3.2 Quelle forme de réseau économique autour
de la Baltique ?
Si l'on cherche à faire la synthèse de ces
éléments, au regard de la question de la régionalisation,
la réponse doit être nuancée et en réalité
deux types d'échanges maritimes se profilent : des lignes entre les
ports de la Baltique et les ports de la rangée Nord européenne
dont surtout Rotterdam, Hambourg, Brème/Bremerhaven et Anvers. Ces
lignes, dévouées au trafic de conteneurs s'insèrent dans
une logique de « hub and spoke ». Les conteneurs en provenance de
l'Amérique, du Sud-est asiatique sont transportés par des
porte-conteneurs vers les grands ports de la « Northern Range ». Dans
ces ports, les biens sont chargés sur des navires plus petits et
transportés vers les ports de la Baltique comme Riga ou Gdynia ou
vice-versa et plus loin par rail ou par route vers les pays d'Europe centrale
ou de l'est. Le pré et le post acheminement sont donc effectués
par « feedering » entre la Baltique et ces ports pivots situés
en mer du Nord et prenant le titre de « hub » (Serry, 2006). Soit ce
« feedering » se fait par axes, soit il prend la forme d'une
rotation, les feeders passant alors dans plusieurs ports et dessinant une
boucle. Dans ce premier type de liaison, les marchandises ne font que «
transiter » par la Baltique. Les autres liaisons les plus présentes
sont, quant à elles, des relations « intra-baltiques » et qui
sont essentiellement de type ferry ou « ro-ro ». Ces
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relations connectent véritablement les espaces
riverains et les échanges se font entre des « Suds » (Pologne,
Pays Balte) et des « Nords » (Suède, Finlande, Allemagne,
Danemark). Dans cette seconde situation, le poids de l'Allemagne n'est plus
aussi fort.
Ce point est essentiel pour déterminer si, en Baltique
se dessine ou non un réel réseau de villes et plus encore une
véritable régionalisation. Tom Schumacher insiste sur
l'importance de la politique étrangère de l'Allemagne dans
l'espace baltique mais précise que « d'un point de vue
géographique, l'espace baltique ne présente pas un
intérêt primordial pour la politique étrangère
allemande. L'Allemagne diffère en cela de la plupart des autres pays
riverains de la Baltique surtout de la Suède »230.
Bien que pour beaucoup de voisins, l'Allemagne soit le plus important ou le
deuxième plus important partenaire commercial, il n'est pas
contesté que les intérêts de l'Allemagne les plus
importants se trouvent hors de la Baltique. Seuls des petits pays comme les
pays baltes sont fortement dépendants du commerce régional. Or
« la mer Baltique ne peut pas exister comme une entité
économique cohérente si son principal acteur n'est pas
complètement intégré à la
région231 ». Cet élément est
essentiel pour comprendre la différence qui existe entre Brème et
Gdansk, Riga. Au-delà de cet élément, peut-on
véritablement parler de réseaux des flux baltiques au regard des
cartes autrement qu'en utilisant la notion de réseau « polaire
» ou éventuellement en « arbre » et en parlant de faible
connectivité ? En réalité, cela est partiellement vrai :
le trafic de conteneurs suit cette logique et fait de la Baltique le support
d'axes et non d'un réel réseau mais il ne représente que
7% du volume des échanges en Baltique. Il révèle cependant
la restructuration actuelle des échanges dans les ports baltiques. Mais
il faut nuancer et le système des rotations permet déjà
une forme de liaison intra-baltique. Les trafics ferries ou de type ro-ro sont
véritablement la forme la plus aboutie de régionalisation. Or
dans ce type de transport, il apparaît que Brème est relativement
exclu.
230 SCHUMACHER, T., « La politique
étrangère de l'Allemagne dans l'espace baltique », in :
AUCHET, M., BOURGUIGNON A. (2001), Aspects d'une dynamique
régionale: Les pays nordiques dans le contexte de la Baltique,
Nancy ,Presses Universitaires de Nancy, pp.281
231 GOTZ, N., HACKMANN, J., HECKER-STAMPEHL, J. (dir.),
(2006), Op.Cit., pp.87 : «Die Ostseeregion kann nicht als eine
kohärente wirtschaftliche Einheit existieren, wenn ihr Hauptakteur nicht
voll innerhalb des Gebietes integriert ist»
Carte n°8 (Chorème) : Quelle forme de
réseau économique autour de la Baltique ?
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