulement les populations à mieux connaître les dangers du SIDA, mais aussi à faire le test de dépistage afin de connaître leur statut sérologique. Photo 5 : Maraichage et prévention à Matam Photo 6 : Formation des relais communautaires Ce programme a ciblé en moyenne 1 585 femmes réparties en groupements dans 10 villages (Thially Maka, Thially Soubalo, Horndoldé, Bow, Ngano, Barmathial, Soringho, Gouriki, Bélone et Dolol) qui exploitent des périmètres de maraîchage. Chaque groupement villageois est divisé en sous-groupes (de 25 à 35 femmes) et au niveau de chaque sous-groupe deux femmes relais sont formées sur les techniques de l'approche participative de prévention. Ces relais organisent des animations et des discussions avec leurs groupes avant chaque séance de travail dans les parcelles où se déroulent les activités de maraîchage. Pour la continuité de cette phase pilote, ANBEP a reçu un appui financier d'AJWS pour subventionner les groupements afin de mener des campagnes agricoles. Les facilités d'accès à l'eau et les moyens mis à la disposition des femmes autorisent deux récoltes par an. En outre, les personnes vivantes avec le VIH ont droit chacune à un lopin de terre où elles pourront s'adonner au maraîchage et à l'arboriculture. Parmi les activités réalisées, on peut citer : - les formations de relais axées sur le VIH, relation IST/SIDA, démonstration de l'utilisation de préservatifs, élaboration de plan d'action individuel, - formation sur les techniques de production maraîchères : animée par deux conseillers de la SAED pour promouvoir les compétences locales, augmenter la production maraîchère et la transformation des légumes, - les causeries participatives (tableau 3) : pour aider les femmes sidéennes à adopter des comportements à moindre risque en recourant à des approches leur permettant d'acquérir les compétences nécessaires pour pouvoir prendre conscience de leur vulnérabilité. Un total de 852 causeries participatives ont été réalisées et 1 585 femmes touchées de janvier à décembre 2010 au niveau des 10 villages. * 25Il s'agit de raconter une ébauche d'histoire et de demander à la communauté de continuer son déroulement tout en utilisant les capacités d'introspection de chacun. Cette approche permet de libérer les perspectives individuelles et collectives dans un cadre de respect mutuel et d'acceptation des différences. Elle assure aussi l'apprentissage mutuel et collectif et constitue un catalyseur de changement social. |
|