DEDICACES
Ce mémoire de fin d'études approfondies est
dédié :
A
· notre mère Fatou Sarr militante infatigable de
l'éducation de ses enfants .Toi qui nous a conseillé d'aller
plus loin en investissant dans nos études ;
Nous te dédie spécialement ce travail pour
te manifester toute notre reconnaissance pour tout ce que tu as fait pour
nous, tout en sachant que cette reconnaissance n'est point à la
hauteur de ton assistance ;
· notre ami, conseiller de première heure, notre
père El. Malick Diouf. Beaucoup de prières et d'encouragements
pour nous avoir soutenu durant notre cursus scolaire ;
· notre épouse Gnilane Sarr ;
· notre charmante fille Mame Diarra Bousso
Diouf ;
· monsieur Ndaw (BCEAO siège) et sa femme Madame
Ndaw (BHS)
· monsieur Mamadou Touré (Ministère de la
justice) et sa femme Madame Touré
· nos amis Aliou Sadio, Ibrahima Diouf, Atif Diouf ;
Mbaye Senghor et Omar Bakhoum ;
· nos frères et soeurs ;
· tous les étudiants du DEA Gestion.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier très
sincèrement le tout puissant ALLAH, par l'intermédiaire de son
prophète MOUHAMED (PSL), qui nous a donné la santé et la
force de parachever ce travail de recherche ;
Nous remercions tout de même toutes les personnes qui
ont participé à la conception de ce document, en particulier, le
professeur El Bachir Wade qui a accepté de conduire ce travail de
recherche avec la plus grande disponibilité possible ;
Nous remercions également:
Nos chers parents qui nous ont toujours assisté durant
tout notre cursus scolaire ;
Nos oncles Djiby Sarr et Cheikh Sarr pour leurs soutiens sans
faille ;
Les membres du jury et tous les professeurs qui ont
participé à notre formation universitaire en
générale et de chercheur en particulier ;
Le professeur Ibrahima Samba Dankoco en tant que responsable
du DEA en Sciences de Gestion ;
Les professeurs Mahmoudou Bocar Sall et Babacar Diop pour
avoir participé à notre formation sans oublier le professeur
El hadji Faye qui a eu à nous encadrer, avec beaucoup de
disponibilité, durant notre mémoire de Maîtrise ;
Cheikh Mbacké Diop, Abdou Sarr et Marame Loum qui nous
ont assisté depuis le projet jusqu'à la confection du document
final ;
Tous les membres du labo FOCS en particulier Daouda
Sané, Massamba Samb, Ousmane Tanor Dieng, Aliou Bassoum, Amsa,
Hervé Foyang - Foyang pour leurs soutiens et conseils ;
Les membres du labo Marketing : Alioune Faye,
Safiétou Kébé, Binta Sady, Assane Diagne, Assane Fall,
Kitoyi mais en particulier Balla Doucouré et Abdou Karim Faye pour leurs
assistances lors de l'analyse des données ;
Les membres du labo GRH : Mamadou Sarr, Sylla, Demba
Kane, Amara
La secrétaire du DEA madame Badji pour son courage, son
abnégation et ses conseils sans oublier Madjiguène et Ousmane
Sène ;
Nos frères et soeurs : Babou, Abdoulaye, Ousmane,
Ibrahima, Nafi, Ramatoulaye et Awa pour leurs soutiens et
encouragements ;
Le personnel de l'administration de l'Institut Al Hazar (Mr
Badiane, Lèye, Mbaye, Diouf, Faye et Ndiaye) ainsi que l'ensemble des
professeurs (Mr Diouf, Sarr, Mbaye, Diop, Niang, Faye et Guèye) pour
leurs soutiens indéfectibles ;
Notre cousin Ousmane Ndiaye (SENELEC Patte d'oie) pour son
soutien et ses conseils ;
Tous les directeurs de mutuelles qui ont accepté de
nous fournir des informations ;
A toutes ces personnes, trouvez dans ces propos toute notre
reconnaissance et notre gratitude.
LISTE DES TABLEAUX ET
FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition des mutuelles
d'épargne et de crédit et réseaux de
l'échantillon
68
Tableau 2 : Répartition de
l'échantillon final
70
Tableau 3 : Tri à plat de l'indicateur
ciblage des pauvres exclus
71
Tableau 4 : Tri à plat du ratio
d'autosuffisance opérationnelle
73
Tableau 5 : Tri à plat de la variable
adaptation des services et produits aux besoins des clients
75
Tableau 6 : Tri à plat de la variable
l'amélioration du capital social et politique des clients
77
Tableau 7 : Test de corrélation entre
ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance
80
Tableau 8 : Test de corrélation entre
l'adaptation des services et le RAO
83
Tableau 9 : Test de corrélation entre
le capital social et politique des clients et le RAO (H3)
85
Tableau 10 : Récapitulation des
différents résultats issus des tests d'hypothèses
87
Tableau 11 : Scores moyens des dimensions des
différentes variables
102
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Modèle théorique de
la recherche
55
Figure 2 : Modèle empirique de la
recherche
89
ABREVIATIONS ET SIGLES
ACDI: Agence Canadienne
pour le Développement International
AFD: Agence
Française de Développement
ACEP: Alliance de
Crédit et d'Epargne pour la Production
BCEAO: Banque Centrale des
Etats de l'Afrique de l'Ouest
CAPAF : Programme de Renforcement des
Capacités des institutions de micro finance en Afrique
Francophone
CEDEAO : Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
CGAP: Consultative Group to
Assist to Poor
CERISE : Comité d'Echange et
de Réflexion et d'Information sur le Système
d'Epargne-crédit
CMS: Crédit
Mutuelle du Sénégal
DRS /SFD: Direction de la
Réglementation et de supervision des Structures Financières
Décentralisées
FMI: Fonds
Monétaire Internationale
FDEA: Femmes
Développement Entreprise en Afrique
GEC : Groupement
d'Epargne et de Crédit
IMF: Institution de
Microfinance
MPMEFMF: Ministère des Petites et
Moyennes Entreprises, de l'Entreprenariat Féminin et de la
Microfinance
MEC: Mutuelle d'Epargne et
de Crédit
OMD: Objection du
Millénaire pour le Développement
ONU: Organisation des
Nation Unies
ONG: Organisation Non
Gouvernementale
PAMECAS: Partenariat pour la
Mobilisation de l'Epargne et du Crédit Au Sénégal
PAT : Poverty
Assessment Tool
PARMEC : Projet d'Appui
à la Réglementation des Mutuelles d'Epargne et de
Crédit
PME: Petite et Moyenne
Entreprise
PPI: Progression de
sortie de la Pauvreté
PAT : Poverty
Assessment Tool
RAF: Ratio
d'Autosuffisance Financière
RAO : Ratio
d'Autosuffisance Opérationnelle
REMECU: Réseau des Mutuelles
d'Epargne et de Crédit de l'Unacois
SPSS: Statistical Package
for Social Sciences
SPI: Social performance
Indicator
SIG: Système
d'Information et de Gestion
SSCC : Structure
Signataire de Convention Cadre
SFD: Structure
Financière Décentralisée
UEMOA : Union Economique et
Monétaire Ouest Africain
USAID: United States Agency
for International Development
UM-PAMECAS: Union des Mutuelles du
Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et du Crédit Au
Sénégal
U-IMCEC: Union des institutions
mutualistes communautaires d'Epargne et de Crédit
UMECU DEFS: Union des Mutuelles d'Epargne et
de Crédit de l'UNACOIS pour le Développent Economique et
Social
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIÈRE PARTIE : REVUE DE LA
LITTERATURE
9
CHAPITRE I : L'ANALYSE CONCEPTUELLE :
PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE FINANCIERE
11
Section I : Le concept de performance
sociale
11
Section II : Le concept de viabilité
financière et sa mesure
21
CHAPITRE II : LA MICROFINANCE UNE REPONSE A
L'EXCLUSION BANCAIRE : LE LIEN ENTRE PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE
FINANCIERE
27
Section I : Le phénomène
d'exclusion bancaire et les mécanismes de financement alternatifs
27
Section II : L'arbitrage entre performance
sociale et viabilité financière : le schisme de la
microfinance
42
DEUXIEME PARTIE : CADRE CONTEXTUEL ET PRATIQUE
DE LA RECHERCHE
49
CHAPITRE III: LA METHODOLOGIE GENERALE DE LA
RECHERCHE
51
Section I : Hypothèses de recherche et
choix de la méthodologie
51
Section II : Les méthodes de collectes
et traitement de données
58
CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS, CONTRIBUTIONS, LIMITES ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE
67
Section I: Présentation des
résultats : analyses descriptives
67
Section II : Test des hypothèses,
contributions et limites de la recherche
78
CONCLUSION GENERALE
100
BIBLIOGRAPHIE
106
ANNEXES
114
TABLE DES MATIÈRES
120
INTRODUCTION GENERALE
Depuis fort longtemps, de nombreuses activités
diverses qualifiées habituellement de micro-entreprises se sont
développées dans les pays du Sud afin de permettre aux
populations pauvres de subsister. Malgré la diversité de leurs
activités, ces micro-entreprises sont confrontées à de
nombreuses difficultés parmi lesquelles l'accès à des
sources de financement extérieures représente une entrave
principale à leur bon développement. Elles ont en effet besoin de
ressources suffisantes pour financer leurs équipements, leurs achats de
fournitures et de matières premières.
Or, ces capitaux font souvent
défaut car les petites sommes demandées par les
micro- entrepreneurs, l'absence de garanties à offrir et aussi la nature
risquée de leurs projets rebutent les banques commerciales
traditionnelles (Valérie de Briey, 2005).
Dès lors, la microfinance est
alors apparue comme une solution pour les opérateurs économiques
du monde rural et ceux des villes qui ont été
évincés des structures de financement classiques ainsi que toutes
les personnes démunies susceptibles de développer une
activité économique génératrice de revenus pouvant
accroître leur bien-être et celui de leurs familles
immédiates (Yaron, 1998)1(*).
En effet, la microfinance a débuté ses
activés en Europe notamment en Italie avec la première boutique
de prêt sur gage pour lutter contre les pratiques usuraires. Au
début du 19ème, le concept de coopérative
financière est mis en place par Raiffeisen en Allemagne. Ainsi, la
microfinance prend véritablement son essor dans les années 1980,
bien que les premières expérimentations remontent au début
des années 1970 au Bangladesh par l'entremise de la Grameen Bank.
D'autres expérimentations ont également eu lieu dans d'autres
pays comme ceux d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Latine et d'Europe de
l'Est où parfois même moins de 20% de la population dispose d'un
compte bancaire2(*).
En Afrique, les pratiques de la microfinance sont encore
plus anciennes, mais des coopératives d'épargne et de
crédit sont mises en place depuis les années 1970 au Burkina
Faso, au Togo et au Ghana. Elles ont montré qu'il est possible de
collecter de l'épargne en milieu rural et d'octroyer du crédit et
de faire gérer les structures par les membres eux-mêmes. Depuis,
ces coopératives ont grandi, gagné le milieu urbain et
diversifié leurs membres et leurs activités. Par la suite, le
Mali, le Bénin et le Sénégal se sont joints à cette
dynamique (Ouedraogo, 2008).
Le Sénégal, pour ce qui le concerne, est un
pays membre de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA) et
de la Communauté Economique des Etas de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)
caractérisé par un secteur financier présentant une
dualité entre le système bancaire classique d'une part et d'autre
part, le système financier informel et les structures de financement
décentralisées. Cette dualité s'articule surtout autour du
niveau de revenus des usagers. Les banques qui constituent l'essentiel du
système financier formel, proposent des produits financiers que seules
les grandes entreprises publiques ou privées et les particuliers
à revenus relativement élevés et stables peuvent honorer
(Sakho, 2004).
Depuis la crise de 1989, due au non recouvrement des
créances3(*),
l'environnement financier sénégalais est marqué par une
nouvelle configuration du système bancaire obtenue grâce à
l'application d'une nouvelle politique d'assainissement et de restructuration
mise en vigueur par les autorités monétaires. Comme dans la
plupart des pays en voie de développement, le constat est que les
circuits classiques de financement n'ont pas su jouer pleinement leur
rôle. Ce phénomène est en partie dû à un
environnement économique peu propice et à l'inadaptation du mode
de fonctionnement des banques rigoureusement calqué sur le modèle
occidental.
Reconnaissant les limites du secteur bancaire classique
à développer l'intermédiation financière et
à améliorer durablement et sensiblement le revenu des personnes
démunies, les autorités monétaires ont favorisé
l'émergence de la Microfinance comme circuit alternatif de financement
(Sakho, 2005).
Plusieurs manières existent pour définir la
microfinance. Néanmoins, les activités organisées par
celle-ci (micro épargne, micro assurance, transfert d'argent et
microcrédit) permettent à certains chercheurs dans le domaine de
formuler quelques définitions.
L'ONU définit la microfinance comme « la
provision de services financiers à petite échelle tels que
l'épargne, le crédit et les autres services financiers de base
à des personnes pauvres et à faibles revenus».
Silvain Allemand (2007) estime, pour sa part,
que la microfinance désigne les services financiers destinés aux
populations exclues du système bancaire traditionnel pour les aider
à créer ou à développer leurs activités ou
subvenir à des besoins financiers comme le microcrédit,
l'épargne solidaire et la micro assurance.
Cependant, la définition la plus plausible est
celle faisant état d'une synthèse de toutes ces
définitions susnommées et retenues par les différents
acteurs du secteur qui s'accordent que les dispositifs de microfinance
sont des structures offrant des services financiers de base
(épargne /crédit) et plus élaborés
(assurances, transferts d'argent) à une frange de la population exclue
du système financier classique (Cornée,
2006).
Dans les années quatre vingt dix, vue les
difficultés rencontrées par la plupart des programmes
gouvernementaux initiés antérieurement à l'endroit des
populations démunies, la pérennité des institutions de
microfinance constitue un défi majeur pour l'ensemble de la
communauté internationale. Dans cette perspective, SALL
(2008) souligne que «si l'importance des institutions de
microfinance est largement reconnue maintenant, l'accent est insuffisamment mis
sur la nécessité de leur assurer une pérennité
financière pour qu'elles remplissent véritablement leur
rôle. Sans équilibre financier à long terme, les
institutions de microfinance connaitront les mêmes difficultés que
les banques de développement et seront vouées elles aussi
à la disparition ». Beaucoup de progrès ont
été réalisés dans ce domaine avec notamment les
outils d'évaluation financière qui ont été
adaptés et conçus pour suivre la performance financière
des institutions de microfinance (CERISE, 2004).
Dans cette dynamique, la viabilité
financière devient alors le maître mot de la gouvernance des
IMF4(*). Tous les
mécanismes sont mis en oeuvre pour afficher de bons résultats
financiers. Cependant, une attention trop poussée à la
rentabilité financière risque d'éloigner les IMF de leurs
missions sociales en faisant une sélection très rigoureuse de la
clientèle. Par contre une vision trop sociale peut inciter à
l'application des taux d'intérêt très bas mettant en danger
la rentabilité financière des IMF. Cet arbitrage entre
portée sociale et viabilité financière des institutions de
microfinance est agité actuellement par deux courants très connus
dans le champ de la microfinance.
Le premier courant faisant état d'une
volonté d'indépendance financière est qualifié
d'Institutionnaliste (Morduch, 2000). Cette approche, soutenue
par les institutions financières internationales telles que la Banque
Mondiale et le Fond Monétaire Internationale, est basée sur
l'idée selon laquelle une massification de l'offre de crédit par
l'intégration du secteur de microfinance dans les marchés
financiers permettrait à terme d'éradiquer la pauvreté.
Le deuxième courant, qualifié de Welfariste
selon Woller, Dunford et Woordworth (1999),
prône la nécessité de mettre au devant de la
scène la problématique de la performance sociale
c'est-à-dire la capacité des institutions à faciliter
durablement l'accès du crédit aux personnes exclues du
système bancaire classique en vue d'améliorer leur bien
être social à travers des études d'impact.
Ces arguments polarisés, formulés par ces deux
courants de pensée de la microfinance, rendent légitime notre
question centrale de recherche intitulée comme suit : les IMF
peuvent-elles combiner à la fois une prise en compte de la dimension
sociale avec la recherche d'une viabilité financière ?
En d'autres termes nous chercherons à savoir si le désir
de fournir des services financiers aux personnes exclues entre en contradiction
avec la recherche de la rentabilité financière des IMF au
Sénégal.
Cette question centrale, s'inscrivant dans la
problématique d'arbitrage entre portée sociale et
viabilité financière, suscite les interrogations
spécifiques ci-après :
existe-t-il un lien entre le ciblage des personnes exclues et
le ratio d'autosuffisance opérationnelle ?
existe-t-il une corrélation entre l'adaptation des
produits et services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle ?
le renforcement du capital social est-il lié
positivement au ratio d'autosuffisance opérationnelle ?
En outre, l'objet de ce travail de recherche consiste,
dans un premier temps, à choisir un angle d'attaque dans la mesure
où la performance sociale est distinguée selon deux approches.
Une approche centrée sur le client et l'impact de l'institution et une
approche centrée sur l'institution et l'analyse des procédures
suivies pour réaliser ses objectifs sociaux. La dernière approche
sera retenue afin de voir exclusivement la capacité réelle des
institutions à jouer pleinement leurs missions sociales (toucher les
exclues, renforcer leurs capacités, etc.) tout en restant viables
(couvrir les coûts de l'offre de services).
Ainsi, en tenant compte du fait que la performance
sociale est un concept multidimensionnel et que l'approche retenue pour ce
concept est clairement circonscrite mais aussi en tenant compte de la question
centrale de recherche, l'objectif général de notre travail de
recherche consiste donc à voir si les IMF peuvent combiner
à la fois une prise en compte de la dimension sociale avec la recherche
d'une viabilité financière.
Et de manière spécifique, il
s'agit :
· d'étudier le lien pouvant
exister entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle ;
· de vérifier s'il ya une
corrélation entre l'adaptation des produits et services aux besoins des
clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ;
· d'examiner le lien entre le capital social et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle.
Ce travail présente, de plus, un double
intérêt qui est à la fois théorique et pratique.
Sur le plan théorique, notre recherche contribue
modestement à l'extension du champ théorique et aux avancements
scientifiques et techniques de la recherche en microfinance par le fait qu'il
soit positionné par rapport à d'autres travaux du même
domaine. Parmi ces travaux, nous pouvons noter ceux du réseau
CERISE (2008, 2010), de Fin Rural et CERISE
(2006) sans oublier aussi ceux de Simon Cornée
(2006,2007). A ce titre, cette recherche va permettre
aux chercheurs travaillant dans le domaine, notamment ceux du
Sénégal, d'avoir une base théorique solide sur les
concepts faisant l'objet de notre étude étant donné
qu'à notre connaissance cette recherche constitue la première au
Sénégal sur le lien entre performance sociale et viabilité
financière.
Sur le plan pratique cette recherche est l'occasion pour
nous d'articuler de manière optimale les notions de
« performance sociale » et de « viabilité
financière » c'est-à-dire parvenir au lien pouvant
exister entre les deux concepts. A cet effet, les institutions de microfinance,
en général et celles du Sénégal en particulier,
trouveront les pistes nécessaires pour cibler efficacement les
populations démunies tout en renforçant leur viabilité
financière. Notre ambition ici est d'essayer de donner au travail une
véritable implication managériale permettant aux décideurs
et aux différents acteurs du secteur de jouer pleinement leur rôle
dans l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement
(OMD)5(*) en
général et de la réduction de la pauvreté en
particulier.
Pour montrer ce lien entre les deux concepts, nous nous
appuyons sur un raisonnement en deux parties à savoir la revue de la
littérature et l'approche empirique.
Dans la première partie concernant la revue de la
littérature, sont développés le cadre conceptuel (Chapitre
I) qui va nous servir à bien délimiter les contours de notre
étude d'une part et d'autre part la microfinance comme une
réponse à l'exclusion bancaire (Chapitre II).
Concernant la seconde partie, elle expose le cadre empirique
où sont développées successivement la méthodologie
générale de la recherche (Chapitre III) et la présentation
des résultats ainsi que les limites et perspectives de recherches
futures (Chapitre IV).
PREMIÈRE
PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
Comme disait RIVELINE : « Il n'ya rien de
plus pratique qu'une bonne théorie. »6(*)
Ainsi, cette première partie de notre travail, ayant
pour objet de dégager une revue de la littérature, est
structurée autour de deux axes. Il s'agit, d'une part, de l'analyse
conceptuelle de la recherche nous permettant de bien délimiter les
contours de l'étude (chapitre I) et d'autre part de proposer aussi, vue
la diversité des thèmes agités autour de la microfinance,
une revue axée sur l'arbitrage entre les concepts de performance sociale
et de viabilité financière (chapitre II). Ce dernier chapitre est
l'occasion pour nous d'étudier un certains nombre de théories en
l'occurrence les théories contractualistes.
CHAPITRE I :
L'ANALYSE CONCEPTUELLE : PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE
FINANCIERE
Ce chapitre, intitulé cadre conceptuel de la
recherche, tente d'expliciter la notion de performance sociale avec tous les
problèmes y afférents d'une part et celle de viabilité
financière d'autre part.
Section I : Le concept de
performance sociale
La performance sociale est un concept multidimensionnel
selon Waddock et Graves (1997). Il convient
de faire quelques généralités sur le concept avant de
passer à son évaluation.
1.
Généralités sur le concept de performance sociale
Selon les auteurs comme Lapenu et Al.
(2004) : « L'objectif d'une IMF
réside dans sa capacité à faciliter l'accès des
services financiers aux populations défavorisées afin
d'améliorer leur bien-être et ce de manière durable.»
Selon eux cet objectif générique peut être subdivisé
en deux catégories de sous-objectifs à savoir la notion de
durabilité ou de pérennité mais aussi de performance
sociale.
Le premier sous-objectif concernant la notion de
durabilité ou de pérennité renvoie à une
nécessité de bonne gestion. Cette notion de
pérennité peut aussi être correctement
appréhendée à travers certains indicateurs financiers.
Le deuxième sous-objectif inclue des objectifs de
performance sociale. Ces derniers traduisent la mise en pratique efficace de la
mission sociale d'une IMF. Ils ne concernent pas uniquement la mesure de
l'impact mais aussi la mise en place d'actions et de mesures correctives
permettant d'améliorer cet impact.
Sur ce point, Cornée (2007)
considère que dans le secteur de la
microfinance, chaque IMF a un savoir-faire basé sur son histoire, ses
pratiques internes et son environnement qui sous-tendent des facteurs
spécifiques difficilement quantifiables tels que le niveau de
coopération, de solidarité ou encore de confiance.
C'est ainsi qu'à l'issue de leur état des lieux sur les
outils de mesure de la performance sociale, Reboul et Lapenu
(2006) pointent le fait que la simplification de la notation peut se
faire au détriment de la multiplicité des objectifs sociaux des
parties prenantes et peut tendre aussi à ignorer les contradictions
entre ces dernières. C'est pour cette raison que les recherches
empiriques sur le lien entre performance sociale et financière donnent
le plus souvent des résultats contradictoires. Ce résultat est
confirmé par Ullman (1985) qui, après avoir
réalisé une étude exhaustive sur les travaux de
l'époque, concluait que ces derniers pouvaient être
caractérisés comme des données empiriques en recherche de
théorie.
