Chapitre 3 : Cadre théorique et
conceptuel
I. Cadre théorique et conceptuel
La production est obtenue par la combinaison des
facteurs de production à savoir les facteurs matériels et
immatériels, débouchant ainsi sur une offre de biens ou de
services. La notion de production est un concept qui a connu une
évolution dans le temps.
Les physiocrates ont trouvé une relation entre
investissement et production. Ainsi, ils pensent qu'en investissant dans
l'agriculture, cela entrainerait une hausse de la production. En effet Quesnay
(1694-1774) propriétaire foncier, constate qu'en engageant des frais
plus élevés dans l'achat de boeufs, chevaux, charrue, et fumier,
la terre est mieux cultivée avec moins de travail et donne à son
propriétaire un produit plus important. Il en déduit ce qui sera
qualifiée plus tard de « théorie du surplus
agricole » considérant l'agriculture comme seule source de
richesse. Cette théorie établit avant tout le rôle des
investissements en capital dans l'augmentation de la production agricole, et
donc dans l'accroissement du revenu national. A la même époque en
1798 Anne .R.J Turgot établit au contraire que lorsqu'on cultive au fur
et à mesure des terrains moins fertiles la terre fournit des rendements
productifs décroissants.
Les classiques quant à eux introduisent la notion
de productivité du travail, pour désigner le rendement physique
du travail. Smith (1776) définit la productivité du travail
comme étant la quantité d'ouvrage qu'un même nombre de
bras, de personnes est en état de fournir. Pour Ricardo en 1821 la
production dépend d'une part du facteur travail mais aussi du capital
fixe.
De nouvelles théories ont vu le jour, telle que la
théorie de la pression créatrice qui a été mise au
point par E. Boserup en 1965. C'est une théorie qui donne une vision
optimiste face à ce que l'on peut qualifier de désastre
malthusien. Il faut rappeler que Malthus dans sa première publication en
1798 affirmait la croissance géométrique de la population face
à une croissance arithmétique de la production alimentaire.
Ainsi, Malthus montrait que les pressions démographiques peuvent
dégrader l'environnement et conduire à la famine, la guerre, la
maladie. Pour Boserup (1965), du fait que les densités de population
augmentent, l'intensification agricole fait de même, et cela
n'accroît pas seulement la production mais aussi stimule l'adoption des
techniques de gestion des terres conservatrices des ressources naturelles.
Boserup affirme donc que la pression démographique entraîne une
réorganisation de la production agricole. Contrairement à
l'analyse malthusienne, on ne peut séparer l'évolution de la
production agricole de celle de la population. C'est la taille de la population
et donc le niveau de subsistance nécessaire qui conduit à des
modifications dans les modèles d'exploitations des terres. Ainsi, la
pression démographique par exemple a obligé les pays du Nord
à adopter la charrue afin d'augmenter la productivité des terres
agricoles. Pour Boserup La croissance démographique joue donc un
rôle moteur dans le changement des techniques de production, c'est la
pression créatrice.
Ces différents auteurs ont tenté
d'apporter des théories sur la production, mais comment peut-on la
mesurer ?
Dans la littérature économique, la
première mention d'un indice de productivité est attribuée
à Morris Copeland en 1937 dans son ouvrage « Concepts of National
Income ». Les premiers travaux d'importance pour en mesurer le niveau et
les impacts ont cependant été amorcés quelques
années plus tard. Au début des années 40, plusieurs
économistes dont Timbergen (1942) et Stigler (1947) se sont
intéressés à ces questions. Plusieurs indicateurs peuvent
être développés afin de rendre compte de l'évolution
de la productivité. Les mesures unie-factorielles et les mesures
multifactorielles constituent les deux principales catégories
habituelles utilisées pour tenir compte des différents
indicateurs (Gamache, 2005).
Les premières mettent en relation la production
avec un seul intrant (travail, capital, terre), ainsi la mesure de la
productivité unifactorielle est déterminée par le rapport
entre la quantité produite et la quantité de l'input
utilisé.
Théoriquement, il y a autant de mesures
unifactorielles qu'il y a de facteurs de production dans l'économie.
Ainsi, les concepts de productivité diffèrent selon le facteur
retenu au dénominateur.
On a différentes productivités
unifactorielles qui sont entre autres :
Ø La productivité du travail reflète le
volume de production généré par heure de travail.
Toutefois, il ne faut pas conclure qu'elle dépend uniquement de la
performance de la main-d'oeuvre, car elle est largement influencée par
tous les autres facteurs de production et l'environnement dans lequel
fonctionnent les entreprises (Gamache, 2005).La productivité du travail
est donc le rapport entre la quantité produite et la quantité de
travail utilisé (nombre d'actif agricole)
Ø La productivité de la terre qui mesure la
contribution de ce facteur à la production, peut être
mesurée par le rapport entre la quantité produite et la
superficie de production.
Ø La productivité du capital mesure la
contribution ou la part du capital dans la production. Autrement dit, elle
compare la production réalisée à la quantité de
capital utilisée et peut se calculer en divisant la quantité
produite par la quantité de capital utilisé.
Les secondes combinent simultanément les effets
de plusieurs intrants. Ceux le plus souvent retenus sont le capital et le
travail, mais d'autres facteurs intermédiaires tels l'énergie,
les matières premières et les fournitures de production peuvent
également s'ajouter. En d'autres termes, l'augmentation de la production
peut être comparée à celle de tous les intrants ou juste
à celle d'un seul facteur de production à la fois (Kaci,
2006).
