5.4.
La participation des bénéficiaires
La participation peut avoir deux sens :
a) sens actif : participer en prenant des
responsabilités ;
b) sens passif : prendre part sans avoir à
décider ;
La participation est, pour chaque individu, la manière
de se lier aux autres : c'est une forme de sociabilité. A
Léré, un tel dynamisme existe mais cela n'est que dans les
structures associatives (groupements, associatives...) Selon A. MEISTER, il
faut distinguer principalement cinq types de participations :
1. La participation de fait est une
participation dont les bénéficiaires ignorent le bien
fondé des actions auxquelles ils sont conviés. Alors les
spéculations latentes gangrènent leur esprit :
« que m'adviendra-t-il si je ne participe pas au
projet ? », « ne va-t-on pas me créer des
ennuis aux niveaux politique et administratif », « je vais
participer puisque, c'est mon frère qui m'y convie »... Une
telle participation ne correspond pas forcement aux objectifs
recherchés.
2. La participation
spontanée et /ou volontaire sont
celles où l'adhésion est massive, une participation effective
où les actions du projet sont appropriées par les
bénéficiaires. Dans la région de Léré, les
communautés riveraines de la RFBL sont réellement
impliquées dans la gestion des ressources naturelles et de la
conservation du patrimoine. Elles mènent des actions de
développement pour pérenniser les acquis à travers les
appuis des ONG.
3. La participation provoquée
est celle qui est stimulée de l'extérieur afin de faire
accroître une prise de conscience sur une situation jugée
critique et dont la communauté n'arrive pas à la percevoir ou
qui se trouverait dans l'impossibilité de la résoudre.
4. La participation
imposée : c'est le degré le plus bas de la
participation. Les bénéficiaires n'ayant reçu aucune
explication sur les objectifs du projet, voient débarquer une
équipe d'experts qui se livrent à des travaux dont ils ignorent
l'origine et la finalité. Une telle participation même si elle
reçoit une adhésion, les activités ne sont pas
pérennisées et la finalité boycottée.
Pour mieux s'informer et informer les acteurs afin de
susciter en eux l'intérêt d'une participation effective au travers
de ce thème : « Gestion des lamantins des lacs
Léré : entre conservation de ressources naturelles et survie
de la population », la méthode de SARAAR qui aide
à comprendre les niveaux de résistance s'avère bien
indiquée. Elle a été également
expérimentée lors de notre visite de terrain pour tester la
connaissance et la perception de nos enquêtés sur la protection
et la conservation des lamantins. Cette méthode expose sept niveaux de
résistance :
1- Le dénouement total du
problème ;
2- La reconnaissance du
problème, mais refus d'y prendre part activement en
fuyant des responsabilités.
3- La reconnaissance du
problème mais doute de la résolution
exemple : « oui le problème existe, mais j'ai des doutes
qu'on puisse le régler ».
4- Le Sentiment d'impuissance :
« c'est un problème important, mais je n'ai pas les moyens de
le régler ».
5- La connaissance des causes du
problème : « le problème existe, je
suis intéressé à connaître les
causes ».
L'engagement à la résolution du
problème : « je suis prêt à
tout essayer pour régler le problème »
6- Engagement et rôle de
leadership : « je suis disposé à
démontrer une solution aux
autres et à proposer des actions ».
Nous avons constaté qu'en dehors du premier niveau de
résistance, tout le reste s'applique au contexte dans la zone
d'étude. La problématique de la sauvegarde du lamantin est une
question connue de tous mais la compréhension du problème oscille
entre les niveaux 2 et 7 de résistance c'est-à-dire le niveau de
la reconnaissance du problème, mais le refus d'y
prendre part activement aux opérations de sauvetage, en fuyant les
responsabilités..., et le niveau élevé qui dénote
d'un engagement sans scrupule avec un rôle de
leadership à jouer.
Zone tampon
Reconnaissance du problème mais refus
Engagement à résoudre le problème
Connaissance des causes du problème
Sentiment d'impuissance à résoudre le
problème
Reconnaissance du problème mais doute
Engagement avec le rôle de leadership
Schéma n°2 : méthode Saraar
Source : la Méthode
SARAAR adoptée par le projet gouvernance de l'eau et
développement local PNUD - DAES juillet 2005.
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