UE 23 : Mémoire professionnel
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Melle Puy Gaëlle
Directeur : Claude FABRE, MCF, IUFM de Montpellier,
UM2 Tutrice : Candide NARO, PRAG, IUFM de Montpellier, UM2
Mai 2012
« La théorie des intelligences
multiples
d'Howard Gardner »
Un nouveau regard sur la manière
d'apprendre.
M E F MÉTIERS D E L'ENSEIGNEMENT E N E C O N O M I E E T
GESTION DES ORGANISATIONS
-Remerciements-
Je tiens à remercier l'ensemble des personnes qui,
grâce à leur aide et à leur disponibilité, m'ont
permis de réaliser ce master et ce mémoire. Je souhaite remercier
tout particulièrement :
Ma fille Noëmie pour sa patience et sa
compréhension durant les longues heures où elle a attendu ma
disponibilité.
Mes parents qui ont éveillé mon regard sur la
vie et qui ont indirectement influencé le choix de mon thème.
Mes enseignants Madame Candide Naro et Monsieur Claude Fabre
pour m'avoir fait confiance en me sélectionnant, pour leur savoir
transmis, pour leur expérience, et pour l'ensemble de leur travail
durant ces deux années qui m'ont faites grandir intellectuellement et
humainement.
Mes camarades de promotion avec lesquels le soutien et les
nombreux échanges sur nos thèmes respectifs ont nourris notre
réflexion. Et nottament Ludovic Macchi et Camille Lhomme avec qui nos
sujets et affinités amicales et intellectuelles nous ont permis un
partage d'expérience et de réflexion.
Deux enseignantes qui m'ont apportés leurs conseils et
éclairages lors de ces deux années de master, Madame Nadia
Chabbert et Madame Stéphanie Barrès. Pour m'avoir reçue
dans leur classe, formée et soutenue, je les remercie.
Monsieur Nicolas Khur, enseignant en philosophie, pour ses
éclairages sur le vécu scolaire des élèves dont il
a fait sa spécialité.
Indirectement, merci à Monsieur Howard Garnder d'avoir
l'année de ma naissance (1983), publié sa thèse, «
Frames Of mind », dans laquelle il démontre qu'il n'y a pas une
intelligence mais un ensemble d'intelligences autonomes les unes des autres.
Howard Garnder
Et toute l'équipe pédagogique et adinistrative de
l'IUFM de Montpellier.
P.01
P.02
-Sommaire-
Résumé
Introduction
I) La théorie des intelligences multiples,
pour tenter de poser des mots sur une négation scolaire et sociale,
responsable de
P.05
nombreux maux
A. P.05
Du côté de la littérature sur
l'intelligence
P.06
P.07
P.10
I.A.1. Qu'est ce que l'intelligence ?
I.A.2. Qu'est-ce que la théorie des IM
(Intelligences multiples) ?
I.A.3. Quelles différences entre
compétence et intelligence ?
B. Quels liens entre théorie des intelligences
multiples, sciences de l'éducation
P.11
et travail de l'enseignant
I.B.1 Notre système d'enseignement, largement
basé sur des critères logico-mathématiques
P.11
et verbaux I.B.2. Une fracture entre la
multiplicité de schémas de cognition de l'être humain
et
P.12
l'étroitesse des critères de notre
système d'enseignement I.B.3. Les intelligences multiples, une
approche différente comme recours aux
P.13
problématiques scolaires
C.
P.14 P.14 P.14
Problématique générale
I.C.1. Cadre réflexif de la problématique
générale
I.C.2. Hypothèses de départ
P.15
P.15
P.15
P.16
P.17
P.18
P.27
P.27
P.28
II) La négation de la probable
réalité scolaire des intelligences
multiples peut-elle être observée
auprès des élèves ?
A. Opérationnalisation de la problématique :
Recherche de terrain visant à
observer l'attrait des élèves pour les
différentes formes d'intelligences
II.A.1. Présentation du protocole
d'enquête, des outils, et de l'approche
employée II.A.2. Justification du protocole
d'enquête, des outils, et de l'approche
employée
B. Les résultats du terrain
Présentation et analyse des résultats
obtenues par un regard croisé selon le niveau des
élèves
C. Analyse des résultats : L'attrait des
élèves pour les différentes formes
d'intelligences se module selon le niveau scolaire
II.C.1. Apport des résultats obtenues et point de
vue de l'auteur du
mémoire
II.C.2. L'évolution de l'intelligence, du
côté de la recherche contemporaine
III) En 2012, les applications pédagogiques
préconisées par la
théorie des intelligences multiples
ont-elles trouvées leur place dans le paysage scolaire
(français), comme l'appelait de
ses voeux Howard Gardner en 1983 ?
A. Les intelligences multiples dans les apprentissages
B. Discussions et conclusions
Références
Annexes
|
P.30 P.30 P.35
P.37 P.40
|
« Tout ce qu'on apprend à l'enfant, on
l'empêche de l'inventer ou de le découvrir ».
Jean Piaget
Résumé
Ce mémoire s'appuie principalement sur l'ouvrage «
la théorie des intelligences multiples » d'Howard Gardner. Pour
l'auteur, il n'y a pas une forme d'intelligence, mais l'être humain est
doté d'un panel d'aptitudes mentales qui lui permettent de s'adapter
à son environnement, de construire son futur et de se procurer du bien
être. Sa thèse met en évidence sept formes d'intelligences,
toutes présentes chez l'être humain et plus ou moins
développées selon le vécu personnel et
l'individualité de chacun.
La théorie des intelligences multiples
développées en 1983 par Howard Garner a été
élaborée en parallèle d'avancées
considérables en sciences neurologiques et a permis de vérifier
la corrélation entre la cognition et les missions des différentes
parties du cerveau. Très vite, Howard Gardner a orienté son
travail vers des questions éducatives. Il a rapidement établi un
lien entre l'influence inconsciente ou non de l'enseignement sur le sujet jeune
et l'évolution de son intelligence. Dès lors, il pense qu'un soin
tout particulier doit être apporté à l'élaboration
des programmes scolaires, afin de respecter la diversité des
intelligences pouvant s'exprimer à l'école, et de
réfléchir à plus long terme au type d'intelligence que
l'on souhaite favoriser.
Le dispositif PISA (Programme for International Student
Assessment) est « une enquête menée tous les trois ans
auprès de jeunes de 15 ans dans les 34 pays membres de l'OCDE et dans de
nombreux pays partenaires. Elle évalue l'acquisition de savoirs et
savoir-faire essentiels à la vie quotidienne au terme de la
scolarité obligatoire. Les tests portent sur la lecture, la culture
mathématique et la culture scientifique et se présentent sous la
forme d'un questionnaire de fond », source :
www.ocde.org. Cette
enquête montre qu'aujourd'hui, les deux intelligences les plus
sollicités à l'école sont l'intelligence verbale et
l'intelligence logico-mathématique. De fait, un élève peut
être qualifié en échec scolaire sur la seule observation de
ces critères. Ce phénomène ne respecte pas la cognition
naturelle selon Howard Gardner, et laisse de nombreux talents sur le bord du
chemin, et à quel prix pour nos sociétés contemporaines
?
En effet, si l'on prend le problème à l'envers,
on peut s'interroger sur l'intérêt d'un développement des
compétences individuelles dans le but de servir les besoins sociaux et
économiques contemporains en lieu et place d'un développement
individualisé et créatif basé sur des aspirations
individuelles.
2
Introduction
Howard Gardner espère que les intelligences multiples
(prouvées en neurosciences) seront un jour reconnues par la
communauté éducative et intégrées dans la formation
des enseignants. Il aspire à une école qui formerait les
individus à un avenir propre à leur combinaison d'intelligence et
leurs aspirations personnelles, afin de construire une société
plus diversifiée et sans cesse renouvelée. Il milite pour des
apprentissages individualisés en opposition à une école
uniformisée.
Ce mémoire a pour ambition de présenter la
théorie des intelligences multiples d'Howard Gardner et les applications
pédagogiques qui y sont liées. L'idée de ce thème
m'est venue en pensant à mon expérience professionnelle. Qui n'a
pas souffert d'une mauvaise ambiance professionnelle en se demandant comment
une personne étant arrivée à ce niveau de
responsabilité pouvait s'avérer si incompétente
humainement ? A cette question, j'ai repensé à mes études
et aux personnes qui par des stratégies relationnelles avaient pu
réussir de la même façon que d'autres ayant
travaillées beaucoup plus. Cette constatation n'a bien entendu rien de
scientifique mais elle a orienté mon travail. C'est à travers des
lectures à caractère psychologique que j'ai découvert
l'existence de la théorie des IM et que j'ai pu mesurer l'ampleur de sa
diffusion à travers le monde depuis 29 ans.
J'ai alors souhaité en faire l'objet de mon
mémoire, tant ce sujet sera un des axes de ma carrière
d'enseignante : considérer chaque élève individuellement
et tenter de proposer une pédagogie suffisamment diversifiée pour
que tous les talents s'expriment. Ce mémoire interroge à travers
une investigation de terrain, les élèves sur la mesure de leur
considération individuelle par l'école à travers le prisme
de ce panel d'intelligences. Il vise à savoir s'ils se sentent reconnues
et par quelle pédagogie ils sont le plus susceptibles de
s'épanouir. Cette recherche me permettra de mieux adapter mes futures
pratiques professionnelles. Cela revient en fait à leur donner la
parole, sur des questions en lien avec une vision anticonformiste de
l'école dans laquelle l'étendue découverte à ce
jour des intelligences de l'être humain trouverait une reconnaissance
scolaire au même titre que l'intelligence logico-mathématique et
verbale par exemple.
L'objet d'analyse est la thèse d'Howard Gardner, «
Frames Of Mind », de 1983, dans laquelle il présente ses recherches
en matière d'intelligences et ses intentions pédagogiques. Dans
mon TER (travail encadré de recherche), j'avais fait un focus
particulier sur l'intelligence émotionnelle. Celle-ci comprend les
aptitudes relationnelles : d'empathie, de compassion, d'honnêteté,
de pro-activité, de maîtrise de soi et de ses rapports aux autres.
J'ai interrogé son explicite enseignement et évaluation à
l'école, et constaté que certaines filières permettent des
réussites brillantes à des personnes « incompétentes
» relationnellement au sens de Gardner.
orientation
Emploi
· parcours de formation uniformes
· hésitation : manque de sérieux
Formation
· décrochache
· violence scolaire
· inadaptation
· chômage
3
La problématique de la prise en compte des
intelligences multiples à l'école présente selon l'avis
que je me suis forgé à ce jour de mes lectures deux enjeux
majeurs. Ces enjeux sont le décrochage scolaire et son lot d'incidents
(absences, retard, violence, manque de travail...) et la possible prise en
charge d'élève dyslexique ou en grande difficulté
scolaire, par la valorisation égalitaire de capacités
variés et différentes. Ceci consiste une part de l'objet du
travail du Dr ZEKRI-HURSTEL repris dans son ouvrage « l'alphabet des 5
sens ». Cette analyse d'une mise au coeur du dispositif de l'acteur n'est
pas sans rappeler le triangle pédagogique de Jean Houssaye, (savoir,
enseignant, apprenant). La théorie des IM irait au-delà en
mettant le savoir au centre d'un triangle : apprenant, enseignant,
société qui choisiraient conjointement et au plus près des
besoins et possibilités de l'apprenant l'objet du savoir d'une part
raisonnée, mais le vecteur du savoir totalement repensé.
L'enjeu étant au-delà de l'apprenant, un
modèle de société, l'observation d'un système de
formation avec ou sans la théorie des IM peut s'observer à deux
moments clés. Avant et pendant la formation et à la sortie du
temps de formation :
Schéma 1 : « Processus de formation sans
la prise en compte des IM » :
Gaëlle Puy MEF 2 IUFM Montpellier Juin
2012
Premièrement, lors de l'élaboration des
programmes, le manque de concertation avec les individus apprenants est source
de démotivation et de violence scolaire. Après l'obtention des
diplômes, l'uniformité des compétences des individus limite
le renouvellement des sociétés et sclérose les
innovations.
orientation
Emploi
· parcours de formation diversifiés
· hésiter et tatonner: construction de soi
Formation
· motivation
· entraide et ouverture d'esprit
· adaptation
· création
4
Schéma 2 : « Processus de formation
prenant en compte des IM » :
Gaëlle Puy MEF 2 IUFM Montpellier Juin
2012
Deuxièmement, des programmes de formation
réalisés en concertation d'acteurs plus étendus et
notamment à caractère sociaux ou au-delà des acteurs
à caractère plus économiques ou «
financiarisés », permettraient des formations plus
égalitaires aux sociétés fortes et
bénéficiaires de travail. Au delà de la
paupérisation financière, la fracture sociale peut être
également le reflet d'une paupérisation intellectuelle : des
formations inadaptées à des acteurs et des emplois
inadaptés aux besoins de ces derniers. La théorie des IM propose
de remettre l'individu au coeur du système.