1.1. Définition de la performance
sociale
Le mot performance a été défini par
un certain nombre d'auteurs. En effet, comme le remarque Bourguignon
(2000)7(*), le
terme performance est largement utilisé sans que sa définition ne
fasse l'unanimité. Ce fait reflète même la polysémie
du mot. En revenant aux origines étymologiques, nous constatons que le
terme français et le terme anglais sont proches et signifient
l'accomplissement pour évoquer par la suite l'exploit et le
succès. Ainsi, le mot performance puise donc ses origines dans le latin
«performare » et signifie l'accomplissement, les réalisations
et les résultats réels.
A cet effet, beaucoup d'auteurs ont tenté de
donner une définition de la performance à leur manière.
Parmi ces auteurs nous pouvons évoquer par exemple:
Albanes (1978)8(*) qui soutient que la performance est la raison
des postes de gestion, elle implique l'efficience et l'efficacité.
Miles (1986)9(*) pense que la performance est la
capacité de l'organisation à réaliser une satisfaction
minimale des attentes de sa clientèle stratégique.
Machesnay (1991)10(*) suppose que la performance de l'entreprise
peut se définir comme le degré de réalisation du but
recherché.
Chandler (1992)11(*), quant à lui, estime que la
performance est une association entre l'efficacité fonctionnelle et
l'efficacité stratégique. L'efficacité fonctionnelle
consiste à améliorer les produits, les achats, les processus de
production, la fonction marketing et les relations humaines au sein de
l'entreprise. L'efficacité stratégique consiste à devancer
les concurrents en se positionnant sur un marché en croissance ou en se
retirant d'un marché en phase de déclin12(*) .
Lorino (1997)13(*), de son coté, pense qu'est performant
dans l'entreprise tout ce qui, et seulement ce qui, contribue à
améliorer le couple valeur - coût (à contrario, n'est pas
forcément performance ce qui contribue à diminuer le coût
ou à augmenter la valeur isolément.
En conséquence, l'analyse des buts poursuivis par
l'organisation fait apparaître deux mesures de la performance à
savoir l'efficacité14(*) et l'efficience15(*). En ce sens, la performance est définie comme
l'aptitude à obtenir de meilleurs résultats, en fournissant un
minimum d'effort et en se comportant pertinemment afin d'atteindre les
objectifs escomptés.
Il existe plusieurs types de performances comme la
performance économique, organisationnelle, financière, sociale
etc., mais nous allons nous intéresser ici qu'à la performance
sociale qui constitue notre première variable de recherche.
La comparaison entre la performance sociale d'une
organisation par rapport aux performances économiques et
financières prend en compte la nature des relations internes entre ses
employés et des relations qu'elle entretient avec ses clients et les
autres acteurs avec qui elle interagit. Plus globalement, nous pouvons entendre
par performance sociale les effets de l'institution sur les conditions sociales
de ses clients: effet sur le niveau de vie (pauvreté, logement,
santé, éducation). Sur ce point, cette définition n'est
étudiée que du point de vue du client.
Cependant, une autre étude de la performance
sociale des IMF est aussi promue par de nombreux réseaux d'appui et de
bailleurs de fonds comme le réseau CERISE en France, le CGAP, l'USAID
(CAPAF, 2006). Dans leur étude,
Lapenu et Reboul (2006) du réseau CERISE
définissent la performance sociale d'une IMF comme étant «
la traduction effective de sa mission sociale en pratique (actions, mesures
correctives et suivi des résultats) ». Pour eux, la mission sociale
de la microfinance est également liée de facto à
l'amélioration des conditions de vie des populations exclues et à
l'élargissement de la gamme d'opportunités
socioéconomiques pour la communauté.
En plus des travaux effectués par le réseau
CERISE16(*) sur la
performance sociale, les autres réseaux cités ci-dessus s'y
associent. La rencontre des différentes initiatives sur le concept sous
l'égide du CGAP (2007) a permis de trouver un consensus
sur une définition plus globale de la performance sociale en ces
termes : « La performance sociale est la traduction effective
dans la pratique des objectifs sociaux d'une institution de microfinance
conformément aux valeurs sociales reconnues. Ces objectifs sont
notamment de servir durablement un nombre croissant de pauvres exclus,
d'améliorer la qualité et l'adéquation des services
financiers ainsi que la situation économique et sociale des clients et
de garantir la responsabilité sociale envers les clients, les
employés et la communauté de manière
générale.»
A cet égard, Copestake (2007)
et Jegourel (2008) estiment que cette
définition de la performance sociale se résume donc à
travers trois éléments majeurs. Il s'agit tout d'abord de la
capacité d'atteindre le plus grand nombre de personnes pauvres durant
une période donnée, ensuite de la capacité d'atteindre des
personnes dont la situation sociale est initialement défavorisée
et enfin de la capacité d'améliorer directement ou indirectement
leur bien-être social et celui de leurs familles immédiates.
Cette définition proposée par les
différents réseaux cités ci-dessus prend en compte les
quatre dimensions de la performance sociale à savoir le ciblage des
pauvres exclus, l'adaptation des produits et services aux besoins des clients,
l'amélioration du capital social ou de la situation économique et
politique des clients et la responsabilité sociale de
l'institution ; ce qui justifie le fait que cette dernière
définition beaucoup plus globale est retenue dans la suite de notre
recherche. En conséquence, la performance sociale ne concerne pas
uniquement la mesure de l'impact, mais aussi la mise en place
d'actions et de mesures correctives pour améliorer cet
impact. La mission sociale de la microfinance revient alors à
améliorer les conditions des pauvres exclus et à
élargir l'éventail des opportunités pour les
communautés. Cette acception se base sur l'idée selon
laquelle les institutions de microfinance ont généralement un
double objectif de résultat qui est à la fois social et
financier. Dans cette perspective, les notions de performance sociale et de
responsabilité sociale de la microfinance sont aujourd'hui
considérées comme une entrée nouvelle et
complémentaire de l'évaluation financière du secteur.
La responsabilité sociale concerne ici la
préoccupation des parties prenantes (IMF, réseaux, investisseurs,
bailleurs) à s'assurer que leurs actions sont transparentes, qu'elles
contribuent à l'offre de services financiers et qu'elles n'ont pas
d'effets négatifs sur leurs partenaires (employés, clients,
communauté, environnement). La notion de performance sociale va un peu
plus loin dans la mesure où les IMF cherchent par leurs actions à
remplir une mission sociale en faveur de leurs clients et s'assurent que ces
derniers et leurs familles en tirent un bénéfice
économique et social.
Pour arriver à cette fin, les objectifs sociaux
d'une IMF doivent inclure :
· servir un nombre croissant de pauvres exclus
durablement en étendant la portée des programmes de
microfinance ;
· améliorer la qualité et
l'adéquation des services financiers disponibles pour la
clientèle cible à travers l'évaluation systématique
de ses besoins spécifiques ;
· créer un capital social et améliorer
aussi la responsabilité sociale des IMF envers ses employés et
ses clients qu'elles servent (CERISE, 2008).
1.2 Problème de mesure de la performance sociale
Au départ, l'évaluation de la performance
sociale dans le domaine de la microfinance posait un certain nombre de
difficultés ; ce qui était à l'origine d'une raison
fondamentale de l'incertitude de la relation entre performance sociale et
viabilité financière. En effet, selon Waddock et Graves
(1997), la performance sociale est un concept multidimensionnel
incluant d'une part des investissements dans les programmes environnementaux,
des comportements internes comme le traitement des minorités et des
femmes (inputs) et d'autre part des relations avec la communauté et des
actions humanitaires (outputs). Pour eux, chaque système de mesure
propose une pondération différente de ces multiples dimensions.
La mesure de la performance sociale se heurte à cet effet à un
problème d'échantillonnage. Dans le même sillage,
Ullmann (1985) souligne qu'un système de mesure peut
être pertinent pour certains secteurs spécifiques mais
s'avère inapplicable pour d'autres puisque la mesure de la performance
sociale se base souvent sur les déclaratifs des entreprises et non pas
sur une analyse approfondie et indépendante des pratiques de terrain.
C'est la raison pour laquelle, la corrélation entre la performance
sociale et les déclaratifs des entreprises n'est donc pas
évidente.
Dans cette optique, le réseau CERISE a pris la
relève en élaborant quatre indicateurs de performance sociale
acceptés par l'ensemble de la communauté scientifique en
microfinance et dont les trois sont pris en considération dans notre
étude.
2.
L'évaluation de la performance sociale
Le modèle d'évaluation de la performance
sociale, développé par le réseau CERISE,
est un des plus évolués à ce jour. Il convient de
distinguer deux approches qui sont complémentaires à savoir
l'approche par les indicateurs d'impact et l'approche par les indicateurs de
performance sociale.
L'approche par les indicateurs d'impact sur
l'évolution des conditions de vie des clients peut donner des tendances
et des hypothèses qui ne relèvent pas simplement de l'action des
institutions de microfinance mais du contexte socio-économique.
Concernant l'approche par les indicateurs de performance sociale (SPI), elle
propose un cadre d'analyse basé sur les déclarations de la
direction des institutions de microfinance à partir des connaissances de
l'institution et des données issues du système d'information et
de gestion (SIG). Ces indicateurs sont au nombre de quatre. Il s'agit du
ciblage des pauvres exclus, de l'adaptation des produits et services aux
besoins des clients, de l'amélioration du capital social et politique
des clients et de la responsabilité sociale de l'institution.
2.1. Le ciblage des pauvres exclus
Les IMF ont été généralement
développées pour atteindre des personnes exclues du
système financier classique. Elles peuvent avoir pour objectif de
toucher les populations socialement exclues comme les jeunes, les femmes et les
analphabètes ou simplement d'offrir des services financiers dans des
régions où le système bancaire est absent.
Le ciblage recouvre l'ensemble des mécanismes
qu'une IMF met en oeuvre pour toucher des personnes exclues du système
bancaire classique. Ainsi, le ciblage peut être géographique,
lorsqu'une institution s'implante dans des zones qui en ont
particulièrement besoin. Il est individuel, lorsqu'elle
sélectionne volontairement des usagers défavorisés. Et il
revêt une dimension méthodologique, lorsque les modes de
fonctionnement sont particulièrement adaptés pour répondre
aux contraintes des personnes les plus démunies (CERISE,
2010).
2.2. L'adaptation des services et produits aux besoins de la
clientèle cible
Il est cependant insuffisant de cibler une population
particulière. Mais aussi il faut comprendre quels sont ses besoins et
ses contraintes puis travailler maintenant à la définition de
produits qui puissent y répondre au mieux. Les services financiers
destinés aux populations exclues sont souvent standardisés. Ces
services concernent pour l'essentiel de petits crédits, des
remboursements réguliers et souvent hebdomadaires, mais également
des cautions solidaires.
L'adaptation des services revient donc
pour une institution à s'assurer que son offre répond le mieux
possible aux besoins de ses membres ou de ses clients. Cette
phénomène se traduit par une diversité de sa gamme de
produits financiers, par la qualité de ses prestations et enfin par la
mise à disposition de services innovants et non financiers
(CERISE, 2008).
2.3. L'amélioration du Capital social et politique des
clients
Dans la gestion des IMF, la confiance et la mobilisation
des liens sociaux au sein de la communauté peuvent réduire les
coûts de transaction et améliorer les remboursements à
travers l'encouragement à l'action collective, la réduction des
comportements opportunistes et des risques. Mais ces liens sociaux ne doivent
pas être instrumentalisés au seul profit de la réduction
des coûts de l'institution. Pour les clients, le renforcement de leur
capital social et politique peut améliorer leur organisation sociale
(action collective, partage de l'information, poids politique, etc.).
Cet indicateur de performance sociale cherche à
mesurer le degré de transparence, les efforts de l'institution pour
donner une place à ses clients au sein de l'organisation. La structure
de microfinance peut aussi chercher à renforcer le capital social de ses
clients en favorisant la confiance et la transparence, en organisant des
mécanismes de participation ou en ayant des actions
spécifiques d'empowerment ou d'autonomisation
(CERISE,2008).
Par ailleurs, concernant le capital social
susnommé, il peut être défini de manières diverses
bien que corrélatives. En effet, l'approche retenue par le chantier
finance solidaire, en l'occurrence les auteurs comme Quinones et
Fernando (2003), consiste à définir le capital social
comme la capacité des personnes à coopérer et à
agir ensemble pour venir à bout de problème d'action collective
et parvenir à des objectifs communs. La Banque Mondiale, de son
coté, considère que le capital social en microfinance fait
référence à des institutions, relations et normes qui
façonnent la qualité et la quantité des interactions
sociales d'une société. Enfin, Worms (2002)
interprète le capital social comme le stock accumulé de
coopération à un moment donné et qui, quand on l'utilise,
fait émerger ou facilite les interactions sociales, les liens et les
arrangements sociaux. En ce sens, il peut être traité exactement
de la même manière que le capital financier ou humain.
2.4. La responsabilité sociale de l'institution
Les institutions de microfinance sont tout d'abord des
fournisseurs de produits et services financiers mais leurs fonctionnements
doivent s'harmoniser avec les besoins et les attentes locales sans briser les
équilibres économiques et culturels. Souvent venues de
l'extérieur de la communauté dans laquelle elles
s'insèrent, les IMF doivent pouvoir s'y fondre et s'adapter au contexte
socio-économique et culturel. La responsabilité sociale des IMF
requiert également une politique des ressources humaines juste, des
garanties adaptées aux valeurs locales, des relations
équilibrées entre clients et employés surtout dans les IMF
où certains clients élus participent aux prises de
décision.
En somme, la responsabilité sociale
s'exerce à l'égard du personnel de l'institution en
adoptant une politique de ressources humaines appropriée mais aussi
vis-à-vis de ses clients en garantissant des principes essentiels de
protection des consommateurs et enfin envers la communauté et
l'environnement en veillant à préserver le milieu dans lequel
elle intervient (CERISE,2010).
Concernant la performance sociale, les variables retenues
sont issues fondamentalement, comme nous l'avons dit tantôt, des travaux
d'un groupe de chercheurs sur la microfinance dénommé CERISE
(Comité d'Echange, de Réflexion et d'Information sur les
Systèmes d'Epargne-Crédit) qui a essayé d'analyser le lien
entre performance sociale et financière et nous nous sommes
inspirés de ces travaux pour établir les différents
indicateurs de la variable performance sociale. Parmi les quatre indicateurs
précités permettant de mesurer la performance sociale, nous
allons en retenir que trois pour la suite de notre recherche pour des raisons
liées au fait que la quatrième dimension est
corrélée, dans la revue, avec la taille de l'institution alors
que cette dernière n'est pas prise en compte dans la présente
étude. Ainsi, ces différentes dimensions seront mises en relation
avec celles de la viabilité financière.
Section II : Le concept de viabilité
financière et sa mesure
La viabilité financière étant une
variable stratégique de la performance financière, il convient
d'abord de la définir avant de passer à son évaluation.
1.
Définition de la viabilité financière
Pour Sakho
(2004), la microfinance est
considérée comme un outil de lutte contre la pauvreté dans
le monde. Il est par conséquent important d'assurer la viabilité,
voire la pérennité des IMF et de renforcer la
compréhension des mécanismes spécifiques visant à
promouvoir les activités de crédit et d'épargne. En effet,
selon toujours Sakho, la viabilité au Sénégal peut
être perçue sous trois angles : l'angle institutionnel,
social et financier. Mais nous allons nous focaliser uniquement sur la
viabilité financière qui nous concerne dans cette
étude.
Sur ce point, plusieurs auteurs ont eu à
définir la notion de viabilité financière. Parmi ces
auteurs nous pouvons citer :
WONOU (2002) qui
définit la viabilité financière
d'une IMF comme ce que la fondation est pour une maison. Pour lui, la
viabilité financière peut être perçue comme sa
capacité à couvrir par ses produits l'ensemble de ses charges et
à constituer des réserves pouvant, au besoin, servir
d'amortisseurs systémiques.
BOYE S. et al. (2006), quant à eux,
définissent la viabilité financière comme le fait
d'atteindre l'équilibre financier et de pouvoir financer la
croissance.
En conséquence, nous tirons comme conclusion que
la viabilité financière ne se conçoit bien sûr
qu'à moyen terme. En effet, dès l'entame du programme, des
subventions sont admises. Par contre, une fois les coûts de
démarrage maitrisés, les services financiers devraient être
livrés à la clientèle cible et de façon durable
c'est-à-dire sans recourir aux subventions.
En outre Ndiaye F. (2009), dans son
livre intitulé « La microfinance en Afrique de l'Ouest :
Quelle viabilité ? », essaye de faire une comparaison
entre viabilité et pérennité. A cet effet, il aboutit
à la conclusion suivante: « Les concepts de viabilité
et de pérennité sont diversement appréciés dans la
littérature, non seulement quant à leur contenu et aux
étapes mais quant à leurs incidences sur les relations entre la
microfinance et la lutte contre la pauvreté d'une part et le
développement socio-économique d'autre part. La
pérennité d'une IMF est définie comme sa capacité
à assurer, sans subventions implicites ou explicites, son
développement institutionnel dans la rentabilité de
manière durable et permanente. Ainsi, la pérennité est une
notion qui englobe la viabilité qui, elle-même requiert la
viabilité financière. La pérennité d'une IMF est
donc sa capacité à être viable de manière
irréversible ou être viable, pour le moins, sur le long
terme.»
Par conséquent, au vue de toutes ces
définitions développées ci-dessus, nous allons retenir
celle-ci pour la suite du travail : « La viabilité
financière d'une IMF peut être définie comme sa
capacité à couvrir par ses produits, l'ensemble de ses charges et
dégager une marge pour financer sa croissance.» En d'autres termes,
c'est la capacité qu'a une IMF de mener ses activités en se
passant des subventions sous forme de prêts concessionnels ou de dons
(Sène, M. 2006).
2. Mesure de la viabilité
financière
Il existe plusieurs indicateurs permettant de mesurer la
viabilité financière. Parmi ceux-ci nous pouvons noter
essentiellement le ratio d'autosuffisance opérationnelle et le ratio
d'autosuffisance financière.
2.1. L'autosuffisance
opérationnelle
Selon Boyé S. et al. (2006) les
institutions de microfinance font face à trois types de coût
à savoir les charges d'exploitation, les provisions pour les
créances douteuses et les charges financières. L'autosuffisance
opérationnelle est un indicateur essentiel qui évalue la
capacité d'une IMF de couvrir ces trois types de charges. Elle est
mesurée par le ratio :
[Revenus d'intérêt et commissions] / [Les
charges d'exploitation + Les provisions pour les créances douteuses +
Les charges financières]
Conformément aux instructions données par
la BCEAO, la norme du ratio d'autosuffisance opérationnelle
s'établie à 100%. Ainsi, toute institution qui ne parvient pas
à atteindre cette barre subit des pertes qui, à terme,
anéantissent sa viabilité financière.
2.2. Le ratio de l'autosuffisance
financière
L'autonomie financière indique que les produits
générés globalement (hors subventions de toute nature)
sont suffisants pour couvrir l'ensemble des charges d'exploitation, les
dotations pour créances douteuses ainsi que les charges
financières.
Cependant, Gibbons et Meehan (1999)
considèrent que l'autonomie financière est
définie comme la capacité d'une IMF à couvrir
l'intégralité de ses charges de fonctionnement en prenant en
compte les divers ajustements relatifs à l'inflation et aux subventions
explicites et implicites.
Dans cette perspective, Boyé S. et Al. (2006)
estiment qu'en plus de ces trois types de charges citées
ci-dessus, il existe pour une IMF un quatrième type de charge à
savoir le coût de capital qui est la charge à laquelle l'IMF
aurait à faire face :
· si elle devait son fonds de crédit sans recevoir
de subvention et sans bénéficier de crédits à des
taux bonifiés ;
· et aussi si elle devait maintenir la valeur de ses
fonds propres malgré l'inflation.
Concernant le premier point, les charges de financement
de l'IMF seraient alors égales à ses emprunts moyens sur
l'année multipliés par le taux de l'emprunt sur le marché.
De ce moment, il faut soustraire les charges de financement réellement
payées par l'IMF dans l'année pour connaître le
surcoût qu'aurait connu l'IMF en l'absence des subventions.
Ce surcoût égal à:[(emprunt moyen) ×
(taux de l'emprunt)] - charges de financement réelles. (1).
Pour le second point, nous pouvons dire que l'inflation a
pour effet de réduire la valeur de fonds propres de l'IMF en termes
réels à l'exception des immobilisations comme les terrains et les
bâtiments dont la valeur réelle n'est pas affectée par
l'inflation. L'IMF doit donc générer des revenus suffisants pour
compenser l'effet de l'inflation sur ces fonds propres nets de ses
immobilisations. Cet effet est égal à: taux de l'inflation ×
(fonds propres moyens - immobilisations moyennes) (2). Le coût de capital
est donc égal à la somme de ces deux termes [(1) +(2)].
Dès lors, nous pouvons évaluer la
capacité de l'IMF par l'ensemble de ses quatre catégories de
coûts en calculant son ratio d'autosuffisance financière qui est
égal à :
[Revenus d'intérêt et commissions] / [Les charges
d'exploitation + Les provisions pour les créances douteuses + Les
charges financières + Le coût de capital]
Selon toujours la norme édictée par la
BCEAO, seules les IMF dont le ratio d'autosuffisance financière est
supérieur à 100% pourront durablement poursuivre leurs
activités sans subventions et sans voir aussi leurs fonds propres
diminuer.
De manière générale, les IMF
évoluent d'abord progressivement vers l'autosuffisance
opérationnelle avant d'atteindre, à plus long terme,
l'autosuffisance financière. La question de l'autonomie
financière suit un certain nombre d'étapes. Ainsi, de nombreuses
études sont actuellement menées pour décrire la voie
idéale conduisant à la pérennité
financière.
Otero et Drake (1993)17(*) dressent un cycle de vie susceptible de
refléter la transformation d'une institution de microfinance en une
véritable institution d'intermédiation financière. Trois
phases sont à distinguer à cet effet:
· la première phase est dite de
démonstration durant laquelle l'institution d'appui fait preuve qu'il
est possible de prêter aux pauvres grâce à un mode de
fonctionnement adapté ;
· la deuxième phase est dite de seconde
génération durant laquelle l'institution tente de conforter son
mode de fonctionnement afin de tendre vers une autonomie ;
· la troisième phase est dite de
développement opérationnel lié à l'expansion durant
laquelle l'institution commence à s'interroger sur sa véritable
fonction d'intermédiation financière.
En outre, pour juger de la dépendance des IMF
face aux subventions, le critère de référence est l'indice
de dépendance des subventions. Mais pour juger de l'autonomie
financière d'un programme, nous pouvons se référer soit au
taux de couverture des charges opérationnelles ou ratio d'autosuffisance
opérationnelle qui n'inclut pas le coût de capital soit au taux de
couverture total qui prend en compte l'ensemble des charges (Yaron,
1998).
A cet égard, l'étude exploratoire que nous
avons menée auprès de certaines IMF nous permet de constater que
la plupart d'entre elles ne dispose pas d'un système d'information et de
gestion adéquate comme le souligne tantôt Sakho
(2005). A cet effet, l'opérationnalisation de la
viabilité financière sera limitée exclusivement à
l'autosuffisance opérationnelle, comme l'a indiqué Yaron
(1998), puisque l'autosuffisance financière intègre le
coût de capital. Dans ce sens, vue les difficultés
rencontrées dans l'évaluation de ce coût, nous jugeons
nécessaire, compte tenu de nos moyens financiers et du temps qui nous
est imparti, de l'intégrer dans nos études ultérieures.
