Analyse des facteurs explicatifs de la faible pratique de la classe promenade dans les CEEP de la commune de Koudougou

III.2 ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Dans cette partie, il s'agira pour nous d'analyser et d'interpréter les résultats afin de voir s'ils confirment ou infirment nos hypothèses de départ.

Pour appréhender les facteurs explicatifs de la faible pratique de la classe promenade dans les CEEP, nous avons présumé premièrement que « la faible prise en compte de la classe promenade au niveau institutionnel explique sa faible pratique dans les CEEP de la commune de Koudougou ». L'analyse documentaire a permis de constater que l'activité n'est pas suffisamment encadrée au niveau institutionnel. S'il est vrai que la classe promenade est citée dans le PNEP, il n'y a pas véritablement une orientation quant à sa pratique.

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Nous faisons le même constat dans le « guide pratique des activités d'éducation préscolaire au Burkina Faso » produit par le MASSN en septembre 2008. Dans ledit document, ont été consignées toutes les activités au préscolaire avec les fiches pédagogiques de chacune de ces activités pour permettre aux éducateurs de s'en inspirer. La classe promenade a été presque oubliée puisqu'on s'est contenté de lui donner simplement une définition. Ce guide qui est censé donner toutes les orientations nécessaires à la pratique des activités pédagogiques n'a fait qu'effleurer la classe promenade. Aucune fiche pédagogique d'activité de classe promenade n'a été officiellement conçue. Ce qui a amené un chargé de cours, sur initiative personnelle, à proposer provisoirement aux éducateurs une fiche pédagogique. Malgré cela, 53,85% (tableau N°13) du personnel d'encadrement disent n'avoir pas appris à préparer une fiche pédagogique de l'activité de classe promenade. Comment pourrait-on préparer une activité si on ne sait pas préparer sa fiche pédagogique ? Au niveau des programmes de formation, l'activité a été intégrée au module sur les activités de langage. Mais comme l'a fait remarquer un chargé de cours « il ne suffit pas de l'intégrer dans le programme, il faut lui donner un contenu ». Ce qui fait d'ailleurs que l'activité n'est pas suffisamment prise en compte au cours de la formation initiale. C'est pourquoi jusqu'à 69,23% (figure N°3) des enquêtés ne sont pas satisfaits de la formation suivie. Les propos des chargés de cours corroborent du reste ceux des éducateurs. Ces chargés reconnaissent en effet, qu'elle est légèrement abordée. A ce propos, un chargé de cours déclare que : « Le contenu des programmes remis aux chargés de cours ne les amène pas forcément à aborder la classe promenade ». C'est ce qui fait qu'elle est abordée de façon superficielle. Il y a une insuffisance significative constatée dans la formation du personnel. L'on comprend aisément pourquoi 38,46% (tableau N°17) du personnel disent qu'ils ne savent pas préparer cette activité.

Concernant le suivi-supervision des activités, aucun éducateur n'a déjà été supervisé au cours d'une classe promenade. Il est évident que la classe promenade n'a pas une assise dans les habitudes. L'inspecteur

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chef de CEPE du Boulkiemdé dit avoir effectivement constaté que l'activité n'est pas menée mais reconnait n'avoir pas encore interpellé, ni sensibilisé les éducateurs à cet effet (entretien du 14 février 2014). Aussi, aucun éducateur n'a déjà bénéficié d'une séance de recyclage sur la classe promenade. Chaque fois qu'une séance de recyclage sur le projet pédagogique et sur les activités au préscolaire est organisée, on ne parle pas de la classe promenade. En parcourant également les thèmes des animations pédagogiques, la classe promenade n'a jamais été prise en compte. Il n'existe pas non plus un document guide sur la classe promenade. On a l'impression que la classe promenade n'a pas la même considération au niveau institutionnel que les autres activités au préscolaire. Toutes ces insuffisances constatées au niveau institutionnel ne sont pas de nature à encourager les éducateurs à pratiquer la classe promenade. C'est pourquoi, il y a des réticences par rapport à sa pratique.

Quand la classe promenade aura une meilleure considération et un bon encadrement au niveau institutionnel, les éducateurs la pratiqueront bien volontiers. Ainsi, à la faveur de cette analyse, nous pouvons conclure que notre hypothèse est confirmée.

