Performance sociale et viabilité financière des IMF au Sénégal( Télécharger le fichier original )par Moussa DIOUF Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA Sciences de gestion 2012 |
1.1.2. L'asymétrie de l'information et ses effetsL'imperfection du marché du crédit remonte depuis les écrits de Stiglitz et surtout de Stiglitz et Weiss (1981). Ce phénomène résulte de l'existence d'asymétrie d'information entre le prêteur (le principal) et l'emprunteur (l'agent) ; ce qui rend difficile l'évaluation de la qualité du demandeur (risque de sélection adverse) et la vérification du bon respect des termes du contrat (risque d'aléa moral). 1.1.2.1. La sélection adverse ou l'anti-sélectionDans une économie de marché (du crédit) où l'information est parfaite et gratuite, la banque peut prévoir les actions de l'emprunteur et fixer ainsi un taux d'intérêt reflétant le niveau de risque du projet. Dans ce cas, la théorie classique suppose qu'une augmentation du risque se traduit, ipso facto, par une augmentation du taux d'intérêt. Dans cette perspective, le taux d'intérêt devient une fonction monotone du risque. A l'opposé, un contexte d'incertitude est caractérisé par une information imparfaite et asymétrique entre les différents acteurs du secteur. En effet, l'emprunteur détient plus d'informations que le prêteur et peut, à cet effet, cacher ou ne pas révéler certaines informations en faisant preuve d'opportunisme précontractuel (Akerloff, 1970)19(*). C'est pour cette raison que la banque ne peut se fier uniquement aux informations divulguées par le demandeur de crédit concernant son niveau de risque. Elle se trouve donc dans l'obligation de proposer un taux d'intérêt unique reflétant la qualité moyenne des emprunteurs. Il en résulte ainsi un mécanisme d'anti-sélection ou de sélection adverse dans la mesure où une augmentation du taux d'intérêt a pour corollaire une fuite des bons risques. En plus, cette hausse du taux d'intérêt a pour conséquence d'attirer des projets plus risqués mais potentiellement plus rentables afin de leur permettre de compenser des charges financières plus importantes (Stiglitz et Weiss, 1981). En somme, nous pouvons dire que la hausse du taux d'intérêt engendre des effets opposés sur le profit bancaire. D'un côté, elle implique une hausse des revenus de la banque mais de l'autre elle provoque un phénomène d'anti-sélection (fuite des bons risques) qui dégrade la qualité de portefeuille de crédit. L'anti-sélection engendre donc un phénomène d'exclusion bancaire mais, en aucun cas, ce rationnement du crédit bancaire ne caractérise une quelconque sélection de la clientèle de la part des banques. * 19 Cité par Cornée, 2006 |
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