II.1.4. CONTEXTE
SOCIO-ÉCONOMIQUE
Installée depuis le XVIIème
siècle, l'ethnie moundang qui constituait le noyau du peuplement de la
région de Léré, partage ses terres avec d'autres ethnies
venantes de divers horizons. On rencontre aujourd'hui dans la ville une
population cosmopolite avec des groupes minoritaires tels que les Haoussa,
peuple pêcheur dont les vieux parents venus pour la plupart du Nigeria se
sont établis pour la pêche, les peuls (les Mbororos et
foulbé) pasteurs visitant la zone au moment des transhumances. L'afflux
de la population expliquerait par la péjoration climatique et la
prévalence des conflits politico armés. Face à ces
conjonctures les populations recherchent des territoires plus propices et plus
calmes. La région de Léré à travers ses lacs
constitue alors un point de chute privilégié des migrants. Aussi
il est à noter que la proximité d'un axe routier très
emprunté, favorise les échanges avec le Cameroun et les grandes
villes du Pays. Cette attractivité de la région a
contribué à la faire hisser au rang des régions les plus
densément peuplées du Tchad (soit 53 hbt/km2). Cette
forte concentration de population ne va pas sans générer des
pressions sur l'environnement.
L'agriculture, l'élevage, la pêche et le commerce
constituent l'essentiel des activités humaines de la région.
L'agriculture est à la fois vivrière et de
rente. Les cultures vivrières sont celles du sorgho rouge ou blanc, le
bérébéré, le maïs, le haricot, l'arachide etc.
Au rang des cultures de rente figurent le coton et l'oignon. Le coton a
été introduit par les colons, est cultivé de
manière extensive. Il fut la plus importante source de revenus pour la
majorité des habitants de la région. Mais de nos jours, la
culture du coton rencontre d'énormes difficultés (retard d'achat
et de décaissement d'argent, coûts élevé des
produits phytosanitaires et autres intrants etc.). Les plaines lacustres,
après le retrait des eaux permettent aux populations riveraines de se
livrer aux cultures de contre saison et au maraîchage :
bérébéré, patates, haricots, arachides... pour les
premières et l'oignon, carottes, tomates, ails etc. pour le second.
L'élevage, initialement absent du mode de vie
traditionnel des moundang, s'est peu à peu développé au
contact des foulbés. Il garde cependant un caractère marginal et
joue un rôle capital au plan social : sacrifices,
funérailles, dot et source de prestige au sein de la communauté.
Il est de type sédentaire et les cheptels composés des petits
ruminants, des porcs, des bovins de la Culture attelée (BCA), des
volailles sont de taille réduite. Les foulbés, en revanche,
possèdent des troupeaux (bovins, petits ruminants) de taille importante
pour les quels ils effectuent les transhumances dans les plaines.
La pêche, devenue l'une des activités principales
dans la région est pratiquée par deux catégories de
pêcheurs : les pêcheurs professionnels et les agro pêcheurs.
La première catégorie est celle des migrants étrangers
vivant exclusivement des revenus de la pêche. Ce sont les pêcheurs
haoussa, les somono originaire du Mali et bien d'autres venus du
Cameroun. Ceux-ci payent un permis de pêche délivré par
l'inspection des eaux et forets. Ce document confère au
bénéficiaire une autorisation d'exercer la pêche en se
conformant aux réglementations et lois en vigueur. Le permis de
pêche est délivré à raison de 12 500FCFA
/an pour les nationaux (permis A) et 75 000 FCFA
pour les expatriés (permis B).
Les moundang, mombaye et djoukoun appartiennent à la
deuxième catégorie, celle des agro pêcheurs. Pour cette
catégorie, la pêche est une activité complémentaire
à l'agriculture, leur activité principale. Ils pratiquent une
pêche de subsistance. Pendant, ces dernières années
où les incertitudes climatiques rendant les productions agricoles et les
revenus de l'élevage très aléatoires, certains individus
ont préférés se reconvertir dans l'exercice de la
pêche qui s'avère florissante.
Le commerce, est un secteur d'activité qui absorbe une
tranche de la population à la fois autochtone et allogène. Il est
favorisé par la proximité des villes camerounaises et
nigérianes débouchant ainsi sur des échanges fructueux.
Sur la liste des activités pourvoyeuses de revenus figure
également la chasse. Elle n'est pas officiellement
pratiquée ; toutefois celle-ci est exercée de manière
officieuse dans la réserve de faune de Binder-Léré
malgré la surveillance des agents techniques (forestiers). En sus de ces
activités génératrices de revenus, on note une
exploitation artisanale de l'or. Elle est observable dans le lit du Mayo-Kebbi
et de ses affluents.
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