III- FRONTIERES ET LIMITES DE L'AUDIT FINANCIER
La définition habituelle de l'audit se limite à
mentionner la vérification des données comptables en tant que
résultat d'un processus de production d'information et n'évoque
pas explicitement l'appréciation des moyens de production de cette
information par l'entreprise.
Or, l'évolution actuelle de l'audit financier souligne
le double aspect de sa démarche :
Il s'agit tout à la fois d'un contrôle sur les
comptes de l'entreprise tels qu'ils sont présentés, mais aussi
d'un contrôle sur la manière dont les comptes sont établis.
Les procédures de leur constitution - c'est-à-dire l'organisation
et le fonctionnement du système d'information comptable et
financière de l'entreprise - sont partie intégrante de la
confiance que l'on va accorder aux états financiers. Ceci amène
à une vision plus large de l'audit financier que l'on peut
présenter comme « un examen critique qui permet de vérifier
les informations données par l'entreprise et d'apprécier les
opérations et les systèmes mis en place pour les traduire. Cette
définition inclut spécifiquement l'évaluation de ce que
l'on appelle le «
contrôle interne » de l'entreprise, c'est-à-dire les mesures,
procédures et contrôles mis en place dans l'organisation pour
assurer la protection du patrimoine et la qualité de l'information
comptable (Mikol 1999). Mais elle ne remet pas en cause l'objectif de l'audit
qui reste la certification des comptes annuels.
En revanche, certains vont plus loin et affirment par exemple
que « les objectifs à long terme de l'audit doivent être
d'apporter un guide aux décisions futures de la direction sur toutes les
questions d'ordre financier telles que contrôles, prévisions,
analyse et établissement des rapports ». Cette définition
dépasse la finalité de certification en incluant un rôle de
conseil. Elle pose donc le problème de l'influence éventuelle de
l'auditeur sur la gestion de l'entreprise. Or, dans le contexte
réglementaire OHADA, l'immixtion de l'auditeur dans la gestion de
l'entreprise n'est pas autorisée, ce qui interdit en principe les
recommandations de gestion.
Il convient donc de bien délimiter ce que nous
entendons par audit financier par rapport à d'autres activités
voisines. L'audit financier est ce que l'on appelle un audit « externe
légal », c'est-à-dire un contrôle obligatoire des
comptes annuels réalisé par une personne indépendante. En
cela, il se distingue de l'audit « externe contractuel » et de
l'audit « interne » de la manière suivante :
l'audit externe légal est une activité
obligatoire orientée vers l'environnement de l'entreprise. Ses
modalités d'intervention, sa finalité et sa
périodicité sont déterminées par des
critères légaux et réglementaires ;
l'audit externe contractuel est effectué par un
cabinet d'audit à la demande expresse d'un client. Les modalités
d'intervention sont alors déterminées par le cabinet avec le
client, en fonction de ses besoins. Par exemple, lors du rachat d'une
entreprise par une autre, l'acheteur peut demander un audit des comptes de la
société rachetée ;
l'audit interne est réalisé par un service
d'une grande entreprise ou d'un groupe de sociétés. Il effectue
ses travaux selon les orientations définies par la direction de
l'entreprise. En outre, il dépasse de plus en plus la stricte dimension
comptable et financière pour s'étendre à l'ensemble des
fonctions de l'entreprise. Ceci implique d'aller au-delà des rapports
comptables et financiers pour atteindre une pleine compréhension des
opérations effectuées et proposer des améliorations. En ce
sens, un audit interne se rapproche davantage d'un audit opérationnel ou
d'une mission de conseil et s'éloigne des `pratiques et des
finalités de l'audit externe qui se limite en principe au contrôle
de la validité des informations fournies par les systèmes
existants.
Dans le cadre de nos travaux, les termes d'audit et d'auditeur
se limiteront au domaine de l'audit externe légal dans une optique de
validation des comptes annuels.
