En quoi le manager devra-t-il modifier son
management
pour gérer, motiver et fidéliser les nouveaux
actifs de moins
de 30 ans, suite à la fracture
comportementale
intergénérationnelle entre digital native et
digital immigrant
en France ?
Présenté par M. LECHEVALIER Adrien le 16
septembre 2014
Sous la direction de Mme. DEHLING Aurélie
L'Institut International du Commerce et du Développement
n'entend donner aucune
approbation ni improbation aux opinions émises
dans les mémoires.
Ces opinions devront être
considérées comme propres à leur auteur.
Remerciements
En préambule à ce mémoire, je souhaitais
remercier les personnes qui m'ont apporté leur aide et qui ont
contribué à l'élaboration de ce mémoire. Je tiens
à remercier sincèrement Mme. DEHLING Aurélie, qui, en tant
que Directrice de mémoire, a toujours été à
l'écoute et disponible tout long de la réalisation de ce
mémoire, ainsi que pour l'inspiration, l'aide et le temps qu'elle a bien
voulu me consacrer. Mes remerciements sont également tournés vers
l'ICD - International Business School de Toulouse et plus
précisément Mme. VERGEZ Dominique qui m'a permis d'avoir une
telle opportunité, un travail de fond sur un sujet qui me passionne.
J'exprime ma gratitude à tous les consultants et experts
rencontrés lors des recherches scientifiques et empiriques et qui ont
accepté de participer à mon travail. Enfin, j'adresse mes plus
sincères remerciements à tous mes proches et amis, qui m'ont
toujours encouragé et soutenu au cours de la réalisation de ce
mémoire.
Merci sincèrement à tous et à toutes.
Préambule
Depuis ma 3e année à l'ICD -
International Business School de Toulouse, je me suis toujours interrogé
sur les modifications sociétales de l'avènement du
numérique. Cette passion me poussa à travailler sur les digital
natives dans mon premier mémoire. Me spécialisant en Digital
Media & Webmarketing en Master I à l'International School of
Business de Dublin en Irlande, je commençais à comprendre
l'ampleur que le digital prenait sur le monde et la société.
Continuant cette spécialisation à l'ICD de Toulouse en Master II
et intégrant l'entreprise Natixis Car Lease en tant que Chargé
Webmarketing, le phénomène sociétal observé d'une
fracture entre les individus les plus jeunes et les plus âgés dans
l'utilisation du web était d'autant plus intéressant en
entreprise. Recherchant des concepts évoquant ce sujet, je me suis
aperçu que de nombreux auteurs parlaient de ce clivage des digital
natives et des digital immigrants en entreprise. Les études
scientifiques n'étant qu'à leur prélude à propos de
ce sujet, je souhaite commencer à trouver des éléments de
réponse à cette problématique : « En quoi le manager
devra-t-il changer son management pour gérer, motiver et
fidéliser les nouveaux actifs de moins de 30 ans, suite à la
fracture comportementale intergénérationnelle entre digital
native et digital immigrant en France ? »
Les réponses apportées au travers de ce travail
sont inspirées des théories et des concepts
développés sur le sujet, mais sont également liées
à mes observations personnelles, elles sont donc critiquables.
Sommaire
Introduction 1
I. Le management des digital natives : concepts,
théories et hypothèses de
recherche 5
II. Diagnostic managérial
générationnel 53
III. Recommandations pour une dynamique de
changement 102
Conclusion générale
113
Bibliographie 116
Table des matières 124
1
Introduction
1. Le phénomène
Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours
été personnellement très intéressé par
l'informatique et plus particulièrement par l'univers du web. Je me
rappelle encore des 30 minutes d'internet par mois à partager avec toute
ma famille, de MSN, de Caramail, des Skyblogs... Mes parents utilisaient eux
aussi le web, ce sont eux qui m'ont initié à cette pratique.
Cependant, avec les années, j'ai remarqué que ma
génération est devenue bien plus vite addictive à cet
environnement. Internet nous permettait de rester connectés après
les cours, chacun chez soi. A la suite de mon Baccalauréat, j'ai
commencé à étudier le commerce à l'Institut
Universitaire de Technologie de La Rochelle en Technique de Commercialisation.
Nos cours de marketing très traditionnel commençaient à
parler timidement du web. Ils citaient par exemple le succès de la VAD
sur le web dont La Redoute. En 2014, si La Redoute s'est écroulé,
c'est bien à cause du web et de ce besoin de réactivité
que n'avait pas la VAD qui restait sur son rythme de renouvellement du
catalogue de vêtements une fois par an. Je notais une vraie fracture
entre ces cours dispensés par des experts de la grande distribution et
la réalité qu'était le web. Lors de mon arrivée en
3e année à l'ICD - International Business School de
Toulouse, j'ai réalisé mon premier mémoire traitant des
digital natives. Si ce sujet m'était venu à l'esprit, c'est
qu'à la suite de nombreux stages, je voyais bien que certaines personnes
de plus de 30 ans n'arrivaient pas à être fluides dans leur
utilisation de l'informatique. Rien n'était inné, ils
réussissaient à faire ce qu'ils avaient appris mais chaque
nouvelle démarche à réaliser sur l'ordinateur leur posait
de gros problèmes d'adaptation. En restant perpétuellement en
veille sur le web, j'ai obtenu des recherches en provenance des Etats-Unis par
rapport à cette fracture. En France, en 2011 - 2012, il n'y avait aucun
écrit sur ce sujet, personne n'en parlait car personne ne connaissait ce
phénomène. Aux Etats-Unis, quelques professeurs et sociologues
essayaient de déterminer ce phénomène. Le TIME Magazine
est le premier à faire mention d'une nouvelle génération.
Celui-ci titrait COMPUTER GENERATION A New Breed of Whiz Kids
2
(1982). Le TIME écrivait que cela « Constitute yet
another quantum leap in the ability to cope with the world »1.
Le TIME se douta de l'influence des ordinateurs sur cette
génération jusqu'à penser que l'ordinateur ferait devenir
cette génération, une race d'enfant génie avec une
nouvelle vision du monde. Le terme de digital native et digital immigrants
provient de Marc PRENSKY dans Digital Natives, Digital Immigrants
(2001). Il y a ceux n'ont vécu que dans un univers digital et ceux
qui ont grandi sans le digital et qui ont dû apprendre, se former, migrer
vers cette connaissance. Les digital natives désignent la 1ere
génération à avoir connu depuis toujours les nouvelles
technologies. La première génération est née
à partir de 1980. Il y a aujourd'hui 30% de la population mondiale qui
est un digital native. Si en 2010, on pouvait s'interroger sur l'existence de
ce phénomène, il y a aujourd'hui en 2014 de nombreuses instances
officielles qui étudient cette génération de digital
native : « Countries with a high proportion of young people who are
already online are positioned to define and lead the digital age of tomorrow
»2 explique Georgia Institute of Technology et l'International
Telecommunication Union. Ce rapport comprend l'étude de 180 pays en
utilisant les travaux de Digital TV Research, Eurostat, l'OCDE, le FMI, la
CNUCED, l'Institut des statistiques de l'UNESCO, la Division de la population
des Nations Unies et la Banque mondiale. Ce rapport s'appuie sur le taux de
digital native dans la population d'un pays pour évaluer son adaptation
à la modernité et donc, sa réussite au niveau du
numérique. Lors de nos entretiens qualitatifs, les managers et les
digital natives eux-mêmes connaissent très bien ce
phénomène mais ne connaissent pas forcément les termes
pour le définir. Bien plus qu'une fracture au niveau des connaissances,
c'est que cette ère du numérique a peut-être aussi
déteint sur les comportements de cette génération.
1 TIME Magazine, COMPUTER GENERATION A New Breed
of Whiz Kids, 03/05/1982
2 Georgia Institute of Technology et
l'International Telecommunication Union, Measuring the Information Society,
2013
3
2. La problématique d'entreprise
Les études réalisées montrent que les
comportements des digital natives sont différents de ceux des digital
immigrants. Cela fait peur au monde de l'entreprise car ils ne les connaissent
pas. Selon l'INSEE, la population active est estimée à 26
millions d'employé en 2011. 31% de la population active avec un emploi
est un digital native. D'ici 2020, les digital natives seront les plus nombreux
en activité en France devant toutes les autres
générations. Notre thème de recherche sera le management
par génération et plus spécifiquement, la relation entre
le manager et le digital native. On en vient donc à se demander :
Comment le manager va manager cette nouvelle génération des
digital natives ? Il y a de très nombreuses sous-questions pour pouvoir
essayer d'apporter des éléments de réponse à cette
question générale : Quelles sont les différences entre
digital native et digital immigrant ? Les digital natives ont-ils vraiment plus
de connaissances sur le web et l'informatique ? Les digital natives ont-il un
ou des profils différents ? Les digital natives ont-ils une
personnalité différente ? Les digital natives ont-ils de
nouvelles compétences ? Le management traditionnel est-il adapté
à cette nouvelle génération ? Les managers comprennent-ils
totalement cette génération ? Comment vont faire les managers
pour les gérer s'ils ne les comprennent pas ? Comment vont-ils les
motiver s'ils ne savent pas ce que sont leurs besoins, leurs envies, leurs
passions ? Comment vont-ils les fidéliser à l'entreprise s'il n'y
a aucune relation entre le manager et le digital native ? La
problématique reprend l'ensemble de ces sous-questions : « En quoi
le manager devrait-il modifier son management pour gérer, motiver et
fidéliser les nouveaux actifs de moins de 30 ans, suite à la
fracture comportementale intergénérationnelle entre digital
native et digital immigrant en France ? ». Les concepts-clés sont
donc : Génération, Digital native, Digital immigrant, Management,
Manager. Les méthodes de recherche sont Cairn, Erudit, Persee, Sudoc,
Amazon, La Fnac, Google Scholar, Cyberlibris et la veille constante sur
l'ensemble des réseaux sociaux professionnels.
3. L'annonce du plan
Afin de délimiter l'étendue de notre travail,
nous souhaitons réaliser un plan en 3 parties. Premièrement, il
semble primordial d'analyser les études scientifiques portant sur le
terme « génération », sur la génération
des digital natives, sur le management traditionnel afin de lier l'ensemble
pour réaliser des hypothèses sur le management du manager
auprès des digital natives. Deuxièmement, nous allons
réaliser une étude empirique pour valider ou infirmer nos
hypothèses. Nous allons donc réaliser un diagnostic
managérial générationnel en cherchant à obtenir le
point de vue des managers, des digital immigrants et des digital natives pour
l'entretien qualitatif et quantitatif. Pour finaliser notre mémoire,
nous ferons des recommandations pour une dynamique de changement selon nos
études scientifiques et empiriques et la validité de nos
hypothèses.
4
« Rien n'est permanent, sauf le changement. »
Héraclite
5
I. Le management des digital natives : concepts,
théories et hypothèses de recherche
A. La génération des digital natives
1. Concepts
a. Le concept de Génération
Une génération, pour un sociologue, est une
population démographique née à une même
période et qui a, par conséquent, connu les mêmes
événements historiques. Malgré leurs différences
économiques, culturelles ou autres, les événements
marqueront l'ensemble de la génération. William DILTHEY
écrira que c'est : « Un cercle assez étroit d'individus qui,
malgré la diversité des autres facteurs entrant en ligne de
compte, sont reliés en un tout homogène par le fait qu'ils
dépendent des mêmes grands événements et changements
survenus durant leur période de réceptivité
»3. Suite aux travaux de ses prédécesseurs,
William DILTHEY apporte les fondements de la définition contemporaine de
génération. On ne doit pas mesurer une génération
sur une période mais bien plus par « vie humaine » avec une
notion d'âge de maturité (vers 25 ans selon lui). A chaque
génération, nous pouvons voir une « émancipation de
l'esprit humain par rapport aux traditions ». Notre période de
réceptivité, pour les sociologues entre 15 et 25 ans, influencera
notre comportement sur le reste de notre vie. Notre culture, nos normes, nos
valeurs mais aussi notre compréhension de ce qui nous entoure seront les
conséquences de cette période où nous sommes les plus
à même d'être influencé par notre environnement
social et sociétal durant, c'est à dire le passage de
l'adolescence à celui d'adulte. Françoise LANTHEAUME et Patrick
RAYOU, chercheurs pour l'Institut Français de l'Education et
rédacteurs de Recherche & Formation ont écrit que
« Toute personne a conscience d'appartenir à une
génération, du fait même qu'elle est un sujet historique et
qu'elle possède une conscience du temps. La conscience de
génération émerge à l'adolescence, au moment
où murit la personnalité, o l'individu montre plus
d'intérêt à son environnement politique et social et
s'éveille à de nouvelles formes
3 William DILTHEY, Le Monde de l'esprit,
Histoire des Sciences Humaines, 1947
d'engagement »4. Une génération
se crée en contradiction de celle de ses parents «
caractérisée par la prise d'autonomie croissante de l'adolescent
et à l'apparition des conflits, ouverts ou latents, avec les adultes.
Ces conflits favorisent la différenciation et donc l'identification
générationnelle ».
6
4 Françoise LANTHEAUME et Patrick RAYOU,
Recherche & Formation N°45, 2004, p. 109
7
b. Les générations du XXe
siècle
Durant le XXe siècle, on note la succession d'au moins
5 générations. Entre 1925 et 1945 est né la
Génération Silencieuse, la Génération
Vétéran. La population adolescente de cette période a
grandi entre deux grandes crises : la Grande Dépression (crise
économique de 1929) et la 2nde Guerre Mondiale. Comme
définie précédemment, cette génération, qui
a connu une des pires périodes de l'histoire du monde, s'est
créée une identité propre avec son propre comportement, on
parlait d'une génération qui ne rechignait pas au travail :
« Few youngsters today want to mine diamonds in South Africa, ranch in
Paraguay, climb Mount Everest, find a cure for cancer, sail around the world or
build an industrial empire. Some would like to own a small, independent
business, but most want a good job with a big firm, and with it, a kind of
suburban idyll »5 écrivait le TIME et concluait dans cet
article que : « The best thing that can be said for American youth, in or
out of uniform, is that it has learned that it must try to make the best of a
bad and difficult job, whether that job is life, war, or both ».
Suite à la 2nde Guerre Mondiale, une
nouvelle génération a vu le jour entre 1945 et 1959. Celle-ci fut
bien plus heureuse que la précédente et bien plus optimiste, on
la nomma la Génération Baby Boom. On les appela Baby Boom car le
taux de natalité de cette période est très
élevé. La fin de la Deuxième Guerre Mondiale remit de
l'espoir dans le coeur des hommes. Il y a eu un très fort pic de
natalité en cette période par conséquence. William STRAUSS
et Neil HOWE ont étudié les baby boomers et ont permis de
dessiner une génération sociologique. Selon eux, deux
qualificatifs les décrivaient : idéalistes et
égocentriques 6 . Cette génération aurait des
difficultés relationnelles avec la génération suivante :
la génération X.
5 TIME Magazine, The Younger Generation,
1951
6 William StTRAUSS et Neil HOWE, Generations,
1991
8
Une nouvelle génération a vu le jour entre 1960
et 1979. Sociologiquement, elle se fait nommer la génération X.
Cette génération s'oppose à la précédente,
celle des baby boomers, génération de la contre-culture
traditionnelle et morale. Elle connaît les premières
difficultés en matière de précarité
générationnelle européenne. Jane DEVERSON et Charles
HAMBLETT démocratisent le terme au Royaume-Uni en 1965. Suite à
des entretiens qualitatifs auprès de jeunes anglais pour éditer
une revue, ils ont remarqué que la génération
s'était démarquée par rapport à la
précédente car c'est une génération qui «
sleep together before they are married, don't believe in God, dislike the
Queen, and don't respect parents »7. Ce fut donc la
génération X car elle était la génération
inacceptable. William STRAUSS et Neil HOWE ont listé les
caractéristiques qui définissent cette génération
:
· Elle ne respecte pas l'autorité ni les
institutions
· Le divorce est devenu une pratique courante et
répandue
· Les femmes travaillent bien plus
· La natalité a largement diminué
· La contraception s'est démocratisée
· Le début d'Internet
· La fin de la Guerre Froide
· Mais encore beaucoup d'autres8
La génération X est parfois vue comme
l'adversaire en entreprise de la génération Y. La
génération Y regroupe les personnes nées entre 1980 et
1990 et, du fait de leur regroupement générationnel, ils auraient
des valeurs communes et des comportements identiques. Denis MONNEUSE
définit plus de 70 qualificatifs pour parler de la
Génération Y, les plus connus sont : Génération
Why, Génération Boomerang,
E-Génération...9 Ces jeunes représentent 15% de
la population européenne10 et entre 30
7 Jane DEVERSON et Charles HAMBLETT, Generation
X, 1965
8 William StTRAUSS et Neil HOWE, Generations,
1991
9 Denis MONNEUSE, Les jeunes expliqués aux
vieux, 2012
10 EU Youth Report, 2009
et 40% des actifs français11. La nouvelle
transmission des valeurs (le réseau avant la famille et les institutions
?) et la vague des nouvelles technologies ont peut être amené la
génération Y à avoir de nouveaux comportements. Ils ont
acquis le combat de la génération X pour ce qui concerne les
transformations morales. Ils ont grandi devant des écrans (d'abord la
télévision puis le téléphone et l'ordinateur).
Génération plus à l'aise avec les nouvelles technologies,
auraient-ils des forces et des faiblesses par rapport aux autres populations ?
Entre mythes et réalité, la génération Y fait
couler beaucoup d'encre. Arrivant en masse comme de nouveaux actifs, les RH et
l'entreprise s'intéressent de près à ceux-ci. Cependant,
ont-ils une légitimité identitaire à être nés
durant la même période ? Pouvons-nous dire qu'un homme de 30 ans,
agriculteur, marié avec 2 enfants ressemble à une femme de 26
ans, CSP+, vivant à Paris et célibataire ? Jean PRALONG est
psychologue, docteur en science de gestion et conférencier à
Rouen Business School. Il réalisa la seule étude de la
Génération Y sur un échantillon français. Celle-ci
démontra qu'il n'y avait pas de différence entre la
Génération Y dans son rapport à l'entreprise en
comparaison avec la Génération X dans A la recherche de la
« génération Y » (2012). Il introduira son dossier
par cette phrase choc : « L'engouement autour de la «
génération Y » est inversement proportionnel à
l'intérêt académique qu'elle suscite »12.
Comme toute théorie sociologique et donc, non scientifique, il y a des
personnes qui y croient et d'autres moins. En tout cas, une population au sein
de la génération Y se démarque : les digital natives.
9
11 Benjamin CHAMINADE, Prospectives recrutement en
2020, Focus RH et l'INSEE, 2007
12 Jean PRALONG, A la recherche de la «
génération Y », 2012, p. 1
c. Les générations Digital Natives &
Digital Immigrants
Le TIME Magazine est le premier à faire mention d'une
nouvelle génération. Celui-ci titrait COMPUTER GENERATION A
New Breed of Whiz Kids (1982). Le TIME écrivait que cela «
Constitute yet another quantum leap in the ability to cope with the world
»13 Avant même que la génération soit au
complet, le TIME se douta de l'influence des ordinateurs sur cette
génération jusqu'à penser que l'ordinateur ferait devenir
cette génération, une race d'enfant génie avec une
nouvelle vision du monde.
20 ans plus tard, Marc PRENSKY démocratisa le terme de
digital native dans Digital Natives, Digital Immigrants (2001). Il est
conférencier et écrivain dans le domaine de l'éducation et
de la technologie et s'est fait une réputation internationale quand il
mettait en avant la fracture dans le système éducatif avec A
Nation Still at Risk (1998). Il écrira que les digital natives
désignent la première génération à avoir
connu depuis toujours les nouvelles technologies. La définition la plus
basique parle d'une population ayant entre 15 et 24 ans et
façonnée par les technologies numériques. Ce terme est
apparu dans le débat de l'élève moderne face à une
éducation vieillissante. Don TAPSCOT, conférencier à
TEDGlobal ou encore CEO de Tapscot Company, parlait déjà de la
Net Génération dans son article Growing Up Digital: The Rise
of the Net Generation (1998). La première génération
de digital native est née à partir de 1980.
10
13 TIME Magazine, COMPUTER GENERATION A New Breed
of Whiz Kids, 03/05/1982
11
Figure 1 : Internet et les nouveaux médias donnent
naissance à une nouvelle
génération14
Les digital natives ont une relation spéciale, par
rapport aux autres générations, avec les
technologies15. Une enquête quantitative a été
réalisée et a révélé plusieurs points
notables du rapport de cette génération avec les
technologies16 :
? 80% des 13 - 24 ans se sont connectés au web durant
le mois qui précède cette enquête (alors que la moyenne de
l'ensemble des internautes est de 46%)
? La jeunesse consomme le web en grande quantité et de
façon fréquente. 65% des 15 à 24 ans se connectent
quotidiennement en 2008.