Par ailleurs, comme les acteurs de la microfinance
s'interrogent régulièrement sur les équilibres entre
ciblage des pauvres ou plus généralement entre performance
sociale et performance financière, nous pouvons s'interroger sur le lien
entre performance sociale et viabilité financière. Il s'agit en
outre de pouvoir tester l'hypothèse selon laquelle à moyen terme,
il existe une convergence entre performance sociale et viabilité
financière.
Ceci nous amène au chapitre qui suit concernant
toujours la revue de la littérature axée notamment sur le lien ou
l'arbitrage entre performance sociale et viabilité financière.
CHAPITRE II : LA MICROFINANCE UNE REPONSE A
L'EXCLUSION BANCAIRE : LE LIEN ENTRE PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE
FINANCIERE
Comme évoqué dans la partie introductive,
de nombreuses personnes ont longtemps été rejetées du
système bancaire traditionnel et se sont dès lors vues
contraintes de se tourner vers des sources de financement alternatives. La
première section a pour objectif de comprendre les raisons pour
lesquelles les banques commerciales traditionnelles se sont
détournées de ces populations aux revenus modestes et aux
activités économiques de petite envergure et les alternatives qui
s'offrent à ces dernières. Dans la deuxième section,
l'arbitrage entre performance sociale et viabilité financière
dénommé le schisme de la microfinance est mis en
évidence.
Tout au long de la première section, nous nous
référerons aux théories contractualistes car, selon
De Briey (2005), il s'agit du cadre théorique
habituellement mobilisé dans la littérature scientifique pour
expliquer le phénomène d'exclusion des micro-entrepreneurs du
marché du crédit. Cette situation va nous permettre de voir, de
facto, l'émergence des modes de financement alternatifs dans les pays du
sud de manière général et au Sénégal en
particulier.
Section I : Le phénomène d'exclusion
bancaire et les mécanismes de financement alternatifs
Après avoir défini la notion d'exclusion
bancaire, nous allons nous placer dans une perspective contractualiste
notamment à travers la théorie de l'agence et l'introduction de
la distinction entre risque et incertitude. Ce faisant, nous montrons
l'existence d'asymétrie d'informations en termes d'imperfection du
marché du crédit comme fondement théorique de
l'éviction des micro-entrepreneurs du système bancaire
classique et l'émergence des modes de
financement alternatifs.
1.
Notion d'exclusion bancaire
L'acceptation ou le rejet d'un dossier crédit se
fait généralement sur la base de l'analyse du projet du client et
des sûretés apportées par ce dernier. Du fait de
l'asymétrie informationnelle, les banques s'appuient sur ces
sûretés pour prendre une décision. Les micro-entrepreneurs
à revenus modestes incapables d'apporter ces garanties se retrouvent en
situation d'exclusion de prêt. Cette exclusion a pour conséquence
un blocage de l'activité économique des agents assimilé
par Vallat et Guérin (2000) comme des creux bancaires.
Une autre définition est proposée
par Gloukoviezoff (2004) qui soutient que l'exclusion bancaire
est le processus par lequel une personne rencontre des difficultés
d'accès ou d'usage dans ses pratiques bancaires de sorte qu'elle ne peut
plus mener une vie sociale normale dans la société. A cet
égard, une situation d'exclusion bancaire n'est donc définissable
que par rapport aux conséquences sociales des difficultés
d'accès et d'usage qui la composent.
Ainsi, nous pouvons tirer comme conclusion que
l'exclusion bancaire correspond à une demande de crédit non
satisfaite qui entrave l'activité économique des agents n'ayant
pas les garanties nécessaires qu'exigent les banques classiques. Pour
étayer cette idée d'éviction, un certain nombre de
théories ont été mises en place en l'occurrence les
théories contractualistes.
1.1. Les théories contractualistes
Concernant les théories contractualistes, notre
attention porte d'abord sur la théorie de l'agence, ensuite le risque et
incertitude et enfin l'asymétrie d'information et ses effets.
1.1.1. La théorie de l'agence
Nous pouvons dire qu'au niveau des théories
contractualistes, l'accent est mis sur les contrats qui se nouent entre
individus. Ces contrats, modes de coordination de l'activité
économique alternative au marché, se caractérisent par une
relation d'agence c'est-à-dire une personne (le principal) engage une ou
plusieurs autres personnes (les agents) pour exécuter en leurs noms une
tâche qui implique la délégation d'un certain pouvoir de
décision à ces dernières (Jensen et Meckling,
1976)18(*).
Dans ce sillage, Charreaux et al. (1987)
pour leur part, insistent sur le fait que toute
relation d'agence donne souvent lieu à une asymétrie
d'information entre les individus car, d'une part, les agents en savent
généralement plus sur la tâche à accomplir que le
principal et d'autre part, il est souvent difficile et onéreux pour le
principal de mesurer les efforts déployés par un agent dans
l'accomplissement de ses obligations et par conséquent de
spécifier par contrat ce que doivent être ces dernières.
Hulme et Mosley (1996) quant à eux, supposent que le
refus des banques commerciales de financer les micro-entrepreneurs
résulte de l'importance des problèmes de défection et du
non respect des contrats.
En conséquence, la relation de crédit peut,
en effet, être considérée comme une relation d'agence par
laquelle le prêteur (le principal) loue une part de sa richesse aux
micro-entrepreneurs (les agents) qui s'engagent à rembourser le
principal et à lui payer les charges d'intérêt aux
échéances et conditions fixées dans un contrat
établi au préalable entre les parties. Dans ce cas, un
problème d'agence se pose car il est certain que dans toute relation de
crédit, les intérêts de l'emprunteur et du prêteur
diffèrent. Le premier est essentiellement concerné par la
rentabilité des capitaux empruntés alors que le dernier l'est par
la solvabilité du premier et la rentabilité des fonds
prêtés (Bazzoli et Dutraive, 1997).
En outre, pour être en phase avec le secteur
financier, la microfinance a dû se professionnaliser sous l'impulsion des
praticiens de plus en plus performants, des experts et aussi des groupes de
pression. Cette professionnalisation du secteur de la microfinance est
largement due aux risques auxquels elle est confrontée en tant
qu'activité financière (Baumann, 2007).
Cette situation se traduit donc par une
difficulté supplémentaire de se prémunir contre les
aléas de toutes sortes frappant notamment les pays du sud en
général et ceux d'Afrique en particulier. Certains risques et
incertitudes frappent les populations dans leur vie quotidienne tandis que
d'autres sont subis par les organisations même de la microfinance
(Servet, 2007).
Ainsi, selon toujours Baumann (2007),
les risques et incertitudes frappant les populations sont principalement dus
à la volatilité de leurs revenus, aux pertes en capital, aux
dépenses imprévues et aux manifestations imputables tantôt
aux maladies et aux accidents de toutes sortes ou tantôt à un
environnement politique, économique et social instable.
Servet (2007), de son
coté, pense que les risques et
incertitudes touchant les organisations sont liés au fait que celles de
la microfinance ne sont pas non plus à l'abri de risques et
incertitudes. Pour lui, les risques sont tout d'abord liés aux
aléas subis par les clients. En effet, si les clients ou les membres
sont moins solvables ou s'ils ont une capacité plus faible à
épargner, à rembourser, à verser des cotisations, la
viabilité même des organisations se trouve atteinte. Cette
situation passe surtout par les risques clients voire même les pertes sur
créances clients qui affectent directement le portefeuille de
crédit de l'institution considérée.
1.1.2. L'asymétrie de l'information et ses effets
L'imperfection du marché du crédit remonte
depuis les écrits de Stiglitz et surtout de
Stiglitz et Weiss (1981). Ce phénomène
résulte de l'existence d'asymétrie d'information entre le
prêteur (le principal) et l'emprunteur (l'agent) ; ce qui rend
difficile l'évaluation de la qualité du demandeur (risque de
sélection adverse) et la vérification du bon respect des termes
du contrat (risque d'aléa moral).
1.1.2.1. La sélection adverse ou
l'anti-sélection
Dans une économie de marché (du
crédit) où l'information est parfaite et gratuite, la banque peut
prévoir les actions de l'emprunteur et fixer ainsi un taux
d'intérêt reflétant le niveau de risque du projet. Dans ce
cas, la théorie classique suppose qu'une augmentation du risque se
traduit, ipso facto, par une augmentation du taux d'intérêt. Dans
cette perspective, le taux d'intérêt devient une fonction monotone
du risque. A l'opposé, un contexte d'incertitude est
caractérisé par une information imparfaite et asymétrique
entre les différents acteurs du secteur. En effet, l'emprunteur
détient plus d'informations que le prêteur et peut, à cet
effet, cacher ou ne pas révéler certaines informations en faisant
preuve d'opportunisme précontractuel (Akerloff, 1970)19(*).
C'est pour cette raison que la banque ne peut se fier
uniquement aux informations divulguées par le demandeur de crédit
concernant son niveau de risque. Elle se trouve donc dans l'obligation de
proposer un taux d'intérêt unique reflétant la
qualité moyenne des emprunteurs. Il en résulte ainsi un
mécanisme d'anti-sélection ou de sélection adverse dans la
mesure où une augmentation du taux d'intérêt a pour
corollaire une fuite des bons risques. En plus, cette hausse du taux
d'intérêt a pour conséquence d'attirer des projets plus
risqués mais potentiellement plus rentables afin de leur permettre de
compenser des charges financières plus importantes (Stiglitz et
Weiss, 1981).
En somme, nous pouvons dire que la hausse du taux
d'intérêt engendre des effets opposés sur le profit
bancaire. D'un côté, elle implique une hausse des revenus de la
banque mais de l'autre elle provoque un phénomène
d'anti-sélection (fuite des bons risques) qui dégrade la
qualité de portefeuille de crédit. L'anti-sélection
engendre donc un phénomène d'exclusion bancaire mais, en aucun
cas, ce rationnement du crédit bancaire ne caractérise une
quelconque sélection de la clientèle de la part des banques.
1.1.2.2. L'aléa moral
Un accroissement du taux d'intérêt peut
pousser les emprunteurs, après l'obtention de leur
prêt, à entreprendre des projets plus aléatoires
que prévu pour accroître leurs gains. Ainsi, le
hasard moral ou l'aléa moral correspond à une situation
où l'incomplétude de l'information provient des
actions et des comportements non observables susceptibles d'être
entrepris après signature du contrat. C'est une forme
d'opportunisme post-contractuel qui survient lorsque les
actions mises en oeuvre ne peuvent être discernées.
Dans le secteur financier, l'aléa moral correspond
au fait que les résultats de la relation de
crédit dépendent des actions entreprises par
l'emprunteur après signature du contrat et sont
imparfaitement observables par le créancier.
En conséquence de ces situations
d'asymétrie d'information en l'occurrence la sélection adverse et
l'aléa moral, les institutions ont tendance à bloquer les taux
d'intérêt à un niveau qui ne satisfait pas la demande des
populations surtout les plus démunies. Il s'ensuit une situation de
rationnement de crédit et donc
d'exclusion bancaire.
La microfinance et plus largement la finance solidaire
répond à cette demande de crédit non satisfaite en mettant
en place des mécanismes de financement alternatifs.
2. Les dispositifs de financement
alternatifs
Pour faire face aux insuffisances du marché en
termes d'octroi de crédit, un certain nombre des mécanismes
alternatifs de financement ont été mis en place dans les pays du
sud (pays en voie de développement) en général et au
Sénégal en particulier.
2.1. Les
financements alternatifs dans les pays en voie développement
Les différentes formes de financements alternatifs
dans les pays du sud sont présentées de manière
chronologique.
2.1.1. Les financements informels
Adams (1994) considère que depuis
les années 1950, l'alternative principale pour les micro-entrepreneurs
était de se tourner vers des sources de financement informelles
(tontines, banquiers ambulants, etc.). Ce secteur très diversifié
regroupe toutes les transactions financières (emprunts et
dépôts) qui ne sont pas réglementées par une
autorité monétaire centrale ou par un marché financier
central.
En plus ces transactions, relevant
généralement du court terme, sont fondées sur des
relations personnelles et se caractérisent par une très grande
souplesse. C'est la raison pour laquelle Aryeetey et Udry
(1997)20(*)
considèrent que deux caractéristiques essentielles
contribuent au succès de leurs activités. Il s'agit, entre
autres, de la proximité (géographique, locale et culturelle) que
les prêteurs informels entretiennent avec les micro-entrepreneurs de
même que les mécanismes incitatifs auxquels ils recourent tels que
la pression sociale et la subordination d'un prêt au remboursement du
crédit antérieur. Ces mécanismes leur permettent, en
effet, de diminuer les risques de sélection adverse et d'aléa
moral et par conséquent les coûts de transaction associés
à l'opération de prêt.
Par ailleurs, Lambert et Kefing (2002)
estiment que les financements informels peuvent être
subdivisés en trois domaines :
les institutions communautaires reposant sur des droits et
des obligations hiérarchiques (clans, lignages, classes) sans
adhésion volontaire ;
les organismes tontinières ou associations de
crédit rotatif qui reposent sur une adhésion volontaire ;
· les mécanismes incitatifs basés sur la
proximité permettent de bons taux de remboursement.
Ce système de crédit est organisé
autour de groupes sociaux homogènes comme les prêteurs et banques
privées non officielles qui sont des circuits non
institutionnalisés répondant à des logiques marchandes,
tout en se situant hors des réglementations et contrôles
officiels. Toutefois, nous pouvons opposer deux limites à ce mode de
financement. D'une part, il est onéreux du fait de la position
monopolistique de certains intermédiaires et d'autre part, la
personnalisation des relations ainsi que la vision court-termiste
réduisent l'étendue de ces circuits. La portée se limite
aux activités des ménages et se révèle insuffisante
pour financer l'investissement des micro-entreprises.
2.1.2. Le rôle des états
dans le financement
A partir des années soixante, afin de pallier aux
imperfections du marché du crédit, les pays du Sud ont
réglementé les taux d'intérêt à des niveaux
acceptables. Ils ont aussi mis en place des institutions publiques de
microcrédit dirigées vers une clientèle cible. Ils
souhaitaient en outre évincer le secteur informel et augmenter
l'efficacité économique en rendant le crédit disponible
pour les pauvres et réduire l'iniquité c'est-à-dire les
taux d'intérêt que ceux-ci devaient payer (Cornée,
2007).
Mais l'échec de nombreuses institutions publiques
dû à une mauvaise gestion et la persistance d'un secteur informel
ont montré que l'Etat n'était pas mieux adapté que le
secteur commercial pour résoudre les problèmes d'asymétrie
d'information existants. Une explication possible de ce phénomène
tient vraisemblablement à l'action standardisée de l'Etat qui ne
leur permet pas d'établir des relations personnalisées avec les
emprunteurs, ni d'avoir un ancrage local fort encore moins de flexibiliser
leurs procédures pour les adapter aux besoins des emprunteurs
(Laville et Myssens, 2001).
2.1.3. Le secteur financier
intermédiaire
Suite à la déroute connue par de nombreuses
banques étatiques, un secteur financier semi-formel a
émergé. Ce qualificatif est également couramment
utilisé pour désigner ces institutions qui sont formelles dans la
mesure où elles sont légalement reconnues mais informelles dans
le sens qu'à quelques exceptions près, elles ne sont pas sujettes
à la régulation et supervision bancaire (Ledgerwood,
1999).
Dans ce secteur se trouvent les coopératives
d'épargne et de crédit (également identifiées comme
des mutuelles) et les Organisations Non Gouvernementales (ONG), principalement
sous la forme d'associations ou de fondations. Ces coopératives sont
constituées de membres qui présentent la caractéristique
commune d'avoir des besoins qui ne peuvent être satisfaits dans le cadre
du fonctionnement normal de l'économie de marché (en l'occurrence
ici, du crédit). Ces membres peuvent décider aussi de mener une
action collective en créant une institution particulière à
mesure de répondre à leurs besoins (Soulama,
2005).
Pour Hugon (1996), les
coopératives présentent, en outre, la particularité que
les membres doivent obligatoirement prendre une participation au capital et les
fonds de ces institutions peuvent provenir de deux autres modalités de
financement :
· l'épargne des membres qui, outre leur prise de
participation au capital, ont bien souvent la possibilité
d'opérer des dépôts ;
· les financements extérieurs (emprunts,
subventions publiques, donations, etc.)
Concernant ces deux modalités de financement, deux
conditions semblent être déterminantes pour contribuer aux
succès des coopératives selon Ledgerwood (1999)
à savoir la taille restreinte de
l'organisation de telle sorte que les membres se connaissent d'une part et
d'autre part le fait que les membres soient tantôt emprunteurs
tantôt prêteurs, de telle sorte qu'il y ait une convergence
d'intérêts.
Au cas contraire en effet, un conflit d'agence
apparaît entre les emprunteurs qui préfèrent payer de
faibles taux d'intérêt et avoir peu de pression au remboursement
et les prêteurs qui préfèrent recevoir un taux
d'intérêt élevé et être assurés
à tout moment de la solvabilité des fonds prêtés.
A côté des coopératives, nous avons
les ONG qui sont présentes dans les pays moins développés
dans une optique de développement des populations pauvres. Ces ONG se
sont inspirées des pratiques développées par le secteur
informel pour octroyer du crédit à des personnes exclues du
secteur bancaire traditionnel. Cette vision de la microfinance qui
prévalait dans les années quatre-vingt, concevait celle-ci comme
partie intégrante d'un programme intégré de lutte contre
la pauvreté et l'amélioration du bien-être des populations
pauvres (Mayoux, 1998).
2.1.4. L'émergence des
institutions financières formelles
Les institutions financières formelles
constituées de mutuelles, de groupements d'épargne et de
crédit, de structures signataires de convention cadre et aussi de
réseaux sont aujourd'hui majoritaires. Soutenues par les principaux
bailleurs de fonds tels que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
Internationale, elles ont comme objectifs l'amélioration du
bien-être des populations pauvres mais aussi la massification de
l'accès au crédit associée à une volonté de
pérennité de leurs structures. Aussi, ce segment de la
microfinance ne doit pas rester confiné à un créneau
spécifique de développement des populations pauvres mais doit
être une partie intégrante du système financier
(Woller, Dunford et Woordworth ,1999).
Ces différentes formes de financements alternatifs
dans les pays du sud nous permettent, sans vouloir établir une
comparaison, de faire le point sur la situation micro financier du
Sénégal.
2.2. Le secteur de la microfinance au
Sénégal
Deux points essentiels sont visités : il s'agit
du contexte général et de l'analyse du secteur de la
microfinance.
2.2.1. Le contexte
général
Le Sénégal est un pays situé entre
le Sahel au Nord et la grande forêt tropicale. Il s'étend sur une
superficie de 196.712 Km² et compte environs 12.171.265 d'habitants avec
une densité de 61,9 habitants au Km² selon le recensement
effectué en 2009. La population connaît une croissance très
rapide et les moins de 20 ans représentent 55% de cette population dont
le taux annuel de croissance est de 2,8%. C'est également un pays membre
de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et de la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO). Il a
entrepris très tôt la libéralisation de sa vie politique et
a jouit d'une réelle stabilité dans une sous région en
proie de turbulences politiques entravant le développement
économique des états.
En matière de bonne gouvernance, le Gouvernement
du Sénégal a décidé de lutter contre la corruption
en renforçant l'indépendance de la justice et en
améliorant son fonctionnement. Il s'est également engagé
à assurer une grande transparence dans la gestion publique.
Cependant, les reformes économiques entreprises au
lendemain de la dévaluation du franc CFA survenue en 1994 ont
placé l'économie sénégalaise sur le sentier de la
croissance. Ces réformes qui constituent la suite du processus
d'ajustement structurel engagé depuis 1979 ont visé le
rétablissement des conditions d'une croissance économique durable
: viabilité de l'économie, réduction de la taille du
secteur public, promotion du secteur privé et maîtrise de
l'inflation (MPMEFMF21(*), 2008).
Ainsi, suite à la crise économique des
années soixante dix, une réforme bancaire a été
lancée en Juin 1989 avec le soutien technique et financier de la BCEAO
et de plusieurs bailleurs de fonds (Banque Mondiale, USAID, ACDI, AFD). Les
années 1990 voient le redressement du secteur financier
sénégalais mais ce dernier ne touche que très faiblement
les populations défavorisées. C'est ainsi que le secteur de la
microfinance s'est développé à la fin de ces années
1990 sous l'impulsion de ces mêmes bailleurs de fonds et d'un cadre
juridique favorable (Sakho, 2005).
Depuis lors, le secteur de la microfinance au
Sénégal est en pleine croissance. Il comprend quatre types
d'institutions financières formelles à savoir les Mutuelles
d'Epargne et de Crédit (MEC) qui sont des institutions
financières mutualistes de base, agréées par le
Ministère de l'Economie et des Finances. Elles sont dotées de la
personnalité morale et sont soumises à la loi PARMEC. Ces
institutions peuvent se regrouper en unions, ces unions en
fédérations et ces fédérations en
confédérations.
Les Réseaux, pour leur part, sont les
regroupements de MEC en unions, fédérations et
confédérations. Ils peuvent se doter d'un organe financier qui
est une structure dotée de la personnalité morale et dont l'objet
principal est de centraliser et de gérer les excédents de
ressources financières des membres.
En ce qui concerne les Structures Signataires de
Convention - Cadre (SSCC), ce sont des structures ou organisations non
constituées sous forme mutualiste ou coopérative et intervenant
dans la collecte de l'épargne ou l'octroi de crédit et ne sont
pas soumises à la loi PARMEC. Elles fonctionnent sur la base d'une
Convention-cadre signée avec le Ministère de l'Economie et des
Finances pour une durée de cinq ans renouvelable. Cette convention
spécifie les activités qu'elles sont autorisées à
exercer ainsi que leurs principes de gestion.
Il y'a enfin les Groupements d'Epargne et de Crédit
(GEC) qui sont des regroupements de personnes qui, sans remplir les conditions
exigées pour être reconnus comme des institutions
financières mutualistes de base, effectuent des activités
d'épargne et de crédit en s'inspirant des principes de la
mutualité énumérés à l'article 11 de la loi
PARMEC. Ces structures n'ont pas la personnalité morale. Elles peuvent
être reconnues par le Ministère de l'économie et des
Finances, mais sont exclues du champ d'application de la loi PARMEC.
Ces différentes structures offrent des services et
produits financiers à des populations actives à divers niveaux et
secteurs de l'économie nationale contribuant ainsi à la
croissance économique et à la lutte contre la pauvreté.
Par ailleurs, le cadre réglementaire
régissant l'activité des institutions de la microfinance (IMF) au
Sénégal est structuré autour de la loi 95-03 portant
réglementation des institutions mutualistes d'épargne et de
crédit. Cette loi découle de l'intégration au corpus
juridique national d'une loi cadre du système de l'UEMOA qui est la loi
PARMEC.
Les principaux objectifs de cette loi sont la protection
des déposants, la sécurité des opérations, la
recherche d'autonomie financière des structures financières
décentralisées (SFD) et l'intégration de la finance
informelle dans le cadre légal.
