Chapitre IV : Les résultats de la recherche
Section I : PME et institutions financières
islamiques
1. Mode de fonctionnement de l'intermédiation
financière islamique
Lorsque l'on évoque les principes de la finance islamique,
les premières remarques
auxquelles l'on doit faire face sont celles relatives à
la manière dont les institutions financières islamiques
parviennent à réaliser des bénéfices en l'absence
de taux d'intérêt. De même que les banques conventionnelles,
les banques islamiques se proposent de financer les agents économiques
en proposant des opérations spécifiques correspondant aux besoins
des entreprises et des particuliers. Elles financent ainsi les
opérations classiques à l'aide des produits islamiques comme
indiqué dans le tableau suivant (Guéranger, 2009) :
Tableau II.1 : Synthèse des opérations de
finance islamique
BANQUE CONVENTIONNELLE
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BANQUE ISLAMIQUE
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Ressources
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Dépôts
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Compte de dépôt
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Wadiah/Kard hassan
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Compte d'épargne
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Wadiah/Kard hassan
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Mudaraba (compte d'investissement)
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Emplois
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|
Financement d'investissement
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Financement immobilier
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Bai bithaman ajil
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Financement mobilier
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Ijara thumman al-bai
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Matériel d'exploitation
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Murabaha
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Financement de haut de bilan
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Bai bithaman ajil/Mudaraba/Musharaka
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Facilité de caisse
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Bai bithaman ajil/Murabaha
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Crédit-bail ou location
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Ijara
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Prêt personnel
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Bai bithaman ajil/Bai al-einah/Murabaha
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Mise en gage
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Rahn
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Financement divers
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Bai bithaman ajil
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Financement commercial
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Lettre de crédit
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Wakala/Murabaha/Musharaka
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Traite acceptée
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Murabaha
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Garantie bancaire
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Kafalah
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Crédit export
|
|
Murabaha
|
|
Services bancaires
|
|
Cartes bancaires
|
Carte de débit
|
|
Khard hassan
|
Carte de crédit
|
|
Bai al-einah
|
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Licence 3 Finance - Comptabilité Année
académique 2013 - 2014
La finance islamique : Réglementation et financement des
PME dans l'espace UEMOA
SOUMANA ILLIASSOU Mounkaila
Sur la base des principes évoqués
précédemment, les juristes musulmans ont mis en place certains
contrats (liste non exhaustive) et dont voici les plus usités :
1.1. Contrats commerciaux
? Murabaha : dans ce contrat, une des
parties (le client) donne l'ordre à l'autre (la banque)
d'acheter pour son compte une marchandise au comptant. Il (le
client) s'engage ensuite à reprendre ce bien suite à un paiement
différé en un seul ou plusieurs versements, moyennant une marge
bénéficiaire versée à la banque. Celle-ci signe
deux contrats, un avec le fournisseur, et un autre avec le client.
1
CLIENT
6
5
2
FOURNISSEUR
4
3
BANQUE ISLAMIQUE
Figure II. 1 : Etapes du Murabaha
1. Le client approche un fournisseur pour choisir le bien
qu'il désire acquérir.
2. Le client approche la banque pour lui demander de mettre
sur pied un murabaha.
3. En cas d'acceptation de l'opération, une
promesse d'achat/vente est établie entre la banque et son
client.
4. La banque acquiert le bien auprès du
fournisseur et en règle le montant.
5. Le fournisseur effectue le transfert de
propriété en livrant la banque (NB : la banque peut
désigner son client comme agent auquel cas, c'est ce dernier qui est
livré).
6. La banque vend le bien au client à un prix
supérieur au prix au comptant et transfère le bien et la
propriété de celui-ci à son client.
7. Le client règle le prix du bien à une
échéance ultérieure (ou en plusieurs
échéances).
? Ijarah : il est assimilable au
crédit-bail. Il s'agit aussi d'une vente à crédit mais qui
porte sur les services rendus par un équipement. Souvent la location est
assortie d'une promesse
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de vente de l'équipement loué à la fin de la
période de location. Elle prend alors le nom
d'Ijarah-wa-iqtinâ.
4
BANQUE ISLAMIQUE
FOURNISSEUR
3
1
CLIENT
2
5
6
7
Figure II.2 : Etapes de l'Ijarah
1. Le client approche un fournisseur pour choisir le bien
dont il a besoin.
2. Le client approche la banque pour lui demander de mettre
sur pied un contrat d'Ijarah.
3. La banque acquiert le bien auprès du fournisseur
et en règle le montant
4. Le fournisseur effectue le transfert de
propriété en livrant la banque
5. la banque loue le bien au client et lui transfère
le droit d'utilisation du bien
6. Le client règle les loyers
7. À l'échéance, le bien revient
à la banque
? Salam : c'est une vente à
crédit mais à l'envers, le prix étant payé au
comptant alors que la marchandise vendue n'est délivrée que plus
tard. Elle constitue un moyen adéquat de financement des intrants de
production. Cependant, la banque qui voudrait limiter au maximum son
intervention directe dans l'activité commerciale proprement dite,
devrait utiliser la vente « salam » dans le cadre d'un
montage financier où elle n'achèterait « salam » que
sur la base d'une promesse préalable d'achat de la même
marchandise.
? Istisna : littéralement
l'Istisna est la demande de fabrication. Il ne constitue pas
nécessairement un moyen de financement, puisque le paiement peut
être retardé jusqu'au moment de la livraison de la chose
fabriquée. Il peut même se réduire à une simple
promesse d'achat d'un certain produit à fabriquer. L'Istisna
devient un moyen de financement lorsque le prix est avancé avant la
livraison du produit à fabriquer.
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