Conclusion et perspectives
L'environnement est devenu l'objet d'un débat politique
et scientifique intense, avec la reconnaissance, depuis une trentaine
d'années, de l'importance des risques écologiques qui menacent
notre planète. Ainsi bien à Bunia, tant de problèmes
environnementaux rencontrés notamment le problème urbanistique
lié à l'explosion démographique, la pénurie d'eau,
occupation anarchique des lits de cours d'eau entrainant les érosions,
la pollution sous toutes ses formes de l'eau, l'air et du sol, etc. A Kasenyi,
on observe le problème lié à la surpêche,
l'exploitation des zones des frayères, le rétrécissement
du lac, ... tandis qu'à Mongbwalu, avec l'exploitation minière
(Or) au détriment de la forêt, on assiste à la pollution de
cours d'eau, aux érosions énormes, à la perte du sol pour
l'agriculture ainsi qu'à la dégradation de la forêt. Suite
à tous ces problèmes menaçant l'environnement, que pensent
ou représentent réellement les individus de
« l'environnement » et des problèmes liés
à sa préservation à Bunia, Kasenyi et Mongbwalu ? Telle
est la préoccupation majeure qui a suscité cette recherche.
L'objectif principal poursuivi de ce présent et modeste
travail a consisté à dégager les perceptions de la
population de l'Ituri par rapport aux problèmes environnementaux et la
représentation de l'environnement selon cette population d'après
leur type de ressources.
Afin d'atteindre ces objectifs et bien vérifier les
hypothèses de recherche, la méthodologie a porté sur
l'analyse systémique appuyée par les techniques d'observation
directe, documentaire et par l'interview structurée.
Cette étude s'est articulée autour de trois
chapitres. Le premier chapitre a été consacré au cadre
conceptuel et théorique. Il était question de définir et
de présenter succinctement les concepts environnement,
écorégion, ressources naturelles et perception. Par la suite, il
a présenté le cadre théorique dans la tradition duquel
s'inscrit cette étude.
Le deuxième chapitre s'est appesanti sur la
présentation du champ de l'étude et la méthodologie
utilisée. Il a tour à tour présenté les trois sites
sur lesquelles ont porté cette recherche à savoir Bunia,
Mongbwalu et Kasenyi. Cette présentation a consisté à
indiquer, pour chacun de trois sites, la situation géographique, le
climat, végétation et sol, les activités principales ainsi
que la population humaine.
Quant au troisième chapitre, il a été
consacré à la présentation, analyse et discussion des
résultats. Concrètement, il s'est agi de présenter et
d'interpréter les résultats finaux. L'objectif assigné
à ce chapitre était principalement de vérifier
l'hypothèse du départ à partir des résultats de
l'analyse, c'est-à-dire confronter les résultats obtenus à
l'hypothèse. A l'issu de cette recherche, les résultats
ci-après ont été retenus :
Il est remarqué qu'à Bunia la population est
plus informée sur l'environnement que Mongbwalu moins encore Kasenyi.
56,82% ont de l'information contre 43,18% n'en ont pas. Tandis qu'à
Mongbwalu, la tendance revient aux 64,06% non informés contre 35,94%
informés. Par contre, à Kasenyi la proportion
élevée de 85,9% ne possèdent pas l'information sur
l'environnement contre 14,1%. Les deux premières sources principales de
l'information sont notamment les médias (Radio,
télévision, journaux et internet) et les études ou les
cours, la formation, sensibilisation, etc. Par rapport à la connaissance
sur l'environnement, plus de la moitié des enquêtés (55,7%)
à Bunia ont une connaissance contre 44,3% tandis qu'à Mongbwalu
59,4% n'en connaissent pas contre 40,6%. Par contre, à Kasenyi la
minorité de 24,4% a une connaissance sur l'environnement contre
75,6%.
On constate dans la figure 13 que dans tous les trois sites
plus de la moitié des enquêtés ne sont pas informés
sur les problèmes environnementaux. A Bunia, 51,14% ne possèdent
pas cette information contre 48,86% tandis qu'à Mongbwalu 67,19% n'ont
pas accès contre 32,81%. Par contre, à Kasenyi la majorité
(96,15%) n'en possède pas contre qu'une minorité de 3,85% qui en
possède. Ici les sources de l'information sont variées entre les
médias, les études et le savoir individuel. Concernant la
connaissance sur les problèmes environnementaux, la minorité
connait les problèmes environnementaux à Mongbwalu et Kasenyi
tandis qu'à Bunia, plus de la moitié maitrisent les
problèmes liés à l'environnement.
