2.3. Conséquences sur la distribution
Nous avons vu plus haut que dans le système financier
basé sur le prêt à intérêt, ceux qui ont
accès au crédit sont ceux-là qui sont en mesure de fournir
des garanties. Ainsi, le critère décisif dans l'allocation du
crédit, nonobstant la pertinence du projet, reste la solvabilité.
Cela a évidemment des répercussions néfastes dans la
distribution car ceux qui ne sont pas en mesure de fournir ces garanties se
verront refuser l'accès au crédit. Conséquences : seuls
les riches accèdent au financement. D'autre part, lorsque le
crédit est octroyé, le prêteur est sûr de se faire
rembourser le capital et les intérêts sans prise de risques, et
ce, quel que soit le résultat du projet de l'entrepreneur. En cas de
banqueroute, ce dernier court le risque de perdre les biens qu'il a
laissés en garantie. Il y a donc un transfert de biens de ceux qui
produisent réellement vers ceux qui ne produisent pas et qui refusent de
mettre leur capital à risque. La conséquence directe et à
long terme est le risque de voir les riches devenir de plus en plus riches et
moins nombreux, alors que les pauvres deviennent plus nombreux tout en
s'appauvrissant davantage.
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Licence 3 Finance - Comptabilité Année
académique 2013 - 2014
La finance islamique : Réglementation et financement des
PME dans l'espace UEMOA
SOUMANA ILLIASSOU Mounkaila
Chapitre II : la finance islamique et son impact sur
l'économie ouest-africaine Section I : Evolution et
réglementation des institutions financières
islamiques
1. Historique et évolution des institutions
financières islamiques
Les techniques de financements islamiques utilisées de
nos jours, appelés Musharaka,
Salam, Murabaha (voir ch.2.2) ne datent pas
d'aujourd'hui. Effectivement, toutes les techniques de financement sont
inspirées de la vie du prophète Mohammed, de ses dires et de ses
actes, et datent donc du 7ème siècle après J.-C
(Kahf et Khan, 1989, p.4-6).
Bien que la finance islamique existe depuis plusieurs
siècles, l'essor du système financier islamique est apparu depuis
une cinquantaine d'année avec l'indépendance d'une grande partie
des pays musulmans face à la tutelle coloniale. La première
tentative d'intégration des préceptes islamiques de financement
aurait commencé en Malaisie, en 1962, avec le Pilgrim's Management Fund.
En créant ce fond, le gouvernement malais voulait permettre à ses
citoyens le pèlerinage à la Mecque. Malgré son
caractère restreint, il s'agit, selon certains spécialistes
(Chapra, 1992, p. 9 ; Karich, 2002, p.79), de la première ébauche
de création d'un système financier islamique.
Par ailleurs, la première banque islamique n'a
été créé qu'en 1963 à Mit Ghamr en Egypte
par Ahmed Al Naggar (Karich, 2002 ; IFSB et al. 2007 ; Martens, 2001). Cette
banque prospère jusqu'en 1967, date à laquelle on ne compte pas
moins de neuf succursales dans le pays. Il faut attendre le début des
années 70 pour assister au véritable tournant de la finance
islamique. En effet, la création de la Banque Islamique de
Développement (BID) en 1975 marque le véritable lancement du
financement conforme à la Chari'a (loi islamique). La BID
fournit à ses pays membres, soit plus de 55 pays3, ainsi
qu'aux communautés musulmanes à travers le monde, des fonds
nécessaires à leur évolution afin de favoriser leur
développement économique et leur progrès social
respectif.
D'autres établissements financiers islamiques vont
éclore durant la même décennie. Nous pouvons nommer la
Dubaï Islamic Bank en 1975, la Faysal Islamic Bank en 1977 ainsi que la
Banque Islamique de Bahreïn en 1979
3 ISLAMIC DEVELOPMENT BANK.
http://www.isdb.org/irj/go/km/docs/documents
(Consulté le 05.05.2014)
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