UNIVERSITE DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
FACULTE DES SCIENCES
ECONOMIQUES ET DE GESTION
|
PROGRAMME DE FORMATION DOCTORALE
|
UFD DESS DE GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS
FINANCIERS
|
CENTRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE EN BANQUE ET
FINANCE
|
FACULTY OF ECONOMICS AND MANAGEMENT
|
DOCTORAL PROGRAMME
|
DUF MASTER IN BANKING AND MANAGEMENT OF FINANCIAL
INSTITUTIONS
|
TRAINING COLLEGE IN BANKING AND FINANCE
|
INCIDENCE DU COUT DU RISQUE DE DEFAUT SUR LES MARGES DE TAUX
DES BANQUES COMMERCIALES DU CAMEROUN
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Gestion
Bancaire et des Etablissements Financiers (DESS GBEF) de l'Université de
Yaoundé II
Par
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
Diplôme d'Etudes Supérieures spécialisées de Gestion
Bancaire et des Etablissements Financiers de l'Université de
Yaoundé II (DESS GBEF)
Par
Joseph EVAGLE DIME
Sous la direction de :
M. Zacharie YIGBEBEK
Docteur d'Etat en Sciences de gestion
Chargé de cours à l'Université de
Yaoundé II
Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées (DESS) en Assurances de l'Institut International des
Assurances (IIA)
Année académique 2007-2008
SOMMAIRE
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
iv
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
v
RESUME
vi
ABSTRACT
vii
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE PARTIE:
MARGES DE TAUX ET COUT DU RISQUE DE
DEFAUT
9
CHAPITRE I : COUT DU RISQUE ET
RENTABILITE BANCAIRE
10
Section I : Le coût du risque
10
Section II : coût du risque et
rentabilité bancaire : approche par les soldes
intermédiaires de gestion
17
Section III : Coût du risque et
rentabilité bancaire : un tour d'horizon théorique
20
CHAPITRE II : FACTURATION DU COUT DU
RISQUE DE DEFAUT A LA CLIENTELE
30
Section I : La marge de taux dans la structure
des taux d'intérêt débiteurs des banques
30
Section II : Marge de taux et facturation du
coût du risque de défaut
33
Section III : Les résultats des
études empiriques
49
DEUXIEME PARTIE:
MARGES DE TAUX ET COUT DU RISQUE DE
DEFAUT DANS LE CAS DES BANQUES COMMERCIALES DU CAMEROUN
53
CHAPITRE III : ANALYSE DE L'EVOLUTION
DES MARGES DE TAUX ET DU COUT DU RISQUE DE DEFAUT
54
Section I : Le secteur bancaire du
Cameroun
54
Section II : Evolution des marges de taux et
des provisions pour créances douteuses des banques commerciales 1 et
2
61
CHAPITRE IV : ANALYSE DE L'INCIDENCE
DU COUT DU RISQUE DE DEFAUT SUR LES MARGES DE TAUX
67
Section I- Présentation des données
et du modèle
67
Section II : Synthèse et analyse des
résultats
76
CONCLUSION GENERALE
80
ANNEXES
83
BIBLIOGRAPHIE
87
WEBOGRAPHIE
90
TABLE DES MATIERES
92
DEDICACE
A la mémoire de mon
père, Feu LIKOUGUE DIME Joseph
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier :
- Le Docteur Zacharie YIGBEDEK, pour avoir accepté de
diriger ce travail ;
- M. Jean-Marie Benoit MANI, Directeur National de la Banque
des Etats de l'Afrique Centrale et Secrétaire Général du
Conseil National du Crédit pour avoir accepté de m'accueillir au
Secrétariat Général du Conseil National du
Crédit;
- M. Jacques MINANE, Chef du service du Conseil National du
Crédit, pour la sollicitude dont il a toujours fait montre à mon
endroit ;
- M. Stean MPOLO, Chef de division au service du Conseil
National du Crédit, pour son encadrement et ses conseils ;
- Mlle Sylvia ABAH ABOMO, M. Paul MESSI MEBE, Mme Didjatou
TALBA, Mlle Christine EWALA, tous en service au Secrétariat
Général du Conseil National du Crédit, pour leur
hospitalité et leur disponibilité ;
- M. Bertrand MINE OKON, Ingénieur statisticien, en
service au Ministère de l'Economie, du Plan et de l'Aménagement
du Territoire ;
- Le Commissaire Paul Alain Mangwe, de la Compagnie de
Sécurisation des Diplomates ;
- Mesdemoiselles Caren NDJOKWI et Danielle Bertille MINLO'O
et Messieurs Justin BEM, Mathias BIYIHA, Bruno NDJOGUE, Hubert Maxime KEYECK A
KANG, Guy Jules NDEFFO KAMTA, Edwin NDJOKWI et Aimé Césaire
TCHUMKAM ;
- Ma mère, Mme Françoise LIKOUGUE, mes soeurs
Christine NGONLEP et Gladys Sarah WANA DIME, et mes frères Henri EVAGLE
DIME, Paul-Ambroise EVAGLE DIME DINGONG et Anicet Béranger EVAGLE, pour
leur assistance et leur soutien ;
- Tous ceux qui de près ou de loin ont contribué
à la réalisation de ce travail.
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS
ADF
|
Augmented Dickey-Fuller
|
ADM
|
Analyse discriminante multivariée
|
BEAC
|
Banque des Etats de l'Afrique Centrale
|
CEA/BSR
|
Bureau sous-régional pour l'Afrique Centrale de la
Commission Economique des Nations-Unies pour l'Afrique
|
CEMAC
|
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale
|
COBAC
|
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
|
CNC
|
Conseil National du Crédit
|
FCFA
|
Franc de la Coopération Financière en Afrique
|
FMI
|
Fonds Monétaire International
|
MINFI
|
Ministère des Finances
|
MINEFI
|
Ministère de l'Economie et des Finances
|
OCDE
|
Organisation pour la Coopération et le
développement Economique
|
PESF
|
Programme d'Evaluation du Secteur Financier
|
SIG
|
Soldes Intermédiaires de Gestion
|
TBB
|
Taux de Base Bancaire
|
TBDP
|
Taux Débiteur des Opérations
Privilégiées
|
TBDO
|
Taux Débiteur des Opérations Ordinaires
|
TCM
|
Taux Créditeur Minimum
|
TDM
|
Taux Débiteur Maximum
|
TIAO
|
Taux d'Intérêt des Appels d'Offre
|
UDEAC
|
Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale
|
VAR
|
Vector Autoregressive Model
|
LISTE DES TABLEAUX ET
GRAPHIQUES
LISTE DES TABLEAUX
6
Tableau 1: Matrice de transition des
notations
40
Tableau 2: Taux moyen des commissions sur
les crédits des banques 1 et 2
68
Tableau 3: Taux de base bancaires des
banques 1 et 2
69
Tableau 4 : Test de l'ADF
71
Tableau 5 : Test de
cointégration
74
Tableau 6 : Evolution des principaux
taux du marché monétaire
84
LISTE DES GRAPHIQUES
6
Graphique 1: Evolution des marges de taux
de la banque 1
62
Graphique 2: évolution des marges de
taux de la banque 2
63
Graphique 3 : Evolution des provisions
pour créances douteuses de la banque 1
64
Graphique 4: Evolution des provisions pour
créances douteuses de la banque 2
65
RESUME
Les années 1990 sont marquées au Cameroun par la
réforme de la politique monétaire, à la suite de la crise
économique et financière des années 1980. La
réforme de la politique monétaire conduit à la
libéralisation des taux d'intérêt, qui se traduit notamment
au niveau des conditions de banque par l'introduction d'une marge de taux dans
la structure des taux débiteurs des banques. En matière de
tarification bancaire, la marge de taux est destinée notamment à
couvrir le coût du risque de défaut et à permettre aux
banques de dégager des profits sur les crédits octroyés.
Dans la mesure où le risque de défaut est jugé très
élevé au Cameroun, il s'agit de déterminer la relation
entre les marges de taux bancaires et le coût du risque de défaut.
Sur la base des données individuelles de deux banques commerciales,
cette étude montre que les marges de taux ne sont pas
déterminées par le coût du risque de défaut, ce qui
peut s'expliquer par les méthodes de tarification des banques, le mode
actuel de provisionnement des créances douteuses, les carences de la
comptabilité analytique des banques, la subvention croisée des
revenus des crédits et des services, et la concurrence bancaire sur le
segment des grandes entreprises.
Mots clés : Marges de taux,
marges d'intérêt, coût du risque de défaut,
provisions pour créances douteuses.
ABSTRACT
During the years 1990, the monetary politic have being
reformed, following the financial and economic crisis of the years 1980. The
monetary politic reform lead to liberalization of the interests rates, which is
translated for the banks conditions by the introduction of a rate margin in the
structure of the interests lending rates. In the loan pricing, the rate margin
is notably destined to cover the default risk cost and allow the banks to
realize profits. In so far as the default risk is judge very high in Cameroon,
it is important to establish the relationship between the rates margins and the
default risk cost. On the basis of the individual datas for two commercial
banks in Cameroon, this study show that the rates margins are not determined by
the default risk cost, that could be due to the pricing methods of the banks,
the actual provisioning mode, the deficiencies in accounting, the cross-subsidy
income of the loans and services, and the banking competition on the segment of
large enterprises.
Key words: Rates margins, interests margins,
default risk cost, provisions for doubtful debts.
INTRODUCTION GENERALE
Les marges de taux sont des éléments
fondamentaux de la tarification bancaire. Elles permettent aux banques de
couvrir le coût des risques et rendre la distribution du crédit
rentable. Le coût du risque de défaut apparait dès lors
comme un déterminant des marges de taux bancaires, ce qui met en relief,
pour les banques, l'importance de la prise en compte de l'impact de la
qualité des crédits distribués sur leur
rentabilité.
C'est dans ce sens que l'approche traditionnelle de la firme
bancaire développée par Parkin (1970), klein (1971) et Monti
(1972) soutient que lorsque la banque fixe ses taux d'intérêt,
elle veille à réaliser des marges optimales pour couvrir ses
coûts de production des crédits et réaliser des profits. Le
premier modèle de la marge d'intérêt bancaire a
été élaboré par Ho et Saunders (1981) sous le nom
de « modèle de courtier » ou
« Dealer model ». Le modèle de courtier
étudie les déterminants des marges d'intérêt. Il a
été étendu par Maudos et Guevara (2003) pour montrer
l'impact des charges d'exploitation sur les marges d'intérêt
bancaires.
La relation entre les marges de taux et le coût du
risque de défaut s'inscrit dès lors dans une logique de
facturation du coût du risque à la clientèle (Artus,
1996 ; Lamarque, 2003), qui permet notamment à la banque de
préserver l'équilibre de sa structure financière. Les
études empiriques portant sur ce sujet aboutissent toutefois à
des résultats mitigés.
La détermination de la relation entre les marges de
taux et le coût du risque de défaut au Cameroun est importante,
dans la mesure où le risque de défaut est souvent
désigné comme la cause de la cherté des crédits
bancaires.
Contexte de l'étude
Jusqu'à la fin des années 1980, la politique
monétaire menée au Cameroun est interventionniste (Joseph, 2002).
Avant la crise économique et financière des années 1990,
la politique des taux d'intérêt de la Banque des Etats de
l'Afrique Centrale (BEAC) prévoit des dispositions permettant de
financer à des taux privilégiés les besoins des secteurs
à promouvoir. Les taux créditeurs et débiteurs des banques
sont administrés. Il s'agit d'encourager les investisseurs nationaux et
d'orienter les ressources vers les opérations considérées
comme privilégiées. Pour ces opérations, les taux
d'intérêt débiteurs sont arbitrairement fixés
à un faible niveau. Afin d'encourager les investissements dans les
secteurs prioritaires, les taux d'intérêt négatifs sont
parfois pratiqués (Hugon, 2007).
Dès le milieu des années 1980,
l'économie Camerounaise entre en crise.
Dans le secteur bancaire, la crise qualifiée de
systémique (Kane and Rice, 1998) est due à de multiples causes,
notamment les erreurs de gestion, les difficultés conjoncturelles et le
faible degré d'approfondissement financier (Mathis, 1992). Elle se
caractérise par une forte tension de trésorerie, l'accumulation
de soldes de gestion déficitaires, et d'importantes créances
douteuses et irrécouvrables. Plus de la moitié des banques est en
état de faillite réelle (Sandretto et Tiani, 1993). Dans cette
situation les banques ne peuvent plus assurer leur rôle
d'intermédiaires financiers, ce qui compromet le processus de croissance
et de développement économique.
Pour éradiquer la crise, les programmes d'ajustement
structurel sont mis en oeuvre, avec le concours de la Banque Mondiale et du
Fonds Monétaire International (F.M.I), en collaboration avec la BEAC
pour les reformes financières (Nembot et Ningaye, 2007). Les
autorités camerounaises optent pour une politique de
libéralisation financière (au sens de McKinnon, 1973 et Shaw,
1973). Selon la théorie de la libéralisation financière,
les banques doivent pourvoir tarifier librement leurs crédits, de
façon à s'assurer une marge d'intérêt suffisante,
nécessaire notamment à la couverture du coût des risques
(Tanymoune, 2003 ; De Coussergues, 2008). En supprimant les mesures de
financement administré, les autorités monétaires incitent
les banques à financer l'économie en veillant elles-mêmes
à la qualité des crédits distribués.
Les réformes financières mises en place
conjuguent la mise en place d'un cadre prudentiel à la
redéfinition de la politique monétaire (Joseph, 2002).
Le cadre prudentiel est renforcé avec la
création de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC),
à qui mandat est donné de préserver la stabilité du
système financier. Le dispositif prudentiel mis en place par COBAC vise
à emmener les établissements de crédit à disposer
d'une capacité minimale à faire face aux risques qu'ils
encourent. Il s'articule autour des normes de solvabilité et de
liquidité. Les normes de solvabilité que fixe la COBAC sont
liées au niveau des fonds propres des établissements de
crédit1(*). Parmi ces
normes, le ratio de couverture des risques fait obligation aux
établissements de crédit de justifier en permanence que leurs
fonds propres nets couvrent au minimum 8% de l'ensemble de leurs concours
(ratio Cooke). Le dispositif prudentiel de la COBAC conduit à une
amélioration de la qualité du portefeuille de crédit des
banques. Le montant des créances douteuses est réduit, passant
d'une moyenne de 40% du total des crédits en 1995 à 11,87% des
crédits en décembre 2008, avec des provisions cumulées de
l'ordre de 1 591 341 millions de FCFA en 20083(*). Selon le dernier Programme
d'Evaluation du Système Financier (PESF) du Cameroun, conduit par la
Banque Mondiale et le FMI (2007), les risques restent ce pendant
concentrés autour d'un faible nombre d'emprunteurs, à cause de la
rareté de projets bancables qui favorise la concurrence bancaire autour
des grandes entreprises.
De son coté, la réforme de la politique
monétaire vise à gérer de manière indirecte les
taux d'intérêt et la liquidité bancaire. Dans le cadre de
la nouvelle politique monétaire, les réserves obligatoires sont
instituées, le marché monétaire mis en place et les taux
d'intérêt progressivement libéralisés. Les taux
d'intérêt débiteurs des banques ne sont plus
déterminés administrativement. La BEAC, dirigeant la politique
monétaire des pays de l'UDEAC4(*) procède à cette réforme en trois
étapes : En 19925(*), elle supprime le Taux de Base Débiteur des
opérations Privilégiées (TBDP) et le Taux de Base
Débiteur des opérations Ordinaires (TBDO) et institue le Taux
Débiteur Maximum (TDM). En 19956(*) elle aligne le Taux Créditeur Minimum (TCM) et
le TDM en vigueur au Cameroun sur le Taux créditeur Minimum et le Taux
débiteur maximum en vigueur dans la zone BEAC. En 2008, elle supprime le
Taux Débiteur Maximum7(*).
Problématique
Les marges de taux apparaissent dans la structure des taux
débiteurs des banques au début du processus de
libéralisation financière8(*). Elles sont destinées à permettre aux
banques de couvrir le coût des risques et dégager des profits sur
les crédits octroyés. Dans un premier temps elles restent
fixées administrativement9(*), puis leur détermination est progressivement
laissée à l'appréciation des banques10(*). Mais, avec l'existence du TDM
de la BEAC, la libéralisation des marges de taux reste partielle. Le
TDM est progressivement réduit, passant de 22% à 18%, puis de 18%
à 17%, et enfin, de 17% à 15%, en diminuant parallèlement
les marges de taux. Finalement, il est supprimé en 2008.
Selon le dernier Programme d'Evaluation du Secteur Financier
du Cameroun (PESF, 2007)11(*), les banques manifestent depuis le désir de
pouvoir aller au-delà du Taux Débiteur Maximum de 15% pour
couvrir le coût des risques perçu comme trop élevés.
D'après les banques, les prêts bancaires à taux
d'intérêt élevés se justifient par le risque de
défaut qu'elles jugent élevé au Cameroun (Hugon, 2007).
Pour le Bureau Sous-régional pour l'Afrique Centrale de la Commission
Economique des Nations-Unies12(*) (CEA/BSR, 2006), la difficulté d'accès
aux crédits bancaires au Cameroun se justifie par des taux
débiteurs élevés, qui s'apparentent parfois à
l'usure, parce qu'ils intègrent des marges de taux liées au
risque de défaut élevé des emprunteurs.
L'enquête sur la tarification des services des
établissements de crédit du Conseil National du Crédit du
Cameroun de mai 2009 révèle quant à elle que la plupart
des banques n'appliquent pas les méthodes de tarification de
crédit traditionnelles, selon lesquelles les banques doivent tenir
compte de l'ensemble des coûts de production des crédits pour
fixer leurs taux, avec des taux débiteurs forfaitaires alignés
sur le TDM et déterminés en fonction du type d'emprunteur
(particuliers, petites entreprises et grandes entreprises). Ces observations
sont conformes à celles de la COBAC (2006 et 2008) selon laquelle,
à cause de la concurrence bancaire et du contexte d'abondance de
ressources et de rareté de projets bancables qui prévaut au
Cameroun, les grandes entreprises bénéficient des crédits
bancaires à des taux faibles, parfois inférieurs aux taux de
base bancaires. Par ailleurs, la COBAC et le CNC constatent que, d'une part, la
plupart des banques ne possèdent pas de comptabilité
analytique13(*) et ne
parviennent pas à identifier clairement les coûts à imputer
dans leurs taux débiteurs, et d'autre part, elles ne maîtrisent
pas suffisamment les concepts de Taux de Base Bancaire et de marge de taux.
Les résultats des enquêtes du CNC et de la COBAC
soulèvent des interrogations quant à la tarification des
crédits bancaires au Cameroun. Etant donné en particulier que les
banques supportent le coût du risque de défaut, dans la mesure
où elles doivent constituer des provisions pour créances
douteuses pour couvrir les pertes en capital et en intérêts dues
au non-remboursement des crédits, il se pose la question de savoir si
elles ajustent leurs marges de taux pour couvrir le coût du risque de
défaut.
Objectif de l'étude
Cette étude a pour objectif de déterminer
l'incidence du coût du risque de défaut sur les marges de taux des
banques commerciales du Cameroun.
Intérêt du sujet
Au plan professionnel, cette étude permet d'attirer
l'attention des banques sur le problème de la facturation du coût
des risques à la clientèle, et sur la nécessité
pour elles d'améliorer leurs comptabilités analytiques afin
d'affiner la mesure de la rentabilité de leurs crédits. De
même, cette étude permet une analyse des méthodes de
provisionnement des créances douteuses et de leur impact sur le prix des
crédits bancaires.
Hypothèses
Compte tenu des observations du Conseil National du
Crédit et de la COBAC sur la singularité des méthodes de
tarification des banques, l'absence de tenue de la comptabilité
analytique dans la plupart des banques et la concurrence sur le segment des
grandes entreprises, l'hypothèse que retient cette étude est
comme suit : le coût du risque de défaut n'a pas d'
incidence sur les marges de taux des banques commerciales au Cameroun.
Méthodologie
La méthodologie de cette étude a consisté
en :
1) Un stage de quatre mois au
Secrétariat Général du CNC et une
participation à son enquête sur la tarification des services des
établissements de crédit d'Avril-Mai 2009, pour la collecte des
données et des documents.
2) Une revue documentaire, pour laquelle les
textes, livres et articles relatifs à la tarification et aux risques
bancaires, disponibles au CNC et sur Internet, ont été
utilisés.
3) La collecte des données
Compte tenu des problèmes de disponibilité des
données, les données collectées sont des données
mensuelles de deux banques. Elles couvrent la période janvier
2004-décembre 2008.
Il s'agit d'abord des provisions pour créances
douteuses. Dans la littérature, les provisions pour créances
douteuses représentent le coût du risque de défaut
(Lamarque, 2008). Il s'agit des pertes en capital et en intérêts,
tant effectives que potentielles, liées à la détention
d'un portefeuille de crédits. Les chiffres relatifs aux provisions pour
créances douteuses des banques proviennent du système de
Collecte, d'Exploitation et de Restitution aux Banques des Etats
Réglementaires (CERBER) de la COBAC.
Il s'agit ensuite des marges de taux des banques.
Les marges de taux ont été estimées à
partir des taux débiteurs individuels pratiqués. Les taux
débiteurs sont issus des historiques de crédit des deux banques
étudiées. Ces historiques ont été collectés
par l'enquête sur la tarification des établissements de
crédit du CNC. Les données collectées portent sur
l'ensemble des types de crédit (court terme, long terme, moyen terme)
excepté le crédit-bail.
4) L'analyse des données
Un modèle économétrique est construit
pour l'appréciation de l'incidence du coût du risque de
défaut sur les marges de taux des banques.
La condition sine qua non pour l'utilisation d'un
modèle de régression linéaire est que les variables du
modèle soient stationnaires (Bourbonnais, 2003). Un processus
est dit stationnaire si sa moyenne est constante et ne change pas avec
le temps, sa variance est finie et ne change pas avec le temps, et sa
covariance ne change pas avec le temps. En d'autres termes, ses moments
caractéristiques (moyenne, variance et covariance) sont
indépendants du temps (Manga, 2006).
Compte tenu de la non-stationnarité des données
dans cette étude, un modèle VAR (Vector autoregressive
model) est construit.
