La lutte contre la violence en milieu universitaire ivoirien( Télécharger le fichier original )par Gélase Amour DECHI Centre de Recherche et d'Actions pour la Paix - Diplôme d'Études Supérieures Spécialisées En Gestion des Conflits et Paix 2006 |
Paragraphe II : L'amélioration des conditions de vie et de travail des acteursdu monde universitaire La violence en milieu universitaire est également une réaction des acteurs de ce milieu contre leurs mauvaises conditions de vie et de travail. Il apparaît logique que l'amélioration de ces conditions tant pour les enseignants (A) que pour les étudiants (B) s'inscrive dans la lutte contre la violence. A- Concernant les enseignants Il est inutile de rappeler le rôle important d'éducateur et de modèle des étudiants assigné aux enseignants. Si ces derniers désertent les amphithéâtres et autres salles de travaux dirigés ou exercent leur fonction sans motivation, c'est dire que les étudiants n'auront aucun repère et vont s'embourber dans la violence. C'est pourquoi, l'Etat doit tout mettre en oeuvre pour revaloriser la fonction d'enseignant. Celle-ci peut se faire par l'amélioration de leurs conditions de travail: des bureaux avec un minimum de confort et des casiers devraient pouvoir être construits, des micros devraient être achetés pour les cours magistraux. La revalorisation de la fonction d'enseignant par l'Etat serait possible par l'octroi d'un traitement juste et conséquent aux universitaires. Ce qui leur permettra de recouvrer l'autorité indispensable à leur mission d'éducateur. En agissant ainsi, l'Etat pourra les garder dans l'enseignement supérieur, y attirer les titulaires de doctorat et même faire revenir les expatriés. En effet, après des études équivalant à un BAC + 8 ou + 10, les chercheurs et enseignants ont le droit d'être logés à une bonne enseigne, au niveau de leur traitement. En dehors des enseignants, l'Etat devra se pencher sur la situation des étudiants. B- Relativement aux étudiants S'adressant aux étudiants, le ministre CISSE Bacongo a affirmé que la violence, fille des conditions dans lesquelles vous vivez, avait fini par prendre le dessus dans votre milieu65(*). Cette assertion du ministre sous-entend que la réduction de la violence en milieu universitaire dépend également de l'amélioration des conditions de vie des étudiants. Ces conditions se sont si bien dégradées qu'il urge pour l'Etat de réagir. Une des réactions de l'Etat s'est traduite par 1'organisation d'un atelier de réflexion sur « l'amélioration des conditions de vie dans les résidences universitaires : quelles actions pour y parvenir ? », les 16, 17 et 18 novembre 2007, à l'Institut Industriel de l'Afrique de l'Ouest (IIAO), à Grand - Bassam, avec des syndicats et organisations d'étudiants66(*). L'objectif de cet atelier était de définir de façon consensuelle, les modalités d'« amélioration des conditions de vie dans les résidences universitaires, pour la poursuite de bonnes études universitaires et une cohabitation pacifique entre étudiants »67(*). Des propositions dignes d'intérêt, de nature à réduire la violence, ont été faites. Nous en citerons quelques unes. Concernant la réhabilitation des résidences universitaires, elle aura lieu grâce à un fonds de réhabilitation constitué du prélèvement sur la caution versée pour les résidences, le budget du CROU et d'autres sources de financement à rechercher. A propos de l'assainissement de l'environnement des résidences, il implique la création de nouvelles cités universitaires, l'expulsion des non étudiants des cités universitaires, la création de centres commerciaux modernes pour éviter les installations anarchiques, l'équipement et l'augmentation du nombre des médecins de cité et la réglementation de la sonorisation des maquis, jeux vidéo,... Relativement à l'accroissement des capacités d'accueil, il est proposé à l'Etat son implication de l'Etat dans la recherche de nouveaux partenaires techniques et financiers pour la construction de nouvelles universités, l'implication des collectivités décentralisées dans la construction des cités universitaires et l'incitation des promoteurs privés à la construction de nouvelles résidences universitaires. Quant aux loisirs et activités socioculturelles et sportives, il a été proposé la réhabilitation et la création de nouvelles infrastructures, l'intégration d'une politique de promotion du sport depuis le cycle primaire, la promotion des voyages de loisirs, la création de salles de jeux et cybercafés en résidences universitaires, l'organisation et la promotion des jeux de loisirs tels que les jeux de scrabble, d'échec, de dame, ... Toutes ces propositions sont très séduisantes. Il reste maintenant à espérer que celles-ci ne restent pas lettre morte ; mais au contraire, qu'elles soient mises effectivement en pratique pour lutter contre la violence à l'Université. Ainsi donc, les reformes infrastructurelles à envisager pour lutter efficacement contre la violence, doivent être de nature à améliorer tant la capacité d'accueil de l'Université que les conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire. Ce type de reformes ayant été réalisées, il est à présent possible d'appliquer une autre modalité de reforme. * 65 http://mesrsci.com/index.php?phase=1&menu=80: Allocution du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique M. CISSE Bacongo lors de la cérémonie de réconciliation entre la FESCI et les autres syndicats sur l'esplanade de la présidence de l'université de Cocody. * 66 Ce sont: la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire (F. E. S. C. I), la Cellule Estudiantine de Réflexion et d'Actions Concrètes (C.E.RA.C), l'Union Nationale Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire (U.N.E.S.C.I), l'Association Générale des Élèves et Étudiants de Côte d'Ivoire (A.G.E.E.CI), l'Union des Étudiants des Grandes Écoles de Côte d'Ivoire (U.E.G.E-CI), le Collectif des Étudiants des Grandes Écoles et Élèves de l'Enseignement Professionnel et Technique de Côte d'Ivoire (C.E.G.E.P.T-CI), l'Union des Mouvements Estudiantins et Scolaires de Côte d'Ivoire (U.M.E.S Côte d'Ivoire), la Fédération des Élèves et Étudiants de l'Enseignement Technique et Professionnel de Côte d'Ivoire (F.E.T.E.P-CI), le Groupement pour l'Insertion des Étudiants Handicapés Physiques de Côte d'Ivoire (G.I.E.H.P-CI), le Syndicat National des Étudiants des Sciences de Santé (SY.N.E.S.S) le Forum National des Élèves et Étudiants de l'Enseignement Professionnel et Technique de Côte d'Ivoire (F.N.E.P.T-CI), le Syndicat des Élèves et Étudiants de Côte d'Ivoire (SY.E.E-CI), Miss & Mister University. * 67 Voir rapport des commissions sur l'atelier. |
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