3.3 Les difficultés d'usage du mot Hanse dans la
toponymie
Mais le choix du mot Hanse présente également un
certains nombre de contraintes qui sont aussi le revers de ses
qualités.
Il n'est utilisable que dans les pays baltiques128
et le terme est peu connu en France et inconnu en Espagne. En clair, une
entreprise portant un nom lié à l'univers de la Hanse pourra
avoir des ambitions régionales mais pas internationales. Pour Ojars
Sparitis, c'est l'une des raisons pour lesquelles cette mode du label «
Hanse » va s'estomper dans l'avenir. L'autre raison étant que ce
symbole n'appartient pas à la symbolique nationale.
C'est d'ailleurs un paradoxe qu'un symbole concentrant encore
de nombreux stéréotypes puisse malgré tout être
intégré comme « label » dans la ville. L'idée
est trop vague, arbitraire même et le
125 Cette affirmation découle d'une étude des
adresses de l'annuaire et d'une observation de terrain
126 Interview du 12/02/08 avec Jens Joost-Krüger,
responsable du marketing de la ville de Brème
127 Interview du 18/02/2008 avec Peteris Blums, architecte
à Riga
128 Interview du 19/02/08 avec Ojars Sparitis, ancien
directeur de la Maison des Têtes Noires, actuel directeur de
l'académie des Arts de Lettonie
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signe ne ramène plus à la chose. Le nom Hanse,
trop souvent utilisé, n'a plus aucune teneur historique : les habitants
se sont habitués à un terme qu'ils pensent maîtriser mais
qu'ils ne maîtrisent pas. C'est ce que montre Alexander Sologubov
à propos de Kaliningrad/Königsberg dont il étudie la «
Logosphère » (Bart, 1994). Il analyse les symboles qu'il nomme
Zeichnungen utilisés dans les noms des magasins129 :
« Le symbole « Kant » » est pour les habitants de
Kaliningrad devenu une routine et est utilisé de manière
automatique. Les touristes réagissent souvent avec étonnement
face à ce que les habitants considèrent comme normal. Voici la
réaction d'un visiteur : la personne la plus importante est Kant ! C'est
fou, combien de personnes ont lu Kant dans ce pays ? »130
La Hanse est donc présente chez les acteurs publics et
privés de la régionalisation à l'échelle de la
ville et est partagée partiellement par les villes de Brème,
Gdansk et Riga. Mais au-delà des représentations, peut-on
observer des pratiques permettant d'évoquer une utilisation
concrète du concept de « Hanse » ? Barbara Bossak
considère que les monuments mobilisent les actions collectives (Loew,
Pletzing, Serrier, 2006). Pour relancer la question posée par Peter
Oliver Loew, la mythologie hanséatique peut elle être un support
à l'action ou reste-t-elle enfermée dans la sphère des
représentations ? Quelles sont ces formes « d'actions
collectives » que la Hanse peut mobiliser ?
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