Howard Gardner plaide en faveur d'une école ou pourrait
s'exprimer tout un spectre d'intelligences qu'il faudrait considérer
à part égale pour une prévention des échecs
scolaires et une société équilibrée.
En 1983, en livrant sa théorie, il anticipe en
conclusion de son ouvrage, des applications possibles qu'il imagine
réalisées en 2013. A l'aube de cette année, nous
constatons que ses projections et les applications concrètes de son
oeuvre sont toujours aujourd'hui à la marge.
Le présent mémoire est à caractère
professionnel, il est structuré en trois parties. Après cette
partie introductive nous développerons la partie théorique. Elle
passe en revue la littérature et les notions clés se rattachant
au thème en question et annonce la problématique. La
troisième partie présente une analyse pratique en
opérationnalisant la problématique et en déduisant les
résultats. Ces derniers sont issus d'un questionnaire diffusé
à un échantillon d'élèves du secondaire, et donne
la parole dans un cadre précis sur des questions en liaison avec la
théorie des IM et le vécu scolaire des élèves.
Enfin, la partie conclusive revient sur la théorie par les applications
pédagogiques liées et propose une conclusion
générale.
5
I) La théorie des intelligences multiples,
pour tenter de
poser des mots sur une négation scolaire et
sociale responsable de nombreux maux.
La partie théorique devra nous amener à
déterminer et clarifier la problématique du mémoire et les
implications pédagogiques de la théorie des intelligences
multiples. Le cheminement de pensée suivi cette année de master
2, part de l'intelligence émotionnelle (réalisé lors du
Travail Encadré de Recherche) pour arriver à la théorie
des intelligences multiples de Gardner.
A. Du côté de la littérature sur
l'intelligence
Comme nous l'avons vu en introduction, l'ouvrage de
référence du mémoire est « Les intelligences
multiples ». Dans l'adaptation de son ouvrage en 1996, Howard Gardner
propose une étude sur la prise en compte des différentes formes
d'intelligence pour changer l'école. Ce livre développe l'angle
éducatif de la théorie des intelligences multiples.
La première partie du livre présente les sept
formes d'intelligences et lie la théorie avec les sciences de
l'éducation.
En deuxième partie, « éduquer les
intelligences », Howard Gardner commence par expliquer comment dans quelle
mesure il serait possible de mettre en oeuvre une pédagogie des
intelligences multiples, et l'engouement des personnels d'éducation
américains pour celle-ci. L'auteur y décrit deux projets : le
projet SPECTRE basé sur la « pensée IM » en maternelle
et le projet IPPE (Intelligences Pratiques Pour l'Ecole) pour les enfants du
primaire et du secondaire. Ces instruments permettent d'accéder
directement au fonctionnement de chacune des intelligences au lieu de demander
à l'élève de révéler ses compétences
au travers des pédagogies habituelles.
Dans la troisième partie de l'ouvrage, intitulée
« l'évaluation est au-delà : éléments pour une
éducation des IM », l'auteur parle d'instruments de mesure
radicalement différents des tests papier-crayon standardisés.
Instruments qui permettent aux sujets de faire la preuve de leurs points forts
et de leurs facultés de compréhension d'une manière qui
leur soit agréable tout en étant compatible avec des
certifications globales. Ils insistent également sur
l'auto-évaluation, étape essentielle à l'apprentissage
tout au long de la vie.
La quatrième partie intitulée « l'avenir de
la recherche sur les IM » porte sur les réflexions de l'auteur
quant aux nouvelles directions conceptuelles de la communauté IM.
6
I.A.1. Qu'est ce que l'intelligence ?
L'intelligence se définit comme la capacité
à :
? Résoudre les problèmes quotidiens
? Déceler les besoins de nouveaux ajustements entre
l'existant et le non existant
? Créer de nouveaux produits et services pour s'adapter
à notre environnement sociétal et culturel.
Binet met au point en 1904 le premier test pour mesurer
l'intelligence appelé QI, quotient intellectuel. Depuis, de nombreux
auteurs tels que Flynn et Schaie ont travaillé sur d'autres
façons de mesurer l'intelligence. Le concept d'intelligence est si vaste
et subjectif que l'évolution de sa connaissance est
perpétuelle.
En 1997, cinquante-deux experts mondiaux de l'intelligence se
sont réunis pour proposer une définition qui fait toujours
référence aujourd'hui : « l'intelligence est une
capacité très générale, qui implique l'aptitude
à raisonner, planifier, résoudre des problèmes, penser de
manière abstraite, comprendre des idées complexes, apprendre de
l'expérience ».
Howard Gardner est lui professeur en éducation à
l'Université Harvard, il n'est pas intégré à cette
communauté scientifique et propose un autre regard en faisant depuis
plusieurs années de la recherche sur le développement des
capacités cognitives de l'être humain. Il est le directeur du
Projet Zéro où il expérimente sur le terrain, la
théorie des intelligences multiples. D'autres auteurs comme Bruce
Campbell, Daniel Goleman et Thomas Amstrong ont également
travaillé sur ce sujet.
Pendant longtemps, on a considéré le quotient
intellectuel (Q.I. Binet 1905.) comme étant la norme de mesure
de l'intelligence. Encore aujourd'hui, les tests que l'on fait faire aux sujets
mesurent des habiletés cognitives comme le langage et le raisonnement
logico-mathématique. Ce sont les habiletés nécessaires
pour réussir traditionnellement à l'école. L'apprentissage
scolaire nécessite surtout l'usage de la « pensée pure
» et le traitement de symboles abstraits alors que dans la vie
réelle, les formes de raisonnement que nous utilisons sont plutôt
liées à des tâches concrètes.
C'est une des raisons pour laquelle la théorie des
intelligences multiples à remis en question les conceptions
traditionnelles qui reposent sur deux croyances : l'intelligence est une
entité unique dont on hérite à la naissance et les tests
de Q.I. permettent de quantifier l'intelligence humaine.
7
Les chercheurs actuels du courant des IM soutiennent au
contraire qu'il existe plusieurs intelligences qui sont indépendantes
les unes des autres. En effet, la neuroscience le prouve, une lésion
cérébrale peut détruire une faculté
particulière sans affecter les autres, et les recherches sur les
traitements apportés aux personnes autistes ou atteint de la maladie
d'Alzheimer ont montrés que la stimulation de certaines parties du
cerveau favorise la réactivation d'autres parties.
Ceci, parce que notre cerveau est composé de zones de
fonctionnement différenciées d'une part, ce qui implique que l'on
puisse trouver l'origine des activations cognitives physiologiques, mais
d'autre part, que l'activation de ces différentes zones peut se faire
dans un sens différent que celui de la logico-mathématique et
verbale pour découvrir et activer les autres intelligences. L'exemple en
terme éducatif le plus proche et concret est celui de la consigne. Tous
les individus ne peuvent pas comprendre une consigne de la même
façon, mais tous peuvent la traiter selon un angle de vue
différent. La clé de la plus-value des IM réside en cela.
De fait scientifique et par le biais des nouvelles technologiques
scientifiques, nous pouvons être sur de constater que l'école
favorise plus la partie gauche que droite du cerveau. Dans cette approche les
élèves plus auditifs se trouvent favorisés par rapport
à ceux qui ont une intelligence plus visuelle.
I.A.2. Qu'est-ce que la théorie des IM
(Intelligences multiples) ?
Dans son ouvrage, Howard Gardner considère que tout
individu normal est capable d'au moins sept styles d'intelligence1.
Chaque intelligence a son propre langage et de façon
générale, les qualités intellectuelles travaillent en
harmonie et se manifestent dans un ensemble de tâches.
Depuis peu, les chercheurs ont ajouté une 8ème
forme d'intelligence qu'ils appellent l'intelligence naturaliste. Le
schéma qui va suivre illustre de façon imagée les huit
formes d'intelligence. Il s'agit ici d'un modèle utile pour la
compréhension des différences d'apprentissages des
élèves et pas nécessairement « d'une
vérité absolue » puisque la question est complexe et les
recherches se poursuivent.
D'autres formes d'intelligence restent peut-être
à découvrir ou se développerons dans les siècles
à venir...
1 Annexe 1 : Interview de Howard Gardner
réalisé en 2005
8
Schéma 3 : « Les intelligences multiples
et le cerveau »
Conception Ghislaine Desjardins et
réalisation Michel Martel, professeur d'arts plastique,
2008.
Tableau 1 : « Les intelligences multiples et les
hémisphères cerveau »
Hémisphère Gauche
|
Hémisphère Droit
|
L'intelligence verbo-linguistique
|
L'intelligence spatiale
|
Capacité d'utiliser le langage pour s'exprimer. A une
bonne mémoire des dates, des noms,
aime raconter et écouter des
histoires (écrivains, enseignants, orateurs, journalistes,
bibliothécaires...).
|
Capacité de se construire une représentation
mentale dans un univers spatial. A une
puissante imagination et aime dessiner, concevoir, organiser
l'espace, les objets et les
surfaces (peintres, marins, architectes, photographes,
sculpteurs, infographistes...).
|
L'intelligence logico-mathématique
|
L'intelligence musicale
|
Capacité d'observation, d'analyse et de
déduction. A une force en résolution de
problèmes et en mathématique, pose des
questions pourquoi et comment, veut raisonner les choses et
savoir ce qui arrivera ensuite (avocats, ingénieurs, programmeurs,
scientifiques, statisticiens...).
|
Capacité d'utiliser la musique comme moyen
d'expression. Aime les sons, le rythme et peut retenir plus facilement les
informations si on
y ajoute un rythme ou une harmonie
(musiciens, chorégraphes, chanteurs, compositeurs,
techniciens du son...).
|
9
L'intelligence
corporelle-kinesthésique
|
L'intelligence interpersonnelle
|
Capacité à résoudre des problèmes
ou à produire des biens en utilisant son corps. A besoin de bouger et de
toucher. Manipule les objets avec beaucoup d'habileté, contrôle
les mouvements de son corps (athlètes, danseurs, artisans, chirurgiens,
mécaniciens...).
|
Capacité de comprendre les autres, de les motiver et de
réaliser des choses avec eux.
Aime parler et influencer. Est habile en résolution
de conflits et a une bonne écoute (enseignants, travailleurs sociaux,
politiciens, vendeurs, infirmières...).
|
L'intelligence naturaliste
|
L'intelligence intra-personnelle
|
Capacité d'observer les phénomènes
naturels pour apprendre des concepts (géographie,
écologie), habileté pour
organiser, sélectionner et regrouper. Est conscient du monde qui
l'entoure et aime être à l'extérieur
(explorateurs, scientifiques,
botanistes, géographes, ...).
|
Capacité d'introspection et bonne
compréhension de ses forces et de ses faiblesses.
Aime la solitude et a besoin de se retirer pour réfléchir, est
conscient de ses émotions, veut trouver un sens à sa vie
(théologiens, thérapeutes, poètes, romanciers,
acteurs...).
|
Source :
http://www.collegebourget.qc.ca/Intelligences.multiples.php
Contrairement aux programmes et comme la science nous permet
de le constater, il n'existe pas une ou deux formes d'intelligence à
privilégier pour réussir ses études et à plus
grande échelle sa vie professionnelle. Il faut élargir notre
vision et considérer que chaque élève possède des
habiletés et des façons d'apprendre qui lui sont propres.
Howard Gardner pense que nous avons tout avantage à
tenir compte de cette approche en éducation afin de maximiser les
apprentissages des élèves, et éviter un certains nombres
de problèmes récurrents en éducation, autorité,
décrochages scolaires, absentéisme, violences...
Il souhaitait dès 1983 que des réformes en
matière d'éducation permettent de comprendre un plus grand nombre
d'élèves, qu'ils soient plus valorisés à
l'école et par le fait même plus motivés à apprendre
et à prendre part dans une société qu'ils pourront
contribuer à construire à leur image et non à l'image
irréelle ou fabuleuse servant les intérêts restreints de
certaines personnes.
10
I.A.3. Quelles différences entre
compétence et intelligence ?
Ce mémoire a également pour objectif d'analyser
la notion d'intelligence/compétence entendue aujourd'hui par la
communauté scientifique et de s'attarder plus particulièrement
sur l'adaptation de compétences attendues en programme d'enseignement.
