5.2. Faiblesse de
l'Observateur Indépendant officiel
La présence de l'OIF permet au public de
dénoncer des cas d'exploitation illégale malgré que l'OIF
actuelle insiste sur le fait qu'elle ne peut pas faire une mission de terrain
sans un ordre de mission préalable du Ministre tel que prévoit
les TDR de leur contrat (GW et Al, 2012). Cette contrainte ne leur
permet pas de faire des missions spontanées de vérification dans
les chantiers d'exploitation forestière. A cet égard, la
reconnaissance du rôle des communautés et OSC dans la
participation à la surveillance de la gestion forestière fait
partie des propositions de la société civile pour la
révision de la loi forestière (Rapport Annuel de la Transparence,
2011). La prise en compte d'une telle recommandation permettrait de formaliser
l'observation indépendante locale menée par les
communautés et les OSC. Mais cette formalisation ne sera effective
qu'à travers l'adoption d'une stratégie bien
réfléchie visant une synergie et une plate forme d'échange
constante entre les communautés la société civile et
l'administration forestière.
5.3. Relation population-ONG
locales
La réalisation du présent système
d'information prévoit initialement un rôle capital de la part des
ONG locales installées dans les communautés pour la
remontée des informations des sites d'infractions jusqu'au niveau des
services administratifs compétents avec l'inévitable
participation des populations. Mais nous constatons tristement que les rapports
populations locales - ONG locales ne sont pas toujours cordiaux.
En effet la place croissante des ONG du Nord, puis du Sud,
dans les opérations de développement rural est un
phénomène qui suscite de multiples interrogations. Si les
méthodes d'intervention de ces organisations marquent
indéniablement une rupture par rapport aux formes lourdes et rigides des
appareils étatiques de développement, cette rupture n'est pas
forcément perçue par les populations concernées.
Les ONG forment en fait une nébuleuse extrêmement
complexe et diversifiée. Pourtant, elles développent autour de
leurs principes et de leurs modes d'intervention un discours remarquablement
homogène :
a) leur statut d'associations sans but lucratif et non
gouvernementales garantit le caractère
« indépendant » et
« désintéressé » de leur action ;
b) leur activité s'organise autour des besoins
prioritaires de la population, et notamment des couches les plus
défavorisées ;
c) les actions concrètes sont définies à
partir du terrain, sur la base d'un dialogue réel avec la population, et
leur mise en oeuvre repose sur la participation consciente et volontaire de
celle-ci ;
d) en tant qu'intervenant extérieur, l'ONG ne constitue
pas une structure propre et durable, mais un relais entre la population et les
structures d'encadrement existantes.
Si ce type de discours rencontre généralement un
écho favorable auprès des autorités politiques, des
bailleurs de fonds, sa traduction effective au niveau des populations
concernées s'avère souvent délicate et aléatoire.
Déjà devenus très méfiants des promesses et
discours extérieurs, les paysans attachent de nos jours moins
d'importance aux intentions ou convictions des volontaires des ONG qu'à
leurs actions concrètes.
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