? La messagerie instantanée (MSN, Facebook
Messenger...) est la plus fortement utilisée chez les 13 à 17 ans
avec 63% à s'en être servi dans le mois contre 41% pour la moyenne
de l'ensemble des internautes. De plus, la jeunesse apprécie
l'utilisation des blogs (cela représente 70% pour les 13 à 17 ans
contre 28% pour l'ensemble des internautes). La communication est une des
principales raisons des utilisations du web par les digital natives.
? En plus de l'objectif de communication via le web, le
digital native est un gamer, un joueur virtuel, télécharge
énormément de musique, utilise les outils
14 POLYCONSEIL, Digital Natives et nouveaux usages
médias : comment s'y adapter ?, Livre Blanc, 10/2012, p. 4
15 Olivier DONNAT, Pratiques culturelles et usages
de l'internet, Ministère de la Culture et de la Communication,
2007
16 Enquêtes de Médiamétrie,
2008
12
en ligne dans un esprit créatif...
Les digital natives sont nés dans un environnement
uniquement numérique. D'ailleurs, parler des nouvelles technologies n'a
pas de sens pour eux, vu qu'elles n'ont jamais été nouvelles.
L'autonomie dans la consommation des médias est immense car ils sont
suréquipés. Cette utilisation est un mélange de
consommation personnelle sans pour autant être en autarcie. Le web 2.0 a
permis d'utiliser son ordinateur seul tout en étant connecté
à plusieurs réseaux. Les médias qui perdent la guerre de
la consommation médiatique, sont bien évidemment les
médias traditionnels (plus particulièrement la
télévision) car la liberté d'information proposée
est souvent restrictive et subjective. Le web permet la liberté dans son
choix d'information et de contenu. Le cinéma reste l'un des
médias les plus importants aux yeux des digital natives, le plus haut
niveau de pénétration revient aux 15 - 19 ans17.
Cette relation ultra-connectée à l'ensemble des
médias a corrélé un fort besoin de continuer dans son
épanouissement personnel au niveau sportif et culturel. Les jeunes sont
ceux qui pratiquent le plus les activités artistiques.
Les livres sont de moins en moins lus, il est vrai. Cependant,
la génération digital natives n'arrête pas de lire pour
autant, les autres formes de lecture croissent sans cesse : e-book, magazine,
article de blog... La lecture en ligne se fait sous forme de F, on va lire le
1er paragraphe qui résume l'article, puis le 2e
paragraphe puis le lecteur online se lasse et lit seulement le début des
autres paragraphes pour chercher l'information qu'il souhaite. Cette
évolution dans la technique de notre lecture est déjà une
preuve de changement du fait de la numérisation.
Il est évident que le numérique a
entrainé un bouleversement à notre rapport avec la culture.
Culture Prospective souligne deux points, ces deux mêmes sont souvent
repris
17 Ministère de la Culture et de la
Communication, Pratiques culturelles chez les jeunes et institutions de
transmission : un choc des cultures, Culture Prospective, 2009, p. 3
13
quand on essaye de définir les digital natives :
? Il y a un « nouveau rapport au temps
»18.
o La consommation à la demande raccourcit notre
accessibilité à la culture (Podcast, Torrent, Streaming...)
o Le numérique accroît nos comportements
éclectique19 et omnivore20 de la culture
? La consommation de la culture se fait par un comportement
multitâche.
o Et cela se voit d'une part par notre manière d'agir
: Le social TV, c'est le fait de Tweeter tout en regardant la
télévision et cela est devenu un objectif stratégique pour
les groupes télévisuels.
o Et cela se voit d'autre part par l'adaptation des
médias traditionnels à notre comportement : « The Big
Picture » est un jeu télévisé israélien
créé en 2014 et peut-être sur nos télévisions
en 2015. Il fait énormément parler de lui depuis le MIPTV en
2014. C'est le marché international des programmes audiovisuels qui se
déroule chaque année à Cannes. « The Big Picture
» est un quizz de culture général. La
spécificité et tout l'attrait de ce jeu, c'est qu'une personne
est sur le plateau, et une autre est tirée au sort chez elle pour
partager le million d'euros. Cette dernière joue avec son smartphone
mais ce n'est pas tout, les tweets des internautes sont partagés en
direct et l'ensemble du plateau est marketté digital.
Notre environnement numérique a bel et bien
changé notre relation à la culture. Cependant, ceci n'est qu'une
conséquence. Le numérique a pu changer notre rapport à la
culture, qu'a-t-il pu changer d'autre chez les digital natives ?
18 Ministère de la Culture et de la
Communication, Pratiqes culturelles chez les jeunes et institutions de
transmission : un choc des cultures, Culture Prospective, 2009, p. 4
19 Olivier DONNAT, les Français face
à la culture : de l'exclusion à l'éclectisme, Paris,
La Découverte, 1994
20 Richard PETERSON et Robert KERN, «Changing
Highbrow Taste: From Snob to Omnivore»,
American Sociological Review, no 61, 55, p. 900-907,
1996
14
Il paraît important de structurer la définition
des digital natives et Georgia Institute of Technology et l'International
Telecommunication Union ont réalisé ce travail et
délimitent cette génération. Le rapport comprend
l'étude de 180 pays en utilisant les travaux de Digital TV Research,
Eurostat, l'OCDE, le FMI, la CNUCED, l'Institut des statistiques de l'UNESCO,
la Division de la population des Nations Unies et la Banque mondiale. Ce
rapport est Measuring the Information Society (2013). On apprend qu'il
y a 363 millions de digital natives ce qui correspond à 5,2% de la
population mondiale. Brahima Sanou, Directeur de Telecommunication Development
Bureau (BDT) à l'International Telecommunication Union introduit cette
étude par cette information : « While 30 per cent of the youth
population are digital natives today, the report shows that within the next
five years, the digital native population in the developing world is expected
to double »21 . Il y a aujourd'hui 30% de la population
mondiale qui sont des digital natives car ils ont l'âge de l'être
et ils ont une forte activité sur le web depuis au moins 5 ans.
Grâce à cet apport dans la définition, cela permet de
réduire les digital natives à 90,7% des français ayant
l'âge de l'être. Toutes les personnes qui pourraient, par
l'âge, être des digital natives ne le sont pas forcément,
cela dépend de leur usage du web.
En pourcentage de sa population, l'Islande est le pays qui a
le plus fort taux de digital natives soit 13,9% suivi par la Nouvelle
Zélande et la Corée du Sud (13,9%). Le Timor est le pays ayant le
plus faible taux de digital natives par rapport à sa population
nationale à 0,1%. Cependant, la Chine a le plus grand nombre de digital
natives avec une génération de 75 millions de personnes. Elle est
suivie par les Etats-Unis (41 millions), Inde (29 millions), Brésil (28
millions) et le Japon (12 millions). Ensuite, voici un autre classement
présentant le pourcentage de digital natives par rapport à la
population de leur âge : en premier, la Corée du Sud à
99,6% de digital natives suivi par le Japon, les Pays-Bas, la Finlande, la
Lituanie, le Danemark, l'Islande, les Etats-Unis et la Nouvelle Zélande.
En moyenne, 56% des jeunes utilisant Internet sont des digital natives. Il y a
une grande inégalité selon les pays : les pays en
développement en ont 47% alors que les pays développés en
ont en moyenne
21 Georgia Institute of Technology et l'International
Telecommunication Union, Measuring the Information Society, 2013
15
86%. La France, elle, se situe à la 26e
place mondiale au niveau du pourcentage de natif numérique par rapport
à sa population totale pour une statistique de 11%.
Figure 2 : Pourcentages de digital natives par rapport à
la population totale par pays22
Y a-t-il une logique dans la proportion de digital native dans
un pays ? Une autre notion apportée par cet article montre selon the
Georgia Institute of Technology et International Telecommunication Union que
les « Pays riches avec un fort taux de pénétration
d'Internet » ont le plus fort pourcentage de Digital natives au sein de
leur population. Ces classements sont représentatifs de la situation.
Cependant, quel est l'intérêt des gouvernements pour cette
génération ? Selon cette-même étude, «
Countries with a high proportion of young people who are already online are
positioned to define and lead the digital age of tomorrow ». Ce rapport
s'appuie sur le taux de digital native dans la population d'un pays pour
évaluer son adaptation à la modernité et donc, sa
réussite au niveau du numérique.
22 Maïlys MASIMBERT, Tous les jeunes nes sont
pas des « digital natives », Slate.fr, 08/10/2013
16
Cependant, le terme de digital native n'est complet que s'il
est opposé à celui de digital immigrant. Le digital immigrant est
une personne qui a grandi dans un univers hors numérique et qui a
dû par la suite s'adapter à celui-ci. Aujourd'hui, ils ont 31 ans
et plus. Cette définition ne dit pas qu'ils n'ont pas réussi
à s'adapter, et pour une grande proportion, ils ont réussi.
Cependant, du fait que leur adolescence a été vécue dans
un cadre non numérique, les comportements et les valeurs sont
impactées.
Figure 3 : Digital immigrants VS Digital
natives23
La conception de digital native et digital immigrant a
été récemment fortement critiquée. Par exemple,
Bennett, Maton et Kervin ont soutenu en 2008 que l'importance des digital
natives n'était qu'une « moral panic » (panique morale). Ce
concept Nord-Américain s'utilise lorsqu'il y a des réactions non
cohérentes et disproportionnées à l'encontre d'un groupe.
Ils soutiennent donc que les pratiques culturelles sont minoritaires et ne
méritent pas un intérêt aussi grandissant. De même,
Eszter HARGITTAI, Professeur agrégé au département des
Sciences de la Communication de Northwestern University, détruit le
mythe des digital natives en
23 Isabelle GEORGE, The Digital Natives,
Helixa, 01/06/2011, p. 7
17
démontrant leurs différences entre digital
natives24. Il aurait été intéressant qu'elle
compare les digital natives aux digital immigrants.
Il y a débat autour de cette génération
qu'est le digital native. Ce sera à nous de comprendre ce qu'en disent
les auteurs afin de pouvoir le valider ou l'infirmer.
24 Eszter Hargittai, Digital Natives or Digital
Naïves ? Internet Skills among Members of the « Net Generation
», 2012
18
2. Profil des digital natives a. Ultra-connecté
Le digital native est-il vraiment ultra-connecté
?
Marc PRENSKY, inventeur du terme Digital natives
définira cette génération comme « la première
génération à avoir toujours connu les nouvelles
technologies ». Eszter HARGITTAI, Professeur agrégé au
département des Sciences de la Communication de Northwestern University
réalisa de multiples enquêtes quantitatives et
qualitatives25. Ses études lui permettent de montrer que la
génération des digital natives américaine est née
dans un univers complètement numérique :
· 100% ont l'accès à un ordinateur
· 98% ont internet dans leur domicile
· Ils passent 17h sur le web par semaine
· 70% commencent à utiliser internet
régulièrement durant « the middle school » ou avant
Isabelle GEORGE les étudia sur l'échelle
française et retranscrit ses résultats dans The Digital
Natives, Helixa, 01/06/2011. Elle remarqua qu'elle était la
génération la plus équipée en nouvelles
technologies :
· 99% ont un mobile dont la moitié est un
smartphone
· 59% ont un ordinateur portable
· 72% ont une console de jeux
· 73% ont un lecteur mp3 ou mp4
25 Eszter Hargittai, Digital Natives or
Digital Naïves ? Internet Skills among Members of the « Net
Generation », 2012
19
Son étude démontra que les digital natives
français passent 17,5h/semaine sur internet. Selon son étude
quantitative, 72% des 12 - 25 n'imaginent plus pouvoir se passer d'internet. De
plus, ils sont 21h/semaine devant un écran.
Figure 4 : Temps passé sur un écran en nombre
d'heures26
Son étude mit en avant trois types de consommation
d'internet :
· la communication
· le divertissement
· les jeux
Sont-ils aussi connectés qu'on le dit ? Les
résultats de Isabelle George affirment que :
· En moyenne, ils retournent sur Facebook toutes les 37
minutes et actualisent leur page Twitter toutes les 3h
· 94% sont membres d'au moins 1 réseau social
· 62% sont membres de 4 réseaux sociaux ou plus
· 77% se connectent au moins une fois par jour
· 91% des adolescents consultent des contenus en streaming
sur internet
· 58% des moins de 35ans ont déjà eu recours
au téléchargement illégal
26 Isabelle GEORGE, The Digital Natives,
Helixa, 01/06/2011, p. 12
? 70% des jeunes de 15 à 34ans sont des gamers (jouent
aux jeux vidéos)
Cette vie digitale a-t-elle développé des
compétences spécifiques à ses générations ?
Voici un nuages de tags reprenant les principaux mots-clés ou
caricatures concernant les digital natives :
Figure 5 : Le portrait-robot d'un digital
native27
20
27 Isabelle GEORGE, The Digital Natives,
Helixa, 01/06/2011, p. 20
21
b. Espace et Temporalité
Quels changements au niveau de l'espace et du temps
ont pu s'opérer sur cette génération du fait qu'elle soit
ultra-connectée ?
L'espace et le temps sont à redéfinir pour
cette génération. La rapidité dans l'obtention de
l'information est primordiale. Ce besoin d'immédiateté porte un
nom, on dit que les digital natives ont un profil ATAWAD. C'est l'acronyme de
Any Time, Any Where, Any Device. Le web les a habitués à avoir
accès à ce qu'ils veulent, quand ils le veulent et o ils le
veulent. Ce besoin en provenance d'Internet devient un besoin dans le monde
réel. L'ubiquité de cette génération est
incroyable. Ils sont partout au même moment. C'est ce qui en fait une
génération qui voyage bien plus. La mondialisation couplée
au numérique a cassé les barrières de la langue et des
cultures pour uniformiser l'ensemble. Certains préfèrent
même parler de profil ATAWADAC (+ Any Content) dans l'idée de
liberté de l'accès aux contenus. Le terme français ATAWAD
est parfois celui de mobiquité28, fusion de mobilité
et ubiquité. L'Agence Nationale de la Recherche définit ce terme
comme étant le « don de la mobilité tout en gardant les
avantages de la sédentarité ». La caricature en vient
à généraliser cette génération comme
étant précipitée, peu portée sur le long terme et
habituée à zapper en permanence. Florence HERMELIN parle de
« dictature du live »29 qui crée des «
addictions à la vie séquencée des autres » par les
nombreux réseaux sociaux notamment. « Pour lui (le digital native),
le temps mort doit être comblé par une hyperactivité
numérique. Ses relations sont basées sur une «
joignabilité » constante et instantanée. » 30 Le
digiborigène n'est jamais inactif surfant sans cesse avec
l'hyperactivité. Cela se remarque par exemple avec l'ensemble des moyens
de communication qu'ils utilisent et l'immédiateté de la
réactivité en répondant à un message
instantané. Claire LOBET-MARIS, sociologue des usages des technologies
de l'information et de la communication aux facultés de NAMUR explique
qu' « avec les digital natives, on voit émerger un nouveau rapport
à la temporalité »31. Un autre
28 Agence Nationale de la Recherche
29 Florence HERMELIN, Inside #1 : Dans la
tête des Digital Natives, SixandCo
30 Marie GREFFE, Les « digital natives
» : une nouvelle espèce de travailleurs, FAR, 2011, p. 2
31 Claire LOBET-MARIS et Sarah GALLEZ, Les
Jeunes et Internet - Se construire un autre chez soi, FUND®2011
surnom des digital natives révèle bien cette
réalité : la Now Generation. « C'est très perturbant,
car le temps est une norme sociale, un élément de coordination
entre les gens. Le temps que leur renvoient les adultes est plus long, plus
structuré. Il est fait d'horaires. Il y a des ajustements que les
aînés devront consentir » prévoit Claire LOBET-MARIS.
Peut-on voir apparaître une fracture avec les digital immigrants ? Selon
elle en tout cas, un besoin d'apprentissage et d'adaptation est à
réfléchir pour ces non-natifs numériques.
Frédéric WINCKLER, président de JWT, agence de
communication et de marketing depuis 150 ans écrivait sur son blog
lefreddie.wordpress.com que
les digital natives vont trop vite. Il fait le portrait de cette
génération sur 8 « empreintes digitales », 8
comportements à connaître. Pour lui, Jean-Louis SERVAN-SCHREIBER
met en avant un point important dans son essai Trop vite ! qui porte
sur le court-termisme de notre siècle : « Notre goût pour la
vitesse nous aveugle »32. Les comportements
étudiés par Frédéric WINCLER sont selon lui
incroyablement révélateurs d'une génération qui a
« développé une véritable intolérance à
toute forme d'attente, à la frustration ou au manque. »33
22
32 Jean-Louis SERVAN-SCHERIBER, Trop vite !,
05/2010
33
http://lefreddie.wordpress.com
23
c. Multitâche
Leur profil ATAWAD fusionné à celui
d'ultra-connecté a-t-il entrainé des modifications dans
l'organisation de leurs activités ?
Ce besoin frénétique de rapidité et
cette lassitude à la non-activité a créé un
phénomène comportemental intéressant, le digital native a
été la source de différentes études qui le disent
multitâche. La Kaiser Family Foundation, organisation à but non
lucratif réalisant des études autour de la Santé aux
Etats-Unis, a réalisé une succession d'enquêtes, la
dernière en 2009, sur plus de 1000 digital natives. Ce travail confirme
l'esprit multitâche de cette génération. Selon cette
fondation, chacun d'eux tend à être multitâche car ils sont
habitués à être multi-exposés.
Figure 6 : Pas d'autres choix que d'être
multitâche !34
34 Isabelle GEORGE, The Digital Natives,
Helixa, 01/06/2011, p. 22
Isabelle GEORGE présente le cas d'une journée
moyenne pour un natif numérique. Suite à ses résultats,
elle montre cette donnée absurde qu'un jeune fait 26,5 heures
d'activités par jour sur une journée de 24 heures. Impossible me
diriez-vous ? Cela est bel et bien possible à la condition de
réaliser deux à trois activités en même temps. Par
exemple, est-il rare de voir un élève en cours envoyant un sms ?
C'est cela être multitâche. Cependant, cette attitude entraine une
dégradation du sérieux dans les tâches
réalisées. Florence HERMELIN parle de « la mémoire
paradoxale »35. Elle explique que « les digital natives
ont un rapport nouveau à la mémoire. Une «
génération raccourcie » » qui simplifie le contenu
qu'elle absorbe car elle ne peut être active à 100% dans chacune
de ses tâches. La BBC dans son programme Go Digital réalise la
comparaison d'un groupe d'individus ultra-connectés et multitâches
à un groupe plus proche des digital immigrants. Ils avaient tous
réalisé de nombreux examens pour étudier leur
concentration et leur capacité à résoudre un
problème. A la fin de ces tests, la BBC critique ce comportement
multitâche car « If we spend our time flitting from one thing to
another on the web, we can get into a habit of not concentrating
»36. La concentration est bien évidemment mise à
mal pour le malheur de l'enseignant ou du manager. La BBC conclut que les
résultats ont indiqué que « the people who engage in media
« multitasking » are those least able », les moins capables de
gérer une tâche.
24
35 Florence HERMELIN, Inside #1 : Dans la
tête des Digital Natives, SixandCo
36 BBC, Go Digital, 2002
25
d. Hyper-communicant
L'environnement numérique a-t-il modifié
la communication ?
Comme on a pu le voir jusqu'à présent, cette
génération numérique s'est adaptée à son
environnement. Etre toujours connecté et donc toujours disponible a
créé un profil d'être hyper-communicant. Je tweet, je like,
je partage, je commente... sans cesse en train d'être actif. A un tel
point que le principe même de la relation Internaute - Marque a
changé. Frédéric WINCLER l'a vite ressenti dans son
travail quotidien et a commencé à faire du Inbound Marketing. A
l'inverse du marketing traditionnel, la stratégie est d'attirer
l'attention par le marketing du contenu pour faire venir le client ou le
prospect par l'interaction. Il le dit lui-même en parlant de la
génération digitale, « ils ont pris le pouvoir
»37. Les internautes ne font plus confiance aveuglement
à l'entreprise comme auparavant. Aujourd'hui, 68% se renseignent sur
internet avant d'acheter. De plus, la force d'internet, c'est la liberté
d'expression et l'impact de celle-ci. « 74% des salariés pensent
qu'il est facile de détruire la réputation d'une marque sur les
réseaux sociaux ». Des exemples, il y en a par centaine, par
exemple sur Youtube en tapant les mots clés « antivol Kryptonite
», il y a une vidéo ou quelqu'un ouvre très rapidement ce
dernier avec... un stylo. S `il est facile de communiquer, les marques
apprécient l'émulation de leur communauté pour leur donner
de bonnes idées et créer de l'interaction. D'un autre
côté, les marques craignent ces dérapages. Pour Kriptonite,
cette vidéo a été vue plus de 2 000 000 de fois ce qui
représenta par enchainement un coût de 10 000 000 de $ de perte.