En effet, si la matérialisation de l'intelligence est la capacité
mise en oeuvre, autrement dit une compétence exprimée, il est
important de comprendre comment la distinction entre les deux est faite.
L'AFNOR (Association française de normalisation)
défini la notion de compétence comme « l'ensemble des
capacités à mettre en oeuvre des connaissances, savoir-faire et
comportements selon certains standards de performance, définis et
évalués dans des conditions spécifiées ».
Elles se décomposent en éléments évaluables
appelés composantes. Ces composantes sont l'ensemble des
habiletés, des capacités, des attitudes, des savoirs en action
(savoirs opérationnels, procéduraux, sociaux, tours de main,
coups d'oeil, astuces, comportements, etc..) et des connaissances
théoriques (savoir comprendre et interpréter). Cet ensemble est
mobilisé pour diagnostiquer, résoudre avec succès un
problème, pour étudier, organiser et réaliser une
tâche, une activité, un projet.
L'intelligence vient du latin « intelligentare »
(faculté de comprendre), dérivé du latin «
intellegere » signifiant comprendre, et dont le préfixe inter
(entre), et le radical « legere » (choisir, cueillir) ou «
ligare » (lier) suggèrent essentiellement l'aptitude à
relier des éléments jusqu'alors séparés. Elle est
l'ensemble des facultés mentales permettant de comprendre les choses et
les faits, de découvrir les relations entre eux et d'aboutir à la
connaissance conceptuelle et rationnelle (par opposition à la sensation
et à l'intuition). Elle se perçoit dans l'aptitude à
comprendre et à s'adapter facilement à des situations nouvelles.
L'intelligence peut ainsi être conçue comme la faculté
d'adaptation. L'intelligence peut être également perçue
comme la capacité à traiter l'information pour atteindre ses
objectifs.
L'intelligence pratique est la capacité d'agir de
manière adaptée aux situations. Au niveau de l'évolution
de l'humain, la compréhension ne peut se concevoir sans un
système de codification diversifié. On aboutit donc à
l'intelligence conceptuelle, inséparable d'une maîtrise du langage
(et donc des "mots") permettant le raisonnement complexe. Le raisonnement
étant l'opération mentale d'analyse permettant d'établir
les relations entre les éléments. Enfin, et à ce
même niveau, l'objet de l'intelligence est la connaissance conceptuelle
et rationnelle.
11
B. Lien de la théorie des intelligences
multiples avec les sciences de
l'éducation et le travail de l'enseignant
I.B.1 Notre système d'enseignement,
largement basé sur des critères logico-mathématiques et
verbaux.
Pour comprendre ce que pourraient apporter les IM à
notre système d'enseignement, il faut tout d'abord tenter de comprendre
quelles sont les formes d'intelligences actuellement développées
par les systèmes et les styles d'enseignement traditionnels ?
D'après Hervé Cellier, Maître de
conférences, Université Paris X Nanterre, laboratoire CREF-EA 15
89, il s'opère aujourd'hui une transition dans le système
d'enseignement qui devra amener à repenser l'école dans le sens
d'une gestion par l'usager : « L'École française se
trouve confrontée à des difficultés dont les solutions
sont susceptibles de garantir sa survie ou, au contraire, sa faillite. Dans
tous les domaines où se nouent les difficultés que connaît
le système scolaire, la cohérence, aujourd'hui, est à
l'ordre du jour. Cohérence entre la prise en compte des besoins
spécifiques des élèves et l'orientation scolaire,
cohérence entre les objectifs d'une nation démocratique et les
résultats produits. Cette qualité d'ordre logique est à
mettre en lien avec une qualité d'ordre social, cette fois . ·
la cohésion. Mais celles-ci sont mises à mal là où
Cornélius Castoriadis nous expliquait naguère qu'une
société démocratique s'auto institue, c'est-à-dire
qu'elle est capable de modifier ses cadres de pensée, toujours en
quête d'une plus grande justice. Cohésion et cohérence sont
malmenées aussi par la situation scolaire paradoxale des enfants
à haut potentiel. Là est le défi de la singularité
. · ces élèves disposent de qualités
exceptionnelles que l'École peine à mettre en valeur
».
Outre le fait que le système d'enseignement actuel
favorise peu d'intelligence, il place les individus en position de concurrence
implicite ou explicite en fonction des choix évaluatifs de l'enseignant
tenu lui-même à un cahier des charges. Cette pression sociale qui
apparait dès le primaire et s'accentue au collège favorise
également dans l'esprit de l'élève qu'on ne peut
réussir qu'en se positionnant vis-à-vis d'autrui dans des
critères uniformes. La société française contribue
ainsi depuis de nombreuses années à des classifications binaires,
qui ne peuvent rendre compte de la diversité de la
société.
12
I.B.2. Une fracture entre la multiplicité de
schéma de cognition de l'être humain et l'étroitesse des
critères de notre système d'enseignement.
En quoi et pourquoi les systèmes et les styles
d'enseignement traditionnels ne favorisent-ils pas les intelligences multiples
? Notre système d'enseignement part du principe que chaque
élève doit arriver au même socle commun de connaissance.
Pour arriver à leur poste d'enseignant, ces derniers ont subi des
formations lors desquelles ils ont dû eux même satisfaire à
des critères communs. L'école de la République propose
d'offrir à chacun la possibilité de combler les manques de leur
niveau social d'origine afin d'offrir à tous les mêmes chances.
D'autres opposent à cette vision les trop grands pouvoirs de l'Etat de
mettre en oeuvre les moyens de se substituer aux familles et par la même
d'oublier peut être la diversité qui pourrait nourrir la
société. Un des outils sur le terrain est la
différenciation pédagogique. Nous pouvons relever la
définition qu'en a fait le Conseil supérieur de
l'éducation en 1998 : « Démarche qui met en oeuvre un
ensemble diversifié de moyens d'enseignement et d'apprentissage afin de
permettre à des élèves d'âges, d'origines,
d'aptitudes et de savoir-faire hétérogènes d'atteindre par
des voies différentes des objectifs communs, et, ultérieurement,
la réussite éducative. »
La réussite éducative passerait donc par la mise
en oeuvre de différenciation pédagogique. Mais parle-t-on ici de
réussite instructive ou éducative ? Considérée
comme une condition optimale d'enseignement, cette méthode consisterait
pour l'enseignant à parvenir dans un premier temps à faire un bon
diagnostic du groupe, des problèmes dans le groupe, de ce qu'il faut
développer, en se posant les questions : où en sont les
élèves et où est-ce que je veux les amener ? Le
système d'enseignement actuel consiste plus à doubler les moyens
visant à permettre à l'élève de comprendre ou
intégrer un système de valeur qui n'est peut être pas le
sien, plus qu'à déployer des outils adaptés à ceux
qui en sont les bénéficiaires.
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(
http://www.la-croix.com/Famille/Parents-Enfants/Dossiers/Education-et-Valeurs/A-l-ecole/Les-parents-de-l-enseignement-prive-veulent-changer-l-ecole-NP-2012-05-30-812399)
13
I.B.3. Les intelligences multiples, une approche
différente comme recours aux problématiques scolaires.
Au final, pourquoi et pour qui favoriser les intelligences
multiples ? Outre les aspects de motivation à travailler et apprendre et
par la même la mise en recul des violences et décrochages
scolaires, la théorie des IM a été observée par des
spécialistes de l'éducation et des médecins dont les
spécialités les amènent à rechercher sur des
stimuli cognitifs.
Le Dr Régine ZEKRI-HURSTEL est neurologue. En 2005 elle
a publié l'alphabet des 5 sens aux éditions Robert Laffont,
ouvrage dans lequel elle propose des outils d'apprentissage à la lecture
qu'elle a elle-même travailler avec des enfants dyslexiques et des
adultes illettrés. Sa méthode se fonde sur un diagnostic
poussé de l'individu avant d'introduire des notions. Les rythmes sont
respectés. Reconnaître les intelligences multiples, c'est
au-delà reconnaître que nous ne sommes pas tous égaux et
unique. Il est vrai que notre société néolibérale
fait de nous par l'intermédiaire du carburant économique qui la
nourrit des personnes égales en théorie. Mais ce modèle
démocratique de notre société induit des effets pervers
car en réalité nous ne sommes pas tous identiques. De fait, les
formations incluant les IM pourraient répondre aux besoins
différents de la société si cette dernière pouvait
décemment être représentée.
Dans leur ouvrage : « L'Intelligence de l'autre - Prendre
en compte les différences culturelles dans un monde à
gérer en commun », les auteurs Michel Sauquet et Martin Vielajus
nous disent que : « la mondialisation n'est pas une mise au pas. Elle
provoque certes une formidable réduction de l'espace et du temps de
communication, mais elle n'a pas gommé la diversité culturelle.
À ceux qui, dans l'humanitaire, dans l'entreprise, dans les
organisations internationales, sont amenés à travailler ou
à vivre dans des cultures qui ne sont pas les leurs, ce livre apporte
une réflexion sur la différence, les malentendus culturels,
l'enjeu de l'identification de terrains d'entente ».
Ils proposent aux professionnels un réflexe de
questionnement de la culture de l'autre : a-t-il la même conception du
temps, de l'action, de la richesse, de la hiérarchie, du lien à
l'environnement naturel ? Parlons-nous le même langage ? Toute
communication n'est-elle que verbale ? Autant de questions qui nous aident
à prendre conscience de notre propre conditionnement culturel et nous
incitent à pratiquer ces deux vertus de la relation interculturelle : le
doute, qui n'empêche pas les convictions ; la patience, qui
n'empêche pas le dynamisme. La négation de la diversité de
l'intelligence de l'autre à l'école à des
conséquences dommageables sur la prise en compte des diversités
au sein de la société.
14
C. Problématique générale
Il est intéressant de voir comment les intelligences
multiples sont prises en compte dans l'atteinte du niveau des
élèves en termes de connaissances et de compétences et de
dresser un focus particulier sur la notion d'intelligence qui secoue la
communauté scientifique, alors, quels liens et divergences peut-on
observer entre le vécu scolaire des élèves en lycée
professionnel et le corpus théorique couvrant le thème de
l'intelligence multiples ? Peut-on raisonnablement qualifier un
élève en échec d'après la prise en compte de
critères scolaires « limités » ?
I.C.1. Cadre réflexif de la problématique
générale
Ce mémoire interroge un cadre générique
« l'Ecole » et les élèves. Les enseignants ne seront
pas isolés en tant qu'objet réflexif. En effet, la
multiplicité des pratiques professionnelles ne permet pas de
caractériser une tendance générale, il apparaît plus
pertinent de travailler sur la base des programmes et des attentes
harmonisées au niveau européen et de confronter ces
dernières à la parole d'élèves de filière
professionnelle à travers le prisme de la théorie. La cognition
est le terme scientifique pour désigner les mécanismes de la
pensée.
Historiquement, la cognition désignait la
capacité de l'esprit humain à manipuler des concepts. Plus
récemment en sciences cognitives, le mot cognition est utilisé
pour désigner non seulement les processus de traitement de l'information
tels que le raisonnement, la mémoire, la prise de décision et les
fonctions exécutives en général. Mais aussi des processus
plus élémentaires comme la perception, la motricité ainsi
que les émotions alors même que traditionnellement,
affectivité et intellect ont longtemps été vus comme des
mécanismes opposés.
I.C.2. Hypothèses de départ
La cognition attendu des élèves du secondaire
pour satisfaire des critères de certification ministériels ne
correspondent pas (mais dans quelle mesure ? il faudrait une thèse pour
y répondre...) à la pluri-dimensionnalité des
facultés et aptitudes de l'être humain qu'ils demeurent. Outre
leur rôle d'élève devant être certifié, cette
dichotomie nuit à une bonne assimilation des connaissances, à une
orientation juste et ne leurs permet par toujours de mettre en oeuvre leurs
compétences propres. Cette fracture est peut responsable de
décrochage scolaire, d'incivilité et d'échec scolaire, au
sens des hypothèses émises par Howard Gardner et le courant des
penseurs qui lui ont succédé.
La partie analytique qui va suivre tentera de répondre
à cette hypothèse par une investigation de terrain.
15
II) La négation de la probable
réalité scolaire des intelligences multiples peut-elle être
observée auprès des élèves?
La partie terrain s'est déroulée en deux temps :
? D'une part, l'administration d'un questionnaire adressé
à 116 élèves qui propose une série de
questions pour tenter de cerner les méthodes
d'apprentissage qu'ils affectionnent le plus ? D'autre part, une analyse des
écarts entre le vécu scolaire élèves et les
intelligences
couvertes par la théorie des IM.