Ce cadre légal a été
complété par des dispositions réglementaires à
savoir le décret d'application de la loi n° 97-1106 du 11 Novembre
1997, la convention - cadre pour les structures non mutualistes et les
instructions de la BCEAO relatives aux normes et règles de gestion des
structures financières décentralisées.
Toutefois, ce cadre légal ne régit que les
structures à forme mutualiste. Il laisse alors le choix aux
intéressés entre la forme mutualiste ou non avec le statut de
signataire de convention-cadre et l'adoption d'un cadre légal ou non
avec la reconnaissance des groupements d'épargne et de crédit.
Le cadre juridique s'adresse en premier lieu aux
institutions mutualistes d'épargne et de crédit qui se trouvent
placées sous tutelle du Ministère des Finances. L'obtention de
l'agrément leur confère la personnalité morale en
contrepartie duquel elles sont tenues de communiquer un ensemble d'informations
et de se soumettre aux contrôles et aux règles prudentielles des
autorités. Les institutions de type non mutualistes sont régies
par une convention signée avec le Ministère des Finances pour une
durée de 5 ans, renouvelable22(*).
2.2.2. L'analyse du secteur de la
microfinance
Le secteur a connu une progression remarquable sur la
période 1993- 2005, en termes de nombre de structures et de volume
d'opérations. Cependant, la répartition des IMF sur le territoire
national est déséquilibrée. Ce déséquilibre
est mis en évidence à travers les données du 30 Juin 2008
qui sont les suivantes :
· 844 structures financières
décentralisées reconnues (mutuelles de base, groupements
d'épargne et de crédit, ainsi que les structures signataires de
convention) ;
· 104.314 milliards FCFA d'encours d'épargne et
122.742 milliards FCFA d'encours de crédits ;
· 40% des structures financières
décentralisées (SFD) sont réparties entre Dakar et
Thiès et des zones peu touchées (Diourbel, Fatick, Kolda, Matam
et Tambacounda)23(*).
Selon une étude faite par Papa Bèye
et Madické Niang (2009) sur les transferts d'argent au
Sénégal, le marché des SFD est scindé en trois
groupes. Il s'agit des grands réseaux, des réseaux
émergents et des petites mutuelles d'épargne et de
crédit.
Pour les grands réseaux, trois institutions sont
à distinguer à savoir le Crédit Mutuel du
Sénégal (CMS), l'Union des Mutuelles du Partenariat pour la
Mobilisation de l'Epargne et du Crédit au Sénégal
(UM-PAMECAS) et l'Alliance de Crédit et d'Epargne pour la Production
(ACEP), qui demeurent les principales structures de microfinance au
Sénégal.
Ainsi, le paysage de la microfinance reste dominé
par le CMS qui concentre au 30 juin 2008 50% de l'actif total, 50% de l'encours
de crédit et 35% du sociétariat. S'ensuivent l'UM-PAMECAS et
l'ACEP qui concentrent respectivement 20% et 16% de l'actif, et 18% et 17% de
l'encours de crédit, 33% et 7% du sociétariat.
Concernant les réseaux émergents, ils
regroupent les institutions mutualistes de second rang parmi lesquelles nous
pouvons citer: FDEA, CAURIE Micro finance, U-IMCEC, Crédit Populaire du
Sénégal, REMECU, l'UMECU DEFS, Micro Cred Sénégal,
etc. Ces réseaux ont un bon taux de pénétration et
disposent de beaucoup d'agences et de guichets répartis à travers
le Sénégal. Mais, ils n'arrivent pas à se tailler une
bonne part de marché du fait de la faiblesse de leurs épargnes et
de l'insuffisance de leurs ressources.
Il y'a également les petites mutuelles
d'épargne et de crédit qui sont majoritairement
constituées de mutuelles de quartiers, de villages, d'associations ou de
corporations. La plupart d'entre elles sont des mono guichets. La force de ces
institutions réside en leurs capacités à mobiliser
l'épargne locale et leur ancrage social. Cependant, les montants des
financements octroyés aux adhérents sont faibles.
Pour être viables financièrement, les IMF
doivent agir sur certains paramètres. Il s'agit entre autres d'un volume
d'activités suffisant, d'un différentiel entre taux
débiteur et créditeur élevé pour couvrir les
charges, d'une maîtrise des charges et des impayés et aussi d'une
bonne sécurisation de l'encaisse et du patrimoine physique.
Au Sénégal comme dans la plupart des pays
de l'UEMOA, l'analyse de la viabilité financière des IMF fait
face à des contraintes liées à l'absence de plans
d'affaires opérationnels et au manque d'informations financières
fiables. Sur la base des données disponibles, l'analyse de la
viabilité des IMF fait ressortir trois situations distinctes selon
Sakho (2004) :
la première se rapporte à une solidité
financière de trois réseaux (ACEP, CMS, PAMECAS) construite sur
plus d'une dizaine d'années avec certes des appuis financiers de
bailleurs de fonds et du Gouvernement mais aussi grâce au
professionnalisme de ses acteurs ;
la deuxième concerne une tendance marquée des
autres réseaux et de certains signataires de convention à
créer les bases de la viabilité de leurs opérations en
misant notamment sur le professionnalisme ;
enfin la troisième dresse le portrait des GEC et MEC
peu portés à la viabilité de leurs opérations en
raison notamment des insuffisances organisationnelles et des orientations
stratégiques.
Pour la majorité de ces structures, le salut se
trouve dans une intégration à des réseaux performants ou
leur constitution en réseaux pour disposer de potentiel et de masse
critique en vue de répondre aux besoins multiples de leur
marché.
Section II : L'arbitrage entre performance sociale et
viabilité financière : le schisme de la microfinance
Le schisme de la microfinance fait apparaitre une
opposition marquée entre l'approche Institutionnaliste et l'approche
Welfariste. Une analyse précisant les principaux points de divergence
situe notre problématique au coeur du débat actuel se focalisant
essentiellement sur l'arbitrage entre portée sociale et viabilité
financière.
1 .Le débat entre Institutionnaliste et
Welfariste
Le terme microfinance regroupe un ensemble
d'institutions, d'approches et de philosophies souvent très
différentes. Il est cependant possible de distinguer deux courants
généraux départageant les différentes approches et
institutions selon leur allégeance à un certain nombre de
principes. Il s'agit selon Morduch (2000) de l'approche
Institutionnaliste et de l'approche Welfariste.
1.1. L'approche
Institutionnaliste
Elle vise la création d'institutions
financières vouées à servir des clients qui ne sont pas ou
qui le sont insuffisamment par le système financier formelle
(Woller et Al ; 1999).
La thèse Institutionnaliste repose sur l'idée
selon laquelle la microfinance, aussi efficace soit-elle, ne fera jamais de
véritable différence sur le niveau général de
pauvreté dans le monde si les opérations dépendent du
financement des bailleurs de fonds.
Dans ces conditions, les IMF se doivent d'aspirer au
moins à l'autosuffisance opérationnelle sous peine de ne jamais
réaliser les promesses que porte le mouvement de microfinance à
savoir une réduction drastique du niveau de la pauvreté.
Pour les Institutionnalistes, leur centre
d'intérêt se trouve être l'institution en tant que telle et
son efficacité se vérifie grâce à des indicateurs de
performance financière ou de performance sociale tel que le nombre de
clients servis ou le taux de remboursement. L'approche Institutionnelle
considère également qu'un des objectifs primaires de la
microfinance est l'approfondissement financier, la création d'un
système séparé et viable d'intermédiation
financière pour les pauvres. Leur approche de la microfinance en est un
des systèmes financiers dans laquelle le futur de la microfinance est
dominé par de nombreuses institutions oeuvrant à grand
échelle, à la recherche de profits, qui fournissent des services
financiers de grande qualité à un grand nombre de clients pauvres
(Ghatak et Guinanne, 1999). A côté de l'approche
Institutionnaliste, nous avons l'approche Welfariste.
1.2. L'approche
Welfariste
Les Welfaristes se fondent plutôt sur la
théorie de la responsabilité sociale vis-à-vis de la
clientèle afin de répondre à ses attentes. Cette
école de pensée évalue la performance de l'IMF du point de
vue du client à travers la portée sociale et l'analyse d'impact.
Elle cible donc les plus pauvres dont les revenus sont à 50%
inférieurs au seuil de pauvreté (1$ par jour) et vise à
améliorer leurs conditions de vie (Adair P., Berguiga I.,
2010).
Selon toujours cette approche du bien-être social,
non seulement les IMF peuvent être durables sans être
financièrement autosuffisantes mais elles ne doivent pas rechercher
l'autosuffisance à tout prix. Ce phénomène peut conduire
inévitablement à un effacement de leurs missions sociales. En
détournant la microfinance de ses fondements idéologiques, la
recherche de la performance financière constituerait un frein à
l'innovation et à la réduction de la pauvreté
(Servet, 2007).
2.
Des visions complémentaires
Au moment où la plupart des chercheurs se
focalisent sur les différends existants entre l'approche
Institutionnaliste et l'approche Welfariste, il nous semble important de
soulever les points de convergence entre ces deux visions. En effet, l'approche
Institutionnaliste et l'approche Welfariste relèvent de deux
manières d'aborder une même réalité en vue
d'atteindre un objectif identique à savoir la réduction de la
pauvreté et par ricochet l'amélioration du bien-être social
des populations les plus démunies.
Selon la vision Welfariste, les IMF peuvent donc se
concentrer sur les populations les plus pauvres qui présentent
également le risque de non remboursement le plus élevé. En
se focalisant sur ces agents économiques les plus démunis,
l'activité des IMF permettra ainsi de soulager d'une manière
immédiate l'extrême pauvreté et d'enclencher un processus
de réduction de la pauvreté. Les fonds prêtés
à ces populations démunies leur permettent non seulement
d'améliorer leur niveau de vie, mais également pour certains
d'entre eux d'épargner ou de financer leurs propres activités.
Dans l'approche Institutionnaliste, les IMF doivent
financer en priorité les actifs (clients) les moins pauvres. Ceux-ci
pourront créer leurs entreprises ; ce qui leur permettra non seulement
d'assurer leurs propres activités mais également de
générer des emplois, favorisant ainsi la croissance
économique et le bien-être général (Ayayi,
2007). Par contre, cette approche considère également la
rentabilité financière comme un facteur de pérennisation
de la microfinance. Elle permet à la fois de garantir la
viabilité des IMF contre les effets de mode ou les changements de
politiques économiques et d'élargir les sources de financement et
donc le volume des programmes d'actions financées. En obtenant de
nouvelles sources de financement auprès des investisseurs classiques,
les institutions de microfinance pourront développer leurs
activités et ainsi toucher une fraction plus importante de la
population. En outre, la nécessité d'assurer aux investisseurs
une rentabilité financière minimale doit conduire les IMF
à revoir leurs modes de sélection des projets financés et
à se rapprocher des modes de management des banques commerciales. Les
plus pauvres pourraient ainsi être exclus des programmes de microfinance,
alors même que la microfinance leur est destinée
(Cornée, 2007).
En guise de synthèse, Brau et Woller
(2002) soulignent que l'approche Welfariste et l'approche
Institutionnaliste ne représentent pas deux modèles de
structuration de la microfinance parmi lesquels il faudrait choisir mais
plutôt deux étapes de développement de la microfinance. En
effet, selon eux, si l'approche Welfariste permet d'enclencher un processus en
soulageant immédiatement les plus pauvres, seul un élargissement
des sources de financement rendu possible par l'approche Institutionnaliste
permet la pérennisation des IMF et une réelle amélioration
du bien-être général.
A cet égard, Guérin (2002)
estime que les institutions de microfinance sont en train de passer de la phase
de l'expérimentation à celle de la pérennisation. Cette
phase suppose de trouver des mécanismes juridiques et financiers propres
à favoriser un équilibre entre les approches
évoquées et d'éviter deux écueils :
· le premier conduit les institutions de microfinance
à oublier leur marché cible pour rechercher des profits
immédiats susceptibles de satisfaire leurs nouveaux investisseurs ;
· le second pousse à négliger les principes
fondamentaux de la finance, ce qui peut conduire à l'échec des
programmes de microfinance.
Ainsi, le débat entre Institutionnalistes et
Welfaristes nous renseigne que la microfinance se trouve à la
croisée des chemins. En réalité, les acteurs de la
microfinance, par leur diversité, se situent sur un continuum allant de
la pratique bancaire traditionnelle répondant à une logique
purement financière aux services sociaux traditionnels répondant
à une logique purement sociale (Cornée, 2006).
C'est dans cette perspective que s'inscrit notre problématique de
recherche.
Conclusion de la première partie
La première partie du
travail était consacrée essentiellement à l'exposé
du cadre conceptuel dans lequel, nous avons essayé de délimiter
les contours du thème à travers l'analyse conceptuelle des
notions de performance sociale et de viabilité financière mais
aussi à travers une revue de la littérature axée sur le
lien ou l'arbitrage entre performance sociale et performance financière
de manière générale et viabilité financière
en particulier. La performance sociale se heurtait à ses débuts
à un problème d'échantillonnage dû à son
caractère multidimensionnel (Waddock et Graves,
1997).
Selon ces auteurs, une mesure peut être pertinente
pour certains secteurs spécifiques, mais s'avère inapplicable
pour d'autres. Et pour Ullmann (1985), la
corrélation entre la performance sociale et les déclaratifs des
entreprises n'était pas évidente. C'est ainsi que le
réseau CERISE a pris la relève en 2002 en élaborant quatre
dimensions permettant de mesurer la performance sociale dont les trois sont
prises en compte dans le cadre de ce travail. Concernant la viabilité
financière, nous nous sommes inspirés des travaux d'un certain
nombre d'auteurs notamment celui de Wonou (2006) insistant sur
le fait que la viabilité financière constitue ce que la fondation
est pour une maison. En d'autres termes, la viabilité financière
est définie comme la capacité pour une IMF à couvrir par
ses produits l'ensemble des charges et constituer des réserves pouvant
servir d'amortisseurs systémiques. Une définition soulevée
également par Sène M. (2006) dans son article
intitulé les déterminants de la viabilité
financière. C'est cette définition précitée qui est
retenue dans le cadre de cette étude.
Concernant la revue de littérature, nous nous
sommes attardés sur le phénomène d'exclusion bancaire
explicité ici à travers un certain nombre de théories en
l'occurrence les théories contractualistes avant d'en venir à la
mise en place des modes de financement alternatifs dans les pays en
développement. Ceci nous a permis de faire la situation actuelle du
secteur de la microfinance au Sénégal avec les instructions de la
BCEAO et de la loi PARMEC.
Dans cette revue de la
littérature, un point saillant semble être intéressant
à noter. Il s'agit de ce que Morduch (2000)
appelle le schisme de la microfinance. Ce phénomène
oppose donc le courant Welfariste et le courant Institutionnaliste.
Le premier courant est
préoccupé par l'altruisme des apporteurs de fonds constituant
ainsi le moteur d'une activité basée sur la recherche du profit
mais aussi sur la recherche de l'utilité sociale. Quant au second, la
rentabilité financière est considérée comme un
facteur de pérennisation de la microfinance.
Après l'exposé du cadre théorique de
la recherche, nous nous acheminons directement vers l'étude empirique.
Elle a pour objectif, compte tenue de la revue de littérature, de
répondre à la problématique suivante : Les
IMF peuvent- elles combiner à la fois une prise en compte de la
dimension sociale avec la recherche d'une viabilité financière
?
En outre, il s'agira, dans une certaine mesure,
d'analyser le lien pouvant exister entre la performance sociale et la
viabilité financière des certaines institutions de microfinance
au Sénégal, tout en faisant abstraction de leurs tailles. Ce
dernier point nous mène à l'étude de la seconde partie.
DEUXIEME
PARTIE : CADRE CONTEXTUEL ET PRATIQUE DE LA RECHERCHE
La première partie du
travail était consacrée essentiellement à l'exposé
du cadre conceptuel de la recherche dans laquelle nous avons tenté de
délimiter le thème par une revue conceptuelle, mais
également un cadre théorique de la recherche composé du
soubassement théorique de la microfinance et les théories y
afférentes notamment celles contractualistes.
L'objet de cette
deuxième partie consiste donc à expliquer la méthodologie
générale de la recherche (Chapitre III) et à donner une
présentation des résultats, une analyse descriptive des
différentes variables de la recherche et des tests d'hypothèses
liant ces variables sans oublier également les différentes
contributions, limites et perspectives de recherches futures (Chapitre VI).
CHAPITRE III: LA METHODOLOGIE
GENERALE DE LA RECHERCHE
Ce chapitre est l'occasion pour nous d'expliciter les
méthodes et techniques qui nous permettent d'aboutir aux
résultats. L'objectif général du travail est de voir si
les IMF peuvent combiner à la fois une prise en compte de la dimension
sociale avec la recherche d'une viabilité financière.
Il est subdivisé en deux sections. La
première section traite les hypothèses du modèle de la
recherche et la méthodologie adoptée. Quant
à la deuxième section, elle s'articule autour des méthodes
de collecte et de traitement de données.
Section I :
Hypothèses de recherche et choix de la méthodologie
Dans cette section, les hypothèses, le
modèle de recherche et la méthodologie adoptée sont
traités de manière successive.
1. Hypothèses de recherche
Au sens étymologique du terme, l'hypothèse
provient de deux racines :
· hypo qui signifie sous, en dessous, en
deçà de ;
· thèse qui signifie proposition à
soutenir, à démontrer.
Les hypothèses constituent donc les soubassements
ou les fondements préliminaires de ce qui est à démontrer
ou à vérifier sur le terrain. Une hypothèse est en quelque
sorte une base avancée de ce que l'on cherche à prouver. C'est la
formulation préforma des conclusions que l'on compte tirer et que l'on
va s'efforcer de justifier et de démontrer méthodiquement et
systématiquement (Aktouf ,1987).
Thiétart et coll. (2003),
analysent l'hypothèse de recherche comme une présomption
de comportement ou de relation entre des objets étudiés,
fondée sur une réflexion et s'appuyant sur une connaissance
antérieure du phénomène étudié24(*).
De manière générale, nous pouvons
dire qu'une hypothèse de recherche est une réponse provisoire
à la question de départ qui est issue de la théorie dans
le cadre d'une démarche hypothético-déductive ou de
l'observation de la réalité dans une démarche
holistico-inductive. Cette réponse provisoire sera corroborée ou
falsifiée lors des tests empiriques.
Ainsi, nos hypothèses de recherche sont issues
fondamentalement des travaux antérieurs. Ces travaux sont notamment ceux
du réseau CERISE (2008, 2010) sur les liens entre
performance sociale et performance financière, ceux de Fin Rural
et CERISE (2006) sur les études d'impact sans oublier aussi les
études de Simon Corné (2006) sur l'analyse de la
convergence entre performance sociale et performance financière des 126
Institutions de la région MENA25(*). Ces différents travaux nous ont beaucoup
inspiré dans la conception de nos différentes
hypothèses.
De plus, toutes nos hypothèses sont des
hypothèses de corrélation ou d'association (non
déterministes) car mettant en jeu des variables qui peuvent varier dans
le même sens ou en sens opposé. En d'autres termes, elles mettent
en évidence l'interdépendance entre les dimensions des deux
variables étudiées à savoir la performance sociale et la
viabilité financière. Ainsi, nous avons posé, dans le
cadre de notre recherche, trois hypothèses que sont :
H1 : Il existe un lien entre le
ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle
Pour la conception de cette hypothèse, nous nous
sommes inspirés des travaux du réseau CERISE (2008, 2010)
qui prétendent que les institutions qui ciblent plus activement
des populations pauvres et exclues occasionnent des coûts
opérationnels plus élevés. Cette tendance haussière
des coûts de l'institution agit directement et négativement sur le
ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ces travaux sont confirmés
par certaines études qui se focalisent sur la portée sociale
comme ceux de Cornée (2006, 2007).
Ainsi, nous voulons voir ce qu'il en est dans nos IMF.
H2 : Il existe
une corrélation entre l'adaptation des produits et services aux besoins
des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle
Pour cette hypothèse, les travaux du réseau
CERISE (2008, 2010) semblent être aussi
déterminants. En effet, ces travaux nous indiquent que l'adaptation des
produits et services aux besoins de la clientèle permettent de
réduire les charges globales de l'institution et donc d'améliorer
le ratio d'autosuffisance opérationnelle de l'institution. Ces
études confirment celles qui ont été faites par
Fin Rural et CERISE (2006) en termes d'impact
qui prétendent que les études d'impact montrent que les IMF qui
offrent des services non financiers génèrent chez leurs clients
plus d'impact que les IMF qui ne disposent pas de ces services. Ces services
sont accompagnés d'une forte diversité des produits et services
financiers. Cette diversité des produits et services, composante
essentielle de l'adaptation des produits financiers, permet de fidéliser
les clients et rend les institutions viables par une bonne performance de
remboursement.
H3 : Le capital social est
lié positivement au ratio d'autosuffisance
opérationnelle
Concernant cette hypothèse, les travaux des
réseaux Fin Rural et CERISE (2006)
nous ont inspiré également pour sa mise en place. En effet, ces
travaux mettent en évidence le fait que la transparence,
l'échange d'information et la connaissance réciproque vont
créer la confiance, renforcer les relations sur le long terme, permettre
le partage des normes et des valeurs et ainsi fidéliser les clients.
Cette fidélisation des clients aura un effet positif sur la performance
de remboursement et par conséquent sur la viabilité
financière des institutions de microfinance. Ces travaux sont
confirmés également par ceux de Cornée
(2006) dans son mémoire de DEA. Une représentation
schématique de l'ensemble des hypothèses est faite à
partir du modèle de recherche.
2. Le modèle de recherche
Le modèle de recherche est une
représentation simplifiée d'un processus ou d'un système,
destiné à expliquer et /ou à stimuler la situation
réelle étudiée (Raymond, Thiétart et Coll.,
2003).
Ainsi, notre modèle de recherche est un
modèle corrélationnel-explicatif26(*) ou un modèle d'interdépendance dans la
mesure où nous voulons juste savoir s'il ya possibilité
d'association entre les dimensions de la performance sociale (le ciblage des
pauvres exclus, l'adaptation des produits et services aux besoins des clients
et l'amélioration du capital social des clients) et celle de la
viabilité financière en l'occurrence le ratio d'autosuffisance
opérationnelle. Il se matérialise comme suit :
Figure 1 :
Modèle théorique de la recherche
PERFORMANCE SOCIALE
|
Ciblage des pauvres exclus
|
H3
H1
H2
· +
· +
Adaptation des produits et services aux besoins des
clients
|
Amélioration du capital social des
clients
|
VIABILITE FINANCIERE
|
Ratio d'autosuffisance opérationnelle
(RAO)
|
3. Les variables de la recherche
Tout comme il existe plusieurs sortes de problèmes
spécifiques en recherche, ils existent aussi différentes formes
de variables dont il convient de connaitre la nature et le rôle, afin de
réaliser correctement le plan de recherche et les modèles (de
causalité, de relation ou d'interdépendance) mettant en jeu les
phénomènes que nous soumettons à l'étude
(AKTOUF, 1987).
