III. Les moyens de mise en oeuvre du COPAX à
l'épreuve des faits
Depuis leur mise en place, les instruments du COPAX
fonctionnent à demi-teinte. Nous postulons un décollage par
rapport à la réalité.
103Idem, art. 13.
104 Idem art, 14.
105 Idem. art.15.
68
III.1. Le MARAC, un système d'alerte rapide en
difficulté opérationnelle
Crée en 2000 par les chefs d'Etat et de
gouvernements de la CEEAC, la mise en oeuvre du MARAC a débuté
courant 2007 et se poursuit en vue d'une opérationnalisation totale en
2015.
III.1.1.1. Le MARAC et la surveillance de la
sous-région : inadéquation entre les textes et la
réalité sur le plan structurel
Si l'on se réfère aux textes, d'abord
à celui relatif au Conseil de paix et de sécurité (COPAX),
dans son article 22, le MARAC est composé d' un centre d'observation et
de surveillance chargé d'alimenter une banque de données sur
l'Afrique centrale, des zones d'observation et de surveillance de la
sous-région106. Dans son règlement intérieur,
l'article 2, prévoit un bureau chargé de la veille permanente et
de la collecte des informations, un bureau chargé de l'analyse et de
l'évaluation de l'information, un bureau chargé de la banque des
données, et des bureaux nationaux.107 Seulement, treize ans
après sa création cet ensemble de structures prévues ne
sont toujours pas mises en place. Le centre d'observation et de surveillance
n'est pas encore opérationnel ; seul le bureau d'observation et de
collecte des informations est en activité. Les zones d'observations et
de surveillance qui ont été prévues dans les textes ne
sont pas encore délimitées. Selon le Chef du Bureau d'analyse et
de l'évaluation du MARAC, il y a des zones ciblées de
manière provisoire à cause de la récurrence des conflits
et la présence d'une forte criminalité. C'est notamment : l'Est
de la RDC, le triangle transfrontalier, Cameroun, Tchad et RCA108.
Le MARAC dispose des correspondants décentralisés dans chaque
pays (3 par pays, seule la RDC a 4 correspondants en raison de la superficie
trop vaste du territoire). Cette situation n'est qu'une préfiguration
des bureaux de nationaux qui sont prévus dans les textes109.
Un des correspondants décentralisés est choisi par le
gouvernement et le reste est désigné parmi les membres de la
société civile. Comme nous le montre la carte ci-dessous
:
106 Protocole relatif au conseil de paix et de
sécurité de l'Afrique centrale, 2004
107 Règlement intérieur du Mécanisme
d'Alerte Rapide (MARAC), op. cit.
108 Daniel Pascal Elono Interview réalisée
le, 12 novembre 2013, à Libreville
109 Ibid.
69
Carte 3 : Répartition des Correspondants
décentralisés au sein de la CEEAC
Dans la collecte des données, la salle de
veille (voir figure ci-dessous) devait assurer une surveillance permanente de
la sous-région en collectant à chaque heure des informations
issues tout d'abord des rapports envoyés par les correspondants
décentralisés (CD) qui sont au nombre de trente un , soit
soixante deux rapports par semaine, puis des autres sources ouvertes (presse
audio-visuelle et écrite, internet), et enfin des informations issues
des réseaux informels c'est-à-dire des informateurs anonymes se
trouvant dans toutes les sphères de la
société.
70
Figure 5 : Configuration de la salle de
veille
Source : MARAC/Réalisation :
Cyr Revelli MBA ABESSOLO, Dpt de Géographie-MR GPMC-2013
Les informations ainsi collectées sont
transmises au bureau d'analyse et évaluation (voir figure 6) qui les
traite puis élabore des produits relatifs à la paix et la gestion
des conflits qui sont assortis des recommandations.
71
Figure 6: Configuration du bureau analyse et
évaluation
Source : MARAC/Réalisation
: Cyr Revelli MBA ABESSOLO, Dpt de Géographie-MR GPMC-2013
Les produits relatifs à la paix et à la
sécurité sont destinés soit aux instances
sous-régionales ou qui font l'objet d'une large publication (voir
tableau 5). Ils sont de natures différentes, leur
périodicité et les destinataires varient d'un produit à un
autre. Le tableau 5 nous présente de manière plus claire les
différents produits, leur périodicité et leur
destinataire.