A. Opérationnalisation de la
problématique : Recherche de terrain visant à observer l'attrait
des élèves pour les différentes formes d'intelligences
II.A.1. Présentation du protocole
d'enquête, des outils, et de l'approche employée.
Une étude à la fois quantitative et
qualitative a été réalisée. Prenant la forme
d'un questionnaire simple, sans explication préalable (pour la
neutralité des réponses) de mon questionnement2.
L'échantillon se compose de la manière suivante :
- Une classe de seconde de 16 élèves. - Une
classe de première de 34 élèves. - Une classe de BTS de 34
élèves.
Le questionnaire a été administré au
courant du mois de janvier 2012. Il a concerné au total 116
élèves. Il est anonyme.
Les questions posées s'appuient sur les
différentes théories de méthodes d'apprentissage «
participative », « transmissive », « interrogative
»... elles visent à répondre à l'hypothèse
formulée précédemment : comprendre si cet
échantillon d'élèves dans un cadre, un niveau et une date
donnés, se sentent considérés dans leurs émotions,
dans leurs aspirations et s'exprimer librement sur leurs attentes de
l'école.
2 Le questionnaire figure en annexe 2.
16
Cela doit permettre également d'analyser si les
élèves ont d'autres attentes concernant la manière de
travailler et d'interroger leurs intelligences spécifiques. Pour choisir
les questions, j'ai considéré les courants des différents
modèles de l'école, Rogers, Skinner, Brunner et Dewey et les
intelligences au sens de Gardner.
J'ai établi des relations entre les questions soumises
aux sujets et l'intelligence que la réponse à cette question
recouvre le plus, voici les neuf questions de l'expérimentation :
Encadré 1 : « Les questions scolaire et
leurs liens avec les IM »
> J'aime travailler en groupe ? intelligence
interpersonnelle
> J'aime être noté, évalué ?
intelligence logico-mathématique
> J'aime trouver la solution, ou l'avoir compris ?
intelligence interpersonnelle
> J'aime apprendre des contenus dont j'ai été
associé à la sélection ? intelligence
verbo-
linguistique
> J'aime apprendre en agissant ? intelligence
corporelle-kinesthésique
> J'aime apprendre en me posant des questions, en cherchant la
structure ? intelligence
spatiale
> J'aime apprendre sur ordinateur, seul, avancer à mon
rythme ? intelligence intrapersonnelle
> Si j'étais libre de toute contrainte, est ce que je
me rendrais l'école de mon propre chef, est
ce que j'aime y aller ? intelligence
interpersonnelle
> Quelle est l'école qui vous faire rêver et vous
donnerai envie d'apprendre. intelligence
intra-personnelle
|
Gaëlle Puy MEF 2 IUFM Montpellier Juin
2012
II.A.2. Justification du protocole d'enquête, des
outils, et de l'approche employée.
Le choix du terme « j'aime » n'est pas neutre, je
souhaite interroger leurs sentiments par rapport à la situation
d'apprentissage, avant leur raison. J'ai l'intuition que les
élèves sont submergés par un formalisme qui les conduit
à se détourner du savoir. Allant même jusqu'à poser
la question du rejet du savoir trop souvent axé uniquement sur le
passé.
Le questionnaire est majoritairement composé de
questions ouvertes, c'est un choix dans la mesure où je leur demande de
parler d'affectivité et d'émotion. Il est difficile de rendre
clair et de catégoriser des informations émotionnelles, en ce
sens le choix de mon thème est risqué, aussi c'est pour cela que
je devrais faire preuve de rigueur dans le traitement des réponses afin
de ne pas dénaturer leur sens. Pour cela, je relèverai le «
verbatim » dominant et constituerai d'une part des
17
graphiques pour révéler tendances, et d'autre
part recenser les besoins, manques et attentes affectives de
l'élève relevés textuellement sur les questionnaires.
B. Les résultats du terrain
Nous observerons les résultats des questionnaires selon
le formalisme suivant, trois colonnes (par niveau des élèves)
permettront d'observer :
? La répartition sur un diagramme circulaire des
réponses données ? Les arguments relevés dans chaque
questionnaire
? Une synthèse dans laquelle je propose mon analyse des
résultats
II.B.1. Présentation et analyse des
résultats obtenues par un regard croisé selon le niveau des
élèves :
Classe de seconde Classe de première Classe de
BTS
|
1. J'aime travailler en groupe ?
50% 50%
oui
cela dépend
non
8%
22%
70%
oui
cela dépend
non
34% oui
non
66% cela dépend
- Stratégie de mise en commun de
connaissances
- Si affinités avec les membres du groupe
- Je peux me reposer sur les autres
- Comparer ses arguments
- Mieux travailler
- Manque de concentration
- Si les gens sont ouverts aux idées des
autres
- Si les autres travaillent
- Je préfère avancer à mon rythme
- Développer l'esprit d'équipe
- Si affinités avec les membres du groupe - Mieux
travailler
- Si les autres travaillent - Bonne humeur,
convivialité
- Stratégie de mise en commun de - Plaisir à
être avec les autres
connaissances - Stratégie de mise en commun de
- Débat connaissances
- Parfois j'aime travailler seul(e) - Si affinités avec
les membres du groupe
- Bonne humeur, convivialité - Rejet de
l'école
Concernant les seconde, à 50/50 cette classe
aime travailler en groupe autant qu'en individualité, en effectif
dédoublé ils connaissent des problèmes de cohésion.
En majorité les élèves apprécient le travail en
groupe, ils y voient un intérêt à la fois social et
stratégique. Il se dégage de la classe de niveau post-bac du
recul vis-à-vis du travail en groupe qui fait que personne ne rejette
totalement une telle idée et défend des arguments de
qualités professionnelles, par exemple, « avoir plus de solutions
». L'émotionnel est moins pressant. Ils ont également
perçu l'avantage de la synergie, mais mettent en avant par exemple la
nécessité d'une homogénéité du groupe en
termes d'implication et de qualité de communication.
Classe de seconde Classe de première Classe de
BTS
2. J'aime être noté, évalué
?
oui
43%
29%
28%
cela dépend
non
- En fonction du sujet
- Si je maîtrise le sujet
- Si j'ai compris et que j'ai le sentiment que
je vais réussir
- Cela peut être pénalisant
- Pour voir ce que je n'ai pas compris
- En fonction du professeur
59%
19%
22%
oui
cela dépend
non
- En fonction du mode d'évaluation
- Uniquement si prévenu en avance
- Si j'ai compris et que j'ai le sentiment que je
vais réussir
- Pour me situer
- J'ai peur pour ma moyenne
- Je peux être découragé
- Il y a trop de notes
- Pas assez juste
- Pour me situer
34% oui
non
66% cela dépend
- Démotivant parfois
- Ce n'est pas le reflet d'un élève
- En fonction de la difficulté
- C'est une grande source de stress
- Valorisant, fierté
- Des commentaires sans note suffiraient
- Je préfère appliquer le cours qu'être
évalué dessus
- Ce n'est pas toujours le reflet du niveau
19
Les avis exprimés sur cette question font
apparaître un verbatim autour de la « peur », ils redoutent,
ils craignent, il y a quelque chose de l'ordre de la
méfiance, ce qui est en soi une réaction assez naturelle de
l'Homme en situation d'évaluation de ses capacités. On constate
sur cette question qu'ils n'ont perçu l'évaluation et la notation
comme un moyen de valorisation, et encore moins de façon ludique. Il
s'agit plutôt de paliers à franchir qui sont conducteurs de
stress. En classe de première, les 19 % d'élèves exprimant
le « oui » parlent de la rassurance à se situer
vis-à-vis des autres et d'objectifs, un seul parle de se situer
vis-à-vis de lui-même.
Classe de seconde Classe de première Classe de
BTS
3. Je préfère avoir compris que de me
contenter d'apprendre par coeur des réponses ?
14%
86%
oui
cela dépend
non
0%
22%
78%
oui
non
cela dépend
oui
38%
9%
53%
cela dépend
non
- Etre fier de soi - Etre fier de soi
- Pour pouvoir suivre - Pour m'en souvenir - Seules les notes
m'intéressent - Je n'aime pas être ignorant
|
- Je préfère les explications - En fonction des
sujets
|
20
Les élèves de BTS apprécient
d'avoir la leçon avant les applications. Ils préfèrent en
majorité la compréhension au par coeur, mais nuance selon les
matières. Les élèves de la classe de première en
écrasante majorité préfèrent comprendre les notions
que les apprendre par coeur. Cela montre bien la nécessité de
donner du sens aux enseignements. En grande majorité, les
élèves préfèrent avoir compris. Le « par coeur
» est rejeté pour le motif à part égale de ne pas
comprendre le sens et d'être moins fier de soi. Sur cette question, le
champ lexical de la fierté est revenu fréquemment,
capacité de comprendre, sentiment de satisfaction, avancer.
Classe de seconde Classe de première Classe de
BTS
4. J'aime apprendre en étant libre des contenus ?
(sous entendu, je prendrais plus de plaisir à apprendre si
j'étais associé au choix du savoir)
8%
92%
oui
cela dépend
non
12%
88%
oui
cela dépend
non
17%
21%
62%
oui
cela dépend
non
- Je préfère que les professeurs
décident
- Pour ne pas perdre son temps
- J'aime choisir
- Je ne sais pas si ce que je choisirai va me
servir
Les élèves aimeraient être
associés au choix du savoir mais ne savent pas exprimer de raisons,
seuls ceux se prononçant négativement disent les raisons
écrites plus haut. En majorité ils veulent être
associés pour être plus motivés, ceux qui ont
répondu « non », soit présente un rejet complet soit se
sente trop ignorant (ils le citent) pour décider.
Chez les BTS en revanche, l'affirmation d'un besoin de
liberté s'attenue. Ils disent préférer faire confiance
à l'enseignant pour choisir des thèmes importants et à
côté desquels il ne faut pas passer.
- Etre plus concerné
- Je pourrais passer à côté de sujet dont
je ne connais pas l'existence
- J'aime travailler sur des choses concrètes et
ciblées sur mon futur secteur d'activité et laisser les
matières générales de côté
- Je considère certains savoirs inutiles
- J'aimerai plus avoir le choix au niveau
des supports de cours
- Je serais plus motivé
- J'apprendrais plus vite
- Pas de par coeur
- Je fais confiance au mode de travail du
professeur
21
- Peur de passer à côté de sujet important
Classe de seconde Classe de première Classe de
BTS
5. J'aime apprendre en agissant ? (j'aime me projeter dans
des situations concrètes)
14%
14%
72%
oui
cela dépend
non
7%
11%
82%
oui
non
cela dépend
7%
6%
87%
oui
cela dépend
non
- Se projeter dans la vie, dans l'avenir - Pour mieux
comprendre
- Plus vivant
- Pour mieux comprendre - Pour ne plus être assis - Se
projeter dans la vie, dans l'avenir - Pour me souvenir plus facilement
- Pour mieux comprendre
- Alterner les méthodes
- Se projeter dans l'avenir
- Expérimenter ce qu'on apprend
- Parfois la théorie est nécessaire pour
comprendre la pratique
- Je suis trop timide
22
De la seconde au BTS, c'est une question à
laquelle ont sais depuis longtemps répondre. Les élèves
apprécient majoritairement d'être en action durant leurs
apprentissages. Cette tendance à prédisposition à se
développer au fur et à mesure que les années passent. Ici,
il s'agit de BTS donc la nature même de leur formation les rends actifs,
mais pour des élèves ayant choisi l'université, il serait
intéressant de poser la même question et comparer les
résultats.
Classe de seconde Classe de première Classe de BTS
6. J'aime apprendre en me posant des questions, en
cherchant la structure ? (j'aime que les cours soit structurés, qu'il y
ait de la méthode)
64%
29%
7%
oui
cela dépend
non
15%
26%
59%
oui
cela dépend
non
4%
oui
non
cela dépend
96%
23
- Plus facile à comprendre et à apprendre - Cela
dépend de la matière
- Si le professeur se met au niveau de ces
élèves
|
- Plus facile à comprendre et apprendre
- Sans structure c'est l'apocalypse.
- Je n'aime pas le côté trop strict
- Aller à l'essentiel
- Il faut varier les supports
|
- J'apprécie la logique
- La clarté et la précision - Je mémorise
mieux
|
Les élèves de seconde recherchent la
structure. Mais il se dégage une incertitude, en effet, ce sont des
élèves de seconde qui découvre l'organisation du travail
de la vie au lycée, c'est peut être la raison pour laquelle ils
sont encore en train de rechercher la méthode de travail qui leur
convient le mieux.