3.1. L'opérationnalisation de la variable
viabilité financière
La viabilité financière comporte plusieurs
indicateurs. Les plus plausibles sont le ratio d'autosuffisance
opérationnelle et le ratio d'autosuffisance financière. Cependant
dans le cadre de notre recherche, la viabilité financière est
opérationnalisée par l'autosuffisance opérationnelle qui
constitue le ratio de couverture des charges27(*) par les produits hors subventions venant des
bailleurs de fonds conformément à la définition
donnée par Sène (2006). Au regard des
différents éléments du ratio d'autosuffisance
opérationnelle, cités dans la revue de littérature, les
données sont issues fondamentalement du système d'information et
de gestion (SIG) à savoir les états financiers des IMF.
3.2. L'opérationnalisation de la variable performance
sociale
La performance sociale est décomposée, dans
l'étude, en trois dimensions : le ciblage des pauvres exclus,
l'adaptation des services et produits aux besoins des clients et
l'amélioration du capital social et politique des clients.
L'opérationnalisation de chaque dimension se fera à l'aide d'une
échelle à cinq nivaux connue sous le nom d'échelle de
Lickert qui nous aidera à établir un ordre de
préférence entre différentes catégories. Cet ordre
de préférence, qui part de « très en
désaccord » à « très en
accord », est associé, pour chaque dimension, à des
items qui nous permettent de voir à l'aide du logiciel SPSS.17 la
corrélation avec la viabilité financière. Cette
corrélation entre les différentes dimensions des deux variables
se fait essentiellement sur la base des tests statistiques notamment le tri
croisé par l'intermédiaire du test de corrélation de
Pearson au seuil de 5%.
4. Choix de la méthodologie
La méthodologie peut se définir comme
étant l'étude du bon usage des méthodes (ensemble des
règles qui, dans une science donnée, sont relativement
indépendantes des contenus des faits particuliers étudiés
en tant que tels) et des techniques (moyen précis pour atteindre un
résultat partiel à un niveau et un moment précis de la
recherche).
Il ne suffit pas de les connaitre, encore faut-il savoir
les utiliser comme il se doit, c'est-à-dire savoir comment les adapter,
le plus rigoureusement possible, d'une part à l'objet précis de
la recherche ou à l'étude envisagée et d'autre part aux
objectifs poursuivis (AKTOUF ,1987).
D'après ce qui précède, par
méthode nous entendons donc les façons de procéder, les
modes opératoires directs mis en jeu dans le travail de recherche.
Ainsi, ils existent essentiellement six grands types de méthodes :
la méthode déductive, la méthode inductive, la
méthode analytique, la méthode clinique, la méthode
expérimentale et la méthode statistique, mais nous
étudierons ici que deux qui sont les plus utilisées en sciences
de gestion. Il s'agit de la méthode déductive (méthode
hypothético-déductive) et de la méthode inductive
(méthode holistico-inductive).
4.1. La méthode déductive
La méthode déductive consiste à
passer des propositions prises pour prémisses à des propositions
qui en résultent, suivant des règles logiques. Dans la pratique,
la méthode déductive consiste à appliquer un principe
général à un cas particulier. Il s'agit donc par exemple
de vérifier une hypothèse générale sur le plus
grand nombre d'observations particulières.
4.2. La méthode inductive
Il s'agit d'une opération mentale qui consiste
à passer des faits à la règle, c'est-à-dire des cas
singuliers ou spéciaux aux cas de propositions générales.
On procède par inférence et par analogie, c'est-à-dire par
comparaison et exclusion aux phénomènes semblables à celui
étudié. La méthode inductive permet le passage de
l'observation à la loi, c'est-à-dire d'autoriser la
généralisation, tout en sachant que toute
généralisation peut être faussée ou abusive
(J .M. MILL, 1967).
Globalement, nous retenons que la méthode
déductive a pour point de départ des concepts, des
définitions, des règles à appliquer et à pour but
de les mettre en pratique par des applications concrètes alors que la
méthode inductive procède d'une démarche inversée.
Elle a pour point de départ des situations concrètes et
accessibles à l'observateur et a pour but d'amener à
dégager des concepts, des principes ou des règles.
5. Méthodologie retenue
Pour PIRES (1987)28(*), le choix de la
méthode de recherche dépend des dimensions du problème, et
éventuellement des contraintes liées à la recherche. C'est
ainsi que compte tenu de toutes les considérations formulées
ci-dessus, une méthode déductive, plus souvent qualifiée
par certains auteurs d'hypothético-déductive qui consiste, comme
nous l'avons dit précédemment, à partir du
général au particulier, s'impose dans le cadre du travail. Il
s'agit en réalité de tester, par le biais d'hypothèses,
une théorie ou mettre à l'épreuve dans des situations
particulières un certain nombre de connaissances
développées préalablement. Cette méthode est
justifiée par le fait que notre recherche s'inscrit dans un paradigme
positiviste qui est théorie suivant laquelle il existe une
réalité objective du monde observé. De ce fait, les
hypothèses prises en compte dans le modèle sont issues
directement des travaux déjà établis dans le même
domaine. Parmi ces travaux, ceux de CERISE (2008,
2010), de Fin Rural et CERISE (2006)
et de Simon Cornée (2006, 2007) nous ont beaucoup
inspiré dans la conception de ces hypothèses. Cette
méthode est complétée par une démarche quantitative
permettant de valider nos différentes hypothèses.
Section II : Les
méthodes de collectes et traitement de données
Dans cette partie, seront passées en revue les
méthodes d'échantillonnage appliquées à la
population étudiée ainsi que les instruments de recueil et de
traitement de données.
1. Les méthodes
d'échantillonnage
Les différentes méthodes
d'échantillonnage s'appliquent à une population d'où le
nom de population mère usitée le plus souvent en statistique.
Ainsi, avant d'aborder ces différentes méthodes, il nous semble
intéressant de faire un petit rappel sur cette notion statistique :
la population
1.1. La population étudiée
Le terme population réfère à
l'ensemble des individus, organisations, événements ou objets que
le chercheur entend étudier.
Selon Mayer et Ouillet
(1991)29(*), la population correspond à
l'ensemble de tous les individus qui ont des caractéristiques
précises en relation avec les objectifs de l'étude. Partant de
cette dernière définition, notre population sera
constituée de l'ensemble des IMF au Sénégal. Vue la limite
de nos moyens, surtout financiers, nous allons procéder à un
découpage géographique. Dans cette optique, les deux
régions de Dakar et de Fatick sont nos principales cibles. Ce choix est
justifié par le fait que le taux de concentration des IMF dans la
région de Dakar est très important. En ce qui concerne la
région de Fatick, son choix se justifie par le fait que nous sommes
ressortissant de ladite région et cela va nous faciliter la tâche
au niveau des enquêtes dans la mesure où les IMF de ladite
région sont, pour l'essentiel, gérées par des personnes
parlant le même dialecte que nous ; c'est-à-dire la langue
sérère.
En réalité, dans la majorité des
cas, la population étudiée est trop vaste pour envisager de
recueillir des informations auprès de tous les éléments.
Il est impératif de limiter son étude à quelques
unités de la population : il s'agit de l'échantillon.
1.2. L'échantillonnage
L'échantillonnage consiste à déterminer
comment sélectionner les individus qui seront inclus dans
l'enquête. Il existe fondamentalement deux méthodes ou techniques
d'échantillonnage utilisées en sciences de gestion. Il s'agit des
méthodes probabilistes et des méthodes non probabilistes.
1.2.1. Les
méthodes probabilistes
Nous qualifions d'échantillonnage probabiliste
toute technique impliquant un tirage au sort donnant à chaque
élément de la population une chance non nulle d'être connu
tel que le souligne Beaud30(*) (1993, P.213). Une telle technique permet au
chercheur de préciser les risques qu'il prend en
généralisant à l'ensemble de la population les mesures
recueillies dans son échantillon et ce, en vertu des lois de calcul des
probabilités. En principe, un échantillon ainsi constitué
possède sensiblement les mêmes attributs que ceux de la population
dont il est issu.
Il existe plusieurs techniques d'échantillonnage
probabilistes. La plus connue et la plus rependue est celle de
l'échantillonnage aléatoire simple (EAS). Cette technique est
caractérisée par le fait que tous les éléments de
la population doivent avoir la même probabilité d'être
choisi au hasard. A coté des méthodes probabilistes, il y a les
méthodes non probabilistes.
1.2.2.
L'échantillonnage non probabiliste ou empirique
L'échantillonnage non probabiliste désigne
les techniques d'échantillonnage selon lesquelles les
éléments de la population donnée n'ont pas une
probabilité connue d'être sélectionnés dans
l'échantillon. Un échantillon non probabiliste n'offre pas
à tous les éléments de la population une chance
égale et prédéterminée d'être
sélectionnés. Ainsi, la probabilité de sélection
d'un élément de la population reste donc inconnue.
À la vue des deux techniques
d'échantillonnage déroulées plus haut, notre
méthode d'échantillonnage est dite non probabiliste ou empirique
en l'occurrence la méthode des quotas car ne résultant pas d'une
sélection aléatoire simple mais d'un choix raisonné. Cette
méthode consiste à construire un échantillon qui soit un
modèle réduit de la population étudiée. Suite
à ce constat, notre échantillon est formé ainsi de 34 IMF
réparties dans les régions de Dakar et Fatick. Cet
échantillon réduit se justifie par les difficultés
rencontrées lors de sa constitution car il a fallu visiter le site
internet du portail de la microfinance au Sénégal pour avoir un
écho global sur la localisation des mutuelles. En plus de cela, s'y
ajoutent surtout les problèmes de délocalisation et de fermeture
de certaines mutuelles qui nous ont causé d'énormes
difficultés. Dans cet échantillon, les réseaux seront
inclus plus un certain nombre de mutuelles non affiliées à ces
réseaux. Une fois que l'échantillon est défini, nous nous
acheminons vers les instruments de collecte de données qui nous
permettent de recueillir des informations auprès de l'échantillon
ciblé.
2. Les méthodes de collecte de
données
Les différentes façons de recueillir des
informations se distinguent du degré d'intervention du chercheur avec
les sujets, des ressources nécessaires pour collecter les données
et de la quantité d'informations qu'il souhaite obtenir. Les deux
instruments de collecte de données les plus rependus dans le domaine de
la gestion sont l'interview et le questionnaire.
2.1. L'interview
L'interview ou l'entretien ou encore l'entrevu est un
rapport oral, en tête à tête, entre deux personnes dont
l'une transmet à l'autre des informations sur un sujet
prédéterminé. C'est une discussion orientée, un
procédé d'investigation utilisant un mode de communication
verbale, pour recueillir des informations en relation avec les objectifs
fixés Pinto et Grawitz (1969). Selon ces
mêmes auteurs, nous classons les interviews en deux critères
à savoir le degré de liberté laissé au
répondant dans la discussion et le degré de profondeur ou de
finesse de l'information recherché.
Les types d'interviews sont au nombre de sept : il
s'agit de l'interview clinique, de l'interview en profondeur, de l'interview
centrée, de l'interview non directive, de l'interview semi-directive et
de l'interview directe / indirecte.
Notre attention est essentiellement portée sur
l'interview directive qui constitue la forme d'entretien dont le degré
de liberté est plus réduit . C'est presque un questionnaire que
nous faisons passer oralement et que toutes les questions sont prévues
et non majoritairement improvisées au fil de la discussion. Le but
visé par ce type d'entretien est la vérification de points
précis ou le recueil d'éléments d'informations de
détail. Le choix de ce type d'entretien est justifié par le
questionnaire décrit ci-dessous que nous avons administré aux
différentes IMF concernées dans notre étude.
2.2. Le questionnaire
Contrairement à un préjugé tenace,
le questionnaire n'est ni une simple liste de questions ni un interrogatoire
écrit que n'importe qui pourrait composer à propos de n'importe
quoi, pourvue que les questions posées soient suffisamment claires.
Après l'interview, c'est l'instrument le plus utilisé en sciences
sociales en générale et en sciences de gestion en particulier.
D'une manière générale, nous pouvons
dire que le questionnaire est une sorte de test ayant une perspective unitaire
et globale (déceler telles motivations ou telles attitudes, telles
opinions), composé d'un certain nombre de questions et
généralement proposé par écrit à un ensemble
plus ou moins élevé d'individus et portant sur leurs goûts,
leurs opinions, leurs sentiments et leurs intérêts
(Aktouf, 1987).
Notre questionnaire est inspiré,
à cet effet, de celui de CERISE sur les indicateurs de performance
sociale et nous l'avons adapté dans le cadre du Sénégal
par l'élaboration des items permettant de mesurer cette performance
sociale. Ainsi, il est intéressant de voir la structure du questionnaire
et son mode d'administration.
2.2.1. La structure
du questionnaire
Le questionnaire est disponible en totalité en
annexe. Il est composé de trois rubriques :
· la première concerne l'identification de
l'entreprise qui porte sur le nom et le statut juridique et le nombre de
salariés ;
· la deuxième rubrique concerne vraisemblablement
les données induisant la viabilité financière, qui sont
essentiellement quantitatives et sont issues directement du système
d'information et de gestion (SIG) en l'occurrence les états financiers
de l'institution ;
· la troisième partie du questionnaire se rapporte
aux variables de la performance sociale et sont essentiellement
évaluées sur une échelle multiple de Lickert à cinq
positions qui permettent de mesurer l'importance d'un critère en partant
de très en désaccord jusqu'à très en accord.
Trois groupes d'indicateurs structurent l'ensemble des
variables de la troisième partie. Il s'agit du ciblage des pauvres
exclue, de l'adaptation des produits et des services mais aussi de
l'amélioration du capital social et politique ou de la situation
économique des clients.
2.2.2.
L'administration du questionnaire
L'administration du questionnaire a débuté
le 25 Juin 2010 et s'est terminée le 05 Octobre de la même
année, soit au total trois mois dix jours. Cette durée assez
longue est due en partie à la faiblesse de nos moyens financiers surtout
durant cette période où les subventions allouées aux
mémoires n'étaient pas encore sorties et nous étions
obligés d'utiliser nos propres moyens de bord pour se payer les
photocopies, le transport et le téléphone. C'est une
période coïncidant également avec le mois de Juin qui
constitue celui des dépôts des états financiers pour
contrôle à la Direction de la Réglementation et de la
Supervision des Structures Financières Décentralisées
(DRS / SFD) du Ministère de l'Economie et des Finances. Cette
situation a provoqué des refus de réponses à certaines de
nos questions mais aussi des rendez-vous assez longs.
Compte tenu de la nature de notre questionnaire et en
prenant en compte l'organisation interne des IMF au Sénégal en
l'occurrence celles de notre échantillon, nous jugeons opportun
d'adopter le mode d'administration direct (de face à face) du
questionnaire.
Cette méthode d'administration nous permet de
répondre directement aux interrogations que peuvent se poser les
répondants sur la nature même des questions et donc
d'éviter les biais d'incompréhension du questionnaire surtout
avec les gérants dont le niveau d'instruction n'est pas assez
élevé ou ceux qui ont parfois des problèmes avec
l'échelle de Lickert. Cette faiblesse du niveau de formation de certains
gérants est confirmée par le sociologue Aminata Ndiaye
(2006) en ces termes : « Les PME au Sénégal
ont pour la plupart pris racine dans le secteur informel. Autrement dit les
acteurs sont très peu formés et maitrisent très peu les
règles de gestion et les exigences de la conduite d'une entreprise. Cet
état de fait limite beaucoup leur expansion. Ce déficit de
formation se traduit dans l'établissement de dossiers de crédit
peu bancables. Souvent, il se solde par des échecs au niveau des banques
et de certains réseaux mutualistes.»
La méthode d'administration directe permet en
outre un meilleur contrôle de l'échantillon et une persuasion du
répondant. Cependant, ce mode d'administration du questionnaire a
néanmoins quelques limites. En dehors des coûts
élevés lié à la méthode, s'y ajoute surtout
la peur des répondants qui doutent parfois de la finalité de
l'étude. Pour contourner ce gap, nous avons dés le début
mentionné sur le questionnaire un en-tête (voir annexe) permettant
de rassurer les répondants mais également en leur expliquant
l'objectif de l'étude ainsi que le cadre de sa réalisation.
Malgré cette note d'assurance formulée à l'en-tête
du questionnaire, certains gérants se montrent toujours réticents
et refusent catégoriquement de fournir les informations
nécessaires ; ce qui nous a valu une réduction de notre
échantillon réparti dans les régions de Dakar et de
Fatick. Les détails des taux de réponse et de non réponse
selon les régions sont mis en exergue dans le chapitre IV.
3. Les méthodes d'analyse de
données
Le traitement des données recueillies de
l'enquête est fait à l'aide du logiciel SPSS.17 (Statistique
Package for Social Science). Un certain nombre d'analyses statistiques sont
usitées afin de voir de manière beaucoup plus claire les
statistiques des variables ainsi que leurs relations ou leurs
interdépendances. Ces analyses concernent essentiellement le tri
à plat et le tri croisé.
3.1. Le tri à plat
L'analyse uni-variée ou le tri à plat sert
à décrire par un dénombrement des effectifs des
modalités de chaque variable. Elle permet de calculer le nombre
d'observations de chaque modalité de la variable. Dans le cadre de la
statistique descriptive, le mode représente une tendance centrale
c'est-à-dire la modalité la plus fréquente. Les
fréquences représentent la dispersion et les pourcentages du
nombre d'observations de chaque modalité. Lorsqu'il s'agit de variable
métrique, la moyenne représente une tendance centrale, la
variance et l'écart type reflètent la dispersion.de la
variable.
3.2. Le tri croisé
L'analyse bi-variée communément
appelée tri croisé a pour objectif de mettre en évidence
les relations éventuelles qui existent entre deux variables
étudiées simultanément. Cette analyse cherche à
identifier ou à mesurer essentiellement le degré de liaison ou
d'interdépendance mais également l'effet d'une variable sur une
autre.
Au niveau de la partie analyse, le test de
corrélation de Pearson au seuil de 5% est d'usage, afin d'analyser plus
finement les liens entre les dimensions de la performance sociale et celle de
la viabilité financière, puisque toutes ces dimensions sont
à caractère numériques.
Après un survol de la démarche
méthodologique à adopter dans le cadre de cette recherche aussi
bien en termes d'échantillonnage qu'en termes de choix des instruments
de collecte et de traitement de données, le chapitre qui suit fera d'une
part l'économie de l'analyse et interprétation des
résultats et d'autre part des limites, des contributions ainsi que des
recommandations nécessaires. Ces dernières permettent aux
différents acteurs (chercheurs et dirigeants) en général
et ceux du Sénégal en particulier de prendre le relais dans le
cadre de la contribution de la finance solidaire à l'atteinte des
objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
CHAPITRE IV :
PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS, CONTRIBUTIONS, LIMITES ET PERSPECTIVES
DE RECHERCHE
Ce dernier chapitre de notre recherche est l'occasion
pour nous de restituer nos résultats ainsi que les analyses convenables
afin de voir très exactement le lien entre les deux variables à
savoir la performance sociale et la viabilité financière. Ainsi,
après avoir présenté les résultats de l'analyse
descriptive dans la section I, nous tentons dans la section II,
d'établir les tests des différentes hypothèses ainsi que
les contributions de ces résultats au champ de la finance solidaire sans
laisser en rade les limites et perspectives liées à
l'étude.
Section I:
Présentation des résultats : analyses descriptives
Cette section est consacrée uniquement à
l'analyse descriptive de nos résultats. Cette analyse descriptive
concerne, dans un premier temps, l'échantillon de notre étude.
Dans un second temps, l'analyse descriptive (tri à plat) des variables
du modèle de recherche est mise en évidence afin de voir les
premières tendances issues de nos enquêtes. L'étude
comporte trois hypothèses. La première hypothèse H1 montre
le lien entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle et la deuxième hypothèse H2 tente de voir
la corrélation existante entre l'adaptation des produits et services aux
besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Quant
à la troisième hypothèse H3, elle teste également
la relation pouvant exister entre le capital social et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle.
Concernant la performance sociale, elle est
décomposée en trois dimensions mesurées chacune par des
items. Ces items sont analysés sur une échelle de Lickert
à cinq positions allant de très en désaccord à
très en accord. Pour faciliter l'analyse, nous allons regrouper
très en désaccord et en désaccord dans la rubrique
« en désaccord » puis en accord et très en
accord dans la rubrique « en accord ». Pour l'indicateur de
la viabilité financière en l'occurrence le ratio d'autosuffisance
opérationnelle, les données sont agrégées sous
forme d'intervalles afin d'affiner l'analyse.
1. Analyse Descriptive de
l'échantillon
La description de notre échantillon se fait en
deux étapes. La première étape concerne la
répartition des mutuelles non affiliées ainsi que les
réseaux enquêtés et la deuxième étape donne
la répartition de l'échantillon final. Ces différents
résultats sont mis en évidence dans les tableaux 1 et 2.
Tableau 1 :
Répartition des mutuelles d'épargne et de crédit et
réseaux de l'échantillon
Mutuelles et réseaux de l'échantillon
|
DAKAR
|
FATICK
|
Total
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Réseaux ayant répondu
|
5
|
14,71%
|
-
|
-
|
5
|
14,71%
|
Mutuelles non affiliées ayant répondu
|
15
|
44,12%
|
10
|
29,41%
|
25
|
73,53%
|
Mutuelles non affiliées n'ayant pas répondu
|
4
|
11,76%
|
|
-
|
4
|
11,76%
|
Total
|
24
|
70,59%
|
10
|
29,41%
|
34
|
100%
|
Source : Données issues de
l'enquête
L'objet de ce travail de recherche consiste à voir
le lien entre performance sociale et viabilité financière des IMF
au Sénégal à travers 34 structures réparties dans
les régions de Dakar et Fatick selon le tableau ci- dessus.
Ainsi, ce dernier présente d'une part les
réseaux et les mutuelles non affiliées ayant répondu
à l'enquête et d'autre part celles non affiliées n'ayant
pas répondu. La région de Dakar regroupe l'ensemble des
réseaux ayant répondu et qui sont au nombre de cinq (5) soit un
pourcentage de 14,71% du total des MEC de l'échantillon et 71,43% du
total des réseaux existants ici au Sénégal. Les mutuelles
non affiliées sont enquêtées à hauteur de quinze
(15) pour Dakar et dix (10) pour Fatick soit respectivement 44,12% et 29,41% ;
ce qui revient à un total de vingt cinq (25) Mutuelles soit un
pourcentage de 73,53% toutes régions confondues.
Concernant les mutuelles n'ayant pas répondu,
elles se concentrent uniquement dans la région de Dakar pour un total de
quatre (4) soit un taux de non réponse de 11,76%. Cette situation est
due en partie à ce que nous avions expliqué plus haut,
c'est-à-dire la réticence de certains gérants à
diffuser les informations concernant leurs mutuelles pour cause de la
concurrence accrue qui prévaut actuellement dans le secteur de la
microfinance surtout dans la région de Dakar. A cela s'ajoutent
également les mutuelles autorisant des voies administratives ou
légales très longues qui nécessitent beaucoup de temps et
de moyens pour y parvenir.
Au final, trente (30) mutuelles ont accepté
définitivement de répondre à notre enquête pour un
taux de réponse global de l'ordre de 88,23% réparti ainsi qu'il
suit selon les deux régions à hauteur de 58,82% pour Dakar et
29,41% pour Fatick ; ce qui, à notre niveau, semble être
satisfaisant pour l'analyse des données. Le tableau ci-après
donne la composition de l'échantillon final de manière globale et
par région.