Et oui, l'internaute a un énorme pouvoir face à l'entreprise mais
cette dernière sait rebondir. L'aspect prescripteur de l'internaute est
de plus en plus mis en avant. Tripadvisor a très bien compris
l'intérêt de la communauté. La réussite de cette
entreprise provient en partie du travail de la communauté qui donne son
avis sur les lieux qu'elle visite comme de véritables ambassadeurs. De
même pour Le Gorafi, le fameux journal de l'intox, son succès se
fait par l'hyper-communication de la jeune génération
numérique. Pour être aussi connu aujourd'hui, rien de plus simple
que de faire rire ces jeunes et de leur permettre de partager leurs articles
préférés sur le plus grand réseau
37
http://lefreddie.wordpress.com
social, Facebook. Sans ce réseau, Le Gorafi n'aurait
jamais eu un tel succès. Malgré le risque qu'est le web et pour
la liberté d'expression, les entreprises performantes du XXIe
siècle ont transformé ce risque en force. Florence HERMELIN ira
même jusqu'à parler du « syndrome de Stockholm
»38, les digital natives ont une relation si proche de leurs
marques via les nouvelles stratégies communautaires des marques qu'ils
se sentent acteurs car ils s'impliquent, on entend beaucoup parler en ce moment
de ce phénomène qu'est le consom'acteur.
26
38 Florence HERMELIN, Inside #1 : Dans la
tête des Digital Natives, SixandCo
27
e. L'Autorité
Cet environnement a-t-il changé le rapport du
digital native avec l'autorité ?
Cette jeunesse a connu le Web 1.0, le web du contenu. A cette
époque, le web était axé vers la gratuité du tout.
En grandissant dans cet Internet, l'habitude du non-payant est devenu la norme.
Depuis les années 2000, l'idée que le web était un nouveau
marché très intéressant pour les entreprises et les
investisseurs en a modifié son ancienne utilisation. Cependant, cela n'a
jamais vraiment changé dans l'esprit de cette génération.
Frédéric WINCLER explique que « Le digital est vraiment
l'avènement de l'économie du gratuit. Que cela plaise aux
législateurs, majors, medias... l'internet ne coûte a priori rien
» et cela se voit par le nombre toujours plus grandissant de
téléchargements illégaux : 11 millions de français
seulement sur BitTorrent pour 850 000 fichiers téléchargeables
gratuitement. Selon TNS Sofres, 57% des 18-24ans ont déjà
téléchargé des contenus de manière illégale
ce qui est nettement supérieur à la population nationale
(à partir de 18ans) avec une moyenne générale de 20%. De
plus, seulement 37% des 18-24ans n'ont jamais téléchargé
illégalement ou utilisé un contenu
téléchargé de manière illégal. C'est
nettement inférieur à la moyenne nationale qui est deux fois plus
élevée avec un taux de 73%.39 Ces questionnaires
quantitatifs sur un échantillon national de 1000 personnes
représentatives de la société française pour la
population de 18 ans et plus ont été introduis uniquement
à ceux ayant été sur le web les 12 derniers mois. Ces
statistiques nous permettent de réaliser à quel point la
génération des digital natives est habituée à
contourner les interdits. La définition des digital natives les
désigne comme ayant passé 5 années de leur vie sur le web.
En 5 années, il est assez simple pour certains de tomber sur des sites
vendant des drogues illégales : « En janvier 2012, 690 sites de
vente à destination des pays de l'Union européenne ont
été répertoriés »40, précise
l'OICS lors de son rapport annuel de 2012 à Bruxelles. En 5
années, il est aussi envisageable que certains natifs numériques
aient visité le marché noir du web sur lequel les armes se
vendent, nous parlons bien évidemment ici du Darknet. Le web a
amené chaque utilisateur à devenir
39 Sofres, Les français et le
téléchargement illégal sur Internet, 2009, p.6
40 Organe International de Contrôle des
Stupéfiants, rapport annuel, 2012
28
voisin de l'illégalité. Hadopi est la Haute
Autorité pour la Diffusion des OEuvres et la Protection des droits sur
Internet. Ses missions sont de développer l'offre légale sur
Internet, protéger le droit d'auteur et réaliser des campagnes de
sensibilisation. Si leur travail était un succès, Hadopi n'aurait
pas besoin de menacer. Cependant, les internautes sont tellement
habitués à télécharger, écouter, visionner
des fichiers qui ne respectent pas les droits d'auteurs, que Hadopi a dû
envoyer 2 millions de mails pour avertir du risque de poursuite judiciaire. La
génération digital native provient de cette univers : il est
interdit de m'interdire. Et en quoi les digital natives devraient-ils changer
leurs habitudes illégales ? Qui pourraient bien les en empêcher ?
Juste pour information, Hadopi a envoyé 2 millions de mails mais
seulement 3 personnes en France ont été jugées
coupables...
Figure 7 : Nombre d'envois de 1ere recommandation depuis 2010
à 2013 par
Hadopi41
Personne ne peut leur interdire de vivre comme ils le
souhaitent. Cela se ressent dans ce combat perpétuel face à
l'autorité et aux institutions. Le manque de confiance dans
l'autorité traditionnelle est aussi peut-être à cause du
web. « 65% des Digital Natives considérent internet comme leur
première source d'information ». Cependant, ces informations sont
très inquiétantes quand on sait que Wikipedia est le
12e site le plus visité en France alors que n'importe qui
peut publier n'importe quoi. Une habitude
41 Hadopi
s'est créée dans cette nécessité
de demander à Google. Posez moi une question et je vous envoie un lien
sur
http://lmgtfy.com : ce site qui
s'appelle « Let me Google that for you » est la réponse des
digital natives à toutes les questions. Mon professeur me dit quelque
chose, je vais vérifier, mon employeur me demande quelque chose, je vais
regarder... Ce n'est pas tout noir ou tout blanc, mais entre faire confiance
aux institutions et faire confiance aux internautes : « Que ce soit des
grands groupes industriels accusés par des groupes de consommateurs, ou
des politiques soumis à la pression de la rue (...) la
vérité vient du web » et cela a été vite
démontré pendant les Printemps arabe, la voix du peuple passait
par le web. « Bienvenue dans un monde où l'information est donc
détenue également par toutes et tous, et o les
références (soit l'autorité) ont disparu. »42
Ceci est bien évidemment une liste non exhaustive qui
marque les grands traits de caractères de cette
génération.
29
42
http://lefreddie.wordpress.com
30
3. Nouveaux actifs
« Ces jeunes qui entrent ou vont entrer sur le
marché du travail, impliquent à eux seuls une réelle
révolution pour les entreprises, une énigme importante pour leurs
parents, grands frères/soeurs, collègues de travail, mais aussi
pour les directeurs des ressources humaines et patrons, souvent plus
âgés qui ne réagissent pas avec les mêmes codes que
cette nouvelle génération de travailleurs. »43
Les digital natives ne sont peut-être pas une
énigme pour tous mais sont intéressant à étudier
car aujourd'hui, un tiers des digital natives sont déjà dans la
vie active et occupent un emploi ce qui représente 8 millions d'actifs
en France44. Selon l'INSEE, la population active est estimée
à 26 millions d'employés en 2011. 31% de la population active
avec un emploi est donc un digital native. La place du natif numérique
dans la société et dans l'entreprise est donc entièrement
d'actualité. Cela explique pourquoi il y a de plus en plus de
chercheurs, scientifiques, sociologues... qui étudient cette
génération. Au niveau mondial, 75% de la population mondiale
active seraient des digital natives. « Selon les sociologues, ces jeunes
de 18 à 30 ans, diplômés, ultra-connectés,
inventifs, mobiles font changer la conception même du travail et du monde
de l'entreprise. »45
La question centrale qui occupe les chercheurs peut alors
être résumée comme suit : « Examines the
characteristics of the newest entrants to the workplace, Generation Y, and the
strategic implications for management. (...) What challenges and opportunities
are presented by the entry of Gen Y in to the workplace? »46.
Il est bien question ici de challenge dans le management traditionnel car les
différences ont créé une fracture entre la direction et le
nouvel employé. Le manager en arrive même à
43 Marie GREFFE, Les « digital natives
» : une nouvelle espèce de travailleurs, FAR, 2011, p. 1
44 Isabelle GEORGE, The Digital Natives,
Helixa, 01/06/2011, p. 29
45 French Tech,
http://www.lille-is-frenchtech.com,
10/04/2014
46 Susan P. Eisner, SAM Advanced Management
Journal, 2005
31
avouer « ne pas comprendre les digital natives »,
explique un manager du CAC 40 selon Benjamin CHAMINADE, expert en management
des Talents.
Pour manager avec qualité cette jeunesse, le monde de
l'entreprise doit avoir une réflexion autour d'un management
adéquate à cette situation. Cela passe dans un premier lieu par
la compréhension des directions, des ressources humaines, des managers
de ce qu'est un digital native. L'un des objectifs est donc bel et bien de
réussir le « métissage intergénérationnel
» comme l'explique la French Tech. La lassitude de cette
génération pour son travail, pour son entreprise, pour son
manager est courante car il a en lui le besoin de remettre sans cesse en
question tout ce qui l'entoure : « let me google that for you » car
il ne croit pas en votre autorité et vérifie sans cesse vos
compétences. La nécessité de réfléchir
à comment motiver ces digiborigènes est importante si on souhaite
garder ces forces dans l'entreprise et ne pas le laisser partir avec ce qu'il a
appris. La fréquence de changement d'emploi est incroyablement
élevée pour cette génération lassée. Deux
éléments qu'on partagera par la suite viennent d'être mis
à jour : la motivation en entreprise et la fidélisation en
celle-ci. Internet va de plus en plus vite selon l'étude publiée
par Akamai. Le Cloud a noté cette année 2014 une progression de
24% des vitesses de connexion pour atteindre 3,9 Mbit/s. Les lois de Moore sont
des suppositions mais qui ont toujours fonctionné : ces lois empiriques
disent que tous les 18 mois, la puissance des processeurs doubleraient.
Rappelez-vous, il n'y a pas si longtemps on offrait des clés USB 2GO et
maintenant elles font 4GO. Ces lois supposées démontrent la
rapidité d'évolution de la technologie numérique.
32
Figure 8 : « Croissance du nombre de transistors dans les
microprocesseurs Intel par rapport à la loi de Moore. En vert, la
prédiction initiale voulant que ce nombre double tous les 18 mois
»47
« Les métiers changent en quelques années,
les machines en quelques mois, aucun emploi n'est assuré, les traditions
et les savoir-faire disparaissent, les couples ne durent pas, les familles se
recomposent, l'ascenseur social descend, le court terme règne, les
événements glissent. »48 Les digital immigrants
vous le diront, le monde va si vite aujourd'hui. En avion, nous sommes en 1
heure à Istanbul. En 7 secondes, nous pouvons être en train de
regarder la Muraille de Chine sur Google Hearth. En 1 minute, nous pouvons
commander un Smartphone sur Amazon... La génération digital
native a vécu dans ce monde et le connait. Ces membres n'ont pas eu
besoin de s'adapter car ils n'ont jamais connu autre chose que cette vitesse
Trop vite I49, trop rapide. Ils sont conscients de cette
mondialisation, du peu de valeur de leur diplôme BAC+5, d'un
marché du travail ne leur laissant pas d'opportunités, des stages
à
47
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Moore
48 Frédéric JOIGNOT, « Le
Monde Magazine » : Au secours I Tout va trop vite I, Le Monde
Magazine, 30/08/10
49 Jean-Louis SERVAN-SCHERIBER, Trop vite I,
05/2010
33
répétition (et de temps en temps
rémunérés)... Le monde de l'entreprise les a
laissés sceptiques. Lui qui ne les respecte pas, pourquoi le natif
numérique devrait être motivé et fidélisé par
une entreprise qui n'a jamais fait d'effort.
D'ici 2020, les digital natives seront les plus nombreux en
activité en France devant toutes les autres
générations,
34
B. Management traditionnel et management des digital
natives 1. Management traditionnel de la personne
Le management a pour étymologie le français et
non l'anglais comme on pourrait se l'imaginer. Ce mot provient à la base
de « mesnagement », lui-même issu de l'italien «
maneggiare » et qui signifie « tenir les rênes d'un cheval
». Le management, c'est l'action de piloter l'ensemble des
stratégies et des ressources de l'organisation dans un but commun. Le
management consiste à trouver une solution pertinente entre
l'organisation ou le marché, l'exploration ou l'exploitation et
l'autonomie ou la coordination. L'ensemble doit être
réfléchi selon le contexte, la culture et les ressources
disponibles. Ce système de management est basé sur les trois
dilemmes du management :
? L'organisation ou le marché (Ronald Coase, prix
Nobel d'économie en 1991, a travaillé sur les frontières
de l'entreprise, ce qu'il faut faire et déléguer)
? L'exploration ou l'exploitation (James Gardner March,
professeur émérite à Stanford, travailla en premier sur
les théories des organisations et la problématique du comment
avoir une organisation innovante (flexibilité, tolérance,
désordre)
? Une organisation productive (efficience, précision,
ordre)
? L'autonomie ou la coordination (Henry Mintzberg,
universitaire canadien connu pour ses ouvrages en management a
démontré « les oppositions entre la division des
tâches et leur coordination.
L'humain est devenu l'un des grands points
étudiés dans le management et cela depuis 1920 et Mary Parker
FOLLET50. Son étude du management et de la motivation par le
biais du « win - win », les forces dans chaque individu et dans
l'équipe, le leadership et les processus en entreprise ont permis
d'initier le monde du travail au management. Le management de la personne,
c'est le processus de faire avancer
50 Mary Parker FOLLET, Creative Experience,
1924
35
les choses efficacement, avec et à travers les
salariés. Francis DARRAGH, sales manager dans les
télécommunications en Irlande, mettait deux notions en avant
à propos de ce processus du management dans ses conférences
à l'International School Business, Dublin :
? Efficacité : « Doing the right things »,
faire les bonnes choses soit faire les bons choix dans les tâches qui
vont aider l'organisation à atteindre ses objectifs
? Efficience : « Doing things right », faire les
choses bien soit faire la meilleure utilisation des ressources
financières, humaines et matérielles pour atteindre ses
objectifs.51
En entreprise, il y a deux types de salariés, les
managers et les non-managers. Ces derniers travaillent directement à un
travail ou une tâche et n'ont pas la responsabilité de superviser
le travail des autres alors que les managers sont des individus dans les
organisations qui dirigent l'activité des autres. Il y a trois niveaux
de manager : en premier, le Top Manager soit celui qui prend les
décisions au sujet de la direction de l'organisation. En second, le
Middle Manager soit le cadre intermédiaire qui gère
l'activité des derniers managers. Ces derniers, le First-line Manager ou
le manager en première ligne est celui qui manage les employés
non-managers.
Malgré une évolution des techniques de
productions, des moyens de communication interne, des utilisations des outils
collaboratifs, les techniques managériales sont toujours basées
sur les quatre mêmes principes de management :
? Planifier : Définir les objectifs de l'organisation et
les moyens pour y parvenir ? Organiser : Organiser et structurer le travail
pour atteindre les objectifs organisationnels
51 Francis DARRAGH, Conférence sur le
Management à l'International School Business, Dublin, Irlande,
11/2012
? Diriger : Diriger le travail de ses salariés pour
qu'ils poursuivent les choix stratégiques de la direction
? Contrôler : Contrôle de comparaison et de
correction des performances du travail
Le management de la personne est défini par trois
rôles selon Henry MINTZBERG : Le rôle interpersonnel,
informationnel et décisionnel.
Category
Interpersonal Roles
Figurehead Leader Liaison
|
|
Informational
Decisional Monitor Disseminator Spokesperson
|
|
|
Entrepreneur Disturbance Handler Resource Allocator
Negotiator
36
Tableau 1 : Les rôles d'un manager52
Rôle interpersonnel
? Figure
En tant que manager, il y a des responsabilités
sociales et juridiques. Il faut être source d'inspiration. Les
salariés se tournent vers vous comme une personne ayant autorité,
et comme un « figurehead ».
? Leader
Le leadership sur votre équipe est important et c'est
par là que vous gérez les performances et les
responsabilités de chacun par votre influence à créer une
atmosphère de respect et de confiance.
? Liaison
52 Henry MINTZBERG, Mintzberg on management,
1989
37
Les managers doivent communiquer avec des contacts internes et
externes. Il faut être en mesure de réseauter efficacement au nom
de votre organisation.
Rôle informationnel
· Surveiller
En cherchant régulièrement les informations
liées à votre organisation à votre marché, le
manager doit être capable d'être en mesure de prévoir les
changements pertinents dans l'environnement. Il est aussi question de
surveiller votre équipe, tant dans leur travail que dans leur
bien-être.
· Diffuseur
Il faut être capable de diffuser des informations utiles
à vos collègues et votre équipe.
· Porte-parole
Les managers parlent au nom de leur organisation et la
représentent dans leur comportement. Le manager est responsable de la
transmission des informations en interne comme en externe.
Rôle décisionnel
· Entrepreneur
En tant que manager, il a pour mission de créer et de
contrôler le changement. Cela signifie résoudre les
problèmes, organiser les nouvelles idées et leur mise en
oeuvre.
· Se préparer aux perturbations
Quand une organisation ou une équipe est face à
un obstacle inattendu, c'est le manager qui doit prendre en charge la gestion
de ce problème. Cela passe par la médiation.
· L'allocation de ressources
Il est aussi question du choix de déterminer où
les ressources organisationnelles sont les mieux appliquées. Il s'agit
de l'affectation de budgets, ainsi que de l'affectation du personnel et
d'autres ressources de l'organisation.
· Négociateur
Il peut être nécessaire dans certaines
situations de savoir négocier de façon agile et subtile.
38
Quatre compétences sont reconnues chez les bons
managers. Les premières sont les compétences conceptuelles car un
manager doit savoir analyser et diagnostiquer des situations complexes.
Deuxièmement, ce sont les compétences interpersonnelles car cela
permet de faire travailler un groupe en l'aidant à comprendre pour le
motiver. Les compétences techniques sont primordiales pour se
présenter tel un expert à son équipe dans les
connaissances techniques spécifiques à son emploi. Les
dernières compétences sont politiques car sans une bonne liaison
avec la direction et ceux qui ont le pouvoir dans l'organisation, cela freinera
l'efficacité et l'efficience de son management : besoin d'établir
des connexions.
39
2. Incompatibilité entre traditionalisme et
modernisme générationnel
Les entreprises occidentales sont très
méfiantes par rapport à l'arrivée des digital natives dans
le monde de l'entreprise. Une étude réalisée sur les
ressources humaines et les managers du monde entier ont
révélé que les préjugés et les
clichés étaient la norme53. Le monde de l'entreprise
sous-estime les différences de cette nouvelle génération
et ne réfléchit pas aux nécessités de profondes
modifications dans l'organisation de l'entreprise. Ces nouveaux employés
vont modifier l'organisation des entreprises en profondeur car : « les
capacités cognitives, le mode de production du jeune numérique
multitâche et hyperactif ne peuvent se satisfaire d'un modèle
fondé sur la parcellisation des tâches, le double contrôle
et la production linéaire ».54
Les techniques managériales traditionnelles ont fait
leurs preuves mais elles commencent à être en décalage avec
la réalité du XXIe siècle. Celle-ci « glissent vers
la communauté, non sans impact sur les missions des managers.
L'entreprise elle-même est remise en question par des formes
d'organisation ne reposant plus sur la relation salariale »55.
La hiérarchie même de l'entreprise en vient à être
distordue, l'organisation managériale allant du top-manager (providing
directions), du middle-manager (Translate what top managers want to first line
manager/manage other managers) au first-line manager (team leader, direct
employees) puis le non-manager.
La remise en question de ces « sacro-saintes conceptions
» basées sur des idéologies de plus d'un siècle
(subordination, salariat, spécialisation, standardisation, etc.) ne peut
pas se faire rapidement car les habitudes ont leurs habitués et les
managers de plus de 30 ans ne voient pas forcément cette ère de
changement d'un bon-oeil. Stanislas MAGNANT de Publicis explique pourquoi les
entreprises ne s'ouvrent pas aux digital natives : « Cela épargne
aux sociétés toutes les problématiques de formation et de
remise à niveau, comme ça peut être le cas pour les
personnes qui sont déjà en poste depuis quelques années,
et pour lesquelles ces nouveaux moyens de
53 DEYOE et FOX, Journal of Behaviorla Studies in
Business, 2011
54 Marie GREFFE, Les « digital natives
» : une nouvelle espèce de travailleurs, FAR, 2011, p. 1
55 Frédéric FRERY, Le management
2.0 ou la fin de l'entreprise ?, Dossier : La sortie de crise passe par
l'entreprise, 25/05/2010, p. 56
40
communication sont encore très obscurs et difficiles
à domestiquer ». Jean PRALONG, professeur de gestion des ressources
humaines écrira que « le fait de souligner ces comportements chez
les jeunes révèle surtout des difficultés des managers,
qui préféreraient ne pas être remis en cause dans leur
autorité »56. Frédéric FRERY en vient
à parler du management français comme un système de
castes. Il explique que l'évolution culturelle des digital natives
risque d'être très mal accepté en France «
aristocratie républicaine, colbertiste et jacobine ». Le management
français est pour lui aussi « strict que subtil, du souci de tenir
son rang et de prérogatives scrupuleusement codifiées ».
