1.3. Test de l'hypothèse H3
L'amélioration de la situation
économique des clients est liée positivement au ratio
d'autosuffisance opérationnelle
L'hypothèse H3 essaye de voir la relation entre le
capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Comme les
autres variables, le test de Pearson est utilisé à ce niveau pour
mettre en évidence le lien entre les deux variables. Les
résultats sont donnés dans le tableau ci-après.
Tableau 9 : Test de
corrélation entre le capital social et politique des clients et le RAO
(H3)
L'amélioration du capital social des clients
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RAO
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Les clients de l'IMF ont accès aux bilans financiers
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Corrélation de Pearson
|
,431
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Sig. (Bilatérale)
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,017
|
L'agent de crédit de l'IMF ou le caissier est le seul
interlocuteur des clients
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Corrélation de Pearson
|
,041
|
Sig. (Bilatérale)
|
,829
|
L'IMF fournit un lieu de discussion en cas de conflits,
réclamations ou plaintes entre un client et un employé
|
Corrélation de Pearson
|
-,006
|
Sig. (Bilatérale)
|
,977
|
Les clients de l'IMF peuvent participer aux instances de
contrôle et de prise de décision
|
Corrélation de Pearson
|
,074
|
Sig. (Bilatérale)
|
,697
|
Les instances sont constituées en majorité de
femmes
|
Corrélation de Pearson
|
,095
|
Sig. (Bilatérale)
|
,616
|
Les instances établies au sein de l'IMF influencent
réellement les décisions et provoquent des changements
|
Corrélation de Pearson
|
-,214
|
Sig. (Bilatérale)
|
,256
|
L'IMF facilite la création de capacités locales
de gestion
|
Corrélation de Pearson
|
,033
|
Sig. (Bilatérale)
|
,862
|
Source : Données de
l'enquête
Le tableau 9 nous édifie sur le lien existant
entre le capital social et politique des clients et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle (RAO). Ainsi, sur les sept relations il n'ya qu'une seule
qui a un lien positif acceptable. En effet, l'agent de crédit ou le
caissier qui est le seul interlocuteur des clients, la mise en place d'un lieu
de discussion en cas de conflits entre clients et employé, la
participation des clients à la prise de décision, le pourcentage
majoritaire des femmes dans les instances, l'efficacité des instances
établies de même que la formation des représentants n'ont
aucun lien significatif avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle
(RAO) car les seuils de significativité (82,9%; 97,7%; 69,7% ; 61,6
% et 25%) sont supérieurs au seuil de Pearson 5%. A l'opposé,
nous remarquons, par ailleurs, un lien positif significatif entre la
liberté d'accès pour les clients aux bilans financiers des IMF et
le ratio d'autosuffisance opérationnelle [corrélation de
Pearson (43,1%) et significativité 1,7% inférieure à 5%].
Ainsi, plus les clients ou les membres ont accès aux bilans financiers
des IMF plus le ratio d'autosuffisance opérationnelle n'augmente et vice
versa.
Cette situation peut être dû au fait que
l'accès des clients aux bilans financiers de l'institution est source de
transparence dans la gestion et aussi de confiance mutuelle entre clients et
IMF. Cette confiance fortifie les relations entre ces derniers; ce qui
débouche sur une réduction des coûts des institutions et
donc une amélioration de la viabilité financière
(Sall, 2008). Selon également certains auteurs
trouvés dans la littérature, en l'occurrence ceux du
réseau CERISE (2008, 2010), cette liberté
d'accès aux bilans financiers se traduit par un renforcement du capital
social induit par la transparence dans la gestion. Cette transparence provoque,
à son tour, une confiance mutuelle entre clients et IMF
développée tantôt par Cornée (2006)
dans son mémoire de DEA.
Comme conclusion, nous pouvons dire que
l'hypothèse H3 est également rejetée. Néanmoins,
nous pouvons noter que «l'accès des clients aux bilans
financiers », traduisant ainsi la transparence dans la gestion, est
lié positivement et de manière significative au ratio
d'autosuffisance opérationnelle. Par conséquent, nous notons une
convergence ou une corrélation entre la transparence, la confiance et le
ratio d'autosuffisance opérationnelle. En guise de
récapitulation à nos différents résultats, nous
avons tenté de présenter le tableau ci-dessous :
Tableau 10 :
Récapitulation des différents résultats issus des tests
d'hypothèses
Hypothèses de recherche
|
Résultats obtenus à l'issue des
enquêtes
|
H1
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L'hypothèse H1 liant le ciblage des pauvres exclus au
ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO) est rejetée puisque
sur dix (10) relations, aucune n'est significative au seuil de 5%. Ce
résultat renvoi à la conclusion suivante : le ciblage
individuel, géographique et méthodologique, composantes
essentielles du ciblage global, n'ont aucun lien significatif avec le ratio
d'autosuffisance opérationnelle (RAO). Dans ce sens, ce résultat
est en contradiction avec celui trouvé par le réseau
CERISE (2008, 2010).
|
H2
|
L'hypothèse H2 vérifie le lien existant entre
l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle et le
ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO). A l'issue des
résultats, nous avons une corrélation moyenne de l'ordre de 43%
de l'item « les visites des clients par les agents des IMF pour des
opérations financières » avec le ratio d'autosuffisance
opérationnelle suivie d'une significativité de 0,9%. Cet item
constitue les alliances extérieures intégrées dans la
rubrique services innovants et non financiers. Ainsi, l'hypothèse H2 est
rejetée. Mais l'adaptation des produits et services aux besoins des
clients, à travers les alliances extérieures, est
corrélée avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle
(RAO). C'est un résultat qui confirme les travaux de Fin Rural
et CERISE (2006) et de CERISE (2008, 2010).
