Chapitre 10 : Le Mali dans la filière
karité
a. L'offre
D'après les Brèves de la Revue
Marchés Tropicaux et Méditerranéens de 2008, l'offre
de karité en provenance du Mali était répartie comme suit
en 2005 :
Tableau 9 : L'offre de karité en provenance du
Mali
Eléments Quantités en tonnes
Noix 85 000
Amande 8 000
Beurre 500
Deuxième producteur de karité au monde
après le Nigéria, le Mali occupe la sixième place en
termes d'exportations. Selon la FAO, en 2008, le Mali a enregistré une
production de noix de karité de 190 000 tonnes. Alors même que le
potentiel du parc est estimé à 250 000 tonnes pour cette
même année, soit une production globale de noix de karité
égale à 76% du potentiel estimé.
En ce qui concerne les exportations, les dernières
données disponibles sur FAOSTAT sont de l'ordre de 4 015 tonnes de noix
en 2002 contre 2 432 tonnes en 2004.
Tableau 10 : Production et exportations de
karité
Année 1998 Année
Mali 2000
|
Année
2002
|
Année
2004
|
Année
2006
|
Année
2008
|
Production 85 000 85 000 85 000 85 000
70 000 190 000
Exportation 4 015 2 432
Selon la DNSI (Direction Nationale de la Statistique et de
l'Informatique)18 2003, 3,5% des exportations maliennes concernent
la noix de karité. Par ailleurs, il représente 81% des
oléagineux exportés.
Les deux tiers de ces exportations vont en direction du
marché sous régional (République de Côte d'Ivoire,
Burkina Faso et Ghana) qui le commercialise sous leurs labels. Il y a dans ces
pays une forte représentation des industriels européens utilisant
le karité comme matière première.
D'après le programme national PCDA (Programme de
Compétitivité et diversification agricole), le potentiel de
production du parc malien est estimé dans le tableau suivant :
Tableau 11 : Offre potentielle au Mali (PCDA)
Estimation du parc karité
|
408 607 769 pieds
|
Superficie estimée
|
22 912 500 ha
|
Production potentielle
|
250 000 t
|
Collecte potentielle
|
150 000 t
|
Consommation estimée
|
97 000 t
|
Export estimé total
|
53 000 t
|
Export sous forme d'amandes de karité
|
50 000 t
|
Export sous forme de beurre de karité
|
3 000 t
|
49
18 Maintenant appelé INSTAT (institut nationale
des statistiques).
50
Malgré la richesse informationnelle de ce tableau, nous
pouvons ici souligner le fait que les potentielles de production, de collecte
et de consommation ci-dessus exprimées ne spécifient pas s'il
s'agit de noix, d'amandes et/ou de beurre.
b. La demande
La demande en beurre karité malien est surtout locale,
nationale et sous -régionale. Il n'existe pas de données
disponibles sur la demande de karité à quelque niveau que ce
soit.
Les quelques données dont nous disposons sur la
consommation nationale sont anciennes. Elles datent de 1993 avec une
étude de l'APROMA qui soulignait qu'en moyenne, par jour une famille de
7 personnes consomme l'équivalent de 150g de beurre.
Au niveau international, une demande existe. Cependant, pour
répondre à cette demande, le karité malien est
obligé dans la majeure partie de transiter par la République de
Côte d'Ivoire ou le Burkina Faso. Les exportateurs avec qui nous nous
sommes entretenus confirment cette pratique, citant majoritairement la Hollande
et l'Inde comme principaux clients.
Une étude intéressante du CECI sur l'image de
marque du karité en 2007 donne des informations sur la consommation
malienne de karité. C'est le résultat d'une enquête dont la
taille de l'échantillon était de 500 urbains (de Bamako et
Sikasso).
Le profil du consommateur malien dégagé par
cette étude correspond à la tranche d'âge des 21 à
40 ans, mariés. Cette tranche constitue 58,8% des consommateurs.
Pour ce qui est de la forme des produits consommés, les
tableaux qui suivent, nous renseignent sur la nature de l'utilisation ainsi que
sur leur fréquence.