Tableau 2 :
Répartition de l'échantillon final
Mutuelles de l'échantillon
|
DAKAR
|
FATICK
|
Total
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Réseaux ayant répondu
|
5
|
16,67%
|
-
|
-
|
5
|
16,67%
|
Mutuelles non affiliées ayant répondu
|
15
|
50%
|
10
|
33,33%
|
25
|
83,33%
|
Total
|
20
|
66,67%
|
10
|
33,33%
|
30
|
100%
|
Source : Données issues de
l'enquête
L'échantillon final est composé de trente
(30) IMF au total réparties comme suit : vingt (20) pour Dakar et
dix (10) pour Fatick soit des taux respectifs de 66,67% et 33,33% pour les deux
régions précitées. Après l'échantillon
final, nous en venons à la description des variables du modèle de
recherche.
2. L'analyse descriptive des variables
de l'hypothèse H1
L'hypothèse H1 met en relation la dimension
ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle.
Nous tentons d'établir successivement le tri à plat de ces deux
variables ainsi que les analyses convenables.
Tableau 3 : Tri
à plat de l'indicateur ciblage des pauvres exclus
Position
Items
|
En désaccord
|
Neutre
|
En accord
|
Etude formelle des conditions de pauvreté dans les
zones d'intervention
|
53,4
|
13,3
|
33,3
|
Prêts sécurisés avec garanties sociales
pour plus de 50% du portefeuille
|
13,3
|
3,3
|
83,4
|
Politiques spécifiques ou méthodologiques pour
atteindre les zones reculées
|
6,6
|
10
|
83,4
|
La taille minimale des mensualités de remboursement
représente plus de 1% du PIB/tête (5000 F CFA)
|
26,7
|
-
|
73,3
|
Le montant minimum pour ouvrir un compte d'épargne
représente plus de 1% du PIB/tête
|
20
|
3,3
|
76,7
|
L'IMF utilise une stratégie de ciblage basée sur
les conditions objectives des clients
|
43,4
|
10
|
46,6
|
L'IMF accorde des prêts en zones rurales pour moins de
50% des prêts
|
73,3
|
6,7
|
20
|
Le nombre de femmes parmi les emprunteurs représente
plus de 50% des prêts
|
13,3
|
10
|
76,7
|
Le nombre des clients agriculteurs est nul et/ou
représente moins de 10% des prêts
|
33,3
|
10
|
56,7
|
Le nombre de clients analphabètes représente
moins de 30% des prêts
|
53,4
|
13,3
|
33,3
|
Source : Données de
l'enquête
Le tableau 3 récapitule les données du tri
à plat ou de l'analyse descriptive des items du ciblage des pauvres
exclus. A la lumière de ces résultats, nous constatons que la
plupart des mutuelles de notre échantillon soit 53,4% n'effectuent pas
une étude formelle sur les conditions de pauvreté de leurs cibles
(personnes exclues du système bancaire classique). En revanche, 83,4 %
de ces mutuelles disent avoir accordé des prêts avec garanties
sociales (solidarité au sein des groupes, recommandation par une tierce
personne de confiance) et avoir aussi adopté des politiques
méthodologiques pour atteindre les zones les plus reculées.
Nous constatons , par la même occasion, des
propositions favorables à l'endroit des items suivants : la taille
minimale des mensualités de remboursement, le montant minimum pour
ouvrir un compte d'épargne et faire des dépôts
réguliers, le nombre de femmes parmi les emprunteurs qui
représente plus de 50% des prêts et afin le nombre de clients
agriculteurs qui est nul ou représente moins de 10% des prêts,
pour des taux respectifs de 73,3%, 76,7%, 76,7% et 56,7%. En effet, la plupart
des mutuelles visitées fixent l'ouverture d'un compte pour un montant
minimum de 7500F CFA, les mensualités de remboursement, selon certains
responsables rencontrés, dépendent surtout des montants
prêtés. En outre, nous remarquons que les femmes constituent la
clientèle la plus représentative au niveau des mutuelles de
crédit. En ce qui concerne le nombre de clients agriculteurs, nous
disons qu'à part la région de Fatick dont la population est
constituée en majorité d'agriculteurs, le reste des mutuelles
disent avoir des clients non agriculteurs ; ce qui se justifie par un taux
moyen de 56,7%.
Par ailleurs, bien que la population
sénégalaise soit en majorité constituée
d'analphabètes, le pourcentage n'est pas trop élevé dans
les mutuelles visitées soit
53,4%. Concernant la stratégie de ciblage
basée sur les conditions objectives des clients (alphabétisation,
taille des exploitations, indice de logement, patrimoine, etc.), les
pourcentages sont à peu prés équilibrés de part et
d'autre (43,4% contre 46,6%). Dans l'analyse,
nous ne sommes pas attardés sur la neutralité des
réponses, mais nous constatons que leurs pourcentages sont très
faibles (entre 3,3% et 13,3%). En définitive, nous remarquons en moyenne
58,4% des mutuelles effectuent correctement un ciblage des pauvres exclus
contre 33,61% et le reste soit 7,99% est neutre face à cette
proposition. Ce score moyen en termes de ciblage traduit le fait que plus de la
moitié des IMF de l'échantillon prend en compte la dimension
« ciblage des pauvres exclus » dans sa globalité.
Ces différents items sont croisés avec le ratio d'autosuffisance
opérationnelle dont le tri à plat est résumé dans
le tableau ci- après.
Tableau 4 : Tri
à plat du ratio d'autosuffisance opérationnelle
Valeur
|
Entre 0,36 et 0,99
|
Entre 1 et 1,5
|
Entre 1,6 et 1,9
|
Total
|
Effectif
|
21
|
6
|
3
|
30
|
Pourcentage
|
70%
|
20%
|
10%
|
100%
|
Source : Données de
l'enquête
Le tableau 4 résume les données du tri
à plat du ratio d'autosuffisance opérationnelle. Les valeurs sont
regroupées sous forme d'intervalles. Ainsi, pour un ratio faible compris
entre 0,36 et 0,99, vingt et une (21) mutuelles sont
recensées soit 70%. Pour un ratio compris entre 1 et 1,5,
nous avons six (6) mutuelles soit un taux de 20%. Et
enfin pour un ratio compris entre 1,6 et 1,9, il y a seulement
trois (3) mutuelles soit 10% du total.
A l'issu de ce tri à plat, nous constatons que
neuf (9) mutuelles sur trente (30) ont
atteint au minimum la norme de 100% et les vingt et une (21) mutuelles
restantes ont un ratio d'autosuffisance opérationnelle en dessous de la
norme édictée par la BCEAO. Cette situation caractérise
ainsi un véritable problème de viabilité financière
au niveau des mutuelles de notre échantillon. A cet égard, notre
étude semble être pertinente dans la mesure où nous allons
pouvoir identifier clairement les leviers sur lesquels s'appuyer en termes de
performance sociale pour assurer la viabilité financière des
structures financières décentralisées en
général et celles du Sénégal en particulier.
3. L'analyse descriptive des variables
de l' hypothèse H2
Cette hypothèse lie l'adaptation des produits et
services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle. Nous allons procéder au tri à plat de
l'adaptation des produits et services aux besoins des clients puisque celui du
ratio d'autosuffisance opérationnelle est déjà fait
dès l'analyse descriptive de la première hypothèse.
Tableau 5 : Tri
à plat de la variable adaptation des services et produits aux besoins
des clients
Position
Items
|
En désaccord
|
Neutre
|
En accord
|
L'IMF propose plusieurs types de prêts
|
46,7
|
-
|
53,3
|
L'IMF accorde des prêts sociaux d'urgence
|
26,7
|
3,3
|
70
|
L'IMF fournie de produits spécifiques adaptés
aux besoins des clients
|
20
|
6,7
|
73,3
|
L'IMF propose aux clients différentes formules de
remboursement
|
20
|
-
|
80
|
L'IMF offre de produits volontaires spécifiques
adaptés aux besoins sociaux des clients
|
33,3
|
10
|
56,7
|
L'IMF propose par l'intermédiaire d'autres organismes
spécialisés des services financiers innovants
|
46,7
|
10
|
43,3
|
Les agents de crédit de l'IMF rendent visite plus de
50% des clients pour des opérations financières
|
30
|
7
|
63
|
Le temps moyen entre la demande formelle du premier prêt
et le déboursement du prêt pour un nouveau client sur les douze
derniers mois est de deux semaines
|
46,7
|
3,3
|
50
|
Les clients de l'IMF connaissent pour chaque remboursement le
principal et les intérêts à payer mais aussi la date de
remboursement
|
-
|
-
|
100
|
L'IMF dispose de politiques spécifiques pour faciliter
l'accès aux services financiers (autre que la
décentralisation)
|
16,7
|
3,3
|
80
|
Source : Données de
l'enquête
Le tableau 5 traduit l'analyse descriptive ou le tri
à plat de la deuxième dimension de la performance sociale. Au
regard des résultats de ce tableau, nous constatons que la
majorité des IMF propose plusieurs types de prêts ainsi que des
prêts sociaux d'urgence (à court terme c'est-à-dire moins
de 3 mois, déboursement très rapide (1 ou 2 jours), pas d'objet
spécifique requis pour le prêt, ou attribué officiellement
à des fins de consommation, but social ou d'urgence) soit respectivement
53,3% et 70% des mutuelles. En outre, 73,3% disposent de politiques
spécifiques adaptées et 80% proposent aux clients
différentes formules de remboursement. Dans ce même sillage, les
produits volontaires spécifiques (habitat, éducation, prêts
sur 12 mois) ainsi que la visite des clients, l'application de politiques
spécifiques et l'octroi de prêts sont accordés avec des
scores respectifs de 56,7% ; 63% ; 80% et
50%. Concernant les formulaires remis aux clients, toutes les
mutuelles sont unanimes quant aux informations relatives au montant du
« principal», les intérêts à payer et la
date de remboursement.
En revanche, l'offre de services financiers innovants
(produits d'assurance, transfert d'argent, paiement par chèque) est
presque équilibrée pour l'ensemble des IMF de
l'échantillon soit (43,3% et 46,7%). Globalement, nous disposons d'un
score moyen de l'ordre de 61,33% en termes d'adaptation des produits et
services aux besoins des clients avec un taux moyen de neutralité de
réponse de 4,66%. Ce taux de 61,33% traduit la prise en compte par les
IMF de la concurrence qui prévaut actuellement sur le secteur puisque
les mutuelles sont obligées d'adapter leurs produits pour être en
phase avec les aspirations des clients ou des membres.
4. L'analyse descriptive des variables
de l'hypothèse H3
L'hypothèse H3 essaye de montrer la relation entre
le capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ainsi, le
tri à plat de la troisième hypothèse s'applique tout
simplement à la dimension capitale sociale dans la mesure où le
tri à plat du ratio est déjà effectué.
Tableau 6 : Tri
à plat de la variable l'amélioration du capital social et
politique des clients
Position
Items
|
En désaccord
|
Neutre
|
En accord
|
Les clients de l'IMF ont accès aux bilans financiers
|
43,6
|
-
|
56,4
|
Les agents de crédit de l'IMF ou les caissiers sont les
seuls interlocuteurs des clients
|
93,4
|
-
|
6,6
|
L'IMF fournit un lieu de discussion en cas de conflits,
réclamations ou plaintes entre un client et un employé
|
13,3
|
-
|
86,7
|
Les clients de l'IMF peuvent participer aux instances de
contrôle et de prise de décision
|
30
|
-
|
70
|
Les instances sont constituées en majorité de
femmes
|
63,3
|
16,7
|
20
|
Les instances établies au sein de l'IMF influencent
réellement les décisions et provoquent des changements
|
6,7
|
10
|
83,3
|
L'IMF facilite la création de capacités locales
de gestion
|
23,4
|
-
|
76,6
|
Source : Données de
l'enquête
Ce tableau montre le tri à plat des items de la
troisième dimension de la performance sociale. Les données
agrégées dans ce tableau indiquent que 56,4% des mutuelles
autorisent leurs bilans financiers aux clients et 86,7% d'entre elles
établissent un lieu de discussion en cas de conflits entre clients et
employés. En revanche, 93,4% des mutuelles fréquentées
signalent que les agents de crédit ou les caissiers ne sont pas les
seuls interlocuteurs des clients puisqu'il y a d'autres membres de
l'institution qui participent à la gestion globale. Les IMF disposent
à cet effet des instances de décision comme par exemple le
conseil d'administration, le conseil de surveillance, le comité de
crédit. Toutes ces instances, selon les responsables contactés
(70%), ne sont constituées que de clients de l'IMF et elles influencent
réellement les décisions prises et provoquent des changements.
Dans cette même perspective, 76,6% de ces mutuelles
cherchent à faciliter la création de capacités locales de
gestion (formation pour la constitution d'équipe, représentation,
prise en compte et renforcement des capacités locales de management).
Concernant cette dimension, les résultats du tri à plat
révèlent un score moyen de l'ordre de 56,6%. Ce score moyen
dénote également une prise en compte de la dimension
« Amélioration du capital social et politique des
clients » même si des efforts restent à faire dans le
cadre de la prise en compte de cette dimension dans sa globalité. Ces
items sont croisés avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle
dans l'analyse bi- variée.
Pour mieux voir la relation existante entre les
différentes variables, nous allons passer à la section suivante
relative aux tests empiriques.
Section II : Test des
hypothèses, contributions et limites de la recherche
Cette section se compose essentiellement des tests
d'hypothèses du modèle de recherche et de leurs
interprétations sans laisser en rade les contributions et limites
inhérentes à notre étude.
1. Tests des hypothèses du
modèle de recherche
Le modèle de recherche est scindé en trois
hypothèses que nous allons tester successivement afin de voir la
relation existante entre elles. Ce faisant, l'utilisation du test de
corrélation de Pearson au seuil de 5% nous semble être
satisfaisante dans la mesure où toutes les variables du modèle
sont numériques et les différentes hypothèses de recherche
sont des hypothèses d'association. De plus, nous cherchons uniquement
à voir la corrélation entre les différentes dimensions de
chacune des variables de la recherche.
1.1. Test de l'hypothèse H1
Il existe un lien entre le ciblage des pauvres exclus
et le ratio d'autosuffisance opérationnelle
L'hypothèse H1 cherche à voir la relation
existante entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle. Cette relation est significative lorsque la
significativité (Sig. Bilatérale) du test est inférieur au
seuil de 5%. Le tableau suivant nous donne les détails du lien entre les
deux dimensions.
Tableau 7 : Test de
corrélation entre ciblage des pauvres exclus et le ratio
d'autosuffisance
Ciblage des pauvres exclus
|
RAO
|
Etude formelle des conditions de pauvreté dans les
zones d'intervention
|
Corrélation de Pearson
|
,250
|
Sig. (Bilatérale)
|
,182
|
Prêts sécurisés avec garanties sociales
pour plus de 50% du portefeuille
|
Corrélation de Pearson
|
,236
|
Sig. (Bilatérale)
|
,21
|
Politiques spécifiques ou méthodologiques
(excepté les garanties sociales) pour atteindre les zones
reculées
|
Corrélation de Pearson
|
,050
|
Sig. (Bilatérale)
|
,792
|
La taille minimum des mensualités de remboursement
représente plus de 1% du PIB/tête (5000 F CFA)
|
Corrélation de Pearson
|
,047
|
Sig. (Bilatérale)
|
,805
|
Le montant minimum pour ouvrir un compte d'épargne et
faire des dépôts réguliers représente plus de 1% du
PIB/tête
|
Corrélation de Pearson
|
-,06
|
Sig. (Bilatérale)
|
,767
|
L'IMF utilise une stratégie de ciblage basée sur
les conditions objectives des clients
|
Corrélation de Pearson
|
,136
|
Sig. (Bilatérale)
|
,473
|
L'IMF accorde des prêts en zones rurales pour moins de
50% des prêts
|
Corrélation de Pearson
|
-,070
|
Sig. (Bilatérale)
|
,713
|
Le nombre de femmes parmi les emprunteurs représente
plus de 50% des prêts
|
Corrélation de Pearson
|
-,264
|
Sig. (Bilatérale)
|
,159
|
Le nombre des clients agriculteurs est nul et/ou
représente moins de 10% des prêts
|
Corrélation de Pearson
|
,039
|
Sig. (Bilatérale)
|
,840
|
Le nombre de clients analphabètes représente
moins de 30% des prêts
|
Corrélation de Pearson
|
-,034
|
Sig. (Bilatérale)
|
,860
|
Source : Données de l'enquête
Au regard de ce tableau concernant le lien entre le
ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle
(RAO), nous constatons une faible corrélation entre les
différents items de la dimension ciblage des pauvres exclus et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle. De même, aucune relation
significative n'est observée entre ces items et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle puisque les différents seuils de
significativité dépassent largement le seuil de Pearson de 5%.
En réalité la mise en place d'études
formelles sur les conditions de pauvreté des clients, les prêts
sécurisés avec garantie sociale, les politiques
spécifiques pour atteindre les zones reculées, les
mensualités de remboursement, l'ouverture d'un compte pour un montant
inférieur à cinq mille (5000 F. CFA) n'ont aucun lien
significatif avec le ratio d'Autosuffisance opérationnelle. Cette
situation s'élargie aux autres items comme les stratégies de
ciblage basées sur les conditions objectives des clients
(alphabétisation, taille des exploitations), le nombre de femmes parmi
les clients, l'absence d'agriculteurs au niveau de ces clients ainsi que le
nombre de clients analphabètes qui doit représenter moins de 30%
des prêts.
En conséquence, aucune relation significative
n'est observée entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle. A cet égard, l'hypothèse
H1 est rejetée. Ce résultat est en contradiction avec celui
trouvé par le réseau CERISE (2008, 2010)
confirmé par Cornée (2006) qui, selon
eux, prétendent que le ciblage des pauvres exclus conduit à des
coûts opérationnels de plus en plus importants. En outre, selon
leurs études, les IMF qui ciblent les personnes exclues du
système bancaire classique engendrent un faible ratio d'autosuffisance
opérationnelle lié à l'augmentation des coûts de
l'institution.
1.2. Test de l'hypothèse H2
Il existe une corrélation entre l'adaptation
des produits et services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle (RAO)
L'hypothèse H2 vérifie la
corrélation entre l'adaptation des produits et services aux besoins de
la clientèle (dimension2 de la performance sociale) et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle (RAO).
A l'instar des autres variables du modèle, la
relation entre les variables de cette hypothèse est mise en
évidence par le test de corrélation de Pearson au seuil de 5%.
Les résultats de ce test sont mis en exergue dans le tableau suivant
:
Tableau 8 : Test de
corrélation entre l'adaptation des services et le RAO
Adaptation des produits et services aux besoins des
clients
|
RAO
|
L'IMF propose plusieurs types de prêts
|
Corrélation de Pearson
|
-,047
|
Sig. (Bilatérale)
|
,404
|
L'IMF accorde des prêts sociaux d'urgence
|
Corrélation de Pearson
|
,152
|
Sig. (Bilatérale)
|
,212
|
L'IMF propose de produits spécifiques adaptés
aux besoins sociaux des clients
|
Corrélation de Pearson
|
-,117
|
Sig. (Bilatérale)
|
,269
|
L'IMF propose aux clients différentes formules de
remboursement
|
Corrélation de Pearson
|
-,014
|
Sig. (Bilatérale)
|
,471
|
L'IMF offre de produits volontaires spécifiques
adaptés aux besoins sociaux des clients
|
Corrélation de Pearson
|
,008
|
Sig. (Bilatérale)
|
,484
|
L'IMF propose par l'intermédiaire d'autres organismes
spécialisés des services financiers innovants
|
Corrélation de Pearson
|
,176
|
Sig. (Bilatérale)
|
,175
|
Les agents de l'IMF rendent visite plus de 50% des clients
pour des opérations financières (alliances extérieures)
|
Corrélation de Pearson
|
,430
|
Sig. (Bilatérale)
|
,009
|
Le temps moyen entre la demande formelle du premier
prêt et le déboursement du prêt pour un nouveau client sur
les douze derniers mois est de deux semaines
|
Corrélation de Pearson
|
-,073
|
Sig. (Bilatérale)
|
,351
|
Les clients de l'IMF connaissent pour chaque remboursement
le principal et les intérêts à payer mais aussi la date de
remboursement
|
Corrélation de Pearson
|
-,175
|
Sig. (Bilatérale)
|
,178
|
L'IMF dispose de politiques spécifiques pour faciliter
l'accès aux services financiers (autre que la
décentralisation)
|
Corrélation de Pearson
|
-,196
|
Sig. (Bilatérale)
|
,150
|
Source : Données de
l'enquête
Ce tableau 8 nous indique une très faible
corrélation entre les différents items et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle à l'exception de l'item
« la visite des clients, par les agents de l'IMF, pour des
opérations financières » qui est moyennement et
positivement corrélé avec le ratio d'autosuffisance
opérationnelle. En effet, la diversité des prêts, les
prêts sociaux d'urgence, les produits spécifiques adaptés,
les différentes formules de remboursement ainsi que la clarté des
formulaires remis aux clients (principale, intérêts et date de
remboursements), la fourniture de produits volontaires spécifiques
(habitat, éducation, prêt sur douze mois), la proposition, par
l'intermédiaire d'autres organismes financiers, des services financiers
innovants non financiers, le temps moyen pour le déboursement du
prêt et enfin les politiques spécifiques pour faciliter
l'accès aux services financiers n'ont aucun lien significatif avec le
ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO) puisqu'en plus de leurs
très faibles corrélations avec le ratio, leurs seuils de
significativité (40,4% ; 21,2% ; 26,9% ; 47,1% ;
48,4% ; 17,5% ; 35,1% ; 17,8% et 15% ) dépassent de loin
le seuil de Pearson de 5%. Sur ce point, les mutuelles de notre
échantillon appliquant l'adaptation des produits et services au profit
de leur clientèle n'ont qu'à se focaliser sur les alliances
extérieures qui sont corrélées avec le ratio
d'autosuffisance opérationnelle (43%) suivi d'un seuil
de significativité de l'ordre de 0,9% nettement inférieur au
seuil de Pearson de 5%. La visite des clients créant
ainsi les alliances extérieures précitées, permet de mieux
connaitre les clients et de réduire l'asymétrie d'information et
par ricochet les coûts de transaction selon la vision de beaucoup
d'auteurs que nous avons énumérés au niveau de la revue de
littérature. En baissant les coûts de transaction, ces alliances
extérieures participent à la réduction des coûts
globaux de l'institution qui aura pour effet une amélioration du ratio
d'autosuffisance opérationnelle. Par conséquent,
l'hypothèse H2 reliant l'adaptation des produits et services aux besoins
de la clientèle au ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO)
est également rejetée. Cependant, un
résultat important peut être pris en considération par les
IMF à savoir le lien positif observé entre les alliances
extérieures et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle. Ces alliances extérieures sont une partie
intégrante des services innovants et non financiers selon le
réseau CERISE.
1.3. Test de l'hypothèse H3
L'amélioration de la situation
économique des clients est liée positivement au ratio
d'autosuffisance opérationnelle
L'hypothèse H3 essaye de voir la relation entre le
capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Comme les
autres variables, le test de Pearson est utilisé à ce niveau pour
mettre en évidence le lien entre les deux variables. Les
résultats sont donnés dans le tableau ci-après.