Napoléon III disait qu' « on ne remplace que ce
que l'on détruit » et cela risque d'être de même pour
le management moderne car il doit être complètement
repensé. On s'éloigne du management traditionnel classique «
décrit par FAYOL (prévoir, organiser, commander, coordonner,
contrôler), il doit plutôt élaborer, initier, filtrer,
animer et incarner la décision collective. Historiquement
décideurs, les managers deviennent mentors, modérateurs ou
porte-parole. Aucun concours ne prépare encore à ces types de
fonctions et les profils actuellement sélectionnés ne sont
clairement pas ceux qu'elles exigent » car on parle d'une nouvelle
génération active managée par des personnes de plus de 30
ans qui ne connaissent pas cette nouvelle démarche.
Le traditionalisme du monde de l'entreprise crée des
barrières dans l'évolution du management. Pierre MORGAT,
enseignant à l'école de commerce ICD - International Business
School explique que « Pour les français, changer 2 - 3 choses dans
l'organisation c'est impossible. Alors qu'aux Etats-Unis, en Allemagne, en
Belgique, même en Italie ou en Espagne, si vous proposez à une
entreprise d'augmenter leur chiffre d'affaires en changeant l'organisation, ils
seront toujours prêt ».
Pour Edouard LE MARECHAL, Co-Directeur de BVA Reason Why,
l'intégration des digital natives par l'évolution du management
est très importante car « l'enjeu est énorme ». Il
explique que « Vu le challenge que représentent les Digital Natives
dans
56 Jean PRALONG, L'image du travail selon la
génération Y, 2010
41
leur ensemble, cela va toucher à la fois au contrat
social entre l'entreprise et le salarié, à l'organisation du
travail, à l'organisation du groupe et enfin à la culture de
l'entreprise. Un certain nombre de rites, de codes vont voler en éclats
et vont être remplacés par d'autres. Les nouvelles
générations de salariés sont une énigme
inquiétante pour les Directions des Ressources humaines. Leurs
capacités cognitives, le mode de production du jeune numérique
multitâche et hyper réactif ne peuvent pas se satisfaire d'un
modèle fondé sur la parcellisation des tâches, le double
contrôle et la production linéaire. Le numérique renforce
d'éventuels comportements liés à la vision qu'ils ont de
leurs parents, de l'entreprise. Il y a deux niveaux : un niveau social au sens
politique du terme, ils ne veulent plus se faire berner par l'entreprise, ils
ne veulent plus être exploités, et il y a l'autre
côté où ils ont développé des façons
de travailler et de gérer leur activité cognitive qui ne rentre
plus dans les modèles actuels ». Les entreprises
préfèrent donc freiner les digital natives car ils les
comprennent mal et voient bien plus leur comportement comme un risque dans la
sécurité de l'entreprise qu'une opportunité. La mutation
du management est par conséquent très lente en France.
42
3. Du changement dans le management de la personne ?
Dans tous les cas, comme le dit Carlos DIAZ, PDG de Blue
Kiwi, « Avec le débarquement des « Digital Natives », le
changement se fera avec ou sans l'approbation des directions
générales ». On risque bien d'en arriver là si les
managers, première frontière avec l'employé digital
native, n'ouvrent pas les yeux assez vite. Par exemple, la Net Generation
cherchera l'information ailleurs si les outils internes ne sont pas
présents. Stanislas MAGNANT, consultant chez Publicis et fondateur de
Net.politique explique que « Quoiqu'il arrive, les jeunes continueront
à utiliser des outils qui leur sont familiers, quitte à
créer leurs propres réseaux. Les DSI ne peuvent pas se permettre
de laisser pousser des intranets parallèles, plus ou moins bien
sécurisés, et réseaux sociaux parallèles et autres
outils collaboratifs sur Facebook ou sur Google Docs par exemple. devront se
mettre au diapason ».
« Si vous-mêmes n'êtes pas pratiquants,
soyez au moins croyants... ce qui demande un peu de modestie de votre part,
mais il en va de la sécurité du système informatique de
l'entreprise », prône Carlos DIAZ.
Bouleverser l'ordre établi, c'est forcément
compliqué. Une entreprise comme une société a toujours
été un mélange de générations, de cultures,
de coutumes, de comportements... Deux possibilités s'offrent à
chaque société, chaque entreprise, chaque manager : soit ils
acceptent les nouveaux comportements des digital natives et cherchent à
en tirer profit, soit ils ne cherchent pas à utiliser les
opportunités de cette génération et risquent de se voir
dépasser par la tendance car ils auront pris trop de retard sur la
modernité. « Le gros challenge des DRH (et des managers) va
être de mettre un ordre et de gérer tout cet ensemble de la
façon la plus harmonieuse possible, pour éviter le clash. Ils
devront faire accepter un certain nombre de contraintes de l'entreprise aux
Digital Natives et faire accepter aux autres qu'ils vont être
obligés de modifier leurs habitudes de travail. Il va être
compliqué d'expliquer aux personnes qui
43
ont vécu dans un principe hiérarchique
autoritaire qu'ils vont peut-être continuer à accepter
l'autorité supérieure mais ne pourront plus l'exercer sur leurs
subordonnés. Cela va être problématique. Il risque d'y
avoir d'autres contradictions de ce type ». Les théories de la
contingence soutenues par LAWRENCE et LORSCH permettent de clarifier
l'évolution du management. Celui-ci n'est pas universel, il s'adapte
à chaque organisation, à chaque structure mais aussi à des
facteurs contingents qui sont :
? L'environnement
? Le type de production
? La taille de l'entreprise
? L'âge de l'organisation
? Le profil des salariés
L'évolution du management tend à mettre le
l'individu au centre de la vision managériale. On remarque que les
anciens styles de management dont l'organisation taylorienne sont encore bien
trop utilisés dans les entreprises françaises. Le Management
Moderne57 est une des ouvertures qui nous laisse penser que le
manager va s'adapter à cette nouvelle génération.
Nous pouvons conclure que le point capital à la
réussite du futur de l'entreprise et du management, ce sera le travail
d'équipe comme le développe Edouard LE MARECHAL « Il est
certain que les visions vont s'affronter car elles sont opposées sur
beaucoup de points, mais il n'est pas sûr qu'il y ait des gagnants et des
perdants. Il est vrai que les Digital Natives ont aussi des codes et des rites
qui sont pour certains intéressants et d'autres inutiles ou simplement
symboliques. Il va y avoir des arbitrages à faire. Il est souhaitable
que naisse une troisième vision. Je pense qu'il faudra ajouter, pour que
tout cela fonctionne, de l'envie, de l'envie de travailler ensemble. Cela va
être un point important, notamment pour ceux qui sont déjà
en place. Ce moment sera assez crucial. Il va falloir tout d'un coup changer
nos façons
57 Michel NEKOUROUH, Les 100 du Management Moderne (Les
100 Règles d'or, Astuces, Conseils & « Best Practices
»), Edition Katamaran Entreprise, 2010
44
de travailler et cela va peut-être redonner du sens
à nos propres activités professionnelles».
45
C. Quel management pour la génération
digitale ?
Nous souhaitons chercher à savoir comment le manager
doit apprendre à gérer le digital native. Trois
éléments vont être étudiés :
? Le manager comprend-il le digital native ?
? Comment le manager les motive-t-il ?
? Le manager, la direction et les RH ont-ils eu une
réflexion sur la fidélisation du digital native afin de garder
les forces en entreprise ?
Carlos DIAZ a révélé le retard de la
France en termes d'intégration du digital native en entreprise.
Cependant, il n'oublie pas de préciser que la France est « en phase
d'intellectualisation » de ce phénomène. Et cette phase
provient d'un constat simple, d'ici 2020, les digital natives seront les plus
nombreux en activité en France devant toutes les autres
générations, il est grand temps de réfléchir
à leur intégration en entreprise avant de perdre cette jeunesse
au profit d'un concurrent.
46
1. Comprendre
Il ne faut pas croire que les digital natives sont des
joueurs perpétuels et que le monde de l'entreprise les
désintéresse car ils sont fainéants. La
non-compréhension des plus de 30 ans soit les cadres, les managers, la
direction, les ressources humaines... a de quoi exaspérer les digital
natives. Ils ne sont pas non plus les antonymes de ces gens-là, ils
aspirent au même besoin de réussite. Cependant, la réussite
du digital native ne passe plus forcément par les mêmes besoins.
Si le manager veut gérer avec diplomatie ces nouvelles recrues, il devra
commencer par les comprendre.
Dans l'ensemble des ouvrages traitant de la question de cette
génération, la caricature et le stéréotype sont
habituels. Il n'est pas étonnant que ceux de plus de 30 ans se
méfient comme le prouve cette étude réalisée sur
les ressources humaines et les managers qui révèlent que les
préjugés et les clichés sont la norme à propos des
digital natives58.
Par exemple, le manager doit acquérir le
réflexe du travail d'équipe car « habitués à
évoluer en tribu, ils veulent travailler dans la convivialité
», remarque le directeur de Talentys du cabinet dans la gestion de
talents, David GUILLOCHEAU. Un vrai besoin de confiance avec son manager
émane de cette génération : transparence,
exemplarité, coaching, proximité et un bon relationnel.
Il est vrai que les digital natives ont beaucoup d'exigence par
rapport à l'entreprise o ils seront employés. Cependant, ils sont
aussi source d'opportunités.
58 DEYOE et FOX, Journal of Behaviorla Studies in
Business, 2011
47
2. Motiver
On peut lire sur les blogs et les forums que la
génération Y est fainéante. Les managers disent souvent
que s'ils ne sont pas derrière leur dos constamment, ils ne sont pas
productifs. C'est là o intervient l'art du management. Si la relation
entre le manager et le managé n'est pas optimal, le managé ne se
donnera pas totalement à son entreprise. La motivation est le fer de
lance d'un manager de qualité. Pour cela, premièrement, il aura
dû réussir tout le travail de compréhension du digital
native. Deuxièmement, il devra utiliser la dimension humaine de sa
mission. Pour motiver, il faut croiser la capacité d'utiliser les outils
et les méthodes scientifiques du management tout en se personnalisant
pour chaque équipe, chaque individu. Le problème lié
à la motivation du digital native, c'est que ces deux facettes ne sont
pas optimales pour cette génération du fait qu'il n'y a que
très peu de formation aux management des digital natives et que de plus,
le manager a une mauvaise compréhension de son univers, de ses besoins
et de ses capacités.
Bien évidemment, les grandes fondations qui motivent
chaque personne n'ont pas changé. Les cinq catégories sont le
processus que chaque individu tend à obtenir. Il y a tout d'abord les
besoins physiologiques, les besoins de sécurité, les besoins
d'appartenance, les besoins d'estime et les besoins de réalisation de
soi-même59. Cependant, on ne peut se limiter à cela
pour expliquer comment motiver les digital natives. De nombreux formateurs en
parlent dont Rémi RENOULEAU, fondateur de 3H Coaching, pour lequel les
digital natives sont en « quête de sens ». Il conseille «
d'éviter trop de directif au profit du participatif, d'apporter du
feedback car ils ont l'habitude de donner leur avis sur le Net et d'avoir un
retour rapide ». Julien LEVILAIN, directeur commercial de Buzzman ajoutera
qu' « Ils ont besoin de se sentir utiles, de croire en ce qu'ils font, et
montrent une plus grande exigence sur la qualité de vie au travail
».
59 A. MASLOW, A theory of Human Motivation,
1943
48
Savoir motiver, c'est aussi devoir changer ses process et son
organisation afin de les actualiser à ses nouveaux salariés. Pour
les digital natives, l'évolution des processus passera par « D'un
côté des process permettant l'immédiateté et la
réactivité, de l'autre des process plus dans le contrôle et
la mesure. Il va falloir faire fonctionner ces deux approches de façon
simultanée. Une des solutions pour faire accepter ces différences
serait de mettre en évidence très vite les
caractéristiques des Digitals Natives, en les présentant comme
des atouts pour l'entreprise tout en faisant la même chose sur les
autres. Présenter leur arrivée comme une opportunité pour
l'évolution de l'entreprise pourrait être un bon moyen
d'éviter le choc générationnel. Il y a peut-être,
également, la possibilité de s'appuyer sur le fait que
l'environnement de l'entreprise change également. Les entreprises se
retrouvent dans des environnements de plus en plus concurrentiels (clients,
pays émergents, changements réglementaires...). Cela va
entraîner un bouleversement des organisations. On peut donc
considérer que les Digital Natives peuvent être un des ressorts
pour s'adapter à cette mutation. » indique le Co-Directeur de BVA
Reason Why. Edouard LE MARECHAL lors de son entretien avec Anne-Sophie Duguay
de
http://www.myrhline.com.
49
3. Fidéliser
Si la question de la fidélisation se pose, c'est que
les jeunes ne sont plus satisfaits des modèles traditionnels de
l'entreprise. Ils sont aujourd'hui de véritables consommateurs
d'entreprises, ils puisent tout l'apprentissage disponible dans la
société et une fois qu'elle n'a plus rien à leur
apprendre, la quittent pour se faire une expérience ailleurs. Les grands
groupes le savent aujourd'hui, la génération des digital natives
est la plus difficile à séduire car ils cherchent à avoir
un bon salaire tout en ayant des missions motivantes, de l'autonomie, un cadre
agréable... Par exemple, pour ce qui est des nouvelles technologies, le
retard de certaines entreprises peut exaspérer certains des natifs
numériques et comme l'explique Elisabeth DE MAULDE, présidente du
cabinet Pierre Audoin Consultants : « Les entreprises seront
forcément amenées à intégrer ces nouvelles
technologies si elles veulent attirer et surtout garder les bon profils ».
Elle ajoute que « Les digital natives veulent retrouver en entreprise un
cadre dynamique et agréable, comme chez eux ». La SSII GFI
Informatique a compris l'importance de faire de la rétention de cette
génération : « Les jeunes de la génération Y
s'intègrent d'autant plus vite qu'on ne les prend pas pour des ovnis,
mais, au contraire, que nous valorisons leurs connaissances et leur
savoir-faire ». Carlos Diaz souligne que « Les jeunes
privilégient des modèles qui valorisent à la fois
l'individu, et qui lui permettent de travailler de façon collaborative,
en exploitant des outils qui lui sont familiers. »
Ce qui surprend le plus les digital immigrants, c'est cette
capacité qu'ont les digital natives en temps de crise à refuser
un poste si les conditions de travail ne leur conviennent pas.
50
Synthèse du management des digital
natives
Une génération, pour un sociologue, est une
population démographique née à une même
période. Les digital natives sont une génération
d'individus ayant entre 15 et 24 ans et façonnée par les
technologies numériques, ils ont une forte activité sur le web
depuis au moins 5 ans. Marc PRENSKY démocratisa le terme de digital
native dans Digital Natives, Digital Immigrants (2001). Les digital
natives désignent la 1ere génération à avoir connu
depuis toujours les nouvelles technologies. La première
génération est née à partir de 1980. Il y a
aujourd'hui 30% de la population mondiale qui sont des digital natives.
Il y a de très nombreux concepts sur le digital
native. Nous avons pu soulever au moins 5 comportements qui font que le digital
native est différent du digital immigrant de plus de 30 ans :
· Ultra-connecté
· Espace & Temporalité
· Multitâche
· Hyper-communicant
· L'autorité...
Selon l'INSEE, la population active est estimée
à 26 millions d'employé en 2011. 31% de la population active avec
un emploi est donc un digital native. D'ici 2020, les digital natives seront
les plus nombreux en activité en France devant toutes les autres
générations. L'entreprise et le manager ne sont pas performants
face à cette nouvelle génération car ils ont des
problèmes à :
· La comprendre
· La motiver
· La fidéliser
51
Hypothèses
Hypothèse 1
Les digital natives sont plus à l'aise avec les
nouvelles technologies que les digital immigrants. Du fait qu'ils sont
nés dans un environnement uniquement numérique, ils n'ont pas eu
besoin d'apprendre à utiliser ces NTIC car ils ont grandi pendant
qu'elles se démocratisaient. A l'inverse, le digital immigrant a plus de
30 ans et a vécu dans un univers sans le digital. Lorsque cette vague de
modernité est arrivée, les digital immigrants n'étaient
plus adolescents alors que cette phase est la plus propice à
l'apprentissage. Pour donner un exemple concret, un enfant né en Espagne
parlera surement mieux espagnol qu'un adulte arrivant en Espagne. C'est une
métaphore pour expliquer la situation des digital immigrants. Bien
sûr, ils ont réussi à se mettre à jour. Cependant,
ils n'ont pas tous les automatismes qui font que les digital natives sont plus
à l'aise (impression des mails, retard sur les réseaux
sociaux...).
Hypothèse 2
Il y a une fracture comportementale entre les digital natives
et les digital immigrants. Cette fracture s'est créée en partie
du fait que les digital natives ont grandi en même temps que l'expansion
du numérique. Plusieurs points ont produit cette fracture :
ultra-connecté, espace & temporalité, multitâche,
hyper-communicant, le non-respect de l'autorité...
Hypothèse 3
Les hypothèses 1 & 2 prouvent qu'il y a fracture
entre le monde de l'entreprise et le digital native. Le monde de l'entreprise
voit le digital native comme une menace à la sécurité de
l'information, de son organisation... sans réfléchir aux
nombreuses opportunités.
52
Hypothèse 4
L'hypothèse 3 explique en partie pourquoi le manager ne
sait pas manager ses employés digital native sur 3 aspects :
? Comprendre / Gérer
Le manager ne comprend pas totalement ses nouvelles recrues. Par
conséquent, il n'arrive plus à les gérer aussi
efficacement qu'il le pourrait.
? Motiver
Du fait de la mauvaise compréhension du manager pour
cette génération, il ne sait plus les motiver de manière
optimale.
? Fidéliser
Le manager fait face à cette fracture entre le monde de
l'entreprise et le digital native et ne sait plus comment fidéliser ce
managé si frivole, à son entreprise.
53
II. Diagnostic managérial
générationnel
A. Du point de vue des acteurs
1. L'intelligibilité du manager a. La
méthodologie
J'ai réalisé six entretiens qualitatifs
auprès de managers. Ils sont managers dans l'industrie
aéronautique, dans la santé, dans la restauration, dans la
communication... et ont tous dans leurs équipes des digital natives et
des digital immigrants. L'objectif de ces entretiens :
? Connaitre leur équipe
? Savoir s'ils reconnaissaient des différences dans
leurs salariés entre les plus et les moins de 30 ans
? Connaitre leur définition de digital native, digital
immigrant. Savoir s'ils en avaient dans leur équipe.
? Apprendre les forces et les faiblesses des digital natives
selon eux.
? Savoir comment ils comprenaient, géraient,
motivaient et fidélisaient les digital natives dans l'équipe et
dans l'entreprise.
L'intérêt de nos interviewés, c'est qu'il
y avait tous les styles de managers. Les équipes managées
allaient de 2 salariés à 40 salariés. La fourchette
d'âge des équipes étaient en moyenne de 25 à 55
ans.
La méthodologie de notre étude qualitative
auprès des managers a été réalisée selon nos
lectures scientifiques60. Nous avons souhaité créer un
entretien guide mais libre dans la réponse. Il y a donc le
mélange entre le style directif, car l'ensemble des questions
étaient écrites et notre entretien suivait un chemin
défini, et un style non directif car nous ne souhaitions pas obtenir des
réponses fermées, entre Oui et Non,
60 THIETART Raymond-Alain, Méthodes de recherche en
management, Dunod, Paris, 2007
54
nous voulions vraiment laisser le participant
réfléchir à chacune des questions et qu'il puisse parler
du sujet librement. Le guide était en 9 étapes :
Etape 1 : Vous et votre entreprise
· Nom, Prénom ?
· Quel est le nom de votre entreprise ?
· Quel est le secteur d'activité de votre entreprise
?
· Quel est votre poste dans votre entreprise ?
Etape 2 : Vous et votre équipe
· Combien managez-vous de salarié(s) ?
· Quelle est la fourchette d'âge de votre
équipe ?