Nous constatons dès la première qu'une
majorité des élèves recherchent de la structure.
Caractéristique peut être de l'adolescence, il est
intéressant de mettre ce constat en parallèle de ce que nous
verrons plus tard où les élèves réclament plus de
liberté. Il ne faut pas négliger cependant la part de ceux qui se
sentent enfermés par trop de structure ou pour qui une même
organisation toute l'année voir plusieurs années de suite peut
être lassante.
Classe de seconde Classe de première Classe de BTS
7. J'aime apprendre seul sur ordinateur et avancer à
mon rythme ? (je pourrais me former seul)
19%
59%
22%
oui
cela dépend
non
7%
36% oui
non
57% cela dépend
22%
37%
41%
oui
cela dépend
non
- C'est mieux pour se concentrer - En fonction de la
matière
- Pour avancer à mon rythme
|
- Je n'aime pas travailler seul(e)
- C'est mieux pour se concentrer
- Plus ludique
- Je préfère les feuilles
- Je ne suis pas assez doué(e) en informatique
- Plus facile
- Je n'aime pas les ordinateurs
- Pour avancer à mon rythme
|
- J'ai besoin d'encadrement
- Je préfère les feuilles
- Le travail serait plus intéressant
- Les dos seraient soulagés...
- Le travail en groupe me manquerait
- L'ordinateur me fait mal à la tête
- J'ai besoin d'explications
- D'être guidé
- Je n'arriverai pas à rester motivé
- Je n'aime pas l'informatique
- J'apprécie de travailler seul
24
Les avis sont assez mitigés, c'est d'ailleurs
ce que je trouve surprenant car on a tendance à penser qu'ils ont besoin
de liberté et d'applications ludiques. Or, ils ne sont pas tous
prêt à laisser le cadre et le lien avec l'enseignant, au
contraire, ils préfèrent conserver le lien surtout avec leurs
camarades. Certains rejettent l'outil en lui-même, de manière
générale, ces étudiants ne sont pas prêts au
e-Learning, et c'est tant mieux... Sans doute aussi, plus de maturité en
BTS pour le comprendre.
Classe de seconde Classe de première Classe de
BTS
25
8. Si j'étais libre de toute contrainte, est ce que
je me rendrais l'école de mon propre chef, est ce que j'aime y aller
?
Je prends plaisir à aller à l'école (x4) Je
ne ferais que vivre mes passions Si je choisis mes matières (x3) Cours
que le matin (x2)
Je ne retournerai pas à l'école (x3) Si
enseignant motivant
Besoin contact humain, camarades
|
Cours que le matin (x6)
Cours par correspondance
Besoin contact humain, camarades (x7)
Oui pour son avenir (x2)
L'école est ennuyeuse (x5)
Certaines matières inutiles pour l'avenir (x2)
Pas de plaisir (x7)
Si enseignants motivants (x4)
Trop d'heures de cours
|
Je préférerai travailler
J'apprécie pour certaines matières (x6)
Je prends du plaisir à aller à l'école
Besoin contact camarade, enseignant (x4)
Pas de plaisir (x9)
Des matières inutiles pour l'avenir (x4)
C'est une nécessité (x7)
Je préférerai l'alternance (x2)
Trop infantilisant
Cours le matin (x2)
J'aime la connaissance (x2)
C'est sécurisant
|
L'état d'esprit qui ressort du traitement de
cette question ouverte pour la classe de première est un sentiment de
rejet. Pas tant pour le savoir, mais pour le contexte. C'est-à-dire les
horaires et les méthodes pédagogiques, et malheureusement par la
même ceux qui les mettent en oeuvre. Beaucoup de ressentiments ont
été exprimés envers des enseignants. Dans l'ensemble,
cette souffrance de venir à l'école est due à un profond
ennuie, compensé par le plaisir d'y trouver un lien social largement
évoqué par le panel. Pour de rares exceptions, 2 sur 27, se
rendre à l'école est un plaisir et ils expriment une
préoccupation dans des termes positifs de leur avenir.
Les autres élèves exprimant un «
oui » pour revenir à l'école parle plus en termes de
contraintes avec une vision négative et résigné de
l'avenir « il faut bien avoir un travail ».
Classe de seconde Classe de première Classe de
BTS
9. Quelle est l'école qui vous faire rêver et
vous donne envie d'apprendre.
L'état d'esprit qui ressort du traitement de
cette question comme j'en avais l'intuition en choisissant le thème de
mon mémoire, est le sentiment d'étouffement intellectuel que
ressentent les élèves, à tel point que leurs désirs
d'avenirs et de futurs adultes sont complètements éteints. Ils
expriment subir des emplois du temps, des enseignants, des matières, ne
font pas toujours le lien entre (à leur sens) « la vie » et
l'école et réclament plus de libertés et de temps
accordé à leurs avis et leur créativité. Ils
souffrent aussi de rythmes soutenus et intensifs et se plaignent de ne pas
avoir le temps d'intégrer et de mémoriser les cours.
Une école ou les leçons correspondent à
nos personnalités et nos goûts
STAPS (x2)
De la bonne humeur, savoir être strict parfois pour
recadrer une classe
De la bonne humeur tout le temps, avec des professeurs pas
toujours stricts, pas de contrôle, juste que le professeur regarde nos
progrès et le comportement
Où on pourrait danser
Ecole bilingue avec des options Art tel cinéma, dessin
(x2)
Que les cours soient plus ludiques et interactifs
Harvard, Campus à l'américaine (x3)
Décrocher un BTS
Pas de notes
Des journées moins longues (x4)
Plus de libertés, matières, déplacements,
rythmes (x6)
Plus d'art, musique, dessin, création,
ouverture (x7)
Des enseignants clairs
Des camarades sympathiques
Etre associé aux emplois du temps (x5)
Etre rémunéré en tant
qu'élève
Que les enseignants passent plus de temps
avec nous
Aucune
Etre rémunéré en tant qu'étudiant
(x3) L'école de la vie
Une école plus libre (x4)
Cours que le matin (x6)
Pourvoir se reposer, avoir du calme (x2) Pouvoir assimiler en
chanson (x2)
Des professeurs logiques, sympathiques et
compréhensifs
Des locaux propres
Des repas bons
Ne plus être passif, un élève doit pouvoir
bouger, pratiquer (x5)
Moins d'élèves (x4)
Pas de devoirs, les enseignants doivent penser que nous n'avons
pas de vie à côté Plus d'égalité (ceux qui ne
sont pas là à tous les devoirs et qui ont une seule note servant
de moyenne générale... moins d'abus de pouvoir des
enseignants)
Complicité entre enseignants et étudiants
(x2)
Pouvoir exercer et apprendre ces passions Du soutien
personnalisé
C. Analyse des résultats : L'attrait des
élèves pour les différentes formes d'intelligences se
module selon le niveau scolaire
II.C.1. Apport des résultats obtenus et point de
vue de l'auteur du mémoire
Les résultats mettent en évidence des
divergences de point de vue sur la question du désir de la prise en
compte des IM à l'école.
Premièrement, en fonction du niveau des
élèves. Globalement, les secondes et les premières
présentent plus de besoins d'accompagnement et de guidage mais souffrent
de contenus imposés, les BTS quand à eux, apprécient plus
l'autonomie mais au contraire apprécient les contenus imposés. La
différence à ce niveau se situe plus sur les méthodes
d'enseignement que sur les programmes d'enseignement. On comprend aussi la
nécessité d'introduire du sens et une vision de long terme dans
l'esprit de l'élève à l'entrée au lycée, et
de conforter l'orientation des élèves post
baccalauréat.
Deuxièmement et quelque soit les niveaux de classe, les
avis sont unanimes sur les rythmes scolaires trop soutenus. La souffrance qui
en ressort se situe principalement sur la négation de la vie
privée de l'élève ou de l'étudiant. Cet état
de fait me fait déplorer d'une part le manque de considération de
la part de l'enseignant et plutôt du système d'enseignement
à travers lui, pour les besoins et rythmes fondamentaux des adolescents.
D'autre part, en provenance des enseignants strictement la négation
encore présente dans certains cas du poids des autres matières au
milieu de sa propre matière. Cela m'amène à accentuer mes
futures pratiques sur la prise en compte du travail d'équipe dans une
approche méthodologique modulaire et transversales de l'enseignement.
Enfin, le dernier point critique concerne à mon sens
l'évaluation, et je sais, la sensibilité de la question. Dans un
raisonnement logique, si l'élève ne sait pas pourquoi il apprend,
si ce qu'il apprend n'a pas de sens, alors nous pouvons imaginer les
dégâts psychologiques à évaluer ce qui n'a jamais
fait l'objet d'une appropriation. Pour aller plus loin, on peut évoquer
les notions de bachotages et apprentissage par coeur qui sont des moyens de
réussite scolaire ou d'apprentissage totalement inutile à la
mémorisation de long terme, l'être humain ne retenant que ce qu'il
souhaite apprendre.
Est-ce que les élèves aimeraient retourner
à l'école s'ils en avaient le choix ? En grande majorité
hormis les considérations sociales non. Quelles est l'école qui
fait rêver les élèves ? Celle où ils pourraient
exprimer chacune de leurs intelligences ou talents, (cf. question 9). Les
besoins exprimés sont de bon sens, bien manger, rire, danser (bouger le
corps), échanger, participer. A mon sens, aucune des requêtes
exprimées par les élèves n'est déraisonnable.
L'enseignant de leurs rêves : sympathique,
compréhensif, aimable, dynamique, présent.
28
La position de l'élève oscille entre des mots
aussi forts que « rejet » et « rêve ». Leur position
d'adolescent justifie des raisonnements binaires, mais ils savent parfaitement
justifier leurs points de vue. Comment pourrait-je réagir en salle des
professeurs en entendant je cite : « Qu'est ce qu'il me demande celui la ?
Terminale S ? Avec 4 de moyenne ? Il a rien compris à la vie celui
là ! » Professeur principal à la lecture des fiches de
voeux. Et moi de lui rétorquer : « peut être qu'il a une
bonne moyenne en math ? » PP : « mais non il a rien compris à
la vie c'est tout ! » Les bras m'en tombent. Cet élève a
compris plus de choses à la vie que cet enseignant, il lui reste des
rêves. Cette violence du système scolaire se retourne contre les
élèves mais aussi envers des futurs enseignants qui entendent
souvent : « tu dis ça pour le moment... », « tu verras
avec quelques années d'enseignement dans les pattes ». Et
même des enseignants en poste qui n'osent pas toujours exprimer leurs
avis en conseil de classe. Les anecdotes de ce types sont nombreuses, conseil
de classe, orientations gâchées ou personnalités
ignorées.
II.C.2. L'évolution de l'intelligence, du
côté de la recherche contemporaine
Le numéro 1135 de Science & vie du mois d'avril
2012 explique que pour la première fois depuis la mesure de
l'intelligence par l'outil mis au point par Binet à travers les pays du
monde, les scores moyens enregistrés aux tests de Q.I ne progressent
plus. Aujourd'hui encore, quand on étudie des phénomènes
sur l'intelligence, on prend encore pour référence ce vieil
instrument qu'est le quotient intellectuel qui demeure le seul outil
validé par la communauté scientifique mondiale.
Cette stagnation assez solidement et durablement
installée dans de nombreux pays, commence à intriguer voire
à inquiéter. Car si les experts s'accordent à penser que
ces tests ne rendent pas finalement compte de toutes les aptitudes
constitutives de l'intelligence, tous conviennent qu'on peut en prendre une
mesure, si ce n'est la mesure via ces tests d'intelligence. De plus,
étant pratiqué à l'identique depuis près de 70 ans,
ce test rend possible la comparaison et la constatation des évolutions.
Aujourd'hui et après des années de hausse
régulière, les scores stagnent. Pour les chercheurs, ces
observations sont inédites et particulièrement difficiles
à expliquer, ces mêmes chercheurs s'interrogent sur l'avenir de
notre intelligence et offrent un regard croisé sur ce
phénomène nouveau.
Cette récente constatation prouve bien que
l'intelligence telle que nous la mesurons aujourd'hui, est inappropriée.
Même si le QI ne saisit pas l'intelligence dans toutes ses facettes, il
permet de pointer l'évolution des capacités intellectuelles
mesurées. Néanmoins, l'outil lui-même, le test est
peut-être obsolète.