Certains des résultats obtenus seront cependant
susceptibles d'être étendus à l'audit externe contractuel
puisqu'il est réalisé par les mêmes individus. Cependant,
l'audit légal présente certaines spécificités qui
en font un exercice différent de l'audit contractuel. En particulier, la
périodicité annuelle de l'audit légal a un impact
fondamental sur les relations entre intervenants (auditeurs / audités)
et la nature des contrôles réalisés, dont le
caractère répété et prévisible amène
certains à les qualifier de « rituel ».
SECTION 2 : LES AUTRES TYPES
D'AUDIT
IV. L'AUDIT OPERATIONNEL
L'audit opérationnel se définit comme
l'évaluation du rendement de la gestion et la conformité aux
politiques et aux budgets. L'organisation et ses opérations sont
analysées, y compris l'évaluation de la structure, les
contrôles, procédures et processus. L'objectif est
d'évaluer l'efficacité et l'efficience d'une division,
l'activité, ou l'exploitation de l'entité pour atteindre les
objectifs organisationnels afin d'apporter des recommandations pour
améliorer la performance sont également apportées..
L'utilisateur principal d'un audit opérationnel est la gestion.
Toutefois, un audit opérationnel est légèrement
différent d'une vérification de la gestion car il se concentre
sur l'organisation. De nombreuses entreprises affectent un personnel de
vérification interne dans le seul but de réaliser des audits
opérationnels sur une base récurrente. Pour chaque examen, la
direction reçoit un rapport de l'équipe de vérification
qui vous indiquera la façon dont les activités sont
effectuées, suggérer des améliorations, et d'offrir
d'autres conclusions tirées des travaux.
V. L'AUDIT MARKETING
L'audit marketing consiste à analyser et diagnostiquer
tous les éléments structurels d'ordre commercial et marketing
susceptibles d'influencer le résultat d'une entité (entreprise ou
organisation). Pour y aboutir, on se pose généralement les
questions suivantes :
- la fonction commerciale est elle bien structurée ?
- les marges bénéficiaires sont elles
calculées de façon réaliste ?
- comment l'entreprise s'informe t'elle ?
L'audit Marketing permet de réaliser un état des
lieux des forces & faiblesses d'une société en ce qui
concerne les différentes dimensions et champs d'application de son
Marketing. es objectifs d'un audit Marketing peuvent se situer à
différents niveaux : faire un état des lieux de l'ensemble du
Marketing dans l'optique d'une cession d'un produit ou d'une entreprise,
réaliser le bilan des actions Marketing afin d'optimiser sa place et son
efficience dans l'activité de la société.
Cet audit s'articule autour de :
- l'audit de marché permettant de comprendre
l'influence que l'environnement direct ou indirect qu'une entité, exerce
sur son présent et son devenir. Cet audit, à l'inverse de l'audit
de gestion, qui s'appui uniquement sur des sources documentaires internes,
expose quant à lui sur des données externes.
- L'audit de l'environnement consistant à cerner les
concurrents, les acteurs du marché, l'environnement juridique et les
clients etc.
VI. L'AUDIT SOCIAL
L'audit social est avant tout l'audit de ressources humaines
à la disposition d'une entité ou entreprise.
C'est un outil de pilotage qui utilise une démarche
d'investigation du champ social des organisations et s'appuie sur une approche
inductive, stratégique, systémique. L'audit social fait appel
à des référentiels explicites et s'appuyant sur des
indicateurs reconnus, l'audit social permet de repérer les points forts
et les points faibles de l'organisation et les risques induits au niveau de la
gestion des ressources humaines. Il consiste à repérer les points
forts et faibles par rapport à des normes, d'amélioration de la
gestion de ressources humaines.
L'auditeur social préconise des solutions propres
à remédier aux dysfonctionnements constatés et / ou
à développer le potentiel identifié au sein de
l'entité contrôlée.
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