La régression de séries temporelles,
c'est-à-dire de variables indexées par le temps, peut poser des
problèmes, en particulier à cause de la présence
d'
autocorrélation14(*) dans les variables, donc aussi
dans les résidus. Lorsque les variables ne sont pas
stationnaires,
on aboutit au cas de
régression
fallacieuse: des variables qui n'ont aucune relation entre elles
apparaissent pourtant significativement liées selon les
régressions linéaires classiques. La régression de
séries temporelles demande dans ces cas l'application d'autres
modèles de régression, comme les modèles vectoriels
autorégressifs (VAR) ou modèles à correction d'erreur
(VECM).
Le modèle VAR est une généralisation des
modèles autorégressifs (AR) au cas multivarié. Dans un
processus autorégressif d'ordre p, l'observation présente est
générée par la moyenne pondérée des
observations passées, jusqu'à la p-ième période.
L'analyse multivariée par contre recouvre un ensemble de méthodes
destinées à synthétiser l'information issue de plusieurs
variables, pour mieux l'expliquer. Dans un modèle VAR, le
phénomène observé s'explique par les variations des
valeurs passées de la variable explicative et de la variable à
expliquer.
La représentation du modèle
général VAR à 2 variables et p décalages
(noté VAR(p)) est la suivante15(*):
Où C est la matrice des constantes du modèle
;
Aj la matrice des paramètres estimés du
modèle ;
Yt la matrice des variables ;
la matrice des erreurs d'estimations.
Le logiciel EVIEWS est utilisé pour la construction de
ce modèle.
Plan de l'étude
La première partie de ce travail porte sur l'analyse
des éléments théoriques et réglementaires qui
établissent la relation entre les marges de taux et le coût du
risque de défaut. Elle présente la relation entre le coût
du risque et la rentabilité bancaire (chapitre 1), et la facturation du
coût du risque de défaut à la clientèle (Chapitre
2).
La deuxième partie étudie la relation entre les
marges de taux et le coût du risque de défaut dans le cas des
banques commerciales du Cameroun. Elle analyse l'évolution des marges de
taux et du coût du risque de défaut des banques (Chapitre 3), et
l'incidence du coût du risque de défaut sur les marges de taux
(chapitre 4).
PREMIERE PARTIE
MARGES DE TAUX ET COUT DU RISQUE DE
DEFAUT
CHAPITRE I : COUT DU RISQUE
ET RENTABILITE BANCAIRE
Le risque représente l'essence de l'activité et
la source principale du profit bancaire (Bouider, 2008). Dans le cadre des
crédits, sa réalisation se traduit par des pertes en capital et
en intérêts, qui représentent un coût pour la banque,
qui doit à tout moment être en mesure de faire face à ses
engagements vis-à-vis des déposants, des investisseurs et de ses
autres partenaires. Par ailleurs, en tant qu'entreprise, les revenus de la
banque doivent lui permettre de dégager un surplus après qu'elle
ait couvert l'ensemble de ses coûts : coût des ressources,
coûts de gestion, coût des fonds propres et coût des
risques.
Le coût du risque (Section I) réduit la
rentabilité de la banque comme le montrent les soldes
intermédiaires de gestion (section II), et pour réaliser des
profits, elle veille à réaliser des marges d'intérêt
optimales pour couvrir notamment le coût du risque (section III).
Section I : Le coût du risque
La banque est souvent présentée comme un
portefeuille de risques (Lamarque, 2003). En effet, les risques sont une
réalité inhérente aux types de produits qu'elle propose et
à la matière qu'elle manipule : l'argent.
Le principal impact des risques est de provoquer des pertes
pour les banques, soit au travers d'une diminution du Produit Net Bancaire,
soit au travers d'une augmentation des charges : coûts de
réparation, de maintenance, dédommagements, sanctions
financières ou provisions. Ils aboutissent à une
altération des fonds propres qui peut conduire à la faillite de
la banque et remettre en cause la stabilité du système bancaire
dans son ensemble.
I-1- Taxinomie des risques
bancaires
La taxinomie des risques bancaires distingue
généralement les risques non financiers et les risques financiers
traditionnels (Lamarque, 2003 ; Bouider, 2008).
I-1-1- Les risques non
financiers
Les risques non financiers sont les risques qui n'ont pas leur
origine dans les prises de position de l'établissement, mais
plutôt dans son fonctionnement au quotidien et dans son processus de
gestion. Ils relèvent aujourd'hui de deux familles : les risques
opérationnels et les risques stratégiques.
I-1-1-1- Les risques
opérationnels
Le Comité de Bâle16(*) définit le risque opérationnel comme le
risque de pertes directes ou indirectes résultant d'une
inadéquation ou d'une défaillance attribuable à des
procédures, personnels, systèmes internes ou
événements extérieurs.
Sont inclus dans les risques opérationnels :
- Les risques inhérents aux personnes et aux relations
entre les personnes, qui concernent les pertes causées par des
collaborateurs, intentionnellement ou non, et par les relations qu'un
établissement entretient avec ses clients, ses actionnaires, les
régulateurs ou des tierces parties ;
- Les risques inhérents aux procédures qui
concernent les pertes issues de l'échec des transactions sur les comptes
clients, les règlements ou sur tout autre processus de l'activité
courante ;
- Les risques inhérents aux systèmes, qui
recouvrent les pertes venant d'une interruption de l'activité ou d'une
indisponibilité du système en raison d'un problème
d'infrastructure ou technique ;
- Les risques inhérents aux tiers qui correspondent aux
pertes dues aux actions d'éléments extérieurs, notamment
la fraude externe, ou causant des dommages aux actifs meubles ou immeubles.
I-1-1-2- Les risques
stratégiques
Les risques stratégiques sont des risques non
quantifiables qui sont liés aux décisions prises par les
responsables bancaires en matière d'orientation de la politique
commerciale et de développement.
I-1-2- Les risques financiers
Les risques financiers relèvent de trois
préoccupations : le défaut, la liquidité et le
prix.
I-1-2-1- Le risque de
défaut
Le risque de défaut, encore appelé risque de
signature ou risque de contrepartie, provient de la défaillance d'une
contrepartie sur laquelle est détenue une créance ou un
engagement hors-bilan assimilable à une créance. Il
représente la perte associée à la probabilité de
défaillance de l'emprunteur.
Le Comité de Bâle, dans son second document
consultatif (Bâle II), considère qu'un débiteur est en
défaut lorsque l'un ou plusieurs des événements suivants
est constaté :
· L'emprunteur ne remboursera vraisemblablement pas en
totalité ses dettes (principal, intérêts et commissions)
;
· une perte portant sur l'une de ses facilités est
constatée : Comptabilisation d'une perte, restructuration de
détresse impliquant une réduction ou un
rééchelonnement du principal, des intérêts ou des
commissions ;
· L'emprunteur est en défaut de paiement depuis
quatre-vingt dix (90) jours sur l'un de ses crédits ;
· L'emprunteur est en faillite juridique.
I-1-2-2- Le risque de
liquidité
Le risque de liquidité se caractérise par
l'incapacité de la banque à rembourser ses dettes à court
terme parce que les actifs qu'elle détient sont à plus long
terme. Il provient de son rôle de transformation.
La banque reçoit majoritairement des
dépôts à court terme de ses clients et fait des prêts
à moyen et long terme. Il se crée un décalage entre les
sommes prêtées et les sommes disponibles (dépôts).
Lorsque ces dernières sont insuffisantes, on parle de manque de
liquidités.
I-1-2-3- Le risque de prix
Le risque de prix concerne à la fois les taux
d'intérêt, les taux de change, la valeur des actions et celle des
matières premières. On les qualifie généralement de
risques de marché.
Le risque de taux est celui que fait courir au porteur d'une
créance ou d'une dette l'évolution ultérieure des
taux17(*). Il peut se
matérialiser sous trois formes : moins-value sur la valeur des
actifs ou accroissement de la valeur des passifs, baisse des marges
d'intérêt et de la rentabilité, déclenchement des
engagements hors-bilan ;
Le risque de change apparait lorsqu'une partie du bilan est
libellé en devises étrangères ;
Le risque sur les actions ou les matières
premières concerne la valorisation par les marchés des actifs
détenus par les banques.
I-2- Le coût des risques
bancaires
Afin de préserver la
stabilité du système bancaire, la réglementation
prudentielle impose aux banques de constituer des provisions pour couvrir les
pertes dues aux risques. Ces provisions sont destinées à leur
permettre notamment de faire face à tout moment aux retraits des
déposants. Leur constitution nécessite cependant que les banques
disposent de ressources financières conséquentes, raison pour
laquelle les accords de Bâle les soumettent à des exigences de
fonds propres.
I-2-1- Les provisions
Les éléments formant le cout des risques sont
les provisions (Lamarque, 2008). Au plan comptable, la provision est la
constatation de la perte de valeur, éventuellement irréversible,
d'un élément du patrimoine de l'entreprise (Honoré,
2001).
Dans le cas du risque de défaut, en cas de non
remboursement de créances, les créances concernées sont
classées en encours douteux et font l'objet d'une
dépréciation18(*).
Il existe 5 modes de provisionnement des encours douteux (De
Coussergues, 2008) : les provisionnements ex post et ex
ante, les provisionnements individuel et collectif, et
le provisionnement forfaitaire.
Par opposition au provisionnement ex ante qui consiste
à constituer la provision pour dépréciation dès
l'octroi du crédit, le provisionnement ex post n'autorise la
comptabilisation d'une provision pour dépréciation qu'une fois
celle-ci constatée.
Le provisionnement individuel conduit quant à lui
à une évaluation spécifique du risque de chaque
débiteur compte tenu des garanties qu'il présente et des
perspectives de remboursement. Par contre, le provisionnement collectif
consiste à couvrir des risques de crédit regroupés dans
des portefeuilles homogènes selon des critères sectoriels ou
géographiques
Enfin, le provisionnement forfaitaire consiste à
calculer la provision à partir de données statistiques sur la
sinistralité moyenne des encours. Il est autorisé pour les
encours composés de petites créances présentant des
caractéristiques similaires.
I-2-2- Les exigences de fonds
propres
Avec les accords de Bâle, les résultats des
banques dépendent désormais de leurs profils et de leurs
portefeuilles de risques.
La réglementation bancaire est destinée à
limiter les risques par le biais des ratios prudentiels : ratio de division des
risques, coefficient de fonds propres, ratio de liquidité, ratio de
participation et, en particulier, le ratio de solvabilité.
En 1988, le Comité de Bâle instaure une
réglementation dite prudentielle, afin d'assurer la
pérennité de la banque face à ses principaux risques que
sont le risque de défaut et le risque de marché. Il propose la
mise en place du ratio Cooke, qui exige aux banques de se doter d'un montant
minimum de fonds propres proportionnel à leurs risques :
Ratio Cooke = Fonds propres pondérés/risques
pondérés =8%
La pondération des risques est fixée à
certains seuils pour les grands types d'emprunteurs (0 % pour les
créances sur les administrations centrales; 20 % pour les banques
multilatérales de développement, sur les administrations
régionales et locales des états de l'OCDE; 50 % pour les
créances garanties par hypothèque sur un logement; 100 % pour les
particuliers autres et les entreprises). Avec ce ratio, la
réglementation Cooke obtient des résultats positifs. Son
application permet de renforcer la prise de conscience du risque de
défaut et pousse les banques à se doter de fonds propres
conséquents, comme matelas financier pour la couverture de ce risque
(Vothi, 2003). Cette réglementation, initialement prévue pour les
pays membres du Comité de Bâle, est largement diffusée dans
le monde avec plus de 100 pays adoptant. Elle permet d'atténuer les
inégalités concurrentielles, les banques se couvrant
systématiquement de fonds propres à hauteur de 8 % de leurs
engagements.
Bien que la réglementation de Bâle I
s'avère efficace, dans la mesure où y a peu de faillite bancaire,
elle essuie de nombreuses critiques, selon lesquelles elle est
imprécise et présente des limites (Lamarque, 2008) comme
suit:
- l'approche du ratio Cooke est restrictive, car elle ne prend
en compte que quatre classes de risque, et les degrés de
pondération du risque de défaut ne sont pas suffisamment
calibrés pour déterminer et différencier de façon
adéquate les emprunteurs ;
- le risque est évalué de manière
forfaitaire, puisque le taux de 8 % ne prend pas en compte le fait que dans
une même classe de risques certains emprunteurs sont plus risqués
que les autres et que la quantité de fonds propres exigée pour un
prêt à un client peut ne pas correspondre à son risque
réel ;
- L'approche ne propose qu'une seule méthode
quantitative et n'a pas de mesure de risque de taux sur le portefeuille
bancaire ;
- Elle ne prévoit pas de traitement particulier pour
les techniques de réduction du risque.
Sur la base des limites du ratio Cooke, la
réglementation évolue vers une appréciation
considérée plus réaliste des risques et des fonds propres
exigés par l'activité bancaire. Le Comité de Bâle
II, présidé par W. Mc Donough, décide de la refonte de
cette réglementation en 1999. L'entrée en vigueur des accords de
Bâle II est fixée au 1er janvier 2007.
Cette réforme repose sur 3 piliers
fondamentaux19(*) :
- Le premier Pilier vise à mesurer plus
largement et plus qualitativement les risques bancaires en permettant aux
banques de se doter d'un outil de mesure pertinent. L'axe central de ce pilier
et ainsi de la réforme s'articule autour de l'exigence en matière
de fonds propres. Les fonds propres de la banque doivent couvrir non seulement
le risque de défaut mais encore le risque de marché et le risque
opérationnel. En plus, contrairement à la méthode globale
Cooke, l'appréciation de ces divers risques doit être la plus fine
possible et appropriée à chaque cas de figure. A chaque type de
risque doit correspondre un outil d'analyse, choisi par la banque en fonction
de ses propres critères tels, que son approche de risque. Le point fort
de la réforme est la mise en place de l'appréciation du risque de
défaut par la Notation Interne ;
- Le second Pilier vise à amener une
surveillance prudentielle accrue où un organisme de contrôle devra
vérifier l'adéquation entre les risques des banques et la mesure
qui pourra en être faite. Il comporte aussi l'analyse par la banque de
ses risques non couverts par le premier pilier et le calcul de ses besoins de
fonds propres au titre du capital économique20(*). Le pilier demande aux
banques, d'une part, de posséder des fonds propres en rapport avec les
risques compris dans leurs portefeuilles, et aux superviseurs, d'autre part,
de réagir rapidement si les risques paraissent élevés.
- Le troisième Pilier aborde, dans un souci
de transparence financière, la discipline de marché où les
banques devront rendre publiques un certain nombre d'informations relatives
à leurs risques.
Le nouveau ratio de solvabilité, appelé ratio Mc
Donough, ne change pas l'assiette de calcul « fonds propres /risques
» qui reste fixée à 8%. Par contre, une ventilation du
risque en fonction de sa nature est exigée (risque de crédit
comptant pour 75%, le risque opérationnel pour 20% et le risque de
marché pour 5%). Le risque opérationnel est introduit dans
l'exigence des fonds propres :
Ratio McDonough=Fonds Propres/Risque de
défaut+risque opérationnel+risque de marché = 8%
En particulier, les fonds propres déterminés par
le taux de capital exigé pour la distribution de crédit sont
décidés par le risque de défaut des emprunteurs. La
nouvelle législation proposée par Bâle II corrige en partie
la tarification non conforme des prêts inhérents à
Bâle I en permettant aux banques de placer les besoins de capitaux en
fonction de la réputation de solvabilité de l'emprunteur (Vothi,
2003). La nouvelle approche permet un calcul des probabilités de
défaillance de chaque client et de la sinistralité en cas de
défaut. Elle permet à la fois de déterminer les pertes
moyennes anticipées et les pertes inattendues. Il s'agit
désormais pour les banques de construire une politique de suivi des
limites d'engagement et d'y associer une politique de prix ressortant une
tarification adaptée au couple `rendement et risque'.
Section II : Coût du risque et rentabilité
bancaire : approche par les soldes intermédiaires de gestion
La rentabilité d'un établissement de
crédit représente son aptitude à dégager de son
exploitation des gains suffisants, après déduction des
coûts nécessaires à cette exploitation, pour poursuivre
durablement son activité21(*).
II-1- Les différentes
approches de mesure de la rentabilité bancaire
Les autorités chargées de veiller au respect de
la réglementation prudentielle utilisent plusieurs instruments
d'appréciation de la rentabilité. Ces derniers se
répartissent en trois grandes catégories (Nouy, 1992).
Une première approche consiste à mettre en
évidence les soldes intermédiaires de gestion. Elle permet
d'identifier les éléments ayant concouru à l'obtention du
résultat final. Ces soldes sont globalement le produit net bancaire, le
produit global d'exploitation, le résultat brut d'exploitation, le
résultat d'exploitation et le résultat net.
La seconde approche de mesure de rentabilité consiste
à analyser les coûts, les rendements et les marges. Elle est
essentiellement motivée par la nécessité de prendre en
compte l'ensemble de l'activité bancaire, y compris les activités
de service et de hors-bilan, et le souci de calculer un indicateur simple et
facilement utilisable dans les comparaisons internationales.
La troisième approche comprend l'ensemble des ratios
d'exploitation calculés, afin de mettre en évidence les
structures d'exploitation. Il s'agit notamment du coefficient global
d'exploitation qui montre de façon synthétique la part
des gains réalisés qui est absorbée par les coûts
fixes; Le coefficient de rentabilité (return on equity, ROE22(*)) qui exprime le
rendement du point de vue de l'actionnaire; Le coefficient de rendement
(return on assets, ROA23(*)) qui exprime de façon assez globale le
rendement des actifs; L'indicateur de fragilité
financière qui doit être relativisé comme
indicateur de poids des risques; et, le ratio de solvabilité (Ratio de
Cooke ) qui est un ratio prudentiel destiné à mesurer la
solvabilité. Un ratio moyen égal au rapport entre les fonds
propres et l'ensemble des engagements peut également être
calculé.
II-2- Les soldes
intermédiaires de gestion
« L'équilibre rentabilité/risque
ne peut pas toujours être apprécié par le seul examen du
résultat net, qui est un solde intégrant parfois des produits ou
charges non récurrents qui peuvent masquer la structure de la
rentabilité des établissements. C'est pourquoi l'analyse de
celle-ci passe par la mise en évidence de soldes intermédiaires
de gestion qui permettent d'identifier les éléments ayant
concouru à l'obtention du résultat final. » (De
Coussergues, 2009)
Les soldes intermédiaires de gestion de la banque se
présentent schématiquement de la manière
suivante :
Produits d'exploitation bancaire
(intérêts, revenus des titres, commissions, gains sur
opérations financières, plus-values)
-Charges d'exploitation bancaire
(intérêts versés, moins-values)
-frais généraux
Résultat brut d'exploitation
|
-Coût du risque
+/- Autres produits et charges
(source : De Coussergues, 2008)
· Le Produit Net Bancaire (PNB) est le point de
départ du diagnostic de la rentabilité. Il indique la marge
dégagée par la banque sur l'ensemble de ses activités,
avec ses trois composantes que sont les intérêts, les
commissions et les plus ou moins-values. Le PNB est calculé par
différence entre les produits bancaires et les charges bancaires et
correspond à la valeur ajoutée de l'établissement de
crédit.
· Le résultat brut d'exploitation (RBE)
indique la marge que la banque dégage de son activité courante,
après prise en compte des coûts de fonctionnement. Il permet
d'apprécier la capacité d'un établissement de
crédit à générer une marge après imputation
du coût des ressources et des charges de fonctionnement.
· Le résultat d'exploitation (RE) prend
en compte le risque de contrepartie. Il correspond au RBE diminué des
dotations nettes aux provisions.
· Le Résultat Net (RN) intègre les
autres produits et charges de caractère le plus souvent exceptionnel,
les dotations au fonds pour risques bancaires généraux et
l'impôt sur les sociétés, ainsi que le résultat
d'exploitation.
Les Soldes Intermédiaires de Gestion montrent que le
coût du risque est pris en compte dans le calcul du résultat de la
banque, dont il est déduit. Ils permettent de constater que
l'augmentation du coût du risque dégrade la rentabilité de
la banque.
Section III : Coût du
risque et rentabilité bancaire : un tour d'horizon
théorique
En tant qu'entreprise, la banque
vise la réalisation des profits lorsqu'elle distribue des
crédits. Comme agent économique rationnel, elle cherche à
minimiser ses coûts et maximiser ses revenus. Pour y parvenir, elle doit
fixer des marges d'intérêt conséquentes pour couvrir
l'ensemble de ses coûts.
III-1- Les marges
d'intérêt comme déterminant de la rentabilité
bancaire : L'approche traditionnelle de la firme bancaire
Le souci premier d'une banque est de préserver la
profitabilité de l'activité de crédit (Tanymoune,
2003 ; Rouabah, 2003).
L'approche théorique de la firme bancaire (Parkin,
1970 ; Klein, 1971 ; Monti, 1972) consiste à répliquer
les concepts de l'économie industrielle à la firme bancaire. Dans
cette approche, la banque est traitée comme une entreprise qui
détermine ses choix à partir de critères de maximisation
du profit et de minimisation des coûts (Tanymoune, 2003).
La théorie de la firme bancaire souligne la
nécessité de modéliser les comportements des banques pour
une meilleure compréhension de la formation des marges
d'intérêt. Elle considère que la banque doit tenir compte
de son coût de refinancement et de ses coûts de gestion pour fixer
des marges optimales. L'hypothèse fondamentale sous-jacente à ces
modèles est de considérer la firme bancaire comme une
entité indivisible poursuivant un objectif d'optimisation de la marge
d'intérêt pour la couverture des coûts et la maximisation
des profits (Rouabah, 2006).
III-1-1- Fonction de demande de
crédit et fonction d'offre de dépôts
La théorie de la firme bancaire considère la
banque comme un intermédiaire financier dont l'activité consiste
à collecter des ressources pour accorder des financements. La banque est
supposée avoir deux types d'emplois à savoir, la distribution de
crédits et l'acquisition de titres de l'Etat. Elle utilise deux types de
ressources, son capital (fonds propres) et les dépôts de la
clientèle.
La représentation schématique du bilan de la
banque est comme suit :
Actif
|
Passif
|
L?r
B?r
|
K
D?r
|
Avec :
K= Fonds propres ;
D= les dépôts collectés ;
L= les crédits distribués ;
B = titres émis par le secteur public ;
r= taux d'intérêts payés par la banque pour la
collecte des dépôts ;
r= taux d'intérêt payés par les emprunteurs.
La demande de crédits et l'offre des
dépôts sont supposées simultanés sur les deux
marchés. L'offre de dépôts et la demande de crédit
dépendent des taux r et r. Inversement, r et rdépendent de l'offre de dépôts et de la demande de
crédit. Les fonctions d'offre et de demande r(D) et r(L) se définissent donc comme suit :
(1)
(2)
III-1-2- La fonction de
profit de la banque
Au plan comptable, l'équilibre du bilan de la banque
implique que son passif est égal à son actif, soit :
L+B = K+D
L+B-K-D= 0 (3)
Dans la mesure où la banque supporte des coûts
divers pour la collecte des dépôts et l'octroi des crédits,
les coûts de collecte des dépôts et d'octroi des
crédits sont représentés par la fonction C (D, L).
La fonction de profit de la banque s'écrit :
(4)
L'équilibre du bilan impliquant que B=K+D-L, la
fonction de profit devient :
(5)
La condition de maximisation du profit de premier ordre, sous
contrainte d'équilibre du bilan, est que la dérivée
première de la fonction de profit par rapport aux fonctions de demande
de crédit et d'offre de dépôts soit nulle :
(6)
(7)
La banque maximise les intérêts à
percevoir sur les crédits et minimise les intérêts à
payer sur les dépôts.
III-1-3- L'optimisation
des marges d'intérêt
La banque cherche à réaliser des marges
d'intérêt optimales.
Les taux d'intérêts r et r, les crédits distribués et les dépôts
collectés ayant des effets réciproques les uns sur les autres,
les variations de taux entrainent des variations de l'offre de
dépôts et de la demande de crédit. Soient et l'élasticité de la demande de crédits et de l'offre
de dépôts :
avec (8)
avec (9)
En introduisant l'équation (9) dans l'équation
(6) on obtient :
En introduisant l'équation (8) dans l'équation
(7) on obtient :
(10)
Dans la mesure où la banque engage des frais pour
collecter des dépôts et distribuer des crédits, la
fonction de coût peut se réécrire comme suit:
Avec c = frais incompressibles.
Les conditions d'optimalité deviennent :
et (11)
La marge optimale s est la différence entre les taux
d'intérêts maxima d'octroi de crédit () et les taux minima de collecte des dépôts ( ) soit:
(12)
III-2- Les
déterminants des marges d'intérêt : L'approche du
modèle du courtier
III-2-1 : La version
initiale du modèle du courtier
Le point de départ de l'analyse des déterminants
des marges d'intérêt est le modèle du courtier,
élaboré en 1981 par Ho et Saunders (Maudos et Guevara, 2003).
III-2-1-1- Principe du
modèle du courtier
Dans la version initiale du modèle du courtier, la
banque est représentée par un courtier faisant face à un
risque de taux lié au caractère désynchronisé des
flux de dépôts et de crédits de même maturité,
qu'il tente de mettre en adéquation. Dans son rôle de gestion de
la liquidité du marché des fonds prêtables, il encourt le
risque de prendre des positions trop courtes ou trop longues. En fixant les
taux débiteurs et créditeurs et donc ses marges nettes (net
interest margins, NIM), il cherche à immuniser son portefeuille
contre les fluctuations des taux et le risque de défaut.
Le modèle de Courtier (Ho et Saunders, 1981) postule
que l'objectif de la firme bancaire est la maximisation de l'utilité de
ses actionnaires à travers le choix d'un «mark-up»
(majoration) optimal pour les intérêts perçus sur les
crédits distribués et d'un «mark-down »
(réduction) optimal pour les intérêts payés sur les
dépôts collectés (Boutillier, Kierzenkowski et
Rousseau ; 2004).
III-2-1-2-
Détermination des marges d'intérêt
Dans le modèle de Ho et Saunders, la firme bancaire est
un agent averse au risque qui opère sur les marchés des
dépôts et des crédits. L'horizon d'étude est une
période unique durant laquelle la banque fixe ses taux en début
de période, avant qu'aucun dépôt ou crédit ne soit
réalisé. Ces taux sont constants pour toute la période.
Les banques qui sont averses au risque doivent arbitrer entre la demande de
crédits et l'offre de dépôts, qui ne coïncident pas
dans le temps, et déterminer leurs taux d'intérêts sur les
crédits (r) et sur les dépôts (r) de manière optimale afin de minimiser le risque qui
découle de l'incertitude sur les taux d'intérêt du
marché monétaire, auquel elles doivent recourir en cas
d'excès de demande de crédit ou d'insuffisance des
dépôts. Pour cela, elles déterminent leurs taux
d'intérêt comme des marges appliquées au taux
d'intérêt du marché monétaire (r),
c'est-à-dire :
r= r-a
(1)
r= r+b
a et b sont respectivement les marges que
les banques retranchent et ajoutent au taux du marché monétaire
pour les dépôts et les crédits. D'où, la marge
d'intérêt s qui s'écrit comme suit :
s=r- r=a+b
(2)
Dans l'éventualité où un nouveau
dépôt est collecté avant toute demande de crédit, la
banque investit temporairement les fonds collectés au taux
d'intérêt du marché r et assume un risque de
réinvestissement en fin de la période si le taux du marché
chute. De manière similaire, si elle fait face à une nouvelle
demande de crédit avant qu'elle n'ait collecté de
dépôt, la banque devra rechercher des fonds sur le marché
monétaire, et sera confronté au risque d'une augmentation du taux
de refinancement. En outre, le rendement du crédit et les pertes qui lui
sont liées sont incertains car il peut arriver que le crédit ne
soit pas remboursé. Par conséquent, la banque applique des marges
maximales sur les crédits (b) et minimales sur les dépôts
(b) pour compenser les pertes dues aux variations du taux
d'intérêt et au risque de crédit, et maximiser ses
profits.
III-2-2- La prise en
compte des charges d'exploitation: les apports de Maudos et Guevara
Les critiques de la version initiale du modèle de
courtier, qui n'intègre pas les charges d'exploitation supportées
par la banque pour la collecte des dépôts et l'octroi des
crédits, ont conduit Maudos et Guevara (2003) à introduire la
nature productive de la firme bancaire dans le modèle de courtier,
à travers les coûts de production associés au processus
d'intermédiation.
Dans leur modèle, la richesse initiale de la banque est
déterminée par la différence entre ses actifs
(crédits et actifs liquides) et ses dettes (dépôts).
(3)
L-Dest le stock des crédits nets ;
les actifs monétaires.
Les charges d'exploitation de la firme bancaire sont
supposées être fonction des dépôts collectés
(C(D)) et des crédits octroyés (C(L)), de sorte que le coût
du stock des crédits nets peut être exprimé comme
C(I)=C(L)-C(D).
Avec toutes ces hypothèses, la richesse finale de la
banque devient :
(4)
Où :
est la profitabilité moyenne du stock des crédits nets
est la profitabilité moyenne de la richesse initiale de la
banque
est le risque moyen du stock des crédits nets, la collecte des
dépôts étant supposée n'être sujette à
aucun risque, .
et reflètent la double incertitude à laquelle la banque fait
face à savoir :
- le risque de taux, distribué comme la variable
aléatoire ;
- Le risque de défaut, la profitabilité du
crédit étant incertaine et distribuée comme).
Afin de prendre en compte l'interaction entre le risque de
défaut et le risque de taux, la distribution commune des deux
perturbations est supposée bivariée avec une covariance non-nulle
().
Compte tenu du fait que le rendement des crédits est
incertain, les banques cherchent à maximiser leur utilité
espérée. La fonction d'utilité de la banque est
approximée par le développement de Taylor autour du niveau
espéré de la richesse :
(5) où il est
supposé que la fonction d'utilité de la banque est continue et
doublement différentiable, avec U'>0 et U''<0 et par
conséquent, la banque est averse au risque.
Lorsqu'un nouveau dépôt D est
réalisé, rémunéré au taux, la banque, si elle n'accorde pas un crédit additionnel,
investira les fonds ainsi collectés sur le marché
monétaire, obtenant un rendement. En soutenant que , et étant données les charges d'exploitation sur la
collecte des dépôts C(D), en substituant la nouvelle valeur de la
richesse finale en (5), on trouve que l'augmentation de l'utilité
espérée associée au nouveau dépôt sera la
suivante :
(6)
De la même manière, si une nouvelle demande de
crédit est faite, pour laquelle il existe également un coût
de production C(L), l'augmentation de l'utilité espérée
sera :
(7)
Il est supposé que les dépôts
accordés de façon aléatoire suivent un processus de
Poisson et que la probabilité d'accorder un nouveau crédit ou de
collecter un nouveau dépôt est fonction décroissante de la
marge appliquée par la banque :
P
P
(8)
Le problème de la maximisation est comme suit :
(9)
Les conditions de premier ordre au regard de a et b24(*) sont les suivantes :
(10)
La marge optimale « s » est égale
à :
(11)
Pour cette raison, en accord avec le modèle
théorique, les déterminants des marges d'intérêt
sont les suivants :
a) La structure du marché (monopolistique). Elle
dépend de l'élasticité de la demande des crédits et
de l'offre des dépôts (â), de telle sorte que plus la valeur
de â et l'élasticité de la demande de crédit (ou de
l'offre des dépôts) seront faibles, plus la banque appliquera des
marges élevées en exerçant son pouvoir de
monopole ;
b) La moyenne des charges d'exploitation. Les firmes bancaires
qui ont des coûts unitaires élevés auront logiquement
besoin de travailler avec des marges d'intérêt
élevées pour couvrir leurs charges d'exploitation. Il convient de
noter que même en l'absence du pouvoir de marché ou de tout
risque, une marge positive est nécessaire pour couvrir les charges
d'exploitation ;
c) L'aversion au risque, exprimé par le coefficient de
l'aversion au risque absolue, -1/2U''(W)/U'(W), sur la base de
l'hypothèse selon laquelle la banque est averse au risque, U''(W) <0,
de telle sorte que l'expression précédente est supérieure
à zéro. Plus la banque sera averse au risque plus ses marges
seront élevées ;
d) La volatilité des taux d'intérêt sur le
marché de la monnaie (). Plus les taux seront volatiles, plus les risques du marché
seront élevés, et il sera nécessaire d'élever les
marges.
e) Le risque de défaut, mesuré par la
variable. Plus incertaine et volatile sera l'incertitude du rendement et des
pertes attendus sur les crédits octroyés, plus
élevée sera la marge avec laquelle travaille la banque.
f) La covariance ou l'interaction entre le risque de taux et
le risque de défaut ;
g) La taille moyenne des crédits et des
dépôts de la banque, mesurée par le terme L+D et le volume
total des crédits L+2L. Le modèle prédit que les marges unitaires augmentent en
fonction de la taille moyenne des opérations. La justification est que,
pour une valeur donnée du risque de crédit et du risque de
marché, une opération de grande taille fera courir un risque de
perte plus élevé, pour laquelle la banque exigera une marge plus
élevée.
La réalisation des marges d'intérêt
optimales suppose que la banque adopte une tarification adéquate, lui
permettant de facturer ses coûts à la clientèle, le co?t du
risque de défaut notamment.
CHAPITRE II : FACTURATION DU COUT DU RISQUE DE DEFAUT A
LA CLIENTELE
Dans la théorie bancaire, les marges
d'intérêt optimales permettent à la banque de couvrir ses
coûts et de réaliser un profit maximum (Tanymoune, 2003 ;
Rouabah, 2003). La couverture du coût des risques par les marges
d'intérêt se justifie en particulier par le fait que ce
coût est de nature à dégrader l'équilibre financier
de la banque et remettre en cause la stabilité du système
bancaire (Lamarque, 2003).
Pour cette raison, la structure des taux débiteurs des
banques prévoit une marge de taux destinée notamment à
neutraliser le coût des risques (section I). En particulier, la
facturation du coût du risque de défaut aux emprunteurs par le
biais de la marge de taux (section II) apparait comme un impératif pour
la pérennité de la banque. Les résultats des études
empiriques (section III) montrent toutefois que cette facturation n'est pas
systématique.
Section I : La marge de taux dans la structure des taux
d'intérêt débiteurs des banques
La prise en compte du risque de défaut dans la
tarification bancaire se matérialise par la marge de taux.
Communément appelée spread de crédit ou prime
de risque, la marge de taux est l'élément compris dans la
structure des taux débiteurs de la banque qui représente la
rémunération exigée en compensation du risque encouru
(Gatfaoui, 2008).
Les taux d'intérêt débiteurs de la banque,
taxes exclues, sont composés de deux éléments :
· Le taux d'intérêt nominal du
crédit;
· Les commissions diverses.
I-1- Le taux
d'intérêt nominal du crédit
Le taux d'intérêt nominal d'un crédit
bancaire comprend le taux de référence initial de la ressource
collectée par la banque et la marge de taux associée au risque
du crédit (Galesne, 1999).
I-1-1- Le taux de
référence de la ressource collectée
La banque veille en principe à l'adéquation de
ses ressources à ses emplois. Pour cela, elle fait appel à des
ressources dont le montant et la durée25(*) sont équivalents à celles des
prêts octroyés, ce qui lui permet d'ajuster sa trésorerie
(Lointier, Salvignol, Romedenne, Buaillon ; 1993). Par conséquent,
la nature du taux de référence qu'elle choisit pour facturer le
crédit au client est largement liée à ses conditions
habituelles de refinancement sur le marché.
De manière générale, les prêts
à long terme s'adossent sur des taux de référence
obligataires, et les prêts à court et à moyen terme sur les
taux de référence monétaires et sur le taux de base
bancaire (Galesne, 1999, p.6-7).
I-1-1-1- Les taux de
référence obligataires
Les établissements prêteurs à long terme
s'appuient sur des taux de référence obligataires tels que le
Taux Mensuel Obligataire26(*) (TMO) ou Taux Moyen mensuel des Emprunts d'Etat
à long terme (TME)27(*) pour déterminer leurs taux
débiteurs.
I-1-1-2- Les taux de
référence monétaires
Les taux de la politique monétaire et du marché
monétaire couvrent les taux des instruments à court terme et
à moyen terme. Conventionnellement, on y trouve les taux
inférieurs à un an reposant sur des instruments liquides. Les
taux de référence repris dans ce domaine se répartissent
en trois groupes:
· les principaux taux de la politique
monétaire28(*) ;
· les taux du marché interbancaire29(*)
· les taux de référence des certificats
de trésorerie de l'Etat sur le marché secondaire30(*).
· I-1-1-3- Le taux de
base bancaire
Le
taux
de base bancaire (
TBB)
n'est défini par aucun texte légal ou réglementaire, mais
son usage s'est dégagé des pratiques de la profession. La banque
fixe librement son taux de base, c'est-à-dire le taux minimum qui lui
sert de base au calcul du prix des crédits qu'elle consent31(*).
Le TBB est déterminé chaque année par la
banque, en fonction de ses objectifs de politique générale, de
son coût de collecte des ressources (auprès des clients, des
investisseurs et de la Banque Centrale) et des frais divers engagés pour
la collecte des ressources et la distribution du crédit (Lointier,
Salvignol, Romedenne, Buaillon, 1993). Il correspond en principe au seuil de
rentabilité de la production du crédit32(*).
I-2- La marge de taux
La marge de taux est déterminée par la banque et
appliquée de manière individuelle à la clientèle.
Elle est augmentée ou diminuée en fonction du type de
crédit, et du profil de risque de l'emprunteur.
Marge de taux =majoration spécifique + majoration
propre
au crédit au client
La majoration spécifique au crédit
rémunère le coût du montage et du suivi du crédit,
ainsi que le risque qu'il comporte en lui-même33(*).
La majoration propre au client rémunère le
risque supporté sur le client. Elle est calculée au moment
où est accordé le crédit34(*).
I-3- Les commissions diverses
Les banques prélèvent des commissions pour la
rémunération des services liés à l'opération
de crédit. Il n'en existe pas une liste exhaustive, car elles varient
d'un établissement à l'autre, mais on retrouve fréquemment
quelques unes d'entre elles, notamment :
· Les commissions dites d'engagement et de
réalisation 35(*)qui lorsqu'elles existent en cas de versement
rapide des fonds peuvent être assimilées à un
débours initial fait par l'emprunteur ;
· Les frais d'études de dossier
correspondant à une évaluation forfaitaire des frais encourus par
l'établissement prêteur lors de l'analyse du dossier36(*) ;
· Le coût des garanties, qui sont tout
à fait habituelles en matière de prêts à long
terme37(*) ;
· Les frais d'assurances.
Section II : Marge de taux et facturation du coût
du risque de défaut
La constatation et l'évaluation du coût du
risque de défaut ne posent à postériori pas de
difficulté notable. La véritable difficulté consiste
à anticiper ce risque et à le traduire par un co?t
prévisionnel qui sera facturé au client au moment de l'octroi du
prêt (Lamarque, 2004).
La détermination de la marge de taux en fonction du
risque de défaut se fait soit à partir du coût du risque de
défaut prévisionnel, soit sur la base du coût
constaté à postériori.
II-1- détermination de la
marge de taux sur la base du coût du risque prévisionnel
Les risques intégrés dans la marge de taux sont
le risque de défaut et le risque de liquidité
(Gatfaoui, 2008 ; Bouider, 2008).
Le risque de liquidité est issu de la
possibilité d'immobilisation des ressources de la banque, ce qui peut
l'empêcher de faire face aux retraits des déposants. Une telle
situation la conduit à rechercher des ressources additionnelles sur le
marché et supporter un coût de refinancement
supplémentaire.
Les banques considèrent généralement que
le principal problème auquel elles font face en prêtant de
l'argent est l'incapacité de déterminer avec certitude si le
client va honorer ses engagements et rembourser l'emprunt en totalité,
ou s'il va simplement faire défaut (Gatfaoui, 2008). Le risque de
défaut représente la perte associée à la
réalisation de la probabilité de défaillance de
l'emprunteur.
Dans certains cas en effet, les emprunteurs sont en situation
de faillite et la banque subit des pertes dont la sévérité
dépend de plusieurs facteurs :
- le montant de l'exposition au moment du défaut ;
- l'issue de la mise en jeu des garanties que la banque aura
exigée lors de la mise en place du contrat ;
- l'issue du processus de recouvrement ;
Dans ces cas, la banque procède à une
évaluation des coûts du risque à travers l'estimation de la
probabilité de défaut des emprunteurs.
Diverses méthodes sont utilisées pour calculer
la marge de taux. Elles sont en général basées sur trois
principaux modèles, qui lient la marge de taux à la
solvabilité de l'emprunteur (Chalach, Wone, Elam et el khyari,
2003) :
· le modèle de Merton ;
· le modèle CreditMetrics ;
· Le Z-score de Altman
II-1-1-- Le modèle de
Merton
II-1-1-1- principe du
modèle
En 1974, Merton publie un modèle de valorisation de la
firme qui repose sur le principe que les actionnaires et créanciers
sont en fait des détenteurs d'options.
D'un côté, les actionnaires ont une perte
limitée à leur investissement initial et
bénéficient de toute augmentation de la valeur des actifs de la
firme au-delà de la valeur de la dette. En effet, si à
l'échéance de la dette, la valeur des actifs de la firme est
inférieure au montant de celle-ci, la firme qui liquide ses actifs ne
peut honorer sa dette et est ainsi en défaut. Dans ce cas, les actions
ont une valeur nulle, et l'actionnaire a perdu sa mise de fonds initiale. Si
par contre à l'échéance de la dette, la valeur des actifs
est supérieure à celle de la dette, la liquidation des actifs
sert à rembourser celle-ci et le surplus est réparti entre les
actionnaires. L'actionnaire est par conséquent détenteur d'un
call (option d'achat) sur la valeur des actifs de prix d'exercice la valeur de
la dette et d'échéance de la dette. En effet, si à
l'échéance de la dette, la valeur des actifs de la firme est
inférieure au montant de celle-ci, l'option a une valeur nulle
puisqu'elle termine en dehors de la monnaie. Si en cours de vie de l'option, la
valeur de la firme est inférieure à la valeur de la dette,
l'option est en dehors de la monnaie mais conserve une valeur de temps.
De l'autre côté, les créanciers ont
également intérêt à ce que la société
ait une valeur des actifs supérieure à la valeur de la dette afin
d'être remboursés. Par contre, ils ont intérêt
à ce que la valeur des actifs soit la moins volatile possible. Ils sont
donc selon l'approche de Merton, vendeurs de put (option de vente) sur la
valeur des actifs, d'échéance de la dette, de prix d'exercice de
la valeur de la dette et de prime le service de la dette
(intérêts). Si la valeur de la firme diminue et devient
négative, les créanciers ont intérêt à
liquider la société sur laquelle ils supportent une perte
potentielle de plus en plus élevée (put vendu qui devient de plus
en plus de la monnaie).
Soit une société qui émet des obligations
d'un montant sur le marché, avec une valeur nominale de remboursement E et
une date d'échéance T. V est la valeur des actifs de la
société émettrice.
A l'échéance de la dette T, l'actionnaire
reçoit la valeur de marché des fonds propres S :
et le détenteur de l'obligation reçoit:
II-1-1-2- Le choix de la valeur de la dette comme seuil de
défaut
L'hypothèse centrale du modèle est que la firme
fait défaut lorsque la valeur des actifs descend au-dessous de la valeur
comptable de sa dette. Le seuil de défaut, inférieur au niveau de
la dette, est un paramètre du modèle. Le choix de la valeur
nominale de la dette peut paraître surprenant, dans la mesure où
le défaut résulte plutôt d'un écart entre la valeur
des actifs et le service de la dette. Les auteurs du modèle
légitiment leur choix par une étude historique des
défauts, qui montre que la variable choisie (valeur des actifs - valeur
nominale de la dette) est un bon prédicateur du défaut. Celui-ci
ne se produit d'ailleurs pas au moment où la valeur des actifs
« casse » la valeur nominale de la dette, mais à un
niveau inférieur.
La discussion sur la pertinence relative du service de la
dette vis-à-vis de la valeur comptable trouve son issue dans
l'hypothèse d'un endettement revolving de la firme par achat de
zéro-coupons38(*)
de maturité équivalente ou pas à la date de constatation
de l'éventuel défaut. A chaque date de constatation, la valeur
nominale de la dette est sous cette hypothèse égale au flux de
paiement. Une hypothèse alternative paraît intéressante.
Elle consiste à prévoir la faillite à partir de
l'écart entre la valeur des actifs et la valeur du marché de la
dette. Cet écart représente la valeur théorique de la
firme, dont le passage au-dessous de zéro peut signifier un état
de défaut prochain.
La variable explicative du défaut ne reflète
évidemment pas une situation de trésorerie, mais un indicateur
plus large de l'état de santé de l'entreprise. De manière
concrète, l'origine de la faillite de nombreuses entreprises est
l'impossibilité de faire face au service de la dette dans un contexte de
baisse des taux et d'endettement à taux fixe. Un tel scénario se
traduit par une dégradation du market to market de la dette, non
nécessairement compensée par une appréciation de la valeur
des actifs.
II-1-1-3- Couverture contre le risque de défaut
Le risque de défaut surviendrait pour une valeur de
l'entreprise inférieure à la valeur de remboursement de
l'obligation. Il peut être supprimé si le détenteur
d'obligation possède une option de vente un « put »
de sous-jacent, de valeur de l'actif de la firme V, de prix d'exercice E (la
valeur de l'obligation à l'échéance) et de maturité
T. En effet en cas de défaut, l'obligataire peut virtuellement exercer
son option et obtenir le remboursement. Dans le cas contraire, il n'y a pas de
défaut et donc il est remboursé de la même façon.
Cette option est une couverture du risque de défaut. Et l'obligation
devient donc avec ce « put » sans risque.
Avec un investissement (la valeur d'achat du put) et la valeur de l'obligation, à
l'échéance de la dette il reçoit :
Comme l'obligation est sans risque donc :
La valeur actuelle de l'obligation.
r : le taux sans risque.
Or le taux de recouvrement39(*) qu'exige un créancier pour faire un prêt
est :
La marge de taux est la différence entre le taux
avec risque y et le taux sans risque r, soit:
II-1-1-4- Hypothèses du modèle de Merton
· La structure des taux en fonction de
la maturité est plate.
· Le taux d'intérêt sans risque
instantané est stable au cous du temps.
· Hypothèse de Modigliani-Miller (Absence
d'impôt) selon laquelle la valeur globale de la firme
est indépendante de sa structure financière.
· La valeur des actifs de la firme est
modélisée par un processus log-brownien solution de
l'équation de Black & Sholes
Avec dz est un mouvement brownien.
le rendement et la volatilité des actifs.
La solution de cette équation est :
I-1-1-5- Modélisation
A partir du modèle de valorisation d'option d'achat
européenne de Black & Scholes, La valeur des fonds propres que doit
avoir une entreprise pour pouvoir couvrir sa position à
l'échéance de la dette :
Avec:
S : la valeur actuelle des fonds.
: la valeur actuelle économique de l'actif
: la variance instantanée des variations de la valeur de
marché de la société
E : la valeur nominale de remboursement de la dette
à T.
r : le taux d'intérêt sans risque.
T : la durée de vie probable de la
société (échéance de la dette).
Et le levier d'endettement
La volatilité des fonds propres est fortement
liée à la volatilité des actifs de l'entreprise :
La probabilité de défaut est liée au cas
où la valeur des actifs de la firme est inférieure a celle de la
dette, en supposant que la valeur des actifs est log-normal :
La valeur du « put » qui permet à
un créancier de se couvrir contre le risque de défaut
est :
Pour faire le prêt le créancier exige un taux y
supérieur à celui sans risque, la marge de taux est :
II-1-2- Le modèle CreditMetrics
Basé sur le principe du modèle de Merton,
CreditMetrics fait partie des modèles Marked-to-Market
mesurant le risque de défaut à partir des variations de la valeur
du crédit.
Ces variations peuvent être dues aux éventuels
changements dans la qualité des emprunteurs.
CreditMetrics a été mis en place en 1997 par JP
Morgan Firme (Champagne, 1999). Principalement, ce modèle propose,
à partir des matrices historiques de transition et de corrélation
entre les cours de titres, une distribution à un horizon donné
des états joints de rating d'un portefeuille de contreparties.
Ce modèle s'intéresse principalement à la
modélisation des changements dans la valeur d'un portefeuille
d'obligations avec risque de défaut sur un horizon de temps H
(généralement un an). Un changement dans la valeur du
portefeuille au terme de l'horizon H arrive lorsqu'une ou plusieurs obligations
migrent vers une autre classe crédit.
II-1-2-1- Principe du modèle
CreditMetrics modélise l'évolution de la marge
de taux de chaque émetteur en supposant que celui-ci dépend du
niveau du rating de cet émetteur. Plus ce rating est mauvais, plus la
perte associée est grande et la marge de taux élevée.
Les émissions de même rating, mais
d'émetteurs différents, sont supposées avoir la même
marge de taux.
II-1-2-2- Les
étapes du modèle
L'établissement du modèle repose sur les
étapes suivantes :
1- On attribue une note à chaque émetteur (ou
émission) en fonction de sa solvabilité présumée.
Cette notation est soit celle publiée par les agences
spécialisées soit une notation interne.
2- On calcule une matrice de transition qui consiste à
donner pour chaque niveau de notation, la probabilité de passer dans
chacune des autres notes existantes ou éventuellement d'être en
défaut.
Dans le tableau suivant, on donne la matrice de transition de
notation à 1 an (en %). Cette matrice est estimée statistiquement
sur les contreparties ne bénéficiant que d'une notation interne
de la banque.
Tableau 1: Matrice de transition des
notations
Rating
|
AAA
|
AA
|
A
|
BBB
|
BB
|
B
|
CCC
|
Default
|
AAA
|
90 ,81 %
|
8,33 %
|
0,68 %
|
0,06 %
|
0,12 %
|
0,00 %
|
0,00 %
|
0,00 %
|
AA
|
0,70 %
|
90,65 %
|
7,79 %
|
0,64 %
|
0,06 %
|
0,14 %
|
0,02 %
|
0,00 %
|
A
|
0,09 %
|
2,27 %
|
91,05 %
|
5,52 %
|
0,74 %
|
0,26 %
|
0,01 %
|
0,06 %
|
BBB
|
0,02 %
|
0,33 %
|
5,95 %
|
86,93 %
|
5,30 %
|
1,17 %
|
0,12 %
|
0,18 %
|
BB
|
0,02 %
|
0,14 %
|
0,67 %
|
7,73 %
|
80,53 %
|
8,84 %
|
1,00 %
|
1,06 %
|
B
|
0,00 %
|
0,11 %
|
0,24 %
|
0,43 %
|
6,48 %
|
83,46 %
|
4,08 %
|
5,20 %
|
CCC
|
0,22 %
|
0,00 %
|
0,22 %
|
1,30 %
|
2,38 %
|
5,00 %
|
64,85 %
|
19,79 %
|
Cette table s'analyse comme suit, en lisant par exemple la
ligne BBB du tableau ci-dessus :
Notation initiale Notation potentielle dans un an
Probabilité
AAA 0, 02 %
AA 0,33% A 5,95 %
BBB BBB 86,93 %
BB 5,30 % B 1,17%
CCC 0,12 %
D 0,18 %
100,00 %
L'objectif du modèle est d'évaluer l'obligation
dans ses différents états (ou ceux de son émetteur)
envisagés dans un an.
A chaque type de rating (autre que l'état du
défaut), on attribue une courbe des taux zéro-coupons40(*) (utilisés pour
l'actualisation). Lorsqu'on prend en compte le risque spécifique d'une
catégorie de rating par rapport à un émetteur sans risque
de défaut, on ajoute à ces taux sans risque une marge de taux
qui varie en fonction de la notation envisagée.
Sur la base de ce principe, la banque simule le comportement
futur possible des facteurs de risque et en déduit une distribution des
pertes et profits dont elle tire une perte maximum possible pour un seuil de
confiance donné. Elle calibre ensuite la marge de taux en fonction de la
perte anticipée (Amato et Remolona, 2005).
Creditmetrics a en effet été consacré par
les accords de Bâle II, dont le second pilier introduit la notation dans
les normes prudentielles bancaires41(*). Le calcul des pertes se fait ainsi notamment
à partir des paramètres de notation interne que sont la
probabilité de défaut42(*) (PD), la perte en cas de défaut (LGD), le
montant en risque au moment de la défaillance43(*) (EAD) et la maturité
des crédits (M)44(*).
La formule de calcul des pertes attendues est la
suivante :
Pertes attendues (EL)=PD *EAD*LGD
En particulier, la notation introduite par Bâle II
permet de facturer le coût du risque de défaut aux emprunteurs
risqués, sous formes des taux d'intérêt
élevés.
Le taux débiteur est calculé comme suit (Vothi,
2006) :
(1)
Avec :
R= Taux débiteur appliqué à la
clientèle ;
R'= Tous les coûts du crédit ou taux
d'intérêt de base. Ce niveau du taux d'intérêt permet
de couvrir les coûts du crédit mais n'apporte pas de profit
à la banque ;
1-PD = Probabilité que le débiteur ne fasse pas
défaut.
Pour maximiser le rendement des crédits, R
doit être supérieur à R'. Or ce rendement est
soumis à la probabilité de réussite (1-PD).
Pour la banque, les intérêts doivent couvrir le
coût d'emprunt de l'argent sur une certaine durée, le coût
du risque statistique, le coût de gestion et la
rémunération des fonds propres.
(2)
(3)
Avec :
G = Coût de gestion des
crédits ;
= Coût des ressources ;
r = Coût de collecte des ressources
liquides ;
= Coût des fonds propres
PD.LGD = Coût du risque statistique ;
i=Emprunteur individuel.
La variabilité du profit de la banque est liée
à la perte du crédit, qui résulte directement de la
probabilité de défaut et de la perte en cas de défaut de
l'emprunteur.
Lorsqu'on dérive R en fonction de PDon obtient, une dérivée positive, ce qui signifie que R'
évolue dans le même sens que la probabilité de
défaut. Particulièrement, l'accentuation du taux
d'intérêt sur une probabilité de défaut
élevée est expliquée notamment par la perte en cas de
défaut LGD, non nulle, qui caractérise le coût du risque
statistique :
(4)
(5)
Le taux d'intérêt débiteur augmente avec
la probabilité de défaut de l'emprunteur aussi bien qu'avec la
perte en cas de défaut du crédit. L'approche de notation interne
de Bâle II implique donc une réduction du taux
d'intérêt pour un emprunteur ayant une faible probabilité
de défaut, et une augmentation significative pour les emprunteurs ayant
des probabilités de défaut élevées.
De l'équation (3) on tire :
(R' - r) est la marge de taux minimale requise pour
couvrir le profit de la banque et le coût du risque de défaut.
Elle représente l'écart entre le taux des ressources et le taux
de rendement de base du crédit.
En partant du principe que tout portefeuille de prêts
générera dans l'avenir un montant moyen de pertes qu'on peut
approcher statistiquement, la politique de fixation des marges de taux de la
banque est basée sur ces pertes à venir. En effet, si la banque a
une estimation fiable des pertes moyennes futures sur un emprunteur, elle doit,
pour pouvoir équilibrer son résultat et ne pas fixer un niveau de
marge inferieur à ce niveau de pertes.
.
II-1-3- Le Z-Score de Altman
Pour Altman, les banques ne devraient pas utiliser l'approche
traditionnelle basée sur la comparaison des ratios, mais exploiter
l'information fournie dans ces ratios dans le cadre d'une approche
multivariée. Altman utilise l'analyse discriminante multivariée
comme technique statistique. L'analyse discriminante multivariée (ADM)
est une technique statistique qui permet de classer des observations dans des
groupes déterminés à l'avance. l'ADM consiste à
réduire la dimension du plan dans lequel on travaille en faisant une
projection d'un point représenté dans un espace de dimension N
dans un plan de dimension 1 par exemple. Cette technique est utilisée
pour des variables dépendantes qualitatives: (mâle/femelle,
faillite/non faillite). La fonction discriminante de Altman transforme
grâce à l'ADM la valeur des variables individuelles (qui sont les
ratios) en un score discriminant appelé "Z-score" qui permettra
de classer un client dans le groupe faillite, ou non faillite. La fonction
peut être représentée comme suit:
(2)
Avec :
vi = coefficient discriminant
xi = ratio financier.
Dans son étude de base Altman commence par collecter un
échantillon de 66 entreprises manufacturières: 33 ayant fait
défaut et 33 sans défaut. Il établit ensuite une liste de
22 ratios susceptibles d'être utilisés dans sa fonction
discriminante. Ces ratios sont classés en cinq catégories:
liquidité, solvabilité, rentabilité, activité et
croissance. Afin de faire son choix, Altman procède comme suit:
ü Observation de la significativité statistique
de chaque ratio dans les études rapportées dans la
littérature,
ü Évaluation de la corrélation entre les
variables,
ü Observation de la capacité prédictive de
chaque combinaison.
Sa fonction discriminante finale est:
Avec:
X1= fonds de roulement / actif total
X2 = bénéfices non répartis /
actif total
X3 = BAII / actif total
X4 = valeur marché des fonds propres /
valeur comptable de la dette
X5 = ventes / actif total
Plus le Z-score est faible, plus le risque de défaut du
client est élevé. Une fois, les coefficients de la fonction
discriminante déterminés, Altman calcule pour chaque client un
score Z afin de l'affecter au groupe faillite ou non faillite. Cette fonction
lui permet d'avoir un taux de classement correct de 95% pour
l'échantillon original et 79% sur un échantillon de
contrôle. D'après l'étude de base de Altman, si Z 2,99 le client ne risque pas de faire défaut et si Z1,81 le client risque de faire défaut.
Cotation interne/externe (mesure p*(1-f))
Les banques et/ou les agences de notation évaluent le
risque de défaut d'un client en octroyant à ce dernier une cote.
La cote consiste en une évaluation qualitative du risque de
défaut d'un client. Elle permet de regrouper les clients qui
représentent des risques similaires dans une même classe de
risques.
La cote s'établit à partir de
l'évaluation des différents ratios financiers du client. Les
ratios les plus importants sont les suivants:
ü Ratio de capitalisation : avoir des actionnaires /
dette totale
ü ROE: bénéfice net / avoir des
actionnaires
ü Ratio de fonds de roulement: actif à court
terme / passif à court terme
ü Ratio de liquidité: Encaisse + compte client /
passif à court terme
Les principales agences de notation sont:
ü Moody's (une filiale de Dun & Bradstreet) ;
ü Standard and Poor's.
Les cotes très faibles sont attribuées aux
clients très risqués et la marge de taux est une fonction
décroissante de la cote octroyée.
II-2- Détermination de la
marge de taux sur la base du coût du risque constaté à
postériori
Les modèles de Merton, CreditMetrics et le Z-Score de
Altman déterminent la marge de taux sur la base du coût
prévisionnel du risque de défaut. Mais, dans la mesure où
les réalisations peuvent s'éloigner des prévisions, ce
coût est en réalité difficile à anticiper. Il n'est
souvent constaté qu'à postériori.
Le principe de détermination de la marge de taux
à partir du coût du risque de défaut constaté est
décrit par Artus (1996).
Dans cette présentation, les banques sont
supposées avoir deux types d'emplois, les crédits et
l'acquisition d'emprunts d'Etat. Elles utilisent trois types de ressources, les
dépôts de la clientèle, leurs fonds propres et les
ressources monétaires. La rémunération des
dépôts est réglementée, le taux
d'intérêt versé est, inférieur au taux r du marché monétaire.
Les emprunts d'Etat ont un rendement aléatoire ö, le taux
d'intérêt sur les crédits est R.
1°) Dans le cas d'un
marché du crédit monopolistique, avec des banques
regroupées en cartel, le taux d'intérêt R est commun
à l'ensemble des banques. On suppose qu'il y'a un emprunteur unique
représentatif dont la demande de crédit C est exogène et
partagée entre N banques. L'emprunteur réalise un projet de
taille C dont il tire le profit ;
(1)
Avec á < 1, un paramètre et un aléa
qui affecte le profit
Le projet est de taille C, décroissante avec le taux
d'intérêt des prêts, soit :
(2)
Avec :
R = Taux d'intérêt moyen des prêts de
l'ensemble des banques ;
C= demande de crédit ;
L'emprunteur unique fait faillite s'il ne peut pas rembourser
le crédit, donc si :
(3)
f est la distribution de probabilité de 1+. Si
est suffisamment grand, il n'y a pas de faillite et le rendement des
prêts est égal au taux d'intérêt. Lorsqu'il y'a
faillite les banques subissent un coût ã lié à la
faillite, par franc de crédit.
L'espérance du rendement de capital de chacune des
banques est :
(4)
K est le capital de chaque banque, r est le taux sans
risque, T les emprunts d'Etat souscrits par la banque et D les
dépôts collectés au taux. y est 1 plus le rendement du capital de la banque, ö le
rendement de l'emprunt d'Etat est supposé indépendant de
l'aléa de profit , ce qui implique que :
(5)
Le rendement de l'emprunt d'Etat est égal au taux sans
risque. Les banques maximisent, étant le rendement anticipé du crédit, pour
maximiser E(y) le rendement anticipé de leur capital.
Cette maximisation implique que le taux d'intérêt
est d'autant plus faible que la sensibilité a de la demande de
crédit au taux d'intérêt est faible ; Il est d'autant
plus élevé que la profitabilité (mesurée par ) est
grande ; d'autant plus faible que le niveau de crédit
exogène ou que le coût de la faillite ã est grand ; plus
encore, que le risque mesuré par B est grand.
Ceci résulte de ce que les banques essaient de
réduire le coût de la faillite ou la probabilité de
faillite de l'emprunteur, et fixent un taux d'intérêt d'autant
plus bas que ses profits sont petits et l'encours de crédit grand, ou
que le profit maximal possible du projet ((1+B)) est faible.
2°) Dans le cas de plusieurs
banques en situation de concurrence monopolistique sur le marché du
crédit :
a) si les banques sont confrontées à un
emprunteur unique, la demande est toujours donnée par :
(1)
Pour la ième banque, la demande de prêts
est :
(2)
Lorsque son taux d'intérêt des prêts est inférieur au taux moyen R de l'ensemble des banques elle
gagne des parts de marché, mais ce gain est affecté d'un
aléa.
Dans la mesure où l'hypothèse d'absence
d'aversion pour le risque conduit chaque banque à maximiser le rendement
anticipé du crédit, il s'ensuit que le taux
agrégé est:
(3)
Le taux d'intérêt des prêts croit avec le
taux monétaire, avec la composante exogène de
crédit ; décroit avec c la sensibilité de la
demande de crédit adressée à chaque banque au taux qu'elle
pratique. L'encours des titres publics ou le niveau des dépôts
n'ont aucun effet sur le taux d'intérêt choisi, puisque l'objectif
est séparable.
Lorsque la demande de crédit chute, il y'a concurrence
accrue sur le marché du crédit, et le taux d'intérêt
d'équilibre est plus bas.
b) Dans le cas où les banques sont
confrontées à deux emprunteurs semblables mais de risque
différent, en supposant que la distribution de probabilité
de l'aléa de profit est uniforme, et que pour le premier emprunteur la
dispersion de la distribution est plus grande
(), pour chacun des emprunteurs la demande de crédit est
donnée par :
(1,2)
On suppose que les banques cherchent à maximiser le
rendement anticipé du capital et éviter d'être insolvables,
c'est-à-dire de ne pouvoir couvrir leurs engagements à l'aide de
leurs placements (fonds d'Etat et crédits), en sachant que si elles
deviennent insolvables elles seront obligées d'entamer leurs fonds
propres, c'est-à-dire, de faire appel à des actionnaires pour
être recapitalisées. Si l'emprunteur ne fait pas faillite, cela
signifie que :
(4)
La perte éventuelle sur le portefeuille de
crédits et les emprunts d'Etat l'emporte sur le rendement du capital
(avantage d'avoir des fonds propres) et l'avantage apporté par la
disposition de dépôts (si).
Si le coût de la faillite des emprunteurs ã est
très grand pour la banque, elle cherche à éviter la
faillite de celui qui est le plus coûteux. Son comportement optimal
vis-à-vis de cet emprunteur a la caractéristique
suivante :
- Le taux d'intérêt baisse avec le risque B et
avec la demande de crédit pour éviter la faillite ;
- Les achats de titres croissent avec la demande de
crédit (si R>r), avec les dépôts (si r>) avec les fonds propres de la banque, en raison de l'effet positif de
la hausse de ces variables sur les profits de la banque ;
- La marge de taux décroit avec B et, croit avec â. Une réduction de la marge
d'intérêt entraine une baisse des achats d'emprunts d'Etat,
puisque la profitabilité bancaire est réduite.
La solution optimale est obtenue lorsqu'il n'y a jamais
défaillance de cet emprunteur. Par conséquent, au cas où
elle ne peut pas discriminer face à deux emprunteurs, elle prête
aux deux emprunteurs.
En supposant que la relation vérifie R > r,
c'est-à-dire que la banque a bien intérêt à
prêter. Elle choisit :
(5)
C'est-à-dire un taux d'intérêt plus faible
pour éviter la faillite de l'emprunteur le plus risqué (de
paramètre)
Si la banque peut discriminer entre les deux emprunteurs, elle
choisit :
(6)
L'emprunteur 1 plus risqué () bénéficie d'un taux d'intérêt plus bas.
En d'autres termes, la banque facture le coût de la
faillite éventuelle à l'emprunteur le moins risqué, en
réduisant les marges sur l'emprunteur risqué et en augmentant les
marges de taux des crédits octroyés à l'emprunteur le
moins risqué.
Suivant Redouin45(*) (2007), la généralisation de ce
mécanisme à l'ensemble du portefeuille de crédit de la
banque aboutit à une atomisation du coût du risque Les
banques scindent le coût du risque de défaut et le
répartissent sur un grand nombre de clients. Elles réduisent les
marges de taux sur les emprunts importants46(*) et augmentent les marges sur les emprunts peu
risqués47(*).
Section III : Les
résultats des études empiriques
De nombreuses études se sont intéressées
à la relation entre les marges de taux bancaires et le coût du
risque de défaut, mais elles ne permettent pas d'établir une
relation mécanique entre ces deux éléments au niveau
empirique. Les difficultés rencontrées par ces études sont
liées à deux facteurs principaux:
- la pluralité des cadres institutionnels et
réglementaires dans lesquels évoluent les banques complique la
comparaison des résultats entre pays. Les réserves
réglementaires, le niveau du capital ou le mode de provisionnement
varient d'un pays à l'autre ;
- la qualité des données est loin d'être
parfaite, surtout dans le cas des pays en développement.
L'accessibilité aux données des établissements bancaires
est particulièrement difficile, et celles qui sont retenues dans le
cadre de la plupart des cas sont des données estimées.
Les éléments mesurés ne sont par
conséquent pas identiques.
Les études empiriques comprennent aussi bien des
enquêtes que des études économétriques.
III-1-Les résultats
des enquêtes
Le sondage réalisé dans le cadre de
l'enquête sur les conditions comparées d'octroi des prêts
à la clientèle de la Commission Bancaire française de
199548(*)
révèle que, pour cette période, il n'existe aucun lien
entre le coût du risque de défaut et les marges de taux en France,
malgré la pratique des scores dans les banques. En effet, à
chaque niveau de score correspond en principe un barème fonction de la
durée du crédit et de la qualité de la signature des
clients. L'enquête constate que les barèmes ne servent
généralement que de base de départ. Face à la
pression concurrentielle, l'ensemble des banques interrogées admettent
ne pas pouvoir se tenir aux barèmes qu'elles fixent. Les marges de taux
réelles, plus faibles que les barèmes affichés,
n'intègrent pas le coût des fonds propres et/ou la couverture
préalable du coût du risque statistique des crédits.
Ces conclusions sont proches de celles du rapport sur le
risque de crédit du Conseil National du Crédit
français (1994), selon lequel la concurrence bancaire en France lamine
les marges de taux des banques. Les marges reflétaient d'autant moins le
coût du risque de défaut que le provisionnement ex post en vigueur
en France pendant la période de l'enquête limitait la prise en
compte du coût du risque dans la tarification bancaire.
Selon la Banque Mondiale (2000), La hausse de la
rentabilité des banques marocaines sur la période 1993-1998 est
quant à elle due à une augmentation des marges de taux, en
dépit de la baisse générale des taux. Les marges de taux
élevées étaient destinées à absorber des
montants élevés de provisions pour créances douteuses,
conformément au volume élevé des créances en
souffrance. Selon la ventilation des créances en souffrance, une
proportion importante du risque de crédit des banques était
attribuable aux gros clients, dans la mesure où 60 % de ces
créances en souffrance provenaient d'un groupe de prêts ayant
chacune une taille de plus de 10 millions de Dirhams. Mais, ces crédits
étaient accordés à des taux avoisinant les taux de base.
Pour la Banque Mondiale, la tarification du crédit sur les
créances de petites tailles aurait été faussée, et
établie de manière à compenser l'expérience des
pertes sur les créances de montant élevé.
III-2-Les résultats
des études économétriques
Boutillier, Kierzenkowski et Rousseau (2004)
isolent la marge de taux en retranchant aux taux des crédits bancaires
sur contrats nouveaux les taux des emprunts d'Etat de maturité
équivalente. Leur étude en panel porte sur trois compartiments du
marché du crédit bancaire français (crédit à
la consommation, crédit à l'habitat et crédit aux
entreprises) ventilés par période de fixation initiale des taux,
soit onze séries de taux distinctes concernant des agents et des objets
différents, disponibles sur la période 1992-2004. Ils observent
dans certains cas une relation positive et significative entre les marges de
taux et le coût du risque de défaut dans les trois compartiments
du marché du crédit. Dans d'autres cas, cette relation est
négative et significative. Ils en déduisent que l'impact de la
variable provisions pour créances douteuses sur les marges de taux est
ambigu.
Franks et Davydenko (2005) calculent des marges de taux
à partir de 2280 contrats de prêts, noués par trois banques
françaises, trois banques allemandes et quatre banques anglaises entre
1993 et 2003. Ils observent que les provisions pour créances douteuses
des banques anglaises sont plus faibles respectivement que celles des banques
allemandes et celles des banques françaises, à cause d'un taux de
recouvrement plus élevé (92%) au Royaume-Uni qu'en Allemagne
(67%) et en en France (56%). Mais, ils constatent que les marges de taux des
banques anglaises sont plus élevées que celles des banques
françaises. Selon ces auteurs, leur découverte se justifie par
les structures de marché de ces deux pays. Au Royaume-Uni, contrairement
à la France où les emprunteurs font jouer la concurrence entre
les banques, la fidélisation de la clientèle est plus
poussée, à cause de l'existence de relations
traditionnelles entre les banques et leurs clients. La faible
concurrence qui en résulte permet aux banques anglaises de travailler
avec des marges élevées.
S'agissant des banques commerciales chinoises, Zhou, Kaiguo,
Wong et Michael (2008) observent une relation négative et significative
entre les marges de taux et le coût du risque de défaut, ce qu'ils
justifient par une forte concurrence dans le secteur bancaire chinois.
Doliente (2003) obtient des résultats contradictoires
dans les banques commerciales de quatre pays d'Asie du Sud-est, pour la
période 1994-2001. Dans le cas de la Malaisie et des Philippines, il
trouve une relation positive et significative entre les marges de taux et le
coût du risque de défaut. Par contre, il obtient des
résultats inverses en Thaïlande et en Indonésie. Selon
Doliente, les résultats obtenus dans ces deux derniers pays
s'expliquent par le laxisme des autorités. Suite à la crise des
années 80, la plupart des banques de ces deux pays ont fait faillite.
Pour survivre, les banques qui ont résisté aux effets de la
crise, mais qui possédaient d'importants stocks de créances
douteuses, ont adopté une stratégie de taux
d'intérêt faibles pour gagner des parts de marché et se
refaire une santé financière. Elles ont réduit leurs
marges, sans tenir compte du coût qu'elles devaient supporter sur leur
stock de créances douteuses.
Randall (1998) identifie une relation négative et
significative entre les marges de taux et le coût du risque de
défaut pour les pays de l'Est des Caraïbes. Sur la période
1991-1996, il observe qu'une augmentation des provisions pour créances
douteuses de l'ordre de 1% conduit à une diminution des marges de taux
de l'ordre de 19%.
Dans le cas du Maroc, Mansouri et Afrouch (2008) obtiennent
des résultats conformes à la théorie. Ils montrent dans le
cas des cinq principales banques marocaines, pour la période 1993-2004,
que la relation entre les marges de taux et le coût du risque de
défaut est positive et significative. Ils justifient ce résultat
par une bonne maîtrise du coût des risques et par la facturation du
coût du risque à la clientèle dans ces banques.
Ces résultats et conclusions sont identiques à
ceux obtenus par Mlachila et Chirwa (2002) au Malawi et par Buchs et Matisen
(2005) au Ghana. A partir d'une étude de Panel, ils trouvent que les
marges de taux sont liées positivement et significativement au
coût du risque de défaut. Pour eux, cette relation s'explique par
une forte discipline financière et par la faible concurrence bancaire
dans ces pays.
Les résultats mitigés de ces études
empiriques suscitent de la curiosité quant à l'incidence du
coût du risque de défaut sur les marges de taux des banques
commerciales au Cameroun.
DEUXIEME
PARTIE
MARGES
DE TAUX ET COUT DU RISQUE DE DEFAUT DANS LE CAS DES BANQUES COMMERCIALES DU
CAMEROUN
CHAPITRE III : ANALYSE DE
L'EVOLUTION DES MARGES DE TAUX ET DU COUT DU RISQUE DE DEFAUT
A la suite de la crise économique et
financière des années 1980, la restructuration du système
bancaire camerounais a permis d'assainir le secteur bancaire et de restaurer sa
rentabilité, ce qui se traduit depuis quelques années par
l'ouverture de nouvelles banques.
La situation du système bancaire (section I) à
fin décembre 2008 montre que le cadre prudentiel mis en place a
contribué à la réduction du stock de créances
douteuses des banques. De son côté, la réforme de la
politique monétaire s'est accompagnée d'une libéralisation
progressive des conditions de banque, avec l'institution d'une marge de taux
dans la structure des taux débiteurs des banques. Ces mesures affectent
toutefois les banques de différentes manières, comme l'illustre
l'évolution des marges de taux et des provisions pour créances
douteuses des banques 1 et 2 (Section II).
Section I : Le secteur
bancaire du Cameroun
Selon l'enquête sur la tarification des services des
établissements de crédit du Conseil National du Crédit
(2009), à fin décembre 2008 le secteur financier du Cameroun
comprend 13 banques49(*)
commerciales.
Dominé par les banques
étrangères, le secteur bancaire s'est renforcé ces
dernières années, en particulier grâce aux programmes de
reformes structurelles. Cependant, les services des banques restent
orientés vers les grandes entreprises. Les produits bancaires sont
fréquemment des découverts ou des crédits spots dont la
demande est faible, et les banques sont peu présentes dans certains
secteurs d'activité tels que l'agriculture, l'immobilier et le
crédit-bail.
I-1- L'activité des banques
commerciales
Au 31 décembre 2008, les dépôts de la
clientèle se situent à 1.965 milliards de Francs CFA.
S'agissant de la répartition des dépôts par type
de clientèle, les particuliers occupent la première position avec
45,4 % du total des ressources collectées, soit 891,3 milliards. Ils
sont suivis par les entreprises privées, qui détiennent 21,5% de
parts de marché (421,9 milliards) pour un total de 1.965 milliards de
Francs CFA.
Les crédits à la clientèle
s'élèvent à 1278,3 milliards de francs CFA. La
répartition des emplois par type de clientèle à fin
décembre 2008 montre que les entreprises privées sont les plus
gros consommateurs de crédits, avec 72,8% des crédits
distribués (930,7 milliards), suivies de loin par les particuliers
(10,6%, soit 135,4milliards) et les entreprises publiques (8,9%, soit 114,3
milliards de Francs CFA).
Pour l'année 2008, le Produit Net bancaire (PNB) des
banques s'élève à 155,33 milliards. Les
intérêts sur les comptes débiteurs s'établissent, en
première position, à 29,8% du PNB, suivis de près par les
produits des opérations diverses50(*) (26,3%). Les produits des opérations de change
s'élèvent à 15,5% du PNB, presque à
égalité avec les intérêts sur les crédits
à court terme (16%). Les charges sur opérations avec la
clientèle représentent 47% du montant global des charges
d'exploitation, contre 71% pour les charges de personnel qui constituent le
poste de charges le plus élevé des banques. Le coefficient
d'exploitation global est de 34%.
I-2- La situation
prudentielle
Depuis sa mise en place en janvier 1993, la COBAC a
contribué à l'assainissement et à la restructuration du
système bancaire de la CEMAC. Exerçant son pouvoir
réglementaire, elle a défini le plan et les procédures
comptables applicables aux établissements de crédit, ainsi que
les normes prudentielles de gestion. Globalement, les normes prudentielles de
la COBAC sont respectées.
En particulier, la réglementation COBAC fait supporter
le coût du risque de défaut aux banques pour les inciter à
veiller à la qualité des crédits distribués. Les
banques doivent constituer des provisions pour créances douteuses afin
de couvrir les pertes dues au non remboursement des crédits.
I-2-1- Les créances
douteuses
L'activité bancaire est une activité
réglementée. Au Cameroun, les créances douteuses des
banques sont définies par les textes de la COBAC51(*) comme suit :
Les créances douteuses sont des concours de toute
nature, même assortis de garantie, qui présentent un risque
probable de non-recouvrement total ou partiel. Elles sont notamment
constituées par :
· Les concours comportant au moins une
échéance impayée depuis plus de trois mois (3) mois ou
plus de six (6) mois pour les crédits immobiliers, que cette
échéance ait été préalablement
classée en créance impayée ou non ;
· Les comptes ordinaires débiteurs (comptes
courants ou autres) sans aucun mouvement créditeur significatif depuis
plus de trois (3) mois ;
· Les créances ayant un caractère
contentieux (recouvrement confié au service contentieux,
procédure judiciaire ou arbitrale engagée, faillite, liquidation
de biens, règlement judiciaire) ;
· Les loyers échus afférents aux
opérations de crédit-bail, de location avec option d'achat, de
location-vente, dont au moins un terme est impayé depuis plus de trois
(3) mois ou six (6) mois pour le crédit-bail immobilier.
La classification en créances douteuses d'une fraction
impayée des concours portés par une personne morale ou physique
entraîne le transfert de l'intégralité des concours par
caisse accordés à cette personne en encours douteux, nonobstant
toute considération liée aux garanties éventuellement
détenues (effet de contagion).
Avec 51 % des crédits et des dépôts
à fin décembre 2008, trois banques étrangères
dominent le secteur bancaire qui, bien qu'assaini, reste affecté par un
montant important d'encours de crédits douteux. Le montant des
créances douteuses est passé d'une moyenne de 40% du total des
crédits en 1995 à 11,87% des crédits en décembre
2008.
I-2-2- Les provisions pour
créances douteuses
Au Cameroun, les règles de constitution des provisions
pour créances douteuses sont les suivantes 52(*):
1- pour les créances immobilisées, les
créances impayées et les créances douteuses garanties par
l'Etat, la constitution de provisions est facultative ;
2- Pour les créances douteuses non couvertes par la
garantie de l'Etat et les engagements par signature douteux, les provisions
sont constituées selon les modalités suivantes :
a) - provisionnement intégral dans un délai
maximum de trois ans des risques non couverts par des garanties
réelles ; la provision cumulée doit couvrir au moins 25% des
encours la première année et 75% la deuxième
année ;
b) - provisionnement intégral dans un délai
maximum de quatre ans des risques couverts par des garanties
réelles ; la provision cumulée doit couvrir au moins 15% du
total des risques concernés au terme de la première année,
45% au terme de la deuxième année et 75% au terme de la
troisième année
Les créances douteuses relatives aux opérations
de crédit-bail et de location avec option d'achat doivent faire l'objet
d'un provisionnement à concurrence de leur montant.
Pour l'exercice 2008, les provisions cumulées pour
créances douteuses des banques commerciales sont de l'ordre de
1 591 341 millions de FCFA.
I-3- Politique monétaire et
conditions de banque
L'un des objectifs de la politique monétaire de la zone
BEAC est de participer au développement économique des Etats
membres. Pour cette raison, avant la crise économique et
financière des années 1990, la politique des taux
d'intérêt de la BEAC prévoyait des dispositions permettant
de financer à des taux privilégiés les besoins des
secteurs à promouvoir. Les taux débiteurs des banques
étaient administrés.
L'arrivée de la crise entraine de grands
bouleversements. La politique monétaire est reformée, avec la
création du marché monétaire de l'Afrique Centrale et
l'abandon par la Banque Centrale (BEAC) de la politique de l'encadrement du
crédit au profit d'une politique de régulation indirecte des
agrégats monétaires et notamment, la libéralisation des
conditions de banque. La possibilité est progressivement accordée
aux banques de déterminer librement leurs taux débiteurs. La
structure des taux d'intérêt des banques est modifiée, avec
l'institution d'une marge de taux destinée à la
rémunération de la banque.
I-3-1- Evolution de la structure
des taux débiteurs des banques
La Lettre Circulaire n° 72 du Gouverneur de la BEAC du
30 juin 1997 (annexe 7) et l'Arrêté n° 244/MINFI/DCE/D
portant conditions de banque (annexe 4) fixent la structure des taux
d'intérêt débiteurs applicables à la
clientèle des banques au Cameroun.
I-3-1-1-Des taux
d'intérêt administrés
Avant la réforme de la politique monétaire,
quatre taux de référence étaient en vigueur53(*) :
- le Taux de Base Créditeur (TBC) de 2,25%,
destiné à la rémunération de
l'épargne ;
- le Taux de Base Débiteur Privilégié (
TBDP) de 6%, réservé à toutes les opération
privilégiés54(*) à court, moyen terme, mobilisables ou non
auprès de la Banque centrale, équivalent au taux professionnel de
réescompte de la BEAC ;
- le Taux de Base Débiteur Ordinaire (TBDO) de 9%,
réservé aux opérations à court et à moyen
terme autres que celles relevant du TBDP et équivalent au taux de
réescompte normal de la BEAC ;
- le Taux Débiteur de Pénalité (TDP)
de16%, déterminé par la BEAC et appliqué aux clients en
cas de prise en pension d'effets privés sur des signatures n'ayant pas
accès au réescompte ou en cas d'infraction.
Pour les banques, il avait été institué
des taux débiteurs à court et à moyen terme. Ils
s'obtenaient en ajoutant au taux débiteur de référence un
taux forfaitaire déterminé administrativement et, dans les cas
prévus, des commissions forfaitaires (Voir annexe 3).
I-3-1-2- Une libéralisation
progressive
Les taux débiteurs des banques sont progressivement
libéralisés dès la fin des années 1980. Bien que
dans un premier temps les éléments constitutifs des taux restent
déterminés administrativement, le terme
rémunération des services de la banque fait son
apparition dans les textes portant conditions de banque. La structure des taux
d'intérêt débiteurs applicables à la
clientèle est fixée comme suit :
Taux d'intérêt débiteurs applicables
à la clientèle = taux de base débiteur +
rémunération de la banque + commissions assises sur les concours
mis en place (notamment commissions sur le plus fort découvert, etc.) +
impôts et prélèvements divers (notamment ICAI = 10,99% et
taxe sur la distribution du crédit (TDC) = 1%) au profit de l'Etat ou
d'institutions publiques55(*).
Par la suite, les taux de base débiteurs sont
remplacés par un Taux Débiteur Maximum unique, aligné sur
le Taux Débiteur Maximum (TDM) en vigueur dans la zone BEAC56(*).
Le 30 juin 1997, le Gouverneur de la BEAC supprime les taux
de la politique monétaire de la structure légale des taux
débiteurs des banques, et institue officiellement le taux de Base
Bancaire et une marge bancaire, fixés librement par chaque banque. Il
reformule la structure des taux débiteurs applicables à la
clientèle dans la zone BEAC57(*) ainsi qu'il suit :
Taux d'intérêt débiteurs applicables
à la clientèle = Taux de base bancaire + marge bancaire +
diverses commissions + taxes sur le Chiffre d'affaires et centimes
additionnels
Avec l'introduction de la Taxe sur la Valeur Ajoutée
(TVA) le premier janvier 1999, la Taxe sur le Chiffre d'Affaires (TCA) est
remplacée dans la structure du taux par cette
première :
Taux d'intérêt débiteurs applicables
à la clientèle = Taux de base bancaire + marge bancaire +
diverses commissions + TVA
Les taux débiteurs des banques restent toutefois
contraints par le Taux Débiteur Maximum de la BEAC, qui est
progressivement réduit de 22% à 15% (Voir Annexe 1).
Dans sa Lettre Circulaire n° 72 du 30 juin 1997, le
Gouverneur de la BEAC indique en effet que les conditions
débitrices applicables aux opérations de la clientèle sont
libres et fixées d'accord partie, sous réserve qu'elles
n'excèdent pas, tous frais, commissions et rémunérations
de toutes nature compris, le Taux Débiteur Maximum. Elles ne peuvent
être majorées que des taxes (notamment la taxe sur la distribution
du crédit, lorsqu'elle existe) ou des impôts payés à
l'occasion de la conclusion ou de l'exécution des contrats de prêt
(frais hypothécaires ou établissement d'actes
notariés ); Chaque établissement de crédit est tenu
de déterminer son taux de base bancaire pour la facturation des
crédits à la clientèle ; Les conditions
créditrices sont également libres et fixées par voie de
négociation entre les parties, sous réserve de respecter le Taux
Créditeur Minimum qui vise à protéger les petits
épargnants.
Les taux débiteurs des banques sont totalement
libéralisés en 2008, avec la suppression du Taux Débiteur
Maximum dans la zone BEAC (voir annexe 8).
I-3-2- L'institution des
marges de taux
Jusqu'en 1997 où le Gouverneur de la BEAC
institue officiellement une marge bancaire dans la structure des taux
débiteurs, la réglementation des conditions de banque continue de
fixer des taux forfaitaires, applicables en sus des taux de la politique
monétaire, pour la rémunération de la banque.
En supprimant cette pratique, le Gouverneur de la BEAC indique
le mode de détermination de la marge de taux. Chaque
établissement est tenu de déterminer son taux de base bancaire
pour la facturation des crédits à la clientèle, et aux
différents segments de cette clientèle doivent être
appliquées des marges bancaires différentes, en fonction de
l'appréciation qu'il se fait du risque encouru, de la solvabilité
de chaque client, de la nature mobilisable ou non de l'opération, etc.
(voir annexe 758(*))
Toutefois, à l'instar des taux débiteurs des
banques, la marge de taux reste contrainte par le Taux Débiteur Maximum
de la BEAC qui impose un plafond aux taux débiteurs.
Depuis le deuxième semestre 2008 où le Taux
Débiteur Maximum est supprimé, les banques ont la
possibilité de fixer leurs marges de taux au niveau qui leur semble
convenable.
Section II : Evolution des marges de taux et des
provisions pour créances douteuses des banques commerciales 1 et 2
La libéralisation des conditions de banques a permis
aux établissements de crédit de développer leurs
politiques de tarification propres, ce qui se traduit notamment par des niveaux
de taux d'intérêt et de marges de taux différentes d'une
banque à l'autre. Par ailleurs, le fait que le dispositif prudentiel de
la COBAC ait contribué à la réduction des créances
douteuses des banques ne les empêche pas de continuer à faire face
au défaut de leurs emprunteurs, ce qui se traduit par des provisions
pour créances douteuses plus ou moins importantes selon les cas.
II-1- Evolution des marges de
taux
Au sortir de la crise des années 1980, les banques se
sont approprié la nouvelle structure des taux d'intérêts
débiteurs. Selon l'enquête sur la tarification des services des
établissements de crédit du CNC(2009) et la COBAC (2008), la
structure de la tarification des crédits des banques est globalement
conforme aux textes. Les marges varient d'une banque à l'autre et
évoluent de manières différentes, en fonction de leurs
politiques commerciales notamment, comme l'illustre le cas des banques 1 et
2.
II-1-1- Cas de la banque 1
Graphique 1: Evolution des marges de taux de la banque 1
Source : banque 1
La courbe qui décrit l'évolution des marges de
taux de la Banque 1 suit une trajectoire très inégale. La
tendance de cette courbe chute entre les mois de septembre 2005 et mars
2006.
Cette trajectoire traduit une evolution très instable
des marges de taux, qui s'explique par la conjonction de deux facteurs :
l'hétérogénéité de la clientèle et la
concurrence sur le marché bancaire. La chute de la tendance de la courbe
traduit une baisse de la marge de taux moyenne, liée à la
politique monétaire de la BEAC.
Les marges de taux de la Banque 1 baissent et deviennent
nulles en janvier 2004, juillet 2005, mai, septembre et décembre 2007,
janvier et mars 2008. Cette baisse est liée à
l'hétérogénéité de sa clientèle.
Cette clientèle est composée aussi bien de grandes entreprises
que de petites entreprises et de particuliers. Or, les conditions de
crédits accordées par la banque 1 à ces différents
clients sont différentes. Les grandes entreprises obtiennent
généralement des crédits à des taux plus faibles
que les autres emprunteurs, avec des marges réduites(CNC, 2009 ;
COBAC, 2008). Afin de conserver certaines grandes entreprises dans son
portefeuille et préserver le volume d'affaires réalisé
avec elles sur les services qu'elle leur fournit59(*), la banque 1 leur octroit
parfois des crédits sans préléver de marge, de
manière à en rendre les prix plus attractifs que ceux de la
concurrence.
La chute de la tendance de la courbe entre septembre 2005 et
mars 2006 s'explique par la baisse du Taux débiteur Maximum de la BEAC
de 17% à 15% au cours de cette période (Voir annexe).