29
De plus, l'extraordinaire complexification des facultés
humaines, que nous pouvons mettre en parallèle avec la théorie
évolutionniste de Darwin, montre bien que notre adaptation du
XXIème siècle, n'a rien à voir avec elle que nous vivions
au XIXème siècle.
James Flyn, est un des précurseurs des recherches sur
l'intelligence humaine, professeur émérite à
l'université d'Otago en Nouvelle Zélande, il démontre que
ce phénomène est particulièrement vrai en Norvège
et au Danemark. Alors que le QI gagnait 10 points tous les ans dans le monde
depuis 1905, nommé « effet Flynn », le « père
» de cet effet pointe aujourd'hui les signes annonciateurs de cette fin
probable en estimant que cette limite atteinte en Scandinavie était
susceptible d'être prochainement observée dans les autres pays
développés.
Les données relatives à ces constats nous
renseignent sur le fait que cette stagnation des scores moyens aux tests de QI
n'a jamais été observée depuis les années 1940, et
démarre depuis 1950. Peut-on faire le lien avec le tournant
économique et social de cette période ?
On peut se demander quel type d'intelligence est mesuré
par ce test, car comment résumer une notion aussi insaisissable que
l'intelligence dans la valeur d'un nombre qui tourne autour de 100. Il n'est
pas nécessaire d'être totalement convaincu de la parfaite
adéquation entre la définition scientifique quantitative de
l'intelligence et des moyens de ses moyennes et mesure quantitative pour
constater que le fait Scandinave montre les limites de l'outil.
30
III) En 2012, les applications pédagogiques
préconisées par la théorie des intelligences multiples
ont-elles trouvées leur place dans le paysage scolaire
(français), comme l'appelait de ses voeux Howard Gardner en 1983
?
A. Les intelligences multiples dans les
apprentissages
Mettre en oeuvre une pédagogie de la théorie des
IM, c'est déjà comprendre quelles sont les principales
intelligences les plus mises en oeuvres. La formation des enseignants, comme
celle des élèves, privilégie la logique, le verbal et les
mathématiques. Pour parvenir à ces intelligences, il a fallu en
faire largement la preuve. Dès lors, l'enseignant aura tendance
inconsciemment à attendre des élèves les mêmes
capacités, ou les mêmes aptitudes que lui même a mis en
oeuvre. Enseigner selon la théorie des IM, c'est déjà
prendre conscience que l'élève ne réfléchit pas
forcement comme nous. Lors de la formation d'enseignant, nous voyons qu'il est
important de favoriser des apprentissages aux supports diversifiés pour
retenir ou attirer l'attention de l'élève. La théorie des
IM va plus loin, en disant que ce n'est pas seulement l'attention que l'on
retient ainsi, mais l'on répond à un besoin fondamental du sujet
que l'on éduque.
Le schéma ci-après illustre la fracture ou la
contradiction à laquelle la mission de l'enseignant l'oblige à
faire face :
Schéma 4 : « Fracture entre le devoir
à agir et l'intention à agir »
standardisation ministérielle
Réussite globale
différenciation pédagogique
Gaëlle Puy MEF 2 IUFM Montpellier Juin
2012
31
L'enseignant doit à la fois répondre à un
objectif de réussite globale de ses élèves, tout en devant
s'adapter à une standardisation ministérielle de plus en plus
développée. Au milieu de ceci, la notion de pédagogie
différenciée et les outils tels que le tutorat,
l'individualisation ou le soutien se multiplient.
Quand on met en oeuvre une pédagogie
différenciée, on ne procède pas à une
individualisation de l'élève mais à l'individualisation
des instruments au service de la standardisation.
Cette remédiation est opposée à ce que
préconise l'approche des IM qui propose de déceler les aptitudes
fondamentales ou les affinités de l'élève avec le savoir
et d'axer l'entrée dans le savoir par ces intelligences pour lui
permettre par la suite de développer les autres, mais à travers
la combinaison de celles qui le caractérisent.
Enseigner c'est également évaluer, la
théorie des IM n'est pas coupée de cette réalité
mais prend le problème à l'envers. On ne procédera pas
à des évaluations standardisées dans le schéma
analyse logico mathématique et verbale exclusivement3. Les
critères d'évaluations seraient systématiquement connus
à l'avance. Ils laisseraient la place à la
créativité sans nécessairement répondre à un
corrigé type et barème standardisé. Bien évidement,
les enseignants procèdent déjà à ces arrangements
sur le terrain, bien que cela ne soit pas préconisé par les
règlements d'examen. Ces ajustements de terrain sont rendus
inévitables par la nature humaine des sujets et les correcteurs acteurs
de l'évaluation. La théorie des IM propose donc d'accepter cette
réalité.
Bruno Hourst, ingénieur puis enseignant et formateur, a
été amené par son activité professionnelle à
s'interroger sur la façon dont nous apprenons et transmettons les
savoirs. Il est l'auteur de plusieurs livres notamment « A l'école
des intelligences multiples » publié chez hachette et articles
remettant en cause bon nombre de notions préconçues. Voici ce
qu'il répond à la question : à quel moment utiliser les
intelligences multiples dans les apprentissages ?
« Cela dépend de nombreux paramètres :
primaire ou secondaire, matière, organisation de la classe, emploi du
temps, programme... Au départ, cela peut être d'une manière
ponctuelle : présenter le sujet d'instruction selon une intelligence peu
ou pas utilisée généralement par l'enseignant.
[...]
L'enseignant pourra varier ses manières
d'introduire les différentes intelligences, d'une manière plus ou
moins formelle. Par exemple, il pourra commencer l'étude d'un sujet en
organisant une mise en scène (intelligence
corporelle/kinesthésique), ou l'étude d'une chanson
(intelligence
3 Annexe3 : Applications pédagogiques ou
évaluatives de la théorie des IM par l'académie de
Créteil
DES ENSEIGNANTS FORMER ET SENSIBLISER
musicale/rythmique), ou encore d'une image (intelligence
visuelle/spatiale), et continuer son cours d'une manière plus habituelle
- c'est d'ailleurs ce que font naturellement certains enseignants [...]
Et progressivement il intégrera plus naturellement
des approches « intelligences multiples » sans même s'en rendre
compte. En primaire et si l'organisation de la classe s'y prête,
l'enseignant pourra aussi organiser - par exemple le vendredi après-midi
!
Des « ateliers intelligences multiples »,
où les enfants sont invités à passer. Je donne tout un tas
de pistes pratiques pour cela dans mon livre « A l'école des
intelligences multiples »4.
Roger Fournier dit, « Il est inutile de se battre
pour une idée. Quand une idée est bonne, elle fait son chemin
toute seule ». Celle de Howard Gardner fais son chemin depuis vingt
neuf ans à travers le monde, et parfois, des étudiants ou
personnels de l'éducation se sentent concernés. Le succès
pratique d'une théorie, qui ne resterait dès lors plus
théorie, dépend d'une combinaison de facteurs réalisables,
et réalisés. Celui de la théorie des IM dépendrait
de la combinaison de ces quatre facteurs :
Schéma 5 : « les quatre leviers de la
théorie des IM »
DES ACTEURS ASSOCIÉS
|
DES
PROGRAMMES ADAPTÉS
|
DES
ÉVALUATIONS REPENSÉES
|
32
Propos : Roger FOURNIER Illustré et
reformulation : Gaëlle Puy MEF 2 IUFM Montpellier Juin
2012
4 Annexe 4 : Tableau présentant les moyens
de reconnaissance des intelligences pour les élèves, les risques
liés si elle est négligée et les activités
spécifiques à proposer
33
Le schéma propose de répertorier 4 leviers selon
lesquels la théorie des IM pourrait être appliquée dans nos
modèles d'enseignement :
1) Développer la formation initiale et continue des
enseignants, améliorer les conditions de travail afin de disposer de
plus de temps et de plus d'outils et de liberté et favoriser les
échanges inter-enseignants
2) Restructurer les programmes scolaires de manière
à privilégier les compétences et les connaissances et les
adapter autant que faire se peut aux styles d'apprentissage et aux points forts
spécifiques des élèves
3) Elaborer des procédures et des instruments
d'évaluation spécifiques adaptés aux intelligences
multiples
4) Diversifier la participation de la collectivité au
processus éducatif sur les réformes scolaires et notamment ceux
qui viennent du domaine de la recherche en éducation et d'autres de la
pratique.
Ces différents degrés d'actions mettent en avant
la nécessité de la collaboration et d'une politique d'action
commune. Il s'agit d'établir des projets qui mobilisent des acteurs
divers. L'approche par projet est pour l'élève le meilleur moyen
de déployer des intelligences multiples.
Schéma 6 : « les outils collaboratifs, le
projet »
http://enaxante.fr/?-Ingenierie-formation-
Les projets organisés de manière neuronale
représentent l'approche du XXIème siècle. Ils consistent
à travailler en association d'idées sans pour autant
établir de liens hiérarchiques ou fonctionnels comme
auparavant.
34
L'école doit prendre en considération cette
réalité sociale et permettre à l'élève
d'aborder le savoir selon son raisonnement propre. La réalisation de
projets communs, le travail en équipe et la formation se joue bien
au-delà du temps présentiel en entreprise, de la même
façon que la construction du savoir de l'élève chemine
au-delà de son temps présentiel à l'école. Aussi,
reconnaître de multiples intelligences c'est favoriser les paliers de
construction du savoir pendant et hors temps de formation. Cela
nécessite le développement d'une intelligence collective,
réclame des interactions multiples ouvertes et organisées.
Célestin Freinet, inventeur d'une pédagogie
fondée sur des techniques novatrices disait : « L'école
de demain sera centrée sur l'enfant membre de la communauté.
C'est de ses besoins essentiels, en fonction des besoins de la
société à laquelle il appartient, que découleront
les techniques manuelles et intellectuelles à dominer, la matière
à enseigner, le système de l'acquisition et les modalités
de l'éducation ».
35
B. Discussions et conclusions
Les travaux de Howard Gardner sont, comme il le dit
lui-même, fortement influencés par le modèle de l'esprit,
modèle issu des sciences cognitives et de la neuroscience sur le
développement du cerveau. Son ouvrage, Frames of Mind (1983), a permis
de démontrer que l'intelligence présente des formes multiples et
que l'usage des technologies en à favoriser le développement. Il
a affirmé que la connaissance est en relation étroite avec les
compétences personnelles et relationnelles de la vie de tous les jours.
On a donc établi le lien implicite entre l'atteinte de
compétences attendues de plus en plus variées et le manque de
considération des formes d'intelligence.
La théorie d'Howard Gardner dit que chacun
possède, dans une certaine mesure, chacune de ces intelligences, et que
la combinaison de ces dernières diffère d'un individu à un
autre, tout le monde ne présente pas les mêmes habiletés
intellectuelles.
L'École secondaire « Les Compagnons-de-Cartier
» propose un programme pédagogique novateur auquel je me suis
intéressée. Ce programme intègre les nouvelles approches
pédagogiques et les technologies de l'information et des communications,
il s'appelle le « Protic ». Il ne s'agit pas de dire que c'est le bon
exemple, mais simplement de présenter un exemple d'organisation
pédagogique proche de la théorie des IM. L'approche de
pédagogie par projet est très largement mise en oeuvre, cette
approche permet la mise en oeuvre d'activités interindividuelles
complexes découlant de l'interaction des multiples intelligences
individuelles. Toute construction de connaissances fait en effet appel à
plusieurs types d'intelligence. Dans cette organisation pédagogique, la
priorité est de considérer les élèves comme
détenteurs d'un ensemble d'habiletés intellectuelles qu'ils sont
progressivement amenés à maîtriser et à
développer dans la connaissance de celles des autres
élèves au cours de leur démarche d'apprentissage. Cette
interaction intellectuelle entre plusieurs individus rassemblés autour
d'un même projet incite chacun d'eux à réfléchir,
à analyser, à interpréter plusieurs fois une même
situation. L'approche par projet conduit l'élève à
évaluer sa démarche intellectuelle, dès lors qu'il la
confronte à celle des autres et, par le fait même, l'amène
à la modifier et à l'enrichir.
La notion d'intelligence, telle que définie par
Gardner, met l'accent sur la performance intellectuelle dans l'espace ouvert de
la coopération et de l'interaction. C'est dire que les interactions et
la multiplication de ces interactions au sein d'un groupe donné sont
susceptibles de conduire à de profondes transformations intellectuelles
tant du côté de l'individu que du côté du groupe au
sein
36
duquel cet individu évolue. C'est peut être une
des raisons pour laquelle, l'enseignement « Protic » offre un espace
où les apprentissages s'effectuent un peu plus vite qu'ailleurs, parce
qu'il permet des possibilités de rencontres démocratiques.
