CHAPITRE PREMIER
APERÇU GENERAL SUR
LE BASSIN DU KASAÏ
I. 1. LOCALISATION DU BASSIN
VERSANT DU KASAI
Le bassin du Kasaï est situé dans la partie
méridionale de la République Démocratique du Congo, et
dans la partie septentrionale de la République d'Angola (carte 1). Il
est limité longitudinalement entre 15°30' et 25° Est d'une
part, et latitudinalement entre 1° et 12° Sud d'autre part. Il
occupe une superficie de l'ordre de 904.000km2, et couvre
pratiquement 40% du bassin du fleuve Congo.
Sa portion Sud-ouest, située en Angola, correspond
à 27,6% alors que le reste s'étend entièrement en
République Démocratique du Congo, précisément, dans
les provinces de Bandundu (33,4%), les deux Kasaï (27,9%), le Katanga
(10,9%) et l'Equateur (0,2%) (DEVROEY, 1939).
Le Kasaï prend sa source en Angola par 12° de
latitude Sud et 19° de longitude Est, non loin du plateau de 1500m
d'altitude où le Zambèze trouve également son origine. Il
est gonflé des eaux de nombreux affluents et est le principal
tributaire du fleuve Congo dans l'hémisphère sud.
I. 2. SOL ET VEGETATION
Le sol du bassin du Kasaï peut être
subdivisé en deux types : sols ferralitiques et sols ferrugineux
tropicaux (ALONI, 1999).
A chaque type de sol correspond un type de
végétation. Les sols ferralitiques occupent la partie nord du
bassin, c'est-à-dire la partie sud de la cuvette centrale qui est le
domaine de la forêt équatoriale, tandis que les sols ferrugineux
tropicaux s'étalent sur le Kwango - Kwilu et le plateau du Kasaï et
portent une forêt dense sèche, forêt claire et des savanes
(NICOLAI, 1964).
Les visites sur le terrain nous ont permis d'observer une
forêt de galerie luxuriante le long de la rivière Kasaï dans
son tronçon Charles ville et Ilebo. Une forêt qui garde encore
toute son essence naturelle ou primaire.
I. 3. LA GEOLOGIE DU
BASSIN
Le bassin du Kasaï appartient à la série du
Kwango. Dans les couches du profil d'équilibre de cette dernière
rivière et de la Wamba, les mésozoïques de base
présentent un faciès géologique qui porte à les
raccorder à la formation de l'unité du Lualaba. Il s'agit des
formations qui reposent sur le soubassement ancien par l'intermédiaire
d'un conglomérat probablement fluviatile. Le contact entre les couches
de recouvrement (série du Kwango) et le substratum n'est pas connu avec
précision. Il s'agit d'un crétacé supérieur,
constitué notamment de grès micacés, de grès
tendres, et des argiles.
Cette vaste région du sud du Congo est située
entre le Congo Occidental et le Katanga. Les terrains de couverture y sont
très développés et le soubassement n'affleure souvent
qu'au fond des vallées profondes.
Totalement isolées du soubassement du Congo occidental
par les hauts plateaux du Kwango, les formations du soubassement du
Kasaï-Lomami sont, actuellement encore, difficiles à raccorder
à celles du Katanga. Dans l'état actuel des connaissances, seule
est quelque peu connue la formation la plus récente du soubassement
constituée par le système de la Bushimaie qui fait partie du
Katanguien.
Du point de vue lithologique, les formations
antérieures au système de la Bushimaie, dans le socle ante -
Bushimaie du Lomami - Kasaî, sont constituées des migmatites, de
granites et de roches basiques (CAHEN, 1954).
Les couches stratigraphiques dans le bassin du Kasaï se
présentent de la manière suivante (de bas en haut) :
1° Les roches archéennes :
il existe ici trois grandes unités (DELHAL et al, 1975 ;
DELHAL, 1977 ; LAVREAU, 1982 ; CAHEN et al, 1984 ; BLACK,
1985) :
- Le complexe des gneiss et granulites de la Haute
- Luanyi : ce complexe est constitué de roches
gneissiques du granulite faciès datées à 3,5 Ga.
- Le complexe gabbro-noritique et charnockitique
du Kasaï-Lomami : cet ensemble comprend des gabbros et
des norites parfois recoupés par des dykes de dolérites ; le
tout apparaissant au sein des paragneiss. Toutes ces roches ont
été déformées par le processus de charnokitisation
au cours de l'événement tectono-métamorphique
qualifié de « l'épisode Musefu » daté
à 2,8 Ga (DELAHAL et al., 1986).