Par rapport à la typologie de représentation de
l'environnement, la majorité des enquêtés (54,84%)
assimilent l'environnement à la nature, une portion aussi
considérable des interrogés l'assimile aux forêts (17,74%)
et à l'eau (14,52%). Tandis qu'à Mongbwalu, 68,75% des
répondants assimilent l'environnement à la nature, suivi des
arbres (21,88%) et une proportion faible (6,25%) représente
l'environnement comme étant les forêts. Par contre, à
Kasenyi la représentation tombe sur le lac (64,29%), suivi des
forêts (35,71%) et vient à la troisième position la maison
(21,43%) comme une représentation.
Les problèmes environnementaux à Bunia sont
perçus de la manière suivante par ordre de plus fréquent
parmi les interrogés : les déchets (43,14%), la
déforestation ou dégradation de la forêt (33,33%) et le
manque d'hygiène et assainissement (27,45%). D'autres problèmes
environnementaux perçus sont moins considérables dans la figure
20. Tandis qu'à Mongbwalu, la perception réside autour des
déchets (30%), manque d'hygiène et assainissement (25%) et 25% de
la déforestation, suivi respectivement de 15% de la pollution de l'air
et érosion. Par contre à Kasenyi, 53% des interrogés
répondants assimilent les problèmes environnementaux à la
disparition ou diminution des poissons dans le lac, ensuite vient la
déforestation et les déchets (29%). Les causes sont multiples
selon le type des problèmes liés à l'environnement.
Les interrogés de Bunia et Kasenyi reconnaissent en
grande partie que la responsabilité des problèmes
environnementaux revient au gouvernement tant national que local ; tandis
qu'à Mongbwalu la population déclare qu'elle est elle-même
à la base de ces problèmes qui guettent l'environnement. En
deuxième position, la responsabilité est partagée entre la
population et le gouvernement.
Ainsi, dans l'ensemble, les résultats
révèlent que la population de l'Ituri n'est pas tellement
sensible aux problèmes environnementaux rencontrés. Car, elle
n'identifie pas de façon succincte la présence des
problèmes environnementaux. La perception de problèmes
environnementaux par la population iturienne n'est pas entièrement
positive et/ou visible du fait que les répondants à la question 8
(annexe I) très minimes par rapport au total des interrogés.
Enfin, on observe que la population de l'Ituri n'a pas assez suffisamment de
connaissance en matière de l'environnement suite au manque
d'information.
En somme, quelques propositions pour développer
l'éducation à l'environnement pour un développement
durable : une stratégie d'action pour l'Ituri.
Pour tenir compte d'une part de l'urgence à engager des
actions ambitieuses, mais s'appuyant sur l'existant, et d'autre part de la
nécessité de prendre du recul pour définir une
stratégie adaptée d'éducation globale au
développement durable, une démarche en deux temps semble logique
pour ce modeste travail :
Ø A court terme : mettre en place un plan national
d'action pour une éducation généralisée à
l'environnement dans une perspective de développement durable
Ø A moyen terme : définir une
stratégie d'éducation globale au développement durable
pour le système éducatif.
a) A court terme : mettre en place un plan national
d'action pour une éducation généralisée à
l'environnement dans une perspective de développement durable
Ø Quelques objectifs clairs et ambitieux :
v Il ne s'agirait pas de créer une nouvelle discipline,
pas plus que de nouveaux dispositifs, mais de définir, dans le
système éducatif, un domaine « environnement » comme
on le fait pour la citoyenneté.
v Une véritable éducation à
l'environnement devrait être :
· généralisée, ce qui implique la
redéfinition d'une politique nationale fixant des objectifs de contenu,
de méthode et de comportement en vue de l'acquisition progressive d'une
« culture de l'environnement dans la perspective d'un développement
durable » ;
· ancrée dans les territoires, afin de s'appuyer
sur les problématiques et les compétences locales ;
· transversale et interdisciplinaire, reliée
également à l'éducation à la citoyenneté,
à la santé, aux risques et à la
sécurité ;
· progressive et cohérente, à chaque niveau
d'enseignement comme sur l'ensemble de la scolarité primaire et
secondaire.