Etape 3 : Comparaison des plus et des moins de 30 ans
selon vous
· Y a-t-il des différences entre les salariés
de plus de 30 ans et ceux de moins de 30 ans ? Si oui, lesquelles ? Si non,
pourquoi ?
· Voyez-vous des différences dans leur comportement
?
· dans leur savoir ?
· dans leur savoir-faire ?
· dans leur savoir-être ?
Etape 4 : Votre compréhension des notions des
digital natives et immigrants
· Qu'est-ce que le terme de digital native (ou natif
numérique) vous évoque?
· Qu'est-ce que le terme de digital immigrant vous
évoque ?
Etape 5 : Votre vision du digital native en tant que
salarié
· Avez-vous dans vos équipes des digital natives
?
· Quelles sont leurs forces ?
·
55
Quelles sont leurs faiblesses ?
· Certaines fonctions dans l'entreprise correspondent-elles
plus aux profils et aux compétences des digitales natives ?
Etape 6 : Votre management des digital natives en
comparaison avec celui des digital immigrants
· Comment managez-vous vos digital natives ?
· Comment managez-vous vos digital immigrants ?
· Quelles sont les différences que vous effectuez
dans le management des digital natives et le management des digital immigrants
?
Etape 7 : Votre compréhension de cette
génération pour mieux les gérer
· Comprenez-vous vos employés digitales natives ?
· Comment les gérez-vous ?
Etape 8 : Votre management pour motiver cette
génération
· Comment réussissez-vous à MOTIVER vos
digitales natives ?
Etape 9 : Votre management pour les
fidéliser
· Comment faites-vous pour les FIDELISER et garder leur
force dans l'entreprise ?
56
b. Retranscription synthétique de
l'étude qualitative auprès des managers
Pour Dario POLLACCI, Responsable Service chez Liebherr et
manager de 12 salariés en interne et de 15 en externe à
l'entreprise (sous-traitants), la pyramide des âges montre que sur
différents échelons d'âge, les générations
ont des objectifs différents. Les moins de 30 ans sont davantage «
intéressés par l'argent ». Jusqu'à 45 ans, il y a un
besoin d'avoir « un positionnement important dans les échelons
professionnels », après 45 ans, ils recherchent « l'estime des
autres et la reconnaissance ». Florence ARENOU, Médecin Chef au
Logis des Francs, structure hospitalière, et manager de 40
salariés, et Delphine ROUDOT, Chef de Projet Digital à HighCo et
manager de 2 salariés, semblent dire la même chose, les
compétences sont égales, c'est plutôt les comportements qui
sont différents et qui évoluent avec le temps.
Selon nos managers, voici la liste des forces qu'ils m'ont
cité :
· Rapidité
· Maitrise des outils
· Polyvalence
· Curiosité
· Outils informatiques
· Adaptation
· Compréhension
· Réactivité
· Ouverture d'esprit
· Créativité
· Multitâche
Selon nos managers, voici la liste des faiblesses qu'ils m'ont
cité :
· Dispersion
· Manque de connaissance de fond
· Concentration
57
Pour un fondateur d'une agence de communication digitale (nom
non cité) : « Le problème des digital natives, c'est qu'ils
prennent le travail comme un jeu et n'ont pas toujours conscience de certains
risques lorsqu'ils communiquent avec l'extérieur de l'entreprise. En
tant que manager, je suis obligé de les fliquer. » Pour Dario
POLLACCI, ils ont une force qui est aussi une faiblesse : « la
facilité de trouver tout de suite, sans réfléchir, a
amené un manque de connaissance de fond. L'avantage, c'est la
capacité de répondre très rapidement. » Vincent
GREGOIRE-DELORY, Maître de Conférences à
l'Université catholique de Toulouse, ira jusqu'à dire qu'avec
« la plasticité du cerveau, le cerveau va s'adapter à
ça, un cerveau moins académique. Des générations un
peu naïves car sans l'ordinateur, on est un peu plus malléable
».
Par la suite, j'ai cherché à savoir s'ils
effectuaient des différences de management entre les digital natives et
les digital immigrants. Pour l'ensemble des managers, la réponse fut
oui. Florence ARENOU dira qu'elle « essaye d'être plus souple, moins
autoritaire (avec les plus de 30 ans) pour qu'ils ne se trouvent pas en
difficulté. Elle expliquera aussi qu'elle a un management plus
traditionnel car elle est elle-même une digital immigrant par
conséquent, elle est plus dure et plus sévère avec les
digital natives. Pour Dario POLLACCI, « leurs attentes sont
différentes ». Avec les moins de 30 ans, il doit être «
plus direct et malheureusement leur donner moins de marge de manoeuvre car ils
n'ont pas une implication à long terme ».
Dario POLLACCI explique qu'il a du mal à les
gérer car il n'est pas un digital native et pour lui : « la
fracture existe » et « la différence crée la faiblesse
».
Pour les motiver, les managers interviewés essayent de
les pousser à innover et les laisser prendre des initiatives.
L'autonomie est un autre point abordé. Pour les fidéliser, la
reconnaissance dans leur travail, un cadre de travail agréable... sont
des méthodes utilisées. Cependant, on nous dit aussi que c'est
« impossible (de les fidéliser) ». « On fêtait
avant des retraites de 35ans d'entreprises. Aujourd'hui, il faut leur laisser
la possibilité de partir quand ils veulent, ce sont les plus mauvais
qui
58
acceptent de rester ». Pour les autres « 5 ans
maximum et après c'est mort. Ils préfèrent des primes car
l'argent est là tout de suite plutôt que des augmentations de
salaire qui sont dans le long terme ».
Malgré cela, Delphine ROUDOT minimise cet écart
générationnel en disant que « s'ils n'ont pas grandi avec le
digital (les digital immigrants) ils ont le force d'en avoir saisi les enjeux,
les opportunités et les limites ».
59
2. Le digital native se connaît-il lui-même ?
a. La méthodologie
Nous avons souhaité connaitre l'avis du digital native
à propos de l'opinion qu'il a de lui-même, de ses semblables et
des autres, les digital immigrants. Pour cela, nous avons réalisé
un entretien semi-directif auprès de 2 groupes de digital natives. Le
premier était composé de 7 personnes de 22 à 27 ans. Ils
sont étudiants, avec ou sans alternance ou salariés. Le
deuxième groupe était composé de 4 personnes de 21
à 24 ans, tous étudiants. Ils étaient bel et bien des
digital natives car je savais leur date de naissance et je leur avais tous
demandé par téléphone avant l'entretien de façon
anodine s'ils utilisaient fréquemment le web et depuis quand ils
l'utilisaient. Nous avons réalisé chacun des entretiens
semi-directifs suite à la lecture d'ouvrages
spécialisés61 afin de mieux organiser notre processus
d'entretien.
Phase 1 : Création du guide
Suite à notre étude scientifique et à nos
hypothèses, nous avons cherché à connaitre l'opinion des
digital natives à propos de 2 thèmes avec des sous-thèmes
:
Digital native
? Que pensez-vous de ce phénomène ?
? Avez-vous le sentiment de représenter cette
génération ?
Monde de l'entreprise
? Digital native / Digital immigrant
? Le comportement du manager envers vous
o Est-il différent car vous êtes digital natives
o Vous comprend-il ?
61 THIETART Raymond-Alain, Méthodes de recherche en
management, Dunod, Paris, 2007
o
60
Vous motive-t-il ?
o Vous fidélise-t-il ?
Phase 2 : Introduction de l'entretien
La consigne de départ est identique à un
entretien non directif, le sujet est large : « Parlez-moi des digital
natives ». Suite à cette phrase d'introduction, nous
récoltons l'ensemble des discussions autour de ce thème qui fait
parfois débat. Il y a des avis tranchés et d'autres plus
discrets. Il y a des leaders et des suiveurs. A la fin de cette 2e phase, nous
synthétisons et attendons pour savoir s'ils valident. Si ce n'est pas le
cas, attendre à nouveau qu'ils finissent et synthétiser
jusqu'à ce qu'ils approuvent.
Phase 3 : Processus guidé
Sur cette étape, nous repartons sur un style directif
en introduisant chaque thème. S'ils n'ont pas parlé des
sous-thèmes souhaités, nous reprenons en main l'entretien pour
présenter le sous-thème. Après chaque thème et
chaque sous-thème, nous synthétisons et attendons leur
acquiescement.
Phase 4 : Discussion non-directive
Après chaque ouverture d'un thème ou d'un
sous-thème, les discussions et les débats reprennent. Les
idées fusent et les participants parlent souvent en même temps et
rebondissent sur chaque idée.
Phase 5 : Conclusion générale
Tant que chaque thème et chaque sous-thème n'ont
pas été évoqués, il faut repartir redevenir
directif puis être à nouveau non-directif. A la fin,
réaliser une synthèse générale des synthèses
sous forme de conclusion à faire valider bien évidemment par nos
participants.
61
b. Retranscription synthétique de
l'étude semi-directive auprès des digital
natives
Les participants savent tous ce que sont les digital natives.
Ils définissent ces personnes comme étant nées avec le
numérique. Ils en rient même en se rappelant le bruit du modem
Internet quand ils se connectaient « à l'époque ». Ils
se demandent bien comment les « plus vieux » ont pu vivre sans les
nouvelles technologies. Pierre, 25 ans, nous racontait qu'il jouait à
l'époque sur des disquettes. Mélissa, elle, nous expliquait que
la mode quand elle était au collège, c'était MSN+, une
version beta de MSN qui permettait de mettre des sons dans la discussion...
Tout le monde a sa petite anecdote sur la démocratisation du web.
Quand on en vient à parler du sous-thème sur le
sentiment qu'ils ont de représenter cette génération, les
réponses divergent d'une personne à l'autre. Pour la
majorité, ils se sentent bien être des digital natives car ils ont
l'impression de manier l'ordinateur et le web aisément. L'ensemble du
2e groupe o il n'y a que les étudiants sont
entièrement d'accord avec cela. Mara explique que « ma mère
n'arrive jamais à rien sur le PC (personal computer), j'ai beau lui
montrer 100 fois ça ne rentre pas ». Mara, soutenue par les autres
participants, vient d'admettre qu'une partie des digital immigrants n'a pas
appris à utiliser le numérique. Lucas, 22 ans, se demande s'ils
ne sont pas devenu accro à leur ordinateur portable et leur smartphone
« Regardes, quand tu es en soirée et que tu t'ennuies, comment
ferait-on si on n'avait pas notre portable dans la poche ? ». Pour une
grande partie, ils soutiennent même se sentir complètement
différents des anciennes générations car ils sont tout le
temps connectés.
Cependant, pour un tiers des participants du 1er
groupe, le terme de digital native est un peu fort. Marine dira que « dans
la définition, oui c'est nous les digital natives mais les plus digital
natives sont la génération d'après ». Cette phrase
n'est pas restée anodine dans la discussion car plusieurs ont
acquiescé dans le 1er groupe et ils ont commencé
à dire « c'est impressionnant les bébés sur les
tablettes » et à raconter des
62
expériences où ils ont pu voir des enfants
être très à l'aise avec les nouvelles technologies. Ils
sont tout de même d'accord avec le fait que théoriquement, ils
sont aussi des digital natives.
Quand la discussion débuta sur le sujet de l'entreprise
et des digital immigrants présents, les 2 groupes étaient
d'accord. « Certains vieux ont vraiment du mal », lance Lucas. Alice
qui est en alternance explique que « le digital c'est comme les langues,
si tu immigres jeune dans un nouveau pays, tu vas facilement devenir bilingue.
C'est pareil pour nous, on est né dans le digital ça a
été bien plus facile d'apprendre ». Cependant, le
2e groupe met en lumière le fait qu'énormément
de digital immigrants sont maintenant aux mêmes niveaux et cela
grâce en partie aux formations internes. Cependant, ils sont en
léger décalage sur les nouvelles utilisations. Pauline qui est en
alternance aussi soupire et explique que « dès qu'on parle digital
ils pensent à moi » en parlant de ses collègues de
travail.
Pour ce qui est des managers, ils sont différents selon
eux, s'ils ont moins de 30 ans ou plus de 30 ans car leurs attentes ne seront
pas du tout les mêmes. A plus de 30 ans, l'organisation et la
hiérarchie sont des choses auxquels ils sont bien plus attachés.
A moins de 30 ans, le management est moins vertical mais bien plus horizontal
selon les participants : « Il me demande mon avis ». Il est vrai que
si le manager est lui-même digital native, son management en est-il aussi
modifié ? Ils soulèvent une question intéressante mais, on
a pu le voir pour ceux qui travaillaient, le manager et la hiérarchie a
souvent plus de 30 ans.
Ils sont conscients de leurs différences, de leurs
forces et de leurs faiblesses mais ils n'acceptent pas la caricature que font
les digital immigrant de leur génération : « On n'est pas
des robots » selon Mara. Cette phrase est révélatrice du
manque de compréhension du monde de l'entreprise pour cette
génération.
63
B. Enquête comparative
intergénérationnelle
Notre étude quantitative porta sur quatre sujets. Le
contexte numérique de chacun, les connaissances numériques, les
personnalités et les comportements en société et en
entreprise. L'objectif de cette étude était de comparer sur ces
quatres points les digital natives aux digital immigrants. Il y a eut un total
de 207 réponses en environ 1 mois :
Tableau 2 : Date de saisie des réponses aux
questionnaires via Sphinx Online62
Le souhait était d'avoir un nombre représentatif
de personnes de moins de 30 ans et
de personnes de plus de 31 ans. Mon
objectif était de 100 personnes de moins de 30
62 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
64
ans et 100 de plus de 30 ans. Pour y arriver, le questionnaire
a été dans un premier temps publié sur Sphinx Online
à l'adresse suivant :
http://enquete.campus-igs-toulouse.fr/Etudiant/Managementdedemain/index.htm
Le questionnaire a été partagé en masse
par emailing à l'ensemble du campus IGS, par emailing à mes
contacts personnels et professionnels, sur les réseaux sociaux
(Facebook, Twitter), les réseaux sociaux professionnels (LinkedIn,
Viadeo), par emailing à l'ensemble de l'entreprise Natixis Lease et sa
filiale Natixis Car Lease. Cela a permis d'atteindre mon objectif de 200
réponses.
Tableau 3 : Moins de 30 ans et les plus de 31 ans ayant
répondu aux questionnaires
via Sphinx Online63
Cette segmentation de l'âge provient de notre
étude scientifique qui nous permettait de comprendre la limite de
l'âge entre les digital natives et les digital immigrants à 30
ans. Cependant, voici Tableau 4 le détail des âges des
interrogés.
63 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
65
Tableau 4 : Segmentation par l'âge des interrogés
via Sphinx Online64
On critiquera la surreprésentation de ceux entre 21 et
24 ans (31%). A part ce problème, nous avons une bonne
représentation de la population par rapport aux besoins de notre
étude.
Pour ce qui est du sexe, nous sommes à environ 50 % homme,
50% femme.
64 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
66
Tableau 5 : Segmentation par le sexe des interrogés via
Sphinx Online65
Le gros problème lié à notre étude
et cela se verra dans certaines réponses, c'est la non
représentativité des classes socio-professionnelles (cf Tableau
6).
Tableau 6 : Segmentation par la catégorie
socio-professionnelle des interrogés via
Sphinx Online66
65 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
66 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
67
Le grand problème qu'on ne voit pas tout de suite en
regardant le Tableau 6, c'est que les personnes ayant plus de 31 ans et ayant
répondu à ce questionnaire viennent pour 80% de Natixis Lease ou
Natixis Car Lease. Ces deux entreprises sont des filiales de Natixis faisant
elle-même parti du Groupe BPCE : Groupe Banque Populaire et Caisse
d'Epargne. Depuis la stratégie de digitalisation pour 2014 - 2017 du
Groupe BPCE, les employés sont soumis à de très nombreuses
formations en interne sur le web, le numérique, le digital, les
réseaux sociaux, la sécurité informatique, l'intelligence
économique... Ceux de plus de 31 ans étaient donc bien trop
formés sur mon sujet. Malgré ce fait et la
surreprésentation des étudiants et la sous-représentation
d'autres CSP, cela n'empêche pas d'avoir de bons éléments
pour participer à l'étude terrain du management des digital
natives.
Pour introduire ce questionnaire, nous avons voulu
délimiter les digital natives (cf Tableau 7).
Tableau 7 : Depuis quand les interrogés utilisent
Internet via Sphinx Online 67
Les quelques 3% des moins de 30 ans utilisant Internet depuis
moins de 4 ans n'ont pas été utilisés dans l'analyse du
questionnaire car selon la définition des digital natives dans la partie
scientifique : les digital natives ont utilisé Internet depuis au moins
5 ans. Première chose qu'on peut remarquer dès cette
introduction, 8 personnes sur 10 de 31 ans ou plus utilisent Internet depuis
plus de 10 ans ce qui est supérieur de
67 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
68
35 points par rapport à ceux de 30 ans ou moins.
Cependant, 7% des personnes de 31 ans ou plus utilisent Internet depuis moins
de 4 ans alors que ce n'est que 3% pour ceux de 30 ans ou moins.
Tableau 8 : Fréquence de consommation du web des
interrogés via Sphinx Online68
On note Tableau 8 que presque 100% des 30 ans ou moins utilisent
le web de façon quotidienne quand cela n'est le cas que pour 90% des 31
ans ou plus.
Tableau 9 : Les technologies possédées par les
interrogés via Sphinx Online69
Comme on peut le voir Tableau 9, les trentenaires ou moins
sont plus équipés en nouvelles technologies que ceux de plus de
30 ans. C'est le cas pour les smartphones avec une différence de 11
points (96% pour les plus jeunes à 85% pour les plus
âgés),
68 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
69 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
69
l'ordinateur portable avec 6 points (98% à 92%), les
consoles de jeux avec 11 points (45% à 34%), les lecteurs mp3 (48%
à 42%) et les objets connectés avec 6 points (16% à
10%).
70
1. Connaissances
Pour améliorer la performance de notre étude,
nous avons voulu utiliser un questionnaire déjà employé
par Eszter HARGITTAI, Professeur agrégé au département des
Sciences de la Communication de Northwestern University, qui démontra
que les digital natives n'étaient qu'un mythe70. Si j'ai
souhaité utiliser les mêmes méthodes que son travail,
c'était pour prouver que son étude était incomplète
car elle cherchait les différences entre digital natives alors qu'il
aurait fallu comparer les digital natives aux digital immigrants. Suite
à ma prise de contact avec Eszter HARGITTAL par mail, elle m'indiqua o
je pouvais obtenir de l'information sur son travail 71 . Cependant,
je me suis permis de rajouter quelques éléments à son
questionnaire et d'en retirer d'autres pour l'actualiser.
Nous comparerons nos résultats entre digital natives et
digital immigrants et aussi entre nos réponses françaises et ses
réponses américaines.
Pour l'ensemble de cette partie qui concerne les
compétences sur le web, nous avons utilisé la méthode de
Eszter HARGITTAI qui est de noter la compréhension qu'on a de l'item
entre une mauvaise compréhension à une excellente
compréhension.
Tableau 10 : Compréhension de l'item « blog »
par les interrogés via Sphinx Online72
70 Eszter HARGITTAI, Digital Natives or Digital
Naïves ? Internet Skills among Members of the « Net Generation
», 2012
71 Eszter HARGITTAI et Y.P. HSIEH, Succinct Survey
Measures of Web-Use Skills. Social Science Computer Review, 2012
72 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
71
Le Blog qui est une forme de site web est bien compris pour 9
personnes sur 10 de moins de 31 ans quand c'est le cas à 10 points de
moins pour les plus de 30 ans. On note que plus de la moitié des moins
de 31 ans pensent avoir une excellente compréhension de ce qu'est un
blog.
Tableau 11 : Compréhension de l'item « JPG » par
les interrogés via Sphinx Online73
Le JPG et JPEG est le format d'enregistrement d'une image
fixe. Ce terme est bien compris par 75% des digital natives alors qu'il est
compris à 5 points de plus par les digital immigrants. 1 digital native
sur 10 à une mauvaise compréhension de ce qu'est cet item.
Tableau 12 : Compréhension de l'item « PDF » par
les interrogés via Sphinx Online74
73 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
74 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
72
Le PDF qui est un format protégeant la mise en forme
d'un fichier compris de manière égale entre ceux les digital
natives et les digital immigrants soit à environ 90%.
Tableau 13 : Compréhension de l'item « spyware
» par les interrogés via Sphinx
Online75
Le Spyware qui est un logiciel espion, un logiciel malveillant
est bien compris par seulement un tiers des natifs numériques quand plus
de la moitié des digital immigrants comprennent bien ce terme.
Tableau 14 : Compréhension de l'item « firewall
» par les interrogés via Sphinx
Online76
Le Firewall ou plus communément pare-feu est bien
compris par moins de la moitié des moins de 31 ans alors que les deux
tiers des plus de 30 ans comprennent bien ce terme.