- Le complexe des migmatites et granites
migmatitiques de Dibaya : il s'agit d'un vaste assemblage de
granites calco-alcalins et de migmatites granitiques à tonalitiques
contenant localement des septa d'amphybolites et de pyroxénolites. Les
granites de ce complexe ont été datés à 2,6 Ga,
alors que l'événement thermotectonique ayant entrainé la
« migmatisation » est qualifié
« d'épisode Moyo », lequel remonte à 2,7 -
2,6 Ga.
2° Les roches du protérozoïque
inférieur : elles sont représentées par
le « complexe métasédimentaire de Luiza et le complexe
Lukochien ».
- Le complexe des roches
métasédimentaires de Luiza : ce complexe est
aussi appelé « Luizien » et comprend des
quartzites, des amphibolites, des micaschistes et des itabirites. L'ensemble de
ces formations a été tectonisé avec son soubassement
gneissique autour de 2,4 Ga au cours de l'événement
tectono-métamorphique dit « Mubindji » (DELHAL et
LEDENT, 1973).
- Le Lukochien : situé
au SW du Katanga, il se subdivise en deux groupes :
a. Groupe supérieur :
composé de roches schisteuses et phyllades, divers quartzites avec
passage éventuel latéral, par métamorphisme, à des
micaschistes, amphibolo-schistes, à des quartzites métamorphiques
et à la base un poudingue à éléments calcaires et
de schistes phylladeux provenant de l'érosion des couches
supérieures du groupes inférieur.
b. Groupe inférieur :
comprend des roches schisteuses et phylladeuses micacées souvent sombres
et graphiteuses, avec lentilles et bancs de calcaires cristallins à
grain fin, des quartzites, arkoses, schistes, graphiteux, quartzo-phyllades et
quartzites.
3° Les roches du
protérozoïque moyen : il s'agit du
« complexe volcano-sédimentaire de la Lulua »
constitué de grès feldspathiques, des arkoses, des conglomerats,
des calcaires et de quelques coulées basaltiques. Les laves ont
été datées à 1,4 Ga.
Cependant, il convient de noter que les rapports entre le
groupe de Luiza et celui de la Lulua sont très controversés.
Certains auteurs, comme (DELHAL et LEDENT, 1973 ; CAHEN et al., 1984)
pensent que ce dernier serait plus récent que le groupe de Luiza et
par contre, d'autres auteurs récemment comme (FIEREMANS, 1991 ;
DELHAL et al., 1989) soutiennent plutôt que ces deux groupes seraient de
même âge, mais qu'ils seraient par contre affectés par un
métamorphisme différent réalisé dans deux domaines
structuraux distincts.
FIEREMANS en 1991, regroupe ces deux ensembles dans un seul
supergroupe qu'il dénomma « Supergroupe Lulua -
Luiza ». Il s'agit au départ d'un ensemble des roches volcano
- sédimentaires déposées dans un fossé
géosynclinal appelé « fossé
Luizien », lequel s'étendrait sur plus de 300km de long et
plus de 60km de large et se serait formé lors de la réactivation
du craton du Kasaï (Archéen).
Ce fossé géosynclinal, limité au nord par
le complexe de granites migmatitiques de Dibaya (Archéen), et au sud par
le complexe gabbro-noritique et charnockitique du Kasaï - Lomami
(Archéen), serait comblé par les formations volcano -
sédimentaires ayant par la suite été plissées et
plus ou moins métamorphisées.
4° Les roches du protérozoïque
supérieur : Il est représenté par le
« Supergroupe de la Bushimaie », épais d'environ
1600m, et comprend de haut en bas :
a. Le groupe
schisto-calcaire (plus de 1030m de puissance) : il comprend
des basaltes amygdaloïdes au sommet, et un puissant ensemble
calcoro-dolomitique avec des passées de roches schiteuses (schistes
foncés, dolo-schistes, ...) et des quartzites vers la base.
b. Le groupe
schisto-gréseux (+/- 450m de puissance) : Il comprend
des conglomérats, des schistes et psammites argileux rouges, des
psammites et grès psammitiques ainsi que des intercalations
cherto-dolomitiques.
5° Les formations de
couverture
- Le paléozoïque :
quelques lambeaux du groupe de la Lukuga sont rencontrés
au Kasaï occidental, conservés dans les dépressions du
socle. Ils sont d'âge permier inférieur-Carbonifère
supérieur.
- Le Cénozoïque : a.
Formation des « grès polymorphes »
(Kalahari inférieur) : Paléogène ;
b.
Formation des sables ocres (Kalahari supérieur) :
Néogène ;
c. Alluvions
holocènes de basses terrasses et de plaines alluviales, sables et
graviers pliopléïstocènes occupant les aplanissements
d'érosion de la fin du Cénozoïque et du
Pléistocène.
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