Concernant notre deuxième hypothèse, elle indique que « la mauvaise perception de la classe promenade par les éducateurs justifie sa faible pratique dans les CEEP de la commune de Koudougou ». Après avoir analysé les connaissances des éducateurs sur la classe promenade, nous nous sommes rendu compte qu'ils n'ont pas de connaissances approfondies à ce sujet. Si 100% (tableau 12) du personnel ont déjà entendu parler de la classe promenade, la majorité n'arrive pas à la définir correctement puisque jusqu'à 62,50% (tableau N°16) des enquêtés la perçoivent comme une activité récréative. Cela dénote d'une méconnaissance de l'activité. D'ailleurs, certains à savoir 61,54% du personnel (tableau N° 18) pensent même qu'elle perturbe le planning du jour. Cela montre qu'ils ne la considèrent pas au même titre que les autres activités. Ce qui fait qu'ils la négligent. Pourtant, la classe promenade est une activité à part entière. Mais la majorité reconnait

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qu'elle est faisable au préscolaire comme le confirme le taux de 95 ,83% (figure N°5) d'éducateurs qui estiment que les enfants du préscolaire sont aptes à la pratiquer. Malheureusement, ils le disent en théorie mais ne la pratiquent pas en ce sens que 50% (figure N°6) d'entre eux ne l'ont jamais menée et 37,5% (figure N°6) la mènent seulement une fois l'an. Tous les directeurs notamment du public ont admis que l'activité est menée au maximum une fois par an quand ils reçoivent des stagiaires. Dans le privé, elle n'est pas menée du tout. Pourtant, 61,54% (tableau N° 17) du personnel déclarent avoir les compétences nécessaires pour préparer l'activité. L'idée qu'ils ont de l'activité est donc un facteur déterminant. Beaucoup ont une mauvaise opinion de l'activité comme l'attestent 61,54% des enquêtés (figure N°4) qui trouvent qu'elle est facultative au préscolaire. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de la mener régulièrement d'où sa non prise en compte dans les programmes d'activités des CEEP. Cette opinion traduit une méconnaissance de l'intérêt de cette activité pour l'enfant. Cela a été du reste confirmé par la majorité d'entre eux qui trouvent que c'est une activité récréative qui ne diffère pas de l'excursion. Il y a effectivement une confusion notoire entre les concepts. En plus, le personnel d'encadrement pense qu'elle nécessite des ressources financières. Ils sont 58,33% (figure N°7) à dire qu'elle est coûteuse. Cela pourrait se comprendre si le site est éloigné mais, en réalité, c'est parce que les éducateurs prennent l'excursion pour la classe promenade qu'ils avancent de tels propos. Sinon, l'activité ne nécessite pas forcément de ressources financières.

L'analyse de la perception des éducateurs à travers leur connaissances, leurs opinions et leurs comportements face à la classe promenade démontre une mauvaise perception de l'activité d'où la confirmation de notre deuxième hypothèse.

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S'agissant de notre troisième hypothèse, nous avons postulé que « l'insuffisance des mesures de protection physique des enfants limite la pratique de la classe promenade dans les CEEP de la commune de Koudougou ».

A l'issue des entretiens avec les directeurs, ils évoquent les craintes d'accident et les difficultés de gestion des enfants pendant l'activité. Ces craintes montrent que la sécurité des enfants n'est pas totalement assurée. D'ailleurs, 95,33% (figure N°8) des enquêtés disent que c'est une activité risquée et la maîtrise des enfants est difficile et ce, probablement à cause des effectifs des sections. En effet, 75% (figure N°9) du personnel estiment que les effectifs entravent la pratique de l'activité. Le constat fait sur le terrain révèle que les sections sont tenues par au moins deux (02) encadreurs et la moyenne des effectifs par section est de 55 enfants. Ce qui pose le problème de la maîtrise des enfants qui est évoqué par 37,5% (figure N°10) du personnel comme une des principales difficultés liées à la pratique de la classe promenade. D'autres par contre à savoir 37,5% (figure N°10) mettent en exergue la difficulté liée au transport des enfants jusqu'au site. Du reste, 25% (figure N°10) parlent de l'inexistence de sites à proximité du CEEP. Pour corroborer toutes ces préoccupations, le personnel ayant déjà mené l'activité déclare tous que le niveau de protection des enfants est insuffisant pendant l'activité. En plus, le personnel craint d'être tenu pour responsable en cas d'accident ou de blessure d'un enfant. Ils estiment n'être couverts par aucun texte. Tous les interviewés reconnaissent aussi que la pratique de la classe promenade a beaucoup d'implications et surtout de contraintes sécuritaires alors qu'ils n'ont pas tout l'accompagnement nécessaire pour réduire les risques. Toutes ces préoccupations s'expliquent par l'insuffisance d'un dispositif sécuritaire approprié qui garantisse la sécurité des enfants au cours de l'activité. Tous ces éléments confirment ainsi notre troisième hypothèse.