II-1-2- Cas de la banque 2
Graphique 2: Evolution des marges de taux de la banque 2
Source : Banque 2
La courbe qui décrit l'évolution de la marge de
taux de la banque 2 a une trajectoire moins inégale que celle de la
banque 1, marquée par une certaine linéarité entre mars
2006 et septembre 2008. Elle croit fortement entre les mois d'août et
d'octobre 2008, avant de décroitre jusqu'en décembre 2008. Comme
dans le cas de la banque 1, sa tendance chute entre les mois de septembre 2005
et mars 2006.
L'évolution des marges de taux traduit une
homogénéité accrue de la clientèle de la Banque 2.
La baisse des marges au cours des mois de novembre 2006, mars et
décembre 2008, s'explique principalement par la concurrence sur le
segment des grandes entreprises. La baisse de la tendance de la courbe et la
forte hausse des marges entre les mois d'octobre et de décembre 2008
sont liées aux modifications du TDM.
La clientèle de la banque 2 est composée
traditionnellement de grandes entreprises. Selon les statistiques de la COBAC,
elle réduit progressivement les crédits qu'elle octroit aux
petites entreprises ces dernières années. On observe en effet
que l'évolution des marges devient presque linéaire entre mars
2006 et septembre 2008, ce qui traduit une homogénéité de
la clientèle et une similarité des conditions de crédit
accrues.
Comme pour la banque 1, la chute de la tendance de la courbe,
entre les mois de septembre 2005 et mars 2006 est liée à la
baisse du TDM de la BEAC. La forte augmentation des marges entre les mois
d'août et d'octobre 2008 fait suite à la suppression du TDM en
juillet 2008. Cette marge baisse ensuite sous la pression de la concurrence.
II-2- Evolution des provisions
pour créances douteuses
Les provisions pour créances douteuses des banques
varient en fonction du taux de défaut qu'elles enregistrent sur les
crédits octroyés. Dans le cas des banques 1 et 2, les
évolutions des provisions pour créances douteuses sont
très différentes.
II-2-1- Cas de la banque 1
Graphique 3 : Evolution des provisions pour
créances douteuses de la banque 1
Source: COBAC
La courbe qui représente l'évolution des
provisions pour créances douteuses de la banque 1 est croissante.
L'évolution de cette courbe est liée
principalement au caractère progressif60(*) de la constitution des provisions pour
créances douteuses, conformément aux exigences de la COBAC. On
observe en effet une légère variation de la tendance de la courbe
entre les mois de janvier et mars 2006, janvier et mars 2007 et janvier et mars
2008. Elle traduit des difficultés de recouvrement de créances de
la banque 1.
Cette évolution s'explique aussi, dans une moindre
mesure, par l'augmentation du volume des crédits octroyés par la
banque 1.
II-2-2- Cas de la banque 2
Graphique 4: Evolution des provisions pour créances
douteuses de la banque 2
Source : COBAC
La courbe qui représente l`évolution des
provisions pour créances douteuses de la banque 2 est presque concave.
Elle croit jusqu'à un maximum puis commence à
décroître, avant de croître de nouveau
légèrement.
La concavité de cette courbe traduit une diminution du
stock de créances douteuses et une amélioration de la
qualité des crédits de la banque 2, due à la
réduction des crédits accordés aux petites entreprises. La
banque 2 a en effet engagé un processus de désengagement
progressif vis-à-vis de la clientèle des petites entreprises,
dont le taux de défaut serait très élevé61(*).
On observe de légères variations de la tendance
de la courbe pratiquement tous les quatre mois, ce qui se justifie par le fait
que le déclassement des créances en encours douteux se fait suite
à un défaut de l'emprunteur sur trois mois au minimum.
La croissance de la courbe entre septembre et décembre
2008 peut se justifier par l'accroissement du défaut des entreprises
exportatrices. Elles subissent les effets de la crise économique et
financière mondiale déclenchée courant 2008, et
rencontrent des difficultés de paiement et de débouchés
sur les marchés étrangers.
L'évolution des marges de taux et des provisions pour
créances douteuses des banques 1 et 2 ne permettent cependant pas de
mesurer l'incidence du coût du risque de défaut sur les marges de
taux bancaires, d'où l'intérêt d'analyser cette incidence
à partir de méthodes statistiques de traitement de
données.
CHAPITRE IV : ANALYSE DE L'INCIDENCE DU COUT DU RISQUE
DE DEFAUT SUR LES MARGES DE TAUX DES BANQUES
Bien que la structure de la tarification des banques soit
globalement conforme aux textes au Cameroun (COBAC, 2008), l'enquête sur
la tarification des services des établissements de crédit du CNC
(2009) et la COBAC (2006, 2008) révèlent que les concepts de Taux
de Base Bancaire et de marge de taux restent insuffisamment
maîtrisés par les banques. Ils affirment également que la
tarification des banques commerciales recèle de nombreuses lacunes, ce
qui conduit notamment à émettre des réserves quant
à une éventuelle incidence du coût du risque de
défaut sur les marges de taux des banques.
Les données des banques commerciales 1 et 2, et un
modèle économétrique (section I), sont utilisées
pour identifier et analyser (section II) l'incidence du coût du risque
de défaut sur les marges de taux.
Section I-
Présentation des données et du modèle
Selon le rapport de l'enquête sur la tarification des
services des établissements de crédit du CNC de mai 2009, les
banques au Cameroun n'appliquent pas les méthodes de tarification
traditionnelles, qui veulent que les taux débiteurs soient fixés
en tenant compte de l'ensemble des coûts qui se rattachent à la
production et à la distribution des crédits ; elles fixent
leurs taux débiteurs de manière forfaitaire et les alignent
systématiquement sur le Taux Débiteur Maximum de la BEAC. Par
ailleurs, le CNC (2009) et la COBAC62(*) révèlent que la plupart des banques ne
tiennent pas de comptabilité analytique, ce qui rend difficile la
détermination des éléments qui entrent dans le calcul de
leurs taux débiteurs. Le CNC souligne en outre que les commissions
perçues sur les services bancaires ont un poids aussi important que les
intérêts perçus dans la formation du résultat des
banques. Enfin, pour la COBAC (2001, 2006,2008), à cause de la
concurrence, les banques réduisent leurs taux d'intérêt
débiteurs sur les crédits octroyés aux grandes entreprises
et sacrifient parfois leurs marges de taux pour rendre leurs crédits
plus attractifs que ceux de leurs concurrents.
Compte tenu de ces révélations,
l'hypothèse suivante est faite : Le coût du risque de
défaut n'a aucune incidence sur les marges de taux des banques
commerciales au Cameroun.
Un modèle économétrique construit
à partir des données collectées auprès des banques
1 et 2 est utilisé pour tester cette hypothèse.
I-1- Les
données
Les données collectées sont les taux
d'intérêt débiteurs des banques 1 et 2, et leurs provisions
pour créances douteuses.
I-1-1- Les marges de taux
bancaires (MTB)
Un échantillon de 115 taux d'intérêts
débiteurs pour la banque 1, et 152 taux pour la banque 2 a
été obtenu à partir des historiques des crédits
octroyés. Ces historiques couvrent la période Janvier
2004-Décembre 2008. Ils portent sur les crédits à court,
moyen et long terme.
Les marges de taux moyennes des deux banques sont
estimées à partir de la structure réglementaire des taux
débiteurs des banques, comme suit :
Taux débiteur de la banque= Taux de Base bancaire +
marge + commissions diverses + TVA
Donc :
Marge = Taux débiteur de la banque -Taux de base
bancaire - commissions diverses - TVA
L'estimation de ces marges est effectuée sur la base de
cette formule, à partir :
a) des taux moyens des commissions sur les
crédits des banques 1 et 2;
Tableau 2: Taux moyen des commissions sur les
crédits des banques 1 et 2
Type de crédit
|
Banque 1
|
Banque 2
|
Credits à long terme
|
0,4
|
0,3
|
Credits à moyen terme
|
0,4
|
0,3
|
Crédits à court terme
|
0,4
|
0,3
|
Source : Conseil National du
Crédit (2009)
b) des taux de base bancaires des banques 1 et 2. Ils sont
considérés comme fixes pour toute la période de
l'étude, puisque les taux de base des banques changent peu au Cameroun
(CNC, 2009) ;
Tableau 3: Taux de base bancaires des banques
1 et 2
Banque
|
Banque 1
|
Banque 2
|
Taux de base bancaire
|
8,5
|
10
|
Source : Conseil National du
Crédit (2009)
c) de la TVA (19,25%).
I-1-2- Les provisions pour
créances douteuses (PROCRED)
Les données relatives aux provisions pour
créances douteuses proviennent de la COBAC.
Il s'agit des provisions pour créances douteuses
mensuelles calculées par le système CERBER63(*) au cours de la période
janvier 2004-Décembre 2008.
I-2- Construction du
modèle
Dans la mesure où les caractéristiques des
données collectées conditionnent les méthodes de
traitement qui doivent leur être appliquées, l'étude de la
stationnarité des variables est préalablement
réalisée pour déterminer le modèle
économétrique à retenir.
I-2-1-Etude de la
stationnarité des variables
La condition sine qua non pour l'utilisation d'un
modèle de régression linéaire est que les variables du
modèle soient stationnaires (Bourbonnais, 2003). Un processus est dit stationnaire si les deux conditions suivantes sont
respectées :
· Sa moyenne est constante et ne change pas avec le temps
:
· Sa variance est finie et ne change pas avec le
temps :
VAR () < 8
· Sa covariance ne change pas avec le temps :
.
Une série stationnaire ne doit donc comporter ni
tendance, ni saisonnalité64(*).
Les tests de stationnarité ou tests de racine unitaires
permettent de déterminer la stationnarité d'une série. Il
existe plusieurs tests de racine unitaire : test de Dickey-Fuller simple,
test de Dickey-Fuller Augmenté, test de Phillips et Perron, test de
Kwiatkowski, test de Schmidt et Shin (KPSS), test de Phillips, etc. Le test de
Dickey-Fuller Augmenté est le test le plus employé dans la
littérature. Il est utilisé dans cette étude.
Dans ce test, il s'agit de vérifier l'hypothèse
nulle contre l'hypothèse alternative65(*).
La série est non stationnaire lorsqu'on ne rejette pas
l'hypothèse nulle.
Le test de Dickey-Fuller est basé sur
l'estimation par les moindres carrés66(*) des trois modèles suivants (Mata,
2007) :
· [1]
· [2]
· [3]
La procédure de choix du modèle est la
suivante : On commence par étudier le modèle
général (3), et on regarde si b est significativement
différent de zéro ou non. Si b n'est pas
significativement différent de zéro, on passe à
l'étude du modèle (2) et on cherche à savoir si c
est significativement différent de zéro ou pas. Si c est
significativement non différent de zéro on étudie le
modèle (1).
La règle de décision est la suivante : Si
la statistique de Student observée est supérieure à la
statistique de Student de la table de Dickey-Fuller, on décide que le
coefficient de la variable explicative est significativement différent
de zéro. Dans ce cas, si b est significativement différent de
zéro pour le modèle (3) le test s'arrête et on
n'étudie pas les autres modèles De même, si on arrive au
modèle (2) et que la constante est significativement différente
de zéro, le test s'arrête au modèle (2). Si le
modèle (2) n'est pas retenu, on passe au modèle (1).
Les résultats synthétisés du test de
Dickey-Fuller augmenté (test d'ADF) sont présentés dans le
tableau suivant :
Tableau 4 : Test de l'ADF
variable
|
statistiques d'ADF
|
valeur critique au seuil de 5%
|
Type de modèle
|
Décision
|
ADF à niveau
|
MTB
|
-6,219637
|
-3,4862
|
modèle (3)
|
non stationnaire
|
LNPROCRED67(*)
|
-2,006038
|
-2,9137
|
modèle (2)
|
non stationnaire
|
ADF en différence première
|
D(MTB)
|
-5,988866
|
-1,9465
|
modèle (1)
|
stationnaire
|
D(LNPROCRED)
|
-4,316045
|
-2,9137
|
modèle (2)
|
stationnaire
|
Source : Nos calculs
Les variables MTB et PROCRED appartiennent respectivement aux
modèles (3) et (2) du test d'ADF, ce qui signifie qu'elles
présentent une tendance déterministe68(*), donc, elles ne sont pas
stationnaires.
En différenciant69(*) les variables MTB et PROCRED une fois, on se rend
compte qu'elles deviennent stationnaires. Autrement dit, elles sont
intégrées d'ordre 1.
De l'analyse de la stationnarité des variables, il
ressort qu'une régression70(*) linéaire sur les séries n'est pas
appropriée parce qu'elles ne sont pas stationnaires. Pour étudier
l'incidence des provisions pour créances douteuses sur les marges de
taux, il est préférable de retenir un modèle VAR71(*) (Vector autoregressive
model).
La régression de séries temporelles,
c'est-à-dire de variables indexées par le temps, peut poser des
problèmes, en particulier à cause de la présence d'
autocorrélation72(*) dans les variables, donc aussi
dans les résidus. Lorsque les variables ne sont pas
stationnaires,
on aboutit au cas de
régression
fallacieuse: des variables qui n'ont aucune relation entre elles
apparaissent pourtant significativement liées selon les
régressions linéaires classiques. La régression de
séries temporelles demande donc dans certains cas l'application d'autres
modèles de régression, comme les modèles vectoriels
autorégressifs (VAR) ou modèles à correction d'erreur
(VECM).
Le modèle VAR est une généralisation des
modèles autorégressifs (AR) au cas multivarié. Dans un
processus autorégressif d'ordre p, l'observation présente est
générée par une moyenne pondérée des
observations passées, jusqu'à la p-ième période.
L'analyse multivariée par contre recouvre un ensemble de méthodes
destinées à synthétiser l'information issue de plusieurs
variables, pour mieux l'expliquer. Dans un modèle VAR, le
phénomène observé s'explique par les variations des
valeurs passées de la variable explicative et de celles de la variable
à expliquer.
L'étude préalable de la cointégration du
modèle spécifié permet de retenir, soit un VAR simple,
soit un VAR à correction d'erreur.
I-2-2-Spécification du
modèle
Lorsqu'il existe une relation de long terme
(cointégration) entre les variables, il est impossible de retenir un
modèle VAR simple à la place d'un modèle VAR à
correction d'erreur ECM73(*) (Error Correction Model). Par conséquent, un
test de cointégration est effectué afin de spécifier le
type de VAR à adopter.
I-2-2-1- Test de
cointégration
La cointégration permet de traiter les séries
non stationnaires. Elle teste l'existence d'un équilibre75(*) de long terme entre plusieurs
variables non stationnaires.
La cointégration est basée sur deux
conditions :
1°) l'ordre d'intégration des séries doit
être le même ;
2°) la combinaison linéaire des séries
doit donner une série d'ordre d'intégration inférieur ou
égal à la différence en valeur absolue à l'ordre
d'intégration des séries à étudier.
Dans cette étude, les variables MTB et PROCRED sont
toutes intégrées d'ordre 1, ce qui permet de leur appliquer le
test de cointégration de Johansen. Il existe plusieurs tests de
cointégration, mais le test de Johansen (1990) est
généralement retenu dans la littérature parce qu'il est le
plus général de tous76(*).
Tableau 5 : Test de cointégration
Le test de cointégration des variables MTB et PROCRED
montre que la relation de long terme entre ces variables est non significative,
puisque la statistique de Johansen n'est pas significative au seuil de
5%77(*) : Il n'existe
pas de relation de cointégration entre les variables MTB et PROCRED.
Par conséquent, un modèle VAR simple est
retenu.
I-2-2-2- présentation du
modèle
a) Rappel des règles de
décision
Le test F de Fisher permet d'estimer la significativité
d'une régression. Si la valeur du F calculée est
supérieure à la valeur du F de la table à un seuil
défini (5% dans cette étude) la régression
considérée n'est pas significative.
Par ailleurs, lors de l'estimation d'un modèle, il
convient d'indiquer la contribution de la variable explicative à la
variabilité de la variable dépendante. Cette contribution
relative est mesurée par le coefficient de détermination :
- = 0 signifie que toute la variabilité est due au terme d'erreur
å ;
- = 1 implique une contribution parfaite de la variable explicative
à la variabilité de la variable dépendante.
Ces deux extrêmes sont rarement vérifiés.
ne peut pas être égal à zéro parce que le
modèle a été défini sur la base d'une
théorie. De même, ne peut pas être égal à 1 parce que l'erreur est
implicite au modèle évalué. Ainsi, dans les modèles
à données en coupe longitudinales la valeur de est proche de 0,80. En revanche, dans les modèles à
données individuelles est proche de 0,50 (Kamgnia, 2005).
Enfin, dans un modèle de régression multiple, la
variable la plus contributive est la variable dont le coefficient est
associé à la statistique de Student la plus élevée
en valeur absolue.
Pour résumer les indicateurs de qualité de la
régression, un modèle valable et qui traduit une contribution
satisfaisante de la variable explicative à la variabilité de la
variable dépendante présente un R élevé (proche de 1), et une probabilité de Fisher
très faible (proche de 0).
b) Estimation du modèle
La représentation du modèle
général VAR à 2 variables et p décalages
(noté VAR(p)) est la suivante78(*) :
Où C est la matrice des constantes du modèle
;
Aj la matrice des paramètres estimés du
modèle ;
Yt la matrice des variables ;
la matrice des erreurs d'estimations.
Un retard d'une période est adopté. Il s'agit du
retard généralement retenu dans la littérature. Il se
justifie, dans le cas du coût du risque de défaut constaté
à postériori, par le fait que la banque doit observer
l'évolution de ce coût avant de le facturer à la
clientèle.
Les résultats de la régression sont comme
suit :
D(MTB) = -0,006457 -0,299333* D (MTB) t-1 -
1,631841* D (LNPROCRED) t-1 (2)
|
(-0,006464)
(-2,569163) (-0,796986)
|
R= 0,114634 AIC = 2.682537 P-value = 0,035146 n= 59
Le modèle obtenu est valide, puisque la P-value
associée à la statistique de FISHER (0,035146) est
inférieure à 5%. Ce modèle présente un R faible, ce qui signifie que la variabilité de la variable MTB
n'est pas expliquée par la variable PROCRED.
Section II :
Synthèse et analyse des résultats
II-1- Synthèse des
résultats
Le modèle économétrique montre que
l'évolution de la variable PROCRED n'a aucune incidence sur la variable
MTB, Ce qui signifie d'un point de vue économétrique que la
relation entre le coût du risque de défaut et les marges de taux
bancaires n'est pas significative. En d'autres termes, les banques ne se
basent pas sur le coût du risque de défaut pour déterminer
leurs marges de taux.
II-2- Analyse des
résultats
L'étude économétrique réalisée
montre que les banques ne prennent pas en compte le coût du risque de
défaut lorsqu'elles déterminent leurs marges de taux. Cette
situation peut se justifier par plusieurs facteurs, notamment, les
méthodes de tarification des banques, le mode de provisionnement des
créances douteuses en vigueur au Cameroun, les carences de la
comptabilité analytique des banques, la subvention croisée entre
les différents produits et services proposés à la
clientèle par les banques, et la concurrence bancaire sur le segment des
grandes entreprises.
Les méthodes de tarification des
crédits des banques commerciales
Selon le rapport de l'enquête sur la tarification des
services des établissements de crédit du Conseil National du
Crédit (2009), les banques n'appliquent pas la méthode de
tarification des crédits traditionnelle, qui veut que les tarifs soient
fixés en tenant compte de l'ensemble des coûts liés
à la production des crédits. Elles se basent sur le niveau du
Taux Débiteur Maximum pour facturer leurs crédits, et les
éléments qui entrent dans le calcul de leurs taux sont difficiles
à déterminer.
En effet, le coût moyen de collecte des ressources
bancaires est de 2,3% en 2008, et le taux de base bancaire moyen est de 9,7%,
soit un écart de 7,4%, qui représente en principe la part des
frais généraux engagés pour la distribution des
crédits. Or, les ressources collectées sont le principal input
utilisé pour la production des crédits, et il n'est pas normal
que des frais en principe accessoires pèsent le plus dans le prix des
crédits.
Il convient de noter que les taux débiteurs des
banques sont restés partiellement administrés du fait de
l'existence du TDM. L'enquête sur la tarification des services des
établissements de crédit du CNC révèle que les
banques restent accrochées au taux de 15%, qui est le dernier TDM
fixé par la BEAC.
Les carences de la comptabilité analytique des
banques commerciales
Selon l'enquête sur la tarification des services des
établissements de crédit, dans la mesure où la plupart des
banques ne tiennent pas de comptabilités analytiques, susceptibles de
leur permettre de séparer des frais généraux la part des
frais consacrés à la distribution du crédit, elles
déduisent généralement les commissions perçues sur
la clientèle au titre des moyens de paiement et les produits de
trésorerie du total obtenu, afin de déterminer la fraction des
frais généraux imputables au crédit. Certaines banques se
contentent de retenir l'ensemble des frais généraux.
Le mode de provisionnement des créances
douteuses
Le mode de provisionnement appliqué par les banques au
Cameroun est le provisionnement ex-post. Ce mode de provisionnement n'autorise
la comptabilisation des provisions pour créances douteuses qu'une fois
la dépréciation de la créance constatée79(*). D'après la
réglementation actuelle, un concours ne peut être classé en
créances douteuses que si des impayés ont été
constatés pendant au moins trois mois, ce qui signifie que les pertes ne
sont enregistrées que lorsqu'elles sont déjà intervenues.
Le cadre comptable et fiscal actuel encourage cette pratique, dans la mesure
où il exige que les risques liés à des prêts
spécifiques soient identifiés préalablement à la
constitution d'une provision, afin de décourager le lissage des
bénéfices et la fraude fiscale.
Le provisionnement ex post entraîne un
décalage dans le temps entre l'octroi du crédit et son
éventuel provisionnement. Il en résulte souvent une
sous-estimation et une sous-tarification du risque en période
d'expansion et des difficultés à le couvrir lorsque le sinistre
vient à se produire en période de récession, pendant
laquelle les marges sont détériorées du fait de la
conjoncture. Ce phénomène est de nature à entraîner
un rationnement du crédit dans le cadre d'une crise économique et
financière, faute de capacité pour les banques à
provisionner leurs contentieux tout en prenant de nouveaux risques.
La subvention croisée entre les revenus des
produits et des services bancaires
La subvention croisée pour une banque consiste à
couvrir les pertes réalisées sur un produit par les gains
réalisés sur un autre (Vothi, 2003). L'existence d'une subvention
croisée entre les crédits et les services signifie que les pertes
sur les crédits sont compensées par les gains
réalisés sur les services.
