Les instruments du COPAX face aux enjeux sécuritaires en Afrique centrale.( Télécharger le fichier original )par Cyr Revelli MBA ABESSOLO Université Omar Bongo - Master recherche en Géographie 2014 |
I.1.1. La centralisation du pouvoir politiqueL'insécurité en Afrique centrale a le plus souvent pris la forme de conflits entre différents groupes ethniques pour le contrôle de l'Etat. La décolonisation a produit des régimes à la fois faibles et très centralisés, peu désireux ou incapables de remporter le soutien d'une population politiquement, socialement et culturellement peu soudée autour d'un projet commun de construction d'un Etat-nation. Beaucoup de dirigeants ont concentré le pouvoir et les ressources de l'Etat entre les mains de leur propre groupe tandis que des opposants prenaient les armes. Les conflits internes sont les plus récurrents et sont ceux qui ont le plus marqué l'histoire de la violence en Afrique centrale. Ces conflits sont le plus souvent des guerres 24 civiles opposant des gouvernements à des groupes d'opposants dont l'unique ambition est le contrôle du pouvoir. L'Afrique centrale presque dans son entièreté s'était plongée après les indépendances dans une forme de compétition politique entre les partis politiques ou les classes sociales qui privilégiaient la force comme principal moyen opératoire. Ainsi, plusieurs foyers de tensions se sont déclarés il s'agit de l'Angola, du Burundi, de la Centrafrique, du Congo Brazzaville, de la RDC, du Rwanda, Tchad. Le génocide rwandais du 6 avril 1994- qui a coûté la vie à 800 000 Tutsi et Hutu modérés, massacrés par une milice hutu et par l'armée, est la pire tragédie de la seconde moitié du vingtième siècle, dont les métastases se développent encore en RDC. La RCA qui vient de connaitre une nouvelle crise qui a vu le départ de son président BOZIZE. Le tableau suivant illustre les changements violents de pouvoirs en Afrique centrale de 1960 à 2013. Ces changements sont aussi bien l'oeuvre des militaires que des civils. Tableau 1 : Changements violents de pouvoir en Afrique centrale depuis 1960
Source : www. cahiers.cerium.ca Cette récurrence des conflits due à la course au pouvoir peut s'expliquer à travers les propos de Koffi Annan : L'Etat postcolonial, n'a pas renoncé aux mécanismes d'asservissement mis en place par l'Etat colonial : mise en place de classes prédatrices qui aggravent la lutte pour le contrôle des moyens de l'Etat. 22. 21 Voir l'article de « Comprendre la causalité de la conflictualité post Guerre froide en Afrique » [ En ligne] www. cahiers.cerium.ca, consulté le 16 avril 2013. Ce tableau a été réactualisé par Cyr Revelli Mba Abessolo. 25 Le Professeur M.L. Ropivia nous l'explique lui aussi en ces termes : C'est la première élite africaine issue de la colonisation qui a été plus liberticide en forgeant le parti unique et en se muant en bourgeoisie bureaucratique plus soucieuse de ses intérêts égoïstes que d'intérêt général23. Dans cette logique, il va utiliser le concept d'« Etat-gaspilleur » pour illustrer le fonctionnement de l'Etat africain postcolonial. A travers un tableau (voir tableau 2), il va s'inspirer des travaux de l'économiste jamaïcain Arthur Lewis dans son ouvrage the theory of economic growth cité par F. Perroux24 qui recense les maux et les comportements néfastes par lesquels les bourgeoisies bureaucratiques paralysent le bon fonctionnement de l'Etat et se transforment en oligarchie gaspilleuses. Tableau 2 Action et exactions du gouvernement public selon Arthur Lewis
Source : ML. Ropivia, 1994, Géopolitique de l'intégration en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, p.138. 22 Koffi Annan, les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durable en Afrique , Rapport ONU, New York, mai 1998. 23 M-L. Ropivia 1994, Géopolitique de l'intégration en Afrique noire, Paris, L'Harmattan. 24 François Perroux, Pour une philosophie du nouveau développement. Paris, Aubier/Les presse de l'UNESCO, 1981, cité par Ropivia (ML), 1994, Géopolitique de l'intégration en Afrique noire, L'Harmattan, Paris. 26 On constate que c'est le coté droit du tableau qui dévoile un rôle spoliateur car on y retrouve les éléments qui constituent le lot quotidien des pratiques et des exactions des classes dirigeantes en Afrique noire. A cet effet, il est maintenant bien connu que la raison d'Etat dans les pays africains, beaucoup plus qu'ailleurs se confond la raison des classes ou avec la raison d'être des élites gouvernantes25 . Ainsi, le Pr Marc-Louis Ropivia continu en nous disant : Dès lors que l'Etat cesse d'assumer le développement de la collectivité (coté gauche) pour se consacrer à ses seuls intérêts égoïstes de classe, étant entendu que de bureaucratique, la classe-Etat voudrait se donner une légitimité économique. Elle fait donc fi des préceptes de bon gouvernement. 26 Nous pouvons comprendre que la centralisation du pouvoir peut engendrer l'asservissement d'une classe par une autre. La classe dirigeante adoptera des pratiques non seulement pour s'enrichir en spoliant une grande partie de la population, et se maintenir au pouvoir en bloquant le processus démocratique ce qui peut fragiliser l'Etat et être source de conflit ou de violence. Comment un Etat fragile peut être source de conflit ? |
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