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Au terme de l'analyse et de l'interprétation de nos résultats, toutes nos hypothèses secondaires ont été confirmées. Ce qui de facto, confirme notre hypothèse principale.

III.3 SUGGESTIONS

Après avoir identifié les obstacles entravant la pratique de la classe promenade dans les CEEP, nous formulons des suggestions qui s'inscrivent dans la dynamique d'une recherche de solutions au problème identifié qui a fait l'objet de la recherche.

III.3.1 A l'endroit de la Direction du développement de l'éducation préscolaire

- adopter des textes qui organisent mieux la classe promenade au préscolaire ;

- produire et vulgariser des guides pédagogiques sur la classe promenade;

- dynamiser la tenue des conférences annuelles des Inspecteurs d'Education de Jeunes Enfants parce qu'elles constituent des cadres de réflexion et d'harmonisation des pratiques professionnelles ;

- oeuvrer à la construction des CEEP pour désengorger les sections. - faire respecter le cahier des charges par les promoteurs des structures privées.

- promouvoir la formation continue du personnel d'encadrement.

III.3.2 A l'endroit de l'INFTS

- Augmenter le volume horaire du module sur les activités de langage à 50 h de sorte à permettre au chargé de cours de mettre l'accent sur la classe promenade ;

- Faire élaborer une fiche pédagogique de l'activité de classe promenade qui sera mise à la disposition des éducateurs ;

- élaborer et mettre en oeuvre un plan de formation continue des professionnels de l'éducation de la petite enfance.

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III.3.3 A l'endroit de la circonscription d'éducation de la petite enfance du Boulkiemdé

- Veiller à ce que toutes les activités du préscolaire soient menées

dans les CEEP en interpellant périodiquement le personnel ;

- mener une conférence sur la classe promenade ;

- assurer régulièrement la supervision pédagogique du personnel d'encadrement ;

- veiller à un recrutement raisonnable des enfants par section dans les CEEP pour faciliter leur encadrement.

III.3.4 A l'endroit des directeurs de CEEP

- Mettre les moyens nécessaires à la disposition des éducateurs pour leur permettre de mener la classe promenade ;

- travailler à avoir des effectifs raisonnables dans les sections car la pléthore des effectifs ne facilite pas la pratique de la classe promenade ;

- souscrire à une compagnie d'assurance pour assurer tous les enfants du CEEP ;

- veiller à la pratique de la classe promenade dans les CEEP en interpellant de temps en temps le personnel d'encadrement ;

- sensibiliser les parents d'enfants sur les activités menées au préscolaire.

III.3.5 A l'endroit du personnel d'encadrement en service dans les CEEP

- Identifier les sites pouvant faire l'objet de visite en fonction du projet pédagogique ;

- inscrire la classe promenade dans les programmes d'activité des sections ;

- mener régulièrement la classe promenade au même titre que les autres activités ;

- inscrire la classe promenade dans les thèmes d'animation pédagogique ;