Tableau 9 : Test de
corrélation entre le capital social et politique des clients et le RAO
(H3)
L'amélioration du capital social des clients
|
RAO
|
Les clients de l'IMF ont accès aux bilans financiers
|
Corrélation de Pearson
|
,431
|
Sig. (Bilatérale)
|
,017
|
L'agent de crédit de l'IMF ou le caissier est le seul
interlocuteur des clients
|
Corrélation de Pearson
|
,041
|
Sig. (Bilatérale)
|
,829
|
L'IMF fournit un lieu de discussion en cas de conflits,
réclamations ou plaintes entre un client et un employé
|
Corrélation de Pearson
|
-,006
|
Sig. (Bilatérale)
|
,977
|
Les clients de l'IMF peuvent participer aux instances de
contrôle et de prise de décision
|
Corrélation de Pearson
|
,074
|
Sig. (Bilatérale)
|
,697
|
Les instances sont constituées en majorité de
femmes
|
Corrélation de Pearson
|
,095
|
Sig. (Bilatérale)
|
,616
|
Les instances établies au sein de l'IMF influencent
réellement les décisions et provoquent des changements
|
Corrélation de Pearson
|
-,214
|
Sig. (Bilatérale)
|
,256
|
L'IMF facilite la création de capacités locales
de gestion
|
Corrélation de Pearson
|
,033
|
Sig. (Bilatérale)
|
,862
|
Source : Données de
l'enquête
Le tableau 9 nous édifie sur le lien existant
entre le capital social et politique des clients et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle (RAO). Ainsi, sur les sept relations il n'ya qu'une seule
qui a un lien positif acceptable. En effet, l'agent de crédit ou le
caissier qui est le seul interlocuteur des clients, la mise en place d'un lieu
de discussion en cas de conflits entre clients et employé, la
participation des clients à la prise de décision, le pourcentage
majoritaire des femmes dans les instances, l'efficacité des instances
établies de même que la formation des représentants n'ont
aucun lien significatif avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle
(RAO) car les seuils de significativité (82,9%; 97,7%; 69,7% ; 61,6
% et 25%) sont supérieurs au seuil de Pearson 5%. A l'opposé,
nous remarquons, par ailleurs, un lien positif significatif entre la
liberté d'accès pour les clients aux bilans financiers des IMF et
le ratio d'autosuffisance opérationnelle [corrélation de
Pearson (43,1%) et significativité 1,7% inférieure à 5%].
Ainsi, plus les clients ou les membres ont accès aux bilans financiers
des IMF plus le ratio d'autosuffisance opérationnelle n'augmente et vice
versa.
Cette situation peut être dû au fait que
l'accès des clients aux bilans financiers de l'institution est source de
transparence dans la gestion et aussi de confiance mutuelle entre clients et
IMF. Cette confiance fortifie les relations entre ces derniers; ce qui
débouche sur une réduction des coûts des institutions et
donc une amélioration de la viabilité financière
(Sall, 2008). Selon également certains auteurs
trouvés dans la littérature, en l'occurrence ceux du
réseau CERISE (2008, 2010), cette liberté
d'accès aux bilans financiers se traduit par un renforcement du capital
social induit par la transparence dans la gestion. Cette transparence provoque,
à son tour, une confiance mutuelle entre clients et IMF
développée tantôt par Cornée (2006)
dans son mémoire de DEA.
Comme conclusion, nous pouvons dire que
l'hypothèse H3 est également rejetée. Néanmoins,
nous pouvons noter que «l'accès des clients aux bilans
financiers », traduisant ainsi la transparence dans la gestion, est
lié positivement et de manière significative au ratio
d'autosuffisance opérationnelle. Par conséquent, nous notons une
convergence ou une corrélation entre la transparence, la confiance et le
ratio d'autosuffisance opérationnelle. En guise de
récapitulation à nos différents résultats, nous
avons tenté de présenter le tableau ci-dessous :
Tableau 10 :
Récapitulation des différents résultats issus des tests
d'hypothèses
Hypothèses de recherche
|
Résultats obtenus à l'issue des
enquêtes
|
H1
|
L'hypothèse H1 liant le ciblage des pauvres exclus au
ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO) est rejetée puisque
sur dix (10) relations, aucune n'est significative au seuil de 5%. Ce
résultat renvoi à la conclusion suivante : le ciblage
individuel, géographique et méthodologique, composantes
essentielles du ciblage global, n'ont aucun lien significatif avec le ratio
d'autosuffisance opérationnelle (RAO). Dans ce sens, ce résultat
est en contradiction avec celui trouvé par le réseau
CERISE (2008, 2010).
|
H2
|
L'hypothèse H2 vérifie le lien existant entre
l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle et le
ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO). A l'issue des
résultats, nous avons une corrélation moyenne de l'ordre de 43%
de l'item « les visites des clients par les agents des IMF pour des
opérations financières » avec le ratio d'autosuffisance
opérationnelle suivie d'une significativité de 0,9%. Cet item
constitue les alliances extérieures intégrées dans la
rubrique services innovants et non financiers. Ainsi, l'hypothèse H2 est
rejetée. Mais l'adaptation des produits et services aux besoins des
clients, à travers les alliances extérieures, est
corrélée avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle
(RAO). C'est un résultat qui confirme les travaux de Fin Rural
et CERISE (2006) et de CERISE (2008, 2010).
|
H3
|
L'hypothèse H3 analyse la relation entre
l'amélioration du capital social et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle (RAO).
A l'arrivée, nous constatons une corrélation
moyenne positive de 43,1% entre l'accès des clients aux bilans
financiers des IMF et le ratio d'autosuffisance opérationnelle avec un
seuil de significativité de l'ordre de 1,7%. Cet accès des
clients aux bilans financiers est traduit ici, selon la littérature
tournant autour des indicateurs de performance sociale, par la transparence
dans la gestion des IMF. Cette transparence dans la gestion débouche
à terme sur une confiance mutuelle entre clients et IMF ; ce qui se
traduit par une réduction des coûts globaux des institutions de
microfinance. et par ricochet sur une amélioration du RAO. Ce
résultat est extrêmement intéressant, à l'instar des
autres, car il vient de confirmer les écrits de certains auteurs
notamment ceux de Fin Rural et CERISE (2006), de Sall
(2008) et de Corné (2006).
Ainsi, une gestion transparente des mutuelles et une confiance entre
clients et IMF sont corrélées positivement avec le ratio
d'autosuffisance opérationnelle (RAO) et donc avec la viabilité
financière.
|
A la lumière des résultats issus de nos
enquêtes et présentés sur le tableau ci-dessus, nous
tentons par un schéma d'établir les relations existantes, de
manière empirique, entre les différentes variables de la
recherche. Ce schéma est appelé modèle empirique final de
la recherche.
Figure 2 :
Modèle empirique de la recherche
H2
-Diversité des produits et services
H3
Amélioration du capital social des
clients
-Transparence dans la gestion des IMF
-Confiance entre clients et mutuelles
|
VIABILITE FINANCIERE
|
Ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO)
|
Ce modèle empirique final de la recherche fait
ressortir sous forme schématique des résultats assez
intéressants. En effet, la performance sociale est
décomposée dans notre étude théorique en trois
dimensions à savoir le ciblage des pauvres exclus du système
bancaire classique, l'adaptation des produits et services aux besoins des
clients et l'amélioration du capital social et politique des clients.
Au terme des analyses des données issues de nos
enquêtes, nous nous sommes retrouvés seulement avec deux
dimensions constituées par l'adaptation des produits et services aux
besoins de la clientèle et l'amélioration du capital social des
clients.
A cet effet, l'adaptation des produits et services aux
besoins de la clientèle, à travers les services innovants et non
financiers comme les alliances extérieures élargis à la
diversité des produits, est corrélée positivement et de
manière significative avec le ratio d'autosuffisance
opérationnelle. Ce résultat trouvé dans le contexte du
Sénégal, même si ça ne doit pas susciter une
euphorie totale, mérite d'être pris en compte dans l'environnement
microfinancier puisqu'il vient de confirmer en partie, les travaux du
réseau CERISE (2008, 2010) et de Fin Rural et
CERISE (2006) dont nous nous sommes inspirés pour
l'élaboration de cette hypothèse.
De surcroît, l'amélioration du capital
social et politique des clients à travers la transparence dans la
gestion appuyée par une confiance mutuelle entre IMF et clients permet
à terme de réduire les coûts globaux des IMF. En effet, la
transparence, l'échange d'information et la connaissance
réciproque vont créer la confiance, renforcer les relations sur
le long terme, permettre le partage des normes et des valeurs et ainsi
fidéliser les clients (Fin Rural, CERISE,
2006). Ces éléments à savoir la transparence et
la confiance renforcent les revenus financiers des institutions et, par
conséquent, agissent directement sur l'amélioration du ratio
d'autosuffisance opérationnelle (RAO).
Par ailleurs, le résultat assez surprenant dans
cette analyse constitue l'effet nul de la dimension1 de la performance sociale,
en l'occurrence le ciblage des pauvres exclus, sur le ratio d'autosuffisance
opérationnelle (RAO). Ainsi, bien que les résultats du tri
à plat du ciblage des pauvres révèlent un score moyen de
l'ordre de 58,4% de l'ensemble des mutuelles de l'échantillon, la
manière de cibler ces pauvres n'a aucune influence sur les coûts
globaux des institutions. Par exemple, la plupart des IMF
fréquentées ne font pas d'études formelles pour connaitre
le niveau de pauvreté de la population ; ce qui induit donc un lien non
significatif entre le ciblage des pauvres et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle (RAO).
2. Contributions, limites et
perspectives de recherches
Selon Karl Popper rapporté par le professeur
DANKOCO (2009) dans son cours de méthodologie: «
La recherche commence toujours par des problèmes et se termine toujours
dans des problèmes.» Cette fameuse phrase tant
énoncée par les chercheurs surtout en sciences sociales
n'échappe pas à notre présente recherche. C'est ainsi que
dans cette partie de l'étude, il est surtout question de
développer les contributions ou implications à la fois
théoriques et pratiques ainsi que les contraintes et limites
inhérentes à la recherche.
2.1. Implications théoriques
Tout travail scientifique ou à caractère de
recherche doit avoir des implications théoriques dans le champ sur
lequel il se situe. En réalité, ces implications
théoriques peuvent se rapporter par exemple à l'extension du
champ théorique par la modification ou la construction de nouvelles
théories ou concepts qui n'existaient pas auparavant mais aussi à
une redéfinition plus fine d'autres concepts. Ainsi, notre recherche
permet d'enrichir modestement les recherches déjà entamées
dans le domaine notamment ceux de Corné (2006) en
termes d'extension du champ théorique.
En effet, pour mesurer la performance sociale,
Corné s'était focalisé tout simplement sur ce qu'il
appelle un proxy et ce dernier était la profondeur du programme induite
par le nombre de femmes dans les programmes de microfinance. Or, cette
dimension à elle seule ne peut mesurer la performance sociale dans sa
globalité; ce qui constitue donc une défaillance par rapport
à sa mesure de la performance sociale.
Par ailleurs, dans le contexte du Sénégal,
nous notons une absence notoire d'écrits sur le thème à
part les travaux de Sakho (2004), de Diao
(2006) et de Sall (2008) sur la
viabilité financière des IMF. C'est en ce sens que cette
recherche peut constituer un point de départ permettant aux chercheurs
sénégalais de se pencher sur le lien entre la performance sociale
et la viabilité financière des IMF qui constitue un thème
très actuel sur la microfinance. Sur ce point, ils pourront approfondir
certains aspects conceptuels ou méthodologiques notamment
l'intégration de la quatrième dimension de la performance sociale
en l'occurrence la responsabilité sociale des IMF. Il y'a aussi le
coût de capital qui constitue une donnée importante des
indicateurs du ratio d'autosuffisance opérationnelle permettant de
mesurer la viabilité financière. L'intégration de ces deux
éléments va permettre de compléter l'étude.
2.2. Implications managériales
A l'instar des implications ou contributions
théoriques, les implications à caractères
managériales sont essentielles dans le cadre d'une
recherche académique. C'est ainsi que dans le cadre de notre
recherche, ces implications managériales sont basées pour
l'essentiel sur les résultats issus des enquêtes (tri à
plat et tests d'hypothèses). Les résultats du tri à plat
donnent les scores moyens suivants:
Pour le ciblage des pauvres exclus 58,4% ;
l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle
61,33% et l'amélioration du capital social et politique des
clients 56,6% sur l'ensemble des mutuelles enquêtées. Ces
résultats du tri à plat sont intéressants dans la mesure
où nous voyons que les différentes dimensions de la performance
sociale sont prises en compte dans la pratique au niveau des IMF.
Pour le tri à plat de la viabilité
financière, vingt et une mutuelles soit 70% n'atteignent pas la norme de
100% édictée par la BCEAO et neuf mutuelles seulement soit 30%
ont atteint cette norme. Ces résultats du tri à plat du ratio
d'autosuffisance opérationnelle de la variable viabilité
financière posent, une fois de plus, la pertinence de l'étude
puisque la majorité des mutuelles de l'échantillon ne sont pas
autosuffisantes. Sur ce point, nous sommes amenés à identifier
les indicateurs de performance sociale en l'occurrence les leviers sur lesquels
ces mutuelles peuvent agir pour atteindre au minimum la norme de 100%
édictée par la BCEAO. Ces différents leviers sont mis en
évidence à travers les tests d'hypothèses.
Concernant ces derniers, l'adaptation des produits et
services aux besoins de la clientèle et plus particulièrement les
services innovants et non financiers (alliances extérieures) sont
corrélés positivement avec le ratio d'autosuffisance
opérationnelle. Ce résultat trouvé dans le cadre de notre
travail nous permet de dire que les services innovants et non financiers
à travers les alliances extérieures revêtent un
caractère crucial dans la mesure où ils permettent de converger
vers une autosuffisance opérationnelle par une réduction des
coûts des institutions. Les IMF doivent prendre en compte dans leur
gestion quotidienne l'environnement extérieur qui, actuellement,
constitue une menace tenace pour les structures qui l'ignorent.
Ces résultats, en termes d'impact, sont
confirmés par les travaux de Fin Rural31(*) et CERISE (2006) en
ces termes : «Les études d'impact montrent que les IMF offrant
des services non financiers génèrent chez leurs clients plus
d'impact en termes de développement personnel (confiance en soi,
participation, leadership et capacité à entreprendre) que les IMF
qui ne dispensent pas ces services. Par ailleurs, dans certains cas, les
services innovants et non financiers semblent contribuer à
améliorer l'impact des crédits. Néanmoins, nous relevons
plusieurs exemples où les crédits engendrent des impacts sociaux
significatifs sans s'accompagner de services non financiers. Dans ces cas, leur
absence semble être compensée par un ciblage actif des pauvres
exclus, accompagnée d'une forte diversité des services.»
Dans cette perspective, en plus des services innovants et
non financiers, les IMF doivent donc diversifier leurs produits et services
afin de répondre correctement aux besoins multiples de la
clientèle actuelle qui devient de plus en plus exigeante à
l'égard des différents produits qui sont proposés.
Cette diversification des produits et services est un
concept très développé en marketing car faisant parti des
stratégies génériques de Michael Porter. Ces
stratégies constituent des outils efficaces permettant de faire face
à la concurrence qui prévaut dans un secteur comme celui de la
microfinance au Sénégal. Ainsi, ce secteur de la microfinance
ayant connu ces dernières années un engouement exceptionnel vue
la concurrence qui s'exerce entre les différents acteurs du
système. Ce faisant, les IMF se doivent de diversifier leurs produits et
services pour faire face à cette rude compétition dans le secteur
en fidélisant au maximum les clients. Cette fidélisation a un
effet positif sur la performance de remboursement de ces derniers et donc sur
la viabilité financière des IMF.
Par rapport à l'amélioration du capital
social, les résultats des tests de l'hypothèse H3
révèle ce qui suit : la transparence de la gestion des IMF,
traduisant une confiance mutuelle entre clients et institutions,
débouche sur une réduction des coûts globaux et donc sur
une amélioration du ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ce
résultat est extrêmement intéressant dans la mesure
où cette transparence dans la gestion constitue à part
entière un élément essentiel dans la notion de gouvernance
des institutions. Cette dernière constitue, à son tour, un des
piliers importants pour l'atteinte des objectifs du millénaire pour le
développement.
Ainsi, tous les acteurs du secteur doivent s'impliquer
pour arriver à bout de ce problème (bonne gouvernance). Elle
nécessite donc une transparence dans le mode de gestion des institutions
en général et des IMF en particulier. A cet effet, en termes
d'impact, Fin Rurale et CERISE (2006) ont montré que
les institutions qui enregistrent une performance élevée dans la
dimension 3 (l'amélioration du capital social des clients) obtiennent la
meilleure fidélisation des clients et les niveaux les plus
élevés de satisfaction quant aux conditions d'accès aux
crédits et aux institutions. Cet aspect montre que les pratiques de
transparence et la participation permettent effectivement d'entretenir et
d'approfondir une relation privilégiée avec les clients.
3. Limites et perspectives de
recherche
Toute recherche, quelque soit le cadre dans lequel elle
s'inscrit, n'est jamais achevée. Ce
phénomène est dû au fait que tout
travail humain présente toujours des insuffisances liées à
la manière de penser, de faire et d'interpréter les
résultats. Ce travail de recherche, ayant pour objectif
général de voir le lien entre une prise en compte de la dimension
sociale et la viabilité financière, n'échappe pas à
cette règle. En effet, la faiblesse de nos moyens financiers constitue
la première limite concernant ce travail de recherche. En
réalité, le retard des subventions allouées aux
mémoires nous a beaucoup retardés surtout lors de nos
enquêtes où il a fallu se payer le billet de transport pour se
déplacer d'un lieu à un autre. Par exemple nous avons
utilisé nos propres moyens de bord pour le déplacement de Dakar
à Fatick plus les frais de séjours pour la durée de quatre
jours que nous avons effectués là bas.
En outre, il faut également noter les frais relatifs
aux photocopies surtout du questionnaire dû au fait que les
enquêtés, pour la plupart, ignorent les objectifs de
l'étude et le cadre de sa réalisation. Ce phénomène
est lié au fait que la majorité des personnes rencontrées
n'ont pas effectué un cycle d'études supérieures, surtout
universitaires, leur permettant de bien comprendre les objectifs d'une
recherche en tant que telle. Cette situation nous a créé
n'énormes difficultés dans la récupération de nos
questionnaires dont la majorité est perdue et nous étions
obligés de leurs donner d'autres exemplaires afin de compléter
l'échantillon.
De surcroît, la période choisie pour le
dépôt des questionnaires au niveau des enquêtés
coïncide avec les dépôts des états financiers des IMF
au niveau de la Direction de la Réglementation et de la Supervision des
Structures Financières Décentralisées (DRS/SFD) qui est
une cellule chargée de superviser les Structures Financières
Décentralisées (SFD) en l'occurrence les IMF dans leur travail.
Ce phénomène nous a valu un retard qui, ipso facto, se
répercute sur l'allongement de la période d'enquête qui a
duré finalement trois mois dix jours, compte tenu des contraintes
précitées.
Par ailleurs, concernant le thème proprement dit,
la performance sociale n'est étudiée ici en prenant en compte que
trois dimensions sur quatre de même que la viabilité
financière dont l'étude n'intègre pas le coût de
capital. Cette étude partielle de la performance sociale et de la
viabilité financière constitue aussi une des limites notoires
dans cette recherche car en réalité une étude partielle ne
peut générer de résultats généralisables.
Comme perspective de recherche, nous soulignons tout
d'abord l'importance de la prise en compte de la dimension sociale par les IMF
bien que ce concept soit tronqué de la quatrième dimension en
l'occurrence la responsabilité sociale de l'IMF. De même, pour la
viabilité financière, nous l'avons mesurée en utilisant
uniquement le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ainsi, dans nos
recherches futures, nous proposons d'intégrer ces dimensions pour
compléter la recherche. En outre, d'autres thèmes beaucoup plus
globaux pourront être étudiés également comme par
exemple performance sociale et performance financière des IMF. Dans ce
cas précis, une méthodologie hypothético-déductive
sera appliquée dans la mesure où des travaux ont
été effectués sur le thème en l'occurrence ceux de
Cornée (2006) et du réseau CERISE (2008,
2010). C'est une étude qui sera intéressante du fait
qu'à notre connaissance ils n'existent pas de recherches au
Sénégal sur le thème performance sociale et performance
financière des IMF. L'autre thème intéressant constitue
également l'étude du lien entre gouvernance et viabilité
financière. En effet, la gouvernance est définie par le
réseau CERISE (2008) dans leur document de travail
intitulé « Guide opérationnel d'analyse de la
gouvernance en microfinance » en ces termes : « La
gouvernance d'une institution de microfinance, basée sur sa structure de
propriété, regroupe l'ensemble des mécanismes par lesquels
les acteurs (élus, salariés, autres) définissent et
poursuivent la mission de l'institution (notamment le public cible, les
services et la couverture géographique) et assurent la
pérennité en s'adaptant à l'environnement, en
prévenant et surmontant les crises». Par rapport à la
définition même de la notion de gouvernance, nous pouvons
s'attendre à une liaison entre les concepts de gouvernance et de
viabilité financière.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
La deuxième partie de la recherche,
intitulée cadre empirique ou opératoire de la recherche, est
scindée en deux chapitres. Le premier chapitre tente d'expliciter la
méthodologie générale de la recherche à travers
laquelle l'approche ou la méthode utilisée a été
mise en évidence ainsi que les outils de collecte et de traitement de
données. En effet, une méthode
hypothético-déductive associée à une
démarche quantitative a été retenue dans le cadre du
travail. Ce choix se justifie par le fait que notre étude s'inscrit dans
un paradigme positiviste qui une théorie suivant laquelle il existe une
réalité objective du monde observé.
Le choix de la méthode étant
opéré, les outils de recueil de données ont
été déterminants car ils permettent de se préparer
pour la moisson d'informations sur le terrain.
Sur ce point, nous avons eu recours à deux
instruments de collecte de données dans ce travail. Il s'agit du
questionnaire sur lequel, pour se faire comprendre par nos interlocuteurs, un
en-tête précisant les objectifs de la recherche et le cadre de sa
réalisation a été notifié dès le
début du questionnaire. Et l'interview ou l'entretien directif sert
à mieux se faire comprendre surtout par les interlocuteurs dont le
niveau d'instruction n'est pas assez élevé. La collecte
d'informations est donc rendue possible grâce au questionnaire et
à l'interview.
Le deuxième chapitre présente les
résultats ainsi que les interprétations convenables. Pour aboutir
à ces résultats susnommés, les informations
collectées sont traitées à l'aide du logiciel SPSS.17 qui
nous a permis d'établir le tri à plat ou l'analyse descriptive
des différentes variables afin d'obtenir les premières tendances.
De surcroit, des tests de corrélations de Pearson au seuil de 5% sont
établis en vue de corroborer ou de réfuter dans le cadre du
Sénégal les différentes hypothèses issues de la
revue de littérature.
Cette dernière partie de la recherche est
bouclée par l'apport de ce document sur le champ de la microfinance et
plus largement de la finance solidaire et aussi en termes d'implications
managériales. Elle se termine enfin par un certain nombre de limites
réduisant partiellement la dynamique du travail et par des perspectives
de recherches futures.