La mesure de la production agricole est une mesure
multifactorielle car elle fait intervenir plusieurs intrants notamment le
facteur capital, le facteur travail et le facteur terre.
Partant de ces concepts, l'on peut alors se poser la question
de savoir quel sont les liens entre cette production et les conditions de vie
notamment le revenu et l'accès à l'énergie.
La production du jatropha fait partie du secteur
primaire, ce secteur contribue énormément à la formation
du PIB au Burkina Faso. De ce fait elle est source de revenu pour les
populations et contribue de ce fait à la croissance. Ainsi Lewis (1955)
voyait le développement économique comme un processus de
déplacement des facteurs de production du secteur agricole
caractérisé par une faible productivité et le recours
à des techniques traditionnelles vers un secteur industriel moderne
marqué par une productivité plus forte. Ce processus de
développement s'accompagne en général d'une hausse des
revenus et d'un recul de la pauvreté chez ceux qui tirent leurs moyens
de subsistance de l'agriculture.
L'énergie étant capital pour le
développement socio-économique, l'huile végétale de
Jatropha curcas peut se substituer au gasoil dans les groupes
électrogènes utilisés pour l'électrification, ainsi
que dans les moteurs diesel de moulins et décortiqueuses. Ainsi il
permettrait de résoudre le problème énergétique de
nos populations. R Latapie (année ?) démontre que la
production du jatropha permet de faire face aux enjeux
énergétiques.
II. Méthodologie
II.1La Collecte des données
La méthode qualitative de collecte des
données est celle choisie dans le cadre de notre étude. Elle
comprend notamment l'entretien semi direct dont un guide d'entretien est
utilisé comme outil. L'enquête permet de focaliser les
informations sur les besoins de l'étude et de favoriser les traitements
statistiques. Le questionnaire s'adresse aux producteurs de la filière
jatropha.
Les données primaires sont donc obtenues par une
enquête auprès d'un échantillonnage de 60 producteurs du
village de Kodemendé d'une population estimée à 5.333
habitants.
II.2 Les Outils d'analyse
Pour l'analyse des données de
notre enquête nous avons eu recours à différents logiciels
que sont : Sphinx et Excel 2007. Ces outils nous ont permis d'effectuer
les calculs autour des différentes moyennes, des écarts types,
des fréquences et ont fourni les différents tableaux et
graphiques correspondants. Ainsi pour analyser l'impact monétaire et
climatique de la culture du jatropha nous avons utilisé les techniques
suivantes :
Ø Techniques de la détermination du
coût de production unitaire
Le jatropha est un arbre que l'on ne plante qu'une fois et qui
ne produit qu'à partir de la deuxième ou la troisième
année. Les comptes d'exploitations ont été obtenus en
tenant compte :
· Pour l'année T0 l'année
d'implantation, le compte de résultat est négatif, durant cette
année il n'ya que des charges ;
· Pour l'année T1 qui est la
période d'entretien de la terre, du fait de son jeune âge, la
plante ne produit pas encore de graines. Il n'y a pas de ressources mais que
des charges ;
Pour les années T2 à 29, c'est
la période de production de la plante. Alors les ressources sont
disponibles.
Le coût de production au Kg d'une culture,
est donc une division du montant total des charges par la quantité
totale produite. Ceci est possible pour les cultures du coton, du maïs
...
Comme le pourghère est un arbre qui peut vivre 30
ans(CIRAD) ou même plus mais dans notre analyse nous portera sur 30 ans.
Pour déterminer le coût de production unitaire nous allons
utiliser la formule suivante :
CP= (CT0+CT1 +? CT?)/Q
Ø Technique de la détermination du
profit
La formule du profit se définit comme
suite : ð= - CT0 - CT1+? ((RT? -CT?) x (1+j) ?), ?
de t allant de 2 à 29.
Ø Technique de la détermination du prix
de la tonne équivalent(Teq) de CO2 et de l'impacte
environnemental.
La culture du jatropha à un
impact positif sur l'environnement pour ce qui concerne le cas de notre
étude. Ainsi pour 1,19 ha de champ de jatropha cultivé correspond
à 566 litres de HVB qui permet de réduire les gaz à effet
de serre à un(1) tonne équivalent(Teq) de CO2.Alors
1Teq=3€
· CP : Coût de
production unitaire;
· ð: Le profit
réalisé ;
· CT0, CT1, CT? représentent
respectivement les charges totales à l'année 0, l'année 1
et l'année t.
· CT0, CT1 sont des charges fixes et
CT? des charges variables dépendantes de
l'hypothèse de récolte choix ; mais supposons qu'il se
stabilise de l'année 3 à 30.
· RT? représente les recettes
totales en année t. Elle est le produit de la quantité
produite(Q) et du prix et du prix d'achat au kilogramme(P).
· t allant de 0 à 29.
· Q est la quantité totale
produite pendant 30 ans.
· J est le taux de capitalisation au
niveau des banques commerciales qui est en moyenne de 3,5% (SGBF ex SGBB), ce
taux est négociable.
II.3 Limites de la méthodologie
Les limites de notre travail peuvent être
constatées au niveau :
· Des données ; l'absence de données
quantitatives des années précédentes n'a pas permis une
analyse plus approfondie et des résultats plus significatifs.
· Nos résultats ne peuvent pas être
généralisés à toutes les zones de production du
jatropha.
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