v Le nécessaire équilibre entre instruction et
éducation impliquerait :
o d'établir une cohérence interne à
chaque discipline :
o d'identifier les éléments de cohérence
entre les disciplines :
o de clarifier et de renforcer la place de l'éducation
à l'environnement dans tous les dispositifs, spécifiques ou non,
suscitant une démarche de projet.
v Il faudrait mettre en cohérence les ressources, et
développer, structurer, gérer les partenariats, tout en
préservant la liberté d'initiative.
Ø Un plan national d'action devrait reposer sur :
v la mise en place, au plus haut niveau du ministère,
d'un comité de pilotage ayant pour missions :
· de mettre en oeuvre les orientations de la politique
nationale en matière d'environnement et d'en assurer le suivi ;
· de prendre des initiatives pour refonder la politique
nationale, notamment en organisant des grands colloques scientifiques,
didactiques et pédagogiques.
Ce comité pourrait regrouper des responsables et des
acteurs environnementaux ainsi que des membres représentatifs des
différents partenariats. Il devrait aussi travailler en relation avec
les autres ministères et les structures interministérielles ;
· une relecture des programmes, pour mieux cerner et
valoriser les points de convergence entre les disciplines aux différents
niveaux d'enseignement ;
· la publication d'un nouveau texte officiel explicitant
la politique nationale ;
· la remobilisation de l'ensemble des acteurs du monde
éducatif autour de ce projet : universitaires, corps d'inspection,
structures de formation, services du ministère, réseaux
environnementaux, structures partenariales ;
· une charte nationale du partenariat rassemblant, autour
des grands objectifs éducatifs, les principaux partenaires à
l'échelon national ;
· l'organisation d'un réseau national de
coordination et de gestion des ressources susceptible de les
fédérer, de les faire connaître, et d'orienter la politique
nationale de publication ;
· la mise en place d'un plan national de formation de
personnel, volet essentiel et condition absolue de la réussite.
Ø Les plans d'action académiques, relais de la
politique nationale :
v L'échelon académique est le mieux
adapté à la mise en place d'une politique
déconcentrée. Un plan d'action académique pourrait
être défini par les universités, en concertation avec les
représentants des autres ministères et les principaux partenaires
régionaux.
v La réussite du plan d'action académique
suppose la mise en place d'une structure directement rattachée au
recteur :
· un délégué académique
à l'éducation à l'environnement et au développement
durable pourrait être chargé de la mise en oeuvre et du suivi de
la politique académique. Travaillant en liaison directe avec le
comité national de pilotage, il assurerait notamment le lien entre tous
les acteurs régionaux ;
· un observatoire ou un comité académique,
composé des principaux acteurs de l'éducation nationale et des
partenaires régionaux.
b) A moyen terme : définir une stratégie
d'éducation globale au développement durable pour le
système éducatif
Ø Le concept de développement durable, qui
associe des facteurs économiques, sociaux et environnementaux,
s'avère beaucoup plus large et complexe que celui d'environnement. C'est
un domaine que l'école a peu exploré. Le terme même
n'apparaît pratiquement pas dans les programmes ou les dispositifs,
même si un nombre appréciable de thèmes ou de questions
traitées aux différents niveaux d'enseignement relèvent
d'une logique de développement durable.
Ø Une réflexion de fond et un travail
exploratoire restent à conduire pour inscrire l'éducation au
développement durable parmi les axes transversaux majeurs de
l'éducation nationale.
Ø Cette réflexion doit conduire :
v à cerner et clarifier le concept de
développement durable dans sa richesse et sa Complexité ;
v à définir l'ensemble des composantes qui
devront être prises en compte par le système éducatif pour
les insérer dans les programmes et les dispositifs.
Ø L'objectif est d'une grande ambition car il s'inscrit
dans un véritable projet de société nécessitant une
réflexion de fond qui devrait être entamée rapidement pour
arriver à la connaissance de l'environnement, à l'identification
des problèmes environnementaux en vue d'une gestion rationnelle des
ressources naturelles en Ituri.
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