75 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
76 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
Tableau 15 : Compréhension de l'item « like »
par les interrogés via Sphinx Online77
Le Like est utilisé sur les réseaux sociaux (sur
Facebook principalement) pour montrer aux communautés le fait qu'on a
apprécié le contenu. 75% des moins de 31 ans ont une excellente
compréhension de terme alors qu'elle est presque à moitié
moins soit 40% pour les plus de 30 ans.
73
Tableau 16 : Compréhension de l'item « follow back
» par les interrogés via Sphinx
Online78
Le Follow back est utilisé sur les réseaux
sociaux (sur Twitter principalement) pour expliquer le fait qu'on suit un autre
membre car il nous avait suivi précédemment. 38% des digital
natives comprennent la signification de ce mot de façon excellente alors
que les plus âgés connaissent cet item de manière
excellente pour trois fois moins (soit 11%). Plus de 4 digital immigrants sur
10 ont une mauvaise compréhension du terme.
77 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
78 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
Tableau 17 : Compréhension de l'item « podcast
» par les interrogés via Sphinx
Online79
Les Podcasts sont des moyens de diffusion de fichiers
(vidéo, audio, autre...) sur Internet. Un peu plus de la moitié
des moins de 31 ans savent ce qu'est un podcast et c'est un peu moins de la
moitié pour les plus de 30 ans.
74
Tableau 18 : Compréhension de l'item « torrent
» par les interrogés via Sphinx
Online80
Le Torrent est un type de fichier utilisé sur les sites
peer to peer. 6 digital natives sur 10 comprennent ce terme alors que ce n'est
que 4 digital immigrants sur 10 qui le comprennent. Près d'un tiers des
digital immigrants ont une mauvaise compréhension de ce terme.
79 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
80 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
75
Tableau 19 : Compréhension de l'item « wiki »
par les interrogés via Sphinx Online81
Un Wiki est un site o l'écriture des pages est
modifiable ce qui permet la collaboration. Un peu moins de la moitié des
moins de 31 ans comprennent de manière excellente ce qu'est un wiki et
seulement un tiers des plus de 30 ans.
Tableau 20 : Compréhension de l'item « phishing
» par les interrogés via Sphinx
Online82
Le Phishing ou l'hameçonnage est une technique
frauduleuse qui fera croire que vous vous adressez à un tiers de
confiance. On note que moins d'un tiers des digiborigènes comprennent de
quoi est question le phishing quand plus de la moitié des plus de 30 ans
comprennent. Exactement 4 digiborigènes sur 10 a une mauvaise
compréhension de ce terme.
81 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
82 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
76
Tableau 21 : Compréhension de l'item « RSS » par
les interrogés via Sphinx Online83
Le flux RSS est un format produit automatiquement sur un site
web pour obtenir le contenu mis à jour. Moins d'un tiers des moins de 31
ans comprennent bien ce terme. 4 personnes de plus de 30 ans sur 10 le
comprennent bien.
Tableau 22 : Compréhension de l'item « stream
» par les interrogés via Sphinx
Online84
Le Stream ou streaming est en informatique une technique de
transmission de données quasiment en direct. Ce terme est bien compris
par 6 jeunes sur 10 pour 5 personnes plus âgées sur 10 (soit 9
points de moins).
83 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
84 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
77
Tableau 23 : Compréhension de l'item « cookie
» par les interrogés via Sphinx
Online85
Un Cookie est un fichier texte qui se créé
lorsqu'on navigue sur le web et qui stocke des informations sur notre
navigation. Un cookie est utilisé par les sites internet pour nous
suivre lorsqu'on surfe sur le web. Moins de 6 digital natives sur 10
comprennent bien ce terme. 7 digital immigrants comprennent bien ce terme.
85 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
78
a. Comparaison entre digital natives et digital
immigrants français
Suite à mon questionnaire sur les compétences
informatiques, l'objectif était de savoir si les digital natives avaient
vraiment un savoir supérieur sur ce domaine comme nous le faisaient
penser les concepts et les théories étudiées. Cependant,
suite à ces résultats, nous sommes partagés.
8 items sont mieux compris par les digital natives (« +++
» = bien mieux compris et « + » = un peu mieux compris) :
· Blog (+++)
· Like (+++)
· Follow back (+++)
· Podcast (+)
· Torrent (+++)
· Wiki (+)
· Stream (+)
· PDF (+)
6 items sont mieux compris par les digital immigrants («
+++ » = bien mieux compris et « + » = un peu mieux compris) :
· JPG (+)
· Spyware (+++)
· Firewall (+++)
· Phishing (+++)
· RSS (+)
· Cookie (+)
En réalisant une première synthèse de
ces résultats, on peut regrouper les connaissances. D'un
côté, les digital natives ont une meilleure connaissance de ce
qui
79
se rapporte aux médias sociaux et aux réseaux
sociaux (Blog, Like pour Facebook, Follow back pour Twitter, Wiki pour
Wikipedia). Ils ont aussi une meilleure connaissance pour ce qui est du partage
de contenu en ligne (Podcast, Stream et Torrent). On peut synthétiser
cela en disant que les digital natives ont une meilleure compréhension
du Web 2.0.
Les digital immigrants ont une meilleure connaissance de la
sécurité informatique (Spyware, Firewall, Phishing, Cookie). Si
cela est tant le cas, comme je l'ai expliqué en introduction de cette
partie sur l'enquête comparative, c'est que 80% des digital immigrants de
ce questionnaire sont des salariés de Natixis et ses filiales. Ce groupe
étant financièrement très fort, les employés ont de
très nombreuses formations sur la sécurité informatique,
l'intelligence économique, etc. Même si je ne peux pas dire qu'une
meilleure représentativité des CSP aurait inversé cette
tendance, je pense qu'elle l'aurait au moins atténuée et j'ai
aussi le sentiment personnel qu'un ouvrier de plus de 50 ans a beaucoup moins
de savoir informatique qu'un ouvrier de moins de 30 ans.
80
b. Comparaison avec l'étude de Eszter HARGITTAI
et les digital natives américains
Pour comparer nos résultats, nous avons suivi la
méthode expliquée dans le document de Ester HARGITTAI et Y.P.
HSIEH86. Pour ce qui est de ses résultats, elle a
interrogé plus de 1 000 digital natives de 2001 à 2011 au News
Jersey et à Chicago principalement. Les résultats les plus
récents sont ceux de 2010.
Nous avons réalisé la même méthode
pour calculer la moyenne de chaque compétence. 1 point vaut la
réponse « Mauvaise », 2 points vaut « Passable », 3
vaut « Moyenne », 4 vaut « Bonne » et 5 vaut «
Excellent ».
Grace à ce système de moyenne par note, j'ai
voulu comparer les résultats des digital natives américains
à mes résultats des digital natives français et à
mes résultats des digital immigrants français. Pour comparer
rapidement, nous avons créé un système de couleur par la
trame de fond. Si la case est Verte, c'est que le résultat est la plus
forte moyenne pour l'item de cette ligne. Si la case est Rouge, c'est que le
résultat est la plus faible moyenne pour l'item de cette ligne.
86 Eszter HARGITTAI et Y.P. HSIEH, Succinct Survey
Measures of Web-Use Skills. Social Science Computer Review, 2012, p. 15-16
81
Item
|
Résultats 2010 des digital
natives américains de l'étude de Hargittai &
Hsieh
|
Résultats 2014 des digital natives
français de l'étude de Lechevalier
|
Résultats 2014 des digital
immigrants français de l'étude de Lechevalier
|
Spyware
|
3,48
|
2,77
|
3,21
|
Blog
|
3,57
|
4,43
|
4,02
|
Firewall
|
3,57
|
3,17
|
3,68
|
PDF
|
4,08
|
4,46
|
4,34
|
JPG
|
3,45
|
4,04
|
4,19
|
Tag
|
4,42
|
4,06
|
3,59
|
Podcast
|
2,74
|
3,66
|
3,50
|
Torrent
|
3,01
|
3,65
|
2,80
|
Wiki
|
3,74
|
3,71
|
3,38
|
Phishing
|
2,07
|
2,55
|
3,33
|
RSS
|
1,83
|
2,53
|
2,76
|
Cookie
|
2,84
|
3,75
|
3,88
|
Compétences moyennes
|
3,23
|
3,57
|
3,56
|
|
Tableau 24 : Comparaison des compétences par moyenne
entre digital natives américains, français et digital immigrants
français87
Les résultats des digital natives américains sont
les plus faibles pour 6 items sur 12. Cela provient peut être du fait que
les résultats sont ceux de 2010, ils y auraient peut-être eu une
progression en quatre ans.
Les résultats des digital immigrants français sont
pour 5 items sur 12 les plus élevés ce qui en fait la
génération avec le plus d'items connus.
Les digital natives français ont la plus haute moyenne
des moyennes à 3,57 (soit 0,01 de plus que les digital immigrants) ce
qui en fait la génération la plus compétente dans
l'ensemble des connaissances de l'informatique et du web.
87 Tableau personnel par l'utilisation de
données personnelles depuis notre questionnaire quantitatif via Sphinx
Online : Management de demain et par les résultats de Eszter
HARGITTAI et Y.P. HSIEH, Succinct Survey Measures of Web-Use Skills. Social
Science Computer Review, 2012, p. 15-16
82
2. Personnalités a. L'Ennéagramme
En ce qui concerne les personnalités, le questionnaire
quantitatif avait pour objectif de comparer la personnalité des digital
natives aux digital immigrants. Pour cela, nous avons utilisé la
méthode de l'Ennéagramme inventé par Georges GURDJIIEFF en
1916 et utilisé aujourd'hui dans le management. L'Ennéagramme
permet de connaitre parmi 9 personnalités, 9 motivations personnelles
:
· Je suis perfectionniste (droit, travailleur)
· Je suis altruiste (j'aime, j'aide)
· Je suis battant (entreprenant, efficace)
· Je suis romantique (compatissant, sensible,
chaleureux)
· Je suis observateur (je sais, je comprends, j'analyse)
· Je suis loyaliste (loyal, faisant son devoir)
· Je suis épicurien (optimiste, heureux)
· Je suis chef (fort, juste, sûr de moi)
· Je suis médiateur (agréable, calme, facile
à vivre)
83
Figure 9 : Le diagramme de l'Ennéagramme : 9 types de
personnalité88
Voici une explication de chaque personnalité avec les
aspects positifs et négatifs.
Figure 10 : Les 9 types de personnalité de
l'Ennéagramme89
88 KAHLER COMMUNICATION France, conseil et formation
en ressources humaines
89 KAHLER COMMUNICATION France, conseil et formation
en ressources humaines
84
Pour utiliser l'Ennéagramme dans son ensemble, il faut
comprendre qu'il y a 3 centres regroupant 3 types de personnalité (cf.
Tableau 35).
Le centre instinctif est la centralisation de la
personnalité de chef, de médiateur et de perfectionniste.
Préoccupé par le passé, ils réfléchissent en
fonction de leurs expériences.
Le centre émotionnel centralise la personnalité
d'altruiste, de battant et de romantique. Vivant à court terme, le
relationnel est très important à leurs yeux.
Le centre mental est le regroupement de l'observateur, du
loyaliste et de l'épicurien. Tourné vers le futur, les
décisions sont murement réfléchies.
Figure 11 : Les trois centres de
l'Ennéagramme90
Nous pouvons par le questionnaire quantitatif réaliser
les traits de personnalité des deux générations.
90 KAHLER COMMUNICATION France, conseil et formation
en ressources humaines
85
b. Synthèse des personnalités
Types de personnalité
Perfectionniste
|
Résultats des digital natives de
l'étude de Lechevalier
3,81
|
Résultats des digital immigrants
de l'étude de Lechevalier
3,89
|
Altruiste
|
4,13
|
3,98
|
Battant
|
3,83
|
3,84
|
Romantique
|
3,88
|
3,69
|
Observateur
|
4,13
|
4,08
|
Loyaliste
|
3,91
|
4,04
|
Epicurien
|
3,64
|
3,86
|
Chef
|
2,97
|
3,26
|
Mediateur
|
3,66
|
3,69
|
|
Tableau 25 : Moyennes par types de personnalité des
digital natives et des digital
immigrants91
Emotionnel
Mental 3,89
Instinctif 3,48 3,61
Types de
personnalité
Résultats des digital
natives de
l'étude de
Lechevalier
3,95
Résultats des digital
immigrants
de
l'étude de
Lechevalier
3,84
3,99
Tableau 26 : Moyennes par cercles de personnalité des
digital natives et des digital
immigrants92
Pour résumer, suite à nos résultats, on
note que les digital natives tendent à se centrer sur
l'émotionnel. Cela correspond au cerveau limbique. L'émotion va
être très importante et dictera leurs conduites. Le plaisir
immédiat et le court terme sont très
91 Tableau personnel par l'utilisation de
données personnelles depuis notre questionnaire quantitatif via Sphinx
Online : Management de demain
92 Tableau personnel par l'utilisation de
données personnelles depuis notre questionnaire quantitatif via Sphinx
Online : Management de demain
86
importants. Ils n'hésitent pas à dire ce qu'ils
aiment et ce qu'ils n'aiment pas, de partager leurs pensées et de
critiquer ouvertement. Le relationnel sera l'une des priorités pour
qu'ils puissent être épanouis en société ou en
entreprise. Très sensibles, ils cherchent à comprendre rapidement
ceux qui les entourent. La confiance et le système de gagnant-gagnant
permettent de les motiver. Une mauvaise ambiance impactera de manière
négative leur efficacité.
Le digital immigrant est centré sur le mental. Cela
correspond au cerveau cortical. Les situations sont abordées par la
parole et par la réflexion. L'environnement est analysé et ils
synthétisent les informations. Ils préfèrent mettre de la
distance avec les choses afin de mieux pouvoir y réfléchir. Le
passé est une notion importante car il a permis de créer leur
processus de réflexion.
87
3. Comportements
a. Validité des affirmations
En ce qui concerne les comportements, je me suis basé
sur la partie scientifique afin de valider les profils évoqués :
Ultra-connecté, Espace et Temporalité, Multitâche,
Hyper-communicant, non-respect de l'autorité, etc. Chaque question porte
sur un trait chez les digital natives, ce seront des affirmations à
propos de leur comportement. Si celui-ci est ressenti de façon
importante par les digital natives et qu'ils ont tendance à avoir ce
comportement de manière plus évidente que les digital immigrants,
nous pourrons valider l'affirmation. Si l'une des deux variables n'est pas
remplie, nous devrons infirmer l'affirmation.
Tableau 27 : L'interrogé « agit-il rapidement
» via Sphinx Online93
7 digital natives sur 10 agissent plutôt rapidement
alors que ce ne sont que 6 digital immigrants sur 10. Cette affirmation semble
plutôt vraie même si la relation n'est pas significative selon
Sphinx.
93 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
Tableau 28 : L'interrogé se sent-il « prescripteur
» via Sphinx Online94
2 natifs numériques sur 5 se sentent prescripteurs. Les
immigrants sont à presque 3 sur 5 à se sentir prescripteur. Cette
affirmation semble fausse.
Tableau 29 : L'interrogé « cherche-t-il la
gratuité » via Sphinx Online95
4 digiborigènes sur 10 cherchent la gratuité quand
ce n'est que 3 sur 10 pour les plus vieux. Cette affirmation semble
plutôt vraie même si la relation est peu significative.
88
94 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
95 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
89
Tableau 30 : L'interrogé se sent il « libre par
rapport aux lois » via Sphinx Online96
2 personnes de moins de 31 ans sur 10 pensent que les lois ne
lui interdisent pas d'agir. Ce pourcentage est de 1 personne sur 10 pour les
plus de 30 ans. Même s'il y a une différence de presque 10 points,
plus de 50% des digital natives ont répondu « plutôt non
» voire « pas du tout », cette affirmation ne semble pas assez
vraie et cela se voit du fait que la relation n'est pas significative.
Tableau 31 : L'interrogé se « lasse-t-il très
vite » via Sphinx Online97
Les plus jeunes sont un peu moins de la moitié
à se lasser très vite alors que 22% des plus âgés
déclarent se lasser rapidement ce qui représente une
différence de près de 25 points. La relation est très
significative. Cette affirmation est donc complètement vraie.
96 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
97 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
90
Tableau 32 : L'interrogé « se méfit il de
l'autorité » via Sphinx Online98
4 digital natives sur 10 se méfient de
l'autorité. Ce résultat tombe à moins de 3 digital
immigrants sur 10. Même si Sphinx Online semble dire que la relation
n'est pas significative, l'affirmation reste tout de même plutôt
vraie.
Tableau 33 : L'interrogé « respecte-t-il
plutôt la compétence ou la hiérarchie et
l'âge
» via Sphinx Online99
Les moins de 31 ans sont environ 6 sur 10 à respecter
la compétence à la hiérarchie ou l'âge et c'est un
peu plus élevé pour les plus de 30 ans avec presque 7 personnes
sur 10. Cette affirmation est donc fausse.
98 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
99 Données personnelles depuis notre
questionnaire quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
91
Tableau 34 : L'interrogé « apprécie-t-il d
»accéder rapidement aux connaissances »
via Sphinx
Online100
90% des digital natives et immigrants aiment accéder
rapidement aux connaissances. Cette affirmation est donc fausse car les digital
natives ne portent pas plus d'importance à ce point que les digital
immigrants.
Tableau 35 : L'interrogé a-t-il « des
difficultés à se concentrer » via Sphinx
Online101
Les moins de 31 ans sont près d'un tiers à
avoir du mal à se concentrer quand ce n'est que 6% pour les plus de 30
ans. 2 tiers des plus de 30 ans n'ont pas ou peu de problème de
concentration. La relation est très significative et l'affirmation est
donc vérifiée.
100 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
101 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
92
Tableau 36 : L'interrogé préfère-t-il
« l'image à un texte » via Sphinx Online102
Plus de deux cinquièmes des natifs numériques
préfèrent une image à un texte. C'est 20 points de moins
pour les natifs numériques avec un peu plus de un cinquième. La
relation est très significative, l'affirmation est confirmée.
Tableau 37 : L'interrogé « se projette-t-il
à long terme » via Sphinx Online103
Moins de la moitié des digital natives et immigrants
se projettent à long terme. La relation n'est pas significative. Nous
pensions que les digital natives auraient répondu « Plutôt
non » voir « Pas du tout » puisque le court terme est
théoriquement une des caractéristiques de cette
génération. La question n'était peut-être pas
optimale. L'affirmation est infirmée.
102 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
103 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
93
Tableau 38 : L'interrogé a-t-il « besoin
d'autonomie » via Sphinx Online104
80% des moins de 31 ans ont besoin d'autonomie. 90% des plus
de 30 ans ont besoin d'autonomie. Cette affirmation est fausse.
Tableau 39 : L'interrogé « pense-t-il que
l'entreprise est arbitraire » via Sphinx
Online105
30% des digital natives et immigrants pensent que
l'entreprise est arbitraire. L'affirmation n'est pas juste.
104 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
105 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
94
Tableau 40 : L'interrogé a-t-il « besoin d'un bon
relationnel pour s'impliquer » via
Sphinx Online106
9 natifs numériques sur 10 ont besoin d'un bon
relationnel pour s'impliquer. Ce pourcentage descend à 8 immigrants sur
10. Il y a une faible relation significative cependant cette affirmation reste
plutôt vraie.
Tableau 41 : L'interrogé sent-il que « le plaisir
immédiat est important » via Sphinx
Online107
Le plaisir immédiat est important pour presque 2 tiers
des moins de 31 ans. Ce résultat est réduit à 2
cinquièmes pour les plus de 30 ans, c'est une différence de 20
points. La relation est très significative, l'affirmation est
confirmée.
106 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
107 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
95
Tableau 42 : L'interrogé pense-t-il que « le deal
win-win est important » via Sphinx
Online108
Le deal win-win est important pour plus de 70% des personnes
interrogées, l'affirmation est fausse.
Tableau 43 : L'interrogé « s'adapte-t-il
facilement » via Sphinx Online109
La relation n'est pas significative car plus de 90% des
répondants sont d'accord. L'affirmation est infirmée.
108 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
109 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
Tableau 44 : L'interrogé se sent-il « flexible
» via Sphinx Online110
96
Un peu plus de 80% des jeunes se sentent flexibles quand les
plus âgés ne sont qu'un peu moins de 70%. Il y a donc 10 points
d'écart et la relation est significative. Nous pouvons confirmer cette
affirmation.
Tableau 45 : L'interrogé se sent-il « impatient
» via Sphinx Online111
Presque 2 cinquièmes des digiborigènes ont
l'impression d'être impatient quand ce n'est que 1 cinquième des
immigrants. La relation est très significative et donc l'affirmation
validée.
