8. Lieu communautaire d'exposition aux
médias de masse
Certains supports de médias de masse ont su
intégrer l'Abââ progressivement. Au départ, il
arrivait que de vieux journaux soient lus par une personne
éclairée qui essayait de traduire le contenu de certains articles
aux autres, avec des commentaires selon son inspiration. De même, un
récepteur radio, avec l'antenne ingénieusement rallongée
avec des fils de courant, est souvent placé au centre de
l'Abââ pour permettre à la communauté
d'écouter les informations. Si le propriétaire peut emporter son
poste radio au champ, il a conscience tout de même qu'il devra revenir en
mi-journée pour ne pas priver ses pairs de l'écoute des nouvelles
de la journée.
Avant 1985, date de l'avènement de la
télévision au Cameroun, les matches de football dont le reportage
était diffusé à la radio drainaient de nombreux auditeurs
à l'Abââ. D'ailleurs, c'est encore le cas dans nombre de
villages où il n'y a ni électrification rurale, ni même de
téléviseur pour permettre aux populations de visionner ces
programmes. C'est parfois à l'aide d'un groupe électrogène
que les rares téléviseurs qui existent sont souvent
alimentés, en y associant des équipements comme des antennes
numériques qui permettent de recevoir des images.
C'est ainsi que s'est effectuée l'intrusion des moyens
de communication de masse modernes dans l'Abââ. De plus en plus
aussi, la téléphonie mobile se répand dans les zones
rurales. Le tamtam qui servait d'instrument de communication, lui, se retire de
l'environnement de l'Abââ. C'est davantage pour des animations
publiques ou religieuses qu'il est désormais plus présent, autant
que les xylophones et les tambours.
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