5.
Quelques caractéristiques culturelles
La société fang regorgeait d'un patrimoine
culturel très riche dont la pérennisation surplusieurs aspects se
faisait oralement. Les aspects les plus connus sont les légendes, les
contes, les fables et récits mythiques, les rites
ésotériques. A cela il faut ajouter les danses, rythmes et
instruments de musique, l'artisanat et la religion. L'on peut constater
néanmoins que le folklore fang a été victime de mutations
sociales importantes émanant, entre autres, de l'instauration du
christianisme par le colon européen. En effet, beaucoup de danses ont
été abandonnées parce que jugées soit
obscènes pour le « chrétien » ; soit maléfiques
parce qu'elles étaient exécutées au clair de lune, la
nuit. Il faut également noter, comme raison de la disparition des danses
et rythmes traditionnels fang, que nombres d'entre eux nécessitaient une
initiation, un apprentissage. Or, avec la disparition des aînés,
ce patrimoine culturel a connu également un important déclin.
L'essentiel des danses a disparu aujourd'hui.
Dans certaines régions du Gabon et en Guinée
Equatoriale, l'on retrouve encore quelques conteurs de l'épopée
du Mvet , et des instruments de musique comme le mbeign, ou ngom (tambour),
nkul (tamtam), mendzañ (balafon ou xylophone) utilisés
également pendant les célébrations cultuelles. En ce qui
concerne les danses, la plus populaire en ce moment est l'élôn.
Mais avant elle, nous connaissions, les mekom, mbatwa, ômias, obus ;
ozila, mengan, nlup...que l'on retrouve rarement maintenant.
A l'origine, sur le plan religieux, les Fang croyaient en une
divinité suprême dénommée Eyôô. En
effet, Tsira NDONG NDOUTOUME explique que ce nom provient du verbe vomir qui
se dit en Fang a yô. Selon lui, le vocable Eyôô a
été prononcé pour la première fois par son
maître ZUE NGEMA dans un passage célèbre de son
maître-livre :
« Tous les êtres qui vivent et se meuvent sur
la terre ont une origine. Mais quant à l'origine, personne n'en sait
rien. Personne ne sait rien de ce qui est à l'origine des choses. De
cela, nous ne connaissons que le nom d'Eyôô. ». Il
poursuit en pensant que c'est de lui-même que lui est venue l'idée
de la vie.
En intégrant qu'au commencement, c'est bien par la
parole que cet être a bien voulu sortir de sa bouche ou « vomir
», la genèse de l'univers a été créée.
D'après Joseph OWONA NTSAMA, c'est donc cet Eyôô que les
anthropologues (Alexandre et J. BINET) nommèrent aussi Mebe'e. Des
cultes avec sacrifices de bêtes lui étaient voués.
D'autres cultes traditionnels comme le Byèri existent
aussi; il s'agit au départ de la religion des Pygmées du Gabon
qui s'est répandue au cours du XIXè siècle à
l'ensemble des peuples bantous. Ces Bantous lui donnent une forme
ritualisée qui, selon Marion LAVAL JEANTET,présente
d'étonnants croisements avec la religion catholique au début du
vingtième siècle.
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