CHAPITRE II. EFFETS DE CES POLITIQUES SUR LES
PAUVRES
Les politiques publiques ont réussi, si elles ont des
impacts positifs sur la vie de la population, l'économie et les autres
domaines où elles ont été conçues. Il est certain
que tous ces moyens déployés par l'Etat pour réduire la
pauvreté à Madagascar a un impact sur la vie quotidienne des
ménages Malgache. Comme notre étude a pour objectif de
déterminer l'intervention efficace de l'Etat, il serait
intéressant de voir l'effet de ses actions sur la pauvreté. Dans
ce chapitre, nous allons parler des effets de cette différente politique
dans les domaines économiques et sociaux (nutritions, éducation,
santé).
SECTION I. CONSEQUENCES ECONOMIQUES
Après l'indépendance, l'Etat Malgache a mis en
oeuvre des politiques axées sur le développement durable et
solidaire. Il s'est engagé dès la première moitié
des années 80 sur la voie de l'ajustement structurel. Le redressement de
l'économie ne cesse de s'intensifier via le DSRP (vers le début
des années 2000) et le MAP (jusqu'en 2008).
Dans cette section, nous allons voir les impacts
économiques de ces différentes politiques et programmes, pour
cela, nous nous intéressons, d'une part, sur la croissance
économique et le revenu par habitant et d'autre part, sur l'inflation et
l'investissement direct étranger et pour terminer sur les effets au
niveau du développement humain.
I-1. Effet de ces différentes politiques publiques
sur la croissance et le revenu par habitant
Madagascar est un pays où l'économie est en
fluctuation permanente. La croissance économique dans ce pays n'est pas
soutenue. Les efforts ne sont pas poursuivis. Sur la période de
2003-2006, même si les objectifs fixés dans le DSRP ne sont pas du
tout atteints, Madagascar a affiché une croissance importante avec un
accroissement annuel moyen du PIB de 5 %, supérieur à
l'accroissement de la population sur la même période (2,8 %). Le
taux de croissance économique réel est à peu près
de 10 % en 2003. Madagascar a connu une croissance économique soutenue
de 5,7 % pour la période de 2005 à 2008 (INSTAT, 2010).
Il faut souligner que la performance des réformes
économiques réalisées durant cette période a
été appréciée et soutenue par la Communauté
internationale, notamment l'atteinte du point d'achèvement en novembre
2004 au titre de l'IPPTE et l'éligibilité au titre de
l'Initiative d'Allégement de la Dette Multilatérale.
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Cette performance a été le résultat des
efforts consentis dans le développement des infrastructures,
l'intensification des activités productrices, la promotion des
investissements privés, le développement des secteurs porteurs
notamment le tourisme, l'amélioration de l'environnement favorable au
développement économique et dans les politiques de
désenclavement entamées par la réhabilitation ou
l'amélioration des nouveaux axes routiers. Cet effort avait consenti une
amélioration tangible du revenu par tête des ménages
malgaches.
Graphique n°12. Variation du niveau de revenu
moyen (par habitant) de 2005 à 2012
250
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
550
510
492 477
niveau de revenu moyen
296
316
409
451 448
500
450
400
350
300
Source : Institut National de la Statistique
(INSTAT).
Le revenu moyen par habitant a une légère
augmentation depuis 2004 jusqu'en 2008 (296 en 2004 et 510 en 2008). En somme,
le DSRP et le MAP ont un effet positif sur la croissance économique,
mais cette croissance économique n'était pas stable. Si l'accent
est mis sur le développement, il est observé qu'il n'y avait pas
de développement à cause de la non-répartition
équitable des richesses créées.
Les richesses de la nation sont entre les mains d'une
minorité des malgaches à cause de l'inégalité
sociale et économique très élevée. En
matière d'inégalité, le coefficient de concentration de
Gini est de 0,475 pour Madagascar1.
I-2. Effet des politiques publiques sur l'inflation et
l'investissement direct étranger
L'inflation traduit une hausse
généralisée des prix résultant d'une rupture
d'équilibre. Elle doit être distinguée de l'augmentation du
coût de la vie qui mesure la variation des dépenses (donc du
revenu) requises pour procurer une satisfaction équivalente à
celle de la période passée. Le panier de biens servant à
l'estimation de l'IPC est fixe ; ce qui n'est pas le cas pour l'indice du
coût de la vie.
1 Dwight H. PERKINS., Steven RADELET et David L.
LINDAUER (2ème tirage 2011), Economie du
développement, traduction de la 6ème
édition américaine par Bruno Baron-Renault,
3ème édition, Ouvertures Economiques, de boeck, p.
235.
87
Pour évaluer le taux d'inflation, nous utiliserons
l'indice des prix à la consommation. Cette mesure n'est pas
complète, le phénomène inflationniste couvrant un champ
plus large que celui de la consommation des ménages.
