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Incidence du cout du risque de défaut sur les marges de taux des banques camerounaises

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par Joseph EVAGLE DIME
Université de Yaoundé II-soa - Diplome dà¢â‚¬â„¢Etudes Supérieures Spécialisées de Gestion Bancaire et des Etablissements Financiers 2007
  

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CONCLUSION GENERALE

Cette étude a examiné l'incidence du coût du risque de défaut sur les marges de taux des banques commerciales au Cameroun. La relation entre le coût des risques et la rentabilité bancaire a d'abord été décrite. Il s'est avéré que le coût des risques réduit la rentabilité bancaire, et que les banques doivent fixer des marges d'intérêt optimales pour couvrir l'ensemble de leurs coûts, y compris le coût des risques.

La facturation du coût du risque de défaut aux emprunteurs a ensuite été présentée. Il a été montré qu'en fixant les prix des crédits bancaires, les banques fixent une marge de taux qui est destinée à neutraliser le coût des risques, et donc, qu'une augmentation du coût du risque de défaut à priori ou à postériori conduit à une augmentation des marges de taux. Les résultats des études empiriques qui se sont intéressées à la relation entre les marges de taux et le coût du risque de défaut ont ensuite été présentés, et il s'est révélé que la relation théorique entre les marges de taux et le coût du risque de défaut ne se vérifie pas toujours.

L'étude empirique a permis d'appréhender la relation entre les marges de taux des banques commerciales et le coût du risque de défaut au Cameroun. Il est apparu que les marges de taux des banques sont instables à cause de la segmentation de la clientèle bancaire, et qu'elles se sont réduites ces dernières années suite aux baisses du Taux Débiteur Minimum de la BEAC. Il est également apparu que les provisions pour créances douteuses de ces banques évoluent en fonction de leurs politiques commerciales. Par ailleurs, le modèle économétrique a montré que le coût du risque de défaut n'a aucune incidence sur les marges de taux, conformément à notre hypothèse, ce qui peut se justifier notamment par la singularité des méthodes de tarification des banques, les carences de leurs comptabilités analytiques, la subvention croisée entre les revenus des produits et des services, le mode de provisionnement en vigueur au Cameroun et la concurrence bancaire autour des grandes entreprises.

Le fait que, d'une part, un plus grand nombre de banques n'ait pas pu être inclut dans cette étude et, d'autre part, le calcul des marges n'ait pas pu être réalisé à partir d'un échantillon de taux d'intérêts débiteurs plus large, est déploré. Cette étude donne toutefois un aperçu des problèmes de tarification des crédits bancaires au Cameroun, compte tenu du nombre de données qui ont été prises en compte dans l'analyse. Elle suggère que des mesures soient prises tant par les banques que par les autorités camerounaises pour améliorer la tarification bancaire, de manière à réduire le prix des crédits et améliorer la rentabilité de l'intermédiation bancaire.

Les banques devraient améliorer leurs méthodes de tarification et pour cela, bien identifier les éléments à prendre en compte pour déterminer le prix de leurs crédits. Ceci est très important car si leurs méthodes de tarification actuelles leur permettent de masquer des gains, elles peuvent également leur faire subir des pertes qu'elles ne seront pas en mesure d'identifier à temps, notamment dans le cas où la concurrence sur le marché bancaire se renforce. Les autorités pourraient les aider en ce sens en élaborant des textes qui identifieraient les éléments à prendre en compte pour le calcul des taux débiteurs.

Les banques devraient affiner leurs comptabilités analytiques pour mieux cerner le prix de revient complet des crédits et parvenir à des normes de tarification approuvées par leurs conseils d'administration ou de surveillance et soumises à la surveillance de leur contrôle interne.

Il est souhaitable que les banques se recadrent pour revenir à leur activité de base, à savoir l'intermédiation. Le fait que la fourniture des services, activité en principe accessoire, rivalise avec l'activité d'intermédiation est de nature à réduire le financement de l'économie. Par ailleurs, cette situation encourage les banques à prendre des risques excessifs en sachant que les pertes subies seront couvertes par les gains sur les services, ce qui pourrait nuire à terme à la stabilité du système financier.

Les autorités devraient revoir le mode de provisionnement en vigueur et promouvoir le provisionnement ex ante. Il s'agirait de permettre aux banques de constituer en franchise d'impôt, dès l'octroi du crédit, une provision calculée en fonction du taux de risque moyen constaté de manière statistique par catégorie d'emprunteur (particulier, PME...) et de crédit (investissement, trésorerie). Ce taux serait exprimé à la fois en plafond par rapport aux encours et en taux de dotation annuelle. Ce provisionnement constituerait un minimum obligatoire, mais non exclusif : en effet, le provisionnement ex post pour risque dénommé s'y substituerait si les sinistres à couvrir se révélaient supérieurs aux provisions forfaitaires constituées. La généralisation de ce système de provisionnement forfaitaire ex ante, inspiré de ce qui existe déjà dans différents pays développés (Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, etc.), permettrait d'inciter à une tarification plus responsable, puisque la marge à intégrer dans le coût du crédit serait connue immédiatement et serait prise en compte progressivement, dès la première année, dans le résultat de la banque.

La vive concurrence sur le segment des grandes entreprises qui, dans les faits, ne profite qu'à une petite minorité d'emprunteurs, va à l'encontre des intérêts de la grande majorité des demandeurs de crédit, qu'il s'agisse des particuliers peu fortunés, ou des petites et moyennes entreprises, lesquelles risquent, du fait de l'insuffisance des marges bancaires par rapport au risque à couvrir, d'être exclues du crédit. Les risques que font courir des pratiques concurrentielles dévoyées à la sécurité du système bancaire et, à travers lui, à l'épargne et aux dépôts qui lui sont confiés, justifient la mise en place d'un dispositif sécuritaire, par les autorités, qui viserait à surveiller et prévenir les tarifications anormalement basses du crédit. Ce dispositif pourrait reposer sur la définition de seuils d'alerte au-dessous desquels les taux seraient présumés anormaux, à moins que la banque n'apporte la preuve que le prix de revient complet de ses crédits leur serait effectivement inférieur. Le franchissement de ce seuil d'alerte déclencherait la mise en oeuvre d'un dispositif de surveillance, différencié selon que les taux considérés feraient ou non l'objet d'une publicité. Les crédits proposés à des taux inférieurs au seuil d'alerte, par voie d'affichage ou de campagne promotionnelle, seraient soumis à l'accord préalable des conseils d'administration ou de surveillance des banques, responsables de l'équilibre et de la sécurité de ceux-ci. Ces projets de publicité devraient être déclarés au Conseil National du Crédit et à la COBAC. Les crédits ne faisant pas l'objet d'une promotion commerciale et qui seraient consentis à des conditions inférieures aux seuils d'alerte feraient l'objet d'une déclaration périodique aux conseils d'administration, au Conseil National du Crédit et à la COBAC.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon