2-L'élargissement des marchés.
Les mesures d'ajustement ont placés les Etats africains
sous une conditionnalité d'ouverture des marchés à
l'international. Ces derniers sont obligés de commercialiser avec des
pays industrialisés, alors qu'ils disposent d'une économie
fragile et sont faiblement industrialiser, ne faisant pas le poids face
à la concurrence. Plusieurs auteurs ont tentés de montrer le lien
qui existe entre le degré de commercialisation et la
sécurité alimentaire ou encore la pauvreté. Brooks et
Matthews (2014) montrent que la croissance du PIB et la réduction de la
pauvreté qui pourraient résulter de la libéralisation du
commerce, n'entrainent nécessairement pas une amélioration de la
sécurité alimentaire et l'état nutritionnel des pauvres.
Ils pensent que la sécurité alimentaire dépend de la
disponibilité et du prix des denrées alimentaires sur le
marché. Selon ce que pensent ces auteurs, le pouvoir d'achat d'une
population et la disponibilité des produits alimentaires sont les seuls
facteurs qui conditionnent la sécurité alimentaire et non la
libéralisation du commerce. Or Chang et Sumner (2004), grâce aux
études menées en chine sur les agriculteurs, dans le secteur des
céréales, montent que l'ouverture des marchés aux
importations de céréales est susceptible d'améliorer le
niveau général de la sécurité alimentaire des
ménages agricoles ruraux en Chine en tirant les prix vers le bas. Ces
derniers auteurs essaient de faire comprendre la place des importation des
produits qui ne sont pas assez produit sur un territoire, qui semble dans ce
cas de figure être une avantage pour garantir la sécurité
alimentaire car, la libéralisation du marché dans ce sens, ferait
baisser le coût du produit sur le marché locale. La
libéralisation des marché de ce point de vue semble être un
atout pour les Etats africains qui ne produisent plus pour eux mais pour le
commerce, un atout qui permettrait de ravitailler les marchés locaux en
denrées alimentaires et à bas prix.
Contrairement à ce qu'il parait être, la
libéralisation de marchés à un cout et les Etats africains
semblent payer le prix fort du fait de leur faible industrialisation. En effet,
si l'on s'en tenait uniquement à la libéralisation du commerce au
sein du continent entre les Etats qui partagent le même niveau
économique, il ne se poserait pas de problème de
sécurité alimentaire comme le montre les études de Korinek
et Melatos (2009) sur les échanges de produits agricoles entre trois
zones de libre-échange en Afrique. De cette étude, il ressort que
le niveau alimentaire à augmenter du fait de la circulation des produits
alimentaires permettant de rendre disponible les denrées alimentaires
entre les différentes zones. Par contre, les Etats africains à
cause des mesures d'ajustement doivent commercialiser avec le monde. Calderon
(2004) montre que l'ouverture réduit la volatilité du taux de
change réel pour le pays industrialisés. Or les Etats africains
ne sont pas industrialisés et comme le souligne Lotfalipour et al.
(2013) les pays non industrialisés les plus ouverts au commerce
international sont exposés à un fort taux d'inflation. Ceci
s'explique dans le contexte africain. Les Etats africains exportent les
matières premières et en retour, importent les produits finis qui
revient à un prix supérieurs du fait de la valeur ajouté
dont la commercialisation des matières premières ne
bénéficie pas. Les études ont montré que les
Etats de la CEMAC échangent très peu entre eux et commercialisent
beaucoup plus avec le monde extérieur. Le problème étant
que les produits exportés sont essentiellement des matières
premières. Les termes d'échanges entre ces acteurs n'est donc pas
le même et de ce fait, l'indice d'ouverture et les termes de
l'échange affectent négativement la valeur moyenne de la
production alimentaire dans ces pays.
En effet, estiment Giscard ASSOUMOU ELLA etIsmaelline EBA
NGUEMA que l'ouverture tire les prix alimentaires vers le bas dans la CEMAC,
cependant l'évolution des termes de l'échange tire ces prix vers
le haut, car la valeur des produits finis est supérieure à celle
des produits de base qui constituent l'essentiel des exportations des pays de
la CEMAC. Ils affirment que l'ouverture permet de réduire dans la zone,
le déficit alimentaire mais son effet est annihilé par
l'évolution défavorable des termes de l'échange qui creuse
ce déficit. Ainsi, même si l'ouverture entraine la baisse des prix
alimentaires, la destruction de la production domestique et l'évolution
défavorable des termes de l'échange annulent cet effet
bénéfique sur le pouvoir d'achat des ménages. On tombe
donc sur la définition de la sécurité alimentaire
donné par VALDES et KONANDREAS, 1981 qui pensent que la
sécurité alimentaire est une certaine capacité de financer
des besoins d'importations pour satisfaire les consommations souhaitées.
Une capacité que les Etats de la CEMAC ne disposent pas du fait de la
détérioration des termes de l'échange créant un
déficit financier chez ces Etats qui ne sont plus capables de supporter
le poids économique des importations.
Ainsi, l'effet de l'ouverture sur la consommation des
ménages est globalement négatif. L'ouverture a un effet
négatif sur la variabilité des disponibilités alimentaires
par habitant, car l'ouverture ayant un effet négatif sur la production
alimentaire nationale, l'essentiel des produits agricoles disponibles sur le
marché domestique est importé. L'ouverture permet de renforcer la
prévalence et de lutter contre la sous-alimentation, mais ce
résultat est jugulé par l'évolution défavorable des
termes de l'échange. (Ouverture commerciale et sécurité
alimentaire : étude comparative des paysde la CEMAC et de l'UEMOA par
Giscard ASSOUMOU ELLA etIsmaelline EBA NGUEMA).
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