III-3. Incidence de la pauvreté et intensité
de la pauvreté
Ce sont les deux indices les plus couramment utilisés
pour décrire le phénomène de pauvreté.
L'incidence de la pauvreté donne le nombre ou le pourcentage
d'individus en dessous du seuil de pauvreté et l'intensité de
pauvreté donne le déficit à combler pour se hisser
au-dessus du seuil de pauvreté. Nous pouvons résumer ainsi les
indicateurs de pauvreté :
- santé : espérance de vie trop courte; taux de
mortalité très élevé ;
- éducation et acquisition des connaissances : taux de
scolarité; taux d'alphabétisation ;
- emploi et qualité de vie au travail : temps du trajet ;
accident mortel du travail ; - temps et loisirs : activités durant le
temps libre ;
- environnement physique : logement; espace urbain; exposition
aux polluants atmosphériques; expositions au bruit;
- capacité acquisitive en biens et services: bas revenus;
dénuement matériel.
Le graphique 2 relate l'évolution de l'incidence de la
pauvreté à Madagascar pour la période de 1993 à
2010. Notons que certaines informations ne sont pas disponibles dans cette
analyse.
Graphique n°4. Évolution de l'incidence
de la pauvreté à Madagascar
Incidence (%)
78
76,5
1993 1998 2003 2008 2013
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar8.png)
73,3
71,3
70
68,7
Année
76
74
72
70
68
Evolution de l'incidence de la pauvreté à
Madagascar de 1993 à 2010.
Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010 avec
graphique de l'Auteur.
À partir de ce graphe, nous pouvons conclure que le
nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ont
augmenté de 70 % à 76,5 % de 1993 en 2010 ; c'est-à-dire
qu'entre ces deux dates, les ménages pauvres ont augmenté de 6 %.
Cet accroissement est visible au niveau de toutes les ex-provinces.
29
Tableau n°V. Évolution de l'incidence de
la pauvreté par faritany (ex-province)
Année
|
1993
|
1997
|
1999
|
2005
|
2010
|
Ex-Province
|
Antananarivo
|
68,0
|
66,4
|
61,7
|
57,7
|
66,8
|
Fianarantsoa
|
74,2
|
75,1
|
81,1
|
77,6
|
88,2
|
Toamasina
|
77,9
|
79,8
|
71,3
|
71,9
|
78,3
|
Mahajanga
|
53,2
|
73,8
|
76,0
|
70,2
|
71,6
|
Toliara
|
81,1
|
82,0
|
71,6
|
74,8
|
82,1
|
Antsiranana
|
60,2
|
62,3
|
72,6
|
64,2
|
68,1
|
Milieu de résidence
|
Urbain
|
50,1
|
63,2
|
52,1
|
52,0
|
54,2
|
Rural
|
74,5
|
76,0
|
76,7
|
73,5
|
82,2
|
Madagascar
|
70,0
|
73,3
|
71,3
|
68,7
|
76,5
|
Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010.
Si l'incidence de la pauvreté urbaine s'est
relativement stabilisée entre 1993 et 1999, respectivement de 50,1 % et
de 52,1 %, celle du milieu rural demeure plus élevée : 74,5 % en
1993 et 76,7 % en 1999. En 2010, près de 54,2 % de la population urbaine
consomment moins de 468 800 Ariary par individu par an. Le niveau de
consommation de la population n'a pas vraiment changé et correspond au
niveau de l'année 1993.
La qualité de vie étant subjective, le revenu et
la consommation s'avèrent insuffisants pour apprécier les aspects
économiques de la pauvreté. Ils rendent plutôt compte des
aspects objectifs du phénomène. Le graphique 3 illustre
l'évolution de l'intensité de la pauvreté à
Madagascar pour la période de 1993 à 2010. Certaines
périodes ne figurent pas dans cette analyse, faute des
données.
Graphique n°5. Évolution de
l'intensité de la pauvreté à Madagascar
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar9.png)
70
65
55
45
35
25
Année
Intensité (%) 75
30,3 33,6 32,8 34,9
1993 1998 2003 2008 2013
Evolution de l'intensité de la pauvreté à
Madagascar de 1993 à 2010.
Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010 avec
graphique de l'Auteur.
30
Le déficit à combler pour atteindre le seuil de
pauvreté a diminué de 40 % entre 1993 et 1997, et ce, grâce
à la relance économique de cette époque ; mais ce constat
se stabilise jusqu'en 2010. Nous constatons aussi que l'intensité de la
pauvreté est plus criante en milieu rural qu'en milieu urbain.
Tableau n°VI. Évolution de
l'intensité de la pauvreté par faritany
(ex-province)
Année
|
1993
|
1997
|
1999
|
2005
|
2010
|
Ex-Province
|
Antananarivo
|
27,8
|
29,1
|
26,0
|
19,4
|
24,6
|
Fianarantsoa
|
33,7
|
32,0
|
40,2
|
30,6
|
44,7
|
Toamasina
|
33,7
|
39,3
|
32,6
|
30,9
|
36,5
|
Mahajanga
|
18,6
|
29,1
|
36,5
|
26,2
|
27,9
|
Toliara
|
42,8
|
46,4
|
33,7
|
32,9
|
44,2
|
Antsiranana
|
22,0
|
23,9
|
32,0
|
25,2
|
29,0
|
Milieu de résidence
|
Urbain
|
17,5
|
29,6
|
21,4
|
19,3
|
21,3
|
Rural
|
33,1
|
34,7
|
36,1
|
28,9
|
38,3
|
Madagascar
|
70,0
|
30,3
|
33,6
|
32,8
|
34,9
|
Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010, Le seuil de
pauvreté est de 468 800 Ar (71,68$ USD) par personne par an qui a
été calculé en 2001 et mis à jour par le changement
des prix entre 2001 et 2010.
En ce qui concerne l'intensité de la pauvreté en
2010, elle est de 35 % au niveau national. Cela veut dire qu'en moyenne, si
nous ramenons la consommation des non pauvres au niveau du seuil de
pauvreté, alors la population aurait une consommation moyenne
inférieure à 35 % du seuil de pauvreté.
En d'autres termes, il faudrait une hausse moyenne des
consommations de 35 % pour qu'il n'y ait plus de pauvres. Cette hausse est de
21 % en milieu urbain, contre 38 % en milieu rural. En regroupant les
ménages par milieu de résidence, nous obtenons le même
constat que celui de la variation des ratios de pauvreté dont la hausse
est plus importante en milieu rural.
31
CHAPITRE II. IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT DANS
LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ
Le rôle de l'Etat dans l'économie est au centre
de la plupart des débats contemporains. Depuis la fin du XIXe
siècle, la place de l'Etat dans l'économie des pays
développés s'est considérablement accrue. De ce fait,
nombreux sont les économistes qui s'interrogent sur l'importance de
l'Etat dans l'économie.
Dans ce chapitre, il sera essentiellement question d'analyser
les fondements théoriques de l'intervention de l'Etat dans
l'économie. Les expériences des pouvoirs publics dans le
processus de réduction de la pauvreté à Madagascar et
aussi dans les pays nouvellement industrialisés, y seront
développées, et ce, afin de connaître l'interaction entre
Etat et lutte contre la pauvreté.
SECTION I. FONDEMENTS THÉORIQUES DE
L'INTERVENTION DE L'ETAT DANS L'ÉCONOMIE
Tous les économistes ne raisonnent pas de la même
façon sur ce qui est souhaitable en matière d'intervention de
l'Etat. À ce propos, ils sont divisés en deux blocs, d'un
côté les libéraux qui soutiennent l'Etat minimal et de
l'autre les interventionnistes. L'intervention de l'Etat dans la vie
économique est donc l'un des sujets qui font couler beaucoup d'encre,
entre détracteurs, qui arguent qu'une telle intervention fausse le libre
jeu de la concurrence et déstabilise les mécanismes du
marché et les protecteurs, qui font de l'intervention Etatique une
nécessité pour venir à bout des insuffisances de
l'allocation marchande et sa vulnérabilité dans certaines
situations.
Dans ce qui va suivre, nous allons mettre en relief, la
définition du concept, en précisant la justification
théorique de son intervention, afin d'analyser son rôle.
|
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