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CONCLUSION

L'éducation préscolaire est le premier niveau du système éducatif burkinabè. Plusieurs activités concourent au développement holistique de l'enfant d'âge préscolaire. Alors, dans le principe, au préscolaire, toutes les activités se valent. Ces activités sont consignées dans le PNEP qui est le référentiel national. Ledit programme cite la classe promenade parmi les activités. C'est une activité enrichissante pour l'enfant d'âge préscolaire. Mais, paradoxalement, elle disparait progressivement des pratiques éducatives des éducateurs à telle enseigne que beaucoup oublient qu'elle doit être menée au préscolaire. Conscient de l'intérêt pédagogique de cette activité pour l'enfant, qui a du reste été maintes fois rappelé par de célèbres pédagogues, nous nous sommes sentis interpellé. C'est ce qui nous a motivé à entreprendre cette étude sur le sujet : «analyse des facteurs explicatifs de la faible pratique de la classe promenade dans les CEEP de la commune de Koudougou », avec la question principale suivante : quels sont les facteurs explicatifs de la faible pratique de la classe promenade dans les CEEP de la commune de Koudougou ?

L'étude a été conduite dans sept (07) CEEP publics et privés de la commune de Koudougou. Elle a été exclusivement faite dans les structures reconnues par l'Etat et a touché le personnel d'encadrement qualifié.

A travers cette étude, il s'agissait pour nous d'identifier non seulement les facteurs explicatifs de la faible pratique de la classe promenade mais aussi et surtout de mettre en exergue la valeur pédagogique de cette activité et faire des suggestions pour dynamiser sa pratique. Pour conduire notre recherche, nous avons formulé l'hypothèse principale suivante : les facteurs d'ordre institutionnel, professionnel et sécuritaire expliquent la faible pratique de la classe promenade dans les CEEP de la commune de Koudougou.

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Cette hypothèse principale a été éclatée en trois secondaires intitulées ainsi qu'il suit :

Hypothèse secondaire 1 : la faible prise en compte de la classe promenade au niveau institutionnel explique sa faible pratique dans les CEEP de la commune de Koudougou ;

Hypothèse secondaire 2 : la mauvaise perception de la classe promenade par le personnel d'encadrement justifie sa faible pratique dans les CEEP ;

Hypothèse secondaire 3 : l'insuffisance des mesures de protection physique des enfants limite la pratique de la classe promenade dans les CEEP de Koudougou.

L'analyse documentaire, l'enquête par questionnaire et des entretiens ont essentiellement été utilisés auprès d'un échantillon de 37 enquêtés pour collecter les données nécessaires à la vérification de ces hypothèses.

Après analyse et interprétation des résultats, les trois (03) hypothèses que nous avons émises ont été confirmées et par ricochet l'hypothèse principale. En effet, l'étude a révélé des insuffisances dans l'organisation de la classe promenade au niveau institutionnel. Elle n'est pas suffisamment prise en compte. Cela est d'ailleurs perceptible à la formation initiale qui survole cette activité. Il manque également d'orientation et de guides pédagogiques de la classe promenade. La non prise en compte véritable de cette activité au niveau institutionnel constitue un frein à sa pratique dans les CEEP. Ce qui fait d'ailleurs que les éducateurs l'évitent purement et simplement dans leurs programmes d'activités.

Aussi, est-il évident que le personnel d'encadrement méconnait l'importance de l'activité en ce sens qu'ils la trouvent facultative. Les investigations ont également permis de constater une confusion totale entre cette activité et les excursions. Cette mauvaise perception de la classe promenade fait également que les éducateurs ne voient pas la nécessité de la mener.

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De même, l'étude a révélé un faible niveau de protection physique des enfants. Cela n'est pas de nature à favoriser la pratique de la classe promenade. Les effectifs des sections posent également le problème de la gestion des enfants pendant l'activité. Cette situation augmente les craintes et exacerbe les sentiments de peur des éducateurs qui ne s'aventurent pas à organiser une telle activité qu'ils trouvent risquée.

Au regard des conclusions de l'étude, nous avons formulé des suggestions à l'endroit des acteurs de l'éducation préscolaire pour que chacun à son niveau joue le rôle qui est le sien afin de changer la donne car il est plus que jamais impérieux que la classe promenade soit véritablement pratiquée pour le plus grand bonheur des enfants. Nous en appelons donc surtout à la conscience professionnelle du personnel d'encadrement.

Au terme de notre étude, nous reconnaissons qu'elle comporte des limites. Donc, nous n'avons pas la prétention d'avoir épuisé tous les contours du sujet. Pour nous, cette étude est un déclic qui, nous l'espérons, inspirera d'autres chercheurs qui pourront l'approfondir.

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