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H3
|
L'hypothèse H3 analyse la relation entre
l'amélioration du capital social et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle (RAO).
A l'arrivée, nous constatons une corrélation
moyenne positive de 43,1% entre l'accès des clients aux bilans
financiers des IMF et le ratio d'autosuffisance opérationnelle avec un
seuil de significativité de l'ordre de 1,7%. Cet accès des
clients aux bilans financiers est traduit ici, selon la littérature
tournant autour des indicateurs de performance sociale, par la transparence
dans la gestion des IMF. Cette transparence dans la gestion débouche
à terme sur une confiance mutuelle entre clients et IMF ; ce qui se
traduit par une réduction des coûts globaux des institutions de
microfinance. et par ricochet sur une amélioration du RAO. Ce
résultat est extrêmement intéressant, à l'instar des
autres, car il vient de confirmer les écrits de certains auteurs
notamment ceux de Fin Rural et CERISE (2006), de Sall
(2008) et de Corné (2006).
Ainsi, une gestion transparente des mutuelles et une confiance entre
clients et IMF sont corrélées positivement avec le ratio
d'autosuffisance opérationnelle (RAO) et donc avec la viabilité
financière.
|
A la lumière des résultats issus de nos
enquêtes et présentés sur le tableau ci-dessus, nous
tentons par un schéma d'établir les relations existantes, de
manière empirique, entre les différentes variables de la
recherche. Ce schéma est appelé modèle empirique final de
la recherche.
Figure 2 :
Modèle empirique de la recherche
H2
-Diversité des produits et services
H3
Amélioration du capital social des
clients
-Transparence dans la gestion des IMF
-Confiance entre clients et mutuelles
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VIABILITE FINANCIERE
|
Ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO)
|
Ce modèle empirique final de la recherche fait
ressortir sous forme schématique des résultats assez
intéressants. En effet, la performance sociale est
décomposée dans notre étude théorique en trois
dimensions à savoir le ciblage des pauvres exclus du système
bancaire classique, l'adaptation des produits et services aux besoins des
clients et l'amélioration du capital social et politique des clients.
Au terme des analyses des données issues de nos
enquêtes, nous nous sommes retrouvés seulement avec deux
dimensions constituées par l'adaptation des produits et services aux
besoins de la clientèle et l'amélioration du capital social des
clients.
A cet effet, l'adaptation des produits et services aux
besoins de la clientèle, à travers les services innovants et non
financiers comme les alliances extérieures élargis à la
diversité des produits, est corrélée positivement et de
manière significative avec le ratio d'autosuffisance
opérationnelle. Ce résultat trouvé dans le contexte du
Sénégal, même si ça ne doit pas susciter une
euphorie totale, mérite d'être pris en compte dans l'environnement
microfinancier puisqu'il vient de confirmer en partie, les travaux du
réseau CERISE (2008, 2010) et de Fin Rural et
CERISE (2006) dont nous nous sommes inspirés pour
l'élaboration de cette hypothèse.
De surcroît, l'amélioration du capital
social et politique des clients à travers la transparence dans la
gestion appuyée par une confiance mutuelle entre IMF et clients permet
à terme de réduire les coûts globaux des IMF. En effet, la
transparence, l'échange d'information et la connaissance
réciproque vont créer la confiance, renforcer les relations sur
le long terme, permettre le partage des normes et des valeurs et ainsi
fidéliser les clients (Fin Rural, CERISE,
2006). Ces éléments à savoir la transparence et
la confiance renforcent les revenus financiers des institutions et, par
conséquent, agissent directement sur l'amélioration du ratio
d'autosuffisance opérationnelle (RAO).
Par ailleurs, le résultat assez surprenant dans
cette analyse constitue l'effet nul de la dimension1 de la performance sociale,
en l'occurrence le ciblage des pauvres exclus, sur le ratio d'autosuffisance
opérationnelle (RAO). Ainsi, bien que les résultats du tri
à plat du ciblage des pauvres révèlent un score moyen de
l'ordre de 58,4% de l'ensemble des mutuelles de l'échantillon, la
manière de cibler ces pauvres n'a aucune influence sur les coûts
globaux des institutions. Par exemple, la plupart des IMF
fréquentées ne font pas d'études formelles pour connaitre
le niveau de pauvreté de la population ; ce qui induit donc un lien non
significatif entre le ciblage des pauvres et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle (RAO).
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