Dans le cas de la banque 1 par exemple, l'écart entre
le poids des commissions dans la formation du produit net bancaire (48,7%) et
celui du produit des intérêts (55,5%) est faible en 2008. Pour la
banque 2, le poids des commissions dans la formation du produit net bancaire
(66%) est plus élevé que celui du crédit (31%).
Ceci qui signifie qu'en cas de pertes sur les crédits,
les commissions perçues sur les services peuvent permettre aux banques
de continuer à réaliser des profits. Les banques ont la
possibilité de ne pas facturer le coût des risques aux clients, en
sachant que les commissions qu'elles perçoivent sur les services leur
permettront de réaliser des profits. Cette affirmation est
renforcée par le fait qu'on n'observe pas un transfert du coût du
risque de défaut entre les clients. En effet, les provisions pour
créances douteuses auraient une incidence sur les marges de taux des
banques s'il y'avait un transfert du coût du risque de défaut des
emprunteurs risqués vers les emprunteurs sains.
La concurrence sur le segment des grandes
entreprises
Selon le PESF (2007), les banques concentrent leurs concours
et leurs dépôts sur les grandes entreprises (79% des
crédits), qui représentent moins de 10% de l'ensemble des
entreprises au Cameroun.
La concurrence sur le segment des grandes entreprises est
très marquée, et la démarche commerciale des banques les
emmène parfois à sacrifier leurs marges pour conserver la
relation (supposée globalement rentable) avec ces clients. La
concurrence sur le segment des grandes entreprises a été
considérablement accrue par l'ouverture du marché bancaire.
L'offre de crédits s'est accrue tandis que l'insuffisance d'une demande
de qualité persiste (PESF, 2007). L'excédent d'offre de
crédits a créée les conditions d'une véritable
guerre des prix sur le segment des grandes entreprises, et certains
crédits sont offerts à des taux inférieurs au taux de base
bancaire (COBAC, 2006 et 2008). En d'autres termes, à cause de la
concurrence les banques préfèrent vendre leurs crédits
à perte aux grandes entreprises pour les conserver dans leur
portefeuille.
CONCLUSION GENERALE
Cette étude a examiné l'incidence du coût
du risque de défaut sur les marges de taux des banques commerciales au
Cameroun. La relation entre le coût des risques et la rentabilité
bancaire a d'abord été décrite. Il s'est
avéré que le coût des risques réduit la
rentabilité bancaire, et que les banques doivent fixer des marges
d'intérêt optimales pour couvrir l'ensemble de leurs coûts,
y compris le coût des risques.
La facturation du coût du risque de défaut aux
emprunteurs a ensuite été présentée. Il a
été montré qu'en fixant les prix des crédits
bancaires, les banques fixent une marge de taux qui est destinée
à neutraliser le coût des risques, et donc, qu'une augmentation du
coût du risque de défaut à priori ou à
postériori conduit à une augmentation des marges de taux. Les
résultats des études empiriques qui se sont
intéressées à la relation entre les marges de taux et le
coût du risque de défaut ont ensuite été
présentés, et il s'est révélé que la
relation théorique entre les marges de taux et le coût du risque
de défaut ne se vérifie pas toujours.
L'étude empirique a permis d'appréhender la
relation entre les marges de taux des banques commerciales et le coût du
risque de défaut au Cameroun. Il est apparu que les marges de taux des
banques sont instables à cause de la segmentation de la clientèle
bancaire, et qu'elles se sont réduites ces dernières
années suite aux baisses du Taux Débiteur Minimum de la BEAC. Il
est également apparu que les provisions pour créances douteuses
de ces banques évoluent en fonction de leurs politiques commerciales.
Par ailleurs, le modèle économétrique a montré que
le coût du risque de défaut n'a aucune incidence sur les marges de
taux, conformément à notre hypothèse, ce qui peut se
justifier notamment par la singularité des méthodes de
tarification des banques, les carences de leurs comptabilités
analytiques, la subvention croisée entre les revenus des produits et des
services, le mode de provisionnement en vigueur au Cameroun et la concurrence
bancaire autour des grandes entreprises.
Le fait que, d'une part, un plus grand nombre de banques n'ait
pas pu être inclut dans cette étude et, d'autre part, le calcul
des marges n'ait pas pu être réalisé à partir d'un
échantillon de taux d'intérêts débiteurs plus large,
est déploré. Cette étude donne toutefois un aperçu
des problèmes de tarification des crédits bancaires au Cameroun,
compte tenu du nombre de données qui ont été prises en
compte dans l'analyse. Elle suggère que des mesures soient prises tant
par les banques que par les autorités camerounaises pour
améliorer la tarification bancaire, de manière à
réduire le prix des crédits et améliorer la
rentabilité de l'intermédiation bancaire.
Les banques devraient améliorer leurs méthodes
de tarification et pour cela, bien identifier les éléments
à prendre en compte pour déterminer le prix de leurs
crédits. Ceci est très important car si leurs méthodes de
tarification actuelles leur permettent de masquer des gains, elles peuvent
également leur faire subir des pertes qu'elles ne seront pas en mesure
d'identifier à temps, notamment dans le cas où la concurrence sur
le marché bancaire se renforce. Les autorités pourraient les
aider en ce sens en élaborant des textes qui identifieraient les
éléments à prendre en compte pour le calcul des taux
débiteurs.
Les banques devraient affiner leurs comptabilités
analytiques pour mieux cerner le prix de revient complet des crédits et
parvenir à des normes de tarification approuvées par leurs
conseils d'administration ou de surveillance et soumises à la
surveillance de leur contrôle interne.
Il est souhaitable que les banques se recadrent pour revenir
à leur activité de base, à savoir
l'intermédiation. Le fait que la fourniture des services,
activité en principe accessoire, rivalise avec l'activité
d'intermédiation est de nature à réduire le financement de
l'économie. Par ailleurs, cette situation encourage les banques à
prendre des risques excessifs en sachant que les pertes subies seront couvertes
par les gains sur les services, ce qui pourrait nuire à terme à
la stabilité du système financier.
Les autorités devraient revoir le mode de
provisionnement en vigueur et promouvoir le provisionnement ex ante.
Il s'agirait de permettre aux banques de constituer en franchise d'impôt,
dès l'octroi du crédit, une provision calculée en fonction
du taux de risque moyen constaté de manière statistique par
catégorie d'emprunteur (particulier, PME...) et de crédit
(investissement, trésorerie). Ce taux serait exprimé à la
fois en plafond par rapport aux encours et en taux de dotation annuelle. Ce
provisionnement constituerait un minimum obligatoire, mais non exclusif : en
effet, le provisionnement ex post pour risque dénommé
s'y substituerait si les sinistres à couvrir se révélaient
supérieurs aux provisions forfaitaires constituées. La
généralisation de ce système de provisionnement
forfaitaire ex ante, inspiré de ce qui existe
déjà dans différents pays développés
(Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, etc.), permettrait d'inciter
à une tarification plus responsable, puisque la marge à
intégrer dans le coût du crédit serait connue
immédiatement et serait prise en compte progressivement, dès la
première année, dans le résultat de la banque.
La vive concurrence sur le segment des grandes entreprises
qui, dans les faits, ne profite qu'à une petite minorité
d'emprunteurs, va à l'encontre des intérêts de la grande
majorité des demandeurs de crédit, qu'il s'agisse des
particuliers peu fortunés, ou des petites et moyennes entreprises,
lesquelles risquent, du fait de l'insuffisance des marges bancaires par rapport
au risque à couvrir, d'être exclues du crédit. Les risques
que font courir des pratiques concurrentielles dévoyées à
la sécurité du système bancaire et, à travers lui,
à l'épargne et aux dépôts qui lui sont
confiés, justifient la mise en place d'un dispositif sécuritaire,
par les autorités, qui viserait à surveiller et prévenir
les tarifications anormalement basses du crédit. Ce dispositif pourrait
reposer sur la définition de seuils d'alerte au-dessous desquels les
taux seraient présumés anormaux, à moins que la banque
n'apporte la preuve que le prix de revient complet de ses crédits leur
serait effectivement inférieur. Le franchissement de ce seuil d'alerte
déclencherait la mise en oeuvre d'un dispositif de surveillance,
différencié selon que les taux considérés feraient
ou non l'objet d'une publicité. Les crédits proposés
à des taux inférieurs au seuil d'alerte, par voie d'affichage ou
de campagne promotionnelle, seraient soumis à l'accord préalable
des conseils d'administration ou de surveillance des banques, responsables de
l'équilibre et de la sécurité de ceux-ci. Ces projets de
publicité devraient être déclarés au Conseil
National du Crédit et à la COBAC. Les crédits ne faisant
pas l'objet d'une promotion commerciale et qui seraient consentis à des
conditions inférieures aux seuils d'alerte feraient l'objet d'une
déclaration périodique aux conseils d'administration, au Conseil
National du Crédit et à la COBAC.
ANNEXES
Annexe 1 : Evolution des principaux taux
du marché monétaire
Annexe 2 : Test de Dickey-Fuller
Augmenté
Annexe 3 : Arrêté n°
74/MINFI/DCE/D
Annexe 4 : Arrêté n°
244/MINFI/DCE/D
Annexe 5 : Arrêté n°
000083/MINEFI/CSB/REP4
Annexe 5 : Arrêté n°
00043bis/MINFI
Annexe 6 : Arrêté n°
00001/MINEFI/CSB/REP4
Annexe 7 : Lettre Circulaire n° 72
du Gouverneur de la BEAC
Annexe 8 : Décision n° 5 du
Comité de Politique Monétaire de la BEAC
ANNEXE 1 : Evolution des
principaux taux du marché monétaire
Tableau 6 : Evolution des principaux taux du
marché monétaire
Rubriques
|
31/12/1994
|
31/12/1995
|
15/04/1996
|
06/05/1996
|
16/10/1996
|
23/05/1997
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux d'intérêt des appels
|
7,75
|
8,6
|
8,2
|
8
|
7,75
|
7,5
|
d'offre ( TIAO)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux Débiteur Maximum
|
16
|
22
|
22
|
22
|
22
|
22
|
TDM
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux Créditeur Minimum
|
5,5
|
5,5
|
5,5
|
5,5
|
5
|
5
|
TCM
|
|
|
|
|
|
|
Source: BEAC, Bulletin du marché
monétaire.
Rubriques
|
07/12/1998
|
12/05/1999
|
14/01/2000
|
25/05/2000
|
06/09/2001
|
11/04/2002
|
18/12/2002
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux d'intérêt des appels
|
7
|
7,6
|
7,3
|
7
|
6,5
|
6,35
|
6,3
|
d'offre ( TIAO)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux Débiteur Maximum
|
22
|
22
|
22
|
22
|
18
|
18
|
18
|
TDM
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux Créditeur Minimum
|
4,75
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
TCM
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Rubriques
|
02/12/2003
|
20/01/2005
|
16/09/2005
|
03/03/2006
|
03/07/2008
|
|
|
|
|
|
|
Taux d'intérêt des appels
|
6
|
5,75
|
5,5
|
5,25
|
5,5
|
d'offre ( TIAO)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux Débiteur Maximum
|
18
|
18
|
17
|
15
|
supprimé
|
TDM
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux Créditeur Minimum
|
5
|
5
|
4,75
|
4,25
|
3,25
|
TCM
|
|
|
|
|
|
ANNEXE II : TEST DE
DICKEY-FULLER AUGMENTE
Le test de Dickey-Fuller augmenté est basé sur
l'algorithme suivant :
Estimation du modèle dit modèle (3) suivant:
On teste b=0
non
oui
oui
Non stationnaire
non
non
non
oui
oui
Non stationnaire
Stationnaire
Estimation du modèle dit modèle (1) suivant:
On teste
Stationnaire
Test
Estimation du modèle dit modèle (2) suivant:
On teste C=0
Non stationnaire
BIBLIOGRAPHIE
AMATO J. D. et REMOLONA E. M., «The pricing of
unexpected credit losses», Banque des Règlements Internationaux,
BRI Working Paper n°190, novembre 2005.
ARTUS P., «Le comportement des banques face à
des fortes modifications des flux d'épargne et de
financement », Revue économique, Année 1996,
Volume 47, Numéro 3 p. 719 - 729.
BANQUE MONDIALE, « Royaume du Maroc :
Note de stratégie du secteur financier », Document de la
Banque Mondiale, Septembre 2000.
BAUMEL L ET SYLVESTRE P., « La relation entre le
taux des crédits et le coût des ressources bancaires :
modélisation et estimation sur données individuelles de
banques », Annales d'économie et de statistiques n°
59, Banque de France, 2000.
BOURBONNAIS R.,
« Econométrie », manuel et exercices
corrigés, 2003, Dunod, Paris, 5ème édition.
BUCHS T. et MATHISEN J., « Competition and
efficiency in banking : Behavioral evidence from Ghana», IMF
Working Paper WP/05/17, January 2005.
COMMISSION BANCAIRE FRANÇAISE,
« Enquête sur les conditions comparées d'octroi des
prêts à la clientèle », Etudes, Bulletin de
la Commission bancaire n° 13-novembre 1995.
COMITE DE BALE SUR LE CONTROLE BANCAIRE
(2004), « Convergence internationale de la mesure des normes
et des fonds propres », Banque des Règlements
Internationaux, 2004.
CONSEIL NATIONAL DU CREDIT DU CAMEROUN,
« Enquête sur la tarification des services des
établissements de crédit », Mai 2009.
CONSEIL NATIONAL DU CREDIT FRANÇAIS,
« Synthèse du rapport risque de
crédit », Etudes, Bulletin de la Banque de France -
n° 21 - septembre 1995.
De COUSSERGUES S., « Gestion de la banque :
Du diagnostic à la stratégie »,
5ème édition, DUNOD.
FUNGÁÈOVÁ Z. ET POGHOSYAN T.,
«Determinants of bank interests margins in Russia: Does bank ownership
matter?», Bank of Finland and University of Groningen, August
2008.
GALESNE A., « Le Financement de
l'Entreprise(II) », RENNES: Editions du CEREFIA, 1996/1999, p.6.
GATFAOUI A., « Une histoire du risque de
défaut », ed. Publibook, novembre 2008.
HONORE L.,» Gestion financière»,
Nathan, 2001.
KAMGNIA D.B., «Modèle de régression
linéaire simple », Cours d'Econométrie III,
Université de Yaoundé II-Soa, 2004-2005.
KANE J. E. and TARA R. (2001) «Bank Runs and Banking
Policies: Lessons for African
Policy Makers» Journal of African Economics; volume
10, supplement 1
LAMARQUE E. « Management de la banque :
Risques, relation client, organisation », 2ème
édition, Pearson Education.
LAMARQUE E. « Gestion bancaire »,
2003, Pearson Education.
LOINTIER L., SALVIGNOL JL. , ROMEDENNE G., BUAILLON G. (1993),
" Pratique de la relation Banque-Entreprises par le charge d'affaires"
Collection ITB, 1993.
MANGA A, «Séries temporelles», cours
de séries temporelles IV, Université de Yaoundé II-Soa,
2005-2006.
MATA J. E. (2007. «Causalité entre
exportations, croissance économique et emploi : Cas du Congo
Brazzaville», Annales de l'université Marien Nguabi,
8(2):31-44.
MLACHILA M. et CHIRWA E.W., «financial reforms and
interest rate spreads in the commercial banking system in Malawi»,
IMF Working Paper WP/02/6, January 2002.
NEMBOT NDEFFO L. et NINGAYE P., «Réformes
financières et rentabilité du système bancaire des Etats
de la CEMAC », Proposition de communication, African Economic
Conference 15 - 17 novembre 2007
RANDALL R., «Interest rate spreads in eastern
carribean «, IMF Working paper WP/98/59, April 1998.
ROUABAH R., « La sensibilité de
l'activité bancaire aux chocs macroéconomiques : Une analyse en
panel sur des données de banques luxembourgeoises »,
Banque Centrale du Luxembourg, Cahier d'études n° 21, mai 2006.
SANDRETTO R. et TIANI F. (1993) « La faillite du
système bancaire africain, autopsie et implication d'un désastre
: l'exemple camerounais » Informations et Commentaires
N° 83 ; PP. 21 - 28.
TANYMOUNE N.A., « Les déterminants de la
productivité des banques dans l'UEMOA depuis la libéralisation
financière de 1987 », Laboratoire d'Economie d'Orleans,
Document de recherche n°2001-26, Novembre 2001.
ZHOU, KAIGUO, WONG ET MICHAEL, «The determinants of
net interest margins of commercial banks in Mainland China», Emerging
market finance and trade, MEcon 2008.
WEBOGRAPHIE
BOUIDER L., « RAROC : Outil de gestion du
risque de crédit », Ecole Supérieure de banque
d'Alger, Mémoire de fin d'Etudes, disponible à l'adresse :
www.memoireonline.com/.../m_RAROC-Outil-de-gestion-du-risque-de-credit0.html
-
BOUTILLIER M., KIERZENKOWSKI R., ROUSSEAU P.,
« Taux d'intérêt des crédits bancaires :
Une analyse en termes de spreads sur données françaises de 1993
à 2004 », disponible à l'adresse
economix.u-paris10.fr/docs/27/Prime_France_170106.pdf
CHALACH Y., WONE M., ELAM F., EL KHYARI F., «Risque
de crédit», INP Grenoble ENSIMAG.
CHAMPAGNE C., «Modèle d'évaluation du
risque de crédit : CreditmetricsTM », Ecole des
Hautes Etudes Commerciales, Hiver 1999, disponible à l'adresse :
zonecours.hec.ca/.../H2005-1-163273.CreditMetricsTM.pdf
-
COBAC, « Architecture de la tarification des
services bancaires dans la CEMAC » Avril 2008, disponible en
ligne sur
www.beac.int
COBAC, « Structure de la tarification des
services bancaires dans la CEMAC », Avril 2006, disponible en
ligne sur
www.beac.int
DOLIENTE J.S., « Determinants of bank net
interest margins of Southeast Asia », University of the
Phillipines-Diliman, December 2003, disponible à l'adresse:
www.upd.edu.ph/~cba/docs/dp0310_jsd.PDF
MADJI A., « L'institution d'un agrément
unique dans la CEMAC: Fondements, critères d'admission et défis
pour les banques », Etudes de la COBAC, disponible à
l'adresse :
www.beac.int/cobac/Publications/agreuniquecemac.pdf
-
MANSOURI B. ET AFROUKH S., «La rentabilité des
banques et ses determinants: Cas du Maroc », Equity and Economic
Development, ERF 15th annual conference, 23rd and 25th november 2008,
disponible à l'adresse:
www.erf.org.eg/CMS/getFile.php?id=1289
MAUDOS J. ET DE GUEVARA J.F., «Factors explaining the
evolution of the interest margin in the banking sectors of the european
union», disponible à l'adresse:
www.ivie.es/downloads/ws/sbpa/ponencia02.pdf -
VOTHI P.N., « Tarification du crédit :
Qu'apporte le nouveau ratio de solvabilité ? »,
Laboratoire d'Economie d'Orléans, Avril 2004, disponible à
l'adresse :
www.univ-orleans.fr/leo/pdf/s01_06_04vothi.pdf
VOTHI P.N., « Tarification du crédit
bancaire : De Bâle II au quotidien », Laboratoire
d'Economie d'Orléans, Avril 2006, disponible à
l'adresse :
www.univ-orleans.fr/leo/liensdr/dr200628.pdf-
TABLE
DES MATIERES
SOMMAIRE
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
iv
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
v
RESUME
vi
ABSTRACT
vii
INTRODUCTION GENERALE
1
MARGES DE TAUX ET COUT DU RISQUE DE
DEFAUT
9
CHAPITRE I : COUT DU RISQUE ET
RENTABILITE BANCAIRE
10
Section I : Le coût du risque
10
I-1- Taxinomie des risques bancaires
10
I-1-1- Les risques non financiers
10
I-1-1-1- Les risques opérationnels
11
I-1-1-2- Les risques stratégiques
11
I-1-2- Les risques financiers
12
I-1-2-1- Le risque de défaut
12
I-1-2-2- Le risque de liquidité
12
I-1-2-3- Le risque de prix
12
I-2- Le coût des risques bancaires
13
I-2-1- Les provisions
13
I-2-2- Les exigences de fonds propres
14
Section II : Coût du risque et
rentabilité bancaire : approche par les soldes
intermédiaires de gestion
17
II-1- Les différentes approches de mesure
de la rentabilité bancaire
17
II-2- Les soldes intermédiaires de
gestion
18
Section III : Coût du risque et
rentabilité bancaire : un tour d'horizon théorique
20
III-1- Les marges d'intérêt comme
déterminant de la rentabilité bancaire : L'approche
traditionnelle de la firme bancaire
20
III-1-1- Fonction de demande de crédit et
fonction d'offre de dépôts
20
III-1-2- La fonction de profit de la banque
22
III-1-3- L'optimisation des marges
d'intérêt
23
III-2- Les déterminants des marges
d'intérêt : L'approche du modèle du courtier
24
III-2-1 : La version initiale du modèle
du courtier
24
III-2-1-1- Principe du modèle du
courtier
24
III-2-1-2- Détermination des marges
d'intérêt
24
III-2-2- La prise en compte des charges
d'exploitation: les apports de Maudos et Guevara
25
CHAPITRE II : FACTURATION DU COUT DU
RISQUE DE DEFAUT A LA CLIENTELE
30
Section I : La marge de taux dans la structure
des taux d'intérêt débiteurs des banques
30
I-1- Le taux d'intérêt nominal du
crédit
30
I-1-1- Le taux de référence de la
ressource collectée
31
I-1-1-1- Les taux de référence
obligataires
31
I-1-1-2- Les taux de référence
monétaires
31
I-1-1-3- Le taux de base bancaire
32
I-2- La marge de taux
32
I-3- Les commissions diverses
33
Section II : Marge de taux et facturation du
coût du risque de défaut
33
II-1- détermination de la marge de taux sur
la base du coût du risque prévisionnel
34
II-1-1-- Le modèle de Merton
35
II-1-1-1- principe du modèle
35
II-1-1-2- Le choix de la valeur de la dette comme
seuil de défaut
36
II-1-1-3- Couverture contre le risque de
défaut
36
II-1-1-4- Hypothèses du modèle de
Merton
37
I-1-1-5- Modélisation
38
II-1-2- Le modèle CreditMetrics
39
II-1-2-1- Principe du modèle
39
II-1-2-2- Les étapes du modèle
39
II-1-3- Le Z-Score de Altman
43
II-2- Détermination de la marge de taux sur
la base du coût du risque constaté à postériori
45
Section III : Les résultats des
études empiriques
49
III-1-Les résultats des enquêtes
50
III-2-Les résultats des études
économétriques
51
MARGES DE TAUX ET COUT DU RISQUE DE
DEFAUT DANS LE CAS DES BANQUES COMMERCIALES DU CAMEROUN
53
CHAPITRE III : ANALYSE DE L'EVOLUTION
DES MARGES DE TAUX ET DU COUT DU RISQUE DE DEFAUT
54
Section I : Le secteur bancaire du
Cameroun
54
I-1- L'activité des banques commerciales
54
I-2- La situation prudentielle
55
I-2-1- Les créances douteuses
56
I-2-2- Les provisions pour créances
douteuses
56
I-3- Politique monétaire et conditions de
banque
57
I-3-1- Evolution de la structure des taux
débiteurs des banques
58
I-3-1-1-Des taux d'intérêt
administrés
58
I-3-1-2- Une libéralisation progressive
58
I-3-2- L'institution des marges de taux
60
Section II : Evolution des marges de taux et
des provisions pour créances douteuses des banques commerciales 1 et
2
61
II-1- Evolution des marges de taux
61
II-1-1- Cas de la banque 1
62
II-1-2- Cas de la banque 2
63
II-2- Evolution des provisions pour créances
douteuses
64
II-2-1- Cas de la banque 1
64
II-2-2- Cas de la banque 2
65
CHAPITRE IV : ANALYSE DE L'INCIDENCE
DU COUT DU RISQUE DE DEFAUT SUR LES MARGES DE TAUX DES BANQUES
67
Section I: Présentation des données et du
modèle
I-1- Les données
68
I-1-1- Les marges de taux bancaires (MTB)
68
I-1-2- Les provisions pour créances
douteuses (PROCRED)
69
I-2- Construction du modèle
69
I-2-2-Spécification du modèle
73
I-2-2-1- Test de cointégration
73
I-2-2-2- présentation du modèle
74
Section II : Synthèse et analyse des
résultats
76
II-1- Synthèse des résultats
76
II-2- Analyse des résultats
76
CONCLUSION GENERALE
80
ANNEXES
83
BIBLIOGRAPHIE
87
WEBOGRAPHIE
90
TABLE DES MATIERES
92
* 1Ils sont définis
par le règlement COBAC R-93/02 relatif aux fonds propres des
établissements de crédit 2(modifié par le
règlement COBAC R-2000/01.