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud18.png)
Graphique 8 : Utilisation des produits de karité
au Mali, 2007
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud19.png)
Graphique 9 : Fréquence d'utilisation au Mali,
2007
51
Les principales motivations de l'utilisation du beurre de
karité en plus de l'aspect naturel sont :
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud20.png)
Figure 10 : Modes d'utilisation du beurre de
karité par les consommateurs maliens, CECI, 2007
L'enquête révèle par ailleurs que les
consommateurs maliens une fois bien renseignés sur le concept du
commerce équitable se disent prêt à 89,4% à acheter
ces produits bien que les prix soient plus élevés (2007).
c. Le circuit commercial
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud21.png)
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud22.png)
Figure 11 : Le circuit commercial du karité au
Mali
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud23.png)
Coopératives et unions
Acheteurs villageois / collecteurs
Transformateurs
Bamako grossistes détaillants
Région productrice :
Commerçants / Grossistes
Grossistes et
Productrices indépendantes
Exportateurs
Courtier
52
|
Consommateurs
|
Importateurs
|
Figure 12 : Le circuit commercial du karité au
Mali incluant les coopératives. Source : Auteur
|
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Le schéma en noir constitue celui identifié par
DIC Sahel (Délégation interopération au Sahel) dans son
rapport de mission de la filière karité de 2005 (Karité
28/2005).
Cependant les différentes rencontres que nous avons
effectuées tant avec les coopératives qu'avec les exportateurs ou
transformateurs mettent souvent en évidence l'existence d'un circuit
parallèle. Ce dernier est représenté par le tracé
en rouge.
En effet, faire la distinction entre les productrices
indépendantes et celles regroupées en coopératives et
unions, est utile. Ceci met en évidence que si les échanges sont
intenses sur les branches partant des productrices indépendantes, ceux
pratiqués avec les coopératives sont assez faibles.
Plusieurs raisons évoquées par les
différents acteurs de la filière expliquent ce
phénomène :
- Les quantités commandées par les exportateurs
et les transformateurs sont de loin supérieures à l'offre des
coopératives,
- Les tarifs appliqués par les coopératives sont
tels que, les exportateurs et transformateurs ne trouveront pas de
marché avec un coût d'achat pareil,
- L'abondance des amandes et du beurre traditionnel à
prix abordable et la possibilité de filtrer à nouveau ce
beurre,
- La proximité du Burkina Faso et du Ghana qui
commercialisent respectivement le beurre à 700 et 600 FCFA le
kilogramme.
- De façon générale, il n'est pas
sûre que le délai de réponse à la demande soit plus
court chez les indépendants que chez les coopératives. Cependant,
une chose est certaine ; c'est le fait qu'en s'approvisionnant directement sur
les différents marchés forains, les acheteurs trouvent dans un
délai plus court que chez les coopératives, les quantités
dont ils ont besoin.
De façon générale, la recherche de
satisfaction de la demande nationale en karité tant pour la partie
consommée sur le territoire que pour celle dédiée à
l'exportation se fait au niveau des différents marchés locaux.
Marchés sur lesquels abonde la qualité dite traditionnelle.
Cependant, il arrive d'y trouver parfois des amandes et du beurre
amélioré d'après plusieurs de nos interlocuteurs (Madame
Sanogo de Sokarima et M. Talla de SOATAF, société exportatrice de
karité). Ce qui nous pousse à nous poser la question de savoir
s'il existe sur ces marchés des femmes indépendantes produisant
des amandes et/ou du beurre selon la technique améliorée ?
Quoi qu'il en soit, tous sont d'accords sur le fait que le
Mali ne devrait produire que du beurre amélioré. La
distinction entre beurre amélioré et traditionnel doit
disparaitre du langage commun, pour ne parler que de beurre naturel, selon les
mêmes personnes interrogées. Harmoniser les
procédés de production au niveau national permettrait de mieux
promouvoir le karité du Mali à l'extérieur, grâce
à une communication sur la qualité uniforme des produits.
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