I-1. Définitions et outils de la politique
économique
Par définition, la politique économique c'est
pour l'Etat la recherche de ce qu'il considère comme l'optimum
économique de la Nation et la mise en oeuvre des moyens
nécessaires pour y parvenir (Jan Tinbergen)1. L'étude
des conséquences économiques de ces interventions est
généralement dénommée l'économie politique.
Elle représente une vaste branche de la science économique, en
particulier dans les domaines de macroéconomie, de l'économie de
développement et de la taxation optimale2. Yves Meny et J.
Claude Thoenig ont proposé dans leur ouvrage « Politiques
Publiques, 1989 » qu'« une politique publique se
présente sous la forme d'un programme d'action gouvernementale dans un
secteur de la société ou un espace géographique
»3.
1 Jan TINBERGEN (1903-1994), Prix Nobel
d'économie en 1969
2 Gatien HORACE et Césaire MBIMA
(2012-2013), Cours de Politique économique de 4eme
année économie à l'Université de Toamasina.
3 Y. MENY, J-C. THOENIG, Politiques Publiques,
Paris, PUF, 1989 cité in : P. MULLER, « Les politiques
publiques », PUF, mai 2006 [1990], p. 22.
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D'une façon plus générale, nous
distinguons les politiques conjoncturelles des politiques structurelles. Les
politiques conjoncturelles est une politique à court-terme, qui ont pour
objectif de favoriser la stabilité de l'économie afin d'assurer
une croissance régulière. Les politiques structurelles ont une
action à long terme. Elles modifient en profondeur les structures de
l'économie. Les différents instruments à utiliser par
l'Etat sont :
- politique monétaire : taux
d'intérêts (pour la relance, baisse des taux, pour la rigueur,
hausse des taux)
- politique budgétaire : dépenses
publiques, investissements publics, grands travaux.
- politique fiscale : nous utiliserons les
impôts.
- politique sociale : nous utiliserons les revenus de
transferts.
- politique de revenus : SMIC (salaire minimum
interprofessionnel de croissance), indexation des salaires sur les prix.
Nous allons voir alors succinctement ces différentes
politiques et les contextes dans lesquelles elles étaient
appliquées afin d'en déceler les raisons de leurs
échecs.
I-2. Manifestations des politiques économiques
appliquées à Madagascar
Après l'indépendance du pays en 1960, la
tendance économique est tournée vers le néocolonialisme.
La majorité des secteurs clés de l'économie est encore
sous le contrôle de la France. Le soulèvement populaire de 1972 a
permis aux dirigeants malgaches de prendre en main tous les secteurs
clés de l'économie.
De 1975 à 1991, le régime en place a
élaboré une politique d'investissement à outrance en vue
d'accélérer le processus de développement et de
réduire la pauvreté. Cependant, cette politique d'investissement
n'a pas donné les résultats attendus. Au contraire, cette
politique a occasionné d'énormes dettes pour le pays.
La période 1997-2001 a été marquée
par une certaine stabilité et l'économie commence à
redémarrer mais avec des retombées sociales faibles. Les mesures
prises comprennent : l'abaissement des barrières douanières; la
suppression des exonérations fiscales; la mise en place de nombreuses
restrictions budgétaires et de contrôle des dépenses
budgétaires; la privatisation; l'élimination des activités
quasi-budgétaires de la Banque Centrale, etc.
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Ces mesures ont permis de rétablir les grands
équilibres économiques, tant au niveau des finances publiques
qu'au niveau des échanges extérieurs et de la monnaie. Le taux
d'inflation est passé de 14 % en 1999 à 8 % en 2001, le taux
d'intérêt de 17 % à 12 %, (EPM, 2002) les taux de change se
sont stabilisés. L'investissement direct étranger est
passé de 10 millions de dollars US en 1996 à 120 millions en
2001. Le taux d'investissement privé passe à 7 % du PIB en 2001,
contre 4 % en 1997. Le taux de croissance moyen de l'économie est de 4,5
%.
En termes réels, le poids de l'agriculture dans le PIB
était de 17,5 % (48,5 % du secteur primaire) en 1990 contre 15,3 % (44,5
% du secteur primaire) en 2001. Cette situation est due à la combinaison
de deux facteurs : un faible taux de croissance de l'agriculture (2 % de
croissance en moyenne par an de 1997 à 2000, à prix constants,
EPM, 2002), contre une croissance beaucoup plus soutenue des autres branches
telles que la sylviculture (9,8 % en moyenne).
La politique de relance effectuer en 2002 nous a permis
d'avoir une taux de croissance du PIB de 9,8% en 2003. La Politique de
Population, la politique sanitaire, et la politique éducative, a
été adoptée par l'Assemblée Nationale en
collaboration du Ministère de la Population.
En 2006, toute cette politique avait été reprise
par le MAP. Cette nouvelle relance consiste à réduire le taux de
l'accroissement démographique tout en augmentant la capacité
productive de la population. Cela soit en augmentant la mortalité soit
en diminuant la naissance. Alors que la politique sanitaire est basée
sur la stratégie des soins de santé primaire. Enfin la politique
éducative se manifeste par exemple par une incitation d'accès
à l'éducation (le quitte scolaire, le coût de
l'éducation...).
Toute cette politique nous a permis d'avoir un taux de
croissances fortes entre 2006 et 2010 (de 5% en 2006 à 7,1% en 2008).
Dès lors la réduction de la pauvreté à travers le
développement humain (en 2006 l'IDH est 0,535 alors qu'en 2008, elle est
0,571). Mais, cet effort a été freiné par la crise
socioéconomique du pays en 2009 ; sur laquelle le partenariat avec le
bailleur de fond pour le financement du politique économique semble
disparu. De ce fait le déficit persiste et l'Etat n'arrive plus à
financer leur politique économique.
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Graphique n°8. Evolution des recettes, des
dépenses publiques et du solde global
(en pourcentage du FIB) de 2005 à
2012
Source : Ministère des Finances et du Budget
(MFB) / Direction Générale du Trésor, 2010.
L'ampleur du déficit a été réduite
de 2005 à 2008 en raison de la hausse constante du total des recettes.
Depuis 2009, la même tendance a été observée mais,
au prix d'une forte réduction des dépenses d'investissement due
à la suspension des aides financières internationales.
Actuellement une croissance économique de 3,0
%1 est prévue pour l'année 2014. Cette croissance sera
tirée par la politique de redynamisation des activités de
production, et sera soutenue principalement par la bonne tenue des branches
agriculture, élevage et pêche, l'amélioration des
exportations de produits miniers, ainsi que la performance des secteurs
télécommunications, banque, tourisme et transports.
Nous constatons que cette croissance peut être
réalisable, vu les décollages que le pays reprenne
récemment. Mais, nous nous intéressons de plus sur la
répartition du fruit de cette croissance au niveau des ménages
pauvres car, actuellement, la pauvreté s'enflamme davantage. Notre
prévision tend à affirmer que cette légère
augmentation du taux de croissance économique n'aura pas une influence
sur l'incidence de la pauvreté des malgaches. C'est ce que nous appelons
: « croissance sans développement ».
Depuis fort longtemps, Madagascar a déployé des
efforts considérables pour redresser l'économie. Mais, les
résultats sont « remis quasiment à zéro » en
raison des crises postélectorales. Donc, les bonnes performances
économiques nécessitent une stabilité politique. Puisque
les crises cachaient en vérité un malaise (fluctuation) et une
tension sociale profonde car elles reposaient sur la pauvreté de la
majorité des malgaches.
1 Projet de lois portant la loi de finances 2014, p.
5.
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