III.2.6.4. LE SEXE DU
LAMANTIN
Avant le décapitage du lamantin, les sages, les
personnes âgées veillent à écarter les jeunes
surtout, lorsqu'il s'agit d'une femelle. Le sexe, les poils pubiens et les
mamelles pectorales ont de fortes t similitudes avec la physiologie d'une
femme. Et un jeune qui se laisserait entraîner dans une érection
de sa verge, perdrait définitivement sa virilité. Par contre,
lorsqu'il s'agit d'un mâle, le sexe de l'animal est emporté par le
Gong ou le chef de bord « Pah bii » pour sa
recette aphrodisiaque.
III.2.6.5. MYTHES
LÉGENDES.
Le Trichechus senegalensis est la source de beaucoup
de mythes et de légendes. Au pays moundang lors des danses de nuit, il
arrive que des créatures d'une beauté extravagante fassent leur
apparition. Les gens ont tendance à dire qu'elles provenaient de lacs ou
de Zah soo (chute Gauthiot). Les riveraines font croire que les
lamantins aiment jouer les enfants dans les rivières et les lacs et
parviennent à leur caresser le sexe avec leurs nageoires. Et même
dans d'autres contrées, ils étaient à l'origine de
nombreuses légendes pourtant sur les sirènes :
enchanteresses et naufrageuses, jeunes filles métamorphosée
etc.
Avant d'aller au chapitre consacré aux aires de
répartition et les causes d'extinctions, nous tenons à souligner
que vous trouverez en annexe de ce document un conte indigène recueilli
par le Dr PINCONS. Paru sous la rubrique « note
africaines » du bulletin d'information et de correspondance de
l'institut Français d'Afrique Noire (IFAN), janvier 1944. Il s'agit d'un
conte sur l'origine du lamantin.
CHAPITRE IV : LES AIRES DE REPARTITION DES LAMANTINS ET
LES CAUSES D'EXTINCTION.
4.1.
Situation Générale
Le lamantin ouest africain (Trichechus senegalensis)
se trouve surtout dans les parties moyennes et inférieures des fleuves,
du Sénégal au Kwanza en Angola (Powell, 1996, Dodman 1999). On le
trouve également dans les zones humides saisonnières adjacentes,
dans les eaux marines peu profondes et autour de certaines îles
côtières. En outre, il y a (ou avait) des populations
isolées dans les parties supérieures de certains fleuves :
Niger, Bénoué, Congo, Oubangui, Chari et les lacs
intérieures. Les aires de répartition s'étendent au moins
sur plus de vingt pays à savoir : Mauritanie,
Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Guinée, Sierra
Leone, Libéria, Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigeria,
Cameroun, Guinée Équatoriale, République
Démocratique du Congo, Angola, Mali, Niger, Tchad, Congo, et peut
être Burkina Faso, bien qu'il semble que l'espèce soit maintenant
au bord d'extinction dans certains d'entre eux (Powell 1996).
Dans une récente étude (Powell 1996), huit zones
cruciales pour la conservation des lamantins ont été
identifiée sur la base du degré de menace de lamantins. Dans ces
zones particulières, l'existence d'une population de ces animaux est
significative. Des sites où des dispositions institutionnelles
faciliteraient l'application d'un programme de conservation de l'espèce.
Ces zones connues ont pour une mission de conserver et d'accroître
une population des lamantins :
(1) Lac Volta (Ghana)
(2) Lagon N'Dogo (Gabon)
(3) Fresco, Ncounzou, Lagons Tadie Comlex (Côte
d'Ivoire)
(4) Archipel des Bijagos (Guinée Bissau)
(5) Fleuve Casamance, Parc national du Delta de la Saloum,
Parc National Djoudi et Lac de Guieo (Sénégal)
(6) Lac Léré et Lac Tréné
(Tchad)
(7) Eaux intérieures du Delta et Lac Débo
(Mali)
(8) Lac Ossa et Fleuve Sanaga, (Cameroun).
Afin de faire mieux comprendre à la population, la
biologie des lamantins et de mettre au point des systèmes pour leur
protection et leur utilisation durable, des recherches sont nécessaires
sur la biologie de la reproduction, les habitudes migratrices et les
niveaux de mortalité due à la chasse, à
l'élimination et à l'échouage (Powell 1996). Les lamantins
étaient autrefois abondants dans le bassin du lac Tchad mais sont
devenus rares vers 1924 (Powell1996). Dans une enquête de 1995, on a
trouvé qu'ils étaient moins abondants qu'autrefois mais pas rares
dans les Lacs de Léré et Tréné dans la
région de Mayo-Kebbi Ouest. La chasse se poursuit dans les
rivières et les lacs malgré les efforts de mise en rigueur des
lois de protection. Ces animaux sont surtout recherchés pour leur
graisse et leur chair qui sont exportées vers les pays limitrophes
(Powell 1996). Pour contrecarrer les actions négatives qui conduisent
à l'amenuisement des lamantins, des sites ont été
répertoriés sur les Lac de Léré et
Tréné et font l'objet d'une surveillance
régulière.
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