L'inflation du pays connaît une baisse
régulière passant de 18,3 % en 2005 à 10,6 % en 2006 et
10,3 % en 2007, selon les estimations du FMI. Cette performance est due
à la politique monétaire et à l'appui budgétaire du
FMI et de la Banque mondiale à cette époque.
Graphique n°13. Evolution du taux d'inflation
2005-2012 (en pourcentage)
20
18,4
15
10,8 10,3
9,2 9 9,3 9,5
10
5,8
5
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Evolution du taux d'inflation
Source : Institut National de la Statistique
(INSTAT), 2013.
L'inflation est maîtrisée grâce à la
pratique des prix subventionnés pour le carburant et quelques produits
de première nécessité (PPN), notamment le riz1.
La diminution de prix en 2012 est consécutive à la faiblesse de
la demande engendrée par la réduction des revenus des
ménages et l'aggravation de la pauvreté.
Après un premier triplement en 2006, le flux d'IDE
entrant à Madagascar a triplé à nouveau en 2007 pour
atteindre 13,6 % du PIB, une performance presque exclusivement imputable aux
activités extractives, devenues le principal moteur de la croissance. En
deux années, Madagascar s'est hissé au 10ème
rang des pays récipiendaires de l'IDE sur le continent africain, et au
4ème rang pour la partie sub-saharienne.
1 Voir les travaux de :
- H. David-Benz, A. Diallo, F. Lançon, V. Meuriot, P.
Rasolofo, L. Temple, A. Wane, (2010). L'imparfaite transmission des prix
mondiaux aux marchés agricoles d'Afrique subsaharienne, CIRAD,
FARM.
- J.-E. Bidou, I. Droy, P. Rasolofo, (2007), Origine et
développement de la crise du riz de 2004 à Madagascar : la
gouvernance en question. In : Brot J., Callens S., Gerardin H. Catastrophe
et gouvernance. Fernelmont : EME, pp. 47-66. (Proximités -
Sociologie).
- H. David-Benz, P. Rasolofo, L. Tsisalovanina, (2009),
Les prix du riz à Madagascar : crise et résilience du
marché. Actes de l'atelier national sur la recherche et le
développement du riz pluvial à Madagascar, FOFIFA, CIRAD,
Université d'Antananarivo, URP SCRiD, 14-15 oct. 2009.
- I. Droy, P. Rasolofo, (2001), Entre cyclone et
marchés mondiaux, la vulnérabilité des ménages de
la côté Est de Madagascar, Séminaire La
pauvreté à Madagascar : Etat des lieux, facteurs explicatifs et
politiques de réduction, Antananarivo, 4-7 février.
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Ces performances ne doivent pas masquer la faiblesse du stock
qui rappelle l'amplitude du retard à combler pour se repositionner dans
le jeu mondial. Cette performance est due au politique de libéralisation
du marché extérieur déclarer dans le cadre du DSRP et du
MAP.
Le pays figure encore très loin au classement avec 0,46
% du stock de l'Afrique, sachant que ce continent abrite seulement 2,6 % du
stock mondial. L'analyse qualitative du flux soulève plusieurs
interrogations liées à une baisse du flux d'IDE hors secteur
minier, et à l'absence de grands groupes transnationaux dans certaines
infrastructures (énergie, eau, santé). Nous supposons que ce
constat est dû par le conditionnement des bailleurs de fond dans
l'ajustement structurel et surtout dans l'élaboration du DSRP et du
MAP.
Graphique n°14. Evolution des (IDE) de 2005-2012
(en millions de DTS)
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
|
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881
|
823
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499
|
508
|
|
|
488
|
487
|
|
|
|
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|
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|
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|
150
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|
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|
|
58
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|
|
Evolution des Investissement Directs Etrangers
1000
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
Source : Banque Centrale de Madagascar, 2013.
La valeur des importations est liée à
l'évolution des Investissements Directs Etrangers (IDE). Depuis 2009,
les IDE diminuent mais une reprise se constate en 2010. La suspension des
privilèges commerciaux de l'African Growth And Opportunity Act (AGOA) a
handicapé les exportations de textiles vers le marché
américain. En 2012, la valeur des exportations des biens et services
connaît une augmentation due à la réorganisation de
quelques filières de production de rente (girofle, café, litchi,
vanille) et de l'exploitation minière.
Les nouveaux investissements miniers (Soalala, Mainland, etc.)
expliquent la stabilité des IDE au cours des années suivantes. En
matière de développement macroéconomique, les effets du
PAS sont désastreux, ceux du DSRP et du MAP ont des effets plus
satisfaisants mais la crise politique a rendu le pays dans une situation de
dépression.
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