CONCLUSION GENERALE
Au reste, pour être un levier important du
développement et lutter efficacement contre la pauvreté dans le
monde, la microfinance a changé d'option et s'est engagée depuis
les années quatre vingt dix sur la voie de la pérennité
financière conformément à la perspective
institutionnaliste. En effet, la plupart des acteurs du secteur se sont
investis pour l'atteinte de ces objectifs. Mais cette procédure a
créé une tension pour les IMF entre la poursuite de leurs
missions sociales (toucher les exclus, renforcer leurs capacités, etc.)
et l'atteinte de leurs objectifs financiers (couvrir les coûts de l'offre
de services) (CERISE, 2010). Ainsi, dans le but de mieux
cadrer les institutions de microfinance et les différents acteurs sur
les leviers à agir, nous avons choisi de travailler sur le thème
« Performance Sociale et Viabilité Financière des IMF
au Sénégal ». Ce thème se situe dans la
problématique d'arbitrage entre objectifs sociaux et
pérennité financière ayant fait, dans le domaine de la
microfinance, l'objet d'un débat entre le courant Welfariste et le
courant Institutionnaliste.
L'objectif général du travail consiste
à voir la convergence entre une prise en compte de la dimension sociale,
par les IMF, et la recherche de la viabilité financière. Cet
objectif général est scindé en trois objectifs
spécifiques qui consistent à :
· étudier le lien pouvant exister entre le ciblage
des pauvres et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ;
· vérifier s'il ya une corrélation entre
l'adaptation des services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle;
· examiner le lien entre le capital social et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle des IMF.
Pour atteindre ces objectifs cités ci-dessus, une
méthodologie hypothético-déductive a été
retenue, alliée à une démarche quantitative. Cette
dernière nous a permis de recueillir une moisson d'informations sur
notre terrain de recherche à l'aide des instruments de collecte de
données comme le questionnaire et l'interview. Après un dur
travail de labeur, nous sommes parvenus aux résultats suivants:
l'analyse descriptive révèle que les mutuelles de
l'échantillon pratiquent correctement les trois dimensions de la
performance sociale prises en compte dans ce travail. Il s'agit essentiellement
du ciblage des pauvres exclus, de l'adaptation des produits et services aux
besoins de la clientèle et de l'amélioration du capital social et
politique des clients. Par contre la plupart des mutuelles de
l'échantillon ne sont pas autosuffisances c'est-à-dire elles ne
parviennent pas à atteindre la norme de 100% édictée par
la BCEAO. Pour mieux visionner ce résultat, les scores moyens obtenus
sont agrégés dans le tableau ci-après:
Tableau 11 : Scores
moyens des dimensions des différentes variables
Concepts de la recherche
|
Dimensions
|
Scores moyens
|
Performance sociale
|
Le ciblage des pauvres exclus
|
58,4 %
|
L'adaptation des produits et services
|
61,33%
|
L'amélioration du capital social et politique des
clients
|
56,6%
|
Viabilité financière
|
Ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO)
|
54%
|
Source : Données de
l'enquête
Après l'analyse descriptive, les tests
statistiques notamment l'utilisation du test de corrélation de Pearson
au seuil de 5% a été appliquée à l'ensemble de nos
hypothèses. Ainsi, concernant l'hypothèse H1, aucune
corrélation n'est notée entre le ciblage des pauvres exclus et le
ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ce faisant, l'hypothèse H1
est rejetée.
L'hypothèse H2 est aussi
rejetée mais les services innovants et non financiers en
général et les alliances extérieures en particulier
élargies à la diversité des produits et services sont
corrélées positivement et de manière significative avec le
ratio d'autosuffisance opérationnelle.
Il y'a enfin l'hypothèse H3 liant
l'amélioration du capital social et politique des clients et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle qui est, tout de même,
rejetée. Mais l'item « l'accès des
clients aux bilans financiers », traduisant ainsi la transparence
dans la gestion et la confiance entre clients et IMF, est aussi lié
positivement et de manière significative au ratio d'autosuffisance
opérationnelle.
Les résultats issus de nos analyses sont
intéressants dans la mesure où, dans le contexte du
Sénégal, l'hypothèse H1 est en déphasage avec la
plupart des travaux réalisés en Europe, en Amérique et en
Afrique plus particulièrement au Bénin avec le consortium ALAFIA.
En revanche, les hypothèses H2 et H3 confirment en partie ces travaux
précités.
Sur ce point, la convergence entre performance sociale et
viabilité financière passe donc par l'adaptation des produits et
services aux besoins des clients à travers les alliances
extérieures et la diversité des produits et services des
institutions d'une part, et d'autre part par l'amélioration de la
situation politique et économique des clients (capital social) à
travers la transparence et la confiance entre clients et institutions.
Pour approfondir ce travail, il est intéressant
d'élargir ces comparaisons à d'autres types d'études. Par
exemple, inclure à cette analyse des mesures de la pauvreté
permettant de vérifier la concordance entre les efforts entrepris par
les IMF pour servir les pauvres exclus et le profil réel de leurs
clients. A cet effet, deux nouveaux instruments d'évaluation de la
pauvreté comme l'Index de Progression de sortie de la Pauvreté
(PPI) et le Poverty Assessment Tool (PAT) ont été mis au point
pour évaluer la pauvreté d'usagers d'un programme de
développement d'une manière particulièrement
opérationnelle et peu onéreuse.
Comme le remarque CERISE (2008), ces
méthodes s'appuient sur un nombre réduit d'indicateurs issus
d'enquêtes nationales sur les niveaux de vie et sont
sélectionnées en fonction de leurs capacités statistiques
à déterminer le niveau de pauvreté d'un ménage. Les
indicateurs non financiers portent sur des critères facilement
identifiables et vérifiables, et permettent d'établir la
probabilité qu'une personne soit pauvre. En l'appliquant à
l'ensemble de la clientèle ou à un échantillon, nous
pouvons en déduire la proportion de clients qui sont en situation de
pauvreté.
En croisant également les résultats issus
des indicateurs de performance sociale avec ceux d'études de
marché, nous pourrons, en outre, savoir si une prise en compte de la
performance sociale, en termes de diversité des produits, de services
innovants et non financiers, de confiance et de transparence, influence
effectivement l'image de l'institution auprès du public.
Au final, ce travail a donné l'opportunité
d'étudier les relations existantes entre les indicateurs de performance
sociale à savoir le ciblage des pauvres exclus, l'adaptation des
produits et services aux besoins des clients et l'amélioration du
capital social des clients et celui de la viabilité financière en
l'occurrence le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Cette recherche
constitue, à notre connaissance, un terrain peu exploré en
Afrique de manière général et au Sénégal en
particulier. Nous avons ainsi pu mettre en évidence la convergence
existante entre les deux concepts tout en montrant à travers les
résultats que les relations peuvent être approfondies davantage,
surtout au niveau de l'amélioration du capital social et politique des
clients, afin de développer de manière beaucoup plus fine des
approches intégrées d'évaluation de gouvernance et de
gestion de performance sociale. Ces dernières constituent ainsi une
perspective encourageante pour permettre aux IMF de combiner avec plus
d'efficacité l'utilité sociale et viabilité
financière.
En plus de ces perspectives de recherches, nous pouvons
également, dans nos études futures, intégrer des variables
comme le rendement des capitaux propres, le rendement des actifs et la
productivité du personnel qui constituent des variables
stratégiques de la performance financière. L'intégration
des ces variables nous conduit ipso facto à nous interroger sur la
question de l'analyse de la convergence entre performance sociale et
performance financière des IMF au Sénégal ?
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Thèses et
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performances financières et performances sociales : application de la
méthode Data Envolpment Analysis sur 18 institutions de microfinance
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IGR-IAE, Université de Rennes 1, Centre de recherche en Economie et
Management.
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Sciences de gestion FASEG- PTCI - UCAD.
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commerciale et financière : le rôle du conseil
d'administration, Mémoire de DEA en Sciences de Gestion FASEG- UCAD
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Mémoire de fin d'études - ENTSS, 2006
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FASEG- UCAD
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et performance d'une entreprise en Côte d'Ivoire, Mémoire de MBA
Finance d'entreprise - Ecole Supérieure de Gestion de Paris
Wadji Ben Rejeb. (2003), Gouvernance et
performance dans les établissements de soins en Tunisie, Mémoire
de DEA en Management- FASEG- Tunis
ANNEXES
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
DEA GESTION : 8ème
PROMOTION
LABORATOIRE DE FINANCE -ORGANISATION - CONTROLE
-STRATEGIE
Dans le cadre des activités du laboratoire FOCS
piloté par le Professeur El. Bachir Wade, Agrégé en
Sciences de Gestion, nous réalisons une recherche sur le lien entre
performance sociale et viabilité financière des Institutions de
Microfinance (IMF) au Sénégal. C'est dans ce cadre que nous avons
conçu ce questionnaire qui porte sur les différentes variables de
notre étude.
De par vos activités et vos différentes
expériences, vous êtes identifié comme une personne
ressource susceptible de nous fournir un éclairage pertinent et avec qui
nous pouvons nouer un partenariat dans la recherche. Ainsi, si vous le
désirez, les résultats de notre recherche, axée
essentiellement sur un thème très actuel qui constitue le lien
entre performance sociale et viabilité financière, vous seront
communiqués et vous participerez à nos discussions futures.
NB : Conformément à la charte de
notre laboratoire, les données recueillies dans cette étude
seront anonymes et resteront confidentielles.
Merci de votre compréhension
QUESTIONNAIRE
1. Identité de l'IMF
Nom de l'IMF :
........................................................................
Année de commencement des activités de
microfinance : ........................
Forme juridique :
Réseau
Mutuelle d'Epargne et de Crédit (MEC)
Groupement d'Epargne et de Crédit (GEC)
Structure Signataire de Convention Cadre (SSCC)
ONG
Coopérative
Nombre de salariés :
..................................................................
2. Viabilité financière
Ratio d'autosuffisance opérationnelle
......................................................
3. Indicateurs de Performance Social
Les indicateurs de performance sociale sont
opérationnalisés à travers la constitution d'un certain
nombre d'items. Ces items sont associés à une échelle de
LIKERT à cinq niveaux qui part de très en désaccord
à très en accord.
1 : Très en désaccord ;
2:En désaccord ; 3:Neutre ;
4:En accord ; 5:Très en
accord
Dimension 1 : ciblage des pauvres et des
personnes exclues
ITEMS
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Etude formelle des conditions de pauvreté et
d'exclusion dans les zones d'intervention
|
|
|
|
|
|
prêts sécurisés avec garanties
sociales32(*) pour plus de
50% du portefeuille
|
|
|
|
|
|
politiques spécifiques ou
méthodologiques33(*) (excepté les garanties sociales) pour
atteindre les zones reculées
|
|
|
|
|
|
La taille minimum des mensualités de remboursement
représente plus de 1% du PIB/tête34(*)
|
|
|
|
|
|
Le montant minimum pour ouvrir un compte d'épargne et
faire des dépôts réguliers représente plus de 1% du
PIB/tête
|
|
|
|
|
|
L'IMF utilise une stratégie de ciblage basée sur
les conditions objectives des clients35(*)
|
|
|
|
|
|
L'IMF accorde des prêts en zones rurales pour moins de
50% des prêts en cours
|
|
|
|
|
|
Le nombre de femmes parmi les emprunteurs représente
plus de 50% des prêts
|
|
|
|
|
|
Le nombre des clients agriculteurs est nul et/ou
représente moins de 10% des prêts
|
|
|
|
|
|
Le nombre de clients analphabètes représente
moins de 30% des prêts
|
|
|
|
|
|
Dimension 2 : adaptation des services et des
produits à la clientèle
ITEMS
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
L'IMF propose plusieurs types de prêts
|
|
|
|
|
|
L'IMF accorde des prêts sociaux d'urgence36(*)
|
|
|
|
|
|
L'IMF fournie des produits spécifiques37(*) adaptés aux besoins des
clients
|
|
|
|
|
|
L'IMF propose aux clients différentes formules de
remboursement
|
|
|
|
|
|
L'IMF offre de produits volontaires
spécifiques38(*)
adaptés aux besoins sociaux des clients
|
|
|
|
|
|
L'IMF propose par l'intermédiaire d'autres organismes
spécialisés des services financiers innovants39(*)
|
|
|
|
|
|
Les agents de crédit de l'IMF rendent visite plus de
50% des clients pour des opérations financières (alliances
extérieures)40(*)
|
|
|
|
|
|
Le temps moyen entre la demande formelle du premier prêt
et le déboursement du prêt pour un nouveau client sur les douze
derniers mois est de deux semaines
|
|
|
|
|
|
Les clients de l'IMF connaissent pour chaque remboursement le
principal et les intérêts à payer mais aussi la date de
remboursement
|
|
|
|
|
|
L'IMF dispose de politiques spécifiques pour faciliter
l'accès aux services financiers (autre que la
décentralisation)
|
|
|
|
|
|
Dimension3 : capital social et politique des
clients
ITEMS
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Les clients de l'IMF ont accès aux bilans financiers
|
|
|
|
|
|
Les agents de crédit de l'IMF ou les caissiers sont les
seuls interlocuteurs des clients
|
|
|
|
|
|
L'IMF fournit un lieu de discussion en cas de conflits,
réclamations ou plaintes entre un client et un employé
|
|
|
|
|
|
Les clients de l'IMF peuvent participer aux instances de
contrôle et de prise de décision
|
|
|
|
|
|
Les instances sont constituées en majorité de
femmes
|
|
|
|
|
|
Les instances établies au sein de l'IMF influencent
réellement les décisions et provoquent des changements
|
|
|
|
|
|
L'IMF facilite la création de capacités locales
de gestion
|
|
|
|
|
|
TABLE DES
MATIÈRES
DEDICACES
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
iv
ABREVIATIONS ET SIGLES
v
SOMMAIRE
viii
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIÈRE PARTIE : REVUE DE LA
LITTERATURE
9
CHAPITRE I : L'ANALYSE CONCEPTUELLE :
PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE FINANCIERE
11
Section I : Le concept de performance
sociale
11
1. Généralités sur le
concept de performance sociale
11
1.1. Définition de la performance
sociale
12
1.2 Problème de mesure de la performance
sociale
16
2. L'évaluation de la performance
sociale
17
2.1. Le ciblage des pauvres exclus
18
2.2. L'adaptation des services et produits
aux besoins de la clientèle cible
18
2.3. L'amélioration du Capital social
et politique des clients
19
2.4. La responsabilité sociale de
l'institution
20
Section II : Le concept de viabilité
financière et sa mesure
21
1. Définition de la viabilité
financière
21
2. Mesure de la viabilité
financière
22
2.1. L'autosuffisance
opérationnelle
22
2.2. Le ratio de l'autosuffisance
financière
23
CHAPITRE II : LA MICROFINANCE UNE REPONSE A
L'EXCLUSION BANCAIRE : LE LIEN ENTRE PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE
FINANCIERE
27
Section I : Le phénomène
d'exclusion bancaire et les mécanismes de financement alternatifs
27
1. Notion d'exclusion bancaire
28
1.1. Les théories
contractualistes
28
1.1.1. La théorie de l'agence
28
1.1.2. L'asymétrie de l'information
et ses effets
30
1.1.2.1. La sélection adverse ou
l'anti-sélection
30
1.1.2.2. L'aléa moral
31
2. Les dispositifs de financement
alternatifs
32
2.1. Les financements alternatifs dans les
pays en voie développement
32
2.1.1. Les financements informels
32
2.1.2. Le rôle des états dans
le financement
34
2.1.3. Le secteur financier
intermédiaire
34
2.1.4. L'émergence des institutions
financières formelles
36
2.2. Le secteur de la microfinance au
Sénégal
36
2.2.1. Le contexte général
36
2.2.2. L'analyse du secteur de la
microfinance
39
Section II : L'arbitrage entre performance
sociale et viabilité financière : le schisme de la
microfinance
42
1 .Le débat entre Institutionnaliste et
Welfariste
42
1.1. L'approche Institutionnaliste
42
1.2. L'approche Welfariste
43
2. Des visions complémentaires
44
DEUXIEME PARTIE : CADRE CONTEXTUEL ET PRATIQUE
DE LA RECHERCHE
49
CHAPITRE III: LA METHODOLOGIE GENERALE DE LA
RECHERCHE
51
Section I : Hypothèses de recherche et
choix de la méthodologie
51
1. Hypothèses de recherche
51
2. Le modèle de recherche
54
3. Les variables de la recherche
55
3.1. L'opérationnalisation de la
variable viabilité financière
55
3.2. L'opérationnalisation de la
variable performance sociale
56
4. Choix de la méthodologie
56
4.1. La méthode déductive
57
4.2. La méthode inductive
57
5. Méthodologie retenue
58
Section II : Les méthodes de collectes
et traitement de données
58
1. Les méthodes
d'échantillonnage
59
1.1. La population étudiée
59
1.2. L'échantillonnage
60
1.2.1. Les méthodes probabilistes
60
1.2.2. L'échantillonnage non
probabiliste ou empirique
60
2. Les méthodes de collecte de
données
61
2.1. L'interview
61
2.2. Le questionnaire
62
2.2.1. La structure du questionnaire
63
2.2.2. L'administration du questionnaire
63
3. Les méthodes d'analyse de
données
65
3.1. Le tri à plat
65
3.2. Le tri croisé
65
CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS, CONTRIBUTIONS, LIMITES ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE
67
Section I: Présentation des
résultats : analyses descriptives
67
1. Analyse Descriptive de
l'échantillon
68
2. L'analyse descriptive des variables de
l'hypothèse H1
70
3. L'analyse descriptive des variables de l'
hypothèse H2
74
4. L'analyse descriptive des variables de
l'hypothèse H3
76
Section II : Test des hypothèses,
contributions et limites de la recherche
78
1. Tests des hypothèses du
modèle de recherche
78
1.1. Test de l'hypothèse H1
79
1.2. Test de l'hypothèse H2
82
1.3. Test de l'hypothèse H3
85
2. Contributions, limites et perspectives de
recherches
91
2.1. Implications théoriques
91
2.2. Implications managériales
92
3. Limites et perspectives de recherche
95
CONCLUSION GENERALE
100
BIBLIOGRAPHIE
106
ANNEXES
114
TABLE DES MATIÈRES
120
* 1 Cité par Simon
Cornée, 2006
* 2 Tirée de
l'article de (Maty SENE, 2006) sur les déterminants de la
viabilité financière
* 3 On évaluait les
prêts non performants à hauteur de 120 Milliards (Diao, 2006)
* 4 Une Institution de
microfinance (IMF) est une entreprise financière qui doit, à
terme, couvrir ses dépenses et dégager une marge sans appuis
extérieurs pour être viable et continuer à offrir des
services financiers
* 5 Réduire la
pauvreté de moitié d'ici à l'an 2015
* 6 Cité par Dally
Diouf, 2005
* 7 Bourguignon, (2000)
cité par Cheikh Mbacké Diop dans son mémoire de DEA sur
le thème : Gouvernance et Performance commerciale et
financière des MEC du Sénégal : le rôle du
conseil d'administration
* 8 Cité par Wadji Ben
Rejeb, 2003
* 9 Idem
* 10 Cité par
Pecassioh Venance Ouattara, 2007
* 11 Idem
* 12 Idem
* 13 Idem
* 14 La notion
d'efficacité renvoie à tout objectif économique ou autre,
qu'une organisation peut poursuivre. Elle contient tous les débats sur
la performance. Elle ne préjuge pas des contenus de ces objectifs, de la
manière dont ils sont fixés.
* 15 L'efficience est le
fait de maximiser la quantité obtenue de produit ou de services à
partir d'une quantité donnée de ressources : la
rentabilité (rapport d'un bénéfice à des capitaux
investis) en est un exemple, la productivité (rapport d'un volume obtenu
à un volume consommé) en est un autre.
* 16 CERISE :
Comité d'Echange de Réflexion et d'Information sur le
Système d'Epargne-Crédit, a été initié en
1998, par quatre organismes français travaillant en appui aux
institutions de microfinance dans les pays du Sud : le CIDR (Centre
International de Développement et de Recherche, Autriches), le CIRAD
(Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
Développement, Montpellier), le GRET (Groupe de Recherche et d'Echanges
Technologiques, Paris) et l'IRAM (Institut de Recherches et d'Applications des
Méthodes de développement, Paris). Le CNEARC a rejoint CERISE en
2004.
* 17 Cité par
Imène Berguiga dans performance sociale versus performance
financière, date
* 18 Cité par
Cornée, 2006
* 19 Cité par
Cornée, 2006
* 20 Cité par
Cornée, 2007
* 21 Cité par le
Ministère des PME de l'Entreprenariat Féminin et de la
Microfinance dans sa lettre de politique sectorielle sur la microfinance
* 22 Cité par le
portail de la microfinance en 2005
* 23 Cité en 2009
par le Ministère de la solidarité nationale, de l'Entreprenariat
Féminin et de la Microfinance dans le Programme d'Appui à la
Microfinance (PAMIF) Volet 1
* 24 Cité par Marame
Loum, 2011
* 25 La région MENA c'est le
Moyen-Orient et l'Afrique du nord
* 26 Selon Docteur Kouassi
Rolland Raoul, sociologue - enseignant chercheur des universités, dans
son cours d'initiation à la méthodologie de recherche, date, le
modèle corrélationnel-explicatif cherche à savoir s'il ya
possibilité d'association entre des facteurs et à vérifier
si ces facteurs agissent et varient ensemble. Le chercheur vérifie donc
la nature de la relation, les facteurs en relation, la direction de la relation
et les conséquences de la relation. Au cas où les facteurs
varient dans le même sens, on parle d'associations positives. Si les
facteurs varient dans des sens opposés, on parle d'associations
négatives.
* 27 Les charges
considérées ici sont les charges d'exploitation, les provisions
pour créances douteuses et les charges financières ; elles
n'intègrent donc pas le coùt de capital
* 28 Cité par Cheikh
Fall dans « Enjeux et limites de la microfinance dans un contexte de
lutte contre la pauvreté », ENTSS, 2006
* 29 Cité par Cheikh
Fall dans « Enjeux et limites de la microfinance dans un contexte de
lutte contre la pauvreté », ENTSS, 2006
* 30 Cité par Cheikh
Fall, (2006)
* 31 Fin rural est
réseau bolivien travaillant sur la microfinance
* 32 : Garanties
sociales (solidarité au sein des groupes, recommandation par une tierce
personne de confiance, garanties physiques ayant une très faible valeur
commerciale, mais qui sont importantes pour les emprunteurs)
* 33 : Politiques
spécifiques (services spécifiques aux zones
reculées, spécifier...... plafond de prêt pour une partie
du portefeuille)
* 34 : PIB/tête
(PIB/tête du Sénégal : 5019,78 F CFA)
(données, 2008)
* 35 : Conditions
objectives des clients (alphabétisation, taille des exploitations,
indice de logement, patrimoine, etc.)
* 36 : Prêts
d'urgence = à court terme (moins de 3 mois, déboursement
très rapide (1 ou 2 jours), pas d'objet spécifique requis pour le
prêt, ou attribué officiellement à des fins de
consommation, but social ou d'urgence
* 37 : Produits
spécifiques (habitat, éducation, prêts sur 12 mois)
* 38 :
Produits d'épargne volontaires spécifiques (logement,
éducation, retraite, santé)
* 39 :
Services financiers innovants (produits d'assurance, transfert
d'argent, paiement par chèque)
* 40 :
Opérations financières régulières (demande de
prêt, déboursement des prêts, remboursements, collecte de
l'épargne, visite pour se rendre compte des problèmes de
remboursement)
|