Nous savons tous que l'école du XXIème
siècle ne se limite plus à la transmission de savoir. Les enfants
n'ont plus besoin de se rendre à l'école pour apprendre.
Internet, la télévision, les voyages, la lecture, leur offre de
multiples écrans sur le monde hors du schéma ancien.
L'école doit pouvoir offrir des outils et
méthodes variés pour former l'être humain, stimuler son
envie d'apprendre, lui permettre de développer son panel d'intelligences
et d'aptitudes pour qu'il puisse s'épanouir intimement dans un contexte
social et par son originalité ; sans se contenter de répondre aux
besoins d'une organisation.
Reconnaître les différentes intelligences des
élèves, c'est aussi participer à la construction de leurs
bonheurs. Le terme de bonheur proscrit des considérations scientifiques
quantitatives, fait également son chemin dans l'esprit des
sociétés contemporaines. Si le bonheur dépend de la
capacité à résoudre ses problèmes et à
s'adapter à son environnement, on peut alors en déduire que
favoriser des intelligences individuelles contribue à donner les
clés du bonheur avec celles non exhaustives et adaptées de la
résolution des problèmes propres à chaque individu.
Je voudrais conclure en citant quatre auteurs qui me sont cher
et qui ont influencé le choix de ce thème, et continuent à
nourri de façon critique ma conception, même au-delà
mémoire.
François de Singly, Sociologue et directeur du Centre
de recherche sur les liens sociaux. Il a écrit notamment : «
L'individualisme est un humanisme » dans lequel il dit je cite :
« l'individualisme est une forme de vie en société
permettant à chacune, chacun, d'avoir les reconnaissances dont il a
besoin pour écrire sa vie, d'avoir les moyens de réaliser, sur le
temps de travail ou de loisir, ce qu'il veut produire. L'individualisme est
créateur. [...] (p.25. 2011)
L'individualisme ne devient pas humaniste sans conditions.
La première, la plus important, réside dans le fait que
l'individualisme concurrentiel ne soit pas dominant. [...] (p114. 2011)
La notion de socle commun de connaissance (Thélot
2004) repose sur une analogie avec le smic, [...] le smic n'a jamais
menacé les hauts salaires. » (p122. 2011).
37
Friedrich Nietzsche, (1844-1900) moraliste Allemand. Extraits
de « humain, trop humain. Un livre pour les esprits libres. : «
Si nous essayons de contempler le miroir en soi, nous finissons par n'y trouver
que les choses qui s'y reflètent. Si nous voulions saisir ces choses,
nous ne rencontrons finalement rien d'autre que le miroir. - Telle est
l'histoire générale de la connaissance. (II, 1 Opinions et
sentences mêlées) [...] Comment la raison est elle venue dans le
monde ? d'une façon déraisonnable, comme de juste - par le
hasard. Il faudra déchiffrer ce hasard comme une énigme. II, 2
(Aurore, pensée sur les préjugés moraux).
Erving Goffman, Sociologue américain d'origine
canadienne (1922-1982), est l'auteur notamment des ouvrages: « Les Rites
d'interaction », « Les relations en public » et « La
Présentation de soi » (premier tome de La Mise en scène de
la vie quotidienne). En 2004, dans « Le déploiement du genre
», Terrain, n° 42, pp. 109-128, il écrit : « Les
individus ne font pas seulement qu'apprendre comment et quand s'exprimer ; en
le faisant, ils apprennent aussi à être la sorte d'individus
à laquelle la doctrine de l'expression naturelle s'applique ; ils
apprennent à être des individus qui ont un caractère et
à l'exprimer, des individus pour qui cette expression
caractérologique est seulement naturelle. Nous sommes socialisés
pour confirmer nos propres hypothèses sur notre nature ».
Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du
Châtelet, communément appelée Émilie du
Châtelet, née à Paris le 17 décembre 1706 et morte
à Lunéville le 10 septembre 1749, est une mathématicienne
et physicienne. Elle est aussi restée célèbre pour
être l'auteur de la traduction française des Principia Mathematica
de Newton qui fait toujours autorité aujourd'hui, et également
pour avoir été la maitresse de Voltaire, il disait d'elle:
« Jamais une femme ne fut si savante qu'elle, et jamais personne ne
mérita moins qu'on dît d'elle : c'est une femme savante. [...]
Elle ne parlait jamais de science qu'à ceux avec qui elle croyait
pouvoir s'instruire, et jamais n'en parla pour se faire remarquer.
»
Extrait de son magnifique texte, « Discours
sur le bonheur », écrit en 1779 et d'une grande clairvoyance
sur son temps : « II faut commencer par se bien dire à
soi-même et par se bien convaincre que nous n'avons rien à faire
dans ce monde qu'à nous y procurer des sensations et des sentiments
agréables. Les moralistes qui disent aux hommes : réprimez vos
passions, et maîtrisez vos désirs, si vous voulez être
heureux, ne connaissent pas le chemin du bonheur. On n'est heureux que par des
goûts et des passions satisfaites ; je dis des goûts, parce qu'on
n'est pas toujours assez heureux pour avoir des passions, et qu'au
défaut des passions, il faut bien se contenter des goûts. Ce
serait donc des passions qu'il faudrait demander à Dieu, si on osait lui
demander quelque chose [...] ».
38
Références
Gardner, H. (1998), Les intelligences multiples - Pour
changer l'école : la prise en compte des différentes formes
d'intelligence, Paris : RETZ
Gardner, H. (1996), L'intelligence et l'école : la
pensée et l'enfant et les visée de l'enseignement, Paris :
RETZ
Amstrong, T, Chennelière, A. et McGraw-hill, (1999),
Les intelligences multiples dans votre classe, Paris :
Broché
Dr ZEKRI-HURSTEL, R. (2005), L'alphabet des cinq sens,
Paris : Robert Laffont
Hourst, B. (2005), Au bon plaisir d'apprendre. (Re) trouver
la faculté d'apprendre avec le sourire, Paris : Inter Editions
Sauquet, M, Vielajus, M, L'Intelligence de l'autre - Prendre
en compte les différences culturelles dans un monde à
gérer en commun, Mayer (Charles Léopold)/ECLM
Cellier, H. (2008), L'accueil des précoces
[consulté le 26 mai 2012], Disponible sur le Web : <
http://www.cahiers-pedagogiques.com/L-accueil-des-precoces.html>.
« Approche théorique et pratique du travail
d'Howard Gardner psychologue cognitiviste américain
».
« Dans cet ouvrage, Howard Gardner, psychologue
cognitiviste étudie la formation de la pensée chez l'enfant
avant l'entrée à l'école et les causes des
difficultés rencontrées lors de la scolarité, puis
à l'âge adulte. Il place l'enfant au centre des apprentissages
en lui reconnaissant sa spécificité et l'importance des
pédagogies de la coopération et du projet ».
39
« Cet ouvrage permettra de découvrir des
pistes de travail possibles dans le cadre de stratégies
pédagogiques qui aideront les enseignants à présenter les
intelligences multiples aux élèves et préparer des
séances d'enseignement et d'évaluation. Un outil
précieux dans le cadre de la classe ».
« Cet ouvrage écrit par une neurologue
permettra aux enseignants de découvrir une démarche
pédagogique innovante dans le domaine de l'apprentissage de la
lecture. Il permettra d'autre part de penser des pistes de
remédiation en lecture au service de la théorie des
intelligences multiples » Premier prix du Salon mondiale
l'innovation, reconnu par l'UNESCO dans ses programmes d'éducation,
validé par l'Education Nationale comme outil d'éveil pour les
enfants de grande section de maternelle et de lutte contre la dyslexie et
l'illettrisme ».
« Des pistes de travail intéressantes pour
permettre aux enseignants de restaurer le désir d'apprendre pour les
élèves qui ne l'auraient plus ».
40
Annexe 1 : Interview de Howard Gardner par Sylvie
Abdelgaber
N°437 - Dossier "Des langues bien vivantes" LES
CAHIERS PEDAGOGIQUES
Les intelligences multiples
Sylvie Abdelgaber a rencontré Howard Gardner
qui, le 9 Mars 2005, était l'invité d'honneur du Forum
organisé par les éditions Retz et le Monde de l'Education sur le
thème « l'école et l'intelligence, ce qu'en pensent les
psychologues aujourd'hui ».
SA : On hésite parfois à employer le terme
« intelligence », surtout au singulier...
HG : C'est ce qu'en anglais nous appelons le
« politiquement correct » qui peut empêcher d'utiliser le mot
« intelligence », surtout lorsqu'on parle officiellement. Pourtant,
il n'y a aucun moyen d'empêcher lesgens d'utiliser ce terme tous les
jours : mon travail consiste à voir ce que l'on entend par là. A
mon avis, le sens de ce mot change avec ce que l'on cherche. Si l'on cherche,
par exemple quelqu'un qui travaille dans le marketing chez un éditeur,
on ne recherche pas les mêmes qualités que pour un professeur de
Grec. On utilise pourtant le même mot : l'éditeur appellera
intelligent quelqu'un qui comprend rapidement l'essentiel d'un livre, qui saura
à qui le proposer, avec quels contacts perdre ou ne pas perdre de temps.
On embauchera un professeur de Grec qui aura l'intelligence du Grec et la
capacité de l'enseigner à des enfants qui peuvent être
réticents.
En fractionnant la notion en plusieurs facettes, je crois que
j'aide les gens à mieux définir ce qui est important selon les
cas. Si vous prenez dix métiers différents dans nos
sociétés, chacun réclame probablement des combinaisons
différentes d'intelligences. Je ne crois pas que Einstein aurait pu
être Mozart, ou que Mozart aurait pu être Pierre Curie. Leurs
capacités étaient d'ordres différents.
Nos capacités d'intelligence seraient-elles donc
définies une fois pour toutes ?
Je ne pense pas que regarder les intelligences comme une
palette variée les fige. Je crois que toute intelligence peut être
développée, si on y travaille. A l'inverse, si on arrête de
regarder par exemple leschiffres, on n'a aucune chance de devenir meilleur dans
ce domaine là ! La différence, c'est que dans certains domaines,
un tout petit effort vous emmènera assez loin, tandis que dans d'autres
domaines, il vous faut travailler très dur pour un tout petit
progrès.
C'est que vos intelligences ne sont pas entièrement
sous votre contrôle. Elles dépendent de vos parents, de votre
biologie, ainsi que de votre expérience. Quelqu'un dont les parents sont
musiciens et qui en plus dès l'enfance a écouté et
joué beaucoup de musique a de plus grandes chance d'avoir
développé une meilleure intelligence musicale que quelqu'un qui
n'a ni les parents
41
musiciens, ni l'expérience de la pratique musicale.
Dans un de mes livres je parle de la méthode Suzuki pour l' enseignement
du violon. On a dit qu'il allait chercher les génies, mais ce n'est pas
vrai, c'est lui qui a fait preuve de génie en allant chercher des
enfants « ordinaires » et en mettant en place une méthode qui
commence au berceau, avec de tout petits violons et une grande implication de
la mère.
N'est-ce pas du talent, plutôt que de
l'intelligence ?
Si j'avais parlé de différents talents,
ma théorie n'aurait pas un impact aussi fort, car nous savons tous que
nous avons différents talents. J'ai utilisé le mot
intelligence délibérément, comme une façon
stimulante de poser la question suivante : pourquoi appeler intelligent
quelqu'un qui est doué pour leschiffres, et utiliser un autre terme pour
quelqu'un qui serait meilleur dans le traitement d'informationsspatiales ou
plus efficace dans les relations avec les autres ? Il y a toujours un danger de
coller des étiquettes, mais on ne peut pas empêcher les
classifications. Dès trois ans, les enfants classent, que vous leur
appreniez ou non. Le problème c'est de savoir si le système de
classification est bon ou s'il n'est pas trop pris au sérieux.
Est-il important pour les enseignants de connaître
les différentes intelligences ?
Je tiens à dire ma prudence à l'égard des
évaluations. C'est contre l'idée d'un Q.I. qui mesurerait une
intelligence unique et innée que s'est construite ma théorie. Il
ne s'agit pas de multiplier les errements des tests de l'intelligence unique
par mes huit formes (et demie) d'intelligence ! Une véritable industrie
du test des intelligences pourrait naître, et pour moi, là, il y a
un danger.