* 3 Voir enquête sur la
tarification des services des établissements de crédit du Conseil
National du Crédit de mai 2009.
* 4 Devenue la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale le 16
Mars 1994, dont le début officiel des activités a
été lancé le 25 Juin 1999.
* 5 Voir Arrêté
n° 00043bis/MINFI du 22 mars 1992 modifiant et abrogeant certaines
dispositions de l'arrêté n°244/MINFI/DCE/D du 05 avril 1989
portant organisation des conditions de banque.
* 6 Voir Arrêté
n° 000083/MINEFI/CSB/REP4 modifiant certaines dispositions de
l'Arrêté n°244/MINFI/DCE/D du 05 avril 1989 portant
organisation des conditions de banque.
* 7 Décision n°
05 du Comité de Politique Monétaire de la BEAC du 03 juillet 2008
portant réaménagement des conditions de la BEAC.
* 8 Article 15 de
l'Arrêté n° 244/MINFI/DCE/D du 05 avril 1989 portant
conditions de banque.
* 9 Cf. article 15 de
l'Arrêté n° 00001/MINEFI/CSB/REP4.
* 10 Article 15
l'Arrêté n° 000083/MINEFI/CSB/REP4 modifiant certaines
dispositions de l'arrêté n° 244/MINFI/DCE/D portant
conditions de banque:
« Le Taux Débiteur Maximum toutes taxes
et commissions d'engagement comprises applicables à la clientèle
quelque soit l'échéance du crédit est aligné sur le
Taux débiteur Maximum en vigueur dans la zone BEAC ».
* 11 Ce programme est
conduit par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International.
* 12 CEA/BSR,
« Chapitre V : Relever le défi du financement des
investissements privés en Afrique Centrale », Les
économies de l'Afrique Centrale 2006, P. 175.
* 13 A. MADJI,
« Institution d'un agrément unique dans la
CEMAC », Etudes, COBAC.
* 14 La corrélation
de deux variables mesure leur dépendance réciproque.
L'autocorrélation est un outil mathématique souvent
utilisé en
traitement du
signal. Elle mesure les dépendances internes d'un signal, c'est -
à- dire, la
corrélation
croisée d'un signal par lui-même. En présence
d'autocorrélation, les estimateurs des Moindres Carrés Ordinaires
sont sans biais, mais ne sont plus à variance minimale et, les
écarts types usuels des MCO et les tests ne sont plus valides.
* 15 Le modèle VAR
est l'égalité entre le vecteur de la différenciation des
variables du modèle et la somme du vecteur des constantes, du produit de
la matrice des paramètres, du vecteur de la différenciation des
variables retard, et du vecteur des résidus d'estimation.
* 16 Le Comité de
Bâle sur le contrôle bancaire, institué en 1975 par les
gouverneurs des Banques Centrales des pays du Groupe des 10 (G10), rassemble
les autorités de contrôle des banques. Il est composé de
hauts représentants des autorités de contrôle bancaire et
Banques Centrales d'Allemagne, de Belgique, du Canada, d'Espagne, des
Etats-Unis, de France, d'Italie, du Japon, du Luxembourg, des Pays-Bas, du
Royaume-Uni, de Suède et de Suisse. Ses réunions ont
habituellement pour cadre la Banque des Règlements Internationaux,
à Bâle, siège de son Secrétariat permanent. Son but
est la sécurisation des relations bancaires, au travers notamment de
l'harmonisation des dispositifs de contrôle nationaux. Il n'a pas de
pouvoir législatif supranational mais ses recommandations sont en
général mises en oeuvre par les régulateurs nationaux.
* 17 Darmon R-Y,
« Stratégie bancaire et gestion de bilan »,
Economica, Paris, 1997
* 18 Voir Comité de
Bâle sur le contrôle bancaire (2004), «
Convergence internationale de la mesure des normes et des fonds
propres », Banque des règlements internationaux, 2004.
* 19 Voir Comité de
Bâle sur le contrôle bancaire (2004), «
Convergence internationale de la mesure des normes et des fonds
propres », Banque des règlements internationaux, 2004.
* 20 Le terme capital
économique se réfère au montant des fonds propres qu'une
banque alloue à une opération ou à un portefeuille, de
sorte qu'en cas de perte, la probabilité que ces pertes restent
inférieures aux fonds propres soit compatible avec les objectifs de
notation de la banque. Cette notion est utilisée par les banques dans
leur allocation du capital aux différents métiers et dans la
mesure du couple rendement/risque (Thoraval et Duchateau 2003).
* 21 Voir à ce sujet
Koffi JM, YAO « Approche Econométrique des Déterminants
de la Rentabilité des Banques Européennes »
Université du Luxembourg, disponible à l'adresse
http://www.google.fr/search?hl=fr&q=Approche+Econom%C3%A9trique+des+D%C3%A9terminants+de+la+Rentabilit%C3%A9+des+Banques+Europ%C3%A9ennes+&btnG=Recherche+Google&meta=&aq=null&oq=
* 22 ROE = RESULTAT NET/
FONDS PROPRES
* 23 ROA = RESULTAT
NET/TOTAL DU BILAN
* 24 Il est supposé
suivant Ho et Saunders (1981) que les termes de second ordre de la marge et du
coût dans l'expression du développement de Taylor (6) et (7) sont
négligeables.
* 25 Au niveau de la banque,
les ressources et les emplois doivent être de termes identiques pour
obtenir des montages financiers de bonne qualité. On parle
d'adéquation emplois-ressources
* 26 Moyenne
pondérée des taux actuariels à la date de règlement
des émissions nouvelles lancées au cours d'un mois
donné.
* 27 Moyenne
pondérée des taux de rendement actuariels d'un échantillon
d'emprunts d'Etat à long terme côtés en fin de mois sur le
marché secondaire. Voir Alain GALESNE, « Le Financement
de l'Entreprise(II) », RENNES: Editions du CEREFIA, 1996/1999,
p.6.
* 28 il s'agit des taux
communiqués par la Banque Centrale concernant les opérations de
refinancement, ainsi que le taux des avances marginales et des
dépôts.
* 29 Dans la zone Euro par
exemple, l'EONIA (Euro OverNight Index Average : moyenne pondérée
des taux des emprunts à découvert au jour le jour calculé
par la Banque Centrale Européenne) et l'EURIBOR (Euro Inter Bank Offered
Rate: moyenne non pondérée des taux offerts calculée
à 11 heures -heure de Bruxelles-).
* 30Il s'agit de la moyenne
arithmétique des taux acheteur et vendeurs des principaux acteurs du
marché primaire.
* 31 Voir, Conseil National
du Crédit du Cameroun, « Enquête sur la
tarification des services des établissements de
crédit », Avril 2009, p. 40.
* 32 Voir, Commission
Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC), « Architecture de la
tarification des services bancaires dans la CEMAC », Avril 2008,
p. 1.
* 33 La mise en place et les
risques supportés sur un crédit à long terme par exemple,
ne sont pas les mêmes que ceux enregistrés sur un
découvert.
* 34 La majoration est
généralement fixée en tenant compte de l'importance du
client, de la perte potentielle qu'il pourrait faire subir à la banque,
du fonctionnement de son compte et de la fraction des activités
confiée à la banque.
* 35 Par exemple 0.40% et 0.10%
du montant du prêt accordé.
* 36 Payés pendant la
période initiale du crédit (to), ils sont déduits du
capital remis à l'emprunteur si celui-ci donne une suite favorable
à la proposition qui lui a été faite. Les frais
d'études de dossier s'expriment généralement en % du
montant du crédit.
* 37 Ces garanties peuvent
prendre deux formes très différentes:
* la première correspond le plus
souvent à l'apport de garanties réelles
(hypothèques prises sur des biens immobiliers,
nantissement de fonds de commerce ou de matériel) ;
* la seconde correspond au paiement d'une
commission de caution. A défaut d'apporter une garantie
réelle, un emprunteur peut apporter sa caution personnelle ou
celle d'un organisme tiers. Dans le cas d'une caution personnelle le coût
en trésorerie de la constitution de la caution personnelle est faible et
peut être négligé ; dans le second cas, la caution d'un
tiers (société de caution mutuelle, etc.) se traduit pour
l'entreprise par le paiement d'une commission de caution payable
annuellement sur le montant du capital non encore remboursé sur
lequel porte la contre-garantie de l'organisme de caution. Dans ce cas cette
commission de caution se traduit par une série de paiements annuels, qui
s'ajoutent chaque année aux intérêts et à
l'éventuel amortissement du prêt.
* 38 En finance, une
obligation zéro-coupon est une
obligation qui
ne donne pas droit au détachement de coupon, d'ou le terme.
L'acquéreur souscrit l'obligation à un prix inférieur
à sa valeur faciale, laquelle est payée à
l'échéance du contrat.
* 39 Le taux de recouvrement
mesure la part du montant de l'exposition au moment du défaut que la
contrepartie sera à même de rembourser.
* 40 En finance, un taux
zéro-coupon (aussi appelé taux spot), pour une date de
départ et une durée donnée, est le
taux actuariel
qu'aurait une
obligation de
mêmes caractéristiques temporelles mais ayant un coupon de
0 %.
* 41 Un aspect novateur de
la réforme Bâle II est la sensibilité au risque de
crédit de la dotation en fonds propres, qui tient désormais
compte de la solvabilité de l'emprunteur et de la qualité des
garanties qu'il apporte. Les banques ont notamment le choix entre la notation
externe et la notation interne pour déterminer le niveau de fonds
propres requis. Elles peuvent soit utiliser les évaluations externes
d'agences de notation reconnues (approche standardisée), soit utiliser
leurs modèles de notation interne (approche NI). En particulier, la
notation interne est réservée aux établissements disposant
d'un savoir faire reconnu par leurs autorités de contrôle en
matière de mesure et de gestion des risques. Dans l'approche
NI simple, la banque estime elle-même la probabilité
de défaillance de ses débiteurs et utilise les valeurs fournies
par l'autorité de contrôle pour les autres paramètres de
calcul des risques. Dans l'approche NI complexe ces
paramètres sont évalués par la banque elle-même.
* 42 La probabilité
de défaut mesure la probabilité d'occurrence d'un défaut
sur une contrepartie donnée dans un horizon donné.
* 43 Il correspond au
montant dû par la contrepartie au moment où elle fera
défaut sur un engagement donné à un horizon correspondant
à celui utilisé pour la probabilité de défaut. Pour
un prêt, il s'agit du capital restant dû à l'horizon
considéré et éventuellement des intérêts
courus non échus au même moment.
* 44 Il s'agit du
délai imparti à l'emprunteur pour honorer ses engagements.
* 45 J-P. Redouin,
« le risque de crédit : même
transféré il ne disparait pas », Intervention de
Monsieur Jean Paul-Redouin, premier sous-gouverneur de la Banque de France,
Paris Europlace, Stockholm, 29 mars 2007.Disponible sur
www.banque-de-france.fr/fr/instit/.../disc20070405.pdf -
* 46 Ceux sur lesquels le
montant des pertes potentielles est le plus élevé.
* 47 Ceux pour qui les
pertes potentielles de la banque sont faibles.
* 48 Voir Bulletin de la
Commission Bancaire française n° 13, novembre 1995, p. 17.
* 49 Afriland First bank
(First Bank) ; Amity Bank Cameroon (Amity), qui a été
rachetée courant 2009 par la Banque Atlantique ; Banque
Internationale du Cameroun pour l'Epargne et le Crédit (BICEC) ;
Citibank Cameroon (CITI-C) ; Commercial Bank of Cameroon (CBC) ;
Crédit Agricole Société Camerounaise de Banques (CA
SCB) ; Ecobank Cameroun (ECOBANK) ; National Financial Credit
Bank(NFC Bank) ; Société Générale de Banques
du Cameroun ( SGBC) ; Standard Chartered Bank Cameroun (SCBC), Union Bank
of Cameroon Limited (UBC), United Bank for Africa (UBA) et la Banque
Atlantique.
* 50 Commissions sur
engagements par signature, location de coffres forts, produits sur moyens de
paiement, conseil et assistance de gestion, refacturation de charges
d'exploitation bancaires, commissions de gestion de portefeuille-titres pour
compte de tiers et autres commissions
* 51 Article 5 du
règlement COBAC R-98/03 relatif à la comptabilisation et au
provisionnement des créances en souffrance et des engagements par
signature douteux (complété par le règlement COBAC
R-2003/05)
* 52 Article 9 et 10 du
règlement COBAC R-98/03 relatif à la comptabilisation et au
provisionnement des créances en souffrance et des engagements par
signature douteux (complété par le règlement COBAC
R-2003/05)
* 53 Voir Article 6 de
l'Arrêté n° 74/MINFI/DCE/D portant conditions de banque du
05 septembre 1988, en annexe.
* 54 L'Article 5 de
l'Arrêté n° 74/MINFI/DCE/D précise :
« au terme du présent Arrêté, les
opérations privilégiées sont: les crédits agricoles
( jusqu'au stade de la collecte exclusivement) ; les crédits de
campagne ou de stockage en faveur des organismes coopératifs, des
organismes d'Etat et des institutions collectives de commercialisation sans but
lucratif ; les crédits à l'exportation en faveur des
organismes coopératifs, des organismes d'Etat, et des institutions
collectives de commercialisation sans but lucratif ; les crédits
aux PME nationales ; les crédits à moyen terme en faveur
des organismes coopératifs, des organismes d'Etat, et des institutions
collectives de commercialisation sans but lucratif ; les crédits
à moyen terme destinés à la construction de l'habitat
social ; les crédits à moyen terme consentis aux nationaux
pour le rachat d'entreprises agricoles et artisanales appartenant aux
expatriés.»
* 55 Voir l'article 15 de
l'Arrêté n° 244/MINFI/DCE/D du 05 Avril 1989 portant
conditions de banque.
* 56 Voir
Arrêté n° 00043bis/MINFI du 22 mars 1992 modifiant et
abrogeant certaines dispositions de l'arrêté
n°244/MINFI/DCE/D du 05 Avril 1989 portant conditions de banque.
* 57 Voir Annexe à la
Lettre Circulaire n°72 du Gouverneur de la BEAC du 30 juin 1997.
* 58 Lettre Circulaire
n°72 du Gouverneur de la BEAC, page 2.
* 59 Une banque de la place
réalise un chiffre d'affaires de l'ordre de 175 milliards de FCFA sur
les seules opérations de change d'une grande entreprise au cours de
l'exercice 2008 (source: la banque
concernée).
* 60 Pour les
créances douteuses non couvertes par la garantie de l'Etat et les
engagements par signature douteux, les provisions sont constituées selon
les modalités suivantes :
a) - provisionnement intégral dans un délai
maximum de trois ans des risques non couverts par des garanties
réelles ; la provision cumulée doit couvrir au moins 25% des
encours la première année et 75% la deuxième
année ;
b) - provisionnement intégral dans un délai
maximum de quatre ans des risques couverts par des garanties
réelles ; la provision cumulée doit couvrir au moins 15% du
total des risques concernés au terme de la première année,
45% au terme de la deuxième année et 75% au terme de la
troisième année
* 61 Voir COBAC, Rapport annuel
2007.
* 62 Madji A., «
L'institution d'un agrément unique dans la CEMAC : fondements,
critères d'admission et défis pour les banques »,
Etudes COBAC, disponible à l'adresse
http://www.beac.int/cobac/Publications/agreuniquecemac.pdf.
* 63 Au plus tard le 15 de
chaque mois, les banques transmettent les soldes des comptes (remises) au
Secrétariat Général de la COBAC. Les remises des
établissements de crédit collectées dans le cadre du
Système de Collecte, d'exploitation et de restitution des états
réglementaires (CERBER) sont traitées automatiquement et
produisent les états financiers réglementaires (retraités
selon les normes prudentielles). Le CERBER calcule le montant des provisions
pour créances douteuses que les banques doivent constituer.
* 64 Une série
chronologique comporte une tendance si son évolution sur une longue
période a la forme d'une droite. Elle comporte une saisonnalité
si son évolution comprend une variation cyclique relativement
régulière.
* 65 Pour une série
stationnaire, les coefficients d'autocorrélation doivent être compris entre -1 et 1.
* 66 La méthode des
moindres carrés ordinaires est celle qui a pour principe la minimisation
des distances, exprimée par la quantité.
* 67 Le LNPROCRED est
utilisé pour des raisons d'échelle. Les PROCRED sont
exprimés en millions, tandis que les MTB sont des unités.
* 68 En règle
générale, on distingue deux types de processus
non-stationnaires : les tendances déterministes (Trend stationnary
ou TS) et les processus non- stationnaires aléatoires (Differency
stationnary ou DS). Une série est de type Trend Stationnary lorsqu'il
faut supprimer la tendance pour la rendre stationnaire. De même, la
série est de typre Differency Stationnary lorsqu'il faut la
différencier pour la rendre stationnaire.
* 69 Une série est dite
intégrée d'ordre d s'il convient de la
différencier d fois pour la rendre stationnaire.
Différencier une série revient à réaliser la
différence des valeurs de la série par rapport à sa valeur
antérieure, soit DXt = Xt-Xt-1.
* 70 En règle
générale, la tendance constitue la composante la plus importante
des séries chronologiques. Cette composante peut être
étudiée à travers l'utilisation de techniques de lissage
pour modérer les contrastes dans la représentation de
l'évolution des valeurs de la variable étudiée, ou par les
techniques de régression afin d'ajuster une tendance aux données
de la variable étudiée. Lorsque la tendance de la chronique est
déterministe, c'est-à-dire bien marquée, les
méthodes de régression sont adaptées (Manga, 2006).
* 71 Lorsqu'une série
comporte une tendance, l'ajustement de la tendance peut être
réalisé à l'aide d'une droite de type. Lorsque la variable varie d'un montant absolu b d'une date a l'autre on a. Lorsque cette variable croit à un taux constant on ajuste la
tendance observée par une fonction de type. Une autre procédure d'ajustement de la tendance est d'utiliser
un modèle de trend autorégressif, donné par (Manga, 2006).
* 72 La corrélation
de deux variables mesure leur dépendance réciproque.
L'autocorrélation est un outil mathématique souvent
utilisé en
traitement du
signal. Elle mesure les dépendances internes d'un signal, c'est -
à- dire, la
corrélation
croisée d'un signal par lui-même. En présence
d'autocorrélation, les estimateurs des Moindres Carrés Ordinaires
sont sans biais, mais ne sont plus à variance Minimale et, les
écarts types usuels des MCO et les tests ne sont plus valides.
* 7374 « En
1987, Granger et Engel ont démontré que toutes les séries
cointégrées peuvent être représentées par un
modèle à correction d'erreur » (Manga 2005). Le
modèle à correction d'erreurs est une forme particulière
des modèles autorégressifs à retard
échelonnés (ARDL). Il peut-être interprété
à cet égard comme un modèle d'ajustement. A l'instar du
modèle d'ajustement, le coefficient du terme d'erreur n'est pertinent
que lorsqu'il est significatif et compris entre -1 et 0 (Voir Dupont L.).
* 75 La notion
d'équilibre renvoit à celle de stationnarité :
pendant que l'économiste parle d'équilibre, le statisticien parle
de stationnarité (Manga, 2006)
* 76 Voir à ce sujet
Dupont L, « Cointegration et causalité entre
développement touristique, croissance, économique et
réduction de la pauvreté : cas de
Haïti. », The George Washington University, p.11.
* 77 De manière
générale, l'évaluation des tests d'hypothèses se
fait sur la base de la comparaison des risques d'erreur de décision. Les
niveaux théoriques de risques, encore appelés seuils critiques ou
intervalles de confiance, communément considérés sont 1%,
5% et 10%. Le seuil de 5% est retenu dans la plupart des travaux
économétriques. Il signifie que la probabilité de se
tromper est de 5%, ou encore, que le résultat est fiable à
95%).
* 78 Le modèle VAR est
l'égalité entre le vecteur de la différenciation des
variables du modèle et la somme du vecteur des constantes, du produit de
la matrice des paramètres, du vecteur de la différenciation des
variables retard, et du vecteur des résidus d'estimation.
* 79 Voir à ce sujet,
« Synthèse du risque de crédit »,
Bulletin de la Banque de France, n°21, Septembre 1995.
|