72
Tableau 5 : Produits du MARAC
Série
|
Nature du produit
|
Périodicité
|
Destinataire
|
01
|
Monitoring
|
Quotidien
|
Large publication
|
02
|
Synthèse de sécurité
|
Hebdomadaire
|
SG, SGAs...
|
03
|
Rapport de sécurité
|
Mensuel
|
SG,SGA/IHPSS, Prés, CCEG
|
04
|
Note de conjoncture
|
Circonstanciel
|
SG
|
05
|
Alerte info
|
Circonstanciel
|
Large publication
|
06
|
Rapport de situation
|
Situation de crise
|
SG
|
07
|
Revue géopolitique
|
Semestriel
|
SG, CCPNUQSAC Réunion du COPAX
|
Source : MARAC, 2013
Légende
SG : Secrétaire Général
SGAs : Secrétaire Généraux
Adjoints
SGA/ IHPS : Secrétaire Générale
chargé de l'intégration humaine, de la paix, la
sécurité et la stabilité
CCEG : Comité des chefs d'Etat et des
gouvernements
CCPNUQSAC : Comité consultatif et permanent de
Nation-Unies chargé des questions de sécurité en Afrique
centrale
Les figures ci-dessus sont l'illustration de ce que
doit être le fonctionnement du MARAC si les choses étaient faites
dans les normes. Malheureusement, la réalité est autre. La salle
de veille est inexistante, le bureau d'analyse et évaluation ne compte
qu'en seul expert. Le MARAC fait face à un réel déficit en
termes de matériels et de personnels.
II.1.1.2. Le déficit matériel et humain
du MARAC : facteur de son
inopérationnalisation
Le MARAC connait un dysfonctionnement criard. En
raison de nombre de difficultés qui ne le permettent pas de remplir de
façon plus régulière ses missions. A ce jour, le MARAC ne
dispose d'aucune licence logicielle valide. Toutes les sous-régions du
continent font partie intégrante du Systèmes continental alerte
rapide (SCAR), ce qui permet à l'Union Africaine
73
d'avoir un regard sur ce qui se passe dans ces
différentes sous-régions en matière de paix et de
sécurité. Or la liaison VSAT qui assure la connexion directe avec
l'UA n'est plus valide depuis 2010. Sa connexion Internet via la ligne ADSL de
l'opérateur Gabon Télécom est coupée depuis plus de
huit ans environ. Pour remédier au problème, le MARAC est
astreint d'utiliser un box de l'opérateur IPI9 store de technologie
WIMAX. Or vu le grand travail qui doit s'effectuer et qui s'effectue dans la
sous-région cette structure mérite une connexion Internet
à très haut débit. De plus les serveurs de messagerie et
de téléphone IP sont hors d'usage depuis plus de trois ans
environ. Aussi, tous les documents de travail du MARAC passent actuellement par
des serveurs publics et les adresses e-mails privés des employés,
ce qui pose un problème de confidentialité et de
sécurité des données qu'il faudra résoudre. Tout ce
panel de problèmes rend inopérationnelle.
Outre ce problème de matériel, le MARAC
connait aussi un sérieux problème de personnel. Il a
été prévu au total 17 agents au niveau du MARAC, soit un
chef de service, trois chefs de bureau, deux experts observation et collecte,
quatre assistants salle de veille, cinq analystes et deux experts banque des
données. Mais à ce jour, il n'y a aucun chef de bureau, aucun
chef de service. Sur les deux experts observation et collecte, le MARAC n'a
qu'un seul. Il n'y a aucun assistant de salle de veille. Sur les cinq analystes
il n'ya qu'un seul en poste et actuellement trois sont en voie de recrutement,
il manquera donc un seul à recruter. Enfin, sur les deux experts en
banque des données un seul est en voie de recrutement. Le tableau
ci-dessous nous montre de manière plus claire ce déficit du MARAC
en termes de personnel.
74
Tableau 6: Etat des lieux du personnel du MARAC en
2013
Poste
|
Prévu
|
Existant
|
Besoins
|
Observations
|
Chef de service
|
1
|
0
|
1
|
A recruter
|
Chef de bureau
|
3
|
0
|
3
|
A recruter
|
Expert observation/collecte
|
2
|
1
|
1
|
1 en voie de recrutement
|
Assistant salle de veille
|
4
|
0
|
4
|
A recruter
|
Analyste
|
5
|
1
|
4
|
3 en voie de recrutement
|
Expert banque des données
|
2
|
0
|
2
|
1 en voie de recrutement
|
Source : MARAC, 2013.
|