Rwanda, un génocide colonial, politique et médiatique( Télécharger le fichier original )par Mathieu OLIVIER Université Paris 1 - La Sorbonne - Master de Relations Internationales et Action à là¢â‚¬â„¢Etranger 2013 |
La faillite du quotidien de référenceLe journal Le Monde a donc été l'objet de nombreuses études. D'une part, parce qu'il concentrait toutes les dérives observables dans le conflit rwandais. D'autre part, il a été particulièrement observé pour une raison simple : il est considéré comme le quotidien de référence français, notamment au niveau des relations internationales et de la diplomatie. Ce statut de chef de file est directement hérité de son prédécesseur, Le Temps, et fait de lui une sorte de relais officiel de la diplomatie française. Cette position est la plupart du temps un avantage, dans l'abondance de sources et de contacts, bien et haut placés. Cependant, le conflit rwandais a semblé montrer les limites de cette position puisque ce sont justement les sources habituels du journal qui ont été au centre des critiques et qui auraient dû être sujets aux enquêtes. Jean-Paul Gouteux revient sur cette place, difficile à gérer, du journal Le Monde, en introduction de son étude. Le passage peut tout aussi bien servir de conclusion à la partie que nous avons consacré au quotidien. « Ce journal n'était pas le seul à alimenter la désinformation sur la question rwandaise. Loin de là. Jusqu'en 1998, à quelques exceptions près, le mensonge d'état s'est imposé, sous de multiples formes, à l'ensemble du paysage médiatique français. Mais Le Monde donnait le la, ainsi que c'est sa fonction d'une manière générale dans la conscience collective. S'il s'est distingué, c'est dans la mesure où il exprimait (et il exprime toujours) ce qui s'approchait le plus de ce qu'on pourrait appeler la version officielle. Être le porte-parole d'un pouvoir dont l'implication dans ce drame n'en finit pas d'être confirmée et attestée, livres après livres, rapports après rapports, n'était certes pas une fonction facile à remplir. Cela l'obligeait à des silences consternants, des impasses scandaleuses, un traitement somme toute minimal avec des distorsions permanentes du peu d'informations distillées. »3(*)3 IV- * 33 Jean-Paul Gouteux, Le Monde, un contre-pouvoir ?, Editions L'Esprit frappeur, 1999 |
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