CHAPITRE I :
REVUE DE LA LITTERATURE
I-1. LA THEORIE DES REPRESENTATIONS SOCIALES : UN
OUTIL D'ANALYSE DES CONNAISSANCES DES ELEVES
I-1-1. Représentation
I-1-1-1. Origine du concept
Les représentations sociales sont couramment
associées à une autre notion qui leur est
apparentée : celle de représentation collective
proposée par Durkheim dans le champ de la sociologie. Le concept de
représentation sociale peut donc être relié à une
origine européenne et essentiellement sociologique.
Dans les Règles de la Méthode
Sociologique, déjà, Durkheim met en évidence le fait
que l'on peut et que l'on doit même parler d'une conscience collective
distincte des consciences individuelle :
La société n'est pas une simple somme
d'individus, mais le système formé par leur association
représente une réalité spéciale qui a ses
caractères propres. Sans doute, il ne peut rien se produire de collectif
si des consciences particulières ne sont pas données ; mais
cette condition nécessaire n'est pas suffisante. Il faut encore que ces
consciences soient associées, combinées et combinées d'une
certaine manière ; c'est de cette combinaison que résulte la
vie sociale, et, par suite, c'est cette combinaison qui l'explique. (Durkheim,
1981).
Plus loin, on trouve encore :
Les représentations, les émotions, les tendances
collectives n'ont pas pour causes génératrices certains
états de la conscience des particuliers, mais les conditions où
se trouve le corps social dans son ensemble. Sans doute, elles ne peuvent se
réaliser que si les natures individuelles n'y sont pas
réfractaires ; mais celles-ci ne sont que la matière
indéterminée que le facteur social détermine et
transforme. (Durkheim, 1981).
Il va ensuite préciser le terme de
« représentation collective » et tenter d'en faire
un objet d'étude autonome (Herzlich, 1972). Il veut notamment souligner
la spécificité de la pensée collective par rapport
à la pensée individuelle, cette dernière étant un
phénomène purement psychique même si elle ne doit pas
être réduite à l'activité cérébrale
qui la fonde.
Pour autant, si Durkheim est le premier auteur à
proposer le terme de représentation collective, il n'est pas, selon
Orfali (2000), l'initiateur d'une réflexion sur le concept de
représentation lui-même. Elle montre ainsi que Descartes est
à l'origine d'une première réflexion, par son opposition
entre la raison et la culture.
Mannoni (1998), souligne qu'après Durkheim,
« la notion de représentation collective entre en sommeil
pendant pratiquement un demi siècle ». Certains travaux
d'historiens cependant, s'intéressent notamment aux attitudes reposant
sur des représentations collectives.
C'est en fait dans le domaine de la psychologie sociale que va
être élaboré le concept de représentation sociale
avec les travaux de S. Moscovici. Il publie en effet en 1961 une étude
sur la diffusion de la psychanalyse auprès du public : La
psychanalyse, son image et son public.
Farre (1984) note que « son propos était de
montrer comment une nouvelle théorie scientifique ou politique est
diffusée dans une culture donnée, comment elle est
transformée au cours de ce processus et comment elle change à son
tour la vision que les gens ont d'eux-mêmes et du monde dans lequel ils
vivent ». L'objectif de Moscovici est donc d'étudier la
façon dont la presse présente la théorie de Freud et la
façon dont le public réagit par rapport à cette
théorie présentée de façon
« médiatique ». Comment les individus se
« représentent-ils » la psychanalyse ? Il a
utilisé des questionnaires pour évaluer les connaissances d'un
échantillon représentatif de la population française sur
la psychanalyse, ses formes et utilisations contemporaines ainsi que sur son
fondateur, Freud.
Pour Abric (1997b), la théorie élaborée
en 1961 par Moscovici a longtemps été négligée par
la communauté scientifique, mais elle est depuis une quinzaine
d'années enfin reconnue et elle constitue désormais une
référence incontournable non seulement en psychologie sociale
mais également dans bon nombre d'autres sciences sociales. De nombreux
colloques et ouvrages interdisciplinaires ont en effet été
consacrés à ces questions.
De fait ainsi que le souligne Dortier (1999), l'étude
des représentations sociales a ouvert un grand champ de recherches.
De ce fait, plusieurs auteurs s'accordent aujourd'hui à
penser que la théorie des représentations sociales
« devrait permettre d'unifier l'approche de toute une série de
problèmes situés à la croisée de la psychologie et
des autres sciences sociales » (Jodelet, 1984).
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