La lutte contre la violence en milieu universitaire ivoirien( Télécharger le fichier original )par Gélase Amour DECHI Centre de Recherche et d'Actions pour la Paix - Diplôme d'Études Supérieures Spécialisées En Gestion des Conflits et Paix 2006 |
PARTIE II : LES PERSPECTIVES DE SOLUTIONS A LA VIOLENCEEN MILIEU UNIVERSITAIRE La réduction de la violence impose deux types d'actions : une sur l'organisation qui l'engendre et l'autre sur les comportements des acteurs qui la manifestent. Ces perspectives de solution seront en mesure d'agir profondément sur les causes et les manifestations retenues de la violence en milieu universitaire. Ces perspectives se traduiront par des reformes à opérer à l'Université (Chapitre I) et par l'instauration au sein de cette institution d'un organe d'autorégulation de l'exercice des droits et libertés s'avère utile (Chapitre II). CHAPITRE I : LA REFORME DE L'UNIVERSITETYEOULOU-DYELA appréhende les réformes institutionnelles comme celles « ayant une incidence ou une influence sur l'existence, l'organisation, les attributions et le fonctionnement d'une institution ou des institutions d'Etat »62(*). Ces reformes doivent être appliquées à l'Université en vue de réduire la violence en milieu universitaire. Du fait du caractère onéreux d'un tel ouvrage, l'Etat devra solliciter l'aide de partenaires. Les reformes envisagées peuvent être classées en deux catégories : les reformes infrastructurelles (Section I) et les reformes superstructurelles (Section II). Section I : les reformes infrastructurellesL'Université est devenue exigue vue le grand nombre d'étudiants. Il importe de corriger cette situation, source de violence, en accroissant la capacité d'accueil de l'institution (Paragraphe I). Les conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire sont précaires. Il urge aussi de les améliorer (Paragraphe II). Paragraphe I : L'augmentation de la capacité d'accueil de l'UniversitéL'amélioration de la capacité d'accueil de l'Université passe soit par la réhabilitation de ses infrastructures (A), soit par la décentralisation de ses structures (B). A- la réhabilitation des infrastructures universitaires Après un état des lieux des infrastructures universitaires, l'option sera prise par l'Etat, de rénover les locaux et les ramener à leur usage initial et officiel. Ainsi, la rénovation des infrastructures universitaires touchera les bâtiments, les salles de cours, salles de travaux dirigés et les amphithéâtres, les bureaux. Il s'agira de refaire les peintures, les portes et fenêtres, les plafonds, les murs fissurés... Aussi, la réhabilitation des infrastructures universitaires devra aussi s'étendre au déguerpissement des cabines cellulaires, des photocopieuses établies en désordre et des vendeurs ou vendeuses de cigarettes anarchiquement installés. Ils seront remplacés par des espaces verts. Ce qui permettra de restaurer l'environnement universitaire en pleine dégradation. Egalement, la réfection de lieux pouvant favoriser la tolérance et des échanges réciproques entre les différents acteurs du monde universitaire ne serait pas superflue. Ces cadres de convivialités (paillotes, cafétérias, salles polyvalentes,...contribueront à faire baisser quelque tension entre eux. La réhabilitation des infrastructures universitaires ne suffira pas, à elle seule, à améliorer la capacité d'accueil de l'Université. La décentralisation de ses structures s'impose. B- La décentralisation des structures universitaires Il s'agit d'un processus qui permettra de désengorger l'université de Cocody. L'Etat avait entamé ce processus en créant les universités d'Abobo-Adjamé et de Bouaké, en vue de décongestionner l'Université-mère de Cocody. Malheureusement, cet objectif est resté un voeu pieux en raison de la démographie universitaire galopante. Aujourd'hui plus que jamais, il y a une impérieuse nécessité de réactiver la 6e orientation de l'Enseignement Supérieur qui est de « poursuivre la décentralisation des structures d'Enseignement Supérieur »63(*). La décentralisation ou la régionalisation des formations d'enseignement supérieur a pour avantage de rapprocher les structures de formation des populations. Elle permet également leur participation au développement régional, réduisant ainsi les lourdes inégalités que l'on observe, bien souvent, entre les régions. Selon le Professeur CISSE Ibrahim Bacongo, des dispositions sont en train d'être prises pour décongestionner l'université de Cocody qui à une population de 60.000 étudiants. Des universités seront créées à Man, San-pédro et Bondoukou et les URES de Daloa et Korhogo seront transformées en université de plein exercice64(*). Ainsi, l'augmentation de la capacité d'accueil de l'Université à travers la réhabilitation des infrastructures et la décentralisation de l'Université permettra d'éviter une trop grande concentration des populations sur un même campus, source de promiscuité et de violence. Cette action doit être complétée par l'amélioration des conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire. * 62 TYEOULOU-DYELA (Félix), Réformes institutionnelles et démocratie, IN : NIAMKEY-KOFFI (Robert) (Dir.), Réformes institutionnelles en Côte d'Ivoire. La question de l'éligibilité, Abidjan, P.U.C.I, 1999, p.51. * 63 www.francophonie-durable.org/documents/colloque-ouaga-a2-contribution-kouakou.pdf: KOUAKOU (Antoine), op, cit., p.33. * 64 Voir http://www.linter-ci.com/article.php3?id_article=5156?id=5: |
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