110 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
111 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
97
Tableau 46 : L'interrogé se ressent-il «
multitâche » via Sphinx Online112
Plus de 80% des digital natives et immigrants se ressentent
multitâche, l'affirmation n'est pas juste.
112 Données personnelles depuis notre questionnaire
quantitatif via Sphinx Online : Management de demain
98
b. Synthèse des comportements
Suite à cette étude des comportements chez les
digital natives, on note que sur 20 affirmations récoltées par la
recherche scientifique, 10 sont confirmées (« +++ » =
affirmation très significative et « + » = affirmation un petit
peu significative) :
· J'agis rapidement (+++)
· Je recherche la gratuité (+)
· Je me lasse vite (+++)
· Je me méfie de l'autorité (+)
· Je préfère l'image au texte (+++)
· J'ai des problèmes de concentration (+++)
· J'ai besoin d'avoir un bon relationnel pour m'impliquer
(+)
· Le plaisir immédiat est important (+++)
· Je suis flexible (+++)
· Je suis impatient (+++)
La plupart des items se centralise sur une idée, celui de
l'espace et de la temporalité du digital native :
· J'agis rapidement (+++)
· Je me lasse vite (+++)
· Je préfère l'image au texte (+++)
· J'ai des problèmes de concentration (+++)
· Le plaisir immédiat est important (+++)
· Je suis impatient (+++)
On peut synthétiser l'étude comportementale en
soulignant la fracture entre les plus et les moins de 30 ans par cette
différence dans l'espace et le temps. Les digital natives souhaitent
obtenir les choses rapidement, apprécient le moment présent, ont
besoin
99
sans cesse d'agir. Malheureusement, cette rapidité leur
fait survoler l'information car l'instant T est important. Ils
préfèrent être tout le temps en mouvement même s'ils
seront moins concentrés. Cela leur permet de gagner en
réactivité et en efficacité mais ils sont perdants dans
leur vision des stratégies à long terme.
Le deuxième point que l'on peut noter est cette
méfiance de l'autorité et le besoin d'un bon relationnel pour
s'impliquer. Un bon manager devra comprendre cet élément pour
gérer ses digital natives avec performance. S'il ne sait pas se faire
apprécier et utiliser seulement son pouvoir autoritaire pour manager son
équipe, cette nouvelle génération d'actifs ne lui
obéira pas, bien au contraire.
100
C. Synthèse des études
Pour introduire cette synthèse, on remarque que les
digital natives ont conscience de ce qu'ils sont. Ils savent ce qu'ils
représentent et reconnaissent leur usage intensif du web. Ils notent la
fracture avec le monde de l'entreprise et n'acceptent pas forcément le
modèle traditionnel qu'utilisent leurs managers pour tenter de les
gérer. Les managers ont conscience de la fracture entre les deux
générations et admettent même qu'ils sont plus durs avec
les digital natives.
Pour synthétiser les résultats de l'ensemble de
nos enquêtes, on note que les connaissances informatiques ne sont pas
unanimement détenues par les digital natives. On peut synthétiser
cela en disant que les digital natives ont une meilleure compréhension
du Web 2.0. Pour les digital immigrants, ils ont une meilleure connaissance de
la sécurité informatique semble-t-il (mais c'est aussi
peut-être à cause de la trop forte représentativité
d'employés ayant de très nombreuses formations sur ce sujet). En
utilisant l'étude de Ester HARGITTAI et Y.P. HSIEH113 et en
la comparant à nos résultats, nous remarquons que les digital
natives français ont la plus haute moyenne des moyennes à 3,57
(soit 0,01 de plus que les digital immigrants) ce qui en fait la
génération la plus compétente dans l'ensemble des
connaissances de l'informatique et du web par rapport aux digital natives
américains et aux digital immigrants français. Lors de l'un de
nos entretiens semi-directif, Alice dira que « le digital c'est comme les
langues, si tu immigres jeunes dans un nouveau pays, tu vas facilement devenir
bilingue. C'est pareil pour nous, on est né dans le digital ça a
été bien plus facile d'apprendre ». Même si nous
sommes partagés par rapport à nos résultats, nous pouvons
par notre étude empirique confirmer que les digital natives ont en
général bien une meilleure connaissance du web et de
l'informatique. Florence ARENOU, Médecin Chef au Logis des Francs,
structure hospitalière, et manager de 40 salariés, et Delphine
ROUDOT, Chef de Projet Digital
113 Eszter HARGITTAI et Y.P. HSIEH, Succinct Survey Measures
of Web-Use Skills. Social Science Computer Review, 2012, p. 15-16
101
à HighCo et manager de 2 salariés semblent
penser la même chose, les compétences sont égales, ce sont
plutôt les comportements qui sont différents et qui
évoluent avec le temps.
Avec la méthode de l'Ennéagramme pour chercher
les types de personnalités, on note que les digital natives tendent
à se centrer sur l'émotionnel. Cela correspond en partie au
plaisir immédiat et à l'importance du court terme. De plus, la
confiance et le relationnel permettent de les motiver. Vincent GREGOIRE-DELORY,
Maître de Conférences à l'Université catholique de
Toulouse, explique ces changements par l'adaptation de nos cerveaux à
cette nouvelle ère numérique : « la plasticité du
cerveau, le cerveau va s'adapter à ça, un cerveau moins
académique. » A l'inverse, une mauvaise ambiance impactera de
manière négative leur efficacité. Le digital immigrant est
centré sur le mental. Le passé est une notion importante car il a
permis de créer leur processus de réflexion.
Pour ce qui est des comportements, on note que la plus grande
des différences entre les digital natives et les digital immigrants se
situe au niveau du changement dans l'espace et le temps. Les digital natives
souhaitent obtenir les choses rapidement, apprécient le moment
présent, ont besoin sans cesse d'agir. Malheureusement, cette
rapidité les fait survoler l'information car l'instant T est important.
Ils préfèrent être tout le temps en mouvement même
s'ils seront moins concentrés. Cela leur permet de gagner en
réactivité et en efficacité mais sont perdants dans leur
vision des stratégies à long terme. Pour Dario POLLACCI,
Responsable Service chez Liebherr et manager, avec les moins de 30 ans, il doit
être « plus direct et malheureusement leur donner moins de marge de
manoeuvre car ils n'ont pas une implication à long terme ». Le
deuxième point qu'on peut noter est cette méfiance de
l'autorité et le besoin d'un bon relationnel pour s'impliquer. Cela
provient peut être du fait que comme le souligne les participants de
l'entretien semi-directif, les managers ont plus de 30 ans et portent bien trop
d'intérêt à la hiérarchie et à l'organisation
quitte à perdre en humanisme.
102
III. Recommandations pour une dynamique de
changement
A. Validité des hypothèses
Hypothèse 1
Les digital natives sont plus à l'aise avec les
nouvelles technologies que les digital immigrants.
Hypothèse 1 : Validé
Les digital natives ont été plus rapidement
à l'aise avec les nouvelles technologies et s'adaptent toujours plus
rapidement que les digital immigrants. Cependant, les plus de 30 ans
étant en entreprise ont eu des formations et se sont auto-formés.
Ils ont compris les enjeux et les opportunités que sont les
connaissances informatiques et numériques. Nous n'infirmons pas cette
hypothèse car notre étude empirique nous permet d'affirmer qu'en
moyenne, les digital natives sont légèrement plus
compétents mais cela dépend des domaines. Nous ne nous attendions
pas à cela. Nous rappellerons une dernière fois que les digital
immigrants de notre étude empirique étaient surqualifiés
dans la sécurité informatique. De nombreuses études
restent à réaliser afin de pouvoir avoir une réponse plus
précise à cette hypothèse.
103
Hypothèse 2
Il y a une fracture comportementale entre les digital natives et
les digital immigrants.
Hypothèse 2 : Validé
Oui, il y a bien une fracture comportementale entre les
digital natives et immigrants mais cette hypothèse est bien trop large.
Les stéréotypes et les caricatures des écrits
scientifiques nous ont trompés. Les comportements différents ne
sont pas aussi nombreux que les études le laissaient entendre. L'un des
changements détectés est au niveau de l'espace et du temps. Le
digital native a adapté son comportement à l'environnement web.
Internet, c'est une immensité d'informations libre d'accès et
s'obtenant très rapidement. C'est un monde avec une densité sans
limite. Les digital natives sont devenus partie intégrante de ce
modèle. Ils réalisent toutes les actions avec efficacité
et rapidité. Ils savent rebondir, s'adapter, modifier leurs
façons de faires. Ils vont à l'essentiel sans se soucier du
superflu. Ils vivent l'instant présent sans se soucier de l'avenir. Ils
sont devenus la copie humaine de l'internet. Ce besoin
d'immédiateté porte un nom, on dit que les digital natives ont un
profil ATAWAD. C'est l'acronyme de Any Time, Any Where, Any Device. Le web les
a habitués à avoir accès à ce qu'ils veulent, quand
ils le veulent et o ils le veulent. Ce besoin en provenance d'Internet devient
un besoin dans le monde réel. L'ubiquité de cette
génération est incroyable. Ils sont partout au même moment.
L'autre changement se situe au niveau de l'autorité et plus exactement,
la méfiance ou le non-respect de l'autorité classique. Le web les
a aidés à se méfier de l'autorité et ils souhaitent
avoir un bon relationnel pour s'impliquer. Cela provient du fait
qu'aujourd'hui, la génération des digital natives ne croit plus
dans les Instituions (Gouvernement, Religion, Entreprise...) car leurs
mensonges sont dévoilés sur Internet grâce à la
liberté d'expression qu'offre le web. Aujourd'hui, quand un manager ou
un professeur va expliquer quelque chose, ils vérifieront sur Google
pour obtenir une vérité qu'ils pensent plus universelle et moins
personnelle.
Hypothèse 3
Les hypothèses 1 & 2 ont créé cette
fracture entre le monde de l'entreprise et le digital native. Le monde de
l'entreprise voit le digital native comme une menace à la
sécurité de l'information, de son organisation... sans
réfléchir aux nombreuses opportunités.
Hypothèse 3 : Validé
Les entreprises occidentales sont très
méfiantes par rapport à l'arrivée des digital natives dans
le monde de l'entreprise. Une étude réalisée sur les
ressources humaines et les managers du monde entier ont
révélé que les préjugés et les
clichés étaient la norme114. L'hypothèse 1 qui
décrit la fracture dans les connaissances numériques et
informatiques a été approuvée. L'hypothèse 2 qui
décrit la fracture dans les comportements entre
générations a été validée. Il y a donc bel
et bien un fossé qui s'est créé entre le digital native et
le digital immigrant. Ce fossé a malheureusement amené chaque
génération à avoir des stéréotypes sur la
génération l'opposant. Les digital immigrants ont plus de 30 ans,
ils sont la génération la plus présente en entreprise
aujourd'hui. Du fait de leur ancienneté, ils sont aussi les managers,
les RH et membres de la Direction. Il est vrai que les digital natives ont
beaucoup d'exigence par rapport à l'entreprise o ils seront
employés. Cependant, ils sont aussi source d'opportunités :
compétences, connaissances, savoir-être...
104
114 DEYOE et FOX, Journal of Behaviorla Studies in
Business, 2011
105
Hypothèse 4
L'hypothèse 3 explique en partie pourquoi le manager
ne sait pas manager ses employés digital native sur 3 aspects :
? Comprendre / Gérer
? Motiver
? Fidéliser
.
Hypothèse 4 : Validé
Nos études scientifiques confirmées par nos
études empiriques et la validation de l'hypothèse 3 nous
permettent d'approuver cette hypothèse. La non-compréhension du
manager des comportements du digital natives nuit à son management. De
cette simple logique, il ne sait pas comment le gérer et donc le motiver
et même, le fidéliser à l'entreprise. Le manager se dit
dans l'obligation de surveiller son collaborateur digital native. Le manager ne
sait plus comment empêcher le désir de mobilité d'une
entreprise à une autre du digital native. Dès qu'il a pris tout
ce que l'entreprise pouvait lui donner, il en change.
De l'hypothèse 1 à l'hypothèse 4, il y a
un processus qui a conduit à se demander si le management traditionnel
du manager pour les digital natives est suffisamment efficace ? Nos
préconisations opérationnelles vont apporter une partie des
réponses et une partie des éléments de réflexion
sur l'adaptation et les changements à réaliser pour devenir un
manager confirmé et approuvé par ses jeunes collaborateurs.
106
B. Préconisations opérationnelles
Les hypothèses étant valides, l'objectif de ce
mémoire est de faire évoluer l'entreprise. La faire grandir en
direction de ce que l'on attend d'elle. Une entreprise forte et qui sait
s'adapter dans son management. Si le manager fait l'effort, il gagnera en
productivité et efficacité chez ses équipes de digital
natives car il saura répondre à leurs besoins. Pour introduire
ces préconisations, nous souhaitons tout d'abord vous parler d'une des
actions à réaliser en priorité : donner du sens. Le
manager doit impliquer le digital native dans l'entreprise. L'adhésion
de cette génération passera par l'explication et la
compréhension. Le digital native doit savoir ce que sont les valeurs de
son entreprise, connaître la stratégie globale, le but de son
poste, de sa mission car il est en quête de sens. La soumission à
l'autorité passera par le sentiment d'appartenance de chaque acteur de
l'entreprise à l'entreprise. Comme on pourrait le penser, ce n'est pas
le digital native qui choisira de s'impliquer ou non, ce sera au manager de
savoir l'intégrer. Bien évidemment, cela demande beaucoup de
temps, de motivation et surtout de formation à ce
phénomène mais ce sera à chaque entreprise et à
chaque manager de choisir si les digital natives sont une opportunité
à saisir ou une perte de temps. « Le génie, c'est le bon
sens appliqué aux idées nouvelles »115.
De plus, il est important de limiter le natif
numérique en explicitant les règles. Chaque employé a
besoin d'un cadre. Le digital native en a besoin car il a toujours
été libre. L'entreprise sera là pour le centrer sur sa
mission mais elle ne sera pas non plus une prison. Les règles doivent
être expliquées et ensuite acceptées. Cela aidera dans
l'autorité du manager car ce ne sera plus une autorité
hiérarchique mais naturelle.
Comme nous l'expliquait Vincent GREGOIRE-DELORY, Maître
de Conférences à l'Université catholique de Toulouse :
« Recréer une dynamique des valeurs au sein de l'entreprise est
primordial pour cette génération (digital native) ». La
notion de valeur
115 Madame de Staël
107
va être un des vecteurs de rassemblement de l'ensemble
des générations autour d'objectifs communs. Le travail de
communication des valeurs a un grand enjeu, c'est l'un des grands moyens pour
créer de l'adhésion à l'autorité.
Pour terminer cette introduction à propos de
l'autorité du manager et du digital native, le dialogue est la
clé de voute de l'édifice. Le mode obsolète de la
hiérarchie verticale est le principal frein d'intégration du
natif numérique. Le manager doit créer une complète
confiance mutuelle avec cette génération. A lui de faciliter le
dialogue, d'écouter le digiborigène quand il a des idées,
des critiques... Le mode participatif peut être un bon
élément d'ouverture à cette génération. Au
contraire, le mode directif traditionnel est à bannir si vous souhaitez
créer de l'engagement chez vos jeunes collaborateurs.
108
1. Comprendre
Pour le manager, il existe dans un premier temps la
connaissance scientifique. Celle-ci s'obtient lors de la formation. Il doit
être envisagé que le manager étudie la
caractérologie. Celle-ci débouche sur la compréhension
typologique de cette génération. On peut sinon, employer la
méthode des tests afin d'apprendre ce que c'est d'être un manager
de cette génération. La limite de l'approche scientifique de
cette génération, c'est que la réflexion découle
d'un raisonnement analogique et celui-ci ne s'adapte pas à l'individu.
« La clef d'autrui est d'abord en nous mêmes car nous ne faisons
jamais que conjecturer autrui »116.
La connaissance intuitive est la 2e méthode
que le manager peut choisir d'utiliser afin d'améliorer son management
auprès des digital natives. La psychologie de DESCARTES explique que
l'intersubjectivité n'est que seconde car autrui est une projection de
soi même et donc le résultat d'une déduction subjective. La
synergie intergénérationnelle commencera le travail de
compréhension entre les générations. La connaissance
d'autrui permet d'augmenter l'efficacité dans le travail. Pour cela, le
manager doit faire travailler les digital natives et les digital immigrants en
équipe pour que chacun se rende compte des forces et des
opportunités de l'autre.
Il existe donc 2 méthodes pour que le manager
comprenne le natif numérique. L'approche scientifique ou intuitive. La
première est possible par la formation ce qui veut dire que l'entreprise
a conscience de ce phénomène et cherche à améliorer
le management du manager. La 2e approche est un travail qui se
réalise de façon autonome en cherchant à cohabiter avec le
digital native. Cependant, seul l'intelligibilité du manager lui
permettra d'en arriver aux bonnes conclusions. Le manager doit comprendre cette
génération s'il veut la gérer. L'intégration du
digital native est un point clé.
116 Charles BLONDEL, La Psychologie de Marcel Proust,
1932, p. 162
109
2. Motiver
La motivation du digital native est une véritable
question d'actualité. En sachant qu'il a du mal à accepter
l'autorité hiérarchique et qu'il y a une fracture comportementale
intergénérationnelle, cette génération n'est pas
à l'aise en entreprise et cela se ressent forcément en
entreprise. Si le manager le comprend, il pourra le motiver.
Dans un premier temps, on en revient à cette
idée de donner du sens en définissant les enjeux de son
rôle dans l'entreprise, de sa mission... Il faut lui donner une large
vision de son rôle. Donner du sens, c'est aussi avoir un travail de
communication autour des valeurs de l'entreprise car les valeurs sont les
éléments fédérateurs.
Le manager doit mettre un cadre avec des règles mais
ensuite laisser le digital native agir et prendre des initiatives. Même
si le natif numérique est en conflit avec l'autorité, il a un
besoin d'être structuré et sécurisé ce qui lui
permettra par la suite d'être libre d'accomplir sa mission. Le cadre du
collaborateur digital native se délimite par les objectifs de son
travail et ce qu'on attend de lui, les rôles et les
responsabilités de ses collaborateurs. Lorsque vous avez cadré ce
jeune employé, laissez le faire avec autonomie car c'est ce qui le
motivera, la confiance que vous lui donnez. Bien évidemment, il faudra
toujours contrôler son travail mais regardez son potentiel s'exprimer. Le
web a donné au digital native la chance de savoir se débrouiller
et chercher les réponses à tout problème sur Internet.
Le manager devra se positionner comme responsable ressource
et non comme donneur d'ordre. Le digital native ne se motivera pas si votre
management est basé sur votre autorité hiérarchique. Il
attend de vous que vous cadriez son travail puis que vous lui donniez
l'ensemble des ressources nécessaires afin qu'il puisse travailler en
autonomie. Faites l'effort d'avoir un style managérial basé sur
l'interaction :
? Ecoutez les besoins et les attentes de
votre équipe de jeunes
·
110
Apprenez à leur faire des retours constructifs
(feedback)
· Donnez votre confiance et ils vous en seront
reconnaissants
· Faites les travailler en coopération pour
permettre l'émulation collective
La génération digitale est tellement
méfiante de l'autorité qu'elle a besoin que vous, manager,
construisiez une relation basé sur la confiance. Le relationnel est
important car les institutions et la hiérarchie n'ont plus de valeur
à leurs yeux. A vous d'être à l'image du digital native si
vous souhaitez le motiver.
· Soyez direct comme ils le sont sur les forums et les
réseaux sociaux
· N'ayez pas peur d'être informel et de créer
une relation avec de la complicité
· Dites aussi ce que vous pensez, ils attendent que vous
soyez franc
Si le digital native se sent proche de vous et que
l'entreprise a des valeurs et un cadre plus dynamique que les autres structures
traditionnelles, il saura être dynamique et force de proposition. Le
manager doit s'adapter à ces lourds changements qui font passer le
management traditionnel vers une ère d'ouverture et de changement
structurel.
111
3. Fidéliser
Nous préconisons au manager de chercher à
créer de l'engagement chez le digital native. Le fidéliser
à l'entreprise, c'est dans un premier temps afin de créer une
meilleure dynamique au sein des équipes mais surtout, pour
l'empêcher de piller les savoirs de l'entreprise pendant 5 ans et
après les utiliser dans un nouveau poste dans une nouvelle entreprise.
Si la fidélité est si compliquée à atteindre chez
le digital native c'est que « La fidélité est la forme la
plus noble de la servitude. » selon Eugène BEAUMONT, et s'il y a
servitude, il y a soumission à l'autorité. Ce jeune
salarié de se laissera pas soumettre aussi facilement, c'est au manager
de le faire avec intelligence et sans utiliser sa force hiérarchique.
