II- Le vote de la Résolution 1973
Le vote de la Résolution autorisant le recours à
la force contre le régime de Mouammar KADHAFI a aussi permis de
constater le détachement vis-à-vis de la position officielle de
l'UA et la manifestation de stratégiques, notamment de la part du
Nigeria, de l'Afrique du Sud et du Gabon. En effet, en consultant le rapport du
Conseil de Sécurité sur le vote de ladite Résolution, il
apparait que ces trois pays ont voté en faveur de l'adoption de ladite
résolution. Pourtant, l'UA avait pris position pour un règlement
pacifique du conflit et un dialogue entre les parties en conflit. Le conseil de
paix et de sécurité avait réaffirmé «
fermement que l'UA se tient au côté du peuple libyen, et
encourage toutes les parties prenantes libyennes à se mettre ensemble et
à négocier un processus pacifique qui conduira à la
démocratie195 ». Tout comme la crise ivoirienne,
l'UA avait institué un panel composé des chefs d'État sud
africain, congolais, malien, mauritanien et ougandais pour proposer une
solution à la crise.
La position de l'organisation continentale articulée en
trois points à savoir : le cessez-le feu immédiat, les questions
humanitaires, la transition et les réformes politiques,
économiques et sociales nécessaires, a été
ignorée par les trois pays cités plus haut et le
Sénégal, lesquels ont suivi la ligne de certaines grandes
puissances non africaines comme la France et les États
Unis196. D'après les analystes de la politique
internationale, les dirigeants du Nigeria et d'Afrique du Sud, deux pays
candidats potentiels à un poste de membre permanent du Conseil de
Sécurité, ont voté la Résolution 1973 pour «
plaire » à ceux qui pourraient le moment leur favoriser
l'entrée197. Cette stratégie de Chefs d'État
signifie que les concepts d'intérêt et de pouvoir n'ont rien perdu
de leur pertinence dans les relations internationales et continuent à
dicter la politique des États à l'égard des régimes
de sécurité collective198. Les Président Ali
BONGO ODINGBA et Abdoulaye WADE quant à eux n'ont suivi que la
volonté de la France, initiatrice de la Résolution 1973, pays
avec lequel ces Chefs d'État entretiennent des relations très
étroites dans les domaines de l'aide publique au développement
mais aussi de la protection militaire. A l'analyse, nous constatons que
certains dirigeants africains se comportent comme des homo
oeconomicus, c'est-à-dire des êtres rationnels et
égoïstes qui ajustent leurs comportements
195 Décision du conseil de paix et de
sécurité de l'Union Africaine lors de sa 291ème
réunion tenue, le 26 août 2011 au niveau des chefs d'États
et de gouvernement.
196 Guy MVELLE, Op. Cit. p. 27.
197 Ibid.
198 Ibid. p.28.
199 Ibid. p.3o.
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aux fins individuelles recherchées199. Cette
recherche de l'intérêt égoïste est de nature à
entraver le processus d'intégration régionale en Afrique comme le
retrait du Maroc de l'OUA et le non respect des textes communautaires sur la
libre circulation des personnes par les États.
SECTION II : L'IMPACT DE L'INTÉRET NATIONAL
ÉGOÏSTE SUR LE PROCESSUS D'INTÉGRATION RÉGIONALE EN
AFRIQUE : ÉTUDE DE CAS
La recherche de l'intérêt national
égoïste constitue un frein à l'intégration
régionale africaine. Ainsi, le retrait du Maroc de l'Union Africaine
(PARAGRAPHE I) et le non respect des textes sur la libre circulation par les
États membres des CER africaines (PARAGRAPHE II) sont des exemples qui
éclairent notre démonstration sur le sujet.
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