Conclusion
Les ventes de disques ont connu de nombreuses années de
récession depuis 2002 avant que cette baisse ne commence à
vraiment ralentir en 2009. Le coupable de ce déclin a longtemps
été pour les maisons de disque le téléchargement
illégal. Aujourd'hui, les majors tentent enfin de trouver d'autres
solutions et commencent à faire, d'une part « une autocritique sur
la valorisation du produit musical45 » et d'autre part à
mettre en place de nouveaux modèles économiques prenant en compte
les possibilités qu'offre le web 2.0.
L'une des premières erreurs des maisons de disque a
été de considérer la musique comme un produit (le disque)
alors que ce dernier ne constitue en réalité qu'un support
permettant de diffuser la musique. En réalité donc, le monde de
la musique ne souffre d'aucune crise : les salles de concert qui ne
désemplissent pas et le succès d'autres supports (le Dvd musical
par exemple) viennent le prouver.
La demande pour le bien culturel ne s'essouffle pas mais le
disque cornait lui quelques difficultés, son prix doit donc s'adapter.
Avec l'arrivée de nouvelles technologies comme le lecteur MP3, les modes
de consommation de la musique d'une partie de la population se sont
transformées, la musique numérique apportant une certaine
souplesse de consommation que beaucoup recherchaient. Des sites de
téléchargements légaux ont ainsi été mis en
place afin de proposer une alternative au piratage mais l'utilisation de ces
plateformes légales restent encore trop minoritaire, ces
dernières n'étant pas encore assez attractives (prix,
qualité sonore ...). En effet, les maisons de disque ont loupé le
passage au numérique en tardant à proposer ces plateformes
légales (d'autres comme Apple avec Itunes ont été bien
plus réactives) mais elles semblent aujourd'hui avoir compris qu'il
fallait s'adapter à Internet. Ainsi, des accords avec certains sites
sont passés (Myspace, Deezer ...) et des exclusivités sont
souvent proposées aux internautes. Car Internet constitue un canal de
distribution énorme, il faut donc réussir à y mettre en
place un système favorable à la diffusion de la musique (et plus
largement à la culture) tout en respectant les droits d'auteurs. Ce que
vit le secteur de la musique est finalement plus une révolution qu'une
crise.
Au cours de ce travail de recherche, nous nous sommes
demandés, comment l'industrie musicale parvenait à s'adapter aux
nouveaux modes de consommation de la musique ?
45 « Crise de l'industrie musicale ou obsolescence du Cd
? » par E. Barreiro
Maxime Varloteaux - Mémoire de recherche - 76
Master 1 Management - Parcours Marketing
L'industrie musicale doit à présent placer le
consommateur au coeur de ses stratégies, il est nécessaire de
l'écouter et de le faire participer. Celui-ci a des attentes et des
besoins précis, il faut donc réussir à lui proposer des
technologies s'adaptant à son mode de vie. Le développement du
web 2.0 a donné à l'internaute un pouvoir important dans le
processus de choix et de communication de la musique enregistrée :
responsabilisation de l'internaute, personnalisation de la relation client et
intégration du consommateur dans la chaine de création de valeur.
Les individus sont ainsi passés du statut de consommateur à celui
d'acteur : les maisons de disque n'imposent plus leurs choix mais font
participer le client final.
Les stratégies multi-supports sont de plus en plus
récurrentes : les consommateurs étant changeant et leurs attentes
diverses et variées, une stratégie reposant sur un unique support
serait risquée. Il est donc plus judicieux de chercher à
optimiser les différents supports existants. Il ne faut donc pas
abandonner le disque mais le lier à différentes stratégies
de prix et de contenu. Il faut réussir à proposer des offres de
téléchargements légales diverses et attrayantes ; et
également profiter du fort potentiel du spectacle vivant qui peut se
révéler un moyen de limiter les pertes engendrées par la
crise du disque. Tous ces différents formats peuvent également
être liés pour proposer aux consommateurs une expérience
musicale plus intense (par exemple, un coffret avec l'album en disque et en
téléchargement ainsi qu'une place de concert).
De nouveaux moyens de financement de la musique sont
également apparus en parallèle du développement du web
2.0, les webradios et les sites de diffusion libre de musique financés
par la publicité rencontrent une vive popularité car ils savent
proposer des contenus riches et sont faciles d'utilisation. Cependant, il reste
à régler sur ce système de la diffusion libre la question
des droits d'auteur.
Il faut aujourd'hui également veiller à
favoriser la création et la diversité musicale car les
internautes, par le biais des espaces communautaires et de leurs blogs, jouent
un rôle important dans la promotion des artistes, si des nouveaux talents
de qualité leurs sont proposés, dès lors que ces derniers
plaisent, leurs promotions seront facilitées par les vertus virales de
ces sites. Les internautes peuvent même à présent
être bien plus que des prescripteurs de talent et parier sur les artistes
qu'ils souhaitent voir émerger (MyMajorCompany).
« En ce qui concerne, le téléchargement
légal, je ne vois plus l'intérêt avec Spotify, quitte
à ne plus posséder l'objet, autant l'avoir directement en
application et l'écouter indéfiniment sans encombrer son disque
dur » nous dit Anna sur le forum AgME46
46 Débat « MP3 vs Cd H dans
le chapitre 3 de la partie 2
Maxime Varloteaux - Mémoire de recherche - 77
Master 1 Management - Parcours Marketing
Et si finalement, l'avenir de la musique enregistrée
c'était cela ? Payer 9,99€ par mois pour avoir accès
à toute la musique que l'on souhaite. Plus besoin de supporter de
publicités intempestives, la possibilité de se créer ses
propres playlists et d'écouter sa musique n'importe où et
n'importe quand : de nombreux appareils peuvent lire l'application Spotify et
il est possible de mémoriser ses playlists et de les écouter
même hors connexion.
Un modèle qui reposerait sur la location de la musique
plus que sur son achat : tant qu'on l'on est abonné au service, on peut
en disposer librement. Les sites de diffusion de musique deviendrait ce qu'on
pourrait appeler des « fournisseurs d'accès à la
musique47 », la qualité et l'abondance de leur catalogue
deviendrait leur clé de succès. Des accords seraient
évidement passés avec les maisons de disque et les labels pour
rémunérer les différents acteurs à leur juste
valeur.
L'accès à la musique deviendrait alors plus un
service voir même un droit tout comme l'est celui à internet.
Aujourd'hui avec le besoin de mobilité permanente, la possibilité
d'avoir accès à sa musique partout serait une véritable
plus value. Et ce modèle constituerait également un
véritablement moyen de démocratiser la musique car
acquérir quelques albums de temps en temps n'est plus une solution
crédible dans ce monde en illimité
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M.Lebel
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