Si votre enfant suit bien à l'école il n'y a
aucune raison d'évaluer ses intelligences. Par contre, s'il a des
problèmes, alors cela peut valoir la peine. Mais les problèmes
scolaires peuvent avoir des causessociales ou émotionnelles, provenir de
problèmes de motivation ou de problèmes cognitifs. Pour ma part,
je ne travaille que sur l'aspect cognitif. Si un enfant a des problèmes
spatiaux ou corporels ou interpersonnels, c'est intéressant de le
savoir. En effet, on pourra alors aborder les apprentissages par un autre
chemin. Il y a plusieurs façons d'apprendre la géométrie,
ou l'histoire. Les enseignants n'ont pas besoin de ma théorie pour
savoir que tous les enfants n'apprennent pas de la même manière.
D'ailleurs, il y a plusieurs façons d'enseigner les choses que l'on
sait. Si l'on comprend bien quelque chose, on peut l'expliquer de plusieurs
manières. Cependant se donner plusieurs manières de
procéder ne vient pas toujours pas naturellement : c'est en regardant
d'autres faire, en faisant des essais, en échangeant, qu'on peut
apprendre à voir là où l'on est le plus à l'aise,
où les autres savent mieux faire, on peut évoluer... comme
enseignant aussi.
42
Votre théorie scientifique s'applique-t-elle
directement à l'école ?
La théorie des intelligences multiples n'est pas une
méthode éducative, mais elle intéresse
leséducateurs car quiconque a travaillé avec des enfants sait
qu'ils ne sont pas tous faits sur le même modèle. Si on observe
les enfants avec attention, et c'est ce qui se fait dans des écoles qui
ont des projets « intelligences multiples », on voit toutes sortes de
différences. Je propose un système de lecture de ces
différences cognitives. Je ne parle pas des différences de
personnalité ou de tempérament.
L'école doit enseigner à vivre ensemble. Elle
doit aussi transmettre ce que tout le monde doit savoir du monde, du pays. Mais
en fin de compte, chaque enfant va faire son propre sens de ce qui lui est
enseigné.
Quelquefois on me demande si je suis partisan de
filières qui mettraient les enfants ensemble selon leurs
capacités. Je pense qu'il est important que l'école enseigne
à vivre avec des gens différents, avec des approches, des
intelligences différentes. Alors, non, je ne suis pas pour des
filières, en tousles cas pas pour tout. Peut-être qu'en
mathématiques, ou en langues, je serais pour travailler à des
niveaux différents, mais en histoire, cela n'aurait pas de sens. En
mathématiques, une hétérogénéité trop
grande comme nous en connaissons aux Etats-Unis n'est que source de frustration
pour les forts, comme pour ceux qui n'y arrivent pas. Les mettre ensemble ne
sert personne--en tous les cas, pas avec les mêmes tâches à
accomplir. Cela ne sert qu'une idéologie. Par contre, pour
réfléchir à l'actualité,
l'hétérogénéité est importante, il faut
comprendre comment les autres voient les choses.
Comment votre théorie se situe-t-elle par
rapport à d'autres travaux sur les différences cognitives
?
Certains de mes livres peuvent être lus comme un long
débat avec Jean Piaget, à qui je dois beaucoup. La théorie
des intelligences multiples diffère d'autres approches cognitives -- il
faut dire que la plupart des gens qui étudient les différences
cognitives partent souvent des organes des sens. Ma théorie va
au-delà. Le langage peut venir par les yeux, l'oreille ou les doigts,
peu importe, notre « module d'ordinateur » traite l'information
linguistique après la perception. Je ne crois pas que l'on peut parler
d'un apprentissage « visuel » ou « auditif », cela ne me
paraît pas consistant. Lire, par exemple, est une activité
visuelle, mais on confond souvent le sens que nous utilisons avec le
système symbolique auquel nous nous référons, qui est
graphique. Si on maîtrise le langage, on apprend à lire quand on
apprend à utiliser le système symbolique écrit, cela n'a
que peu à voir avec les yeux. Le terme « auditif » aussi,
mélange le linguistique et le musical, qui n'ont que peu en commun. S'il
existait vraiment un apprentissage `auditif', il s'appliquerait
forcément aux deux, et ce n'est pas le cas.
43
D'autre part, les critères que j'applique pour
définir ce qui compte comme intelligence ne permettent pas qu'un beau
matin, on décide qu'il existe une intelligence sexuelle, une pour la
cuisine ou l'humour. Et on pourrait penser que l'intelligence
logico-mathématique, qui met en jeu des parties différentes du
cerveau, doit être considérée comme une pluralité
d'intelligences plutôt que comme une entité monolithique. Il est
difficile de faire des mathématiques sans avoir la logique, mais
l'inverse n'est pas vrai. La dimension spatiale des mathématiques n'est
pas nécessaire à la logique. Et, critère important, le
cerveau ne traite pas tout cela dans la même zone. Dans mes propositions
initiales, publiées en France chez Odile Jacob, je montre comment chaque
intelligence se subdivise en plusieurs composantes.
Vous simplifiez pour pouvoir mieux lire la
complexité ?
Exactement. Tout étudiant en psychologie sait que le
langage se situe plutôt dans des zones médianes de
l'hémisphère gauche, la perception spatiale est
postérieure droite, pour les droitiers, en tous cas. Par rapport aux
théories qui différencient hémisphère droit,
hémisphère gauche, la théorie des intelligencesmultiples
fait un pas en avant. Elle permet de différencier un peu plus, sans pour
autant scinder lesintelligences en cent cinquante, ce qui nous
empêcherait totalement d'y voir clair. Ma théorie permet
d'avancer, mais elle est suffisamment simple pour être comprise par tous.
Les pédagogues en particulier.
Annexe 2 : Questionnaire utilisé
44
Merci de prendre quelques minutes afin de répondre aux
questions ci-dessous. Ce questionnaire est anonyme et vise à mieux vous
comprendre, mieux vous connaître, pour contribuer à créer
une école qui vous ressemble.
? J'aime travailler en groupe ?
Cela dépend
Pourquoi :
? J'aime être noté, évalué
?
Cela dépend
Pourquoi :
? J'aime trouver la réponse (oui) , ou
je préfère l'avoir compris (non) ?
Cela dépend
Pourquoi :
? J'aime apprendre en étant libre des contenues
? (autrement dit, je prendrais plus de plaisir à
apprendre si j'étais associé au choix du savoir)
Cela dépend
Pourquoi :
? J'aime apprendre en agissant ? (j'aime me projeter dans des
situations concrètes)
Cela dépend
Pourquoi :
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? J'aime apprendre à l'aide de beaucoup de
structure ? (j'aime que les cours soit
numérotés, qu'il y ai de la
méthode)
Cela dépend
Pourquoi :
? J'aime apprendre sur ordinateur, avancer à mon rythme
? (je pourrais me former seul)
Oui Non Cela dépend
Pourquoi :
? est ce que je prend du plaisir à aller à
l'école ? Imaginons que je puisse faire ce que je veux est ce
que j'aimerai retourner à l'école ?
? Et enfin, quelle école vous fait
rêver, que devrait-elle être pour vous donner envie
d'apprendre ?
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Annexe 3 : Applications pédagogiques ou
évaluatives de la théorie des IM par l'académie de
Créteil
L'intelligence verbale/linguistique :
· résumer avec ses propres mots les
résultats importants ;
· écrire des histoires, des
métaphores et des analogies sur le sujet ;
· faire des jeux de vocabulaire sur le sujet
(mots croisés, etc.) ;
· faire des comptes-rendus ;
· définir les mots-clés du sujet
;
· faire un exposé, imaginer un discours
sur le sujet ;
· raconter et écouter des histoires
;
· écrire des poèmes, des histoires
sur le sujet ;
· écrire la suite d'une histoire
;
· créer des dialogues ;
· inventer des mots nouveaux, étranges,
amusants, leur trouver une définition et les utiliser ;
· créer des questionnaires et des tests
sur le sujet ;
· décrire à voix haute
;
· écrire des questions sur le sujet dont
vous souhaitez la réponse ;
· créer des slogans, des
mnémoniques ;
· écouter quelqu'un exprimer ses
idées et discuter avec lui ;
· faire des topogrammes sur le
sujet.
L'intelligence logique/mathématique
· planifier un processus ou un projet ;
· décomposer une tâche en parties
successives et fixer un ordre de priorité ;
· organiser une tâche complexe, mettre une
hiérarchie dans les idées ;
· représenter sous forme de graphiques
;
· trouver des statistiques sur le sujet
;
· trouver des structures intéressantes dans
un objet, un processus ;
· faire une liste de questions reliées au
sujet à étudier ;
· faire un topogramme sur le sujet ;
· mettre en place un programme d'apprentissage
;
· prédire et justifier la réponse
à un problème avant de le résoudre, puis le
résoudre et évaluer ses prédictions
faire des jeux de logique, résoudre des
énigmes ;
· faire des analogies mathématiques ou
scientifiques ;
· traduire les étapes de résolution
de problème en une formule symbolique.
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L'intelligence visuelle/spatiale
· travailler avec des « médias
artistiques », tels que peinture, marqueurs, crayons, pour exprimer une
idée ou une opinion ;
· pratiquer des exercices de visualisation (par
exemple imaginer réussir une tâche difficile, avec autant de
détails visuels que possible) ;
· pratiquer des exercices d'imagination («
Faire comme si ») ;
· utiliser des outils de conception variés
tels que le dessin, l'architecture, des diagrammes ;
· fabriquer un décor sur le sujet que l'on
étudie ; organiser l'espace, les objets et les zones de l'espace en
fonction du sujet étudié ;
· faire changer de place pour avoir
différentes perspectives ;
· utiliser des images, des photos pour apprendre
;
· regarder des films et des vidéos, et en
réaliser ;
· créer des symboles pour exprimer des
idées ;
· concevoir des publicités ;
L'intelligence musicale/rythmique
· apprendre des définitions, des
règles, des mots-clés sous forme rythmée ;
· mettre des informations importantes sous forme de
musique ;
· pour apprendre un mouvement précis : le
faire en se chantonnant une chanson connue ;
· écouter différentes sortes de
musique pour changer son humeur ou son état ;
· utiliser une chanson connue et créer des
nouvelles paroles ;
· écrire une chanson, une ritournelle, un
rap, un poème, pour résumer ce que l'on a appris.
L'intelligence
corporelle/kinésthésique
· mettre en scène une idée, une
opinion ou un sentiment ;
· faire des activités où l'on devient
ce que l'on est en train d'apprendre ;
· utiliser dans différentes circonstances le
langage corporel ;
· faire des révisions mentales en marchant
;
· représenter à grande échelle
;
· utiliser des modèles, des machines,
fabriquer des maquettes ;
· faire parler des marionnettes sur le sujet
étudié ;
· faire des excursions, des voyages
d'études.
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L'intelligence interpersonnelle
· réaliser des projets de groupe
;
· proposer des activités où il est
nécessaire de s'appuyer sur d'autres personnes pour réussir un
projet ;
· pratiquer la division du travail ;
· donner du feed-back à quelqu'un sur son
action ;
· organiser des activités permettant un
feed-back collectif sur une activité passée ;
· discuter du sujet avec quelqu'un, organiser des
discussions sur le sujet étudié ;
· expliquer, et se faire expliquer ;
· faire des interviews imaginaires ;
· proposer la comparaison de notes, de topogrammes
;
· organiser des jeux ;
· faire des études de cas ;
· mettre en scène à plusieurs ce que
l'on étudie ;
L'intelligence intrapersonnelle
· proposer régulièrement d'être
attentif à ses pensées, sentiments et humeurs comme un
observateur extérieur ;
· prendre conscience de ses différentes
stratégies de pensée selon les circonstances (telles que les
stratégies de résolution de problème, les modalités
de réflexion en cas de crise, les procédés de
pensée analytique, etc.) ;
· développer des temps de
réflexion silencieuse, de concentration, de recentrage, de relaxation,
et d'imagerie mentale ;
· réfléchir au sens (pour soi) de
ce que l'on fait, comment l'intégrer dans un plan de
développement personnel ;
L'intelligence du naturaliste
· rechercher la structure interne d'un
phénomène, d'un processus, d'une machine, d'une construction
;
· regrouper des éléments selon
certaines caractéristiques communes ;
· tenir un journal d'observations ;
· faire des analogies avec des processus
naturels (fonctionnement du corps humain, comportements des animaux, etc.)
;
· observer la nature, faire des
expérimentations dans la nature.
Annexe 4 : Tableau présentant les moyens de
reconnaissance des intelligences pour les élèves, les risques
liés si elle est négligée et les activités
spécifiques à proposer
(Fiche construite à partir de l'ouvrage de Bruno
Hourst « Aider votre enfant à mieux apprendre ». Eyrolles
éd par l'académie de Poitiers
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