Chapitre IV : L'ADAPTATION DU COPAX AUX DEFIS
SECURITAIRES EN AFRIQUE CENTRALE
La prise en compte des nouveaux défis
sécuritaires en Afrique centrale a poussé les Etats membres de
prendre des mesures permettant à l'institution sous-régionale de
ne plus simplement régler le problème de
l'insécurité en amont. Il s'agissait de mettre l'accent sur la
prévention. De ce fait, elle a procédé à des
reformes sur les plans institutionnel, juridiques et
opérationnel.
II. Les reformes de la CEEAC dans le domaine de la paix et
la sécurité
La CEEAC a mis place des reformes dans le but de
prendre l'ensemble des facteurs qui menacent la sécurité de
l'espace sous-régional.
I.1. Les reformes institutionnelles
Les reformes institutionnelles ont consisté
à la mise en place de nouvelles structures dans le but de pouvoir lutter
contre la criminalité sous ses formes. Deux directions retiennent
l'attention : la Direction des actions politiques et diplomatiques et la
Direction de la sécurité humaine.
I.1.1. La Direction des actions politiques et
diplomatiques et du MARAC (DAP-MARAC)
Le MARAC a été renforcé en 2010
par l'absorption de la Direction des actions politiques et diplomatiques, et a
conséquemment étendu son champ d'action à l'organisation
de missions d'observation électorale dans les États
membres128. Cette direction est focalisée sur la protection
de la souveraineté et la protection des Etats membre de la CEEAC,
à travers des missions génériques : l'observation des
paramètres montrant les risques ou l'évolution d'un conflit ;
l'analyse des risques et des causes ainsi que la recherche des solutions
techniques ; la proposition des actions préventives (politiques ou
diplomatiques) permettant d'anticiper ou de gérer des conflits ; le
développement de diverses collaborations, de la CEEAC avec les
organismes ou les institutions intéressées dans la
prévention (Société Civile, Communauté
Internationale, etc.).
128 Entretien avec Daniel Pascal Elono, Chef d'analyse et
de l'évaluation du MARAC, 13 octobre 2013, à
Libreville.
82
La Direction d'actions politiques et du MARAC, a pour
objectifs spécifiques de développer la capacité
nécessaire permettant à la CEEAC de remplir sa mission de
prévention des conflits et de consolidation de la paix en Afrique
centrale. Elle vise également à accroitre la visibilité
politique de la CEEAC et l'implication des Etats membres et de la
Société civile dans le domaine de gestion des crises. Enfin,
favoriser un climat de paix propice au développement des Etats - membres
de la sous-région.129 La composition du service du MARAC
reste conforme aux textes en vigueur. Quant au service diplomatie
préventive et médiation, il est composé d'un chef de
service, d'un expert en médiation, d'un expert en diplomatie
préventive et d'une unité de médiation. Seulement ce
service reste juste qu'à ce jour une coquille vide, car tout comme le
service du MARAC, il souffre d'un déficit en personnel. Nous n'y avons
recensé qu'un seul agent exerçant dans ce service.
I.1.2. La Direction de la sécurité
humaine
Le département de l'intégration humaine,
de la paix, de la sécurité et de la stabilité (DIHPSS) a
lui aussi subi des reformes avec la création de la Direction de la
Sécurité Humaine (DSH). Cette direction est composée d'un
Service d'Election et de Bonne Gouvernance, d'un Service de Justice et de Droit
de l'Homme, d'un Service de lutte contre la criminalité et enfin, d'un
Service de libre circulation des personnes. Cette direction, comme le
démontre le nombre de ses services, est chargée du contrôle
des élections et de la bonne gouvernance dans les différents
Etats-membres. Elle s'occupe de la justice et des droits de l'Homme, elle se
charge du contrôle de la libre circulation des personnes. La DSH via son
service de lutte contre la criminalité s'occupe du programme
désarmement, démobilisation réinsertion et rapatriement
(DDR), planifie le programme de reforme du secteur de sécurité
(RSS), la reforme des armée d'où l'élaboration d'un code
de conduite des armées de la sous-région. Elle lutte contre le
trafic des armes légères et de petits calibres (ALPC) et contre
la criminalité transfrontalière et maritime sous toutes ses
formes130. Enfin, elle suit le respect des accords internationaux
signés par les Etats-membres
On comprend aisément qu'avec cet ensemble de
missions, la DSH est une structure majeure et centrale dans les
mécanismes de paix et de sécurité de la CEEAC. Elle
s'occupe en effet, de la politique transversale et thématique et la
FOMAC ne peut agir sans l'appui de la
129 Ibid.
130 Entretient avec le Colonel Pierre Attomo Ndong, le 23
novembre 2013.
83
sécurité humaine131. A
l'analyse, cette direction reste quasi dysfonctionnelle, seul le Service de
lutte contre la criminalité fonctionne avec seulement un
expert.
D'autres initiatives sont en cours, la création
d'un comité des ambassadeurs qui jouerait un rôle d'interface
permanent entre le Secrétariat général de la CEEAC et les
hautes autorités politiques des Etats membres. Ces quelques
avancées et actions en cours traduisent bien l'engagement des Etats dans
le processus d'édification d'un espace de paix et de
sécurité en Afrique centrale. D'autres reformes majeures se sont
faites sur le plan juridique et opérationnel avec notamment la
convention de Kinshasa et le programme frontière sur le plan juridique
et la sécurisation de l'espace maritime avec le plan SECMAR sur le plan
opérationnel.
|