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Francophonie et médiation des crises politiques en Afrique francophone: le cas de Madagascar( Télécharger le fichier original )par Rodrigue TASSE MOTSOU Institut des Relations Internationales du Cameroun et en cotutelle avec l'Université Jean Moulin de Lyon III en France - Master II en Science politique option Relations Internationales 2012 |
Section II : une participation francophone plus active en faveur de la paixPour une participation francophone plus active en faveur de la paix, l'Organisation internationale de la francophonie doit améliorer sa politique en matière de médiation des crises politiques (paragraphe I) et affermir sa magistrature d'influence (paragraphe II). Paragraphe I : Améliorer sa politique en matière de médiation des crises politiquesPour améliorer sa politique en matière de médiation des crises politiques, la Francophonie doit renforcer ses ressources humaines et financières (A) et revoir les conditions d'intervention avec ses partenaires internationaux dans les crises (B). A-Renforcer les ressources humaines et financièresSi la délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l'Homme a également connu depuis 2003, un accroissement non négligeable de ses effectifs, la configuration de l'équipe actuelle quoique très engagée et professionnelle, demeurant très restreinte au regard de l'ampleur et de la diversification des tâches couvrant l'ensemble des secteurs déclinés dans les déclarations de Bamako et de Saint- Boniface135(*). C'est d'ailleurs l'une des difficultés que rencontrent généralement les missions francophones dans les crises politiques. A ceci il faut ajouter les moyens limités qui sont affectés aux missions. Pour renforcer l'action de l'organisation dans ce domaine, le Secrétaire général de la Francophonie doit encourager les Etats membres à verser régulièrement leurs contributions statutaires et volontaires. La Francophonie pourrait également créer un fonds de soutien à la médiation des crises politiques dans ses Etats et Gouvernements membres dans le but de répondre promptement en cas de rupture de la démocratie. Compte tenu de la difficulté du traitement des crises qui nécessite une parfaite connaissance de situations souvent complexes, il est important que les missions de médiation bénéficient d'une certaine durée dans l'exercice de leurs fonctions, car ils en ont besoin pour gagner la confiance de leurs interlocuteurs locaux et pour assurer la crédibilité du processus engagé. B-Renforcer les conditions d'intervention avec ses partenairesLa prolifération des opérations de prévention des conflits ou de maintien de la paix de type hybride a quelque peu opacifié les responsabilités politiques et rendu difficile l'indispensable coordination entre les intervenants. L'on a de nos jours plusieurs médiateurs sur place et des présences importantes d'organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales pouvant créer une assez grande confusion quant aux responsabilités politiques effectives du médiateur principal. Les risques de fragmentation de la médiation devraient aboutir à imposer un seul médiateur principal avec les autres acteurs en appui coordonné. Il est évident que la multiplicité et la diversité des initiatives de médiation dans un même conflit posent la question cruciale de leur coordination ou harmonisation. Le médiateur va devoir vouer une partie de son temps à rencontrer les autres médiateurs en lieu et place des véritables acteurs à la crise. La compétition entre les médiateurs peut constituer un enjeu du conflit et entrainer des rivalités néfastes et improductives pour la paix.136(*) Dans le cadre de la crise malgache, la Francophonie a joué un rôle beaucoup plus secondaire. Plus d'une fois les différents membres du groupe international de contact sur Madagascar ont agi en rang dispersé et parfois même sans une véritable coordination. La Francophonie doit s'interroger sur les conditions optimales de son intervention dans les crises politiques en présence des autres partenaires internationaux avec lesquels la collaboration doit être mieux précisée et en tout état de cause, toujours plus rationnalisée notamment en ce qui concerne le moment opportun pour son implication au regard de ses compétences de plus en plus affirmées, et la répartition des tâches, en tenant en compte les spécificités du savoir faire francophone. * 135Desouches (Christine), op.cit, p.325 * 136Vettovaglia (Jean -Pierre), « les dix commandements du médiateur et de la médiation », dans Vettovaglia (Jean -Pierre) et al.Médiation et facilitation dans l'espace francophone : Théorie et pratiqueop.cit p.781 |
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