Premièrement, le manager devra comprendre son jeune
employé afin de réussir à le motiver. Créer un
climat de confiance et lui parler avec un style direct quand vous le
félicitez, l'encouragez ou le cadrez. Si selon CONFUCIUS, «
Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un
seul jour de votre vie », on peut y ajouter que : Choisir un travail qui
vous motive et vous ne vous ennuierez pas un seul jour de votre vie.
Deuxièmement, le manager doit intégrer son
collaborateur sur le long terme, notion inconnue du digiborigène. Pour
cela, un travail d'apprentissage est à réaliser sur les
opportunités à moyen et long terme et la projection. Autre
élément pour lui montrer votre confiance, former le jeune
collègue afin d'optimiser son travail et créer cette relation
gagnant-gagnant. Si vous arrivez à le faire réussir, il vous sera
reconnaissant ainsi qu'à l'entreprise.
Troisièmement, nous allons parler de
l'élément tabou en France : la rémunération.
N'hésitez pas à en parler clairement lors des entretiens annuels.
Augmentez ces responsabilités et son autonomie mais en échange,
augmentez son salaire. Il est
112
conseillé d'augmenter son salaire mensuel plutôt
que de lui donner des primes car ce dernier est optimisé pour le court
terme et vous ne le fidéliserez pas s'il n'est pas aussi attaché
financièrement à l'entreprise. La rémunération
selon l'âge est dénuée de sens, surtout pour le digital
native. En France, on augmente un salaire selon l'ancienneté et non
selon les compétences. Comment fidéliser le digital native sur
ces anciennes méthodes ? La question est : Avez-vous peur de froisser
votre digital immigrant ? Les digital natives sont prêts à faire
leurs preuves mais les immigrants ne jouent pas le jeu. Si vous souhaitez
fidéliser le digital native à long terme,
réfléchissez à l'importance stratégique qu'ils
représentent.
113
Conclusion générale
31% de la population active avec un emploi est un digital
native. D'ici 2020, les digital natives seront les plus nombreux en
activité en France devant toutes les autres générations.
Cependant, l'entreprise et le manager ne sont pas performants dans le
management de cette génération. Notre problématique qui
est : « En quoi le manager devra-t-il modifier son management pour
gérer, motiver et fidéliser les nouveaux actifs de moins de 30
ans, suite à la fracture comportementale
intergénérationnelle entre digital native et digital immigrant en
France ? », est le constat d'un problème d'adaptation des digital
natives au monde de l'entreprise.
Nous l'avons vu lors de la revue de littérature, le
phénomène est récent mais de nombreux chercheurs et
sociologues s'y intéressent. Grâce à cela, nous avons
avancé 4 hypothèses :
? Les digital natives sont plus à l'aise avec les
nouvelles technologies que les digital immigrants.
? Il y a une fracture comportementale entre les digital
natives et les digital immigrants.
? Les hypothèses 1 & 2 prouvent qu'il y a une
fracture entre le monde de l'entreprise et le digital native. Le monde de
l'entreprise voit le digital native comme une menace à la
sécurité de l'information, de son organisation... sans
réfléchir aux nombreuses opportunités.
? L'hypothèse 3 explique en partie pourquoi le manager
ne sait pas manager ses employés digital native sur 3 aspects :
o Comprendre / Gérer
o Motiver
o Fidéliser
Une fois ces hypothèses posées, nous avons
cherché à les vérifier sur le terrain. Suite à
cette étude empirique, les hypothèses ont été
validées et nous ont permis d'apporter
114
au dysfonctionnement et à la problématique, une
réponse terrain sous la forme de préconisations
opérationnelles.
Premièrement, la quête de sens est primordiale
chez le digital native. De plus, les managers doivent comprendre qu'ils
cherchent à avoir des emplois stimulants o la confiance est la base de
leur relation. Le manager devra apprendre à les cadrer tout en les
laissant être autonome. Il est nécessaire de les impliquer, de les
laisser prendre leurs propres décisions et de savoir les rappeler
à l'ordre ou les féliciter dans un style de communication direct
et franc. Pour ce qui est de la rémunération, il faut imaginer
autre chose que la politique de l'ancienneté et réfléchir
à comment rémunérer aux compétences et à la
réussite (même si la loi oblige la politique de
l'ancienneté, ce n'est pas pour autant qu'il n'y a pas une
réflexion à réaliser sur le fait de payer chacun à
sa juste valeur). Si l'effort n'est pas fait, le digital native ne se motivera
jamais à rester dans une entreprise dans un style de management
décadent. Les conditions de travail doivent s'approcher des attentes du
digital native : une meilleure qualité de vie, des horaires flexibles et
un environnement agréable et dynamique... Enfin, il est
nécessaire de mettre à jour le management local, parce que si le
directeur indique la direction, le supérieur doit donner du sens. Le
manager sera donc bien plus là pour accompagner que pour ordonner. L'un
des enjeux de son management sera de réussir à créer une
synergie intergénérationnelle basée sur le partage. Comme
on peut le voir dans le marketing inbound sur le web, la communication ne va
plus seulement de la direction vers le manager puis vers l'employé
non-managérial mais bien aussi dans l'autre sens, c'est-à-dire
que le natif numérique devient force de proposition. Les digital natives
sont connectés au XXIe siècle, ce serait une erreur de ne pas se
saisir cette opportunité. Le manager doit réussir à
coordonner tous ces changements afin d'assurer la loyauté de cette
génération pour l'entreprise. L'espace et le temps ont
complètement changé pour cette génération qui est
connectée de façon simultanée à la vie IRC (in real
chat, sur internet) et IRL (in real life, dans la vraie vie). Bien plus que le
manager, c'est toute la structure de l'entreprise qui va évoluer comme
cette nouvelle relation entre les ressources humaines et le marketing pour
améliorer le transfert des connaissances ou la marque employeur. Bien
évidemment, il ne faut pas caricaturer vos actions pour séduire
les digital natives car ils sauront en profiter.
115
Cependant, il ne faut pas croire que la rupture est totale
entre les deux générations. Un proverbe africain dit que «
C'est au bout de la vieille corde qu'on tisse la nouvelle ».
Rappelons-nous premièrement que certains des digital immigrants ont
créé l'informatique et sont les créateurs du
numérique. Deuxièmement, il y a une grande part des digital
immigrants qui sont très bien formés au web. Il y a surement une
fracture entre les digital immigrants qui ont fait l'effort de s'auto-former et
de suivre des formations en entreprise et les autres qui n'ont pas eu la
volonté de s'adapter car ils n'avaient pas saisi les enjeux et les
opportunités.
Suite à notre mémoire sur le management des
digital natives, deux recherches sont à approfondir :
? Quel est la part de digital immigrants qui a fait l'effort
de migrer vers le digital et l'autre part qui est en retard ?
? Une comparaison entre digital native et digital immigrant
selon les CSP serait intéressante pour pallier aux limites de notre
étude
Toute entreprise française doit dès à
présent comprendre le besoin qu'elle a d'être moderne et de savoir
répondre aux problématiques managériales. « L'avenir
est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l'avenir, on le fait.
»117
117 Georges BERNANOS, La Liberté, pour quoi faire
?, 1953
116
Bibliographie
? Ouvrages
M. PRENSKY, Teaching Digital Natives: Partnering for Real
Learning, 2001
E. CARRE, A. LABRUFFE, 100 questions pour comprendre et agir
- Le Management, AFNOR, 2004
J. PALFREY, U. GASSER, Born digital : understanding the first
generation of digital native, Basic Books, 2008
R. QUIVY, L. VAN CAMPENHOULT, Manuel de recherché en
science sociales, DUNOD, 1988
R.-A. THIETART, Méthodes de recherche en
management, DUNOD, 2007
Eszter Hargittai, Digital Natives or Digital Naïves ?
Internet Skills among Members of the « Net Generation », 2012
Henry MINTZBERG, Mintzberg on management, 1989
? Mémoires
A. FONTANEL, sous la direction de B. BELVAUX, Comment les
marques peuvent-elles communiquer auprès des Digital Natives ?,
Mémoire de Master 2 Marketing et Communication des Entreprises
Université Panthéon-Assas, Paris II, 2010
J. EDUADSEN, Are the Digital Natives myth or reality
?, MSc. International Business Economics Centre for International Business
Aalborg University, 2011
117
? Articles de presse
M. PRENSKY, Digital Natives, Digital Immigrants, On
the Horizon (MCB University Press, Vol. 9 No. 5, October 2011), 2011
K. JONSEN, R. MARTIN, S. WEG, Managing Digital Natives -
Opportunity or Challenge? Tell me when you were born and I'll tell you who you
are, The European Business Review
M. MASIMBERT, Tous les jeunes ne sont pas des « digital
natives », Slate.fr, 08/10/2013
? Articles scientifiques
S. OCTOBRE, Pratiques culturelles chez les jeunes et
institutions de transmission : un choc de cultures ?,
Culture.gouv.fr, 01/2009
E. HELSPER, R. ENYON, Digital natives : where is the
evidence ?, British Educational Research Association, LES research online,
2009
Dr C. JONES, B SHAO, The net generation and digital
natives: implications for higher education, The Open University,
26/06/2011
F. FRERY, Le management 2.0 ou la fin de l'entreprise
?, Dossier : La sortie de crise passe par l'entreprise, 25/05/2010
M. BAHUAUD, C. DESTAL, A. PECOLO, L'approche
générationnelle de la communication : placer les publics au coeur
du processus, Communication & Organisation, 2011
118
N. SELWYN, The digital native - myth and reality,
Institute of Education, University of London, London, UK, 20/01/2009
? Autres (syndicat, association, site internet,
independent, grande école...)
MEDIAMETRIE, Immédiateté, choix et
interactivité : 3 priorités des jeunes pour l'info, WSA,
02/2009
F. HERMELIN, Inside #1 : « Dans la tête des
Digital Natives », SixandCo
M.-A. ALLARD, D.G.A DE BRAIN VALUE, Les « Digital
Natives » (15-25 ans), la génération des autochtones du
Web,
delitsdopinion.com,
22/04/2009
M. WESCH, Mediated Cultures : Digital Explorations of our
Mediated World led by Cultural Anthropologist Michael Wesch, Kansas State
University
I. GEORGE, « The Digital Natives », Helixa,
01/06/2011
POLYCONSEIL, Digital Natives et nouveaux usages médias
: comment s'y adapter ?, Livre blanc de Polyconseil, 10/2012
B. MEYRONIN, S. HOSPITAL, La Culture Digital Native,
grenoble-em.com, 2012
TNS SOFRES, Les français et le
téléchargement illégal sur Internet, 2009
Georgia Institute of Technology et l'International
Telecommunication Union, Measuring the Information Society, 2013
Olivier DONNAT, Pratiques culturelles et usages de
l'internet, Ministère de la Culture et de la Communication, 2007
119
Glossaire des sigles et mots techniques
Digiborigène
Même définition que digital native.
Digital immigrant
Personne ayant connu l'ère avant le développement
du numérique. Ils sont « immigrants » car ils doivent faire
l'effort d'apprendre les connaissances liés à l'informatique et
au web.
Digital native
Jeune entre 15 et 24 ans ayant vécu dans l'ère du
numérique et passé au moins 5 ans de leur vie à une
utilisation quotidienne d'internet.
IRC
In real chat ce qui veut dire, être en ligne.
IRL
In real life ce qui veut dire, dans la vraie vie.
PC
Personnal computer soit son ordinateur personnel.
Web 1.0, 2.0 et 3.0
Le web 1.0, c'est le web statique centré sur le partage de
contenu (depuis 1993). Le web 2.0 désigne le web social (depuis 2007).
Le web 3.0 représente le web sémantique et le web des objets
(nous sommes aux prémices).
120
Table des tableaux
Tableau 1 : Les rôles d'un manager
36
Tableau 2 : Date de saisie des réponses aux
questionnaires via Sphinx Online
63
Tableau 3 : Moins de 30 ans et les plus de 31 ans
ayant répondu aux
questionnaires via Sphinx Online 64
Tableau 4 : Segmentation par l'âge des
interrogés via Sphinx Online ________ 65
Tableau 5 : Segmentation par le sexe des
interrogés via Sphinx Online _____ 66
Tableau 6 : Segmentation par la catégorie
socio-professionnelle des
interrogés via Sphinx Online
66
Tableau 7 : Depuis quand les interrogés
utilisent Internet via Sphinx Online
67
Tableau 8 : Fréquence de consommation du
web des interrogés via Sphinx
Online 68
Tableau 9 : Les technologies
possédées par les interrogés via Sphinx
Online
68
Tableau 10 : Compréhension de l'item «
blog » par les interrogés via Sphinx
Online 70
Tableau 11 : Compréhension de l'item «
JPG » par les interrogés via Sphinx
Online 71
Tableau 12 : Compréhension de l'item «
PDF » par les interrogés via Sphinx
Online 71
Tableau 13 : Compréhension de l'item «
spyware » par les interrogés via
Sphinx Online 72
Tableau 14 : Compréhension de l'item «
firewall » par les interrogés via
Sphinx Online 72
121
Tableau 15 : Compréhension de l'item «
like » par les interrogés via Sphinx
Online 73
Tableau 16 : Compréhension de l'item «
follow back » par les interrogés via
Sphinx Online 73
Tableau 17 : Compréhension de l'item «
podcast » par les interrogés via
Sphinx Online 74
Tableau 18 : Compréhension de l'item «
torrent » par les interrogés via
Sphinx Online 74
Tableau 19 : Compréhension de l'item «
wiki » par les interrogés via Sphinx
Online 75
Tableau 20 : Compréhension de l'item «
phishing » par les interrogés via
Sphinx Online 75
Tableau 21 : Compréhension de l'item «
RSS » par les interrogés via Sphinx
Online 76
Tableau 22 : Compréhension de l'item «
stream » par les interrogés via
Sphinx Online 76
Tableau 23 : Compréhension de l'item «
cookie » par les interrogés via Sphinx
Online 77
Tableau 24 : Comparaison des compétences
par moyenne entre digital
natives américains, français et
digital immigrants français 81
Tableau 25 : Moyennes par types de
personnalité des digital natives et des
digital immigrants 85
Tableau 26 : Moyennes par cercles de
personnalité des digital natives et des
digital immigrants 85
Tableau 27 : L'interrogé « agit-il
rapidement » via Sphinx Online 87
Tableau 28 : L'interrogé se sent-il «
prescripteur » via Sphinx Online 88
Tableau 29 : L'interrogé «
cherche-t-il la gratuité » via Sphinx Online 88
Tableau 30 : L'interrogé se sent il «
libre par rapport aux lois » via Sphinx
Online 89
122
Tableau 31 : L'interrogé se «
lasse-t-il très vite » via Sphinx Online 89
Tableau 32 : L'interrogé « se
méfit il de l'autorité » via Sphinx Online
90
Tableau 33 : L'interrogé «
respecte-t-il plutôt la compétence ou la
hiérarchie
et l'âge » via Sphinx Online
90
Tableau 34 : L'interrogé «
apprécie-t-il d »accéder rapidement aux
connaissances » via Sphinx Online
91
Tableau 35 : L'interrogé a-t-il « des
difficultés à se concentrer » via Sphinx
Online 91
Tableau 36 : L'interrogé
préfère-t-il « l'image à un texte » via Sphinx
Online
92
Tableau 37 : L'interrogé « se
projette-t-il à long terme » via Sphinx Online _
92
Tableau 38 : L'interrogé a-t-il «
besoin d'autonomie » via Sphinx Online 93
Tableau 39 : L'interrogé « pense-t-il
que l'entreprise est arbitraire » via
Sphinx Online 93
Tableau 40 : L'interrogé a-t-il «
besoin d'un bon relationnel pour
s'impliquer » via Sphinx Online
94
Tableau 41 : L'interrogé sent-il que «
le plaisir immédiat est important » via
Sphinx Online 94
Tableau 42 : L'interrogé pense-t-il que «
le deal win-win est important » via
Sphinx Online 95
Tableau 43 : L'interrogé «
s'adapte-t-il facilement » via Sphinx Online ______ 95
Tableau 44 : L'interrogé se sent-il «
flexible » via Sphinx Online 96
Tableau 45 : L'interrogé se sent-il «
impatient » via Sphinx Online 96
Tableau 46 : L'interrogé se ressent-il
« multitâche » via Sphinx Online 97
123
Tables des figures
Figure 1 : Internet et les nouveaux médias
donnent naissance à une nouvelle
génération 11
Figure 2 : Pourcentages de digital natives par
rapport à la population totale
par pays 15
Figure 3 : Digital immigrants VS Digital natives
16
Figure 4 : Temps passé sur un écran en
nombre d'heures 19
Figure 5 : Le portrait-robot d'un digital native
20
Figure 6 : Pas d'autres choix que d'être
multitâche ! 23
Figure 7 : Nombre d'envois de 1ere recommandation
depuis 2010 à 2013 par
Hadopi 28
Figure 8 : « Croissance du nombre de transistors
dans les microprocesseurs Intel par rapport à la loi de Moore. En vert,
la prédiction initiale voulant que
ce nombre double tous les 18 mois »
32
Figure 9 : Le diagramme de l'Ennéagramme : 9
types de personnalité ______ 83
Figure 10 : Les 9 types de personnalité de
l'Ennéagramme 83
Figure 11 : Les trois centres de l'Ennéagramme
84
124
Table des matières
Introduction 1
1. Le phénomène 1
2. La problématique d'entreprise 3
3. L'annonce du plan 4
I. Le management des digital natives : concepts,
théories et hypothèses de
recherche 5
A. La génération des digital natives
5
1. Concepts 5
a. Le concept de Génération 5
b. Les générations du XXe siècle 7
c. Les générations Digital Natives & Digital
Immigrants 10
2. Profil des digital natives 18
a. Ultra-connecté 18
b. Espace et Temporalité 21
c. Multitâche 23
d. Hyper-communicant 25
e. L'Autorité 27
3. Nouveaux actifs 30
B. Management traditionnel et management des digital
natives 34
1. Management traditionnel de la personne 34
2. Incompatibilité entre traditionalisme et modernisme
générationnel 39
3. Du changement dans le management de la personne ? 42
C. Quel management pour la génération
digitale ? 45
1. Comprendre 46
2. Motiver 47
3. Fidéliser 49
Synthèse du management des digital natives
50
Hypothèses 51
II. Diagnostic managérial
générationnel 53
A. Du point de vue des acteurs 53
125
1. L'intelligibilité du manager 53
a. La méthodologie 53
b. Retranscription synthétique de l'étude
qualitative auprès des managers 56
2. Le digital native se connaît-il lui-même ? 59
a. La méthodologie 59
b. Retranscription synthétique de l'étude
semi-directive auprès des digital natives 61
B. Enquête comparative
intergénérationnelle 63
1. Connaissances 70
a. Comparaison entre digital natives et digital immigrants
français 78
b. Comparaison avec l'étude de Eszter HARGITTAI et les
digital natives américains 80
2. Personnalités 82
a. L'Ennéagramme 82
b. Synthèse des personnalités 85
3. Comportements 87
a. Validité des affirmations 87
b. Synthèse des comportements 98
C. Synthèse des études 100
III. Recommandations pour une
dynamique de changement 102
A. Validité des hypothèses 102
B. Préconisations opérationnelles
106
1. Comprendre 108
2. Motiver 109
3. Fidéliser 111
Conclusion générale
113
Bibliographie 116
Glossaire des sigles et mots techniques
119
Table des tableaux 120
Tables des figures 123
Table des matières 124
Résumés et mots-clés
126
126
Résumés et mots-clés
Résumé
Les digital natives sont une génération
d'individus ayant entre 15 et 24 ans et façonnée par les
technologies numériques. Ils ont une forte activité sur le web
depuis au moins 5 ans. D'ici 2020, les digital natives seront les plus nombreux
en activité en France devant toutes les autres
générations. Le manager n'est pas préparé à
cette génération qui est différente au niveau des
compétences et dans son comportement. En quoi le manager devra-t-il
modifier son management pour gérer, motiver et fidéliser les
nouveaux actifs de moins de 30 ans, suite à la fracture comportementale
intergénérationnelle entre digital native et digital immigrant en
France ?
Mots-clés
Digital native, Digital immigrant, Management, Manager,
Comprendre, Gérer, Motiver, Fidéliser, Fracture,
Génération
Abstract
The digital natives are a generation of people aged between 15
and 24 years and tied by digital technologies, they have a strong web activity
for at least 5 years. . By 2020, the digital natives will be more active in
France ahead of all other generations. Managers are not prepared to work with
this generation because they are different in skills and behavior due to
generational divide between digital natives and digital immigrants. The final
goal is to know what current managers should change in their way to manage to
motivate and keep new employees aged under 30 in France ?
Key words
Digital native, Digital immigrant, Management, Manager,
Understand, Manage, Motivate, Make loyal, Fracture, Generation